n° 17235 | Fiche technique | 80349 caractères | 80349Temps de lecture estimé : 45 mn | 23/01/16 corrigé 07/06/21 |
Résumé: Mon premier est la première lettre de l'alphabet. Mon second est un membre supérieur. Euh... Avec mon dernier on pourrait écrire "branle" à une lettre près. Enfin bref, mon tout est comme l'histoire, pourtant vraie si je te jure, de David et Sally... | ||||
Critères: fh fdomine facial fellation cunnilingu hdanus sm -hsoumisaf -masth | ||||
Auteur : Marie Anne & Luc Carois Envoi mini-message |
Épisode précédent | Série : Amoureusement vôtre Chapitre 02 | Fin provisoire |
Résumé de l’épisode précédent :
Dans le premier épisode, nous avions déjà assisté aux premiers contacts abrada… abaraca… abracabradants… enfin bref, aux premiers contacts un peu spéciaux entre David et Sally.
Seulement voilà, comme la vie est compliquée, vous vous doutez bien que Sally n’est pas qu’une petite dinde de voisine, et David pas seulement un vieux croûton qui envoie chier les livreurs des colis de sa mère (mais c’est une autre histoire, je m’égare).
Finalement, on en sait peu sur eux : Sally fait bien les crêpes et a un joli petit cul, David est un poète raté qui écoute Johnny Hallyday. Et si on découvrait les facettes plus intimes de nos deux personnages ?
Nous en étions donc restés à ce fameux appel aussi mystérieux qu’énigmatiquement insondable que David a passé à Sally, après avoir découvert la boucherie mortelle du décès de l’adjoint au maire…
*
Encore hébétée de sommeil, je regarde mon portable en fronçant les sourcils. Un coup d’œil au réveil m’indique qu’il est presque huit plombes du mat’, un dimanche. Je suis donc couchée depuis un peu plus d’une heure. Le coup de téléphone et le souvenir de ce qui s’est récemment passé à l’étage du dessous me bousculent conjointement les neurones, histoire que ce soit encore bien plus le bordel dans ma tête.
Bon.
Je rappelle le dernier numéro. Messagerie directement. « Bonjour vous êtes bien sur le portable du commissaire Nolant, laissez un message ».
Wouahou.
Est-ce que David est commissaire de police ? Pourquoi m’aurait-il caché un truc ÉNORME comme ça ? D’un autre côté, je l’imagine mal me faire une blague à ce stade de notre relation. Quand je pense que j’ai failli être toute à lui, désarmée, ivre de désir… le rouge me monte aux joues.
Lentement, je pose le téléphone sur ma table de nuit, et me rallonge. Pas moyen de me rendormir. Comptons les moutons…
Grr. C’est pas en pensant à Shaun le mouton que ça va aller mieux. Avec sa tronche de comique et tous ses congénères qui ressemblent à des pelotes de laine rigolotes, je suis pas prête de sombrer dans le sommeil. Vous vous demandez peut-être pourquoi je pense à Shaun le mouton dans un moment pareil… en fait, j’ai été voir le dessin animé au cinéma avec Camille, et depuis, quand je pense à des moutons, y a pas moyen, c’est Shaun imprimé sur ma rétine.
Me voici donc complètement nue dans mon lit, je pense à Shaun le mouton, et en même temps à David, et en même temps à cet étrange coup de fil. Si c’était réellement David, pourquoi m’aurait-il raccroché au nez ? Et malgré tout ça, j’ai envie de lui. Je n’arrive pas à évacuer la tension qu’il a fait naître en moi, quelques heures plus tôt. Ses doigts sont… et sa bouche… je ne sais pas comment décrire et encore moins expliquer… Ce mec est loin d’être un top-modèle, et Dieu sait que j’ai pourtant connu de beaux mecs dans ma vie. Néanmoins, dès qu’il me touche… que dis-je. Dès qu’il m’effleure, je me sens trembler, rougir et crier comme une donzelle de dix-sept piges. Je ne comprends pas.
Quant à ce qui s’est passé dans sa cave, la veille… oh… mon… Dieu. On m’a déjà fait des cunni (même une femme m’en a fait, si vous voulez tout savoir), j’avoue y avoir pris beaucoup de plaisir. Mais cette façon qu’a eue David de faire l’amour à ma chatte avec sa langue ! JA-MAIS je n’ai connu ça. Comme si ma chatte était en siège et qu’il me frappait la grande porte à coups de bélier, alors qu’il n’était que douceur et habileté… C’est ce qu’on appelle une langue de velours dans une bouche… conquérante. J’ai cédé tout de suite, pensez-vous, allez donc garder vos grands airs et votre orgueil quand on vous ravage la fente à coups de langue de bélier !
Je me rends compte que j’ai le souffle ténu, qu’entre les moutons, ma chatte et le bélier, c’est tout un bestiaire en fouillis dans ma tête, et que je suis à nouveau ruisselante d’attente, de frustration. J’expire avec lenteur. Je ne dois pas me laisser atteindre par le désir que j’ai de lui. Je crois bien n’avoir jamais ressenti ça pour quelqu’un que je connais si peu. Ce besoin que j’éprouve de le sentir contre moi, à ma merci, et… en moi. Comme j’aimerais regarder son sexe que je n’ai fait que palper à travers le pantalon, comme j’aimerais le sortir délicatement de son enveloppe de tissu, pour ensuite le lécher amoureusement. Le respirer, le caresser… en apprécier la rigidité tout en flattant la douceur de sa peau. Puis le faire pénétrer…
David m’inspire tellement d’émotions que je continue à marmonner sous ma couette. Je me sens de mauvais poil, et le manque de sommeil n’arrange rien. Je descends ma main le long de mon ventre… mes doigts rampent jusqu’à la fourche brûlante de mes cuisses, et s’insinuent précautionneusement à l’intérieur.
Ce que j’ai envie de lui, bon sang, ça ne devrait pas être permis de provoquer des trucs comme ça chez les gens. Je trouve ma chatte tellement humide que mes doigts s’enfoncent facilement au plus profond. Je me doigte lentement, puis armée d’une frénésie proche de la colère. Rien ne vient, l’impatience me ronge les reins.
