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Temps de lecture estimé : 34 mn
12/03/14
Résumé:  Coralie entre Toulouse et Hambourg. Installation, nouvelles rencontres, nouvelles expériences.
Critères:  ff ffh hplusag
Auteur : Larges Épaules  (Homme de 50 ans, amoureux des hommes et des femmes)            Envoi mini-message

Série : Coralie, une fille de son temps

Chapitre 08 / 12
Petra, la nouvelle hôtesse, est allemande

Résumé :

Coralie vient d’avoir sa première expérience avec Loana, dont elle ne sortira pas indemne. La préparation du projet de Toulouse demande beaucoup de temps et elle commence à se sentir débordée.








Nous repartons alors pour nos visites chez des fournisseurs, un show-room en mobilier de bureau, un fabricant de vitrages intérieurs, et un artisan qui fabrique des persiennes, très utiles par ici. Je ne pense pas qu’il fallait que j’accompagne Loana pour cela, sauf peut-être pour les sièges et bureaux qui seront très beaux. On m’assure que le budget ne sera pas dépassé.

La journée se termine et Loana me reconduit à l’hôtel. Je n’ai pas regretté d’avoir acheté cette robe, qui m’évite beaucoup d’inconfort.



Manière élégante de signaler qu’il n’y aura pas d’autre partie de jambes en l’air…

Quelques mails, une autre douche, un peu de télévision, et je me trouve à 19 heures dans le hall.

Promenade avec Loana dans les rues et ruelles. Nous parlons de tout et de rien, et je la sens encore un peu distante. Nous prenons un verre dans un bar espagnol, et les tapas proposés nous suffiront largement. Je l’interroge sur différents sujets et ses réponses ne sont pas très spontanées, j’ai un peu l’impression qu’elle est là par devoir.



Il me faut cinq bonnes minutes pour encaisser… Loana regarde ses chaussures. Je dois me lever en urgence et dégueuler à la toilette. Quelques minutes et deux verres d’eau plus tard, j’ai les larmes aux yeux, en pensant à toute cette humiliation inutile.



Un autre temps de réflexion. Je nous revois ce midi chez elle, sans doute contre son gré. J’ai l’impression de l’avoir souillée ou violée.



Le moment est venu de nous séparer, Loana désirant se coucher tôt pour atténuer son mal de ventre imaginaire, ou peut-être traiter un autre dossier. Elle m’embrasse et me dit que nous gardons contact pour le projet. Je lui confirme que je serai à Toulouse très régulièrement dans les mois à venir, et que je pourrais la rencontrer si elle a besoin de moi.


Je continue à me sentir mal. Je ne suis qu’une petite fille innocente dans un monde de grands méchants loups, et il faut absolument que je sois plus prudente. Je repense à la leçon d’André qui ne mélange (presque) jamais boulot et vie privée. Je pense aussi à Loana, qui ne doit sans doute pas avoir beaucoup le choix. Pas de diplôme, divorcée, je suppose qu’elle a dû accepter cette forme de prostitution pour ne pas finir dans une autre, encore plus glauque. J’ai envie de me saouler. Aller dans un bar et vider une bouteille de whisky ? Pour me retrouver dans une autre situation scabreuse ? J’ai donné pour aujourd‘hui. Le minibar de l’hôtel fera l’affaire. J’en fais l’inventaire, et tombe sur ma consommation d’alcool pour une année. Je renifle la bouteille de gin, qui me pique le nez. J’allonge avec du tonic, je bois le tout d’une traite pour faire passer le goût, et j’enchaîne avec la mignonette de whisky. Ma tête tourne affreusement, et j’ai juste le temps d’aller de mon lit aux toilettes pour me vider l’estomac pour la seconde fois de la journée. J’avais des choses à évacuer.


Le lendemain, rendez-vous tôt chez le notaire pour récupérer les clefs de l’hôtel particulier. Le clerc me dit qu’ils ont été prévenus, et qu’il va m’accompagner pour me montrer comment fonctionne l’endroit, et quelle clef va sur quelle serrure. Il fait bien, car en plus il faut parfois ruser d’un coup d’épaule avec une porte pour l’ouvrir. C’est le charme des vieilles maisons.


La porte cochère s’ouvre sur une vaste cour pavée, suffisamment profonde pour y faire tourner un carrosse. En face un corps principal immense, avec un double escalier qui mène au rez-de chaussée, qui est en fait un gros mètre plus haut que le sol de la cour. Le rez et le premier sont complets, le second est mansardé. Il doit y avoir là un grenier ou des chambres pour le personnel.

