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Temps de lecture estimé : 9 mn
12/06/15
corrigé 08/06/21
Résumé:  Pharamond doit faire face à un complot domestique, tandis que la comtesse de Merville découvre de nouveaux plaisirs...
Critères:  f fmast fouetfesse historique
Auteur : Pierre Siorac      Envoi mini-message

Série : Le cavalier noir

Chapitre 02 / 06
Ce que femme veut !

Résumé de l’épisode précédent :


« La légende du cavalier noir »

Le vieux comte Aldemar de Merville est devenu grabataire par la volonté de sa jeune femme Hortense, qui désormais le trompe et le torture avec l’aide du marquis de Cessac.

Découvrant cela, son fils – Pharamond de Merville – reprend les habits du cavalier noir, tue le marquis de Cessac et enlève son père pour le ramener chez lui, après avoir sévèrement corrigé Hortense de Merville.




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Chapitre 2



Ce que femme veut !




Cela faisait maintenant deux jours que le comte Aldemar de Merville avait rejoint, dans les conditions extraordinaires que l’on sait, le domaine de son fils. Il s’agissait d’un ancien corps de ferme que Pharamond avait ingénieusement fortifié et qui offrait une protection efficace et suffisante contre les bêtes sauvages ou les bandes armées qui sillonnaient parfois la région.


Rose avait bien entendu accueilli à bras ouvert son beau-père, tout comme Passepoil, Pissedru, et Ventre-à-terre, les trois valets – qui officiaient également comme soldats et garçons de ferme – ainsi que Lorène, l’accorte cuisinière, soubrette, et comptable du domaine.


Les quatre personnes dont nous venons de citer les noms avaient été des années durant au service d’Aldemar, et avaient rejoint celui de son fils au moment de son mariage. Passepoil et Pissedru étaient deux géants débonnaires, fidèles en tout, et dotés d’une intelligence pratique dont l’efficacité ne se démentait jamais. Ventre-à-terre était un nain âgé de trois ans de plus que Pharamond, que le vieux comte avait recueilli enfant alors qu’il manquait de mourir de faim au cours d’un hiver plus rude que les autres. Le comte l’avait mis à l’étude avec son fils, et il avait reçu les mêmes précepteurs. Il avait étonné son monde… Son esprit était nettement plus délié que celui du jeune héritier : il comprenait vite, jugeait promptement, et il été doté d’un humour ravageur qui pouvait le rendre charmant ou cruel, en fonction de ses humeurs du moment.


Quant à Lorène, de dix ans plus jeune que Pharamond, elle était fortement attachée à ce dernier pour des raisons que seule Rose ignorait, et qu’il avait bien fallu rendre « raisonnables » lorsque les deux époux avaient convolé en juste noces. Il n’en restait qu’une complicité troublante mais tout à fait honorable, et des secrets dont notre cuisinière, soubrette et comptable aimait se souvenir parfois, entre les bras de Pissedru qu’elle avait fini par épouser, qu’elle aimait bien, et qu’elle menait comme elle voulait.


Pharamond terminait de s’habiller. Il était en train d’enfiler ses hauts de chausse lorsque Rose entra dans leur chambre d’un air à la fois décidé et agité, qui lui fit immédiatement froncer les sourcils…



Comme il fallait s’y attendre, Rose s’empourpra. Ses yeux lancèrent les éclairs que l’on imagine, et elle se campa devant son mari, les poings sur les hanches :



Le nain entra immédiatement, attendant derrière la porte depuis le début de l’entretien.



Pharamond fit semblant de réfléchir, mais en réalité, il avait pris sa décision. Il détestait la médecine – et surtout les médecins – mais il aimait profondément sa Rose, et se trouvait ému par l’unanimité de ses gens à vouloir aider son père à retrouver la parole. Mais diantre, il y avait l’honneur à sauver. Il fallait céder certes, mais sans en donner l’impression.





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Lorsqu’on avait enfin détaché la comtesse de Merville, on l’avait trouvée évanouie, et du sang ruisselant un peu partout sur le corps. On l’avait alitée, et elle avait fini par reprendre ses esprits. Tout d’abord en proie à la rage, elle s’était sentie peu à peu envahie par un étrange sentiment et d’étranges sensations qui jusque-là lui étaient encore inconnues.

