Une star pas comme les autres...
Après vingt ans de bons et loyaux services au sein du C.O.S. – le Commandement des Opérations Spéciales – me voici retraité, à quarante ans pile !
Certes, une retraite correcte, fruit de mes années passées dans l’armée, avec toutes les annuités liées au service en Outre-Mer, en première ligne, m’est versée tous les mois mais… je m’ennuie.
Ma femme ayant jugé bon de me quitter il y a quelques années, au prétexte que j’étais toujours par monts et par vaux et que je la laissais sans nouvelles, je me retrouve tout seul comme une andouille dans mon coquet deux-pièces.
Comme tous les matins, je descends au petit troquet qui fait l’angle en bas de chez moi, pour mon traditionnel café-crème-croissant-journal. Comme d’habitude, le patron me hèle par un « Bonjour Chef » habituel. La routine, quoi…
- — Bonjour Patron, comme d’hab…
- — C’est parti ! Mets-toi à ta place habituelle, Sandrine va te servir.
Allez, le journal… Hmmm… bon, le chômage en hausse, comme toujours, malgré les promesses présidentielles, des boîtes licencient, incendies, accidents de la route… c’est sûr que ça met le moral au beau fixe pour démarrer une journée, ces news…
Allez, un coup d’œil sur les offres d’emploi, sait-on jamais. L’une d’entre elle attire mon attention :
« Société de sécurité cherche professionnel de la protection rapprochée avec références.
Poste nécessitant fréquents déplacements.
Casier judiciaire vierge.
Rémunération attractive. »
Un numéro de téléphone, une adresse mail… Point barre.
Pensif, je termine mon petit déjeuner, remonte chez moi et allume mon ordinateur. J’ouvre mon logiciel de messagerie, Windows Mail, que j’ai bidouillé pour faire fonctionner sur mon Windows 8. Je clique sur « Nouveau message », la fenêtre s’ouvre.
« Madame, Monsieur,
Je fais suite à votre annonce parue dans le Parisien de ce jour, concernant le poste de protection rapprochée.
Vous trouverez en attachement mon CV, où vous pourrez constater que, dans un passé très récent, j’avais pour mission entre autres la protection de l’ambassadeur de France en Afghanistan, mission remplie sans incident notoire.
Espérant que ma candidature saura attirer votre attention, je vous prie d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de ma considération distinguée. »
Bon, ok : un peu léger, le message ; mais d’un autre côté, ils cherchent un agent de sécurité, pas un membre de l’Académie Française…
D’autant que mon CV est plutôt complet :
Brevet Élémentaire de fusilier-marin,
Brevet d’Aptitude Technique de fusilier-marin,
Brevet Supérieur,
Breveté Commando,
Affectation au Commando Hubert,
Affectation au Commando Kieffer,
Missions en Afghanistan, en Lybie, en Syrie, au Liban,
Détaché auprès de la Légion Étrangère en Guyane,
Multi-médaillé, DefNat Bronze, Argent et Or, Mérite, etc… plus toutes les médailles reçues pour avoir simplement été au bon endroit au bon moment : un sacré placard !
La seule fois où j’avais reçu une réponse favorable, c’était pour un poste de gardien de nuit dans un hypermarché, au SMIC !
Au final, je me demande si j’ai bien fait de prendre ma retraite militaire, mais l’armée, comme tout le monde, dégraisse aussi ses effectifs… une question de budget, paraît-il.
Bon, ce n’est pas tout ça, mais il faut que j’aille faire quelques courses : mon frigo commence à être bien vide…
Au moment où je vais pour fermer la porte de mon appartement, mon portable sonne.
- — Allô ?
- — Lieutenant de vaisseau Renard ?
- — Dans une autre vie, oui. À qui ai-je l’honneur ?
- — François Delaporte, société Blackbird. Je vous appelle au sujet du mail que vous venez de nous adresser.
- — Ah, pour le poste de protection…
- — Tout à fait. Êtes-vous libre actuellement ?
- — Oui, complètement.
- — Bien, soyez à 13 h précises au siège de la société, au 110 boulevard Carnot ; vous me demanderez à l’hôtesse d’accueil. Je peux compter sur vous ?
- — 13 h au 110 boulevard Carnot, bien reçu. J’y serai.
- — À tout à l’heure, capitaine.
Le gars raccroche.
Blackbird, le nom me dit vaguement quelque chose… Ah oui, ça me revient… Ils s’occupaient de la protection des journalistes à Kandahar…
J’ai déjà croisé leurs chemins. Ceci dit, je n’ai pas de mauvais souvenir associés. Bien, voyons voir ça, Google est mon ami, après tout…
Ah ok, c’est quand même une grosse boîte, genre armée privée. Siège au Luxembourg, ben voyons… Chiffre d’affaires… Houlà ! Pas mal !!
Ah, voilà le trombinoscope… Voyons, Delaporte… Le voilà ! Vice-Président ! Ah oui, quand même… Il y a même son pedigree… Capitaine à la Légion Étrangère, dix ans de service.
« Un bon berger allemand comprend 200 ordres… Un bon légionnaire 100 ! » Cette vieille blague me revient à l’esprit… Mais pour avoir travaillé avec des légionnaires, je peux assurer que ce n’est qu’une blague nulle.
Bon, il est temps de me préparer. Douche, rasage de près, tenue passe-partout classique, pompes bien cirées… J’ai presque une heure de tramway et bus pour aller au boulevard Carnot. En voiture, ce n’est pas jouable : impossible de se garer ; et puis, avec le trafic, je mettrais autant de temps.
Le trajet se déroule tranquillement. Me voilà au pied de l’immeuble.
Un grand immeuble neuf, avec beaucoup de baies vitrées, une plaque en bronze discrète :
Blackbird Security Agency
Accueil au RDC
Il est 12 h 50, je suis un peu en avance.
L’hôtesse d’accueil est à son poste. Une petite brune, avec un casque téléphonique sur la tête, et un badge nominatif : « Camille ».
- — Bonjour Mademoiselle, euh… Camille. Julien Renard. J’ai rendez-vous dans dix minutes avec Monsieur François Delaporte.
- — Bonjour, capitaine. Effectivement, j’ai été prévenue de votre arrivée. Si vous voulez bien patienter, vous avez un canapé de ce côté. Monsieur Delaporte va venir.
- — Avec plaisir. Merci beaucoup.
- — À votre service, capitaine.
Décidemment, c’est une manie de m’appeler par mon ancien grade !
- — Capitaine Renard ? Enchanté ; François Delaporte.
Je me retourne. La vache, je ne l’ai pas entendu arriver. Euh… il ne ressemble pas du tout à la photo du trombinoscope du site !
- — Bonjour… Excusez-moi, vous êtes François Delaporte ?
- — Oui, cela vous pose un problème ?
- — Eh bien, un peu, oui… Soit votre site web n’est pas à jour, soit vous n’êtes pas Monsieur Delaporte.
- — Bien joué, capitaine. En fait, je vais vous conduire jusqu’à lui. Nous voulions voir si vous étiez affûté… Je me nomme Cyril Lebraque, je suis un collaborateur de Monsieur Delaporte. Bienvenue chez nous !