Ce n’est pas ce que je veux… Ce que je veux, c’est David, et je ne peux pas l’avoir… ma chatte est trop échauffée par le désir et l’insatisfaction, mes doigts patinent dans ma mouille, je sens que je n’atteindrai pas l’orgasme de cette manière. J’arrête. Je suis encore plus frustrée qu’avant, limite à m’en mordre la main. Ce type est dangereux. Il faut absolument que j’essaie d’avoir les idées claires à son sujet, sinon comment prendre la bonne décision ?
*
J’ai clairement dit à David que je réfléchirais à la situation. Apparemment, il n’a pas compris qu’il lui fallait attendre ma réponse avant de me harceler. Je suis en pause déjeuner, et je constate qu’il m’a appelée quatre fois dans la matinée. Heureusement que mon portable était en silencieux ! J’ai été prévoyante : la veille, cinq appels, et mercredi, six. Nous n’en sommes qu’à la moitié de la journée… ça promet. Sans compter qu’il est venu sonner chez moi hier soir. Camille m’a regardée avec des yeux ronds, tandis que je restais derrière la porte, un œil dans le judas, pour m’assurer de son départ.
Je me mordille la lèvre en contemplant mon écran de téléphone. J’ai vraiment, vraiment envie de le rappeler, de lui demander ce qui se passe, pourquoi il insiste autant, pourquoi il y a eu cet étrange coup de fil dimanche et comment il a eu mon numéro.
J’ai tout un tas de choses à lui dire. D’arrêter de m’appeler tout le temps, déjà. Que je pense suffisamment à lui toute la journée, qu’il est donc inutile qu’il me téléphone six fois quotidiennement, surtout sans laisser de message. Que j’essaie de me faire jouir la nuit en me souvenant de ses mains sur mon corps… sur mes seins… et de ses doigts dans… enfin, bref, que je suis folle de désir, je suis frustrée, je songe constamment qu’il est là, juste à l’étage du dessous et qu’il n’attend que ça. Je n’arrive plus à atteindre l’orgasme, je vis sur des charbons ardents et suis tout le temps sur les nerfs.
Je pourrais lui dire oui… et puis quoi ? Il est collé à mes basques sans même m’avoir déshabillée, c’est quoi la prochaine étape une fois qu’il m’aura eue ? On baise passionnément toute la nuit et il finit par me passer la bague au doigt ?
Mamma mia…
Je commence à flipper. Je ne sais pas ce qu’il veut. Il n’est pourtant pas du genre à me forcer la main… quand je pense qu’il a réussi à tout arrêter l’autre nuit ! Une fois remontée dans mon appart’, j’ai senti la colère monter tellement fort que j’aurais bien pété un verre, ou une assiette (mais j’ai juste ce qu’il faut en vaisselle). Tout ça pour dire que son insistance m’étonne. Mais si je le rappelle… que j’entends sa voix grave, veloutée… je vais fatalement avoir envie qu’il me fasse des trucs cochons. Et je n’ai pas encore pris ma décision.
Merde, il est bientôt l’heure que je reprenne, et je n’ai toujours pas avalé mon sandwich. Je croque dedans, le cerveau turbinant vitesse V. Je n’ai plus de nouvelles de Marc depuis la palanquée d’appels auxquels je n’ai pas répondu samedi soir, tout occupée avec David… ça m’inquiète aussi. Un peu. J’ai appris à lâcher prise en faisant un peu de méditation avec mon ex, il était bouddhiste. Je me demande si je ne devrais pas m’y remettre, je sens bien que je m’inquiète d’un rien, maintenant. Pourtant, Marc m’a dit qu’il allait me rappeler lundi… Je vais finir par le contacter, même si je ne suis pas supposée le faire. Il a été tellement gentil avec moi, tellement compréhensif ! Je devrais l’inviter à dîner pour le remercier, je suppose.
Bon, ce soir j’emmène Camille chez mon ex, puis une fois seule, je téléphone à Marc. Son silence est inhabituel.
*
Comment lui expliquer la vérité, à cette pauvre et digne vieille dame ? Comment lui dire qu’en réalité, personne n’en a strictement rien à foutre de son histoire, que les flics ne sont plus là pour courir après les voleurs, et depuis bien longtemps… Réduction d’effectifs… Mes gars bossent en moyenne soixante heures par semaine en comptant les gardes et les astreintes, et ils sont au bout du rouleau. La plupart sous antidépresseurs, les autres aux trois quart alcooliques, sans compter ceux qui tapent dans la coke pour tenir.
Et tout ça pour quoi ? Pour assurer la sécurité des politicards véreux lors de leurs déplacements parmi le « petit peuple », pour surveiller les stades les soirs de matchs de foot ou de rugby, pour coller des contraventions afin de rentrer de l’argent dans les caisses de l’État, et pour faire du chiffre, c’est-à-dire contrôler trois fois les identités des jeunes en capuches en espérant qu’ils n’auront pas leurs papiers afin de pouvoir dresser un procès-verbal et justifier ainsi les ordres débiles émanant des différents ministres…
Alors les voleurs de sacs à mains, Madame Faillard, hein… À moins de les prendre en flagrant délit… On ne va pas mobiliser trois mecs pour 200 euros, une carte bleue en opposition et une carte d’identité périmée…
Je la regarde pleurer, la petite vieille, et je me souviens que c’est pour des gens comme elle que je suis entré dans la police. « Protéger et servir », disait mon père… Ouais… C’était avant, et comme disait ma grand-mère, « c’était mieux avant ». Pas forcément plus efficace, mais au moins, on avait encore quelques illusions sur notre utilité.
J’emmène la vieille dame dans le bureau de José, et je vois Sally assise sur une chaise dans le couloir. Elle a répondu à la convocation… Ouf, on va enfin pouvoir s’expliquer. Elle lève vers moi un regard inquiet… Pas rassurée la cocotte. Bien fait pour toi, tu n’avais qu’à répondre à mes appels au lieu d’imaginer que j’étais accro… Bon, je suis accro, aussi… Mais merde, pas seulement. Moi aussi, j’ai un cerveau.
