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n° 16500Fiche technique15542 caractères15542
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Temps de lecture estimé : 11 mn
06/11/14
corrigé 10/06/21
Résumé:  Une enquête du Commissaire Valérie Bruchet.
Critères:  #humour #policier dispute
Auteur : Radagast      Envoi mini-message
Enquête à haut risque

La commissaire Valérie Bruchet dormait du sommeil du juste.

Dans son rêve, son compagnon et subordonné Sébastien Glandin lui caressait les seins, puis voulait à tout prix les mettre à l’heure.

Pour ce faire il lui manipulait les tétons afin que sa grande aiguille indiquât douze heures pile.

Sa poitrine tintait à toute volée.

Elle se réveilla, l’esprit vaseux.

Si Sébastien tenait bien un sein dans sa main, c’était très tendrement. Il ne s’était pas encore réveillé.

Par contre, une sonnerie bien réelle lui vrillait les tympans. Son téléphone carillonnait, vibrait et trépignait furieusement.


Elle grommela quelques phrases incompréhensibles et répondit à l’odieux appareil.



Depuis qu’elle et son équipe avaient aidé une célèbre chanteuse, son commissariat, celui du XXIème du Grand Paris était devenu le commissariat des stars (voir récit n°15957), non sans une pointe de jalousie de la part de certains de ses collègues.



Valérie réveilla son compagnon par une caresse sur le bas du ventre et un baiser sur les lèvres.



En ronchonnant, Sébastien s’habilla, demanda des compléments d’information qu’elle fut bien en peine de lui fournir.



Le lieutenant Paul Duniez les attendait devant un bel hôtel particulier.



Les trois flics furent rejoints par Aglaé Mougnard, policière stagiaire.



Récit de la gardienne de la résidence :


Vers une heure du matin, tout l’immeuble a été réveillé par des cris qui venaient du cinquième. Chez M. et Mme de Crapougnac.

D’habitude la résidence est tranquille, et les Crapougnac aussi.

Je me suis rendue dans le hall, puis je suis montée dans les étages.

J’ai entendu des bruits d’objets qui se cassent, de pleurs, et aussi de coups. Les autres résidents se plaignaient. J’ai appelé la police.



Ils montèrent dans les étages, sentant sur eux les regards des autres résidents, planqués derrière leur judas ou regardant les écrans de surveillance ; des caméras planquées sur les paliers ne laissaient aucun angle mort. Que vous soyez pauvre ouvrier ou plein aux as, les comportements humains restent les mêmes.


Arrivés devant la porte du cinquième, les quatre flics s’arrêtèrent et écoutèrent.

Des cris émanaient encore de l’appartement.



Un grand bruit leur parvint, un bruit de chute.



Un cri épouvantable. Un cri d’agonie. Un cri révélant une douleur intense, le désespoir ultime.



Ils tentèrent en vain d’ouvrir la porte. La gardienne leur avait toutefois laissé les clefs de secours.

Valérie ouvrit, Sébastien et Paul entrèrent, l’arme au poing, au cas où.


Le vestibule portait les traces d’une lutte farouche : bibelots cassés, meubles bousculés.

Les quatre flics s’attendaient à trouver un carnage, des flaques de sang, l’apocalypse.


De faibles gémissements leurs parvenaient d’une pièce. Sébastien poussa la porte. Toujours ces mêmes scènes de chaos, de lampes renversées et rideaux arrachés.

Ils se trouvaient dans le salon.

Une femme se tenait recroquevillée dans un profond fauteuil de cuir. La cinquantaine, brune, une petite boulotte. Elle tremblait et gémissait. Elle n’était vêtue que d’une sage chemise de nuit. Elle avait le regard fixe et halluciné, les cheveux en bataille.


Les deux policières s’approchèrent d’elle afin de lui porter secours.


C’est à ce moment qu’ils virent l’homme.

Nu, assis sur la table basse, il semblait tétanisé.

Les yeux exorbités, la bouche ouverte en un cri inaudible, une main crispée sur la table, l’autre sur le bas-ventre.


Mais à leur grande surprise, aucune trace de boucherie, pas de sang.

La femme répétait sans cesse la même phrase.



Elle ponctuait sa litanie de signes de croix.