Ça commence bien. Je viens d’être testé. Il faut que je reste sur mes gardes.
Nous prenons l’ascenseur, direction le septième.
La double porte s’ouvre en chuintant. Moquette épaisse, bruit feutré. Je dois avouer que c’est assez impressionnant.
- — Je vous en prie, capitaine.
Cyril m’indique une porte ouverte. J’entre.
Un grand bureau directorial, avec François Delaporte assis dans un fauteuil club en cuir devant une table basse ; à ses côtés, dans un autre fauteuil, une femme avec une grande chevelure rousse. Du reste, elle m’est vaguement familière.
- — Bonjour.
- — Ah, bonjour capitaine ; merci d’avoir répondu à mon invitation. Entrez, et prenez un fauteuil. Je vous présente Marlène Monjot, mais je pense que vous l’avez déjà reconnue. Je me trompe ?
Ah oui, effectivement, c’est Marlène Monjot, une chanteuse très célèbre ; on la voit partout, à la télé, dans la presse.
Elle me tend la main. Galant, je m’incline et lui fait un baisemain, sans la toucher, comme il se doit.
- — Bonjour, Madame ; ravi de faire votre connaissance.
- — Et galant homme avec ça ! François, c’est bon, il est pour moi.
Ah… bon, wait and see ; manifestement, il y a anguille sous roche : il doit me manquer des éléments d’appréciation…
- — Ma chère Marlène, comme je vous l’ai dit tout à l’heure, le capitaine Renard est en phase de négociation avec notre société. Il n’y a rien de fait pour l’instant ; nous en sommes au stade préliminaire tout au plus, et…
- — Moi, il me convient parfaitement. Grand, présentable, un peu de classe, c’est exactement ce dont j’ai besoin. En plus, vous m’avez dit que ses compétences étaient des plus intéressantes…
Dans deux minutes, elle va regarder mes dents, si elle continue…
- — Oui, certes. Toutefois, j’ai besoin de discuter avec le capitaine seul-à-seul. Auriez-vous la bonté de nous excuser quelques minutes ?
- — Faites, François, faites… Votre charmant assistant va m’apporter un café pour patienter, n’est-ce pas… Cyril ?
- — Oui Madame, tout de suite.
- — Capitaine, venez avec moi.
C’est intéressant comme François Delaporte passe de l’onctuosité mielleuse au pète-sec en un rien de temps…
Nous entrons dans une salle de conférence. Une grande table ovale, des fauteuils, projecteur, écran mural : la totale… Nous nous asseyons face à face.
- — Bon, Julien, je vous explique. Marlène Monjot a décidé, ou plutôt son agent, d’aller faire un concert géant au Nikaia de Nice. Version stade ouvert sur la scène. Elle nous a demandé d’assurer sa protection rapprochée.
- — Nice ? Ben, c’est plutôt calme, comme ville.
- — Oui, le problème n’est pas là. Elle a reçu des menaces de mort.
Il me tend une chemise cartonnée. Je l’ouvre. À l’intérieur, plusieurs feuillets ; à chaque fois le même texte.
« Tu montes sur scène et tu es morte. »
- — Un peu simpliste, non ? Vous les prenez au sérieux, ces menaces ?
Il me fait glisser une photo sur la table. Je la bloque au passage. On y voit dessus une fenêtre de voiture percée par un projectile.
- — Sa Mercedes, jeudi dernier. Heureusement, elle n’était pas à bord. C’est la vitre arrière.
- — Arf… gros calibre… 7.62 ?
- — Oui, très certainement un Kalachnikov.
- — C’était à Marseille ?
- — Non, Paris. Elle a réussi à ne pas ébruiter l’incident, si je puis dire. La presse a été tenue en dehors. La police enquête, mais sans résultat pour le moment.
- — Le tireur ?
- — Dans la nature, arme non répertoriée ; mais avec le nombre d’AK qui circulent…
- — Non répertoriée ? Comment le savez-vous ?
- — On a nos sources…
- — Bon, et moi, dans tout ça ?
- — Ok ! Cartes sur table. Ton CV m’intéresse ; j’ai tiré quelques ficelles pour avoir des infos : tu es l’homme de la situation. Je te veux sur ce coup-là, mission d’un mois minimum, H 24 7/7. Tu ne la quittes pas d’une semelle, et tu veilles au grain. On aura une équipe périphérique qui passe avant dans les hôtels et restaurants, une autre en statique observation. Toi, tu seras le dernier rempart, et tu interceptes la menace qui aurait réussi à traverser les deux rideaux de protection. Pigé ?
- — Niveau moyens ?
- — Ce dont tu as besoin. Armes légères, lourdes si besoin, tout en règle. Et pour la rémunération, si tu vas au bout sans soucis, 7 000 net par mois.
Ouch… Elle ne va pas être de tout repos, s’ils sont près à aligner autant d’euros…
- — Pourquoi moi ? Vous devez avoir pas mal de bodyguards dans votre boîte ?
- — Un, parce que tu corresponds au profil recherché ; j’ai vérifié ton CV : il est clean, et toi aussi. Deux, car tu es un tireur d’élite certifié. Trois, car tu sais sortir de la merde ; tu l’as déjà fait à plusieurs reprises. Quatre, car tu as l’esprit d’équipe et enfin, cinq, car Marlène – qui soit dit entre nous, est très… particulière au niveau relations humaines – a percuté sur ta photo et ton dossier. C’est toi qu’elle veut, et personne d’autre. Et si tu continues à me vouvoyer, on réglera ça sur le ring, ok ? J’étais capitaine à la Légion, et toi dans la Marine. »
- — Ok, ok… Et je dois donner une réponse pour… ?
- — 13 h 30.
- — Il est 13 h 30 !
- — Ok ; alors, ta réponse ?
Vache, il est direct, le père François… Après tout, c’est bien payé, c’est excitant comme boulot, elle a l’air sympa la Marlène, et pas mal foutue en plus… Et je n’ai pas de boulot…
- — Ok ! Banco.
- — Parfait, c’est ce que j’escomptais. Allons annoncer la bonne nouvelle à Marlène. À ce sujet, c’est une très bonne cliente de notre agence, et elle nous fait beaucoup de pub, ce qui nous fait rentrer pas mal de contrats dans le milieu du show-biz. Donc, efficacité, précision, correction. Ok, je me fais bien comprendre ?
- — Reçu fort et clair.
- — Parfait. Suis-moi.
Nous retournons dans son grand bureau. Marlène est toujours assise, en train de pianoter sur son iPhone.
- — Affaire conclue, Madame Monjot. Il est à vous. Vous êtes dans de très bonnes mains, à la condition que vous l’écoutiez un minimum, pour ce qui est de votre sécurité…
- — Oui, François, rassurez-vous, je ne suis pas une gourde. Mais il faudra qu’il m’écoute aussi pour ce qui est des public-relations. J’y tiens.
- — Pas de problème, Madame, tant que cela ne rentre pas en conflit avec votre sécurité personnelle.
- — Non, pas « Madame », capitaine : « Marlène » ira très bien.