À droite et à gauche du corps principal, des bâtiments jumeaux, perpendiculaires au principal. Il y a à droite une porte cochère, sans doute pour ranger le carrosse, et à gauche une porte un peu élevée, pour les chevaux. Au-dessus, des garages et écuries, quelques fenêtres.


Le clerc me confirme que le « petit » appartement se trouve dans le bâtiment à droite. Une pièce principale, une cuisine, des sanitaires. À l’étage une salle de bains, deux chambres spacieuses, et une très grande chambre, le tout mansardé. André n’a pas exagéré. Il y a moyen de loger cette équipe de rugby à l’aise. Le tout est un peu vieillot bien entendu, mais a un charme incroyable. Impossible de ne pas avoir envie de vivre ici.


Le clerc est reparti, et je continue la visite par la grande maison. Un escalier central à double vis vers les étages, des réceptions extrêmement spacieuses, un petit salon, une salle à manger pour 40 personnes. Au moins dix chambres, dont une principale d’au moins 80 m². Et puis le jardin. Trois platanes vers le fond, dont je découvre qu’il s’ouvre par une autre porte cochère vers une rue arrière. Et entre les arbres et la maison, un charmant jardin à la française avec une grande vasque et une petite fontaine. Le tout en plein centre de Toulouse, avec des murs assez haut pour empêcher la vue des voisins.


Ce n’est pas un hôtel particulier, mais plutôt un palais. Le tout respire l’harmonie et le bon goût. Je me demande ce que ma société va bien pouvoir faire de tout cela. C’est vrai que c’est prestigieux, discret et que tout cela compte, mais cela va coûter une fortune en rénovation et entretien. S’ils l’ont fait, c’est qu’ils doivent avoir leurs raisons, et j’ai confiance en leur capacité de compter les sous.


Avant même d’avoir quitté les lieux, j’avais évidemment décidé de vivre là. Je me voyais déjà en train de bronzer avec des copines dans le coin du jardin, en venant me rafraîchir au filet d’eau de la fontaine. Une piscine aurait été l’idéal, j’aurais de toute façon une voiture à l’ombre dans le garage pour me conduire vers l’une ou l’autre petite plage au bord de la Garonne.


Ensuite, rendez-vous avec Mireille, à son agence pour mettre au point l’un ou l’autre aspect de notre campagne de recrutement. Mireille est sympathique et son accent très distrayant. Elle me montre une dizaine de CV, répartis entre les niveaux 1 et 2. Nous en sélectionnons deux de chaque, en convenant que nous verrons les candidats la semaine prochaine. Le marché de l’emploi semble très dynamique à Toulouse, bien entendu porté par l’aéronautique. Nous établissons ensuite un planning d’engagements des prochains mois, sur base des indications des RH. Elle me dit qu’il faudra sans doute que je lui consacre un jour par semaine dans les prochains mois, car c’est un sacré boulot, entre les sélections et les entretiens.


Elle me propose une invitation à déjeuner, que je refuse sous un prétexte quelconque. J’ai appris que les invitations des fournisseurs ne menaient pas toujours à de bonnes choses, même si la salade gentiment offerte par Mireille avait peu de chance de me damner.

Moment de calme sur une terrasse, avec un peu de lecture. Les rendez-vous immobiliers avec visites, prévus l’après-midi, sont moins impératifs tout d’un coup, mais il n’est pas inutile que je fasse quelques visites, car il nous faudra sans doute nous occuper de la relocalisation de quelques personnes dans les mois qui viennent.

Je visite trois appartements, de une ou deux chambres, et ai la confirmation que l’on peut vivre ici avec un loyer inférieur de moitié par rapport à Paris.

Passage à l’hôtel, vol vers Paris, une routine s’installe…

Je demande à la réception s’ils pourraient éventuellement me garder une valise chez eux entre deux visites à Toulouse. Pas de problèmes, Mademoiselle, et ils me montrent une petite pièce derrière la réception ou ils rangent d’habitude les bagages en attente. Cela me convient sans me convenir.

Retour à la coloc, très calme en cette période de test et examens. Les portes sont fermées, et il est déjà plus de 22 heures. Je me prépare une biscotte, et Sandra vient prendre un verre d’eau.



