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31/08/15
corrigé 07/06/21
Résumé:  Loïc vole de surprise en surprise durant son week-end initiatique avec Amalia. La jeune femme ne cesse de l'étonner par ses exigences avant de le plonger dans le plus profond désarroi...
Critères:  fh gros(ses) complexe laid(e)s sauna forêt hotel amour ffontaine entreseins fellation fsodo coprolalie fouetfesse
Auteur : Laure Topigne            Envoi mini-message

Série : Les moches sont les pires des salopes

Chapitre 02 / 02
Les moches sont les pires des salopes

Les moches sont les pires des salopes – 2/2




Résumé de l’épisode précédent : Trois jeunes gens ont fait le pari de séduire à moindre frais une grosse moche et de coucher avec elle, chacun à une semaine d’intervalle. Les événements ne se sont pas déroulés selon leurs vœux, et seul Loïc est parvenu à la séduire sans toutefois n’en rien obtenir. Elle lui a fixé un rendez-vous où il se rend ce vendredi…



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Le vendredi, très en avance, je me fiais au guidage d’un Mercure électronique pour constater au bout d’une cinquantaine de kilomètres qu’il me menait droit à l’un de ces fastueux relais campagnards, qu’annonçait un grand renfort de panneaux publicitaires qui fleurissent nombreux de nos jours et n’ont d’égal à leur somptuosité que leur prix exorbitant.

Elle m’avait expressément prescrit de ne pas la rejoindre avant l’heure ; ainsi, dès qu’arrivé à proximité, je fis une pause agrémentée d’une courte promenade destinée à me calmer car j’étais aussi anxieux qu’à la veille de mon bac, sans trop discerner ce qui me tendait si intensément.


Elle m’attendait sur le perron et me conduisit immédiatement à la salle à manger tandis qu’on parquait et déchargeait ma voiture. Au cours du repas, elle m’avertit qu’elle s’éclipserait de dix-sept à vingt heures et ne reviendrait qu’au moment du dîner.


Nous passâmes un après-midi languide et crispant en déambulant sur les berges du lac à deux pas de l’auberge. Elle m’enjôla tant de son discours, de ses connaissances que de son sourire, et bien entendu de sa voix. Mes interrogations quant à la suite des événements me laissèrent fort distrait et continuèrent d’alimenter mes appréhensions : elle ne m’avait pas invité ici – en un lieu qui allait absorber toutes ses modestes économies – dans le seul but de me causer aimablement, et je n’ignorais nullement vivre là une simple introduction. De quoi me séparait-elle ? Je la devinais d’ailleurs, elle aussi, inquiète et agitée, dissimulant cet état sous sa volubilité.


Depuis l’épisode où elle s’était enfuie de chez moi, j’avais décidé de lui laisser l’initiative ; mais le fait de découvrir nos bagages dans une même chambre me parut de bon augure. Elle s’éclipsa comme annoncé, et dès qu’elle se fut retirée, je joignis la réception pour ordonner que toutes nos dépenses soient facturées à mon ordre exclusivement. On me répondit : « Mademoiselle Amalia nous a prévenus de votre démarche probable et nous a interdit d’y donner satisfaction, de la prévenir, même, si vous y mettiez trop d’insistance. »

Je ne persévérai donc pas, m’étonnant néanmoins de la déférence avec laquelle on parlait de cette gente demoiselle.


Bouillant d’impatience, je rejoignis le restaurant à l’heure dite. Je venais de m’installer quand une séduisante personne que j’eus bien du mal à reconnaître vint vers moi. Dames coiffeuse, esthéticienne et couturière avaient, pendant l’intermède, superbement rempli leurs offices. Les baguettes raides qui encadraient son visage avaient pris volume et lustre et caressaient ses joues d’un frémissement soyeux. Des fonds de teint miraculeux avaient transformé sa couperose en délicate carnation, des fards sophistiqués avaient apprêté ses yeux à la manière de ceux des déesses égyptiennes et ils brillaient de tout leur éclat au fond de leur orbite.

Sa robe noire et blanche était d’une élégance raffinée, mettait en valeur les attraits généreux de son torse et moulait ses formes prodigues sans le moindre peu la boudiner, lui conférant même un élan qui semblait la grandir dans un mouvement auquel participaient des escarpins parfaitement harmonisés.



Elle me raconta qu’étant collégienne et alors plus boulotte qu’actuellement, une soi-disant amie aidée par de jalouses connivences avait voulu l’attifer, la coiffer et la maquiller à l’occasion d’une boum. Elle ne lui avait laissé le recours à aucun miroir, affirmant que la surprise de l’assemblée serait le meilleur révélateur de la métamorphose. Et ce fut le cas en effet : une énorme tornade de rires salua son entrée. La copine avait multiplié les outrances, de la jupe bien trop courte au maquillage abusif en passant par une coiffure du meilleur style épouvantail. Cela excita fort d’abord les railleries des garçons, et leurs premières grossièretés en appelèrent d’autres, si bien que très vite ils s’autorisèrent de lestes attouchements. On ne lui fit grâce d’aucun quolibet et elle s’était enfuie honteuse tout en se jurant de ne plus jamais céder aux sirènes du paraître et de vivre avec ses qualités hélas bien discrètes par rapport à ses défauts, hélas encore, eux, bien éclatants.



Le repas se poursuivit, égayé d’un ton badin auquel elle ne m’avait pas habitué, et je m’enchantais de ses dispositions. Nous en étions au café quand elle se mit à farfouiller dans son sac à prodiges. Elle en tira une petite boîte somptueusement emballée et entourée d’une faveur écarlate qu’elle me tendit, accompagnant ce geste d’un sourire ensorceleur et d’un regard dans lequel je lus tout à la fois de la facétie, une immense douceur et un brin d’appréhension. J’allais me défendre d’accepter ce présent mais me souvins que jusqu’à ce jour, d’un accord tacite, nous avions proscrit ces simagrées. Pendant que je défaisais fébrilement le paquet, elle me couvait des yeux et m’avertit :



J’écartais maintenant les papiers ouatés pour découvrir une implorante madone en argent d’une belle facture moderne, très stylisée. Une seconde je demeurai interloqué. Elle commenta :



Après cette révélation, son visage s’empreignit d’anxiété. Je n’étais ni assez jeune, ni assez fat pour m’enorgueillir stupidement d’un tel cadeau, mais j’avoue que sa déclaration ainsi que le tact qui y présida m’émurent. Sous la surveillance des autres convives que mon cri avait alertés, je me levai pour aller l’étreindre puis me saisir de ses deux mains qu’elle abandonna sans réserve à mes baisers. Je repris ma place tandis qu’elle poursuivit :



Pouvait-elle proclamer plus simplement et donc plus puissamment ses convoitises ? Toute trace de son angoisse avait disparu et j’en conclus que celle-ci n’était due qu’à ce statut de pucelle qu’elle traînait presque comme un opprobre. Dire qu’il y a quelques années, on s’en serait fait gloire…

Nos agapes ne s’éternisèrent guère et ce fut en toute hâte que nous joignîmes l’ascenseur. Sitôt ses portes refermées, je voulus dévorer ses lèvres mais elle s’y refusa, m’admonestant d’un :



À peine le seuil de notre chambre franchi, ce fut pourtant elle qui se colla à moi avec des constrictions de pieuvre qui à cet instant me la firent imaginer pourvue de huit membres pour le moins. Elle haletait déjà, d’évidence assoiffée de désirs, cherchant ma bouche avec fureur et n’entendant plus tergiverser. Le fragile équilibre qui la tendait sur la pointe de ses escarpins se rompit et nous nous renversâmes tous deux sur la moquette, à moins qu’en cette chute elle m’entraîna volontairement. Je couvris son visage et son cou de baisers passionnés. Elle enserra ma taille de ses cuisses en suppliant :



Il y avait en cette supplique tant qu’en son expression un abandon total qui dépassait de beaucoup l’offrande de sa virginité et qui m’émut extraordinairement.

Je tentai vainement de répondre à son injonction et de lacérer une étoffe qui semblait bien frêle et qui pourtant me résista obstinément. Je la redressai pour l’emporter vers le lit, mais alors que j’allai l’y étendre, d’une vive poussée ce fut elle qui m’y renversa avant de reculer de quelques pas. Elle se dépouilla de la robe rebelle qu’elle fit couler sur le sol avec une candeur simple et affriolante. Elle accompagna ce geste plein d’ingénuité d’un regard de braise en lequel je ne lus aucune vanité, mais la fierté de se donner. Je compris pourquoi elle m’avait semblé amincie : elle se sanglait effectivement dans une moulante guêpière qui remodelait ses formes onctueuses. Elle portait de fins bas noirs et une culotte dont les transparences friponnes laissaient apparaître un séduisant vison soigneusement apprêté. À l’échancrure de tous ces sous-vêtements se dégageaient des petits renflements éclatant de blancheur et absolument admirables qui exposaient une chair délectable et munificente.


À la découvrir en ce glorieux équipage de vamp, je ne sus m’empêcher de sourire. Ainsi elle subissait, elle aussi, et en dépit de ses airs souvent pudibonds et revêches, ces tentations si communes aux femmes. Elle m’épiait ; une ombre ternit sa mine et elle s’inquiéta de la mienne :



Un ancien souvenir lancinant dut à cet instant l’étrangler, et sans doute qu’elle se revit en adolescente humiliée.



Je me relevai pour me débarrasser rapidement de mon pantalon et mon slip afin de lui présenter l’état de mon sire dressé.



Elle rit, tandis que je répliquai :



Elle alla vers un vaste et large fauteuil où elle s’installa avec une ravissante immodestie, appuyant chacun de ses pieds sur l’un des accoudoirs.



Évidemment, rien ne pouvait davantage m’enchanter.

Je vins m’agenouiller entre ses jambes, priant je ne sais quel dieu ou démon de m’assister de sa force ; et saisissant à deux mains, tour à tour, les fines jointures de sa culotte translucide qui ne camouflait que très sobrement l’objet de mes concupiscences, je les déchirai, prenant une rancunière revanche sur l’affront que m’avait infligé le tissu de la robe. Je la sentis aussi exaltée qu’effarouchée, humble et orgueilleuse de me révéler le secret de ce triangle de peau rebondie, palpitant convulsivement, habillé seulement de mèches bouclées éparses. D’un geste plein d’aguichante pudeur, elle tenta de dissimuler son pénil et le sombre frisson qui l’agrémentait. L’épiderme des dodues offre un lissé fabuleux, et je flattai son entrecuisse d’effleurements légers, me grisant de leur moelleux exquis avant d’écarter progressivement la main du temple dont elle cachait toujours l’accès.