- — D’accord, Marlène ; mais pas « capitaine » : « Julien » ira très bien aussi.
Elle me toise… Elle me détaille de haut en bas. J’ai bien fait de cirer mes pompes, moi…
Ça s’éternise. S’il faut, je viens de perdre la mission…
- — Très bien, Julien. À partir de maintenant, vous êtes à moi. Pour la sécurité, je vous écoute ; pour le reste, vous ferez ce que je vous demanderai. On est bien d’accord ?
- — Tout à fait, Marlène.
- — François, vous connaissant, je présume que le contrat est prêt ?
- — Tout à fait, Madame Monjot. D’ailleurs, le voici.
Il lui tend un document de plusieurs pages, relié en spirale, avec couverture cartonnée. Elle l’ouvre, le feuillette.
- — Comme vous pouvez le voir, il est conforme à vos demandes. Si vous souhaitez une modification, nous procéderons par avenant, comme d’habitude. Il y a un exemplaire pour vous, bien sûr.
- — Hmmm, oui, ça me semble correct. Bien ! Je vous le signe, il faut que je me sauve.
Elle sort de son sac un stylo qui doit largement coûter le prix de deux mois de mes services. Elle paraphe les pages, et signe la dernière.
- — Allez, Julien. On y va !
Diable, elle s’emballe, la star… Heureusement, François intervient :
- — Julien ne sera disponible qu’à partir de demain matin, Madame Monjot. Des papiers à remplir, des attestations à signer ; vous savez, la sacro-sainte paperasserie…
- — Non. Ce soir, je vais assister à un repas, et j’y vais accompagnée. Julien, vous avez une tenue de soirée, genre smoking ? Ah oui, c’est vous qui m’accompagnerez, bien sûr. Vous voyez, je prends au sérieux ma sécurité, dit-elle avec un grand sourire angélique.
« Ok Julien, zen… Il faut vite reprendre la main, sinon, tu vas te faire bouffer. »
- — Je n’ai pas de smoking dans l’immédiat, Marlène ; et comme vous l’a dit Monsieur Delaporte, nous avons des documents à remplir, des formalités à faire avant que je puisse m’occuper de votre dossier.
- — Bon, vous savez quoi, les garçons ? Je dois partir de mon hôtel à 19 h pour me rendre au dîner. Sofitel de la Place de la République. La suite 223. Soyez à l’heure et débrouillez-vous pour le smoking, Julien. Ça vous laisse le temps de remplir vos papelards. Ciao…
Elle sort dans un tourbillon de chevelure rousse, environnée d’un parfum enivrant que je n’avais pas remarqué jusque-là.
- — Pfou, c’est une tornade blanche !
- — Non : c’est un contrat très juteux.
Il prend le téléphone, appuie sur une touche.
- — Camille, il me faut pour dans moins de deux heures un smoking noir ; (il me regarde) les tailles ?
- — 96 épaules, 42/44 pantalon, 43 chaussures.
- — Vous avez entendu, Camille ? Oui, oui, oui, un nœud papillon sera parfait. Oui, bien. Je compte sur vous. Merci.
Il raccroche.
- — Ok, ton contrat de travail maintenant.
Il me fait glisser un document. Incroyable, il a tout prévu !
- — Tu l’as fait faire avant que j’arrive ou quoi ?
- — Il était prêt à 12 h. Ça te pose un souci ?
- — Non, c’est de l’efficacité.
Je le lis. C’est un CDD renouvelable. Tout est mentionné manifestement. La rémunération est conforme à sa proposition. Ah, il est mentionné le port d’arme, je ne l’ai pas…
- — Je n’ai pas le port d’arme, bien qu’il soit indiqué dans la page 2, article 16…
- — Il te sera remis demain vers midi. On s’en occupe. À ce sujet, il te faut quoi ? Tu as une préférence pour le matériel ?
« Non mais je rêve, je vais me réveiller dans mon lit ou quoi ? C’est quoi, cette boîte… »
- — Tu peux vraiment faire tout ça ?
- — Oui ; on travaille aussi pour les politiques, ça nous facilite la vie des fois. Et le préfet est un pote, il va faire avancer la machine.
- — Ok… Glock 17, jouable ?
- — Oui, mais bon, portée moyenne. Si c’est ce que tu veux. Moi, je t’aurais conseillé le Sig Sauer GSR. Plat, puissant… Enfin, c’est toi qui choisis.
- — J’ai un faible pour le Glock. Jamais de souci. Avec balles à fragmentation, si tu peux en avoir.
Ce sont des munitions pour la neutralisation rapide à courte distance, sans dégâts collatéraux : l’ogive se fragmente à l’impact et ne ressort pas. L’idéal en milieu fermé.
- — Ok. Cyril va t’accompagner à l’armurerie, on va te remettre ça, avec holster, porte-chargeurs et tout le boxon. Bon, tu signes ton contrat ou on continue la causette ?
- — Ok, d’accord.
J’appose mon paraphe sur les pages et signe la dernière. Trois fois. Il me donne un des documents.
- — Allez, Julien, au boulot. Sache que s’il y a des frais à faire pour sa sécurité, tu fais envoyer la facture à Blackbird, et on lui refacture derrière. Ceci dit, ce n’est pas une raison pour déconner : juste le nécessaire, mais du bon. Bien compris ?
- — À ce sujet, vu les événements, je pense qu’un véhicule blindé serait judicieux…
- — Elle l’a reçu la semaine dernière. Mercedes 500, vitres et tôles blindées, V12, pneus pleins. Je te rappelle que ton rôle est de lui coller aux basques ; le reste, c’est géré. Autre question ?
- — Son agenda ?
- — Sa secrétaire te le donnera ce soir.
- — Comment je contrôle l’entourage ?
- — SMS au numéro que je vais te donner : nom, prénom, date de naissance, numéro de sécu, enfin, tout ce que tu peux récupérer comme info. Réponse dans la minute. Si tu reçois en réponse un code BRAVO 3, tu interviens immédiatement. Personnel critique.
- — Ok… Bon, j’ai juste le temps de passer chez moi faire mon sac et de la rejoindre à son hôtel…
- — Cyril va te transporter en voiture, ça ira plus vite.
Il me tend la main.
- — Bienvenue à bord, capitaine. Bon vent et bonne mer… Va à l’accueil ; Camille va te remettre un téléphone avec tous les numéros enregistrés, ta carte de membre du club, un smoking complet ; bref, ton baise-en-ville professionnel.
- — À très bientôt, François, et merci pour le poste.
- — Ça, on verra… bon courage.
Je me demande ce qu’il a voulu dire par là…
Armurerie, accueil pour les papiers, le téléphone, le smoking, la radio avec l’oreillette : me voilà paré pour ma mission.
18 h 50, j’arrive dans le hall du Sofitel. Impressionnant est le mot qui me vient à l’esprit. Propreté clinique, température idéale, musique feutrée. Je comprends que Marlène soit descendue dans cet hôtel.
- — Bonjour, j’ai rendez-vous suite 223.
- — Deuxième étage à gauche, Monsieur. Les ascenseurs sont situés derrière le bar.
- — Merci.
