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Temps de lecture estimé : 13 mn
10/04/16
corrigé 06/06/21
Résumé:  Serait-il possible qu'un mot, un seul, puisse rendre une femme totalement heureuse ?
Critères:  #fantastique #conte f h fh fplusag fmast hmast nopéné
Auteur : LouVilneau  (Faire rêver pour le plaisir)            Envoi mini-message

Série : Le mot qui rend les femmes heureuses

Chapitre 01 / 03
Kévin

« 7 h 52 ! Ah non ! C’est pas vrai ! Je suis à la bourre… »


Vivement, je rejette la couette et m’assois dans le lit. Je déteste être en retard, mon cœur bat la chamade. Je suis pour sauter sur mes pieds quand je réalise qu’aujourd’hui, on est dimanche… Tout en me traitant de tous les noms, je me calme et me rallonge en souriant. Il ne me reste plus qu’à tirer sur moi la couette encore tiède et à savourer ce moment douillet où le temps n’a pas d’importance.


Dans le demi-sommeil qui s’installe, tous les événements des dernières semaines me reviennent à l’esprit.


Bien sûr, ma réussite au concours de bibliothécaire – eh oui, me voilà conservateur ! – et ma nomination comme adjoint dans la bibliothèque municipale de cette ville moyenne picarde. Et puis, ma rencontre avec Caroline, ma chef, une jeune femme à peine plus âgée que moi, belle, mais froide et d’un abord sévère et au parler cassant. Avec elle, c’est « boulot-boulot » : ça ne rigole pas dans les rayons !


Heureusement, le travail me passionne, la bibliothèque bourdonne d’activité, le public est nombreux et les collègues sont sympas. Et surtout, suite au décès d’un collectionneur qui en a fait don à la commune, il y a tout un lot de livres anciens à dépouiller et à indexer, charge que Caroline m’a confiée en priorité.


C’est là que je suis tombé sur une monographie éditée en 1819, ayant pour thème le Bhoukistan, un petit royaume de l’Himalaya, isolé au sein du massif montagneux que seuls deux cols, praticables quelques jours par an, permettent de relier aux pays voisins. Après une description enthousiaste des paysages grandioses que l’on y rencontre, l’auteur insiste sur le caractère heureux des habitants et l’harmonie de cette société coupée du monde, au point que l’auteur qualifie le Bhoukistan de « pays du bonheur ».

En manipulant l’ouvrage, j’ai découvert, glissés sous le cuir de la couverture, deux feuillets couverts d’une fine écriture et rédigés en allemand. Il m’a fallu pas mal de temps pour déchiffrer l’écriture et pour rappeler mes connaissances d’allemand, inutilisées depuis ma sortie du lycée. Mais ça y est : hier soir, j’ai achevé de traduire le premier feuillet et j’y ai découvert une merveille.


Le rédacteur raconte que la lecture du livre l’a poussé à visiter le pays. L’action se passe en 1897. Après bien des difficultés, il a réussi à franchir l’un des cols d’accès et à atteindre la région de ses rêves. Une descente vertigineuse l’amène dans une vallée verdoyante et, au loin, il distingue une maisonnette surmontée d’un filet de fumée. Tout près, sur un petit lac gelé, un enfant fait des glissades jusqu’au moment où, dans un craquement, la glace se rompt et l’enfant disparaît. Notre voyageur se précipite, se déleste de son sac et pénètre dans l’eau, heureusement peu profonde. L’enfant, qui n’a pas pied, se débat et coule brusquement. L’homme plonge et ramène le corps inanimé sur la berge ; il le déshabille, le frotte énergiquement et l’enroule dans une couverture tirée de son sac. Lui-même, gelé dans ses vêtements mouillés, se déshabille et enfile une lourde pelisse. Il attrape le corps, le serre dans ses bras sous la pelisse pour essayer de lui communiquer sa propre chaleur et court vers l’habitation.


Une femme arrive vers lui ; elle appelle sans doute l’enfant. L’homme se précipite sur elle, lui montre l’enfant et continue à courir vers la maison, vers la chaleur. Au loin, sans doute attiré par les cris de la femme, un homme accourt. Une fois entré, par contraste, la chaleur paraît étouffante. Devant la cheminée, l’homme dépose l’enfant qui hoquette et vomit un peu d’eau. Mais il respire et sa peau reprend une belle couleur rose. Sa mère l’embrasse tendrement puis le rallonge et le recouvre de la couverture en lui chantant un petit air doux qui l’apaise et semble l’endormir.