Je poursuivis mon ballet un bon moment, m’appesantissant sur son ventre, ses hanches et ses cuisses, ne survolant presque qu’inopinément son mont de Vénus dont je frôlai furtivement la divine toison. Chacune de ces affabilités la cambrait, et sa motte semblait subir l’attraction de mes mains pour venir se soulever et se plaquer contre elles. Bientôt je vis les perles d’impatience suinter sur ses frisottis et, de plus en plus nombreuses, les décorer d’une sublime rosée. À peine palpai-je l’orée de son sexe déjà inondé qu’elle se figea, bandant ses muscles. Je musardai jusqu’à son bourgeon obligeant que je fis rouler sous mes fièvres et qui se darda vigoureusement. Avant que je puisse mieux l’égayer et le dérider, elle tressaillit et arrosa ma main d’un flot chaud et impétueux. Il me fallait convenir qu’à ma plus grande satisfaction, ma séraphique maîtresse dès que titillée par ses émois se révélait bien femme fontaine. Je me réjouis de la sentir ainsi témoigner son désir, mais fus un peu frustré par cette promptitude.

Je la conduisis vers le lit où nous nous enlaçâmes avec ferveur. Je la caressai et l’embrassai à profusion, ne négligeant aucune parcelle de sa personne, laissant courir mes mains partout sur le satin de son corps autant que sur celui de ses guipures, m’enivrant de mes propres attouchements qui me la livraient enfin. J’étais bien décidé à briser le sceau qui la cachetait et à lui ouvrir les portes du paradis avec un maximum d’attention et de prévention, sachant combien un premier rapport est tout à la fois délicat et décisif.


Je vins alors doucement et timidement frapper à la porte du sanctuaire avant de m’y engager très précautionneusement. L’accueil fut chaleureux mais la crainte dut la contracter, ce qui ne fut pas pour me déplaire tout en m’appelant à de nouvelles prudences. Je surveillai la moindre des ombres pouvant ternir son sourire, et quand je le vis se crisper – oh très imperceptiblement – je multipliai mes caresses lénifiantes et mes baisers tranquillisants sur son visage et son cou. Elle retenait son souffle. Un rictus suivi d’un soupir de soulagement altéra ses lèvres puis elle se détendit, proclamant ainsi la reddition d’un bastion inexpugnable avant ce jour.


Je la vis s’évader, et, régulièrement, j’augmentai la cadence de mes transports. Elle qui était demeurée passive et silencieuse jusqu’à cet instant accompagna dès lors la propagation de cette houle qui l’entraînait et proféra son allégresse en un chant psalmodié fait de roucoulades tendrement modulées, de piaulements aigus et de brames graves composant un hymne à son plaisir. Elle ondoya au rythme de son pouls qui battait la chamade et referma sur moi l’étau nerveux de ses membres. Tandis qu’elle m’emprisonnait ainsi, elle s’envola sur son nuage. Elle m’échappa et s’échappa à elle-même pour joindre des contrées bienheureuses où elle dut s’annihiler, se condenser en pures sensations. J’observais la montée de sa jouissance qu’elle m’exprimait de tout son être : je la sentis frémir, trembler avant de tressauter, emportée dans un sublime accès de fièvre. Son visage refléta l’arc-en-ciel de ses émotions et ses yeux s’allumèrent de feux inédits jusqu’à bientôt se révulser totalement quand elle se cambra et que je libérai ma décharge.


Dans une ultime ruade, elle se raidit puis sombra, toute entière secouée par des spasmes puissants qui la resserrèrent encore sur mon épieu. Enfin elle s’affaissa, affichant un ineffable sourire. Son absence fut si prolongée, si complète que s’il n’y avait eu le ravissement de ce sourire, je me serai inquiété. J’avais, au cours de cet orgasme inaugural, été si vigilant à ses émois que je n’avais trouvé mon plaisir qu’à travers l’exhalaison du sien. Elle ne recouvra ses esprits que très lentement et graduellement. Elle semblait émerger hébétée d’un monde d’enchantement, défaillante et ivre, toujours perdue dans des sphères que je présumais ne jamais arriver à atteindre. Elle finit par s’ébrouer et me bredouilla :



En titubant, elle alla au téléphone pour en commander une bouteille qu’elle précisa vouloir être du meilleur. Le service d’étage ne tarda pas à se manifester pour nous livrer le nectar. Je ne parvins pas à enfiler mon peignoir que déjà elle avait gagné la porte et, habillée de ses seuls bas et guêpière, faisait entrer le garçon qui, assujetti aux règles de la maison et courtois, sut ne rien voir. Elle l’engagea à déboucher la bouteille et à remplir les verres tout en surveillant de très près sa prestation. Je savourai ce spectacle, ma jeune maîtresse en tenue moins que minimale s’affairant autour de ce monsieur d’âge respectable entièrement vêtu de noir et poli jusqu’à l’obséquiosité. Dès qu’il se fut retiré, elle me dit :



Je la couchai, face contre le lit, pour m’appliquer à défaire ses jarretelles puis le carcan en lequel elle s’était cruellement engoncée. Dévêtir une femme pour, en tenue d’Ève l’exhausser, fait pour moi partie des cimes de la vie sensuelle. J’ai dû, dans une vie passée, être camériste ou souhaite le devenir dans une future. Explorer millimétriquement chaque grain d’une peau et les mystères d’un corps pantelant sous le linge carcéral relève des voyages extraordinaires, aiguillonnant les désirs pour les porter à leur apogée. C’est ce qui me fait haïr strings et bikinis qui, à force de tout montrer, ne dévoilent rien que de la viande, ne laissent place ni à l’aventure de la découverte, ni au suspense qui l’entoure. Les sépales geôlières du rigide écrin se disjoignirent et ses chairs tuméfiées se libérèrent en une somptueuse efflorescence.


Jamais je n’avais assisté à telle éclosion d’un bouton qui explose pour épanouir son calice à l’exubérance magnifique non pas en une fleur chétive et maigrichonne, mais semblable aux plénitudes d’un nénuphar ou d’un lotus. La morsure des agrafes avait dessiné une trace adorable le long de sa fragile échine que je massais voluptueusement pour effacer cet affront. Ce fut avec enthousiasme que je palpais ces chairs onctueuses et souples, que je pétrissais ces plasticités rebondies. Elle se redressa, me bascula encore pour renouveler ces libations en son abreuvoir favori. À quatre pattes, sa croupe tendue vers mon visage, elle recueillit une seconde fois l’élixir, exhibant devant mes yeux l’opulence pleine et ronde de sa mappemonde, la splendeur potelée, l’éloquence lisse de son ventre.


Tous ceux qui méprisent les grosses ne peuvent être que dans l’ignorance de ces tableaux luxurieux et capiteux qu’elles seules savent offrir. Dans cette position, je l’aidai à m’enjamber puis, couché sous elle, la ceinturai fermement et portai mes lèvres à son bijou d’amour. À mêmes causes, mêmes effets ; et sans que je ne m’affaire davantage, sans que je puisse profiter de ces merveilleux parages, sans qu’elle n’eût le temps de m’infliger réplique, alors que je pensais ses ressources de cythomiel (1) taries, elle m’en dispensa une nouvelle et abondante bordée. Elle me noya sous les fruits d’une épargne pendant des années d’abstinence thésaurisée tout en émettant une longue et retentissante complainte. La rapidité, l’ampleur et la volupté de cette éruption la déconcertèrent tant qu’elle se dégagea pour rouler tête-bêche à mon côté. Elle en était pantoise et écarlate, asphyxiée par ses désarrois et me regarda, incrédule, d’un air dément. Elle installa ma tête sur le coussin moelleux et renflé de sa bedaine, et tandis qu’elle s’activait en fugaces agaceries de ses doigts et de ses ongles dans mes poils pubiens et sur mon sexe, elle me chuchota :



Ce repos fut bref et elle me dit :



Elle se redressa sur notre couche et vint me chevaucher en me décochant un grand sourire quémandeur.



Saisissant ledit reptile, elle l’aida à se faufiler dans la grotte énamourée qui suintait de mille eaux. Ses paralysies antérieures s’envolèrent et ce fut elle qui initia la danse puis imprima la cadence. J’avais agrippé ses hanches plantureuses pour accompagner et soutenir son va-et-vient tandis qu’elle montait et descendait sur ma hampe avec des gloussements de satisfaction. Ses cuisses s’écrasaient voluptueusement sur les miennes et son ventre rondelet percutait mon pubis. Ses fantasques tétons s’étaient démesurément allongés et m’hypnotisaient, ses seins qui se ballottaient m’envoûtaient et je suivais leurs oscillations amorties avec délectation. Après quelques moments de cette formidable cavalcade, je la vis se raidir et, lentement, la fis basculer sur le côté puis sur le dos sans que nous ne nous désunissions. Le rythme qu’elle essaya de maintenir en fut brisé bien qu’elle prolongea ses coups de reins. J’accentuai alors en puissance comme en ampleur la fougue de mes pénétrations. Elle marqua un bref étonnement, suivi de son assentiment. Je n’avais plus peur de l’effaroucher ou de la meurtrir ; aussi, sans faire fi de son plaisir, je pus m’adonner au mien, ce qui d’évidence ne fut pas préjudiciable au sien. Je fus long à atteindre l’extase, et elle jouit plusieurs fois, reprenant à chacune fois son refrain « Oh oui, encore… »


Frénétique, elle secouait sa tête de droite et de gauche, agrippait spasmodiquement les draps, battait furieusement le lit de ses pieds. Je couvris son visage de baisers puis, me reculant pour l’enserrer de mes mains, j’y lus la progression de ses émois et bientôt m’absorbai totalement dans cette vision. J’y découvris la fascinante mobilité de ses traits, scandant la mesure par ses contractions voluptueuses, les battements de ses cils qui occultaient tantôt ses prunelles, tantôt les exposaient, éperdues de bonheur, fixées sur des horizons resplendissants, tantôt ne dévoilaient que leur blanc. Sa bouche tordue entre sourire et rictus balbutiait des onomatopées et des ahanements, clamait de muettes exhortations. Ses dents pinçaient ses lèvres pour étouffer les râles qui s’en échappaient. Elle était de feu, noyant sa couperose dans l’ardeur d’un brasier éclatant. Brutalement, ses soubresauts s’amplifièrent et son corps se cabra. Elle se pâma, emportée par un orgasme dévastateur en hurlant sa félicité tandis que je déversais mes laves dans ses entrailles. Elle m’enferma dans une étreinte passionnée d’une force dont je l’aurais jugée incapable. Jamais avant je n’avais eu le sentiment de dispenser autant de liesse.