Arrivé au second, je marque un temps d’arrêt. Moquette épaisse, couleurs feutrées, on frise la perfection. 219… 221…ah, voilà… 223.
Je sonne.
En smoking, avec le Glock sous l’aisselle, j’ai l’impression d’être dans un mauvais James Bond…
Un valet m’ouvre.
- — Monsieur ?
- — Julien, responsable de la sécurité de Madame Monjot. J’ai rendez-vous.
- — Bien, Monsieur ; je vous en prie.
Il me laisse entrer. Un salon immense, meublé avec beaucoup de goût.
Il y a un monde fou… Trois jeunes femmes l’air affairé, et deux gusses qui me scrutent.
Marlène me hèle depuis sa chambre.
- — Ah, Julien, c’est une catastrophe ! Venez, sauvez-moi…
Allons bon, c’est quoi ce cirque ? Je bondis dans la pièce et trouve Marlène en sous-vêtements blancs en dentelle, en train de vider une armoire en jetant les vêtements sur le grand lit à baldaquin.
Je fouille la pièce du regard, mais nous sommes seuls.
- — Une horreur : je ne sais pas quoi mettre pour ce soir ; je ne retrouve pas ma robe nacrée blanche…
La vache, comme elle est jolie, avec ses sous-vêtements en dentelle. L’ambassadeur de France en Afghanistan était beaucoup moins attirant, limite repoussant… J’avise une robe blanche brillante, pendue sur un cintre à un montant du lit.
- — Ne serait-ce point cette robe ? Je la lui montre du doigt.
- — Ah oui ! Sauvée ! Quelle est l’andouille qui l’a mise là ? Diane !
Une petite brune d’une trentaine d’années, un poil enveloppée, entre dans la chambre, l’air inquiet…
- — Oui Madame ?
- — Diane, c’est vous qui avez accroché la robe au lit ?
- — Oui Madame, pour qu’elle ne se froisse pas…
- — Diane, vous êtes une idiote incompétente. Ça fait vingt minutes que je la cherche ; et sans le capitaine, j’y serais encore. Vous m’avez mise en retard !
Marlène est en colère, elle a les mains sur les hanches, penchée en avant, comme prête à se bagarrer. Elle est vraiment bien foutue : pas de ventre, de belles jambes, et… un drôle de caractère.
- — Désolé, Madame…
- — Allez, dehors, sortez de ma vue, vous m’avez saoulée pour aujourd’hui.
Diane sort de la chambre en m’adressant un petit sourire contrit. Elle ferme la porte.
- — Bon, Julien, aidez-moi à fermer cette robe.
Elle ôte son soutien-gorge, le jette sur le lit. Elle a des seins magnifiques, pas très volumineux, mais bien fermes manifestement. Et la pudeur ne semble pas être une qualité dominante chez elle. Je sens des fourmillements dans mon sexe. Stop, boulot, point barre.
Elle enfile la robe par le bas, met les bretelles, et me tourne le dos.
Je remonte délicatement la fermeture Éclair. Je suis debout derrière elle, je sens son parfum envoûtant. Ce ne serait pas ma cliente, j’aurais tenté le coup de lui caresser les seins. Mais là, pas bon. Je fais attention à ne pas la toucher, juste la fermeture.
- — Merci. Bon, que je vous dise… Ce soir, nous allons à un dîner organisé par la production pour faire la promo de ma prochaine tournée. Vous serez mon chevalier-servant, et nous allons créer le buzz. Ils vont tous se demander quelle est le type de notre relation. Vous ne répondrez pas, mais je vous demande de vous comporter comme… comment dire… un amant qui ne veut pas que ça se sache. Vous me comprenez ?
- — Pas vraiment… Je suis votre garde du corps, et…
- — Oui, mais non. Dans les faits, oui, mais ce soir, il vous faudra donner l’impression qu’il y a autre chose entre nous, mais sans pour autant que l’on s’embrasse ou que vous me pelotiez, ce dont j’ai horreur du reste. Un sourire, je vous chuchote un truc à l’oreille et vous souriez, vous me présentez la chaise pour que je puisse m’asseoir, enfin, ce genre de chose. Gentleman, en gros. Vous vous en sentez capable ?
- — Capable oui, mais j’avoue que je ne vois pas trop le but, là…
- — Ah mais c’est simple, il y aura ce soir plein d’hommes qui rêvent d’avoir une liaison ou un flirt avec moi, et faudra bloquer toute velléité dans l’œuf. « Elle a un homme, j’enrage, mais je bouge pas. » : c’est ça, l’idée. Vous pouvez faire ça pour moi ?
- — Je veux bien essayer ; mais si la situation commence à devenir tangente, j’interviens de façon professionnelle.
- — Non : avec doigté et souplesse ; ce sont aussi des fans ou des gens qui peuvent m’apporter beaucoup. Doigté, souplesse, une main de fer et un gant de velours. Je compte sur vous ; ne mettez pas le binz dans ce dîner.
- — Ok, je ferai de mon mieux. Mais ce n’est pas trop mon rôle, d’un autre côté.
- — Tut tut tut. On forme un beau couple, votre physique fait qu’ils vont hésiter à vous chercher des noises, et personne ne vous connaît, d’où le buzz. J’ai tout arrangé avec Delaporte, il est ok.
« Ben tiens… Bodyguard-gigolo, en gros. Bon, y’a pire : elle est sublime dans sa robe, et pas trop chiante pour l’instant. Enfin, mis à part l’altercation avec Diane… »
- — Bon, on y va, c’est parti. The show must go on.
Je lui ouvre galamment la porte tout en appuyant sur le contacteur PTT de mon oreillette.
- — La diva est en route pour le parking.
- — Bien reçu. Il y a un tas de journalistes et de fans à la sortie du parking.
- — On a un VL blindé garé dehors ?
- — Oui, celui de remplacement.
- — Faites-le amener derrière l’hôtel, à l’entrée de service.
- — Bien pris. Vous recontacte dès qu’on est en position.
- — Marlène, je vous propose de passer par la sortie de service pour éviter la foule qui vous attend dehors. C’est très difficile de contrôler tout le monde dans une foule.
Elle hésite, réfléchit…
- — D’un autre côté, un peu de mystère… sortir de l’hôtel avec un mâle…
- — Sécurité, Marlène… Et puis, ils nous verront arriver au dîner ensemble ; donc, ils vont supposer qu’on était ensemble au départ… Le buzz, Marlène… ensemble, hôtel…
- — Pas bête. Ok, je vous suis.
Nous sortons de l’ascenseur et nous dirigeons vers les cuisines.
Il y a un monde fou ! Tous les cuisiniers et les commis sont surpris de voir la grande Marlène Monjot traverser leur lieu de travail. Tous lui sourient, un petit geste. Elle envoie des baisers avec sa main, un sourire pour chacun ; au final, elle est plutôt sympa.
Nous passons devant le chef, très réputé d’après ce que j’ai lu sur la pub de l’hôtel : 3 étoiles ou un truc comme ça.
- — Votre présence enchante notre humble cuisine, Madame, c’est un honneur.
