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Temps de lecture estimé : 15 mn
07/04/15
Résumé:  Un jeune marié se fait du souci pour son épouse qui reste plus longtemps qu'il ne faut dans des toilettes où il sait que le mur est percé d'un trou.
Critères:  fh cocus grossexe fépilée toilettes cérébral exhib noculotte
Auteur : Alain Allain  (Valet de coeur)            Envoi mini-message

Série : L'Arlésienne

Chapitre 01
Fantasme ou illusion ?

L’Arlésienne



Arles, vous connaissez ? Et l’année 1981, vous vous en souvenez ? Non ? Peu importe, quelqu’un s’en souvient. Quelqu’un qui, à l’époque, n’était marié que depuis quelques mois et dont le parcours marital restait encore ouvert sur des promesses de découvertes.


Des découvertes, il en fit effectivement beaucoup, des années durant. Il ne s’est pas ennuyé durant son mariage, pas plus que l’on s’ennuie en doublant le Cap Horn à bord d’un dériveur. Aujourd’hui, il est fier, il parle d’Odyssée. Certes, une fois exorcisée, on oublie facilement les morsures de la jalousie. Mais qu’est-ce que la jalousie ? Un manque de confiance en soi ? En l’autre ? Un abus d’imagination ? Une paranoïa ? Après tout, prendre ses rêves pour des réalités ou ses réalités pour des rêves, n’est qu’une question de nuance.


Vincent, d’origine strasbourgeoise – plus bourgeoise que strass – plaisantaient certains, musicologue par ambition, prof de musique par besoin, avait marié Maryse-la-Magnifique, la plus belle fille d’Arles, une jolie petite brune, aide-soignante au centre hospitalier de la ville. Métissage culturel ? Possible. Mais pour Vincent, l’apparition d’une Arlésienne dans sa vie, alors qu’il concoctait sa thèse sur Bizet, ne pouvait être qu’un signe du destin.


Bref, nous sommes à Arles, un jour de marché, en juillet 81, sous ce soleil cruel qui avait rendu fou Van Gogh.

Choisir les fruits, les légumes, les fromages, la charcutaille, etc. incombait à Maryse. Vincent, lui, portait les cabas ; c’était encore normal à cette époque. Il ne les posait que pour mettre la main à la poche. Il trouvait que la vie devenait chère, mais ne s’en plaignait pas. Faire le « raspiasse », comme on disait localement, ne correspondait pas à son image. Je dis à son image, et pas à sa nature, car nature et image entrent rarement en syntonie ; mais de cela, il ne savait encore rien.


Des touristes, des touristes et encore des touristes, mais guère de ces belles étrangères qui vont aux corridas comme l’avait annoncé Jean Ferrat. Dans le cocktail des langues teutonnes, latines, asiatiques ou anglo-saxonnes, on entendait éclater des « Oh peuchère ! », des « Vé, ma belle ! », des « Putaing ! » ou des « Cong ! » comme des bulles de thym, de sarriette, de romarin… Le bouquet garni était pour les oreilles. Au sud de Montélimar, « Cong », « Putaing » et « Vé » sont des morphèmes de ponctuation.


Exemple :



Native de Tarascon, Maryse s’était aguerrie des rigueurs de l’humour maraîcher de la région :



Ça s’adressait aux touristes qui n’y comprenaient rien, et ça faisait rigoler. À ces bêtises, Maryse souscrivait volontiers par des petits rires espiègles. De son côté, l’Alsacien de mari s’obligeait à des sourires tout à fait contraires à ses appréciations : c’était tellement vulgaire… Mais le pire, pour lui, étaient les allusions adressées plus directement à sa femme :



Ou encore :



Et le comble :



Maryse, il faut le préciser, ne passait pas inaperçue. Si les regards posés sur elle eussent été des papillons, elle en aurait été couverte en permanence. Ceux, discrets, qui voltigent et puis s’en vont, d’autres qui se posent et restent accrochés quelques secondes aux endroits-clefs, et ceux encore qui s’incrustent, qui s’immiscent dans le décolleté, qui cherchent à passer sous la jupe ou se fixer dans les plis du short, de ces gros phalènes fiévreux, avides, obsédés, vicieux. Pensez-vous que cela l’embarrassait ? Pas le moins du monde ; la troublait ? Encore moins. En avait-elle seulement conscience ? Sa gentillesse était désarmante ; toujours de bonne humeur, elle se montrait engageante et distribuait ses sourires à la cantonade. N’était-ce pas de ses sourires et de ses grands yeux noirs que Vincent s’était épris ? « Deux yeux noirs te regardent, toréador, l’amour t’attend ! » : encore un argument qui attestait du destin établi dans l’œuvre de Bizet.