Il me fait signe qu’il en a ras la cafetière…
Je retourne dans le couloir, et je fais signe à Sally de me suivre dans mon bureau. Elle me suit sans dire un mot, l’air particulièrement maussade. Je la fais asseoir, et je décroche mon téléphone…
Sally écarquille les yeux.
Oh-oh… Sally est devenue livide…
Hum, ça se complique.
Gros silence. Sally me fixe d’un air « j’y-crois-moyen, à tes conneries ».
*
Les dents un peu serrées, je fixe David, essayant de demeurer aussi impassible que possible. « Affaire classée », qu’il me sort. Je ne comprends rien. Pas simple de démêler tout ce merdier. Et je dois encaisser le décès de Marc… un peu l’impression de flotter dans une réalité alternative, là.
David pose sur moi un regard perçant. Je tremble, mes mains transpirent d’une sueur froide que je hais. Je hais aussi David d’avoir été si peu diplomate en m’annonçant les faits de cette manière brutale, puis d’avoir traité Marc de fils de pute. Il ne le connaissait même pas. Il ne sait absolument pas tout ce que Marc a fait pour moi. C’est horrible, je me sens partagée entre l’envie de lui mettre des claques, et celle de l’embrasser fougueusement. Wahou. Sacrée discordance !
Je réfléchis. C’est dur parce que j’ai le cerveau plein de souvenirs qui se bousculent. Le genre de souvenirs qui me font mal. Mais David ne sait rien, et n’en saura jamais rien. J’y veillerai. Mes expériences passées ne doivent pas empiéter sur mon présent. Surtout pas maintenant que j’ai rencontré David.
Cette pensée me fait un choc. Je n’étais pas en train de faire un choix, toute cette semaine… en réalité, mon cœur a décidé pour moi depuis longtemps. Je gagnais du temps, voilà tout. Je ne peux plus envisager de vivre sans lui dans ma vie. Et je ne VEUX PAS qu’il apprenne mes… anciens loisirs. Je sens que l’interrogatoire qu’il envisage dans ce foutu restaurant ne va pas le contenter.
Préférant détourner le regard pour ne plus croiser ses yeux magnétiques, je me racle la gorge et reprends péniblement :
Silence. David se lève, les pieds de sa chaise râpant le carrelage résonnent dans le petit bureau. Il vient se placer devant moi, et me toise de toute sa hauteur. Je lève les yeux sur lui avec appréhension, avant de me heurter à la terrible douceur de son regard.
Je baisse hâtivement mon regard, prise à la gorge par l’intensité de mes émotions. Oh merde… je suis tombée amoureuse. Aucun doute là-dessus. C’est pas vrai… Une grimace tord mon visage.
Je me ferme comme une huître. Sans regarder monsieur le commissaire Nolant, j’imagine bien qu’il commence à s’agacer. Mais je ne cracherai pas le morceau. Et je sais mentir comme je respire…
*
Ça fait bien un quart d’heure que je la cuisine - si vous voulez tout savoir, je l’aurais bien mangée d’une autre manière ! - mais rien, pas un seul truc croustillant à se mettre sous la dent ! Coriace la bougresse…
Elle a l’air surpris de me voir céder si vite.
*
Les délices de Capri…
Tony s’était surpassé. Un minestrone à tomber à la renverse, des saltimbocca à la romana fondantes et délicieuses, une de ses meilleures bouteilles de valpolicella… Pendant tout le repas, j’avais essayé de détendre Sally, mais peine perdue. Le choc de la mort de Boursel, le stress d’avoir été interrogée deux heures auparavant… pas évident pour un dîner en amoureux. Je cherche désespérément comment relancer la conversation qui s’éteint lorsque Tony se pointe avec les profiteroles.
Une lueur d’intérêt s’allume dans les yeux de ma belle Sally tandis qu’elle jette un coup d’œil à Tony.
Tony repart en cuisine, l’air un peu déçu, suivi du regard curieux de Sally.
Alors là… là, la poulette ne s’y attendait pas. Elle me contemple soudain avec défiance, piquant un fard.
Touché. Je n’ai pas envie de la torturer davantage pour ce soir, et je décide de jouer franc jeu.
Elle fond en larme, et j’ai le cœur serré. J’ai brusquement conscience que je risque de tout perdre. Mais il faut crever l’abcès de toute façon. Ce serait arrivé un jour ou l’autre, et mieux vaut que ce soit maintenant.
Gros silence. Sally, sans me regarder, essuie rageusement les larmes sur ses joues… puis braque un regard sans détours dans le mien.
Ses yeux brillent étrangement.
Elle éclate… de rire, cette fois. Femme qui rit…
Je lui saisis la main et la porte à mes lèvres.
Elle se tait, se contentant de me sonder du regard.
Un éclat étrange vient de passer dans le fond de ses yeux. Pendant une fraction de seconde, il m’a semblé que Sally n’était plus elle-même. Je fantasme, sans doute. Mais tout au fond de mon cerveau, une petite lumière rouge vient de s’allumer. « Fais attention à toi Nolant, cette femme s’apprête à t’embarquer dans un truc de fou. »
*
Le trajet dans la voiture se passe dans un silence songeur. Appuyée contre la portière, je regarde d’un air absent les lumières de la ville défiler à travers la vitre. De temps à autre, je jette un coup d’œil furtif au profil de David. Depuis que nous sommes sortis du restaurant, je brûle de lui poser certaines questions… très orientées. Pourtant, je ne suis pas sûre de vouloir entendre ses réponses. Certains problèmes requièrent en même temps toute mon attention, et les pensées se bousculent en moi à m’en ficher le vertige. Le suicide de Marc me colle la nausée.
Je pousse un lourd soupir et me tourne vers David d’un air décidé.
Il me lance un regard inexpressif.
David freine brutalement. Il m’observe d’abord, quelques secondes, et je soutiens son regard. Puis, la figure dubitative, il se penche et lorgne à travers le pare-brise la petite rue grise aux volets fermés.