Je la cajolai longuement, doucement, promenant mes mains dans ses cheveux, sur son visage, son cou, ses bras, ses seins encore gonflés d’euphorie. De petites convulsions l’ébrouaient, laissant deviner les béatitudes que lui offraient ses rêves. Une nouvelle fois j’en conclus que nos piteuses jouissances de mâles vaniteux étaient aux antipodes des délices qui déchaînent et vrillent nos compagnes. Je fus presque jaloux de cette allégresse qui la portait aux nues et qu’il me semblait ne pouvoir que médiocrement partager. Revenant à elle, splendidement défaite par ses émois, elle soupira :



La soirée se poursuivit en confidences sensuelles, en ivresses câlines, en affectueux dérapages charnels jusqu’à ce que la fatigue générée par tant d’émotions ne nous précipite en un assoupissement aussi profond que radieux.




—ooOoo—




Le samedi et le dimanche furent féeriques mais inénarrables. Il les faut imaginer, à l’instar de notre sonate, se prolongeant deux jours entiers. Au risque de les transformer en saga pornographique, j’en décrirai surtout les fortissimi, les détonations des percussions, mais en contre-point le dialogue des pianos fut incessant, tantôt allègre et vif, tantôt modéré voire même lent. Je m’en souviens comme d’un orage effréné et fabuleux dont la tempête, par moment, nous éblouit de ses foudres, nous ébranla de roulements de tonnerre sourds et de bourrasques rageuses auxquels succédèrent de suaves zéphyrs. Ce fut un bonheur intense partagé entre l’amour le plus aimable et les flamboyances du sexe les plus vives car ma maîtresse, sachant désormais comment je la percevais, sut abandonner toute inhibition et fausse pudeur. En un seul week-end elle tenta de rattraper les années austères avec une immodestie captivante qui ne cessa de m’étonner.


Les grâces entourèrent notre réveil. Je quittai premier les bras de Morphée et l’enlacement des siens pour la découvrir languide, affichant en la sérénité de son visage le souvenir de nos ébats de la nuit. Je ne pus que convoquer l’Angélique de Rubens (2) pour dépeindre les sortilèges de ce tableau. Ses bras croisés derrière sa tête allongeaient son corps et en cambraient le buste. Ses hanches pleines, à peine vrillées, exposaient un sexe rassasié, tendu vers moi, qui me souriait, dispensant le bonheur de ses rêves.

Je m’étonnai de ne plus la voir grosse ; bien en chair, certes, bien surtout. Son éveil l’étira davantage, tendant l’ivoire de sa peau sur ses appas potelés.



Puis se frottant les yeux, l’air incrédule elle ajouta :



Elle fit monter notre petit déjeuner que nous consommâmes dans le rayon de soleil qui baignait notre chambre, elle, nue sur mes genoux. Nous grignotions dans la même assiette et partagions la même tasse. Ce fut l’un de ces instants un peu puérils mais charmants qui, plus que les délires charnels, soudent la complicité de nouveaux amants. Elle babillait sans interruption sur tout, sur rien surtout, et m’emplissait les oreilles d’un ramage de rossignol. La scène ne s’acheva que quand les provendes firent défaut.



Elle n’enfila aucun maillot de bain et se contenta de passer un long peignoir qu’elle ne boutonna que sommairement. Malgré mes réticences, je ne pus faire moins que de suivre son exemple. Pieds nus, avec une promptitude que je ne lui connaissais pas, elle me tira jusqu’au centre aquatique qui rassemblait deux piscines, un hammam, des cabines à vapeur, un sauna, des douches froides et chaudes, des secteurs réservés aux soins et que sais-je encore. Curieusement, personne ne fréquentait cet espace qui participait pour beaucoup à la réputation de l’établissement. C’est sans doute ce qui l’autorisa, dépourvue de la moindre gêne, à se dévêtir complètement avant de passer sous la douche.

Elle plongea immédiatement dans la plus grande des piscines pour y enchaîner des longueurs tandis que du bord je la regardais fendre l’eau avec l’aisance et la vélocité d’une nymphe.



Je la rejoignis et nous parcourûmes quelques distances de conserve au cours desquelles j’eus des difficultés inouïes à la suivre tandis que, amusée de mon effort, elle semblait modérer le sien. Nous nous réfugiâmes au sauna, qui à son tour se révéla totalement désert, où je voulus remettre mon peignoir, ce à quoi elle objecta que même si l’hôtel le préconisait, une hygiène élémentaire l’interdisait. Elle m’expliqua que toute petite elle avait manqué se noyer et qu’elle s’était résolue dès lors d’apprendre à nager, puis avait fait partie d’un club de natation avant de pratiquer des ballets nautiques. Je la reconnus bien à travers cette histoire où elle avait opposé à l’adversité son indéfectible volonté. Je la serrai dans mes bras et l’embrassai dans le cou et sur les joues en constatant qu’en effet celles-ci viraient à l’écarlate. Elle me déclara préférer la chaleur humide à la sèche, le hammam donc, qu’on lui avait annoncé être l’apothéose de cette maison. Une douche glaciale tempéra les ardeurs que je sentais m’envahir, me rendit un peu de lucidité mais ne fit qu’accroître ses rougeurs.


Le hammam déployait en effet si bien les ambiances orientales qu’un court instant je me crus à Topkapi. La très longue salle ressemblant à un vaste tunnel hébergeait trois bains successifs séparés par des cloisons de brique dont les bases se décoraient de céramiques colorées dessinant des motifs géométriques très élaborés. Elles baignaient dans les eaux et se perçaient de grandes baies cernées par des colonnes géminées surmontées d’arcs outrepassés. Il était ainsi impossible de passer de l’un à l’autre de ces bassins sans s’immerger jusqu’à la taille. Dans l’encadrement de ces portiques émergeaient de grands blocs de basalte qui constituaient des plages où il était possible de s’étendre. Les voûtes en plein cintre accueillaient de petites fenêtres aux grilles faites de savants entrelacs de pierre finement ouvragés qui déversaient des rayons de lumière transperçant la touffeur ambiante et s’élevant des bassins, renforcée encore par une brumisation discrète mais efficace et abondante.


Il en résultait un monde de vapeurs, propice à l’onirisme que je ne pus m’empêcher d’imaginer peuplé des odalisques du fameux tondo d’Ingres (3). Les formes s’y estompaient, éthérées et fugitives, entourées d’un halo de rémanences. Des exhalaisons d’eucalyptus embaumaient puissamment l’atmosphère et irritaient ma peau rasée de frais, m’affectant ainsi des mêmes érythèmes qu’elle. Nous pataugeâmes dans les eaux chaudes de ce sublime lagon, nous perdant de vue par moments dans ses embruns puis elle se coucha sur le noir pavement séparant les deux premières piscines en me priant de l’y rejoindre.



Demeurant dans l’eau au bord de cette margelle, je la transportais en d’autres temps et lieux pour en faire, à son tour, mon odalisque à moi et j’enveloppais ses flancs de mes rêves. Je transpirais, mais elle dégoulinait ; et cette fois encore, bien que très différemment, s’appliquait à se légitimer fontaine.



Nous gagnâmes le second bain, un peu plus chaud, où elle vint me plaquer contre la paroi, se collant contre moi, m’épinglant de sa poitrine dressée. Elle porta une main à mon sexe qu’elle étreignit fugacement pour en vérifier la complexion. Évidemment, je bandais furieusement.



Elle s’enfuit ensuite, disparaissant dans les nuées brumeuses, me laissant frustré par cette sollicitation trop éphémère qui n’avait pas manqué de m’émoustiller. Quand je la vis réapparaître au bout du bassin, je m’élançai vers elle mais ma naïade se déroba et bientôt m’interpella à l’extrémité opposée de celle où je l’avais vue disparaître. Il en alla ainsi plusieurs fois avant qu’à nouveau elle ne se hisse sur la plage séparant les deux derniers bassins. Sortant cette fois de l’eau, je me postai debout, face à elle, couchée là, nue devant moi, les jambes ostensiblement écartées pour m’exhiber les délicatesses soyeuses et roses de son écrin entrebâillé, surmonté d’un sombre ébouriffement frivole. Une étoile de lumière découpée dans l’ogive de la voûte frappait son torse et la tatouait d’une empreinte flamboyante.



Et j’eus honte effectivement de mes inquiétudes, surtout lorsque je songeai que cette femme était pucelle il n’y avait pas douze heures seulement. D’où tirait-elle ce fantastique aplomb qui me la laissait entrevoir innocemment vicieuse et se régalant des désarrois qu’elle générait ainsi en moi ? Elle suait abondamment, et ce me fut vrai bonheur que de parcourir ses chairs si lisses que l’eau rendait glissantes. Des pieds à la tête, je l’enveloppai de caresses, adorant faire déraper mes mains sur sa peau moite et mouillée. M’allongeant contre elle, nous partageâmes une fervente communion. Nos corps s’engluèrent de leur sueur, chaleur et vénération. Tantôt ils se collaient si fort que rien ne semblait devoir parvenir à les séparer ; tantôt, l’un contre l’autre, ils coulissaient merveilleusement ajustés ou patinaient, paraissant se chercher comme pour modérer nos transes.


Quand elle se fut assurée de la véhémence de nos désirs réciproques, elle se coula hors du carcan de mes bras avec des agilités d’anguille, et roulant sur elle-même plongea et s’évanouit dans les brouillards de la troisième vasque. D’autres envies que celle de jouer à cache-cache me dévoraient à présent, et je me hâtai de l’y retrouver pour l’acculer, debout, contre les parois du bassin. Consentante – ô combien – elle noua ses bras autour de mon cou, ses jambes autour de mes reins. Je n’eus au-delà pas l’impression de la pénétrer mais de me fondre en elle, de fondre en elle. Ses trilles de rossignol s’accentuèrent de notes âpres et gutturales, s’enrouèrent de scansions époumonées. Notre étreinte fut graduelle et longue, se développa plus en puissance qu’en frénésie. Elle resserra l’étau de ses membres, je suffoquai et je perçus son déhanchement qui visait à bien me sentir dans son vagin.


