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Temps de lecture estimé : 10 mn
07/11/16
corrigé 06/06/21
Résumé:  Tandis que Chalmin se rend à Carcosa, l'inspecteur Garcia commence à enquêter sur une étrange affaire.
Critères:  nonéro -fantastiq
Auteur : Brodsky      Envoi mini-message

Série : Le réveil de l'indicible

Chapitre 04
D'un enfer à l'autre

Résumé des épisodes précédents :


« La vérité qu’il faut cacher » Robert Bellane et son fils ont fait alliance avec le Dieu Hastur contre les serviteurs de Chtulluh qui tentent de le réveiller.


« La métamorphose du vampire » Dans le même temps, Nathan de Cursac a découvert que la jeune femme dont il était tombé amoureux était une créature infernale.


« L’ombre d’Hastur »

Enfin, Frédéric Chalmin a consulté Bellane à propos de cauchemars étranges dans lesquelles apparaît sa fiancée disparue. Bellane et son fils lui donnent la possibilité de se rendre à Carcosa où sa bien-aimée règne désormais sous le nom d’Akivasha.


Les ténèbres s’épaississent, et l’heure de la confrontation entre l’Humanité et les Grands Anciens se rapproche…


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Le récit de l’inspecteur Garcia



Un véritable carnage. Ce sont les voisins qui avaient appelé, à cause de l’odeur pestilentielle que répandait le cadavre sur lequel les mouches et les vers avaient déjà commencé leur festin. Le pauvre type avait été déchiqueté ; il en manquait des morceaux, et surtout, il avait été totalement vidé de son sang. L’appartement était au nom de Nathan de Cursac, mais seul le légiste pourrait confirmer l’identité du gus.


Je jetai un œil sur l’ordinateur qui était resté allumé. Vide… Quelqu’un avait effacé tous les documents qui s’y trouvaient. Je sortis sur le balcon où un jeune stagiaire était en train de rendre tripes et boyaux…



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Le récit de Frédéric Chalmin



Raconter le voyage sur le dos de l’étrange créature serait impossible. Combien de temps cela prit-il avant d’arriver dans le système d’Aldébaran où se trouvait Carcosa ? Je ne saurais le dire… Comment avons-nous pu survivre au froid glacial, au manque d’oxygène ? Sans doute la fiole que j’avais bue avant de partir…


Carcosa était une planète désertique parsemée de villes splendides que protégeaient des dômes ressemblant à de fragiles bulles de savon. Nous arrivâmes bientôt dans l’une d’elles, aux habitations étranges, ressemblant aux nôtres en partie et en partie déformées comme dans un cauchemar irréel. Des créatures fantastiques et monstrueuses la peuplaient, certaines ressemblant à ces peluches pour enfants qui ressemblent à des monstres. Mais ces peluches étaient gigantesques, et surtout elles étaient munies de griffes et de dents effroyables. D’autres évoquaient des squelettes décharnés, certaines de forme plus ou moins humaine, d’autres encore des zombies tels qu’on peut en rencontrer dans les mauvais films d’horreur.


À l’évidence, j’étais là au cœur d’une épouvantable civilisation dont je n’arrivais pas à savoir si elle était avancée ou dégénérée. Je m’attendais à être dévoré par ces créatures, mais aucune ne s’approcha de moi. Toutes semblaient totalement indifférentes à ma présence. Certaines me jetèrent un coup d’œil rapide, puis reprirent leur déambulation chaotique.


Je finis par arriver au pied d’une bâtisse ressemblant à une pyramide égyptienne, mais qui aurait été posée sur sa pointe. La goule qui en gardait l’entrée me laissa passer sans même m’adresser un regard. Je me disais que tout cela ne pouvait être vrai, que c’était un nouveau cauchemar et que j’allais me réveiller une fois de plus. Mais je continuai d’avancer avec la certitude que quelque part dans cette pyramide, Clara m’attendait.


Dès l’entrée, une atroce puanteur me prit à la gorge. L’impression d’entrer dans un tombeau dans lequel des milliers de corps achevaient de se décomposer. Je croisai à l’intérieur d’innombrables créatures toujours aussi indifférentes à ma présence. Toujours guidé par je ne sais quel instinct, je marchai longtemps dans des corridors effrayants, éclairés, semblait-il, par les pierres elles-mêmes. Je traversai plusieurs salles décorées de statues à l’aspect diabolique représentant des créatures dotées de tentacules sortant de la bouche et aux écailles rappelant celles des dragons qui peuplaient nos livres pour enfants. Ces statues étaient en or et en argent, et leurs yeux étaient représentés par des émeraudes ou des rubis.