Elle avait de tout temps – et même dès la prime enfance – toujours été capable de contrôler quiconque l’approchait : on se trouvait immédiatement désarmé par la limpidité et le magnétisme de son magnifique regard bleu. Mais finalement, elle n’avait obtenu des hommes (et parfois même des femmes) que ce qu’elle avait toujours souhaité. Or, voilà qu’elle découvrait que l’on pouvait obtenir plus encore, bien plus…


Lorsque l’ombre l’avait empoignée et attachée aux colonnades du lit, elle n’avait pas été en mesure de lui résister. La fermeté des mains qui l’avaient contrainte lui revenait en mémoire et lui donnait des frissons qui ne lui semblaient pas désagréables, bien au contraire. Cette impression de ne plus rien contrôler, le souvenir de ce danger imminent faisaient monter en elle l’adrénaline et le désir. Un désir qu’elle tentait de refréner, mais sans succès.


La douleur… Oui, elle avait eu mal, et elle avait hurlé. Mais elle ne pouvait rien y faire, et ce souvenir faisait également monter le désir au fond de son ventre. Sensation d’impuissance, sensation inconnue… qui l’excitait et l’affolait tout à la fois.


Et ces mots, enfin, prononcés par la voix grave et déformée par le filtre du foulard de soie que l’homme en noir portait sur le visage… Ces mots sans compassion, menaçants, d’une sévérité totale, mais qui n’étaient que des mots, finalement. Destinés à la torturer un peu plus, mais non pas à la faire mourir comme ce crétin de Cessac. « Nul ne peut m’empêcher d’entrer… Tu ne sauras ni le jour, ni l’heure… Je reviendrai te punir… » La comtesse se rendit compte que sa main caressait involontairement son intimité. Elle était trempée… Elle eut un frisson. Il fallait qu’elle sache, qu’elle comprenne, qu’elle maîtrise ces sensations qui – elle ne le savait que trop – allaient l’amener autrement à faire des folies.


Depuis déjà deux jours, elle oscillait entre l’angoisse que l’ombre revienne, et le désir qu’il la punisse à nouveau. Elle était plutôt intelligente ; elle connaissait suffisamment l’état d’esclavage dans lequel pouvait conduire le désir, pour ne pas avoir peur de ces sensations nouvelles ; et même temps, cela la fascinait.


De ses doigts aux ongles nacrés, elle saisit la sonnette qui se trouvait sur la table de nuit et la fit tintinnabuler. Modeste, son valet de chambre, apparut bientôt (Modeste n’était pas son vrai nom, mais la comtesse avait choisi de renommer chaque membre de sa maisonnée afin de bien faire comprendre à chacun quelle était sa place). Il était grand, très fin – pour ne pas dire maigre – et totalement chauve, avec des yeux rapprochés qui lui donnaient un air de chauve-souris. Pas vraiment le genre d’amant auquel Hortense de Merville avait envie de donner du plaisir. Mais en prendre grâce à lui… pourquoi pas, après tout ? Pour ce qu’elle envisageait, le physique de son partenaire de jeu importait peu.



Modeste fit modestement de son mieux. La lanière de cuir cingla à nouveau le dos de la comtesse, et certaines plaies encore mal cicatrisées se remirent à saigner.



Le pauvre valet redoubla d’efforts, ne comprenant toujours pas où sa maîtresse voulait en venir.



Modeste, médusé, laissa tomber le fouet sur le sol et sortit précipitamment en se demandant déjà quelle punition il allait recevoir pour avoir obéi. Il craignait fort – étant donné la force des coups qu’il avait dû donner – que cela n’aille assez loin, et il se demanda si, tout compte fait, le mieux n’était pas de préparer ses affaires et de fuir au plus vite et le plus loin possible.


Hortense de Merville s’allongea alors sur le lit, le corps brûlant et le ventre plein d’un incontrôlable désir. Elle glissa deux doigts qui entrèrent tout seuls à l’intérieur de son vagin, et commença à se masturber frénétiquement. Elle ne tarda pas à jouir en poussant des hurlements de plaisir qu’elle n’avait jamais poussés. Puis, effondrée, elle se mit à pleurer, maudissant ce cavalier noir qui lui avait infligé, en plus de sa souffrance initiale, cet abaissement de sa propre personne contre lequel elle comprenait qu’elle allait avoir bien du mal à lutter.


Elle décida que sa vengeance serait à la mesure du trouble qui ne cessait de grandir en elle…