Lorsque j’éjaculai, elle m’étrangla de son enlacement, et quelle que fût l’aide d’Archimède, mes jambes se dérobèrent. Nous roulâmes époumonés à la recherche de notre oxygène dans les flots bouillonnants. Mon plaisir, à l’égal du sien, fut intense, suave et semblant cristalliser l’instant, se prolongea indéfiniment. Pour être demeurés bien trop longtemps sous ces factices tropiques cotonneux, nous en sortîmes totalement ramollis. Après une nouvelle douche, nous décidâmes de boycotter soins et massages, bien déterminés à y pourvoir autrement. En sortant, je fus surpris de découvrir sur la porte un panonceau indiquant « Fermé ce matin jusqu’à dix heures pour cause de travaux de maintenance » mais n’eus pas la force d’autrement m’en inquiéter. Flageolant sur nos jambes, nous nous traînâmes jusqu’en notre chambre pour nous affaler sur le lit et nous endormir saoulés par des fragrances d’eucalyptus…




—ooOoo—




Après le repas elle proposa :



Elle surligna ses lèvres d’un grenat rutilant puis passa une jupe orangée très longue et très fendue qui la couvrait jusqu’aux pieds, ainsi qu’un petit boléro en résille noire à grosses mailles largement ouvragées qui se laçait sur l’avant. Elle ne mit rien en dessous, si bien que ses redoutables tétons par moment pointaient leur pyramidion au travers les entrelacs du tissu.



Elle souligna cette phrase d’un sourire mutin qui ne me laissa aucun doute sur ses intentions.



Nous nous égarâmes en forêt, à l’opposé des berges du lac qui concentraient les foules. Dès que nous fûmes suffisamment éloignés, elle entreprit de défaire et d’ôter le ruban qui fermait son boléro, et bientôt m’offrit les générosités de sa poitrine. Elle me plaqua contre un arbre, écrasa mon torse de la nudité du sien en se pendant à mes lèvres. Je répondais à la fougue de son baiser quand je la sentis enserrer mon poignet d’un nœud coulant réalisé avec la cordelette retirée à son boléro. Elle contourna ensuite rapidement l’arbre pour attacher ma seconde main. Mes bras tirés en arrière entouraient ainsi le tronc de mes futures tortures.



Elle s’agenouilla devant moi, et sans le moindre embarras défit prestement mon pantalon qui s’affaissa sur mes chevilles tandis qu’une forte érection déformait mon slip. N’écartant pas même l’étoffe qui emprisonnait ma verge déjà en plein affolement, elle s’en saisit d’une poigne vigoureuse et la manipula avec une prometteuse violence, puis déboutonna le bas de ma chemise pour s’adonner à d’incandescentes léchouilles sur mon bas-ventre. Enfin, abaissant le tissu dérisoire, elle fit mine, plusieurs fois, de m’emboucher, et toujours au dernier instant se ravisa pour me gratifier d’une boutade du genre : « J’hésite, car il paraît que ces friandises font grossir ! » Ou encore : « Je voudrais tant, mais mes convoitises sont si importantes que je redoute de mordre jusqu’au sang puis de croquer ce sceptre, bref de le rendre impropre à tout usage ultérieur. »


Elle finit par enfermer le sire distendu dans le carcan de ses lèvres pulpeuses et voraces. Je compris les outrances de son rouge à lèvres car aussitôt elle se dégagea pour contempler l’anneau vermillon qu’elle y avait dessiné en déclarant :



J’imaginais avant qu’elle entourerait cet exercice de mille timidités ; il n’en fut rien. Au contraire, dès cet instant je la vis lever les yeux pour me défier d’un regard hardi. Si hardi que je me dis que son enthousiasme à elle dépendait autant de ses propres audaces et du piquant de la situation que des délectations sensuelles qu’elle en tirait. Les triomphes de mon Omphale consistaient ainsi à relever le gant qu’elle se jetait à elle-même. Ses premières glissades sur le flûteau se firent molto mais allumèrent ses yeux d’un progressif enfièvrement. Après quelques mesures jouées sur ce ton, elle se recula pour affirmer :



Elle reprit la manœuvre gloutonne, veillant à bien étrangler de ses lèvres ma hampe qu’elle enfonçait toujours davantage, creusant sa gorge pour l’accueillir dans ses tréfonds. Elle l’aguichait d’une main qu’elle partageait entre mes bourses et mes fesses tandis que l’autre se perdait sous les replis de sa jupe ou errait sur ses seins. Son minois tendu vers ma satisfaction, elle épiait mon visage, surveillant l’effet de l’allegretto auquel elle me soumettait maintenant et la montée de mon plaisir. Son enthousiasme et sa conviction dans le maniement de cette flûte bien embouchée m’arrachèrent bientôt des roucoulades de jubilation qui lui firent augmenter cadence et pression tandis que je râpais mon dos contre la rude écorce de l’arbre auquel elle m’avait judicieusement entravé, car je me sentais prêt à décoller. Elle débuta un presto passionné et enjoué qu’elle écourta en se retirant à nouveau :



Se redressant légèrement, elle enserra mon pénis entre ses seins et le fourbit d’un va-et-vient torride en cette prison de douceur.

Quelle image : un garçon attaché à un arbre, dénudé au-dessous de la taille, consentant à être torturé par une jeune fille vêtue seulement d’une résille noire et massant son pénis turgescent entre les globes d’ivoire de sa poitrine. Quand elle me devina au seuil de la déflagration, elle se recula un peu et, retroussant les babines d’un air vorace, revint titiller mon gland du bout de sa langue, se mettant en position d’avaler mon éruption.


Mon premier jaillissement fut pour sa bouche, puis j’aspergeai son visage et son torse des grandes auréoles baveuses de mon euphorie. Elle engloutit encore l’engin pour en pressurer les derniers sanglots. Ma frénésie retomba sans atténuer la sienne le moindre peu et, après qu’elle eut arraché la frêle blouse qui couvrait toujours ses épaules, elle se barbouilla de mon foutre, s’en frictionna face, cou et poitrail. Elle ne se contraignit nullement et me démontra ainsi que des études théoriques intelligentes et bien comprises, soutenues par une solide motivation, peuvent faire merveille dès la première expérience. J’avais souvent senti des réticences chez les femmes à se livrer à ces pratiques. Rien de tel présentement : à l’inverse, elle s’était montrée avide, tant de mon sexe que de mon sperme, comme si elle avait souhaité s’en enivrer.



Elle me libéra et s’étendit haletante sur le plaid ; mais ces extravagances en avaient fait naître d’autres dans mon esprit. Avec la cordelette, je lui liai à mon tour les mains derrière le dos puis, relevant sa jupe par-dessus sa tête, j’en ficelai les pans ainsi troussés avec un lacet retiré à ma chaussure.



La scène pouvait être perçue absolument grotesque ou extraordinairement captivante. Empaquetée jusqu’à la ceinture dans sa papillote orange, elle gigotait divinement, agitant ses cuissots d’albâtre. Je saisis l’un de ses pieds, mignon, menu, potelé, adorable pour le réchauffer de mes mains et de mon haleine. Il se détendit, elle se calma. J’aurais souhaité être pourvu de deux bouches et quatre mains pour ne pas léser l’une de ses jambes et leur prodiguer simultanément égalité d’embrassades. Dès que je touchai ses chevilles, elle frissonna et ce fut délice de voir cette peau si lisse s’horripiler d’infimes hérissements qui s’évanouissaient aussitôt qu’apparus. Tout au long de ma rampante ascension, elle augmenta à chaque seconde ses spasmes et je l’entendis s’époumoner en petits cris aigus témoins de ses impatiences. Quand d’un geste plein de mesure j’ouvris ses cuisses et y égarai une main heureuse et ma langue chafouine, elle se mit à trembler non pas de petites agitations intermittentes mais de vraies convulsions qui la contractaient intensément.


Craignant de n’être pas au rendez-vous de ce qu’elle avait appelé le soir du concert ses grandes eaux, je décidai de la débarrasser du linge qui la voilait encore. D’un geste que je fis cajoleur, je lui retirai sa culotte, ce à quoi elle m’assista complaisamment en tortillant des fesses et des cuisses dans un charmant ballet. La promptitude et la fougue de ce renfort me firent juger de la frénésie de ses impatiences. J’accédai au dôme rebondi et grassouillet de son mont de Vénus égayé de somptueux et noirs frisottis. En dessous s’ouvrait la grotte splendide ruisselante d’humeurs exquises et exhalant d’ensorcelantes senteurs. J’aurais aimé davantage m’étourdir de ces grisants fumets mais d’autres désirs me tiraillaient déjà. Mes instincts de jouisseur ne s’accommodaient pas de la précipitation, et c’était d’ailleurs chacun de ces instants, chacun de ces tableaux magiques qu’il aurait fallu figer pour le déguster à loisir. Je me coulai entre ces beaux piliers d’albâtre et m’enfonçai dans cette vallée de larmes tout en étreignant ses fesses sublimes. Je vins coller ma bouche à cette source détrempée qui bâillait largement au plaisir et n’y portai qu’à peine une langue adroite et altérée que déjà elle se tordit et geignit. Un sursaut plus vif la tendit tandis qu’elle s’écria :



Lorsque j’atteignis le bouton d’alarme, sa sirène mugit et elle ouvrit des bondes extinctrices. Elle noya mon visage de ces âcres et dives effusions, mais même « Les grandes eaux ne peuvent pas éteindre l’Amour… » (4), et mes derniers doutes quant à ses capacités de femme fontaine de la plus impressionnante espèce se dissipèrent tandis que je me repus du privilège de recueillir ainsi les fruits de mes attentions, me régalant de l’ambroisie. Je reculai un peu pour écarter ses grandes lèvres, contempler le bourgeon encore frémissant de ses émois qui m’évoqua cette expression de Flaubert : « La perle est une maladie de l’huître. » (5) et je fus confondu d’admiration tant par l’huître que par son trésor caché.