Il trouve une place non loin de là.
Je sors brutalement de la voiture, claque la portière et me dirige résolument vers une petite entrée sombre, à la porte étroite, au bout d’un long bâtiment d’apparence tout à fait banale. En réalité, si je semble si déterminée, c’est parce que j’ai peur de flancher. J’ai pris une décision… maintenant il faut que je m’y tienne.
Sans même jeter un coup d’œil sur David, toujours dans la voiture, je frappe quelques coups légers sur le battant. Il gèle, et je me dandine d’un pied sur l’autre. Je me retourne enfin, et croise le regard de David à travers le pare-brise. Il semble toujours se méfier. Foutus travers de flic.
Excédée, je lui fais signe de venir. Avec réticence, il sort lentement du véhicule et me rejoint. Le froid pénètre le fin tissu de ma robe de dentelle noire, et je souffle sur mes mains… puis je frappe à nouveau. Enfin, la porte s’ouvre. Un grand black dans l’embrasure, l’air peu amène. En me reconnaissant, son visage s’illumine instantanément et il plonge sur moi.
Du coin de l’œil, je remarque David qui semble se détendre un peu… j’avais donc bien deviné qu’il allait se jeter contre Famara pour « me sauver du grand méchant black ». Les hommes… tous les mêmes.
Il me décolle enfin de sa large poitrine, et mes talons retrouvent le contact dur du trottoir. Je me tourne légèrement vers David, qui est resté un peu en retrait, mais semble toujours sur ses gardes.
Famara toise mon amoureux.
J’entends distinctement David pousser un gros soupir, et réprime un petit sourire.
Son regard bleu me perce comme une lance. Je frissonne. Sa paume est chaude contre la mienne… je baisse les yeux, troublée.
Famara s’efface pour nous laisser entrer.
*
Le couloir sombre est tendu de tissu bordeaux sur les murs, tandis qu’une épaisse moquette noire étouffe nos pas. Sur notre droite, une enfilade de portes closes, alignées comme des sentinelles. Le mur de gauche, décoré de plusieurs petites lampes à abat-jours feutrés, espacés de quelques mètres à chaque fois, éclairent chichement les lieux.
Revenir ici m’angoisse profondément, et j’espère que David ne sent pas ma main crispée dans la sienne devenir moite d’anxiété.
Il se penche alors vers moi :
J’évite soigneusement de le regarder. Famara est resté en arrière, dans son petit bureau jouxtant la porte par laquelle nous sommes entrés. J’ai discuté cinq minutes avec lui sans que David ne dise un mot. Il a été patient. Mais je ne veux pas que des oreilles indiscrètes puissent nous entendre dans ce couloir…
Nous arrivons au bout du couloir, devant une grande porte à double battants. Je lâche la main de David et la remonte pour lui saisir le coude.
Nous sommes dans les vestiaires privés. J’allume les interrupteurs, tandis que David jette un œil curieux autour de lui.
Je me raidis légèrement. Je suis restée un peu en retrait, près de la porte. Pas simplement pour laisser le champ libre à la curiosité de David… mon cœur bat comme un fou dans ma poitrine, et j’ai la bouche sèche. Le commissaire de mon cœur se retourne vers moi.
Son expression demeure insondable. Il glisse ses mains dans les poches, parcourt encore une fois la pièce du regard – proportions banales, des casiers d’acier peints en noir et fermés de cadenas, des bancs capitonnés de cuir bordeaux, serpentant entre les rangées – et enfin me fixe avec une intensité qui me déroute. Cet homme bouleverse mes sens et bouscule mes émotions avec tant de ténacité qu’il me fait à moitié flipper. Je me racle la gorge.
Gros, gros silence… David semble ébranlé.
Sa voix est différente. Changée… comme voilée. J’ai l’impression qu’il commence à flipper… et qu’il trouve ça très excitant.
Il réfléchit… un long moment. Enfin, ses yeux quittent les miens. Je m’aperçois que j’avais carrément cessé de respirer tout du long que nous nous sommes fixés. Deuxième constatation : j’ai mouillé ma culotte. Bon. Apparemment, même ici il parvient à me faire ruisseler de désir…
Je me promets qu’on va avoir une « discussion privée » bientôt. Enfin… si on est encore d’humeur après ce que je vais lui raconter.
David reste silencieux. Et lentement, il s’assoit sur un banc.
Avec nervosité, je passe une main dans mes longs cheveux, puis me frotte pensivement le menton. Je savais que ce serait difficile.
J’hésite, puis finis par m’asseoir à côté de lui, du bout des fesses… regardant fixement devant moi. Je reprends, d’une voix très basse :
David jette vaguement un œil par-dessus son épaule, puis je sens son regard m’envelopper… intensément, comme souvent. Mais je ne veux pas croiser ses yeux. Je m’y refuse sinon je vais fondre en larmes.
J’étais toute seule, parce que j’avais fait une soirée… spéciale. Elle avait duré assez longtemps… les heures avaient filé, et il n’y avait plus personne à part moi, et sans doute la femme de ménage, quelque part dans le bâtiment. Je fouillais mon sac à la recherche de ma serviette quand… quand quelqu’un s’est plaqué dans mon dos, et m’a attrapé les cheveux. Je me suis débattue comme une folle mais il était bien plus fort que moi. Il m’a tirée jusque dans les douches, puis a ouvert le jet au plus fort sur moi. L’eau était gelée. J’ai… j’ai eu la respiration coupée.
Je m’interromps… tremblante. Doucement, je sens la main de David chercher la mienne, et je ferme les yeux.
Ses doigts serrent convulsivement les miens. Je l’entends prendre une profonde inspiration, comme pour réprimer une vague de fureur. Malgré tout, sa présence, son écoute, me rassurent. Je me sens bien, avec lui. Même si je suis obligée de me replonger dans ces horribles souvenirs.
