Une Histoire sur http://revebebe.free.fr/
n° 16831Fiche technique12795 caractères12795
Temps de lecture estimé : 8 mn
24/05/15
Résumé:  Dumas n'a pas tout raconté... En fouillant dans les archives, j'ai retrouvé quelques traces de la vraie vie de ses héros...
Critères:  -historiqu
Auteur : Pierre Siorac      Envoi mini-message

Série : Dumas n'a pas tout dit, ou la vraie vie des mousquetaires

Chapitre 01 / 07
Tous pour une

La salle de bal du palais du Louvre était dans une effervescence totalement inhabituelle. En ce mois de mai 1648, le Mazarin que l’on ne connaissait pas si prodigue, offrait un somptueux bal masqué en l’honneur de la reine et du petit roi.


Tout n’était là que prétexte, évidemment, comme toujours avec l’Italien. Il s’agissait en les réunissant en un même endroit de recevoir de manière non officielle, tout ce que le royaume comptait de ligueurs et de nobles fidèles au parti du Premier ministre et de montrer ainsi aux princes frondeurs que si Paris semblait acquis à leur cause, les provinces, elles, ne l’étaient pas. Il s’agissait, en outre, de faire fléchir les plus faibles d’entre eux et, à l’aide de cajoleries et de promesses, de les amener à changer de camp. Il fallait bien gagner la guerre contre l’Espagne, et pour ce faire, il fallait bien lever de nouveaux impôts et faire fléchir le parlement de Paris. Et la noblesse frondeuse s’y opposait… prétendument au nom de peuple.

Lissant sa fine moustache et souriant à tous, comme à son habitude, Mazarin se disait amèrement que c’était bien la première fois que les privilégiés s’inquiétaient du sort des petites gens.


Tout ce que le royaume comptait de gens célèbres était présent. Le prince de Beaufort, le cardinal de Retz, le duc et la duchesse de la Rochefoucauld, le prince de Conti, le prince de Condé, la duchesse de Longueville, mais également des artistes, des poètes, et bien d’autres, tous portant masques et déguisements, ce qui certes rendait toute identification compliquée, mais allait permettre aux entretiens que le Mazarin se promettait d’avoir, toute la discrétion voulue. Quant à la sécurité des lieux, elle avait été confiée à la garde des mousquetaires gris, sous le commandement du lieutenant d’Artagnan.


D’Artagnan justement déambulait tranquillement dans la salle, entre les groupes qui se formaient tout en laissant traîner ses oreilles un peu partout afin de reconnaître les invités. Une voix rocailleuse et bien connue l’interpella soudain :



Après une fraternelle accolade, propre aux gens d’honneur que les aléas de la vie opposent sans qu’ils puissent se haïr vraiment, les deux anciens ennemis se mirent un peu à l’écart des autres.



Des murmures stoppèrent la conversation de nos deux bavards qui se retrouvèrent au milieu d’un groupe d’invités. Venait d’entrer un couple sur lequel tous les regards s’étaient retournés. L’homme revêtu d’un costume vert à la mode du bon roi Henri, était brun, le pas assuré, un regard noir et dur dans lequel chacun pouvait lire des éclats de violence contenue. Mais c’était sa femme qui attirait d’emblée tous les regards. Elle aussi était brune, avec des yeux vert émeraude qui ne pouvaient laisser personne indifférent. Et sa robe était noire, et son regard semblait d’une tristesse infinie. Ses cheveux remontés en chignon laissaient apparaître un cou gracile que portaient de magnifiques épaules.



Rochefort tira alors d’Artagnan par la manche.





***********




Encadrée par deux gardes du corps, Caroline de Vendôme regardait d’un œil indifférent tous ces gens qui dansaient et s’amusaient à grand bruit. Le prince Philippe avait été invité dans le bureau du Premier ministre, et l’entretient n’allait pas durer très longtemps, elle le savait. Ensuite, ils ne s’attarderaient pas à la fête. Ils rentreraient immédiatement, aussi vite qu’ils étaient venus, et elle retrouverait les murs de son château-prison. Elle vit alors un vieux prêtre s’approcher d’elle. Un de ces « hommes de Dieu » qu’elle détestait tant. Un de ces hommes qui entouraient sans cesse son mari et le conseillaient sur la meilleure manière de la garder en prison, qui l’accompagnaient dans ses promenades dans les jardins du château, qui lui interdisaient d’ouvrir la fenêtre en été… Un des gardes se planta devant la princesse et dit d’une voix forte, sans aucun souci de discrétion envers les autres convives :



La princesse suivit le prêtre qui marchait à petit pas dans un long corridor. Elle était plus résignée que jamais, mais qu’importait après tout. Une confession de plus… Elle allait avouer, une fois de plus, la passion qui avait envahi son âme et son corps tout entier pour son beau chevalier. On allait lui dire que cela était un péché abominable aux yeux du Seigneur, un affront intolérable aux sacrements de l’Église, et qu’il fallait qu’elle expie. Et elle expierait, en attendant d’expirer.



Le prêtre se redressa soudain, ôtant sa capuche et sa barbe postiche…



Elle se réfugia immédiatement dans ses bras. Elle tremblait de tout son être, et elle le sentait trembler également… Leurs yeux se croisèrent, ils se noyèrent chacun dans le miroir de l’âme de l’autre. Leurs lèvres se frôlèrent, puis leurs bouches s’offrirent, leurs langues se mêlèrent, échangeant ce baiser qu’ils attendaient depuis plusieurs années. Puis, leurs bouches se séparèrent, et il lui embrassa le cou et les épaules tandis qu’elle lui passait passionnément les doigts dans les cheveux…



Soudain, Aramis se figea et porta la main à l’épée cachée sous sa robe de prêtre. Un homme en noir accourait en leur direction…



Les deux amants sortirent promptement du Louvre devant lequel un carrosse et deux cavaliers attendaient. Ils montèrent à l’intérieur, claquèrent la porte, et le cocher démarra en trombe. La violence d’une secousse fit tomber Caroline aux genoux de son amant. Il se pencha pour la relever…



Elle dégrafa son pantalon et pris son sexe déjà dur entre ses doigts. Après avoir fait monter l’excitation d’Aramis à son paroxysme, elle remonta sa robe et vint s’asseoir sur lui. Elle était prête, elle aussi… elle sentit entrer en elle le sexe large et chaud de son amant, et se mit alors à l’embrasser à pleine bouche tout en déchirant le haut de son vertugadin.



Ils jouirent tous les deux rapidement, presque immédiatement, comme les adolescents qu’ils étaient soudain redevenus… Puis, calmés, assis à nouveau l’un en face de l’autre, ils se contemplèrent longuement, sans avoir besoin de parler. Le temps qu’on leur avait volé n’avait rien changé ni dans leurs âmes, ni dans leurs cœurs. La vie recommençait…