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Temps de lecture estimé : 27 mn
23/10/15
corrigé 07/06/21
Résumé:  Je rencontre dans un café un jeune imposteur qui se fait passer pour un peintre de la renaissance et me raconte comment l'ont séduit la femme et la belle-mère du seigneur dont il exécutait le portrait, l'initiant ainsi à l'amour.
Critères:  ffh fplusag fsodo init historique
Auteur : Laure Topigne            Envoi mini-message

Série : Hallucination - Billevesée et Gaudriole !

Chapitre 01 / 03
Hallucination - Billevesée et Gaudriole !

Hallucination – Billevesée et Gaudriole ! (1/3)




Les premiers jours du printemps avaient fait fleurir les tables aux terrasses des cafés et je dégustais tranquillement mon scotch à celle du Phyllis quand je distinguai un jeune homme à son étrange tenue, pourpoint et haut-de-chausse tout droit tirés de l’époque médiévale.

Il circulait de client en client, ouvrant sous leurs yeux un grand carton à dessin. Il semblait vouloir m’ignorer et je m’en réjouis car il m’était toujours pénible d’éconduire ces importuns.

Il allait se retirer quand, brutalement, revenant sur ses pas il se dirigea droit sur moi et me salua.



Plus que défiante, je l’admis à ma table tandis qu’il se lançait :




oooo0000oooo





Quelques jours plus tard, je m’installai pour une durée indéterminée dans le vaste atelier qu’il m’octroyait, selon nos conventions, au sein de son immense demeure seigneuriale. Dès le souper il me présenta sa famille soit son épouse, la mère et la fille de celle-ci.



Je fus en effet tant surpris qu’ébloui. À peine plus d’une trentaine d’années devait séparer la plus jeune, Käthe, de l’aïeule Lutgard qui devait tout au plus avoir cinquante-cinq ans, qu’elle portait d’ailleurs fort allègrement. Si le temps marquait en ces époques irrémédiablement les gens du peuple affrontés aux difficultés de la vie et la pénibilité de leurs besognes, les nobliaux ne vieillissaient guère que du poids de l’oisiveté. Elfriede, l’épouse, occupait la situation intermédiaire dans cette étonnante galerie de femmes, auxquelles, pour accentuer les ressemblances, un caprice du maître de maison disant qu’il aimait voir sa cour à l’unisson, prescrivait des vêtures semblables.


Comment le peintre que j’étais en passe de devenir, aurait-il pu rester insensible au charme de ce trio d’autant plus attrayant qu’elles étaient toutes trois admirables, déclinant une beauté unique au fil des générations. Je découvris très vite qu’à l’exception du vêtement, elles avaient en outre l’intelligence de s’accommoder chacune des grâces et avantages de son âge. Mes relations au beau sexe s’étaient jusqu’à ce jour bornées à courtiser, en l’atelier du maître, quelques modèles qui ne l’étaient assurément pas de vertu et préféraient offrir leur complaisance à des artistes établis et donc, quoique je ne fus pas pauvre, plus fortunés que moi. Je trouvais chez mes charmantes hôtesses une fraîcheur et une grâce qui n’étaient plus le fait des grandes cités où le paraître prenait tant d’importance qu’il finissait par s’exposer comme vernis brillant mais mensonger éclipsant jusqu’à l’annihiler le vrai caractère.


Immédiatement, ce fut dame Elfriede qui réveilla ma passion et si j’étais entré à table le cœur libre et plein de fantaisie, j’en sortis, deux heures plus tard, éperdument amoureux de cette noble et majestueuse femme. Elle m’aveugla de sa blondeur encadrant un visage régulier aux traits pleins de distinction et de finesse. Elle m’impressionna par sa grande taille dont la perfection des proportions m’émerveillait. Je l’avais, sans discontinuer, épiée du coin de l’œil et tout en elle m’avait séduit sauf l’acuité de son esprit et son intelligence qui nourrissaient une effrayante gouaille. Cela n’était pas pour me déplaire et j’aimais ce tempérament vif et trempé mais il m’inquiétait un peu, alimentant mes complexes et anxiétés.


Les jours suivants, je fis ma cour surtout au comte qui s’en montra très satisfait ainsi que de mes premières esquisses, ce qui me valut une rapide signature de mon contrat. Je restais fasciné par sa brillante épouse, si envoûté qu’elle en vint à me terroriser et que toute approche d’elle me conduisait à une succession de bévues. Je bafouillais lamentablement, marchais sur la traîne de sa robe, arrosais ses vêtements du contenu de ma coupe, accumulais les balourdises qui sont le propre d’un timide amoureux. Elle semblait n’en rien percevoir, mais me témoignait amitié et intérêt tout en restant distante.