Vincent préférait faire le marché tôt le matin, pour la fraîcheur de l’air et celle des produits, mais aussi pour l’absence de la multitude ; la promiscuité avec la foule lente, collante, le contraignait. Mais arriver tôt, une fois marié, ne fut plus possible. Sa jolie brune était en proie à des indécisions de caractère clinique lorsqu’il s’agissait de choisir ce qu’elle devait revêtir pour sortir. Cela durait des heures. « Des heures » n’est pas l’expression figée ordinairement employée pour dire « longtemps ». Cela prenait véritablement plusieurs tours de cadran : entre trois et cinq, jamais moins, parfois plus. Tout ça pour enfiler cent grammes de tissu réparti en quatre parures : deux en haut, deux en bas ; soit deux à vue, deux occultes. Sur une base moyenne de quatre heures, le calcul était simple : une heure pour le soutif, une heure pour le tee-shirt, et encore une heure respectivement pour la culotte et le short. Dire cent grammes de tissu, c’est encore soustraire au calcul la petite culotte qui, à l’instar de certaines particules, n’avait ni masse ni poids.


Cette révocation de la loi de Newton pour l’ornement le plus intime s’était opérée graduellement. Les premières semaines qui suivirent le mariage, la culotte était encore de gros coton et formait un grand carré blanc compris entre le nombril et le haut des cuisses ; puis, de boutiques en catalogues de VPC, les écrins à trésors diminuèrent au point de presque disparaître. Le contenant était en passe de devenir contenu. Trois tiroirs répondaient aux exigences de la collection.


La végétation intime, déjà pas luxuriante de nature, diminua dans les mêmes proportions que la taille des culottes. D’abord elle emprunta le rasoir de Vincent, puis elle acheta un rasoir adéquat ; enfin, elle décida de laisser le boulot à une professionnelle de l’épilation pour une maintenance d’abord partielle, de type mohican, puis totale, de type galet de la Crau. Pour Vincent, ce fut la révélation : le mont de Vénus, lisse comme un abricot, c’était bouleversant ! Seul un ronchon, un iconoclaste, un pisse-vinaigre ou un cénobite acariâtre pouvait avoir eu l’idée de planter des poils là. Sa foi en Dieu en avait pris un coup. Le mélomane n’écoutait plus qu’Une nuit sur le Mont Chauve, dirigée par Colin Davis, ou ne pensait plus qu’à la colline des vices en écoutant Moussorgski. Ces attentions l’ensorcelaient car, bien sûr, Maryse faisait cela pour lui et exclusivement pour lui. Le privilège était plus que gratifiant.

Ce jour-là, le choix d’une mini-robe jaune avait fait gagner une heure : trois items au lieu de quatre.



Maryse s’éternisait à la poissonnerie. Vincent, qui depuis un bon moment tordait les jambes, fut soulagé d’apercevoir la petite construction où était inscrit « WC ». Il posa ses sacs déjà biens lourds.



Maryse choisissait des anguilles.



Côté pissotières, il y avait du monde. Côté cabines, rien ne distinguait le masculin du féminin. Une des deux portes était ouverte. Vincent y entra. L’odeur herculéenne de désinfectant industriel n’avait pas encore été vaincue par les autres. Il referma le loquet et se tourna vers l’installation archétypique appelée WC turc. Son robinet mol entre les doigts, il laissa s’alléger la vessie sous pression. Il en aurait pour un moment.