- — Non, chef, l’honneur est pour moi : c’est vous qui nous enchantez tous les jours avec vos mets raffinés et succulents. Permettez-moi de vous embrasser !
Elle lui colle une bise sur la joue. Le gars est rouge pivoine… Elle sait manipuler son monde, la star…
Enfin, la porte de sortie. Je jette un œil : la voiture est là, portière ouverte. Le chauffeur me fait un signe de la tête, tout est clair. Go.
- — Allez Marlène, en voiture.
Elle monte la première ; je m’assois à côté d’elle à l’arrière. La voiture démarre sans secousse, ni bruit. Ah, les moteurs V12… Quel bonheur, tant qu’on ne paye pas le plein ! Je regarde derrière : rien de particulier. Bizarre. Personnellement, j’aurais mis une équipe à toutes les issues, si je voulais faire des photos ou… autre.
Une petite demi-heure plus tard, nous sommes rendus à destination. Un petit château ou un grand hôtel particulier, avec un défilé de voitures, genre salon de l’auto. Ferrari, Corvette, Mercedes, en veux-tu en voilà ; une Clio, une…
- — Faites un tour pour rien.
Le chauffeur s’extrait de la file et entreprend le tour du pâté de maisons, à basse vitesse. J’appuie sur le contacteur de l’oreillette.
- — La Clio, contrôlez…
- — Stand-by…
Une minute passe…
- — Location. On fait quoi ?
- — Contrôlez le chauffeur discrètement.
Marlène commence à s’impatienter.
- — Julien, vous nous faites quoi, là ?
- — Je contrôle une anomalie de terrain, Marlène. Ça ne sera pas long.
- — Capitaine, c’est bon. Intercepté : un entarteur mis hors-course. Bien vu. Clair maintenant.
- — Voilà Marlène, c’est réglé. Vous pouvez faire la dépose.
La Mercedes se gare devant l’entrée ; un huissier ouvre la portière. Je sors et jette un coup d’œil panoramique en bloquant la sortie à Marlène.
- — Julien, poussez-vous, enfin !
Tout semble ok ; je repère l’équipe périphérique. Pouce en l’air. Bien.
Je tends galamment la main à Marlène pour l’aider à sortir. Elle me fait un grand sourire, pendant que de multiples flashes crépitent.
Heu…
Elle fait de petits gestes de la main en direction de la foule massée derrière les barrières.
- — Marlène, Marlène, scande la foule.
Elle leur envoie des baisers, comme tout à l’heure dans la cuisine.
- — Marlène, quelques mots pour France 2 ?
Un jeune gars tend désespérément un micro vers nous. Un cameraman est à ses côtés, la diode rouge allumée. Ok, on est filmé.
Marlène tend son visage vers moi. Je baisse la tête pour qu’elle puisse me parler discrètement
- — Je vais y aller, ça fait une bonne pub gratuite. Restez à côté de moi, et souriez.
Je scrute vite fait la foule autour de l’équipe de tournage… Rien de bien particulier, mais la foule est toujours inquiétante.
- — Ok, mais ne vous approchez pas à moins d’un mètre des barrières. On sait jamais…
Un gazman avec une paire de menottes fixée à un IED… Julien, on n’est pas en Afghanistan ! Mais tant pis, sécurité oblige.
Nous nous approchons du micro. J’attrape au vol des commentaires « C’est qui, le type ? », « Il a l’air con, le mec ! », « Ah, elle s’est trouvé un homme… », et ainsi de suite. Je n’écoute pas pendant que Marlène fait son show devant la caméra : je surveille pour tenter de détecter un mouvement anormal, tout en restant souriant. « Ah, bah, je les aurai bien gagnés, les 7 000 euros ! »
- — N’est-ce pas, mon chéri ?
Marlène vient de m’attraper le bras en se tournant vers moi. Zut, je n’ai pas entendu un mot de ce qu’elle vient de dire avant. Tant pis
- — Oui, complètement.
- — Et vous en voulez combien ? me demande le journaliste…
« Combien de quoi ? Ça part en vrille, là… » Heureusement, Marlène répond à ma place :
- — Il en veut deux, et moi aussi. Mais d’abord, je dois faire ma tournée puis un CD. Ce sera pour plus tard.
Enfin, nous nous dirigeons vers les escaliers, toujours sous les flashes.
- — Deux quoi ?
- — Enfants, bien sûr…
- — Bien sûr…
« Bon, un lac, une pierre, une corde vite ! Elle est shootée ou quoi ? »
- — Le buzz, Julien, le buzz. Rassurez-vous, mais vous auriez pu écouter aussi !
- — Je faisais mon boulot, Marlène. Je n’ai pas écouté, mais surveillé, ça oui !
- — Bon. Alors j’ai dit à la presse qu’on envisageait le mariage et des enfants. Ils vont maintenant faire la une sur vous, donc sur moi, sur nous, en fait.
- — Charmant…
- — Je ne vous plais pas ? minaude-t-elle.
« Terrain glissant… comment faisait l’ambassadeur déjà quand il avait une question piège… ah oui… »
- — Vous plaisez à la terre entière, Marlène, et c’est avec plaisir que je vous assiste de mon mieux.
« Voilà : plus bateau, tu meurs… »
Heureusement, le dîner se passe sans anicroche. Un repas délicieux, des conversations variées, tout le monde aux petits soins pour ma « dulcinée ». De temps en temps elle me fait des commentaires sur les invités, à l’oreille. Je souris à chaque fois, comme si nous étions complices.
Évidemment, au dessert, il faut bien qu’un des convives mette les pieds dans le plat !
- — Dites-moi, ma chère Marlène, sans vouloir être indiscret, vous semblez rayonnante. Ne serait-ce point dû à la présence de Monsieur, à vos côtés ?
- — Permettez-moi de garder une certaine discrétion, mon ami ; mais oui, on peut dire ça.
Le gars n’ose pas insister, mais tous les regards sont fixés… sur moi. Heureusement, la fin du repas arrive, et nous pouvons enfin partir.
Une fois dans la voiture, je hasarde une question.
- — Ça s’est bien passé ?
- — Oui, plutôt. Ils ont tous été interloqués, pas mal sont jaloux ; ils ont de quoi papoter pour les jours qui viennent, d’autant que demain il y aura certainement un petit reportage dans les peoples. Oui, vous avez été parfait, Julien. Bravo.
- — Merci.
Arrivés à l’hôtel, on se fraye un passage dans le groupe de fans pour descendre dans le parking.
Ascenseur. Suite 223. Ouf, quelle soirée !
- — Julien, je vous ai préparé une petite surprise pour vous remercier de votre gentillesse et de votre courtoisie. Venez avec moi.
Nous nous dirigeons vers sa chambre. Au passage, elle demande à Diane de venir aussi. Une fois dans la chambre, elle ferme la porte.
- — Bon, Julien, tout à l’heure, quand j’étais en petite tenue, j’ai vu que vous étiez plus ou moins – plutôt plus que moins, d’ailleurs – à l’étroit dans votre pantalon. Mais… Vous n’avez fait aucune remarque salace, vous n’avez pas tenté d’attouchements en me fermant ma robe, ce que j’apprécie au plus haut point. Gentleman irréprochable. Imperturbable. Donc, pour vous remercier, Diane est à vous : vous pouvez lui faire ce que vous voulez. C’est ma façon de vous remercier pour votre efficacité et votre gentillesse.