David se lève d’un bond, me lâchant brusquement la main. Je le vois tourner en rond comme un lion en cage, passer ses mains sur ses tempes et les laisser là, les yeux clos. Tout son corps exprime sa rage. J’essaie de contenir mes tremblements, sans succès. Je ne sais pas trop quoi faire. Tout est déjà arrivé, c’est du passé. Je ne sais pas comment lui faire comprendre que je suis désolée qu’il prenne les choses si à cœur, alors que moi-même je m’en suis fait une raison. Il le fallait bien. Question de survie.
Quelques minutes passent, pendant lesquelles David, le visage fermé, tente de contenir ses émotions, et de reprendre une respiration normale.
Le regard flamboyant de David se braque sur moi.
Encore une chose qui n’était pas écrite sur sa fiche.
Je resserre mes jambes croisées l’une contre l’autre, espérant contre toute attente que mes tremblements cessent. Ou… deviennent au moins imperceptibles à ses yeux qui m’examinent comme des radars. Peine perdue, encore une fois. Je pousse un énorme soupir.
Bon. Reste calme, Sally.
Il a toujours l’air furieux. Ah.
Je crois bien que je m’énerve à mon tour. Ça tombe bien, je préfère pousser une gueulante plutôt que de subir. David soupire également.
J’attends.
Je détourne le visage.
Ce qui n’a pas l’air de lui convenir, vu la tronche qu’il me tire.
N’en pouvant plus, je me lève d’un bond, et fais quelques pas nerveux, avant de plonger mon regard dans le sien. Je remarque distinctement David tressaillir.
Il paraît désorienté.
À l’évidence, David est perdu. Je m’approche doucement de lui… ses yeux aimantés aux miens, il m’observe venir sans bouger d’un millimètre. J’ai l’impression qu’il retient son souffle. Je suis tellement proche de lui désormais que je sens la chaleur de son corps émaner de sa fine chemise de coton, sous sa veste de cuir ouverte. Je me penche un peu, et hume le discret parfum de son eau de Cologne, dans le creux de son cou… avant de glisser la pulpe de mes lèvres sur sa peau brûlante. Sa veine bat follement contre ma bouche. Je ferme les yeux, prise de vertige à son contact viril.
Une de ses mains s’égare sur ma hanche, puis s’insinue contre mon pubis, à travers l’étoffe de ma robe. Je refoule un frémissement de désir.
J’avale ma salive, et recule de quelques centimètres pour le dévisager.
David me transperce du regard.
Je réprime un sourire, et laisse mes doigts vagabonder, légers, sur la ceinture de son pantalon.
David, soudain, m’empoigne fermement le poignet, et l’immobilise. Je croise ses yeux. Il semble grave.
David est en pleine réflexion. Je vais bientôt voir de la fumée sortir de ses oreilles.
David fronce les sourcils.
Il sursaute comme s’il avait été piqué par un serpent.
Il relâche lentement ma main. Je lui jette un coup d’œil enjôleur, puis sans crier gare, le saisis aux parties.
Il fait une drôle de tête, et j’éclate de rire.
Et il m’embrasse. J’entrouvre mes lèvres pour recevoir la suavité de sa langue, qui conquiert ma bouche comme un sauvage enfonce les portes d’une église. Le voilà dans mon premier sanctuaire, je vais bientôt faire des prières tant ce baiser me transporte. Le paradis n’est pas loin… je guide doucement sa main entre nos deux corps pour qu’il me caresse… l’autre sanctuaire. C’est ça. Le paradis.
Je décolle légèrement ma bouche de la sienne… il ouvre les yeux. Ceux-ci sont voilés de désir comme jamais je ne les ai vus. L’excitation monte en moi comme une puissante marée, incontrôlable.
Je souris, sans le regarder. Nous marchons à nouveau sur l’épaisse moquette qui étouffe nos pas… j’ouvre la première porte noire. David hésite.
Il regarde la pièce. Elle est plongée dans l’obscurité. Il ne doit distinguer que le pied du lit.
J’ouvre de grands yeux innocents.
Le commissaire, ayant l’expression d’un homme à qui on a glissé une horloge toute ronde dans les fesses, me fixe d’un œil décontenancé.
Sa respiration s’accélère. Dérouté, il cherche mon regard. Sa main est moite dans la mienne. Chacun son tour.
Je franchis le seuil, traînant derrière moi sa main, son bras, et maintenant son corps entier tel un boulet que je hâle sur un quai. La porte se referme derrière nous… nous voici dans le noir complet. Connaissant la topographie exacte de la chambre, je guide ma victime jusqu’au lit, où elle s’allonge dans un halètement de peur et d’excitation mêlées.
Ah, fait moins le fier, le poulet ! Je refoule un fou-rire, à grand peine.
Pendant une seconde, je crois qu’il ne va pas m’obéir. Puis je sens ses doigts tâtonner dans le noir pour s’accrocher aux miens. Ayant déjà saisi ce que je voulais juste avant, je n’ai plus qu’à refermer les menottes sur ses poignets, dans un clic-clac qui résonne dans le noir.
La porte se referme doucement derrière moi, tandis que je m’éloigne dans le couloir.
*
Alors ça… On ne me l’avait jamais fait. Je suis soudain envahi par un sentiment étrange, l’envie d’éclater de rire, et une panique quasiment incontrôlable. Le rire, parce que l’air de rien, elle m’a bien eu, du haut de son mètre soixante, avec ses yeux de biche, et sa voix caressante. Le rire aussi, à cause de la situation. Normalement, c’est moi qui passe ce genre de bracelets aux poignets de zozos un peu plus coriaces que cette douce créature. Chapeau la Miss… Tu ne perds rien pour attendre, mais bien joué quand même.
La panique, parce qu’une petite voix à l’intérieur de ma tête me chuchote insidieusement :
Fais gaffe David, ce n’est peut-être pas un jeu. Peut-être que cette fois, ton instinct t’a trompé. Cette gonzesse est peut-être totalement fêlée… Imagine qu’elle ne revienne pas et que ce soit le gros black de l’entrée qui se pointe à sa place, hein ? Tu feras quoi ? Déjà d’homme à homme, le mec a l’air plus balèze que toi… alors avec tes poignets dans les pinces, tu vas t’y prendre comment ?
