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n° 17776Fiche technique19755 caractères19755
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Temps de lecture estimé : 13 mn
07/02/17
corrigé 06/06/21
Résumé:  Une jeune femme vient passer quelques jours dans l'appartement qu'une amie lui a prêté. Elle va tomber sous le charme d'un mystérieux portrait.
Critères:  #fantastique revede anulingus
Auteur : Camille_2  (Camille)      Envoi mini-message

Série : Le portrait de l'Homme Noir

Chapitre 01 / 03
Chapitre 1

LE PORTRAIT DE L’HOMME NOIR (1ère partie)




À travers le store des hautes fenêtres de l’appartement, l’Homme Noir observait la rue, trois étages plus bas. À bien y regarder, sa peau n’était pas réellement noire. Pas de façon homogène en tout cas. Elle offrait de multiples nuances, sans cesse mouvantes, d’anthracite, d’ardoise ou d’ébène.

Autour de son corps immense à la nudité statuesque qu’on aurait cru taillé dans l’obsidienne, la lumière du crépuscule sourdait des lamelles de bouleau. Par un subtil jeu de reflets sur le plancher verni, elle nimbait le salon, à la végétation luxuriante, d’un halo orangé. La tête, totalement glabre, pivota comme si l’Homme avait repéré dans le défilé incessant des passants celui ou celle qu’il attendait. Il s’attarda encore un instant, puis s’éloigna sans un bruit pour disparaître dans la pénombre de la chambre à coucher.


Une clef joua dans la serrure. Trois verrous cliquetèrent. La porte s’ouvrit sur l’appartement. Après une brève hésitation, Hana franchit le seuil. Son imposant sac de voyage lui cisaillait l’épaule depuis la gare. Elle le laissa tomber sans ménagement sur le plancher, puis referma derrière elle la lourde porte métallique. Comme elle glissait la clef dans la serrure pour éviter de l’égarer, la jeune femme crut percevoir un son étouffé qui provenait de la chambre à coucher. Elle aurait juré qu’il s’agissait du raclement singulier d’un pied marchant sur un sol couvert de gravillons.


Par acquit de conscience, Hana passa la tête dans l’embrasure de la porte. Bien que fermés, les volets laissaient filtrer assez de lumière pour constater que la pièce était vide. Elle retourna dans le vestibule, attrapa la courroie élimée de son sac et le tira au pied du lit. Estimant qu’elle aurait bien le temps de déballer ses affaires, ou pas, pendant le week-end, elle s’apprêtait à regagner le salon quand son regard tomba sur le portrait accroché au-dessus de la vieille commode en acajou.


Le tableau, bordé d’un cadre en bois mat aux moulures dorées par endroits défraîchies, mesurait environ un mètre sur cinquante ou soixante centimètres. Il figurait un homme svelte, aux muscles fins et noueux. Manifestement de très grande taille, le personnage était vêtu d’une simple robe en étoffe bleu nuit, ouverte sur le torse. En dépit de sa peau d’encre, la forme de son visage chauve et imberbe, ses traits minces et réguliers étaient clairement ceux d’un Européen. Le travail admirable de l’artiste rendait palpable la moindre parcelle de chair qui saillait sous la robe sombre du géant. Son style rappelait à Hana le réalisme cru, et non dénué d’érotisme barbare, d’un Bouguereau ou d’un Gérôme. Toutefois, davantage que la perfection photographique de la peinture, c’était la noblesse froide, émanant du regard sensuel et hypnotique de l’Homme Noir, qui fascinait Hana.


Elle posa les mains sur le plateau en marbre de la commode pour rapprocher son visage de la toile. Au contact de la pierre lisse et froide, la jeune femme prit soudain conscience de la moiteur de ses paumes. Elle les porta à ses joues brûlantes, puis se pencha à nouveau pour vérifier si elle trouvait la signature de celui, ou celle, qui avait accompli ce chef-d’œuvre. Après un bref examen, elle releva près du bord droit du cadre trois initiales énigmatiques, inscrites en lettres capitales à peine visibles : "NTP".


Il lui sembla bientôt sentir un parfum qui lui rappela, en plus poivré et enivrant, celui du benjoin utilisé pour la fabrication du papier d’Arménie. La fragrance, à peine perceptible, semblait provenir de la toile. Un léger engourdissement commençait à envahir son corps et son esprit. Il se propagea le long de sa colonne, passa sur ses seins, descendit dans son ventre et alla se perdre entre ses cuisses en un picotement délicieux. Les yeux mi-clos, la tête mollement inclinée, comme une somnambule, derrière le rideau de ses longs cheveux noirs, Hana laissa échapper un profond soupir.


Rompant le charme, le téléphone se mit à sonner et vibrer dans la poche arrière de son jeans. La jeune femme redressa la tête, comme tirée de son sommeil. Reprenant ses esprits, elle saisit l’appareil. C’était Cécile. Avant de décrocher, Hana jeta encore un regard vers le tableau. Elle inspira. L’odeur s’était évanouie. Poussée par la sonnerie qui refusait de basculer sur le répondeur, Hana quitta la pièce, agacée.


La conversation téléphonique fut brève. Cécile avait profité d’une pause durant le colloque auquel elle assistait pour appeler Hana et s’assurer que son amie était bien arrivée. Une nouvelle conférence était sur le point de démarrer. Elle lui promit de rappeler dans la soirée, ou au plus tard le lendemain matin, l’embrassa et raccrocha.