C’est à ce moment que le père entre. En quelques mots, sa femme le tient au courant des événements et tous deux se tournent vers le voyageur pour le remercier. Vaincu par la fatigue du voyage, le bain glacé, la course puis la chaleur intense, celui-là s’est écroulé presque sans connaissance. Empressés, l’homme et la femme le déshabillent et le massent ; il reprend ses esprits et arrive à s’asseoir. Interloqué, il voit ses hôtes se dénuder aussi. Ils sont petits, râblés, leur carnation est foncée. Bien qu’éloignée des canons européens, la femme est belle : des seins pointus et fermes, une toison pubienne sombre et fournie, des fesses développées, mais surtout, un visage rayonnant. Malgré son inquiétude réelle, son sourire est franc et ses yeux emplis de bonté.

Le voyageur, qui a appris quelques mots de vocabulaire bhouke, parvient à faire comprendre qu’il a laissé tout son bagage près du lac. Après avoir longuement parlé à sa femme, l’homme se rhabille et sort. La femme explique qu’il est parti chasser pour le repas du soir et qu’au retour il rapportera le bagage. Voici la traduction de la suite, telle que la raconte le voyageur :


L’habitation de bois et torchis n’est constituée que d’une seule grande pièce organisée autour du foyer de la cheminée. Un côté est réservé aux repas avec une grande table et des bancs ; des ustensiles sont posés par terre ou accrochés au mur. L’autre côté est garni d’une grande paillasse pour le couchage. En face de la cheminée, un espace libre meublé de quelques tabourets, sans doute pour la discussion.


La femme s’accroupit près de l’enfant. Pendant un moment, en silence, elle surveille sa respiration puis, après une caresse sur la joue, elle se relève et vient vers moi qui me suis installé sur un tabouret. En souriant, elle s’assoit sur mes genoux, à cheval en face de moi et, des deux mains, me caresse le visage. Elle me regarde droit dans les yeux et me remercie pour son fils puis elle se colle à moi et m’embrasse avec ardeur. Je suis gêné, mais n’ose pas la repousser ; et puis ce corps nu contre moi, ces seins durs qui me chatouillent le torse, tout cela fait que je réagis rapidement avec une belle érection. Prenant conscience de la chose, la femme frotte son bas-ventre sur mon membre turgescent. Le contact soyeux de sa toison est un surcroît d’excitation qui m’amène au bord de l’explosion. Le sentant, elle se lève pour se placer entre mes genoux et commencer à lécher mon mandrin. Sa technique est rustique, parfois un peu maladroite, mais extrêmement efficace. Sentant venir mon éjaculation, la femme se relève, me prend la main et m’invite à la suivre jusqu’à la couche sur laquelle elle se met à quatre pattes. L’invite est évidente et je ne me fais pas prier pour la besogner. Elle recherche mon plaisir, mais aussi le sien en se caressant le clitoris du bout des doigts. Elle gémit sans retenue et finit par s’écrouler dans un long orgasme que je partage.


Nous restons allongés quelque temps, côte à côte, instant de récupération rendu nécessaire par la débauche d’énergie, puis elle m’embrasse et se lève pour reprendre des occupations plus ou moins mystérieuses à mes yeux. Fréquemment, elle se retourne pour me sourire et son visage, rayonnant de paix, me réchauffe le cœur.


Son mari revient plus tard avec mon bagage et un volatile mort qui ressemble à une grive. Je sors des vêtements secs et entreprends de m’habiller quand l’homme me retient en posant sa main sur mon bras. Il m’explique que dans la maison ils vivent nus, et lui-même se déshabille. J’essaie de lui faire comprendre que je vais m’en aller, alors tous les deux viennent me prendre les mains et je suis obligé d’admettre que je dois rester si je ne veux pas les blesser. Cependant, je reste circonspect quant à la réaction du mari s’il apprenait ce que nous avons fait, sa femme et moi…


L’auteur raconte ensuite qu’au cours de la nuit, la femme s’est partagée entre lui et son mari, sans que celui-ci y trouve à redire. Au cours des semaines qui ont suivi, le voyageur a visité un nombre important de foyers bhoukes. Dans chacun, il a fait les mêmes constatations : la femme est toujours sereine ; le plus souvent, elle rayonne de bonheur et, lorsqu’elle est en âge de procréer, elle s’offre à lui avec l’approbation du mari.

Par contre, à chaque fois qu’il a demandé la raison de ce bonheur affiché, ses hôtes ont esquivé ou fait semblant de ne pas comprendre sa question.