Je respire trois fois bien profondément, et je fais le point sur la situation. Bon… Ouvrir des menottes, c’est à la portée du premier flic venu. Il suffit d’une tige de métal du genre trombone ou épingle à cheveux. Au pire, une allumette suffit si on sait bien s’y prendre, et des allumettes, j’en ai toujours au fond des poches de mon blouson. Des trombones aussi… Mais dans les poches de mon futal. Plus compliqué à attraper.
Cela dit, tant que les mains ne sont pas menottées dans le dos, ça reste assez aisé… J’évalue qu’au prix de quelques contorsions adéquates, il me faudra environ cinq minutes pour me sortir de là. Si elle m’avait attaché aux barreaux du lit, ce serait plus compliqué, mais avec les chaînes fixées au mur, j’ai assez de mou… Donc, pas de souci.
Mais… Il reste quand même une forte probabilité que tout cela ne soit qu’un jeu. Un jeu étrange, bizarre, limite malsain, auquel je n’ai jamais joué, mais finalement sacrément excitant. Bien obligé de reconnaître que je bande comme un fou, et que je commence à me sentir à l’étroit dans mon calbut. Qu’est-ce qui se passe, bordel… Qu’est-ce qu’elle est en train de me faire ? Je me rappelle alors d’une fille que j’avais rencontrée quelques années auparavant… Elle avait juste voulu me lier les mains avec ses bas, pour « pimenter un peu nos rapports » avait-elle dit. Et je l’avais envoyé chier assez vertement en la traitant de tarée. Pas question pour moi de perdre ne serait-ce qu’un seul instant le contrôle de la situation.
Mais avec Sally, tout ça, je veux dire tous mes principes, c’est bel et bien en train de foutre le camp. Ce petit bout de femme parait tellement inoffensif, qu’il est impensable qu’elle cherche à me faire du mal. Et puis, merde, ses confidences, ses hésitations, le désir que je lis dans ses yeux, les tremblements de sa voix, ça n’est pas, ça ne peut pas être du pipeau.
Seulement voilà, Mademoiselle (ou Madame, finalement je ne sais plus) est une chaudasse et s’éclate dans des trips sado-maso. Le mec dans la caisse, finalement, ce n’était pas simplement pour me rendre fou de jalousie, c’était également un appel du pied, et je n’avais pas compris.
Là, elle m’introduit dans son univers. Un univers à mille lieux du mien, que je ne connais pas, et que je n’avais nullement envie de connaître une heure auparavant. Sauf avec elle, sauf entre ses mains… Parce que je sens malgré tout que je peux avoir confiance en elle.
Confiance… Mouais, jusqu’à présent, il faut bien avouer que ça n’avait jamais été mon truc. Ça aussi c’est nouveau… et déroutant… vachement. Et justement, cette confiance n’est-elle pas en train de me faire perdre les pédales ? La confiance ? Comment ? Jusqu’où ? Quand elle est là, quand elle plante ses yeux dans les miens, oui, j’ai confiance. Mais maintenant… Enchaîné sur le plumard d’un bordel où peut-être d’autres crétins sont passés entre ses mains avant moi ? Et qu’est-ce qu’elle leur a fait aux autres ? Et moi ? Elle va me traiter comme eux ? En professionnelle ? Et l’amour dans tout ça ? Le désir ?
Soudain un bruit derrière la porte me fait sursauter. Elle se pointe, enfin… Va falloir que tu t’expliques ma cocotte…
La porte s’ouvre, et j’écarquille les yeux. Une espèce de travelo habillé en cuir vient d’entrer en tenant un vieux au bout d’une laisse. Les deux intrus écarquillent les yeux également. On reste quelques secondes à se regarder ainsi quand le trav’ prend la parole d’un air dépité :
Je commence à pousser un ouf de soulagement quand je vois le black se pointer.
Tandis que Laurel et Hardy sortent, emportant avec eux mes derniers espoirs de délivrance sans contorsions pénibles, j’interpelle le « taulier » en question.
Et il se tire en fermant la porte à nouveau.
Là, je commence vraiment à flipper. Je me décide à agir. Je lance mes jambes derrière ma tête, et commence à farfouiller dans mes poches. L’opération s’avère un peu plus difficile que prévue, mais je finis tout de même par choper un trombone qui traînait miraculeusement dans la poche gauche de mon blouson.
Je commence à le déformer et entreprends de crocheter la serrure de mes bracelets. Au bout de trois minutes, je réussis à ouvrir le premier. Je suis en train de m’attaquer au second quand la porte s’ouvre à nouveau, et une vive lumière inonde la pièce… J’avale difficilement ma salive. Sally vient de réapparaître… Mon Dieu qu’elle est belle ! Et putain, elle a l’air fumasse…
*
À peine suis-je entrée que mon regard se braque sur le poignet libéré de David. J’enrage instantanément.
David prend un air terriblement coupable. Et en même temps, il a l’air fasciné, comme un papillon attiré par la lueur d’une lampe. Tu m’étonnes, avec ce que je lui ai réservé comme tenue…
Je referme brutalement la porte derrière moi, les sourcils froncés, et j’avance jusqu’au lit. David m’observe intensément. Je sais maintenant exactement à quelle sauce je vais le manger… ce n’était pas évident, au début.
Ses yeux brillent d’un feu étrange.
Je me penche pour le libérer dans un petit craquement de cuir qui plie. La respiration de David s’est accélérée, tandis qu’il me dévore du regard. Ma guêpière de cuir noir, à laquelle sont attachés mes bas couture couleur chair par des crochets de porte-jarretelle, semble l’hypnotiser… Il est vrai qu’il ne m’avait encore jamais vue comme ça. Moi, ça m’amuse, ce genre de tenue… toujours.