Je suis scotché ! Je regarde Diane ; elle a la tête baissée, mais un petit sourire est néanmoins sur son visage. Dans quoi me suis-je fourré, là ?
- — Marlène, je…
- — Quoi, Diane ne vous plaît pas ?
- — Ce n’est pas la question. Si, elle est très jolie, mais…
- — Alors, où est le problème ? Vous… préférez les garçons ?
- — Non, houlà, pas du tout, ce n’est pas ce que je voulais dire.
- — Alors, c’est le fait que je vais regarder qui vous gêne ?
- — Non plus, quoique, mais…
Putain, je ne m’en sors pas, je patauge dans la semoule.
- — Bon, on va faire simple. Tout à l’heure, Julien, vous bandiez sur moi. Or, je ne veux pas faire l’amour avec vous pour le moment, c’est trop prématuré. Ensuite, vous avez été impeccable ce soir : aucun geste ou aucune réflexion déplacée, la perfection, mieux que je n’espérais. Aucun autre homme dans le passé ne s’est comporté aussi élégamment que vous. Donc, pour vous remercier, vous allez faire l’amour avec Diane, qui ne demande que ça ; et moi, je vais regarder. C’est mieux comme ça ?
Bon, ça ne loupe pas, je me remets à bander. Une aussi jolie femme qui vous tient des propos pareils, ça ne laisse pas indifférent.
- — Diane, ma petite, déshabille-toi.
- — Oui, Madame.
Diane enlève un à un ses vêtement. Elle a une sacrée poitrine, bien ronde, un poil de ventre, une chatte un peu fournie. Elle se tourne pour poser ses vêtements sur un fauteuil. Un beau cul, woahhh… Je suis en érection totale, maintenant…
- — Vous voyez, Julien, elle vous plaît. Ça crève les yeux, si j’ose dire. Allez, occupez-vous d’elle. Vous pouvez la prendre sur le lit, si vous voulez, ou là où vous voulez, au choix.
J’enlève ma veste, dégrafe le holster, range l’arme dans un tiroir. Puis la chemise, chaussures, pantalon, chaussettes. Je suis en caleçon.
Diane s’agenouille devant moi et entreprend de me masser l’entrejambe. C’est divin. Elle y va doucement ; elle me malaxe les testicules, puis caresse mon sexe à travers le tissu. Elle me regarde et me sourit.
Je me penche en avant et lui embrasse la bouche pendant qu’elle continue à me serrer les testicules. Nos langues se taquinent. Diane baisse mon caleçon, prend mon sexe en main, puis le met dans sa bouche. Elle commence une fellation profonde, douce, chaude… je risque de ne pas tenir longtemps.
- — Allez, les enfants, faites-vous du bien, c’est beau…
Elle commence à me les briser avec ses « mes enfants », « les garçons »… On a quasiment le même âge, après tout. Wahouuuuuuuuuuuu. Diane vient de me lécher le bout du gland, c’est trop bon…
J’entends un bruit de tissu froissé. Je tourne la tête : Marlène vient d’ôter sa robe ; elle est en train de dégrafer son soutif. Hop, sur le lit, le soutif. Elle enlève maintenant sa culotte. Ah, j’en étais sûr… Sa toison est rousse aussi : c’est une vraie rousse. Une rousse sublime au demeurant.
Elle s’assoit dans le fauteuil, jambes écartées, et commence à se caresser.
- — Vous êtes bien foutu, Julien… Musclé, mais pas trop ; muscles minces… et vos fesses sont jolies. Ne vous occupez pas de moi, occupez-vous de Diane, allez !
Je relève Diane, la prends dans mes bras et la dépose sur le lit, sur le dos. Je lui relève les jambes, les écarte. Je m’allonge sur le lit, la bouche sur sa chatte, et entreprends de la lécher pour lui rendre la pareille. Je lui lèche soigneusement le clitoris, et je sens qu’elle réagit. Elle a des petites contractions annonciatrices de son plaisir.
Mes mains remontent le long de ses flancs, puis j’empoigne ses seins. Je les malaxe doucement. Les tétons sont déjà durs. Je les taquine. Je les serre entre pouce et index.
- — Doucement, vous me faites mal, j’ai les tétons très sensibles…
Pas de soucis ; je malaxe à nouveau ses globes moelleux.
- — Julien, pincez-lui les seins, ça lui apprendra à mettre mes affaires n’importe où.
« Ah, allons bon, la star a des exigences sado, ou quoi ? »
Je fais semblant de serrer le bout des seins de Diane, mais en fait, je ne force pas. Marlène s’en rend compte, manifestement.
- — Non, Julien : serrer, ce n’est pas comme ça !
Elle se lève de son fauteuil, s’agenouille à côté de nous. J’ai ses fesses à dix centimètres de mon visage enfoui dans la chatte de Diane.
Elle enlève ma main d’un sein de Diane, lui prend le bout entre ses doigts et serre… fort…
- — Aïe ! Madame, ça fait mal !
- — Eh bien, la prochaine fois tu feras ton travail correctement, petite !
- — Aïe aïe aïe…
Elle a les larmes aux yeux, la pauvre. J’hésite à intervenir.
- — Voilà, c’est fini. Tu as été assez punie. Julien, soyez gentil : prenez-la, maintenant. Plantez votre belle queue dans son petit minou ; ça lui fera le plus grand bien, à cette gourde.
Pas très cool avec le petit personnel, la Marlène. Néanmoins, je m’exécute. Il faut dire que je suis dans un état, moi…
Je me relève, présente mon sexe devant la fente de Diane, et d’une poussée modérée la pénètre.
- — Non, Julien, allez-y franchement, que diable ! Comme ça !
Elle se positionne à genoux derrière moi, me prend les hanches et imprime un mouvement long et rapide. Elle me tire tellement en arrière que mon sexe sort de Diane. Marlène a dû s’en rendre compte ; elle se plaque contre moi, prend mon sexe dans sa main droite, le présente devant l’orifice de Diane et me pousse brutalement en avant d’un coup de reins. J’ai sa poitrine écrasée contre mon dos.
Je m’enfonce brutalement dans son intimité, à fond. Mes testicules viennent buter contre les fesses de Diane.
- — Ahhhhh…
- — Tu vois, Julien, elle aime ça. Allez, besogne-la un peu, puis retourne-la et reprends-la encore plus fort, en levrette.
Marlène se lève du lit, fait le tour et s’agenouille devant moi, derrière la tête de Diane. Elle empoigne ses seins et les malaxe.
- — Allez, Julien, c’est bon, retournez-la.
Ah, fini le tutoiement. Je m’extrais du corps de Diane et la retourne, comme demandé.
Spontanément, elle enfouit sa tête entre ses bras, cambre les reins pour me présenter ses fesses. Je la reprends d’une seule poussée. Elle ruisselle, ça rentre tout seul. Je commence mes va-et-vient.