Ce n’est qu’au moment de quitter le Bhoukistan, à l’approche de la saison des pluies, qu’il s’est retrouvé chez le premier couple, celui dont il avait sauvé l’enfant. Au cours de la dernière soirée, il leur exprime sa déception, ayant compris qu’on lui cachait un secret qui pouvait lui être aussi très important. L’homme et la femme se sont alors consultés du regard, ont jeté un coup d’œil à l’enfant déjà endormi, puis la femme a hoché la tête pour inciter son mari à parler. Je laisse à nouveau la parole au narrateur :


Il m’entraîne dehors et nous faisons quelques pas dans la nuit.


  • — Tu es notre ami, me dit-il. Tu as sauvé notre fils. Je te dois la vérité. Lorsque les filles atteignent l’âge d’être femme, on organise une fête pour célébrer ce passage. Tous les voisins se réunissent autour d’un repas à l’issu duquel le père prend sa fille à l’écart et prononce un mot qui lui ouvre l’esprit et lui montre le chemin du bonheur. Lorsque la nouvelle femme revient parmi les siens, chacun lui offre un cadeau et la fête continue par des chants et des danses.

Je le questionne sur ce mot « magique ».


  • — C’est un grand secret, car ce mot est très puissant. Il n’est efficace que sur les femmes, si c’est un homme qui le prononce et s’il n’y a aucun témoin. Je te le répète, mon ami : ce mot est extrêmement puissant, il ne faut l’utiliser que pour faire le bien. C’est pour cela que c’est un secret.

Il m’a alors prononcé ce mot que son père lui avait appris et qu’il apprendrait à son fils, plus tard.


L’auteur des feuillets donne alors la transcription phonétique de ce mot-qui-rend-les-femmes-heureuses. Bien entendu, je m’entraîne à le prononcer et il se grave dans mon esprit.



♦    ♦



Le soleil bas d’octobre qui pénètre dans la chambre me sort de ma rêverie. Il est temps de me lever. J’entends ma logeuse dans la cuisine qui prépare le petit-déjeuner, et une odeur de café frais vient me réjouir les narines. Je prends une douche rapide et, en sortie de bain, je la rejoins dans la cuisine.



Elle baisse la tête au-dessus de son bol et je vois de grosses larmes qui roulent sur ses joues.


J’ai connu madame Cipria par une petite annonce qu’elle avait affichée à la bibliothèque. Veuve, elle travaillait l’après-midi dans un magasin de lingerie, et pour compléter son maigre salaire elle proposait une chambre avec demi-pension pour un étudiant. Comme je logeais à l’hôtel en attendant de trouver mieux, je me suis présenté. Au départ, elle a été un peu réticente ; à 24 ans, je n’étais plus étudiant et elle n’aurait plus les mêmes avantages vis-à-vis du fisc. Comme je lui ai proposé de compenser en payant un peu plus mensuellement, elle a accepté et j’ai emménagé dans une grande chambre, très claire et confortable. En plus, elle me préparait le petit-déj et le repas du soir. Le rêve pour un célibataire !


Madame Cipria est l’une de ces femmes sans âge, un de ces êtres falots que l’on croise sans les remarquer. Blonde, de taille moyenne, habillée sobrement de vêtements qui cachent ses formes féminines, elle passe inaperçue.


Comme tous les matins, elle a revêtu une robe de chambre en pilou rouge sombre sur une chemise de nuit que n’aurait pas reniée ma grand-mère ; ses cheveux tirés en arrière sont réunis en deux couettes qui retombent derrière sa tête, lui donnant un air un peu ridicule dont elle n’a pas conscience.

Elle est triste, exprimant perpétuellement un chagrin inconsolable. Même si sa bouche sourit, ses yeux restent douloureux.


Cependant, ainsi que c’est souvent le cas pour les personnes seules, elle est très bavarde. Je sais tout de sa vie. Son mari, comptable – un « homme bien » – est mort d’un AVC au bout de sept ans de mariage, il y a vingt ans. Sa seule grossesse s’est achevée par une fausse-couche à cinq mois. Sa solitude depuis. Elle ne veut plus d’homme, « elle a trop souffert »… et puis, « elle n’est pas attirée ». Son regret est de ne pas avoir eu d’enfant, « c’est pour ça que je loue à des étudiants, ils sont un peu mes enfants, je les chouchoute… même toi, tu pourrais être mon fils ! ».


Je ne sais pas ce qui se passe ce matin, mais elle pleure. La tête baissée au-dessus de son bol, elle est secouée de sanglots. Remué, je me lève et, penché sur elle, je passe mon bras sur ses épaules pour la serrer contre moi.