Valérie caressait le bras de la femme, en un geste d’apaisement.



Paul semblait se remémorer un événement.



Aglaé visitait l’appartement. Dans la cuisine, elle trouva une boîte en carton. Elle revint dans le salon, la boîte à la main.



Cunégonde de Crapougnac poussa un cri inarticulé, se réfugia au fond du fauteuil, se repliant sur elle-même.



Aglaé tendait la boîte en parlant, provoquant d’autres gémissements de la part de dame Cunégonde. Effectivement, un dessin explicite indiquait l’usage que l’on pouvait faire du contenu. En gros et gras, il était écrit « Un modèle aux dimensions et revêtement extras, pour une sensation de plénitude ».



Sébastien lui avait apporté un verre de cognac. Elle se l’enfila comme une limonade. Alors qu’ils ne s’y attendaient plus, elle se mit à expliquer sa soirée d’épouvante.



L’artiste dit que c’est un sapin de Noël, les autres certifient que c’est un peulougue.

Mon mari voulut en avoir le cœur net. Il est allé se rendre compte sur place.

Il s’est mis en colère, mais il a voulu comparer. C’est un scientifique dans l’âme.

Il acheta alors un de ces engins dans un sex-shop.

Il le ramena à la maison. Il s’énervait.

Me fit comparer l’objet avec les photos qu’il avait prises sur la place.

Je ne voulais rien savoir, rien regarder.

Mais il s’énerva de plus belle. Et quand les nerfs le lâchent, il boit un peu.

De plus, la visite du sex-shop lui avait fait perdre la tête.

Il en avait profité pour explorer le magasin. C’était une première pour lui.

Il s’est servi trois verres de cognac, coup sur coup.

L’alcool aidant, il se mit à me raconter des choses invraisemblables.



Madame de Crapougnac semblait elle aussi sous l’effet du cognac. Elle ponctuait son récit de signes de croix nerveux.



Plus elle répétait les mots « cul » et « anus », plus elle se signait.



Valérie prenait les choses en mains.



À trois, ils se mirent en devoir de retourner le malheureux.

Un faible gémissement sortait de sa gorge.



L’objet incriminé était entièrement enfoncé dans le postérieur. Seule la base apparaissait encore un peu. Les fesses, rougies par la tension, tremblaient. Comble de l’ironie, la chose était d’un beau vert printanier.


Le Samu arriva à ce moment crucial. Le médecin était une sympathique quadragénaire blonde, à l’allure sportive et à la poigne énergique.



Aglaé, qui s’intéressait toujours à la notice du bidule, se manifesta de nouveau.



Les sourires égrillards des deux autres flics et du médecin en disaient long sur leur état d’esprit.

Le sort de Childéric de Crapougnac était scellé.

Sitôt la machine mise en route, un bruit ressemblant à celui d’un épilateur se fit entendre, accompagné d’une douce mélodie.


Vive le vent, vive le vent,

Bzz, bzz, bzz,

Vive le vent d’hiver.

Bzz, bzz, bzz.



Les fesses de Childéric tremblaient comme de la gelée de coing.

En même temps, il poussait de faibles hululements. « Hoouuu » gémissait-il, comme un louveteau ayant perdu sa mère.

Ou une chouette mâle cherchant sa femelle.


Cunégonde regardait la scène, indifférente, perdue dans ses pensées.


Les flics et le médecin se marraient. Valérie tentait de récupérer la télécommande en rigolant, incapable de garder son sérieux.



Quelques minutes plus tard, la famille de Crapougnac partait discrètement en ambulance. Valérie ferma l’appartement, rendit les clefs à madame Sanchez.

Les quatre flics se tenaient sur le trottoir.



Dans le petit appartement, autour d’un verre de Châteauneuf du Pape, la discussion allait bon train sur la nature de leur intervention. Mais pas question de propos graveleux. Tout tournait autour d’une histoire de sémantique.



Sébastien se marrait.



Aglaé obtint des applaudissements avec sa proposition : un Enculoir.

Le dernier mot revint à Valérie.



Commentaire ponctué d’un gros baiser pour son compagnon.

Aglaé, toute rouge, regardait son collègue Paul avec insistance.


La nuit promettait d’être longue et dure pour nos valeureux représentants des forces de l’ordre.