Marlène s’allonge, écarte les jambes, puis elle saisit les cheveux de Diane et la force à relever la tête. Elle descend un peu, présente son sexe à la bouche de Diane. Elle appuie ensuite la figure de Diane sur sa chatte. Immédiatement, Diane commence à lécher sa patronne. Je continue à la prendre. Le spectacle est hyper érotique, je sens le plaisir venir.
- — Diane, appliquez-vous, et je passerai l’éponge pour la robe. Julien, c’est assez, sortez avant de jouir. Allez !
Elle tient la tête de Diane à deux mains et lui imprime le mouvement qu’elle aime.
Un peu dépité, je sors mon sexe du ventre de Diane. Je recalotte mon gland, puis m’assois sur le lit. Le spectacle est des plus sympathiques. Diane est toujours à quatre pattes, et lèche sa star de patronne.
Je commence à me masturber.
- — Julien, non, stop ! Vous pouvez regarder, mais ne vous touchez pas. J’ai un autre projet… Hum, c’est bon, ma petite Diane.
Allons bon. Dans l’état où je me trouve, m’obliger à regarder sans rien faire, ce n’est pas le top ! Je regarde les fesses de Diane. Sa position fait qu’elles sont écartées, son petit trou est bien visible. Tentant…
- — Elle a un beau cul, n’est-ce pas, Julien ?
- — Oui, magnifique, je dois dire.
- — Plus beau que le mien ?
« Aïe, ça y est : emmerdes en approche… »
- — Différent du vôtre, Marlène, bien que je ne l’aie pas aussi bien vu que celui de Diane ; mais vous êtes sublime.
- — Sublime, peut-être ; mais mon cul, il vous plaît ?
- — Oui, bien sûr. Mais ne jamais mélanger travail et plaisir, je pense que vous êtes d’accord ?
- — Hein, ah, oui, non, le contrat… Hmmm… Il dit… Ahhh… Vous faites ce que je vous demande, non ?
Putain, elle est en train de partir, on commence à ne plus comprendre ce qu’elle dit. Il faut dire que Diane y va gaiement. Tiens, elle doigte Marlène maintenant, je n’avais pas vu.
- — Quelque chose comme ça, oui…
La figure de Diane est trempée du plaisir de Marlène. Bon, faut que je trouve une solution, j’en peux plus, là…
- — Diane, ça suffit. Tu as été très bonne, je remets les compteurs à zéro. Julien, à vous maintenant.
- — À moi quoi ?
- — Allez, pénétrez-moi, terminez le travail. Par contre, vous giclez ailleurs que dans mon ventre, pas question. Les enfants tout à l’heure, c’était du flan.
- — Je…
- — Allez-y, vous attendez quoi ? Que je change d’avis ?
- — Eh bien, je…
- — Bon, faut vous motiver ou quoi ? Allez, prenez-moi, faites-moi bien jouir. Après, si tu veux, tu enculeras Diane, si c’est ton truc. Dépêche-toi.
Ah bah non, la sodomie, ce n’est pas trop mon truc. Mais présenté comme ça, résultat immédiat. Mon sexe est dur comme du bois. Je m’approche de Marlène. Elle se masse les seins, tout en écartant les jambes. Je me présente devant l’ouverture et la pénètre doucement. Elle semble apprécier.
- — Voilà, comme ça… Allez-y… Hum, c’est bon…
Je la prends de plus en plus vite, de plus en plus profond. Je sens son plaisir monter, et le mien aussi.
- — Oui oui oui ouii ouiii ouiii ouiiii OUIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII…
Marlène vient de jouir.
À ce moment-là, une main empoigne mes bourses et les serre modérément. Immédiatement, j’éjacule. J’ai à peine le temps de sortir du ventre de Marlène ; je l’asperge du nombril jusqu’aux seins… Je me vide en plusieurs saccades. Je me retourne. Diane continue à me tenir les testicules…
- — Eh bien, dites donc, Diane, on peut dire que vous savez saisir les opportunités !
- — Merci, Monsieur… En fait, c’était… non, rien…
- — C’était quoi ? Vous savez, je viens de vous faire l’amour : faut pas prendre de gants si vous voulez me dire un truc.
- — Eh bien, je n’avais pas trop envie que vous m’enculiez ; alors, je me suis dit que si vous vous vidiez bien les couilles, vous n’auriez plus envie après.
Bien joué ! Ceci dit, je n’avais pas l’intention de la sodomiser.
- — En tout cas merci, Diane, c’était géant.
- — Pour moi aussi, Monsieur.
- — Ah Julien, excellent, merci. Bon, ça reste entre nous : pas un mot à quiconque, bien sûr. Diane ?
- — Oui Madame ?
- — C’était très bien. Vous avez joui vous aussi ?
- — Oui Madame… quand monsieur Julien me prenait pendant que je vous léchais… j’ai joui.
- — Très bien. Vous, Julien, je ne vous le demande pas, j’en ai partout. Diane, une serviette ; essuyez-moi.
Diane s’exécute.
- — Bien, fermons cette petite parenthèse, Julien. D’avoir joué à la femme amoureuse toute la soirée, ça m’a donné des envies. En plus, nous serons plus crédibles maintenant, vous ne trouvez pas ?
- — Certainement, Marlène, c’est évident.
- — Très bien. Je compte donc sur votre discrétion à tous les deux. Diane, la prochaine fois que vous ferez une bêtise, je demanderai au capitaine de vous sodomiser, c’est bien clair ? Et ne faites pas volontairement une bêtise, bien sûr. Julien ?
- — Oui ?
- — Demain neuf heures, on s’envole pour Nice. Soyez prêt !
- — Ok, Marlène.
Elle se lève du lit et s’enferme dans la salle de bain. Diane et moi sommes sur le lit, nus.
- — Elle est souvent comme ça ? je demande à Diane.
- — Oh non… c’est la première fois que je la vois demander à un homme de la pénétrer. D’habitude, elle demande à Sandrine ou à moi de la lécher, voire de la goder, mais jamais un homme n’était présent.
- — Tiens donc… alors, pourquoi moi ?
- — Je ne sais pas, Monsieur. Pourtant, je suis au service de Madame depuis quatre ans déjà.
- — Et ça vous plaît ?
- — Disons qu’avec elle, c’est la règle du jeu. Mais voyez-vous, ce mois-ci, j’aurai une très grosse prime. Elle est toujours reconnaissante.
- — Et elle vous demande ça souvent ?
- — Non, pas trop. De temps en temps. Tous les deux ou trois mois environ. Mais on est plusieurs, aussi. Sandrine, sa coiffeuse, Amélie, sa maquilleuse, et moi, sa secrétaire.
- — Jamais d’homme ?
- — Jamais !
- — Et le fait qu’elle m’ait demandé de vous prendre…
- — C’était très bon, Monsieur. J’aime bien quand on me prend un peu fort. Marlène le sait, c’est pourquoi elle vous a donné le tempo. Elle est comme ça : parfois dure, mais souvent à l’écoute de ses employées. Et vous l’avez prise, en plus…
- — Oui…
- — Ça alors… Je ne l’ai jamais vue faire ça, et jamais entendu dire non plus…
- — Pourquoi, elle n’aime pas les hommes ?