Elle hoquette :



Un grand coup de déprime ! Comme la plupart des hommes devant une telle détresse féminine, je me sens totalement démuni. Je balbutie des mots sans suite :



Alors, sans réfléchir, je prononce le mot-qui-rend-les-femmes-heureuses… Sidéré par mon imprudence, je m’éloigne d’elle pour observer le contrecoup de mon inconséquence.


Sur son visage, je lis la stupéfaction. Elle me cherche du regard. Je suis fasciné ; je la vois se transformer progressivement : elle sourit, ses narines palpitent, ses yeux se mettent à briller, et je distingue nettement les rides profondes de son front et de ses yeux qui s’estompent. Progressivement, sa peau retrouve l’élasticité et la carnation de la jeunesse.


C’est à moi qu’elle sourit. Sans proférer aucun son, sa bouche prononce « Merci, Kévin ».

Elle me prend par la main et m’entraîne dans sa chambre. Devant son lit, une armoire présente un grand miroir devant lequel elle se place. Elle laisse glisser la robe de chambre à ses pieds puis, d’un geste rempli de souplesse, elle fait passer la chemise de nuit par-dessus sa tête. Elle est nue.


Pour la première fois, je réalise que c’est une belle femme, une femme désirable !


Elle se regarde avec une sorte de surprise admirative. Ses mains dénouent ses couettes ; machinalement, elle secoue la tête et tapote sa chevelure qui se met en place et vient encadrer souplement son visage. Sa carnation de blonde, très pâle, attire le regard vers le rose foncé de ses mamelons turgescents. De ses mains en coupe, elle rehausse ses seins pour les mettre en valeur et pour me les présenter :



Je balbutie :



Elle rit.



Elle se trémousse un peu, tourne sur elle-même.



Les mains toujours en coupe, ses pouces caressent les aréoles granuleuses. Le plaisir qu’elle se donne fait trembler ses jambes. Et lorsque les pouces prennent les tétons en tenaille, les compressant sur la racine des index, elle émet un long râle, ferme les yeux et s’écroule. Je me précipite, la rattrape et arrive à l’asseoir sur l’extrémité du lit. Je ne suis pas insensible à cette chair chaude entre mes bras et je lui caresse la nuque. Gentiment, elle me repousse.



Elle ajoute très vite :



Moi aussi, je suis excité ! Dans mon agitation, ma sortie de bain s’est ouverte sur mon sexe tendu qui pointe à découvert. Absorbé par la vision de Muriel, je le masturbe distraitement.


Assise, Muriel continue à se regarder. Ses mains glissent sur son petit ventre rond. Elle écarte les jambes pour dévoiler sa vulve, bien visible à travers les quelques poils blonds qui ornent son bas-ventre. Elle ne bouge plus, les mains figées sur ses cuisses. Son regard fixe attire le mien sur son entrejambe où les lèvres pâles de son sexe s’écartent doucement pour laisser apparaître le corail d’une chiffonnade de muqueuses brillantes qui gonflent irrésistiblement.


Muriel semble hypnotisée par le phénomène. Cette chair rouge vif ressort presque obscènement sur la pâleur de sa peau. Un doigt explorateur va frôler cette fleur délicate. Elle gémit. Le doigt s’enfonce, explore, va-et-vient. Muriel découvre, expérimente, se décide. Un deuxième doigt vient accompagner le premier et l’ensemble vient presser la zone où doit se trouver le clitoris.


Muriel frissonne, ferme les yeux et se laisse tomber en arrière. Ses doigts ont entamé un lent mouvement de rotation qui s’accélère progressivement. Elle geint doucement, sa respiration se précipite, elle va jouir… Je ne peux plus tenir ; moi aussi je vais jouir ! Tout à coup, dans un grognement de bête, elle se recroqueville, secouée de spasmes, et moi je l’arrose de ma semence.


Hébétés, nous nous regardons avant d’éclater de rire, elle allongée, les jambes pendantes à l’extrémité du lit, et moi avec mon sexe pendouillant au bout de mon poing.

D’un doigt distrait, elle étale des gouttes de sperme sur son ventre. Puis elle lèche ce doigt et fait la grimace :



Nous sommes à nouveau secoués d’un fou-rire libérateur.


Plus tard, calmée, elle s’assoit et me fait signe d’approcher. Elle s’agrippe à mes mains pour que je l’aide à se relever, puis elle se serre contre moi. Elle lève son visage et me tend ses lèvres. L’un et l’autre, nous découvrons alors un baiser rempli d’amour mais totalement chaste ; un baiser empli d’un bonheur qui veut se partager.



À suivre…