Il tourna un regard distrait autour des murs décorés d’un art pariétal de type néo-néanderthalien qui représentait crûment le procédé basique de la reproduction chez les homos sapiens. Les femelles étaient représentées entières, avec deux ronds pour la poitrine et un grand triangle fendu pour la cible à sagaie, alors que la représentation du mâle se limitait aux seuls accessoires reproducteurs : une saucisse et deux œufs.


Au milieu d’une pléiade d’annonces de rendez-vous, tant à la voile qu’à la vapeur, des prosateurs opiniâtres décrivaient dans le détail certaines activités pratiquées en ces lieux par les épouses qui les accompagnaient. Bien que lus en diagonale, les épisodes narrés semblaient tous indiquer un commun objet : un trou. Un trou est-il un objet ? Bref, il était question de « sucer par le trou ». Alors qu’il finissait d’arroser l’émail, Vincent distingua effectivement dans le mur opposé un trou. Il attendit les derniers jets pour secouer la gougoutte et se pencha pour regarder.


« Oh, la vache ! »


Un type dans la cabine voisine s’astiquait le manche. Et quel manche ! Les mains n’étaient pas celles d’un jouvenceau, et le bout du manche pas catholique du tout. D’abord parce qu’aucune injonction néo-testamentaire n’envoie personne se masturber dans des toilettes publiques, et enfin parce que le gland ne sortait pas d’un col roulé. Faute d’être circonspect, le type était circoncis. Il devait attendre des voyeurs, des voyeuses, ou – comme mentionné dans les petits épisodes pariétaux – attendait de distribuer des sucettes anonymes par le trou. N’étant pas client, l’Alsacien reboutonna sa braguette et défit le loquet de la porte. Encore un peu scandalisé, il replongea dans la foule. « Faire cela au milieu de tout le monde… Tout de même ! »

Maryse, penchée sur les sacs restés à ses pieds, cherchait de la place pour ses poissons. Sa mini-robe remontait très haut. « C’est pas possible, elle le fait exprès ! »



Elle sourit.



Vincent souleva les sacs et lui emboîta le pas. « Pourquoi n’a-t-elle pas répondu ? » Il regardait ses fesses balancer devant lui. Elle était trop bien roulée pour s’habiller si court. Fallait voir comme on la regardait. À propos, il ne voyait pas la marque de la culotte sous le tissu jaune. Pourtant la robe était moulante.



Elle s’arrêta, se retourna, et lui colla un gros bisou sur la bouche.



Une onde bizarre roula dans l’estomac du mari et plongea vers son bas-ventre. « Qu’est-ce que ça veut dire ? Qu’elle l’a déjà fait ? » Cela le perturba.


Arriver si tard sur le marché ne bénéficiait pas à la proximité du stationnement. Vincent profita de la promenade pour dire qu’il avait vu un trou dans les toilettes, mais se garda de dire ce qu’il y avait vu.



Vincent haussa les épaules.



Elle riait aux éclats et Vincent finit par sourire.



Pendant qu’il rangeait les affaires dans la voiture, elle serra les cuisses.



Elle disparut parmi les chalands. Vincent jeta tout dans le coffre et claqua le hayon pour courir derrière elle, mais un représentant de l’ordre lui barra la route.