La situation devenait insupportable et pour me distraire de ce malheureux amour, condamné à la déconvenue, qui me faisait passer pour un nigaud et perdre tous mes moyens, je décidai donc de me consoler quelque peu avec la fille des rigueurs de la mère. Après tout, celle-ci lui ressemblait beaucoup, était mieux accordée à mon âge, n’avait point encore trempé sa verve, et pouvait même éventuellement représenter un parti fort honorable. À défaut de me satisfaire pleinement, ce dévolu m’apaisa et m’occupa. Je me berçais dès lors en langueurs malignes et profitais de mes assez longs et fréquents moments de liberté, quand je ne peignais pas, pour assiéger Mademoiselle Käthe d’une cour assidue. La partie n’était pas gagnée cependant, et la belle semblait me considérer comme relevant davantage de la domesticité que de son monde.


Je lui fis, à l’envi, révérences et compliments si hardiment qu’elle consentit à me concéder un brin d’attention. Ce jour-là, elle avait daigné m’accorder la faveur d’une promenade dans le parc du domaine familial, sur les rives de l’Andlau. J’avais multiplié mes éloges et, alors qu’au retour nous approchions de la demeure, je laissai entrevoir ma flamme. Elle s’enfuit et, la poursuivant, je tentai de la retenir par une manche de son habit. Le brusque mouvement qu’elle fit pour se libérer lacéra le vêtement et me révéla les splendeurs frémissantes d’un jeune sein d’albâtre. Consternée, elle s’arrêta tandis que j’en profitai pour me confondre en excuses tout en la serrant dans mes bras. Elle me repoussa sans y mettre trop de vigueur et s’échappa rouge comme les pivoines du jardin. Sa mère nous épiait derrière le volet de sa chambre d’où elle ne vit que la fin de la scène qui la persuada que j’avais une liaison avec la pucelle.


Au dîner, ne me doutant de rien, je surveillai la donzelle placée juste face à moi, aux côtés de sa mère. Je constatai que la manche décousue avait déjà été très habilement raccommodée. Sans me témoigner de vindicte particulière, elle s’efforça néanmoins de porter ses regards partout hormis sur ma personne. Cela ne m’affecta nullement et j’en conclus qu’il me faudrait à l’avenir améliorer mes tactiques de séducteur. J’en étais à ces réflexions quand son pied vint s’égarer contre ma jambe. Ce n’était d’évidence pas là un accident et sa pression insistante ne pouvait laisser de doute : il espérait être agréé et quémandait réciproque. Je sondai à nouveau les traits de ma vis-à-vis pour constater qu’ils demeuraient impénétrables. Je séquestrai donc cette jambe entre les miennes et la serrai fougueusement tout en veillant à n’en rien laisser paraître sur mon visage. Cela se prolongea tout au long du repas sans qu’à aucun moment nous n’affichions les troubles que nous inspiraient ces jeux affriolants. Käthe se retira ensuite dignement sans d’aucune manière m’engager à la suivre. Ce fut sa mère qui vint me proposer de rejoindre avec elle la bibliothèque pour lui faire lecture. Je n’y fus pas plus tôt entré qu’elle m’admonesta avec fureur :



C’est donc en tremblant qu’à l’heure dite je me rendis à la chambre de dame Elfriede. Lorsque je frappai à sa porte, je perçus un insolite branle-bas et peut-être quelques chuchotis. J’imaginai alors, son mari armé soit de sa gigantesque rapière, soit de quelque dague affilée et se dissimulant dans l’ombre, ou pire des domestiques brandissant des gourdins ignobles et se cachant derrière les tentures lorsqu’enfin elle m’ouvrit sa porte.


Elle affichait cet air sévère qui m’épouvantait et comme j’hésitai toujours à entrer, elle agrippa mon bras pour me tirer à l’intérieur puis pousser le loquet. Elle se métamorphosa, arbora subitement le plus gracieux des sourires qui acheva de me déconfire. Dès lors, je ne vis plus que les tapisseries qui tremblaient, puis son sourire, des ombres qui s’agitaient dans le recoin le plus obscur de la pièce, puis son sourire, des lueurs métalliques surgies des tréfonds de la chambre, puis son sourire. J’entendis des grincements sinistres émanant du fond de l’immense armoire et me rassurais, une fois de plus, à son sourire. Elle s’était changée et son nouveau costume la rendait encore plus désirable. Il modelait mieux son corps et exposait avantageusement ses formes. De surcroît, tout blanc, il s’harmonisait si parfaitement à son teint que dans le faible éclairement céans je pus, à défaut de la voir, au moins la deviner presque dépouillée de toute vêture.