Sandra se met un doigt devant la bouche, me demandant de ne rien dire de « sensible ». Nous papotons à propos de tout et de rien, et elle écrit sur un bout de papier « Promenons-nous demain soir, ok pour toi ? » J’acquiesce de la tête.

Je vais me coucher, assez crevée. Mes pensées de la soirée me mènent dans toutes les directions, je digère mes expériences variées de Toulouse, et je me demande vraiment ce qu’il peut y avoir comme grand secret derrière tous ces mystères. Je me dis aussi qu’une vie de rêve m’attend à Toulouse, et que je n’ai pas trop de raisons de me plaindre. Je vais avoir un appartement somptueux gratuit, une voiture, un très beau salaire, et un job à responsabilités qui me passionne. J’en connais de moins bien lotis !

Il ne me manque réellement qu’une relation suivie avec quelqu’un que j’aimerais et qui m’aimerait. Garçon, fille ? Plutôt garçon. À ces pensées, je commence à me caresser doucement, mon clitoris envoyant des ondes de chaleur vers mon ventre. Je devrais sans doute m’aider d’un des jouets d’Isabelle. Non, pas besoin, et puis ce serait trop pour un jour de semaine.


Restant de la semaine sur les chapeaux de roue, car mon boulot « de base » n’attend pas et il n’y a encore personne pour m’épauler. À ce propos je reçois un message des RH demandant de passer les voir. Ils ont trouvé deux candidats possibles pour le job, une fille et un garçon, et André qui les a vus aussi a indiqué aux RH, que le choix me revenait. Il est donc convenu que je les rencontrerai au plus vite. Le garçon est disponible en octobre, la fille peut commencer début juillet, soit dans trois semaines. J’ai déjà fait mon choix, car il me paraît clair que je ne tiendrai pas trois mois de plus au même rythme.

Le soir, promenade avec Sandra, à qui j’explique que les choses se mettent en place à Toulouse et que j’aurai « sans doute » ce logement pour elle. Je reste prudente car, je veux, avant de m’engager auprès de Sandra, essayer d’éclaircir au moins une partie de ce mystère pesant.



Sandra pleure doucement à côté de moi. Je mets mon bras sur son épaule, pour tenter de la consoler. Je n’en saurai pas plus ce soir, mais puis-je permettre de l’emmener à Toulouse sans la mettre en danger, et moi par la même occasion ? Je dois y réfléchir…

Coup de téléphone à Capucine qui a peu de temps, car elle est pleine répétition. Nous nous verrons dimanche au canal.

Arrive le vendredi, et un rendez-vous de trente minutes avec André qui semble assez fatigué. Assez normal quand on connaît ses horaires et déplacements incessants à travers l’Europe.



Je lui fais un point de tous les chantiers en cours, en préparation.



(Rires)



J’observe attentivement André, et je perçois un petit clignement des yeux, qui m’indique que j’ai peut-être fait mouche.



André se marre en silence et me décroche un sourire radieux, de ceux qui font craquer les femmes. Doux et un peu carnassier à la fois.



André consulte son agenda.



Le samedi, travail, pendant dix heures au bureau. J’avance bien car je ne suis pas dérangée, et je m’impose autant d’heures car je désire avoir un vrai dimanche.

Dimanche, promenade avec Capucine, que ce job transforme. Elle a gagné pas mal d’assurance. Tout se déroule comme prévu, et elle prend de facto la responsabilité d’une part importante de leurs mises en scène. Leur spectacle dans un mois se déroulera dans un Château 18ème à 100 km au sud de Paris, et implique une vingtaine de comédiens, qu’il faut mettre en scène et il lui faut aussi parfois modifier les scripts. Son patron ne veut absolument pas se louper dans ce spectacle pour une société du CAC40, qui semble dégager de marges importantes en vendant du carburant aux français.



Je sens que Capucine serait demandeuse d’une session de jambes en l’air, mais les circonstances ne s’y prêtent pas tellement. Et puis ne le fait-elle pas pour me remercier ?



Re-promenade avec Sandra, à qui je confirme qu’elle est la bienvenue à Toulouse dès septembre.



Je n’ai plus tellement envie de rester à Paris dans cet appartement à l’atmosphère lourde. Je suis impatiente d’habiter dans le sud. La solution me vient en rentrant chez moi. Je vais prendre une chambre à Toulouse, pour y passer le week-end et le lundi soir, et ne serai plus à Paris que du mardi au vendredi. Je consulte les sites spécialisés, et constate qu’il existe plein de possibilités. En effet la plupart des étudiants quittent la ville fin juin, pour m’y revenir qu’en septembre ou même début octobre. Reste à trouver une localisation sympa, de préférence dans une coloc avec des gens qui m’acceptent et me paraissent acceptables.