Tels mots, en sa bouche, me galvanisèrent. Je défis prestement lacet et cordelette ; elle était pivoine et roulait des yeux égarés.



Je remontai sa jupe sur ses reins et, la mettant à genoux, caressai son derrière avec mon ventre noué d’ardeurs. Je la limais avec ferveur, mes mains agrippées tantôt à ses seins, tantôt à ses larges hanches, tantôt à ses fesses dont elle faisait ondoyer les chairs dodues au rythme de mes assauts. Elle hurlait, splendide, balançant les rondeurs de sa croupe somptueuse contre mon giron. J’introduisis à charge jusqu’à la décharge. Le cri fut terrible et résonna à l’entour quand elle s’abattit fauchée par l’orgasme. Partageant encore de langoureux câlins, nous nous endormîmes tous deux presque totalement dénudés au pied de l’arbre qui me valut si savoureux supplice. Après une brève promenade dans l’oseraie qui bordait le lac nous rentrâmes à l’auberge, radieux mais épuisés.





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Ce soir, pendant le dîner, elle ne perdit occasion d’embrasser ma bague à tout propos : c’était puéril et fripon. Ces débordements expansifs d’adolescente amoureuse m’embarrassèrent d’abord, mais ils furent accomplis avec tant de conviction et de grâce, si flatteurs, que très vite je m’en enorgueillis et que j’en vins à me demander qui de nous, était à la fin, l’enfant ? Il me sembla aussi qu’elle s’abandonnait là à des facéties que la triste rigueur de sa vie quotidienne lui refusait, qu’elle se noyait ainsi volontairement, éperdue, dans ce grand bol d’air qui l’étourdissait par sa vivacité. De retour en notre chambre, elle exigea que je lui conte mes anciennes amours, préconisant d’alléger ces récits avec les bulles d’une autre bouteille de champagne. Elle précisa sa requête en ces termes :



Tandis qu’elle se nichait sur mes genoux, je lui rapportai donc quelques bluettes qui avaient agité ma vie de garçon. Au bout de l’une d’elles, un peu plus leste, à ma grande surprise elle m’interrogea :



En une boutade, je lui répondis :



Le ton et le sérieux de sa question me troublèrent cependant. Sans autres folies que des embrassades bien sages, nous décidâmes de revivre en songes les événements de la journée.




—ooOoo—




Je tenais absolument à me repaître, à l’instar de la veille, de son réveil et fus sur pied bien avant elle. Elle avait enfilé une nuisette des plus coquines qui étageait les transparences, les allégeant aux endroits sensibles, les obscurcissant dans les zones qui l’étaient moins. Je défis l’unique agrafe qui la retenait fermée et la voilette laissa apparaître la pâleur d’un sein accort, ferme, dressé et tendu comme au cœur de nos ébats et dont seul le mamelon rétractile sommeillait encore. Chacune de ses courbes généreuses proclamait une sérénité, une plénitude qu’aucun de nos longilignes modèles efflanqués n’aurait pu exprimer. Comment avais-je pu la voir un jour – certes éloigné – moche ? Nos regards formatés par les conventions en deviennent-ils aveugles ? Bien sûr, il restait ses mollets, mais je commençais à me faire même à eux. J’admirais aussi son visage détendu, le fruit vermeil de ses lèvres, juteuses et gonflées que je devinais impatientes de me déclarer l’amour qui les distendait, cette passion totale, sans restriction ni limite d’aucune sorte. Devant son minois alangui, une immense tendresse me submergea. C’était physique, et ces ébranlements agitèrent mon corps entier. C’était si fort que j’eus envie de crier. Cette tendresse n’était pas la sienne pour moi, ni à l’inverse, la mienne pour elle ; non, elle était nôtre indissolublement. J’éprouvais ce sentiment pour la première fois dans une innocence que ne venait flétrir aucune vanité de coq et compris que je l’aimais pour elle et non pour moi.


Je me souvins de ces mots dont elle avait gratifié Constance Chatterley : « Voilà une héroïne en quête du fondamental qui n’est ni amour, ni sexe, pas plus l’addition des deux mais leur sublimation dans une entité qui les dépasse. » N’était-ce pas là un fabuleux résumé de ce que nous vivions en ces lieux depuis nos retrouvailles ?

Avec des prudences de fauve à l’affût à moins qu’il ne faille dire de faune aux aguets, je portai mes lèvres à l’un de ses tétins puis l’enroulai de ma langue. L’effet ne se fit point attendre et la capsule de chair aussitôt se roidit. Elle s’étira en bredouillant :



Et après quelques secondes de dégustation de cette caresse :



Ces mots m’en rappelèrent d’autres et me firent mesurer toute la prodigieuse distance qui m’en écartait.


Nous prîmes à nouveau notre petit déjeuner dans notre chambre en tenue inconvenante, et à l’issue de cette dînette, alors que je m’apprêtais à m’habiller, elle me déclara, l’œil matois :



Une fois de plus je me demandais si j’avais bien entendu et si elle concevait clairement ce qu’elle venait de demander.



Dans un raccourci brillant, elle venait de conjuguer amour pervers et maternité, me faisant là un cadeau d’exception et ouvrant des perspectives que je n’avais pas envisagées. Tout sourire, elle reprit :



Elle s’enduisit le buste de confiture de myrtille en regrettant que celle-ci n’ait pas la tiédeur et le goût de l’autre, dont hier je l’avais aspergée ; puis, me tendant fièrement son buste, elle m’ordonna :



Je la pourléchai avec délice bien que n’appréciant guère la confiture de myrtille et me disant une fois de plus que tout n’était que question de présentation.



Elle me tendit un à un ses doigts afin que je procède à leur toilette.

J’étais assis sur mes talons, et quand j’eus achevé cette exaltante tâche elle vint s’installer sur mes genoux, face au gigantesque miroir qui si bien démultipliait la taille de notre chambre. Je glissai une main sournoise sous la voilette et entrepris de masser son torse déjà fort émoustillé par les ablutions auxquelles je l’avais soumis. Légèrement cambrée, la tête déjetée sur l’épaule, s’épiant dans la glace, elle se laissa faire dans un abandon somptueux. Sa poitrine plus altière que jamais crevait la nuisette d’attentes incendiaires.



Coulissant en avant sur mes genoux pour se mettre à quatre pattes, elle m’invita au spectacle hallucinant de sa mappemonde plantureuse et m’offrit la courbe de ses reins. Je vins les masser un instant des chaleurs de mon ventre tandis que des frissons de plaisir les contractaient et que mes mains pétrissaient ses épaules et sa nuque. Ma langue parcourut le sillon de son postérieur jusqu’à l’aven rond et mordoré, encadré d’une auréole de striures. Puis lubrifiant mes doigts d’une noix de beurre, j’en fis les éclaireurs de ces contrées. À ces prémices, elle frétilla, allègre encore. Sa face, que j’épiais dans le miroir, exprima la placide sérénité d’un lac tranquille que quelques ondes fugitives ne vinrent d’abord qu’à peine rider. Celles-ci, dès la rigueur des premiers assauts, se succédèrent de plus en plus rapprochées, de plus en plus marquées, et bientôt des vagues sauvages inscrivirent leurs fronces sur son visage.


La tempête se renforça. Des bourrasques violentes y soulevèrent des crêtes bouillonnantes, y jetèrent des paquets d’embruns qui ruisselèrent en gouttes salées. Le sourire de sa bouche s’était d’abord figé, puis contracté. Maintenant elle se dévorait les lèvres en morsures virulentes et incisives pour ne pas hurler. Et bientôt j’y perçus le triomphe progressif de la félicité sur la douleur, alors que des éructations sauvages succédaient aux pleurs. Une houle de feu vint enflammer l’écume de nos emportements. Ses seins ballottés au gré des coups de mer, son ventre si gentiment replet secoué par la puissance des lames, sa croupe grelottante de sanglots spasmodiques, ses traits révulsés, ses joues brillantes maculées par des perles éphémères, tout contribua à la parer d’une saisissante et farouche beauté. Elle se vit, s’admira et se glorifia de cette fascinante métamorphose, se convulsa, grelottante de ses affres, jubilante de ses transes tandis que je déchargeais, emplissant notre antre de clameurs sonores avant de s’anéantir. Je refluai, heureux et brisé. Un grand apaisement régna sur le théâtre de nos exploits. Se lovant tout contre moi, elle chuchota :



Il nous fallut quelque temps pour retrouver nos forces et nous refaire une dignité avant de rejoindre, au restaurant, la place où l’avant-veille elle était encore pucelle, ce qu’elle prit un malin plaisir à me rappeler.



Je n’eus pas achevé cette phrase que je la regrettai amèrement, sachant à quelles outrances elle risquait de la porter. En effet, elle déboutonna deux boutons supplémentaires et écarta tant que ce put son décolleté pour exhiber les enchantements somptueux de sa poitrine, dévoilant assez largement les dentelles de son soutien-gorge. J’insinuai ma jambe entre les siennes, retroussant ainsi sa robe puis, dès que j’en eus l’opportunité, portai la main à son genou. À ma grande surprise elle se déroba et pivota pour se tourner de trois-quarts, rendant tout accès impossible.



Je constatai alors qu’elle détournait régulièrement son regard, et, le suivant, découvris qu’elle faisait des œillades à un monsieur âgé qui déjeunait à deux tables de nous. Je dis âgé car il devait friser la cinquantaine mais se trouvait parfaitement conservé. Bref, c’était moi qui avais relevé la robe, et c’était ce vieux cochon lubrique qui s’ébaudissait d’un spectacle qu’elle alimentait sans pudeur ni retenue. Elle croisa et décroisa les jambes en veillant à lui exposer les plus vastes perspectives, le plus haut possible. Elle introduisit un doigt dans l’un des bonnets de sa lingerie pour le rabattre quelque peu en même temps qu’elle releva son sein en sorte que le haut de son aréole en déborde et que le téton affleure. J’étais atterré et sans doute rouge de confusion, de courroux et de honte, et hésitais encore quant à la façon de le lui déclarer.



La scène se poursuivit un grand moment sous mon regard médusé et, tandis qu’elle lui coulait les yeux de Chimène, lui singeait sans vergogne ceux du loup de Tex Avery. Elle se leva pour se rendre aux toilettes et corriger son maquillage, me dit-elle. Lui avait-elle adressé un signal ? Il l’y suivit presqu’aussitôt.