Le ton était apaisé et badin, à peine narquois. Elle s’assit face à moi dans une large chaise curule en rejetant légèrement sa tête en arrière. Elle remonta les manches de son habit sur l’ivoire immaculé de ses beaux bras et respirant profondément avec un air de patience accablée, attendit ma réponse.



Puis changeant brutalement de conversation comme pour signifier que ce sujet était épuisé, elle interrogea :



Conjointement à ces paroles, elle desserra le haut de sa robe et glissa deux doigts dans son corsage en prenant un air frivole. Le doute n’était plus permis, elle me faisait des avances tandis qu’empreint de ma gaucherie coutumière, je demeurais paralysé et commençais à lui décrire les beautés de la cité.



Elle s’était maintenant déplacée dans mon dos et je pouvais à loisir rougir.



Relevant le bas de sa robe, retirant l’un de ses chaussons de vair, elle vint poser le pied le plus gracieux du monde entres mes cuisses et, visiblement contrariée par mes incompréhensions, poursuivit :



Consterné, je restais pétrifié et ne répondis point. Elle me relança :



Imaginait-elle le moindre peu, combien celle-ci et son pied m’avaient fait fantasmer ?



Le ciel me tombant sur la tête ne m’aurait pas plus ébranlé. Abasourdi, j’enserrai enfin son mollet dans mes mains brûlantes et le caressai prudemment regrettant de ne palper, hélas, qu’un tissu. Un subit revirement me fit alors basculer de l’extrême timidité à la plus extravagante témérité. J’enfouis mes mains sous le sanctuaire de la robe et elles remontèrent prestement jusqu’au fin lacet retenant son bas qu’elles défirent promptement. L’une ensuite poussa plus avant, poursuivait son audacieuse escalade, tandis que l’autre s’occupait à rabattre le bas sur la cheville. Retirant enfin celui-ci, je découvris la délicatesse et la blancheur de son pied sur lequel j’appliquai avec une fougue que je n’eus aucun besoin d’exagérer l’hommage incandescent de mes lèvres.


Bien qu’elle n’attendît que cela, elle tressaillit en proférant un petit cri de surprise. Mon baiser maintenant grimpait le long de sa jambe entraînant l’étoffe de son habit, précédé par une main qui n’avait cessé de progresser sur des chairs chaudes et fermes jusqu’à la moiteur de son plus haut entrecuisse. Dieu, que de douceurs s’offraient en ces parages. Par instant, je jetai de brefs coups d’œil sur son visage, y quêtant un agrément. Ce dernier m’était acquis d’office et le minois révulsé de la belle m’enseignait qu’à ses désirs je répondais absolument. J’allai accéder au graal le plus convoité d’un puceau quand la dame se déroba à mes élans.



Elle se releva, tentant d’inscrire en ses traits un peu de cette dignité qui les avait fuis et je l’imitai, contrit de devoir ainsi abandonner mes récentes et précieuses conquêtes. Nous étions tous deux écarlates et pantelants. Je m’empressai de délacer et déboutonner, n’ayant jamais auparavant été attelé à si stimulante besogne et bientôt la robe s’oublia à ses pieds. Ce fut Vénus en personne qui, à mes yeux, s’exhiba et à nouveau je me figeai dans une immobilité stupéfaite, médusé non par une quelconque crainte mais par la plénitude de ses grâces. Elle se garda bien cette fois de me réprimander pour ma paralysie et je compris à son sourire qu’elle dégustait avec ravissement l’estime dont celle-ci témoignait.


Elle ne portait aucun bandage de poitrine et se livrait somptueusement nue maintenant, à l’exception de son second bas suspendu au-dessus du genou. Imaginez la blancheur laiteuse de ce corps, juste rosi par les émois qui venaient de le transporter, et un voile de délicate pudeur trahissant une légère gêne qui la nimbait d’une grâce exquise et la distinguait des modèles dûment appointés que seuls, jusqu’à ce jour, j’avais en cet état découverts.