Quelques clics et textos, et me voilà avec deux rendez-vous demain soir.

Lundi, Toulouse et ses rendez-vous, dont l’architecte Philippe, en charge de la rénovation du « Palais ». 55 ans, un faux air d’artiste sous les cheveux d’Einstein. Il dirige un bureau de quatre personnes, et nous visitons l’appartement, pour discuter de choses aussi passionnantes que les modèles de douche, et la forme de la cuisine.



Et voilà notre architecte parti dans une explication sur la famille de marchands, ensuite anoblis avant la révolution, qui a fait construire la maison. Il me fait découvrir les trésors du lieu, les détails d’architecture, tous les éléments qui font qu’on se sent honoré d’habiter un lieu d’histoire. Le temps passe et je dois continuer mon programme.



Je sens que cette remarque est sincère et dénuée de double sens.



Je m’entends bien avec cet homme, avec lequel j’aurai beaucoup de contacts à l’avenir. Nous retournons à son bureau ou j’ai laissé mes affaires.



Je lui parle de Sandra, de son diplôme d’archi, de sa formation en urbanisme. Il dit qu’il pourrait certainement utiliser ses compétences, sur ce projet mais surtout sur d’autres de bâtiments nouveaux.



Après-midi, premiers rendez-vous chez Mireille, avec trois candidats. Tous jeunes, sans expérience. Nous leur demandons de maîtriser la bureautique et aussi de posséder les langues. Ils ont passé un test d’orthographe. Les deux premiers sont quelconques, et je leur alloue un score de 6 et 7 sur mon petit carnet. Ils disent parler parfaitement l’anglais et une autre langue, mais nous n’avons pas la même conception de la perfection. Un mauvais anglais avec l’accent d’ici, cela ne va pas le faire. D’autre part, ils n’ont pas l’attitude qui convient.


Nous accueillons ensuite Zoé, une vraie liane de plus de 1,80 m. Elle est métis, a une grosse boule de cheveux très frisés, dans le style Angela Davis, les bombes en moins. École de secrétariat avec mention, stages supplémentaires, pas encore eu de job en CDI, mais très belles recommandations. Elle passe sans problème le test d’anglais et d’espagnol. Il lui manque le vocabulaire spécifique au business, mais cela s’apprend. Son allemand est très balbutiant, mais elle se dit prête à l’étudier, si nécessaire. Elle a la bonne attitude et un langage corporel qui dégage quelque chose de positif. Je lui mets 9. 5/10 dans mes notes, et elle aurait reçu 9/10, si elle n’avait pas ce corps de danseuse, qu’elle met très bien en valeur. Zoé doit rendre les garçons fous, et certaines filles aussi. Dont moi ? Il ne faut pas que mes décisions soient influencées par mes penchants lubriques.


Nous lui proposons donc un job à partir du premier septembre. Je lui indique qu’elle est la première à être engagée, mais qu’elle aura bientôt de nombreux collègues.

Les conditions lui conviennent, et je lui indique que j’aimerais la revoir la semaine prochaine pour lui faire signer un contrat.

Je serre la main de Zoé, mais je pense que je l’embrasserai bientôt. Je me sens l’âme d’une grande sœur. Je suis très heureuse de cette rencontre. Je sens très bien Zoé, et son attitude me plaît. Son corps et son sourire me plaisent aussi. Beaucoup.


Fin de la journée, je me rends dans la première coloc. Grande variété d’âge chez les occupants, la chambre est grande, mais tout cela ne respire pas une grande convivialité. Pas dingue.

La seconde visite est concluante. Je suis reçue par un homme de 28 ans, genre Hidalgo, interne au CHU en radiologie, qui m’explique que les quatre autres sont aussi presque médecins ou dans des professions paramédicales. Deux chambres sont libres pour l’été. J’ai entre-temps rencontré deux autres occupant (es). Ils me disent rapidement que je serai la bienvenue à partir de fin juin. Les conditions me conviennent. Un problème si je viens avec une amie architecte ? Non, pas du tout, bien que la chambre soient exiguë. Si la seconde chambre est libre, Sandra pourra l’occuper pour un supplément de 100 € par mois. À propos, suis-je disponible pour dîner avec eux ce soir ? Je le suis.