Avez-vous vécu de ces secondes que la jalousie distend en siècle ? Elles sont la résultante stupide et magnifique de l’amour. Elle revint l’air hilare et satisfaite d’elle.



Elle se recula et, avec un regard noir de reproche, poursuivit :



Au moment où nous quittâmes le restaurant, je vis le vieux monsieur, l’air ulcéré, sortant à son tour les toilettes et je distinguai nettement une marque rouge sur sa joue. Il allait falloir que je me méfie, car la couperose semblait contagieuse.


Nous rejoignîmes notre chambre, pour une sieste, annonça-t-elle. Tout me laissait présager qu’il n’en serait rien car si j’étais sorti de cet épisode très agacé, elle n’en était pas moins énervée. Brusquement, là, elle se montra indécise, pleine d’embarras qui ne lui étaient guère familiers. Peut-être regrettait-elle le singulier incident qu’elle venait de me faire vivre ? Cela ne suffisait, autre chose la tarabustait. Au bout d’un moment, je la priai de s’exprimer.



Elle se fit plus cramoisie qu’à l’issue du sauna :



Je fus consterné. Pour la seconde fois – la troisième si je comptais sa question de la veille en toute fin de soirée – la fille s’invitait dans ses propos. Quel obscur démon la tourmentait donc ? Elle poursuivit :



Elle n’avait pas tort, et son discours me bouleversa si fort que j’en perdis mes repères. J’y compris seulement que le respect que je lui portais passait à force pour mièvrerie et qu’elle souhaitait que les ébranlements du corps s’amplifient de ceux de l’imagination. Elle éveilla ainsi en moi une étrange et vicieuse excitation. Mais voulait-elle simplement être rudoyée, ou vraiment être traitée à l’égal d’une fille ? Ne sachant me résoudre à l’un des termes de ce choix je décidai de les conjuguer ensemble.



Une seconde, elle sembla effarée par ma proposition. Elle ne s’attendait sans doute pas à ce que j’entre si loin dans son jeu, mais comme toujours, une fois engagée, elle ne voulut se dédire. Elle me sollicita pour agrafer sa guêpière et je constatai qu’il était encore plus excitant de l’en revêtir que de la lui ôter. Fixer minutieusement, un à un, ces petits crochets qui pinçaient sadiquement son dos, s’incrustaient dans son échine fut suprêmement jubilatoire. Elle voulut ensuite enfiler ses bas mais je l’en empêchai pour m’appliquer avec toutes les maladresses masculines à rouler en boudin la fine soie, puis à la tendre sur son mollet, son genou et sa cuisse avec l’attention requise. J’adorai surtout les fixer à l’aide de cet instrument, le plus sensuel qu’on ait commis depuis l’invention de la feuille de vigne : la jarretelle, ce téton de caoutchouc mou sur lequel on passe le bas avant de le coincer dans la rigidité métallique de l’œilleton, ceci sans compter que cette opération se déroule dans des parages follement enchanteurs. Elle s’apprêta à passer sa robe mais je l’arrêtai :



Après l’avoir installée à la porte de l’hôtel comme il avait été convenu, je m’éloignai à faible distance pour la surveiller. Elle semblait vouloir disparaître sous terre et jetait des coups d’œil anxieux à droite et à gauche, espérant que personne ne passerait et ne l’apercevrait. Je revins vers elle lentement, avec une physionomie concupiscente que je n’eus guère de difficulté à adopter. Arrivé à son niveau je m’arrêtai. Recroquevillée sous sa pelisse, elle avait perdu sa belle contenance. Après quelques instants, elle se hasarda à quémander sans conviction :



Elle entrouvrit furtivement son imperméable.



Elle avait compris le message car lorsque je retournai sur mes pas, elle se redressa et découvrit ostensiblement la vitrine. Je l’apostrophai, essayant d’imiter le plus possible une voix féminine.



Revenant à nouveau, je me fis bougon et l’interpellai sévèrement :



Elle n’avait pas refermé boutique que le quidam giflé précédemment apparut au bout de l’allée. Je pensai qu’elle en serait contrite, mais au contraire elle écarta les pans de son imper et lui lança un grand sourire tandis qu’il lui décochait un regard torve. Parvenant à la chambre, elle s’enquit :



Elle sut rendre le « chéri » mielleux comme un bonbon dégoulinant de sucre.



Je m’installai dans le grand fauteuil face à elle.



Elle s’y employa avec une lenteur de professionnelle sûre de ses effets et venimeux sortilèges, soucieuse d’aguicher son client, mais aussi avec des candeurs qui conjuguaient un zeste d’innocence à une noire lubricité pour lui constituer une magnétique et sulfureuse aura.



Je tournai autour d’elle en lutinant un peu ses fesses puis en les cinglant de deux claques violentes. Elle sursauta et gémit. Je lui demandai d’enlever la nuisette et de dégrafer le haut de sa guêpière. Elle s’assit sur ses mollets et se tortilla lascivement, accaparée par ce difficile exercice.



Après l’avoir examinée comme un maquignon, j’ordonnai :



Elle obtempéra.



Elle s’exécuta encore. Je me plaçai dans son dos et palpai la culotte déjà fort humide. J’humectai mes doigts de son jus en sondant son entrecuisse puis les portai à sa bouche.



Elle rougit cette fois violemment mais je devinai que c’était plus de l’épithète que du geste. Sans mot dire, elle suça une à une mes phalanges et je compris que cela ne relevait plus en rien d’un jeu, qu’elle avait complètement endossé son rôle de putain vicieuse et soumise. Elle était pantelante, jubilait de ces extravagances en même temps qu’indignation et honte la dévoraient. Avisant la branche d’osier ramenée la veille, je m’en emparai. Je la portai sous son menton de sorte à la forcer à redresser la tête et à fixer mon regard. Elle ne se déroba pas tandis que je promenai cette badine improvisée sur ses seins. Dans ses yeux je vis l’envie se disputer à la crainte bien qu’elle avança l’offensive de son poitrail dans un geste de défi affolé. Du bout de la tige flexible, j’excitais ses tétons qui se dressèrent vaillamment pour proclamer leur indifférence face à cette menace. Je fis courir le jonc entre ses seins, descendis sur son ventre encore protégé, en griffai son mont de Vénus, puis vins frôler les lèvres de son sexe. Elle se tordit dans une émouvante convulsion. De ses yeux implorants et apeurés, elle semblait craindre autant que souhaiter que je poursuive mes vexations.



D’un coup de ma cravache, je cinglai le bas de son dos cuirassé par le tissu. Je la repositionnai à quatre pattes avant de lui assener deux coups assez forts dessinant instantanément de magnifiques zébrures sur sa croupe tendue comme la peau d’un tambour. Elle piaula vivement et encore se redressa, couvrant ses fesses de ses mains. J’en profitai pour fustiger son poitrail superbement exposé et dénué de toute protection dont j’atteignis, sans le vouloir, un téton. Cette fois, elle hurla sa douleur et se contorsionna avec véhémence.



Je me débarrassai de l’instrument de ses tourments, qui au demeurant était aussi celui des miens, car même si je tirais une jouissance perverse de ce terrible et cuisant exercice, j’éprouvais les pires réticences à la malmener, craignant de me laisser emporter. Je retirai ma chemise et vins me placer face à elle, le ventre tendu vers sa lippe. Sans délai, elle défit mon pantalon puis abaissa mon slip pour exhiber un phallus pointant au zénith. Je ressentis la terrible virulence de ses convoitises qu’elle n’aurait su exprimer mieux avec des mots. Ma toute nouvelle maîtresse était affamée de sensualité, et sa longue diète, pas plus que l’affection qui risquait de l’en écarter à jamais, n’expliquaient tout. En la langue médicale on eût pu dire qu’elle était nymphomane. Elle venait surtout de mettre le clitoris dans un engrenage en lequel elle était pressée de passer toute entière. Elle venait de découvrir au tréfonds d’elle-même un monde ignoré qu’elle brûlait d’explorer, pour en déchiffrer tant les joies que les malignités. En langue vernaculaire : son désir était absolu.



Elle m’entuba avec une délectation gourmande et une ardeur extraordinaire qui me firent comprendre combien elle avait assimilé les leçons de la veille.



Je saisis sa tête pour l’immobiliser, et en grands élans impétueux m’enfonçai au plus profond de son gosier sans crainte de la suffoquer. Elle se démena si adroitement de lèvres, de langue et de poignet, avec tant d’habileté et de frénésie que je ne pus douter de sa motivation et redoutai bientôt de me laisser aller un peu trop vite à des extrémités que je ne voulais pas encore atteindre. Je lui retirai donc sa sucette et, me postant à genoux dans son dos, m’affairai à achever de la décorseter puis à décrocher ses jarretelles. La pliant en avant, j’introduisis une main agressive entre ses cuisses. Elle tenta de resserrer les jambes ; je les écartai brutalement jusqu’à la limite de l’élasticité de sa culotte et repris ma sauvage incursion. Elle se liquéfia dès lors et je recueillis un peu de sa mouille au creux de ma main dont je vins lui barbouiller le visage. Je menaçai son huis d’un épieu exacerbé qu’elle introduisit dans la fournaise moite de son vagin, associant l’opération à un beuglement de satisfaction.



J’agrippai ses seins que je griffai tandis qu’elle traduisait mes vilenies en contractions de son vagin.



Elle escorta cette ardente supplique de féroces ruades du popotin, répondant ainsi avec enthousiasme à ma coprolalie. Un vrai délire s’empara d’elle qu’elle me communiqua. Je la limais avec fureur, me cramponnant à son cul que je claquais régulièrement avec vigueur du plat de la main. À chaque fois, elle se resserrait sur ma tige que moi je sentais à chaque fois se dilater en elle. Époumoné, je fulminai :



Elle avait maintenant les fesses rubicondes, balafrées par les deux marques que j’y avais portées mais ce spectacle, plutôt que de m’attendrir, renforça ma rage. J’accrochai ses hanches pour la tirer davantage vers mon ventre et l’investir plus profondément. Prenant appui sur un seul de ses bras, elle vint flatter sa chatte et, dans le miroir, je vis sa sève chaude gicler et se répandre en jets saccadés le long de ses cuisses.