Si elle le dit, point trop cependant ne m’en laissa loisir et gagnée déjà par d’autres frénésies, elle vint se coller à moi pour prendre mes lèvres avec vivacité tout en défaisant les aiguillettes qui retenaient mon haut-de-chausse. L’ardeur de son baiser me dédommagea de la perte de ce vêtement qui dégringola et fut suivi dans ce mouvement par ma charmante déesse se mettant à genoux devant mon anatomie.


Je tentai de la redresser, car telle position ne seyait guère à si gente dame mais lorsqu’elle saisit, pour l’absorber dans sa bouche vermeille mon sire triomphant, toute bienséante pensée, pour ne point dire toute pensée simplement, déserta mon esprit. Une immense plénitude des sens vint suppléer au grand vide qui envahissait mon entendement. Je sentis ses dents érafler mon gland, ses ongles érailler mes fesses, puis à nouveau cette succion torride qui m’engloutissait. Je me dandinai et me tortillai, j’ébouriffai sa coiffe en geignant et fut rapidement au bord de l’anéantissement mais dès qu’elle augura ma prochaine explosion, elle m’abandonna. Elle multiplia ainsi les plus délicieux agacements et chaque fois que je pensais qu’elle allait exaucer mes fièvres, elle se dérobait à l’instant crucial, amplifiant mes frustrations, augmentant mes appétits. C’était donc cela les jeux de l’amour ! Ces manœuvres habiles et permanentes alternant avances et reculades pour générer une insoutenable tension. Certes, j’étais comblé, mais j’avais imaginé plus de douce volupté et moins de savantes stratégies. Enfin, elle me délaissa pour aller s’établir à quatre pattes sur le lit d’où elle m’enjoignit de la rejoindre :



Je m’approchai respectueusement et me mis à genoux devant cette merveille que je n’osai d’abord qu’effleurer. Sa peau, en ses auspices, présentait le duveteux velouté des pêches et la couleur des neiges. Son dos, son ensorcelante chute de reins me bouleversaient de leur majesté et combien je regrette de n’avoir jamais consacré à mes pinceaux ces beautés. Je flattai ses trésors de mes mains, de mes joues et de mon torse mais elle se lassa rapidement de ces mièvreries.



Saisissant l’un de mes bras, elle me tira vers elle en sorte que je vienne m’accoler à sa croupe superbe. Puis elle conduisit ma main à son sein tandis que des vifs frétillements de son postérieur elle cajolait ma virilité éperdue. Cependant je caressai ses rondeurs de mon ventre et embrassai ses reins avec ardeur. Elle s’empara ensuite de messire pour l’amuser au seuil du temple sans toutefois, en dépit de mes vives attentes, l’y engager. Et encore elle se releva, me traîna vers un siège où d’autorité elle m’assit avant de s’installer à califourchon sur mes cuisses.


Elle m’invita à défaire sa coiffure et les mèches blondes bientôt s’écoulèrent en cascades dorées sur nos bustes, les chatouillant de leur onde. Celles-ci dissimulaient ainsi à nouveau de leur voile léger la magnificence de ses petits seins ronds au modelé admirable et il me les fallut écarter pour apposer la dévotion empressée de ma bouche sur ces dômes. Elle avait empoigné mon organe raidi de respect pour en son antre galant l’introduire. Elle le fit glisser entre d’autres lèvres congestionnées et si d’abord l’étui me parut étroit, elle se cambra et à grands coups de rein l’avala tout entier. Je répondis à cette divine pression en agrippant de mes mains convulsives ses seins brûlants et manquai défaillir.


Ce fut si bon que je ne contins que difficilement un hurlement de bonheur, ce dont elle, par contre, ne se retint. Elle se redressa et de peur qu’encore elle ne s’échappe, je m’accrochai à elle avec toute l’énergie de l’espoir. Mais non, à nouveau elle s’enfonça sur moi décuplant mes transports. Après quelques va-et-vient, je sentis un liquide chaud et poisseux s’épandre sur mes jambes tandis que la belle était en transe, fulminant des propos incohérents. Je m’élevai aux nues et me sentis à l’orée du plus éclatant plaisir lorsque, profitant de ma pamoison, elle se retira et s’enfuit pour aller s’étendre sur le lit, jambes largement écartées et me tendant son puits d’amour dégoulinant de sève dont elle écarta les pourtours de deux doigts impatients. Je m’agenouillai devant ce sanctuaire, trop heureux de m’incliner devant des sources dispensatrices de tant de félicités et tout en me saisissant de sa poitrine, je vins appliquer la déférence timide de ma bouche sur le bijou d’amour et y déposer un baiser passionné. Elle tressaillit mais n’entendant pas se satisfaire de cet effleurement, elle saisit ma tête qu’elle pressa résolument contre son sexe décoré d’une toison magnifique, clairsemée, pâle et à peine rousse.