J’arrivai enfin devant une pièce fermée par un rideau de velours rouge dans laquelle, je le savais, j’allais retrouver Clara.


Doucement, j’écartai le rideau. Le spectacle qui s’offrit à mes yeux fut le plus terrible des cauchemars de mon inutile existence : sur un lit somptueusement décoré, une goule faisait l’amour à une femme au corps en décomposition. Il ne restait plus rien de la Clara que j’avais connue… Son visage squelettique ne laissait plus apparaître que ses yeux qui semblaient sortir de ses orbites. Son corps n’était plus qu’une plaie laissant apparaître des muscles à vif à certains endroits, et les os à d’autres.


Sans doute dérangés par ma présence, les corps se séparèrent et la reine Akivasha se leva pour m’adresser enfin la parole.



Presque malgré moi, je m’approchai du corps cadavérique de la reine qui me prit dans ses bras décharnés. Le contact de son corps me rendit alors totalement fou d’un désir que jusqu’alors je n’avais jamais éprouvé.


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Le récit de l’inspecteur Garcia



La tournée des hôpitaux psychiatriques n’avait rien donné, et ce n’est que le lendemain dans la soirée que je reçus le rapport du médecin légiste. Il manquait la main et la jambe gauche de la victime ; elles n’avaient pas été coupées, mais arrachées par une mâchoire comparable à celle d’un crocodile. Deux crocodiles différents, semblait-il. Les autres plaies partout sur le corps semblaient être l’œuvre des serres d’un oiseau de proie gigantesque. Sauf que ni les oiseaux ni les crocos ne boivent le sang de leurs victimes. Donc, nous étions en face de trois bestioles capables de crocheter une serrure et de dévorer un bonhomme.

Voilà un rapport qui n’éclaircissait rien du tout, bien au contraire.


Par contre, mon intuition à propos du serial killer était la bonne : à cinquante kilomètres de là, près de quinze jours auparavant, un autre pauvre type était mort dans les mêmes conditions, un commercial du nom de Joël Borstein. Pur hasard, les deux victimes avaient postulé à une offre d’emploi dans la même société. C’était mince, très mince, mais on allait partir de là.


Deux hypothèses s’offraient alors. La première (sans doute la plus crédible) : les deux victimes butées par un candidat malheureux au poste offert. La seconde : nos deux bonshommes auraient pu découvrir une arnaque à propos de la boîte qui envisageait de les embaucher. Mais le type chargé du recrutement était à Paris avec son staff la nuit du meurtre. Donc…


J’allais quand même prendre contact avec le patron de ce projet « Mars 2040 » qui ne me semblait pas vraiment sérieux. Officiellement pour obtenir la liste des candidats, et en même temps pour essayer de me faire une idée un peu plus précise de cette affaire.


Je sortais du bureau pour en griller une quand Leboul se pointa, tout sourire.



Je tirai longuement sur ma clope, en proie à une intense réflexion.



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Le récit de Frédéric Chalmin



J’avais rappelé la Byakhee à l’aide de mon sifflet. Après les intenses moments de volupté passés avec la reine Akivasha, je n’avais désormais plus besoin de boire la fiole que j’avais prise pour voyager dans l’espace-temps. Nous repartîmes en direction de l’appartement des Bellane. Comme la fenêtre de la chambre était ouverte, j’entrai en essayant de faire le moins de bruit possible de manière à ne pas attirer l’attention des voisins.


Assise dans l’un des fauteuils de la chambre, j’eus la surprise de constater que ce n’était ni Robert ni son fils qui m’attendait, mais mademoiselle Roman, ma psychologue. Constatant ma stupéfaction, elle posa un doigt sur bouche et s’adressa à moi en parlant doucement.



À peine eussé-je pris la pilule que je compris mon erreur ; je me sentis soudain tout engourdi, lucide, mais incapable de décider quoi que ce soit par moi-même. Deux hommes vêtus de blouses blanches entrèrent dans la chambre ; ils avaient tous les deux un air vaguement dégénéré qui donnait aux traits de leur visage des expressions de poissons. Sans que je puisse esquisser un geste de révolte, ils me passèrent une camisole de force.



Un sourire cruel déforma son beau visage.



Les deux brutes me firent sortir de la chambre et nous traversâmes le salon où une nouvelle vision d’horreur s’offrit à moi : Robert Bellane avait été crucifié sur le mur, et les plaies dont son corps était couvert témoignaient des souffrances qui avaient dû être les siennes durant mon voyage à Carcosa. Quant à son fils, il avait disparu.