- — C’est compliqué… Elle veut tout dominer, ou plutôt diriger, et comme elle a eu des… contrariétés avec des hommes, du coup, elle est très prudente. Ah la la, j’en reviens pas. Quand je vais raconter ça aux copines… Vous avez baisé Madame… trop fort !
- — Euh, peut-être pas la peine de tout raconter non plus… Soyons un minimum discrets, comme elle l’a demandé.
- — Oui… C’est Sandrine qui va êtes déçue…
- — Sandrine ? Pourquoi ?
- — C’est à elle que Madame demandait de lui faire l’amour avec un gode-ceinture… Maintenant, avec vous, elle ne va peut-être plus lui demander. Et comme elle aimait ça…
- — Attendez, Diane, je n’ai un contrat que pour un mois, et ce n’est pas non plus un contrat de gigolo… enfin, normalement.
- — On voit que vous ne connaissez pas beaucoup Madame, sans vouloir vous offenser. Elle vous a accueilli dans son ventre ; à mon avis, le « contrat » va durer bien plus longtemps qu’un mois !
Elle est limite hilare…
Surréaliste, la conversation. Nous sommes face à face, à genoux sur un lit, nus… Elle a croisé ses mains sur son ventre. J’ai à nouveau envie d’elle. Je lui caresse l’épaule…
- — Ah non, capitaine, surtout pas ! Si Madame nous surprend !
- — Eh bien quoi ?
- — Ce serait catastrophique ! Je ne veux pas perdre ma place ! Elle nous jetterait dehors ! Vous ne pouvez baiser quiconque que si Madame vous le demande. Sinon, elle se fâcherait ! Si vous voulez me prendre, faut lui demander la permission.
- — Ah bon ? En tout cas, sachez que j’ai apprécié notre « rencontre », vraiment…
- — Ah moi aussi, capitaine, moi aussi. Bon, faut que je file, Madame va sortir.
Elle saute du lit, enfile à toute vitesse ses fringues et sort de la chambre. J’entends l’eau couler dans la salle de bain. Je suis perplexe… J’aimerais bien me rhabiller, mais aussi me laver… Et puis dormir un peu, il est tard…
Enfin, l’eau est coupée. Quelques instants plus tard, Marlène surgit de la salle de bain, une serviette enroulée autour de ses cheveux.
- — C’est tout pour ce soir, Julien ; merci encore pour le dîner. N’oubliez pas, demain 9 h au plus tard. Je vais dormir, je suis fatiguée, et vous y êtes pour beaucoup…
Ok, message reçu. Je me resape et je sors. Diane a disparu ; il n’y a qu’une petite blonde assise dans un canapé, en train de feuilleter un magazine.
- — Bonsoir…
- — Bonsoir. Je suppose que vous voulez savoir où dormir, capitaine, non ?
- — Heu… oui.
Avec toutes ces péripéties, j’avais complètement zappé ça.
- — Tout est prévu ; suivez-moi : votre chambre est prête et vos affaires rangées.
- — Et qui dois-je remercier ?
- — Moi ; mais c’est mon travail aussi. Je suis sa maquilleuse et je m’occupe aussi que les chambres soient prêtes, que tout soit à disposition. Vous n’avez pas à me remercier.
- — Ah, vous devez être… Aurélie ?
- — Amélie.
Jolie, Amélie… Blonde comme les blés, fine, pas très grande, mais un joli petit minois. Je comprends mieux pourquoi Marlène « s’amuse » avec elle aussi. Elle est complètement différente de Diane.
- — Au fait, capitaine, bravo ! Diane m’a raconté : c’est une grande première pour nous. La patronne a vraiment flashé sur vous. Il y a de fortes chances que je sois la prochaine sur sa liste, pour vous ; ceci dit, l’idée me plaît bien : vous êtes plutôt mignon et avez l’air très gentil.
- — Les nouvelles vont vite, dites donc…
« Et Diane ne sait pas se taire… », pensais-je en même temps.
- — Les bonnes comme les mauvaises, oui. Mais là, c’est une bonne nouvelle. Nous désespérions que Madame trouve un homme… Enfin, un vrai, pas un de ces abrutis du show-biz. En tout cas, moi, ça me plaît bien, si je peux me permettre.
Tout en devisant, nous parcourons le couloir et arrivons devant la chambre 211.
- — Voilà, capitaine : vous êtes chez vous. Bonne nuit.
- — Merci Amélie, bonne nuit…
- — Capitaine ?
- — Oui ?
- — Euh… c’est vrai que vous avez pris Madame ? Que vous l’avez pénétrée ?
- — Hum… Secret professionnel.
- — Donc ça veut dire oui… Vous pourriez me montrer l’effet que ça lui a fait ?
- — Montrer quoi ? Comment ?
- — Vous me faites ce que vous lui avez fait : j’ai envie de savoir ce qu’elle a ressenti. C’est très important pour moi : il faut que je sache tout le temps comment Madame réagit, pour pouvoir m’adapter.
- — Amélie, attendez… Oui, j’ai pénétré Marlène, mais ça n’a rien d’exceptionnel non plus !
- — Oh si. Pour qu’elle vous ait choisi, y’a quelque chose. J’aimerais comprendre. Je peux ?
Elle entre dans ma chambre. Je la suis. Elle ferme la porte à clé.
- — Des fois que Madame vienne vous rejoindre… Je n’y crois pas, mais faisons vite ! Elle était dans quelle position ?
Houlà, ça dérape, là… Ceci étant, Amélie… très jolie ! Et elle a les yeux qui brillent.
- — Sur le dos, en missionnaire…
- — Comme ça ?
Elle enlève son vêtement à toute vitesse, s’allonge sur le lit et écarte les jambes. Elle a le sexe rasé, sa fente est bien visible.
- — Elle se massait les seins aussi, les deux…
Immédiatement, Amélie se met aussi à se masser les seins. J’ai de nouveau une érection. Je me désape et m’agenouille entre les jambes d’Amélie.
- — Et ensuite ?
- — Je l’ai prise, comme ça.
Je pénètre Amélie d’une poussée lente mais régulière, comme tout à l’heure avec Marlène. Elle mouille déjà, la gamine… Quelle équipe !
Pendant près de dix minutes, je lui fais l’amour. Amélie halète. Je ne l’embrasse pas, vu que je n’avais pas embrassé Marlène. Je n’y avais même pas songé, en fait. Étrange…
Enfin, je sors et éjacule sur son ventre.
- — Bon, tout à l’heure, j’en avais plus, je lui ai aspergé le ventre et les seins… désolé. Mais deux fois en une heure…
- — Génial, c’était génial… Vous l’avez recouverte de votre sperme, et elle n’a pas râlé ! Oh, merci capitaine. Mais pas à mot à Madame, sinon on prendrait cher !
- — Vous avez aimé, Amélie ?
- — Oui, vous m’avez fait jouir… Bon, faut que je file…
Hop, elle disparaît en trente secondes, à peine rhabillée.
Une douche, au dodo. Quelle soirée ! Je me demande ce que me réserve la suite de la mission… Je suis vidé.
À suivre