Elle me maintint si énergiquement que je ne pus que difficilement respirer et craignis l’étouffement. Je devinai qu’il me fallait téter ces lieux enchanteurs et je me perdis en cet huis avec une vivacité brouillonne. Elle ne relâcha pas sa pression et tandis que plus minutieusement je l’explorai, j’y découvris un beau bouton frétillant de mon hommage. J’y déployai alors toute l’ardeur de ma langue et tandis que je m’en emparai, elle gémit et serra ses cuisses, broyant ma tête en leur étau. Je n’en ressentis que mieux la fougue de ses tressaillements, je perçus la vibration de ses prières en complaintes sonores déclinées et compris ce que signifiait donner du plaisir, compris surtout que c’était à ce don qu’on trouve le sien.


Entre deux halètements, elle me libéra et m’implora de maintenant la couvrir. J’aurais aimé m’y refuser, non par frayeur mais pour, en une juste revanche, lui imposer l’exaspération d’infinies tergiversations, mais au point où j’en étais, je ne sus me contraindre à ce sacrifice. Je m’étendis donc sur elle de tout mon long, la caressant de mon corps, roulant mes chairs brûlantes sur l’ivoire de sa peau. La douceur de ces contacts m’enleva en extase fantastique déjà. Elle geignit et frémit puis, saisissant à nouveau mon beau sire, elle l’introduisit au palais de nos béatitudes. Pour l’engloutir profondément, elle se cabra et je le sentis s’enfoncer dans son velours puis elle se détendit et vint nouer ses jambes autour de ma taille.


Elle tremblait si intensément que je craignis la voir se disloquer. Je réalisai que c’était à mon tour de l’assaillir de mes ruades et si je commençai précautionneusement de peur de la blesser tant mon épieu s’était dilaté, très vite je m’emportai, m’enfonçai davantage, redoutai de la transpercer mais l’enferrai encore, encore, encore… J’étais penché sur elle et m’effrayais de son visage tantôt par une farouche rage altéré et révulsé, tantôt par une céleste grâce enjolivé. C’était Janus dont les deux faces se mêlaient, conjuguant fortune et détresse tandis que ses belles lèvres de sang gonflées éructaient des prières insensées. Et bientôt, trop tôt, je me vidai, oh non seulement de ma semence mais de ma vie toute entière que je sentis en son corps se dissiper. Je l’enserrai d’un ultime spasme, lui prodiguai une dernière caresse et, tandis que je lui abandonnai mon pucelage, je m’affalai sur elle en m’oubliant dans un grand vide, une inconscience hébétée.


De tourmente en tempête, toute la nuit durant, la dame qui depuis quelques temps ne devait s’être adonnée à ces frasques et qui ne prenait nullement à la légère ce versant de mon apprentissage, m’épuisa si complètement que lorsque l’aube alluma ses premières clartés, je m’endormis sur son sein, comblé d’heureuse fatigue.


Ce sommeil pour réparateur qu’il fut ne dura guère et ma tête se régalait encore de l’aimable reposoir de son buste quand je me réveillai, entendant des coups sonores résonner dans la chambre. Je me redressais précipitamment tandis qu’une voix interrogeait :



J’étais effaré mais le calme de ma compagne me fit souvenir qu’au soir de la veille, je l’avais vue fermer le loquet. Nous étions couchés tous deux dénudés jusqu’à la ceinture et je ne pus me retenir de remonter vivement le drap pour nous en couvrir tandis que dans le mouvement opposé mon initiatrice s’efforçait de le retenir et même de le rabaisser tout en répondant :



Le loquet, pour ma confusion n’était point tiré, ou, plus vraisemblablement avait dû être dégagé par quelque main chafouine. La jeune Käthe pénétra dans la pièce inondée de ce soleil matinal qui baignait les lieux.