Je m’hallucinai à la surveillance, dans la glace, de ces mamelles folles dansant selon la cadence de mes emportements. Elles se balançaient comme des battants de cloche au matin de Pâques. Je les étreignis et les malaxai cruellement, en saisis le tétin disproportionné pour le tordre et le pincer. Elle râlait d’un râle continu et puissant. J’empoignai son cou pour la forcer à redresser la tête et se regarder dans le miroir. Une extase violente déformait ses traits, une moue effrayante altérait sa bouche, ses yeux étaient presque totalement révulsés. Elle était merveilleusement belle, transfigurée par ses bouleversements. Redoublant mes assauts, à nouveau je frappai sa croupe, et à chaque coup elle se redressait, semblant quérir le suivant ; à chaque affront ses yeux s’exorbitaient et elle se secouait, démente. Elle jouit plusieurs fois pendant que je poursuivais mon infernal pilonnage.


Je la retournai enfin sur la moquette pour l’achever en lui portant le coup de grâce. D’une main trébuchante, elle m’introduisit dans ses bouillants hospices pendant que sans la moindre préparation j’enfonçai deux doigts dans son cul implorant qui les accueillit sans férir. Elle tressaillit à ce geste tout en se portant en avant afin d’être perforée au plus profond d’elle-même. Nous partîmes presque simultanément vers ces paradis d’où l’on revient, hélas, que bien trop promptement.




—ooOoo—




Dimanche soir, à l’heure du dîner, elle voulut que je descende seul au bar tandis qu’elle se préparerait avant de m’y rejoindre. Cette proposition qui devait cacher quelque excentricité inédite me réjouit fort. Quand je la vis arriver dans son uniforme – j’entends le tailleur gris escorté de ses chaussures plates – je frémis, présageant la funeste fin de nos enchantements. Nous passâmes à table, et dès que nous eûmes décliné nos commandes, elle farfouilla brièvement dans son sac pour en tirer la bague à l’émeraude que j’exécrais tant et la passer à son doigt. La mise en scène était parfaite pour simuler le retour à une antériorité que j’avais déjà enterrée et qui laissait augurer une conclusion détestable. Elle planta un regard acéré dans le mien comme elle savait incomparablement le faire lors de déclarations décisives, puis entama :



Elle était d’une gravité extrême, et sa lèvre inférieure tremblait légèrement. Je m’attendais à tout, et au pire surtout, quand les tripes nouées par l’angoisse je répliquai en balbutiant :



Devais-je lui avouer que cette interrogation m’avait déjà effleuré, et qu’un peu de réflexion m’était nécessaire pour conforter une réponse qui me semblait pourtant aller de soi ? Loin de m’effrayer, sa requête me soulagea : il ne s’agissait donc que de cela ? Ce fut d’un cœur allégé et pour la taquiner que je rétorquai :



Un vertige m’emporta.



Cette émeraude qui te révulse et dont la prétention m’horripile souvent n’est pas un bijou ; c’est une relique – qui me vient de ma mère – et une charge : celle du groupe. Je ne la quitte jamais, sauf ces temps derniers… avec toi. Si je ne paye pas dans telle brasserie à laquelle de vieux et pieux souvenirs m’attachent auxquels s’ajoutera celui de t’y avoir rencontré, et si le sauna ici est fermé quand je souhaite que tu m’y prennes, c’est simplement parce qu’ils m’appartiennent. Mon cher Loïc, tu n’es la victime d’aucun stratagème, et je te supplie de ne pas me tenir rigueur de cette cachotterie ; mais j’ai vu tant d’avanies, j’ai subi tant de prétendants comme l’Arnaud de l’autre soir, prêts à toutes les bassesses pour séduire la ventripotente rosacée et empocher sa fortune… Je suis à présent aussi assurée de la sincérité de ton sentiment que de celle du mien à ton égard.


J’étais consterné autant qu’ému. La simplicité de sa requête m’avait touché ; l’aveu de son statut m’étourdissait. J’avais bien entendu causer de la grosse dont certains disaient que le matelas de millions amortirait le poids des kilos, mais l’idée de seulement la rencontrer ne m’avait jamais effleuré.



Le réquisitoire qui suivit fut le plus terrible que j’aie jamais entendu.



Si tu m’épouses, une naissance devra suivre rapidement car ma santé ne me permet pas de délai. Il faudra que tu prennes un poste de la plus haute responsabilité dans l’entreprise : finies les RTT, et bonjour le bagne ! Cela commencera par une formation au management que j’ai déjà programmée mais qui se déroulera à l’étranger. Voilà pour les charges aisées.

Déjà plus pénible : pense bien que ma santé déclinant et sa dégradation pouvant être et rapide et importante, tu finiras certains jours par te reprocher d’avoir sacrifié la vraie vie aux millions et par me – et te – haïr, peut-être. Sans compter qu’en prenant de l’âge, on gagne souvent en embonpoint, ce qui ne facilitera pas ma mobilité et n’améliorera pas ma prestance.

Tu t’apercevras vite, en outre, que si la pauvreté est misère, la richesse est un fardeau. Je ne fais pas partie de ces héritières qui s’efforcent de dilapider la fortune amassée par ses parents en vains colifichets : trop de pauvres gens dépendent de la santé du groupe pour que je puisse les menacer par des caprices. Quand nous nous croiserons, nous échangerons ainsi moins de câlins que de réflexions concernant les stratégies d’entreprise. Depuis que j’ai accédé à mon rôle, je ne m’accorde qu’une quinzaine de jours de détente par an, en Éthiopie, où j’essaie de vivre selon le mode de vie du pays et de tout oublier du mien. Eh bien, souvent, ces congés, nous ne parviendrons pas à les prendre simultanément.

Mais le pire n’est point-là. Le pire viendra de ces humiliations auxquelles on te soumettra, on nous soumettra quotidiennement sans cesser d’essayer de nous atteindre, chacun à travers l’autre, car n’ayant plus rien à espérer, on n’aura aucune raison de m’épargner. Je ne vois dans la situation actuelle que mon père seul capable de comprendre et de nous soutenir, mais tout à fait impuissant à endiguer la calomnie et la vindicte qui surgiront de partout.

Même si je confessais sur la place publique l’histoire vraie de notre liaison, on me tiendrait, moi pour naïve, toi pour un comploteur adroit et filou. Imagine une seconde la façon dont évolueront tes relations de travail quand tes chefs et tes subordonnés apprendront que tu baises la grosse moche engraissée de millions. Bien sûr, on te félicitera ; et quand bien même il n’en serait rien, tu verras au coin de lèvres présumées hypocrites un rictus d’envie, de dégoût ou d’apitoiement. Dans les moments les plus imprévus on viendra s’informer de ma santé, non sans sous-entendre que bientôt tu seras débarrassé de l’infirme et qu’alors la belle vie s’ouvrira. Tu n’es pas du sérail et ne peux imaginer toutes les vexations que sauront t’infliger ceux qui en sont, les petits Arnaud Combfort qui prétendront, pleins de sollicitude, t’apprendre le golf ou le polo pour s’étonner que tu ne les pratiques pas.

Si tu t’occupes de moi et te montres attaché on ricanera, estimant qu’il est bien normal de payer sa dette, surtout de si peu d’efforts. Si tu me délaisses, c’est moi qu’on viendra plaindre de ta félonie. Pour l’instant, tu te moques des sourires entendus au sujet de la boiteuse ventrue, pauvre épave accrochée à ton bras ; mais comment le vivras-tu à la longue ? Aucune auréole ne me décore du titre de milliardaire pour compenser les tares que j’affiche ostensiblement. Le moindre de tes faux-pas me sera rapporté et développé avec une complaisante sollicitude masquant une réelle férocité. Le moindre des miens sera abominablement commenté et attribué soit à mon aveuglement, soit porté au compte d’une faiblesse d’entendement. Des complots savamment ourdis, dont nous ne démêlerons pas toujours la rouerie, viseront à nous dresser l’un contre l’autre, et rien ne garantit qu’ils n’atteindront jamais leurs fins. Au début, tu penseras que ces vilenies ne s’étendront pas au-delà ta période d’intronisation, avant de constater leur vigueur sans cesse renouvelée.

De quelle manière survivrons-nous à toutes ces humiliations ? Ne finirons-nous pas infailliblement par nous lasser et succomber, nous en vouloir et nous entre-déchirer ?


La charge, qui se prolongea, fut si impitoyable, si accomplie, si structurée et cohérente que je ne parvins à trouver les raisonnements pour contre-attaquer et la contrecarrer. Je manquai d’en pleurer et ne sus guère que la prier d’oublier les vilenies qu’elle avait à sa propre encontre proférées. Nous empruntâmes le chemin de nos ivresses folâtres du vendredi soir, accablés cette fois par une terrible chape de plomb. Sitôt notre chambre gagnée, elle se coucha et s’endormit immédiatement, épuisée par ses confessions.


Je me dis que connaissant toutes ces données, elle avait dû les ruminer maintes et maintes fois. Par quel prodige avait-elle pu dès lors être aussi détachée et enjouée pendant tout ce week-end ? C’était désormais à mon tour d’être écartelé. Et je le fus la nuit entière, ne pus fermer l’œil qu’au petit matin pour un bref sommeil qui n’eut rien de réparateur. Quand je m’éveillai, elle avait disparu.


Je ne décrirai pas les affres de cette journée, ni les pensées que j’entrelaçai dans un chaos morbide. Si les deux jours écoulés m’avaient ouvert les portes du paradis, ce lundi me jeta aux enfers ; une géhenne qui, au vu des épisodes précédents, n’en fut que plus affreuse. Je cherchais vainement les termes d’un compromis, d’un différé possible sans en trouver un qui puisse répondre à son inflexibilité. À chaque fois qu’il me semblait en dégager un, l’un de ses arguments de la veille me revenait et relançait mes perplexités.


Les raisons du oui étaient massives, celles du non subtiles et beaucoup plus insidieuses. Aurai-je la force de résister à toutes les petites et grandes calamités qu’elle m’avait prédites, surtout dans la durée ? Disposerai-je de la carrure nécessaire à la conduite d’une entreprise aussi importante ? Je ne manquais pas d’ambitions, mais je n’avais jamais imaginé les satisfaire ainsi et m’étais souvent moqué des milliardaires qui ne pouvaient rien désirer qui ne leur soit aussitôt acquis. Allais-je siéger, sur un strapontin, à leur sinistre tablée ? Le oui, qui d’abord s’était imposé, fut bientôt chancelant, puis battu en brèche.