« Coincé dans la bagnole ! Bon Dieu de bon Dieu ! Et Maryse qui doit déjà arriver dans ces WC du diable… Quelle mouche l’a donc piquée ? Vu la vitesse à laquelle il se caressait, l’exhibitionniste n’était pas pressé d’en finir. C’est sûr, il est encore là-bas. Enfoiré ! J’aurais dû donner des détails ; pauvre Maryse, être confrontée à un tel étalement de vulgarité… Comment pourra-t-elle manquer de voir ces graffitis obscènes, manquer de faire la curieuse sur ces paragraphes de littérature déliquescente ? Que cherchent donc les auteurs de ces perversions ? Solliciter la curiosité ? Émoustiller les sens ? Détourner les vertus ? Corrompre les candeurs ? Salauds ! Ces débauches sont d’autant mieux exposées que le visiteur est une visiteuse, et qu’elle doit s’accroupir. La vision sur l’exposition d’horreurs devient panoptique. Certainement, de l’autre côté de la cloison, un œil l’observera relever sa jupe, baisser sa petite culotte. Au fait, c’est quoi ce mystère de ne pas porter de culotte ? « Je le dirai plus tard… » Pourquoi plus tard ? Lui arrive-t-il vraiment de sortir sans culotte ? En ce moment même, en tout cas, elle devait l’avoir sur les chevilles, sa culotte, et elle devait même se faire mater. Y a-t-il plaisir à regarder une femme faire pipi ? Ah, l’enfoiré ! Et elle, en ce moment, a-t-elle déjà découvert la présence du trou ? L’autre lui exhibe-t-il son gros machin, branlé dans sa main lente, ostensiblement, sûr du pouvoir hypnotique que lui confère sa taille ? C’est que, dans ces situations, l’anonymat change tout. Ah, là là ! Et puis, avec ses sourires à tout le monde, Maryse est bien capable de lui en adresser un, c’est-à-dire l’encourager. Non. Non, elle n’était pas capable de cela. Du moins, pas volontairement. Reste à savoir si sa curiosité va s’attarder au spectacle d’un gros sexe circoncis ou si, choquée, elle va fuir l’outrage. Elle ne devrait d’ailleurs pas tarder à revenir. »


Ces ondes qui lui tournaient dans le ventre incommodaient Vincent. Il trépignait derrière son volant, les yeux fixés sur la foule qui s’effilochait autant qu’elle se tricotait de mailles bigarrées à l’orée du marché. Il attendait qu’apparaisse la petite robe jaune de sa femme, être menu et singulier, si précieuse et si belle parmi tant d’autres. Maryse : petite épouse, grand trésor. Dieu, comme il l’aimait… Par la pensée, il l’appelait : « Reviens, dépêche-toi. » Il suffit parfois de penser très fort aux gens pour qu’ils apparaissent, dit-on.


« Mais qu’est-ce qu’elle en met du temps ! Pourquoi est-elle si longue ? Elle est sûrement en train de terminer. Elle relève sa culotte. Mais l’autre enfoiré est bien capable d’apercevoir l’abricot. Ça va le rendre fou ; ça, c’est sûr. L’abricot de Maryse, c’est le nec plus ultra de la beauté intime. Ces soins qu’elle y apporte témoignent de la conscience qu’elle en a. Comme elle en est orgueilleuse, de son mont de Vénus ! L’orgueil qu’on a des choses nous amène souvent à les partager, les montrer, comme ce type de l’autre côté de la cloison avec son engin hors norme. Il est exceptionnel ; il en est fier, alors il le montre. Maryse serait-elle capable de rétribuer l’exception de l’autre en montrant son exception à elle ? Non ! De cela elle n’est pas capable. Mais le type, lui, est bien capable de réclamer son dû : « Hé, psst, fais voir maintenant… » Étant gentille avec tout le monde, elle trouvera honnête d’honorer la réciprocité de la logique du voyeurisme par l’exhibition. Dans ce cas, elle est capable de soulever sa robe, de la rouler sous les seins et, la culotte sur les chevilles, montrer son ventre. Son joli ventre avec son œil ombilical, épicentre des courbes qui plongent vers le pubis pour y dessiner un Y. Ce Y fendu, ce trident à trois plis qui, depuis Adam, fait chavirer l’entendement des hommes. Elle doit être en train de se déhancher, comme elle sait si bien le faire pour aguicher, elle doit tendre le ventre en avant pour se rapprocher de la pupille voyeuse. Deux ongles carmins glissent de chaque côté de la fente poupine et l’écartent pour dévoiler la perle de nacre. En réponse, deux doigts étrangers, basanés, s’étirent à la rencontre de la pulpe tiède, deux doigts contraints dans leur liberté, mais tendus pour former comme une langue, une langue sèche qui attend la charité d’un jus de fruit. Elle est gentille avec tout le monde, Maryse ; elle pousse son pubis vers le contact. Elle est parcimonieuse, elle avance, recule, contrôle, mais l’insatiable bijou de nacre prend le commandement. Étiré comme une corne d’escargot, il se livre à l’attouchement. Alors Maryse plaque son ventre contre le trou, contre les graffitis, contre les histoires cochonnes, et contre sa volonté. Elle ne s’appartient plus. Elle se laisse fouiller ; sa substance est happée par le trou… »


Vincent transpirait ; il se tortillait sur son siège. « Quel inconfort, ces bagnoles ! » Il était tellement mal qu’il se demanda s’il n’était pas malade. Ces remous dans le ventre n’étaient plus tenables.