N’étais-je donc que revanche ou pis-aller ? Ne m’avait-elle entrepris que pour m’écarter de sa fille ? Ces questions m’ébranlèrent amèrement et mes élans en furent d’abord très contrariés. Je me rassérénai toutefois lorsqu’elle insista pour m’arracher promesse de la rejoindre dans sa chambre dès la prochaine nuit. Je la quittai très perplexe et chagrin pour rejoindre mon atelier en évitant soigneusement de croiser Mademoiselle Käthe. Deux heures plus tard, tandis que je m’affairais à esquisser les détails du fond de mon tableau, dame Lutgard vint m’y rejoindre. J’y vis mauvais présage car depuis mon entrée dans la maison, je m’en défiais fort et je la craignais chaque jour davantage. En effet, j’avais mesuré l’autorité qu’elle étendait sur tous, fille et petite-fille, domestiques évidemment mais aussi sur son gendre qu’elle semblait régenter d’une poigne de fer. En un mot : c’était elle l’homme de la maison. Je m’étais effrayé du mari alors que c’était l’aïeule qu’il convenait de redouter. Elle me jeta un regard noir et sans le moindre détour m’apostropha sèchement :



Malgré la gravité de la situation, j’ironisai en mon for intérieur, me demandant ce que pouvait être ce contraire d’une morale compassée mais Lutgard poursuivit :



Quoiqu’elle fût fort bien conservée et ne portât de l’âge qu’à peine l’outrage, je devinais aisément que la coquette pour ne point dire la coquine mentait effrontément et à la vue de sa descendance, j’avais précédemment calculé qu’elle avait dépassé la cinquantaine. Je l’ai auparavant évoqué, mais en cette époque où la misère ambiante burinait très tôt les visages, ruinait et tordait les corps, seules quelques privilégiées bénéficiant de l’hygiène, des soins et du désœuvrement nécessaires à l’entretien de leur personne, pour peu qu’elles ne s’empiffrassent pas trop, pouvaient alors sauver l’élégance de leurs formes et la beauté de leurs traits. Je n’eus cure évidemment de lui faire part de ces remarques. Mal à l’aise et accélérant soudainement son élocution, noyant le sens des mots dans la volubilité du débit de la phrase, elle acheva :



Pour la seconde fois, en moins de vingt-quatre heures, je tombai des nues et mon ébahissement qui s’affichait en hébétement devait me faire passer pour un demeuré. Comment à cette fortune me dérober ? L’aubaine, pour un apprenti peintre, était inespérée. Vous n’imaginez pas la difficulté qu’il y avait à cette époque à dénicher des modèles acceptant de poser presque dénudés. Mais quel levain avait fait germer cette idée dans le cerveau de l’aïeule ? Était-elle simplement fière de sa postérité ou pressentait-elle les noirs événements qui devaient bientôt dévaster sa famille ? Je n’allais pas tarder à le découvrir.



Inévitablement effaré par cette invraisemblable proposition, je demeurai abasourdi. Madame Lutgard ne me laissa guère le temps de la réflexion et poursuivit :



Bien qu’y ayant par la suite maintes fois réfléchi, je n’ai jamais compris comment elle put aussi vite si complètement se dévêtir. Sa robe, qu’elle avait dû préalablement délasser, tomba comme par miracle et elle m’apparut, totalement nue, ne portant ni bandage de poitrine, ni le moindre bas d’aucune sorte. Elle recula de deux pas en enjambant le tissu et reprit :



Elle releva les bras au-dessus de sa tête, rehaussant ses seins ronds et menus qui ne s’affaissaient qu’imperceptiblement. Elle détacha la résille retenant ses très longs cheveux qui déferlèrent sur son buste en une lourde vague dorée. Rayonnante de cet embrasement, elle avança vers moi exacerbée d’arrogance provocatrice. Nouant un bras autour de mon cou, elle voulut s’emparer de mes lèvres que je tentai de lui refuser tandis qu’elle introduisit effrontément son autre main dans mon haut-de-chausse pour vérifier la distension de mon sexe.



Après avoir été qualifié de niais candide et novice par la fille, voilà que la mère m’affublait du titre de benêt si bien que je commençai à m’interroger pour savoir si ce n’était point là celle de mes qualités qui attisait souverainement leurs convoitises.



Ce dernier mot proféré par cette bouche peu encline à ce vocabulaire avait claqué comme un défi, jeté sans doute plus à elle-même qu’à moi. Elle poursuivit d’un ton assuré :



Là je ne puis m’empêcher de l’interrompre :