Je songeai dès lors à m’échapper subrepticement pour ne pas devoir l’affronter avec cette décevante réponse. Ma lâcheté m’accabla, mais je n’allais tout de même pas répondre oui en raison de celle-ci seulement ou d’un apitoiement sur son sort et le mien. J’étais jusqu’ici parvenu à ne pas céder à la commisération dangereuse ; il aurait été de sombre augure de s’y abandonner présentement.




—ooOoo—




Le soir, je ralliai le restaurant à l’heure dite. Elle était installée à notre table, toute d’écarlate habillée, et dès qu’elle me vit elle barra ses lèvres d’un doigt pour m’interdire de parler. Je baisai son front avant de prendre place en face d’elle. Elle me tendit alors son assiette sur laquelle la serviette pliée dissimulait d’évidence un objet. Tandis que je dépliais le linge, elle pointa son annulaire vers moi pendant que je constatais que dans les replis de la serviette étaient disposées deux bagues : l’émeraude honnie et mon petit brillant. Ce sens du raccourci et de la mise en scène dont je m’étais jusqu’alors délecté m’affligèrent. Allais-je savoir me résoudre à la parer de cette gemme dont je l’avais dépouillée, il n’y avait que quelques semaines ? Une fois encore mon hésitation fut extrême ; toutes mes résolutions vacillèrent puis, concentrant sur elle un regard anéanti, les yeux gonflés de sanglots, je finis par enchâsser l’émeraude à son doigt.


Une unique larme jaillit de ses yeux, ravageant son rimmel et son fond de teint. Une lame de tsunami ! Elle retrouva son menton anguleux. Il y eut un instant de silence étranglé d’émotion avant qu’elle ne déclare :



Je répondis :



Elle accepta, me raconta son enfance, sa jeunesse, son adolescence avec une verve folle, puis abordant ses années d’études, sa voix se cassa. Elle rappela le décès de sa mère et conclut :


— Depuis je n’ai plus vécu jusqu’au jour où j’ai vidé mon sac à main au pied d’un inconnu.


Un lourd mutisme s’établit, qu’aucun de nous dès lors ne sut briser et pesa sur la fin du repas. Celui-ci achevé, elle insista pour me reconduire jusqu’à ma voiture et, chemin faisant, pour achever de me désespérer me confia :



Arrivés au parking, elle m’enlaça de son étreinte de pieuvre et me murmura à l’oreille :



J’acquiesçai donc. Tout son visage instantanément s’égaya comme si cet assentiment effaçait son accablement. En se précipitant vers la réception de l’hôtel, elle me cria : « J’en ai pour cinq minutes, attends-moi. » Une nouvelle fois je fus tenté de fuir ; tout me le commandait, mais je ne sus m’y résoudre. Bientôt elle revint armée d’une lampe-torche et, me prenant par la main, m’égara dans un lacis de sentes étroites bordées d’épineux et de buissons touffus.


Nous abordâmes une minuscule crique au bord du lac où l’eau clapotait doucement sous les effluves d’une lune d’argent totalement pleine. Elle éteignit sa lampe en m’invitant à ôter pour le moins veste, pantalon et chaussures. Je me déshabillai complètement tandis que devant moi, elle pénétrait lentement dans les eaux tièdes sans enlever le moindre de ses vêtements. Dès qu’elle eut de l’eau à mi-mollet, elle s’étendit sur le dos, écartant les pans de sa robe qu’elle venait de déboutonner. Elle avait, vraisemblablement pendant sa brève disparition à l’auberge, retiré tous ses sous-vêtements. Quel spectacle ! L’ivoire des chairs entouré d’une auréole mouvante de corail. Seul son visage et les cônes bénis de ses seins transperçaient l’onde. Le clapot brouillait ses formes, les découpant en flammèches pâles se mêlant aux moires par la lune jetées. Je m’allongeai à son côté. Il n’y eut ni fougue ni frénésie, mais une infinie tendresse. Longuement nos mains, pleines déjà de nostalgie, se promenèrent sur le corps voisin comme désireuses de s’imprégner de son modelé, de son grain et de sa finesse. Je palpai ses seins ; elle s’empara de mon pénis sans qu’en ces gestes ne président une ardeur grossière, une fatalité d’accouplement. La fatalité – nous ne le savions que trop – était ailleurs, et l’impression que le flot emportait nos caresses nous opprimait, la renforçant.


Elle souriait d’un sourire fin et persistant comme un enfant sourit à sa mère retrouvée. Le sable égratignait nos dos et s’empreignait de notre union. Nous eûmes, j’en suis convaincu, le sentiment de partager le même délice. Assuré enfin de m’être gavé des moindres parcelles de sa peau je m’agenouillai entre ses jambes, glissai un bras sous ses fesses pour émerger le mont de Vénus. J’y portai un hommage vibrant auquel elle ne répondit qu’en roulant des yeux déments et en se dressant vers moi dans une chaude supplique. Je m’engageai en elle, répétant mes prévenances du vendredi soir, tout en douceur et lenteur. Elle répondit de la même manière, harmonisant les spasmes de son vagin avec une savante connivence. Nous n’accélérâmes qu’insensiblement la course, trop heureux de déguster tous les tressaillements de nos chairs, les replis les mieux cachés de nos anatomies.


Je sentis son orgasme à cette crispation qui lui fit enfoncer ses ongles dans mon postérieur, et je m’abandonnai en elle comme si je voulais me condenser tout entier dans mon éjaculat. Je souhaite à tout homme de vivre au moins une fois telle étreinte aux confins du désespoir, de la fougue et de la tendresse.



Étranglé de chagrin, je ne dis rien, l’embrassai tendrement et m’en fus furtivement. À peine eus-je fait quelques pas que j’entendis sa plainte sanglotante adressée à la lune.




—ooOoo—




Quant à moi, six mois s’écoulèrent, lourds de chagrin, puis je rencontrai une ravissante rousse qui devint ma compagne et dont il n’était pas que la seule chevelure à être de feu. Il ne s’agissait pas d’être à sa mémoire infidèle, mais d’endiguer un peu ma peine. Après avoir été attentif aux susceptibilités de ma chère dodue, je dus l’être aux irritabilités de la belle filiforme, la conforter dans ses vanités, supporter les arrogances qu’elle déployait comme autant de caprices. Elle s’épuisait au culte de sa personne et tentait d’y convertir ceux qui l’approchaient. Pour comble, elle se gaussait de toutes les laides et boulottes qu’elle croisait avec une férocité extrême. J’essayai plusieurs fois de la tempérer, ce qui ne fit qu’accroître sa vindicte.


Elle avait un goût particulier pour la sodomie ; aussi, après qu’elle se fût un jour moquée d’une femme corpulente en disant qu’on devait peiner à approcher sa rondelle, je lui rétorquai que leur trou du cul à toutes deux devait néanmoins afficher la même dignité. Dans les heures qui suivirent, elle fit son bagage et s’en fut, à mon plus grand soulagement. Je revis encore de rares fois André et Yves, mais nos relations s’estompèrent et cessèrent rapidement. Nous n’évoquâmes jamais celle qui, pour des raisons et de manière très différentes, avait causé nos déboires. Je fis désormais des détours importants pour ne plus croiser la statue du parc et n’osai remettre les pieds dans notre brasserie.


Pour sa part, des bans furent promptement publiés, puis elle se maria et conçut bientôt l’héritier du groupe. Deux ans après, elle divorça d’un mari volage qui ne lui avait même pas – disait une rumeur – accordé sa nuit de noce. Peu après, son père fut victime d’un accident cardiaque. Reprenant seule les rênes du groupe, elle trouva là l’occasion d’en réunir tous les cadres. Je ne l’avais pas revue depuis le fatal lundi et fus surpris de la voir amaigrie, un peu grandie de ce fait, les traits terriblement durcis et s’appuyant désormais lourdement sur une canne. Elle parcourut l’assemblée d’un regard d’aigle, y cherchant visiblement quelqu’un ; et quand elle m’eut découvert, elle entama son allocution, hommage à son père, prestige du groupe, responsabilité face aux salariés et grandeur de la tâche collective. Régulièrement elle me dévisageait, moi qui n’écoutais rien, surtout après m’être aperçu qu’à son doigt rayonnait non pas l’émeraude du pouvoir mais mon petit brillant. Je revécus en ma mémoire, tout au long de son discours – qu’on m’affirma par la suite avoir été éblouissant tant il avait su mêler les intérêts du groupe avec un profond humanisme – un week-end enchanté.

Quand les applaudissements – qui n’étaient pas de complaisance – se furent calmés, elle descendit de l’estrade, se dirigea droit sur moi pour me déclarer :



Elle s’appuya sur mon bras, et tandis que beaucoup se demandaient ce qui me valait ce privilège, je l’accompagnai au travers d’un dédale de couloirs vers la sortie. Elle me chuchota :



Elle m’invita à monter avec elle dans l’énorme limousine qui stationnait devant la porte. Depuis, terré dans son ombre, je suis son éminence grise, son collaborateur et son amant.


Oui, les grosses laides peuvent nous entraîner en de biens singulières amours.




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(1) Cythomiel : conjugue Cythère et miel dans ma langue. La française voudrait qu’ici j’utilise foutre, cyprine, mouille, jus ou une quelconque périphrase. Je les utiliserai en d’autres occasions, mais il nous faut aussi savoir user de notre droit au néologisme, à moins que nous ne nous déchaussions de ce pouvoir au profit de l’Angleterre et de la banlieue. D’autre part, je n’aime pas cyprine pour ses résonances trop techniques, chimiques et médicales ; quant au foutre liquoreux, il paraît connoté, imprécis, et selon certains, ancien et désuet : « Foutre, je leur en foutrai ! » Retour


(2) Peinture de P.P. Rubens, L’Hermite surprenant le sommeil d’Angélique.Retour


(3) Peinture ronde de J.D. Ingres représentant une foule d’odalisques dénudées au bain turc. Retour


(4) Cantique des cantiques, chapitre 8-7. Retour


(5) Gustave Flaubert, Lettre à Louise Colet du 16 septembre 1853. Retour