Le dîner n’est pas gastronomique, mais la question n’est pas là. Je suis un peu un oiseau rare pour ces médecins en devenir, eux qui ne connaissent que la médecine ou à peu près. L’ambiance est très sympa, et surtout très normale.


Je prends congé et retourne à l’hôtel vers 22 heures. Quelques mails, et puis dodo.

Le lendemain, une journée très semblable à la précédente. Nous voyons d’autres candidats, rien de transcendant, je passe en coup de vent chez Loana pour un point de détail. Elle est ouverte et conviviale. Pas impossible finalement que ses seins soient faux, incroyable comme ils tiennent bien. J’ai rendez-vous avec une entreprise de câblage informatique, recommandée par Paris, qui vient prendre les mesures. Le problème est simple, ils viendront pendant deux jours, trois maximum, à partir du 15 juillet. Je vais alors à l’aéroport, tout proche. J’irais bien à pied, mais il fait une chaleur du diable. Cinquième taxi de la journée, vivement la semaine prochaine que je reçoive ma voiture. Pas encore la déca-cheveux-dans-le-vent qui arrivera en octobre, mais ce sera plus pratique tout de même.


Vol Toulouse-Hambourg qui doit être plein de nos clients. La température a perdu 25°c entre les deux villes, dommage qu’il n’y ait rien de tempéré pour la transition.

Le taxi m’amène à l’hôtel sur les bords de l’Elbe. Chambre au quinzième étage avec vue sur le port, et je rêve un instant en regardant ces navires au loin, sur lesquels des araignées chargent des Lego.

Douche, petit rasage intime pour éviter les irritations au bord de la bouche, nouveaux sous-vêtements, et je me prépare à mon rendez-vous avec le Maître. Avec le Maître ? Cela dépend de la tournure que prendra la soirée, mais je ne serais contre un petit coup de queue, comme dirait Magali.

André est assis dans un fauteuil au bar avec un whisky. Il a sa mallette avec lui, ce qui montre qu’il arrive sans doute directement de son rendez-vous.



Nous avons une bonne conversation, très détendue, et le boulot n’est pas à l’ordre du jour. On verra cela demain. André dit qu’il connaît de bons restaurants en ville qu’il veut me faire découvrir.



Le repas fut un régal. Je ne me souvenais pas avoir jamais mangé quelque chose d’aussi raffiné en Allemagne. Nous avons bu une bouteille de Grüner Veltiner, un vin autrichien très odorant.



L’ambiance est complice et tendre, demain sera une grosse journée, nous montons vers 22 heures. Coralie prend la main d’André dans l’ascenseur, et ils se remémorent en rigolant l’épisode de l’hôtel en Andalousie.



Heureusement pour les genoux d’André, il n’y avait personne.



La porte s’ouvre, et une fille se lève du fauteuil. Je comprends pourquoi André avait son ordinateur avec lui. C’est la petite sœur de Claudia Schiffer. Grande, blonde à très longs cheveux, elle est habillée avec une classe folle, son tailleur a été conçu pour elle. André s’installe dans le fauteuil et prend une revue. Je m’assieds sur le bord du lit avec la fille, qui s’appelle Petra. Nous parlons tranquillement, comme deux filles qui se seraient rencontrées chez des amis communs. Son anglais est très bon, mais nous changeons vers l’allemand, plus facile pour elle. Tout cela dure dix minutes, et Petra commence par toucher le revers de mon tailleur, comme pour en éprouver la qualité. Elle enlève sa veste, et je devine sa petite poitrine derrière un top léger. Tout cela est doux, calme, élégant, à mille lieues de la brusquerie que j’ai pu connaître avec d’autres filles.

Elle m’embrasse doucement, m’engage à me lever, position plus facile pour se déshabiller, et nous nous retrouvons rapidement en culotte. L’occasion pour moi de me dire qu’il faut absolument que je trouve du temps pour acheter quelque chose de plus glamour que les trucs de petite fille. Petra est à croquer avec sa culotte en dentelle à mi fesse. Il faut dire que son cul est un bonheur. J’aperçois une seconde André qui ne perd rien du spectacle en se cachant à moitié derrière le Financial Times.

Nous sommes nues sur le lit, et les caresses, baisers, mordillements de Petra m’emmènent très haut dans le ciel. Tout cela est délicieux, et je fais de mon mieux pour contenter ma nouvelle copine.