Permettez que j’en revienne à mon histoire. Lutgard, en dépit des années, distillait encore un charme extraordinaire. C’est à dessein que je choisis ici ce vocable moins froid que celui de beauté. Quelques imperfections venaient tempérer son éclat, une peau moins élastique, des courbes plus lourdes et moins nettes, un léger relâchement du ventre et des seins mais l’ensemble conservait tout son pouvoir de séduction. D’autres marques, comme ses pattes d’oies autour des yeux et de la bouche lui conféraient une humanité saisissante maintenant qu’elles ne manifestaient plus seulement sa sévérité. Ces ridules qui, pour tout autre qu’un peintre sensible aux nuances, eussent altéré ses traits, les empreignaient de sens et de caractère. Moi qui n’ai jamais aimé les objets trop neufs et leur préfère ceux que la vénérable patine du vécu enveloppe, je ne pus que me réjouir devant si humaine et nostalgique vénusté, et quoique restant captivé par les attraits de sa fille, je ne manquais de m’émouvoir devant les sortilèges, un rien fanés mais d’autant plus attendrissants de cette grand-mère.


Dès qu’elle eut tâté et ainsi vérifié la vigueur qu’elle m’inspirait, je vis cette petite moue qui tremblait au coin de sa bouche se dissiper. Elle n’était donc pas assurée de son fait et elle m’avoua plus tard combien elle avait craint l’humiliation d’un refus. Dès lors elle s’emporta et défit mon haut-de-chausse puis allant se coucher sur mon lit, elle m’ordonna de la cajoler avec mon sexe, m’intima de le promener partout sur son ventre, sa gorge, ses seins, dans ses cheveux et sur son visage. Je pus ainsi donner libre cours aux convoitises de mes yeux, à ceux du peintre donc, ce qu’Elfriede dans ses empressements ne m’avait guère permis.


Avec un bien singulier pinceau, je parcourus son corps entier en en appréciant chaque parcelle, que successivement je barbouillais de cette teinte invisible que l’on nomme désir et qui la convulsait en frissons ensorcelés. En retour elle saisit mon pénis qu’un grand moment elle choya dans ses mains entre lesquelles elle avait en outre saisi une lourde tresse de sa chevelure. Lentement ensuite elle porta le rose pâle et nacré de ses lèvres avides que surmontait un fin duvet blond vers la turgescence cramoisie. Quel tableau ! Quelles couleurs ! Quelle palette invoquer pour dépeindre ces harmonies ? La luronne jouait de mon sexe, épuisait la gamme complète des effets avec un art consommé et m’extorquait des trilles éraillées tandis que mes mains hoquetaient en bafouillantes caresses sur des chairs qu’elle m’exposait complaisamment, non pour m’éblouir de leur perfection mais afin que je puisse m’en régaler et en saisir toute la prégnante amabilité.


Elle me coucha sur le lit puis venant s’asseoir à califourchon sur mon visage m’enjoignit de la remercier de ses soins en prodiguant leur équivalent à sa grotte sacrée. À peine y portai-je mes égards que bien qu’occupée à déboutonner fiévreusement mon pourpoint, elle ouvrit aussi ses bondes à un flot abondant et ardent. Elle se délivrait d’une séculaire abstinence qu’instruit des leçons de sa fille, je m’appliquais à lamper avec zèle. En même temps elle planta ses serres acérées dans mon torse qu’elle lacéra sans ménagement. Elle rompit cette ordonnance et me retournant vint masser mon dos de la pointe de ses seins, du soyeux de sa chevelure et du tranchant de ses ongles comme pour m’apposer sa marque. Ce fut affreusement doux et ma virilité coincée entre le lit et mon corps s’écrasait, raidie par de douloureuses crampes. Je ne connus pas, à l’égal de la veille, ce sentiment de frustration né d’énervements contrariés, savamment entretenus et laissés inassouvis. Plus que des vivacités d’une amante, ce furent des câlineries d’une mère qu’elle m’enveloppa. Elle me roula à nouveau sur le dos et vint s’empaler sur mon glaive en se révulsant. Elle entendait mener la danse à sa convenance et commença son va-et-vient lentement, très lentement puis se cambra et m’absorba entièrement en coups de reins fortement appuyés.


Penchée en avant, sur moi, sa longue et dense chevelure dressait une tente autour de nos têtes, focalisant nos regards sur nos visages. Le sien était grave et congestionné, rougi par sa ferveur. Il se tendait quand elle se resserrait sur ma hampe en descendant pour se relâcher lorsqu’elle refluait, puis en une singulière contradiction se crispa et s’apaisa simultanément. Je le découvris accédant à une nouvelle jeunesse, j’y distinguais les traits de sa fille et sa petite fille successivement mais peut-être conjointement et me perdis dans mon délire. La friponne alternait des moments de délicatesse presque peureux avec des élans de sauvage exubérance, se mordillant les lèvres pour ne pas crier et je m’enorgueillissais du plaisir que je dispensais.