De là à dire que ça m’excite, je n’irais pas jusque-là. Mais l’effet que ça a sur la gent masculine… et féminine aussi, parfois, je vous dis pas. En général ils roulent des yeux affolés dans leurs orbites, partagés entre le désir et l’angoisse. Enfin, ça dépend de ce que je tiens dans mes mains à ce moment-là…
Je pose le martinet sur le lit pour réussir à dégripper la clé dans le verrou de la menotte. David oblique un regard vers mon outil de plaisir, l’expression hagarde.
Je me redresse, pendant qu’il masse son poignet un peu endolori par le métal. Je scrute son expression, et il glisse un regard voilé dans le mien.
Je lève soudain ma jambe droite et pose la pointe de ma botte sur le bord du lit. Les yeux de David ne savent plus trop où se fixer, entre le cuir brillant de mes cuissardes, l’ouverture de mes cuisses lui révélant une vue plongeante sur mon intimité à nu, et le martinet toujours posé à côté de sa tête sur l’oreiller.
Il semble comme frappé par la foudre.
Pendant un infime instant, je lis le combat dans ses yeux. Et il hésite. Je durcis ma voix :
Alors… il s’assied lentement sur le lit. Puis ses yeux s’abîment dans les miens, un long moment. Et ce fier mâle se penche vers le bout de ma botte, toujours sans me quitter du regard. Il lèche d’abord paresseusement, puis y met plus d’ardeur, jusqu’à se redresser à genoux pour pouvoir remonter sa langue sur le cuir, jusqu’à lécher mon bas et la bande de peau nue de mes cuisses… Ses mains suivent le mouvement, avec douceur, et ses doigts brûlants rampent jusqu’à ma chatte, qu’ils explorent délicatement. Un frémissement me parcourt.
David lèche toujours mes cuisses, ses yeux rivés aux miens… ses doigts plongent alors dans mon intimité entrouverte, et commencent à la patouiller au fond. Je réprime un cri…
Oh oh… Je crois que… Et voilà que David ouvre davantage le compas de mes jambes, pour glisser sa bouche contre ma chatte, me saisissant aux hanches très fermement pour que je ne bouge plus. J’hésite à me révolter… et en sentant sa langue me taquiner le clitoris, je n’hésite plus du tout. Je le laisse s’approprier mon antre chaud et bientôt humide de sa salive et de mon plaisir… grotte trempée qu’il possède ardemment jusqu’à ce que je jouisse, tremblante, sous ses caresses. Ce mec est « mister minou » dans « Sex and the city ». Le roi du cunni. Incroyable. Je me sens comme Charlotte, et en plus, il parait que je lui ressemble. J’espère que ce n’est pas le côté gourde qui en fait la référence.
Avec lenteur, je saisis le visage viril, et l’éloigne de ma chatte ruisselante. Le souffle court, je cherche le regard de mon amant, m’attendant à y lire sa victoire de m’avoir eue sous sa coupe, moi qui suis harnachée comme la dominatrice que je suis… ou que j’ai été.
Mais de sa fierté de mâle, aucune trace. Il me contemple d’en bas comme en pâmoison devant une divinité grecque. Et je sais, sans aucun doute possible, que cet homme m’appartient, quoi que je fasse, quoi qu’il arrive. Je n’avais pas besoin des menottes, apparemment…
David recule sur le lit, et rapidement, m’obéit, les yeux dans les miens. Les vêtements tombent au sol en quelques bruissements. J’admire son corps nu, ses pectoraux bien marqués, la toison fournie de sa poitrine, dans laquelle j’ai immédiatement envie de fourrer mes doigts. Mes yeux descendent sur son ventre rebondi, puis sur son autre toison, la plus intime… son sexe n’est pas très long mais massif, et il bande comme un taureau. Je m’approche et rejoins David sur le lit, glissant ma main dans ses poils doux qui m’attirent comme un aimant… je suis surprise du poids de ses couilles contre ma paume avide.
Cette fois, je ne le reprends pas. Il a raison, de toute manière. Je ne suis pas Lucie en ce moment… pas avec lui… Je suis juste Sally. Je lâche doucement ses parties.
Lorsque ses doigts et sa bouche m’effleurent, à tour de rôle, pour ôter, un à un, tous mes artifices, je suis prise de tremblements irrépressibles. Une fois nue, je me laisse attirer contre lui, tandis qu’il me serre comme un perdu. Sa peau est douce, chaude, il sent si bon… une vague de désir plus forte que les autres, déferle dans mon ventre, un gémissement m’échappe.
Souriant, il me repousse lentement contre l’oreiller. Je m’étends dans un soupir, dorlotée par la douceur de ses caresses, par la gourmandise de sa bouche, de sa langue… mon corps ainsi torturé convulse et se tord sous ses baisers… J’ouvre brièvement les yeux pour constater qu’il est au-dessus de moi et tient le martinet…
David éclate de rire et pour toute réponse, ouvre mes jambes pour enfoncer progressivement le manche juste là où ça fait du bien. Haletante, je ne proteste même pas, et le laisse me pénétrer avec son nouveau jouet. Et Dieu qu’il sait bien s’y prendre, avec ses petits va-et-vient clapotant… j’agrippe les plis du drap, tendue, refoulant à grande peine l’orgasme qui monte en moi.
Je lui rends ses baisers comme une folle. Doucement, je saisis sa main, entre mes cuisses, et l’éloigne de ma chatte… le manche en sort avec un bruit de succion prononcé. Impatient, David lâche le martinet qui tombe sur le sol moquetté sans un bruit. Puis il empoigne mes cuisses pour se glisser entre elles, et s’enfonce immédiatement dans ma chatte ouverte… mon dieu que c’est bon de le sentir en moi, large, imposant… et il me lamine profondément, sans hâte, attentif à l’avancée de mon plaisir, alternant coups de reins et petites poussées régulières… jusqu’à ce que, au bout de longues minutes, je hurle ma jouissance, mes ongles labourant la peau de son dos.
Pendant quelques instants, je nage en plein délire, la respiration anarchique, le corps secoué de spasmes. Wahou ! Décroisant péniblement mes jambes dans son dos, j’ouvre enfin les yeux. Je me heurte à son regard chaud, bienveillant… infiniment bienveillant.