Vient ensuite un 69 d’anthologie, Petra en dessous, et moi avec le cul vers le bord du lit. La lecture du FT se termine, j’entends le journal tomber par terre, et André me prend par derrière. C’est divin, doux et lent. Petra est bien placée pour stimuler les couilles d’André et lui masse le périnée. Je jouis fort, et André en moi. Petra n’a pas joui, nous la plaçons entre nous, et faisons en sorte de la soulager. Elle y arrive assez facilement. Je ne sais si son orgasme est réel, mais s’il ne l’est pas, elle est douée pour la comédie.


Nous sommes couchés sur le lit, et André est au milieu de nous comme un coq parmi ses poules. Nous reprenons une conversation détendue en anglais, comme deux amies dans un salon de thé. Petra est drôle, cultivée et intelligente.

Vient l’heure où Petra nous quitte, passe à la salle de bains et vient se rhabiller, avec grâce et naturel, devant nous. Je ne perds rien du spectacle. Elle nous salue sans nous embrasser, ayant soudain repris un peu de distance.



Je suis pensive, assise sur le lit. André me caresse tendrement le dos. Je vois qu’il s’endort, et je rejoins ma chambre.

Je prends quelques minutes au bord de la fenêtre, et j’observe à nouveau les araignées qui chargent les Lego, maintenant dans une débauche de lumières. La vie ne s’arrête jamais. Mon esprit divague d’une chose à l’autre, et je fais un point sur ma situation : J’ai un boulot que j’adore, je vais vivre dans une ville qui me plaît, ma libido est débloquée, mais il me manque un homme avec lequel vivre, et j’ai peu d’amis. Le bilan est globalement positif, mais j’aimerais avoir le temps de m’attaquer aux points plus faibles.


Le lendemain, petit déjeuner à 8 heures. L’hôtel nous offre une débauche de cochonnailles, de toutes formes, couleurs et consistances. Une chance qu’on n’emmène pas un porc ici, il nous ferait une grève de la faim. Heureusement aussi un grand choix de pains, comme seuls les allemands en proposent, c’est un des seuls points agréables de leur alimentation, que je trouve généralement rustre et peu raffinée.

Taxi vers le siège allemand du client. C’est aussi la plus grande usine du groupe, après Toulouse. On y fabrique des avions de plus petite taille, prisés par les compagnies lowcost, nouvel eldorado de l’industrie. Le client a annoncé récemment de nouvelles motorisations, ainsi que quelques améliorations techniques qui permettront de diminuer la consommation de carburant de 15%, saut technologique fondamental dans notre monde qui voit s’épuiser les réserves de pétrole. Le client a maintenant un carnet de commandes fermes qui correspond à 8 années de production, et il est fondamental de pouvoir augmenter sensiblement le rythme de production, si le client ne veut pas perdre des parts de marchés sur ce segment crucial.


Nous avons une réunion avec le comité de direction de Hambourg, huit hommes et deux femmes, tous allemands. La séance est présidée par le CEO.

André leur présente un plan d’action en dix étapes, qui ferait passer la croissance de production, prévue à 5% aujourd’hui à potentiellement 15% dans trois ans. Le plan implique une augmentation des cadences parallèles chez les fournisseurs, et cinq d’entre eux sont identifiés comme cruciaux, dont une société de Brême, que nous allons visiter l’après-midi. Le management est un peu sceptique sur ce plan, mais il est imposé par le siège du client à Paris, et leur marge de manœuvre est nulle. Il reste souvent chez les allemands, même les plus compétents et éduqués, un fond de mentalité « Übermensch », qui fait que tout ce qui ne vient pas d’Allemagne part avec un a priori défavorable. Surtout quand il s’agit de français, qui ont tout de même réussi à leur mettre sur la gueule trois fois de suite entre 1870 et 1945. Cela laisse des traces.

André continue à expliquer son projet, avec un assez grand niveau de détail, dont je ne saisis pas tous les éléments. Je comprends néanmoins que cela va correspondre à un boulot très important pour nous, et des engagements sont pris sur le timing et les moyens à mettre en place de leur côté.

Je leur suis présentée en fin de réunion comme la directrice du nouveau bureau de Toulouse. André expose brièvement mon rôle, et j’explique me tenir à leur disposition pour toute aide que je pourrais leur fournir.