« Mais, bon Dieu de bon Dieu, c’est pas possible ! Rester aussi longtemps dans un endroit pareil ! Faut bien qu’elle y fasse autre chose que pipi, bon sang ! Le type ne doit pas se contenter de passer ses doigts. Il doit étirer son maffre de métèque dans la cabine voisine et ma bonne Samaritaine doit lui rendre hommage, l’avoir déjà en main, se le promener sur le ventre, s’en frictionner la moule, se hisser sur la pointe des pieds pour le chevaucher comme un manche à balai. Sorcière ! Elle doit passer sa main derrière ses fesses pour palper le gland qui y dépasse, s’y frotter avec ardeur pour l’engluer sur toute sa longueur avec son miel de femelle. Débauchée ! Elle déballe ses nibards et les écrase contre le mur cochon pour sentir mieux la tuyère mâle glisser du clito à l’anus. Perverse ! La joue contre le mur, elle sort sa langue et la passe sur le graffiti étalé devant ses yeux, elle lèche l’icône vulgaire à l’endroit même de la fornication. Cochonne ! Tu n’en peux plus, hein ? Tu te retournes, tu te penches en avant, tu le reprends en main pour l’ajuster puis, de ta propre volonté, tu recules jusqu’à ce que tes fesses s’écrasent contre le mur. Voilà ce que tu fais en ce moment. Tu te fais envahir, posséder par un inconnu. Salope ! Ah, j’en peux plus, faut que j’aille voir ! »


Vincent sortit de l’auto, et sans même fermer les vitres s’éloigna à grandes enjambées. Un coup de sifflet le rattrapa. Le flic de l’autre côté du parking, le bras tendu vers lui, agitait son doigt comme un métronome. Vincent regagna son siège.


L’horloge de bord qu’il consultait pour la centième fois marquait une absence de vingt-cinq minutes. « Mais enfin, il doit lui être arrivé quelque chose ! Une demi-heure pour pisser ? Il n’y a pas d’autre explication : elle s’envoie en l’air, le cul collé au trou. Il a suffi que je dise qu’il y a un trou dans le mur pour que tu y coures, hein ? Tu te fais bien ramoner ? Vicieuse ! Tu aimes les gros modules, hein ? Tu as envie qu’il te remplisse le ventre de sa crème ? Non ? Tu préfères te faire arroser le nez ? L’emboucher ? Tu avales… Ah, la voilà ! Enfin… »


Elle ne se pressait pas ; elle n’était jamais pressée. De loin, elle agita le bras pour faire coucou. Elle souriait. Elle avait la démarche de quelqu’un qui se sait observée, avec cette petite gêne qui fait baisser la tête ou regarder ailleurs. « Elle se sent coupable de quelque chose… » Elle ouvrit la portière et se laissa tomber sur le siège.



Vincent avait le cœur qui battait dans sa gorge. C’était l’heure de la vérité !



Heureusement qu’il n’était pas cardiaque. Il eut autant de mal à avaler sa salive qu’à mettre la clef dans le contact.



La tension du mari s’écroula tout à trac. Son ventre se libéra et son sexe se dégonfla dans son pantalon. C’est de là que venait son malaise : il avait bandé tout le temps de ses affabulations sans même s’en rendre compte. Il en fut très étonné et honteux. « Y’a un truc qui fonctionne à l’envers, chez moi… »



Elle s’engonça dans son siège, écarta un peu les jambes et lui prit la main pour la poser sur sa cuisse gauche.



La main était passée sous la robe.



Elle éclata de rire.



Vincent balança la tête ; il la trouvait espiègle.



Il ne croyait pas si bien dire : du côté gauche de la tête, côté caché, accrochée aux boucles de la chevelure, une giclée blanche, épaisse, visqueuse se détachait en longs fils transparents qui battaient sous l’effet de la vitre ouverte.



(À suivre, peut-être…)