*
« Tu n’as pas joui… »
Quelque chose vient de basculer sans que je comprenne vraiment ce qui s’est passé. J’étais au comble de l’excitation, au bord de cette jouissance dont elle parle, mais… Je ne voulais pas que ça s’arrête. Je voulais que cette excitation continue de monter, le plus haut possible, jusqu’à ce que je n’en puisse plus. Que Sally puisse en jouer autant qu’elle voulait, pour son propre plaisir… Le désir qui montait en moi, irrésistiblement était déjà pour moi une forme de jouissance subtile à laquelle je n’avais jamais goûté…
J’essaie de lui répondre sans avoir l’air trop con, sans passer pour le puceau du sm que je suis.
Je vois ses yeux briller d’une lueur étrange.
Sally éclate de rire et me caresse la joue d’une main très tendre.
Je l’observe attentivement. Ses yeux noirs brillent comme des pierres de jais. Je me sens, encore une fois, complètement envoûté par la profondeur de ce regard d’encre. Je ne vous parle même pas du parfum intime et si excitant qu’exhale son corps nu, serré tout contre le mien… et encore moite de notre étreinte.
Là, elle me la coupe ! Et moi qui m’imaginais…
Elle me fait un clin d’œil.
Ben tiens… Si elle croit avoir affaire à un couard la petite cocotte, elle va être servie… Je n’ai jamais laissé une femme prendre l’ascendant sur moi, c’est pas maintenant que ça va commencer… Je souris d’un air carnassier.
Sally darde sur moi un regard interrogateur.
Gros blanc. Ma jeune maîtresse cille nerveusement, comme si elle en avait trop dit.
Je plonge mes yeux dans les siens.
Elle m’a eu, la poulette… je me sens tout ému, d’un coup. Elle se racle la gorge et se redresse soudain sur le flanc, me poussant légèrement pour me toiser de haut.
Je digère la nouvelle…
D’un air un peu garce, elle me contemple en silence. Puis elle rampe jusqu’au bord du lit et ramasse… le martinet, avant de s’agenouiller sur le matelas, juste à côté de moi. Des effluves de son parfum intime me titillent au passage et renforcent mon désir sauvage. Cette femme me rend dingue. Littéralement. J’attends… je ne suis plus qu’attente.
Après un instant de flottement, me sentant la tête vide, je m’exécute. Sally se positionne derrière moi… La peur m’envahit, en même temps que l’impérieuse conviction d’être son jouet me laisse ivre d’impatience, le souffle court… attendant, toujours.
Le premier coup m’atteint dans le bas du dos. Je retiens difficilement un cri, saisi davantage par la surprise que par la douleur. Elle n’a pas tapé fort. Ah, Sally… une gentille, définitivement.
Le deuxième coup porte sur mes fesses, cinglant cette fois, et je grogne. Pas le temps de réagir qu’un troisième coup atterrit sur la face interne de ma cuisse, très près de l’aine. J’étouffe un juron. Sally s’acharne, ayant visiblement compris qu’au final… j’ai mal. Et pourtant… Au dixième coup, ma queue est encore plus gonflée de désir qu’auparavant. La garce sait s’y prendre !
Lentement, elle pose le martinet sur le matelas. Je ne sais plus quoi dire… mon corps n’est plus qu’un tas de chairs qui crie mon envie d’elle.
Je me retourne péniblement et croise ses yeux étincelants. J’ai le souffle coupé tant je la trouve belle, arrogante, sublimée par mon abandon… et tellement bandante, tellement désirable, parée de sa fière nudité. Ses seins aux pointes dressées m’attirent comme un aimant… mais elle me claque la main qui s’en approche.
Je ne réfléchis même pas… mes doigts s’emparent de mon sexe enflé et commencent un va-et-vient précipité, tant j’ai envie de jouir.
J’ai dit son nom dans un gémissement.
La voilà qui se penche vers moi et gobe ma queue de sa bouche brûlante. J’essaie de penser à ma mère… aux impôts… à notre président… même à la Sainte Vierge, du moment que je parvienne à contrôler mon orgasme ! Putain mais je ne vais pas y arriver, elle me caresse le sexe d’une langue besogneuse, puis reprend ses languissantes succions… A grand-peine, je réprime ma jouissance, quand soudain… Sally m’attrape par les fesses et force mon sphincter du bout de son doigt ! Sidéré, je me fige, flageolant, désarmé par cette pénétration que je n’avais pas vu venir. Et cela me procure aussitôt un plaisir incroyable, inconnu, et j’ai l’impression de bander encore plus dans l’antre humide de sa bouche… Sally se met à remuer son index, tant et si bien que je ne tiens plus et m’effraie déjà de sa fureur quand elle aura sa si jolie bouche remplie de mon sperme… À ce stade, la Sainte Vierge m’excite, je suis sûr qu’une recette de cassoulet m’excite !
Et… Sally délaisse ma queue dressée, afin de plonger ses yeux dans les miens. Je me noie dans son regard, complètement hagard. Elle reste silencieuse. Mon sexe humide et rougi de ses délices, de sa douceur, pourrait presque frôler sa joue, tant Sally se tient près de moi. Son doigt toujours vissé dans mon anus me rend fou de désir…
Tremblant et interloqué, j’éclate en moins de trois secondes cette fois, malgré tous mes efforts pour faire durer cet instant délicieux le plus longtemps possible. Je pousse un cri démentiel, dont j’ai honte aussitôt, inquiet d’avoir été entendu. Sally me lâche en souriant étrangement.
J’ai la vision de mon sperme dégoulinant de la bouche et du menton de Sally avant de retomber sur le lit, totalement épuisé, les jambes encore tremblantes. La jeune femme s’essuie délicatement le visage avec un pan du drap, puis vient se lover contre moi, me serrant dans ses bras avec force.
Sally me sourit avec espièglerie. Pourtant… il y a encore en elle des traces de cette femme superbe et autoritaire qui m’a fait jouir seulement en me l’ordonnant… Au fond de ses yeux brille ce feu énigmatique qui fait partie d’elle.
[À suivre…]