En fin de réunion, André a un aparté, et tout le monde se désaltère, et Frau Meier, une accorte dame de 50 ans responsable des RH à Hambourg m’aborde.



Nous prenons accord, en discutant entre autres de l’âge de ses enfants, pour que nous puissions prévoir des activités adaptées. Cette dame a certainement des moyens importants, pourrait se débrouiller seule, mais a tout de même besoin de nous pour organiser ses vacances. Je suis là pour plaire aux clients, donc je fais de mon mieux.

Nous sautons dans un taxi qui nous mène à Brême pour la présentation de l’après-midi. André est silencieux, il relit son document et passe quelques coups de fil, et je passe en revue mon emploi du temps. J’ai un backlog de 200 mails non traités et une montagne de boulot en retard. Je vais avoir du mal à y arriver. J’en parlerai ce soir à André, dans le taxi du retour.

Nous allons voir une société au nom étonnamment français, tristement célèbre pour avoir fabriqué des avions de chasse pendant la seconde guerre mondiale. Ces avions qui ajoutaient par leurs sirènes de l’effroi à l’horreur qu’ils répandaient par leurs projectiles.


Nous sommes accueillis, froidement mais poliment, par le CEO, Herr Doctor Fritz, dont le nom de famille est le même que celui de l’entreprise. C’est un homme d’une soixantaine d’années, sans doute luthérien comme beaucoup de monde dans la région. Il a un profil d’aigle, un corps sculpté par le sport et l’austérité qu’il doit s’imposer. Pas vraiment le genre de personnage avec qui on voudrait passer des vacances, mais on n’est pas là pour en planifier.


Cette société est un fournisseur majeur du programme de Hambourg, et livre aussi d’autres éléments à Toulouse. Le client les pousse à produire plus, mais ils ont des problèmes importants pour y arriver. Ils n’ont aucune place disponible pour s’étendre car ils sont maintenant au milieu de quartiers résidentiels. Ils ont en outre un grave problème lié au manque de main-d’œuvre, qui les bloquerait de toute façon s’ils construisaient une usine dans la région.


Nous sommes mandatés par le client, et venons leur proposer un plan. Ce plan prévoit le déménagement à Toulouse de la production qui est destinée à l’usine locale, ce qui libère de la place à Brême pour augmenter la production des pièces destinées à Hambourg. Pas d’usine à Toulouse ? Alors on en construit une. Tout cela semble simple comme tout, et pourquoi payer un consultant pour cette idée digne d’un enfant de douze ans ? Parce que de l’idée à la réalisation, il y a quelques étapes cruciales, dont par exemple le fait que le déménagement de l’outillage de Brême à Toulouse va signifier deux mois d’arrêt pour ces machines dont la production est en flux tendu. On va donc produire plus pendant un an, pour constituer un stock suffisant pour ne pas interrompre la production d’avions. Et que cela a une influence sur le tempo de production des fournisseurs.


Tout cela doit se passer dans les douze mois. Et est stratégique pour tout le monde. André présente son plan d’attaque et son offre que je découvre. Nous aurons quinze personnes chez eux à Brême dès septembre, et vingt de plus en janvier. Pour un montant à tomber à la renverse. Mais il faut ce qu’il faut ma bonne dame.

Le CEO pose une question :



Dans un moment de pure grâce, sans doute inspirée par les événements récents, je leur sors ma salade, et commence à mentir comme une charretière. J’ai déjà fait ce genre de choses dans un job précédent, et je suis entouré de gens aussi disponibles que compétents, qui feront de ce projet un succès mondial. Tout cela dans un allemand qu’ils comprennent. Le CEO reprend la parole



Il s’adresse à un des participants de la réunion.



Si le patron est peut-être un descendant du fondateur de l’entreprise, Dieter est sans doute le descendant du charcutier du coin. 40 ans, il a des yeux porcins, avec des cils très blonds, et il aurait fait honneur à notre buffet de petit déjeuner.


La réunion se termine, nous avons le contrat, et André a un aparté avec le CEO. Pendant ce temps Dieter s’approche de moi.



Il est clair que Dieter se réjouit de cette tâche qui va l’amener loin de ses brumes habituelles. J’espère que sa maman va lui acheter de la crème solaire, et surtout qu’il ne compte pas sur moi pour l’étendre. Ce type est lubrique.


Nous repartons vers Hambourg dans le taxi qui nous a attendu. Le chauffeur ne parle rien d’autre que l’allemand, je peux donc parler avec André.