Ce fut long, terriblement et divinement long avant que je me sente défaillir et ne me roidisse en un sursaut suprême en même temps qu’un spasme la brisait. Nous haletions tous deux à l’unisson et nos jouissances furent simultanées. Elle ne poussa qu’un cri mais perçant qui dut retentir dans toute la maison puis s’affala sur moi expirant dans un lourd sanglot. Dès que j’eus recouvré mes pensées, je promenai à l’envie mes mains toujours incandescentes sur ses épaules et son dos les enrobant de denses mèches de sa blondeur tandis qu’elle restait effondrée. Fut-ce mirage ou réalité, je constatai la métamorphose de ce corps après l’amour. Était-ce lui ou la perception que j’en avais qui s’était transformé ? À son lustre sévère succédait une tendre générosité et si les imperfections en apparaissaient davantage, elles ne l’enlaidissaient nullement mais en révélaient la secrète mansuétude. Elle ne tarda à se ressaisir et se recula pour m’embrasser de mille petits baisers, accabler mon sexe épuisé de prévenances buccales et manuelles afin qu’il retrouve au plus vite sa vigueur. Quand elle se fut assuré ce succès, elle se plaça à genoux sur ma couche et me présentant ses fesses qu’elle écarta, elle me demanda de la prendre par son autre orifice.


À cette époque, la sodomie était durement réprimée et la couvrir ainsi allait nous unir dans la complicité de ce dont les lois tant civiles que religieuses faisaient crime. En l’état où j’étais, cette proscription ne m’effraya pas plus qu’elle ne me fit reculer et ce fut plutôt l’étroitesse de la gaine devant recevoir mon outil démesurément distendu qui suscita mes inquiétudes. Écartelant largement son huis, elle m’assista si bien que je ne tardais pas à investir cette retraite. Je fouillais le repaire exigu aussi profondément que possible, l’assaillant lentement, en dilatant la soyeuse paroi, poussant mon avantage jusqu’aux poils, flattant de mon ventre sa croupe superbe et rebondie que je ceignis de mon bras pour porter mes doigts à son bouton d’amour que j’étranglais rudement.


Elle réagit vivement à ce brutal attouchement et lâcha une plainte qui traduisait tant ses emportements que ses bonheurs, tant ses souffrances que la liesse qu’elle en tirait, tandis que ses fesses tordues dans une monstrueuse constriction écrasaient mon pénis lui arrachant des flots de sperme. La force de cette étreinte nous terrassa, nous enlevant dans une béate léthargie. Curieusement, et en dépit des sentiments que je vouais à sa fille, dame Lutgard m’avait comblé de plus de langoureuses félicités que celle-ci. Lorsqu’elle quitta mon atelier, je m’écroulais sur ma couche et sombrai immédiatement dans un bref sommeil que j’aurais voulu reconstituant mais qui fut peuplé de rêves exquis.




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https://www.google.fr/search?q=hans+baldung+grien&biw=1716&bih=1048&tbm=isch&tbo=u&source=univ&sa=X&ei=DtyHVa70K4GssgHHl5qADQ&ved=0CI0BEIke

– Hans Baldung, dit Grien, est un célèbre graveur, dessinateur, peintre et vitrailliste allemand/alsacien, nous dirons Rhénan, de la Renaissance. Né dans une famille de notables, son lieu de naissance reste mystérieux : certains le situent à Strasbourg, d’autres à Schwäbisch Gmünd (en Souabe d’où son père était originaire), d’autres enfin à Speyer. Mais si l’on en croit les affirmations du chroniqueur strasbourgeois Sebald Buheler, qui était son contemporain, Hans Baldung serait né à Weyersheim et décédé à Strasbourg en septembre 1545.


Le jeune Hans Baldung y fit son apprentissage, auprès d’un artiste demeuré inconnu puis perfectionna son art dans l’atelier d’Albrecht Dürer à Nuremberg entre 1503 et 1507. Il passa l’essentiel de sa vie à Strasbourg où il obtint les droits de bourgeois de la cité et devint l’échevin de la corporation de l’Échasse en qualité de peintre. Il y fonda son propre atelier et fit également un séjour à Fribourg-en-Brisgau en 1513-1516 où il réalisa entre autres le retable de la cathédrale (qui y subsiste toujours).

Plusieurs de ses tableaux allégoriques sont énigmatiques et ont fait l’objet de réattributions et de changements de titres au cours de l’histoire.