Martin est un employé de notre boîte qui dirige l’équipe de Toulouse. Je ne l’ai jamais rencontré, mais nous avons souvent communiqué.



André éclate de rire.



Le voyage continue vers Hambourg sur une autoroute pleine de camions. Nous consultons nos mails.



André me prend la main pour le restant du voyage, et s’assoupit un peu. J’ai de l’admiration pour lui et me demande comment il tient le coup avec ses voyages permanents.


Nous arrivons à l’aéroport, nous avons encore un quart d’heure avant d’embarquer dans des avions différents.



Je n’en saurai pas plus, mais suis rassurée par le fait que tout est clair pour Toulouse.



Dans le lounge business à Hambourg, certes clairsemé mais pas complètement vide, André s’autorise à embrasser Coralie. Brièvement sur la bouche, puis sur les joues. Elle a mis les bras autour de ses épaules pour une étreinte appuyée.



Il s’envole vers Madrid, moi vers Paris, où j’arrive assez tard à la coloc. Sandra y est seule, et je voudrais lui dire que tout est en ordre pour elle à Toulouse, et que je lui ai sans doute trouvé un stage. Son doigt sur la bouche, auquel je réponds par un hochement de tête, m’empêche de lui parler ce soir. Il pleut dehors et je suis crevée. Je lui propose une promenade demain soir.


Deux jours au bureau, occupée en permanence, et d’abord un coup de téléphone à Martin, qui me dit qu’il peut sans problème me réserver une pièce chez le client, une petite salle de réunion dans laquelle on peut travailler à quatre, avec les connexions sécurisées. Il faut que je lui communique dès que possible les identités des gens qui y seront régulièrement pour préparer les badges. Il ne faudra plus que l’enregistrement des empreintes pour accéder au bâtiment. OK pour lundi 9 h 30



Quand je vous disais qu’elle a la bonne attitude.

Appel à Loana.



Le soir, promenade avec Sandra, ou je lui parle de la coloc que j’ai trouvée pour l’été puis de l’appartement du palais, puis aussi du stage possible chez l’architecte. Il faudrait qu’elle envoie à l’avance son CV ainsi que quelques travaux pour qu’il puisse se rendre compte avant. Elle s’engage à le faire. J’hésite un instant à signaler qu’André est au courant de tout. Je décide ne pas le faire car je ne sais pas grand-chose des événements qui ont amené sa crise de parano, et donc si André y est mêlé ou non.


Sandra est très heureuse, me couvre de remerciements, et me dit que sa vie changera du tout au tout dès qu’elle aura changé de logement c’est à dire dans 10 jours. Je lui indique que je l’emmènerai à Toulouse avec ses affaires le 1er juillet. En réfléchissant un peu, je me dis que je pourrai embarquer toutes ses affaires dans ce voyage, j’ai toujours mes aller et retour réguliers en avion pour les miennes.


Sandra semble consciente de son état et tout à fait capable de se soigner. Mais je réalise que je me suis peut-être mis un boulet au pied. Je me souviens de la suggestion d’André d’avoir une conversation avec Monique. Je décide d’attendre pour la provoquer.


Tout le samedi et la moitié du dimanche à essayer de résorber ma montagne de boulot. Je vais au bureau pour faciliter les accès aux serveurs, et pouvoir me concentrer. Dimanche midi, je suis très loin du compte, mais j’ai tout de même pas mal avancé. Une après-midi pour mettre de l’air frais dans mes petits poumons. Capucine est en déplacement, mais elle m’a dit que tout roulait. Les filles de la coloc sont plus que jamais concentrées sur leurs études. Bonne occasion de penser à mes vacances. Ai-je envie de passer deux semaines en Bretagne ? Seule, certainement pas, et une semaine avec mes parents et frère me suffisent. Quoi alors ? Il va faire crevant de chaud à Toulouse. Emmener Sandra en Bretagne ? Oui, quelques jours peut-être. Les filles de la coloc ? Je ne suis pas certaine que mon psycho-rigide de père survivra aux tenues de Magali. L’idéal serait qu’un de ces beaux médecins de Toulouse tombe sous mes charmes et m’emmène dans un endroit ensoleillé, chaud mais pas trop, et soit au service de mon corps de rêve. J’ai encore un mois pour en séduire un. Mais le constat est amer. J’ai rencontré beaucoup de gens ces derniers mois, mais je n’ai toujours pas d’amis.