Hana ne trouva donc pas le temps de l’interroger sur le tableau qui ornait désormais le mur de sa chambre. Où l’avait-elle acheté ? À qui ? S’agissait-il d’une peinture authentique ou d’une remarquable copie ? Qui était ce mystérieux "NTP" ? Et surtout, qu’est-ce qui l’avait poussée à acquérir une œuvre aussi éloignée de ses goûts picturaux ? Mais au final, cette absence de réponses ne dérangea pas Hana tant que cela. Le rapport étrange qu’elle avait noué avec le portrait de l’Homme Noir, proche, se fit-elle la remarque, de ce qu’elle avait pu lire sur le syndrome de Stendhal, la perturbait un peu. Mieux valait garder ces choses pour soi.



*



Avachie dans le grand canapé havane du salon, les pieds posés entre deux piles de magazines sur la table basse en bois brut, elle jeta un œil au-dessus de l’étagère qui supportait une impressionnante collection de vinyles, à la reproduction du tableau de Jackson Pollock qu’elle n’avait jamais appréciée. Hana se rendit compte que les entrelacs de peintures "savamment" projetés formaient désormais une masse verdâtre informe dans la pénombre. N’était-ce pas aussi le cas en plein jour ? « Never Mind the Pollocks ! » Elle se pencha pour allumer la lampe posée à côté d’elle, puis, massant ses tempes pour en chasser la fatigue, elle décréta qu’il était temps d’aller faire ses ablutions avant de savourer une bière. Ou, pourquoi pas, en savourant une bière…


Hana retira ses Converse, son jeans et son chandail. Elle les jeta en boule sur la console, à côté de la vasque d’un blanc immaculé. Uniquement vêtue de sa petite culotte, elle alla se planter devant le grand miroir placé entre la vasque et la douche. Depuis quand n’avait-elle pas pris le temps de se regarder ainsi de pied en cap ? Sans doute depuis la dernière fois où elle s’était trouvée dans cette même salle de bain, dont les murs couverts de dalles en grès mat lui donnaient l’aspect minéral d’une grotte douillette. La jeune femme avala une gorgée de bière. Elle inspecta son reflet, la tête légèrement inclinée. Ce qu’elle voyait lui déplaisait moins qu’elle le craignait.



De sa mère Marocaine, Hana avait hérité d’une peau brune à la carnation dorée, d’un visage arrondi et délicat, d’une incroyable crinière noire qu’elle maltraitait avec d’improbables chignons, de lèvres roses et charnues, de grands yeux sombres, mais aussi, hélas, d’une tendance à la presbytie qui l’obligeait à porter des lunettes quand elle lisait, regardait un écran (ou aurait voulu ramener quelqu’un dans son lit, puisqu’à en croire certain(e)s de ses ami(e)s, elles lui donnaient un "nerd salace"… appréciez le jeu de mots) et enfin du prénom d’une lointaine aïeule de l’Atlas qu’elle n’avait jamais connue, puisqu’Hana s’appelait en réalité Hanane. Même si, depuis l’adolescence, elle avait pris l’habitude de raccourcir ce prénom qu’elle trouvait vieillot. Avec le temps, tout le monde avait fini par prendre le pli. Sauf sa mère, naturellement. La jeune femme n’en trouvait pas moins qu’Hana Sept-Vant sonnait mieux à son oreille.


Ce nom de famille, digne d’un roman de Tolkien ou de J.K. Rowling, Hana le tenait de son père, Normand pure souche. À ce géant barbu, elle devait également son mètre soixante-dix, sa pointure quarante-et-un, ses grandes mains aux doigts larges et fermes, la petite "brioche" dont elle ne s’était débarrassée qu’une fois dans sa vie, lorsqu’elle avait rompu avec son premier amour, un postérieur qu’elle avait toujours jugé trop confortable et les cuisses qui allaient avec. D’une autre aïeule issue, celle-là, du bocage, ou peut-être bien des fjords scandinaves, Hana supposait que lui venait le galbe extravagant de sa poitrine dont Cécile disait qu’il rendait le reste de ses courbes d’autant plus appétissant.



Hana et Cécile s’étaient connues à l’université. À l’époque, la première testait les possibilités offertes par un cursus d’anthropologie, comme elle devait le faire, les trois années suivantes, pour les Arts du spectacle, option cinéma, Histoire, puis littérature. La seconde en revanche tentait de réaliser son rêve, concrétisé depuis, de devenir chercheur en ethnobiologie. Un peu par manque de ressources, beaucoup par affinité, les deux étudiantes devinrent colocataires, puis amies, puis amantes. Pour Cécile à nouveau, c’était une continuité. Pour Hana, dans la continuité, c’était nouveau.


Néanmoins, quand l’une entama son Master et l’autre une carrière de serveuse à mi-temps dans un café associatif, qui devait lui permettre de travailler comme pigiste pour une web-revue, les jeunes femmes admirent que leurs conceptions de la vie étaient peut-être trop divergentes pour continuer de les envisager sous l’angle de la relation amoureuse. Cette rupture à l’amiable ne mit nullement un terme à leur amitié. Bien au contraire. Quelques mois plus tard, Cécile déménagea à l’autre bout du pays. Elles gardèrent contact et parvenaient à se voir au moins une fois par an, plutôt chez Cécile qui était installée, que chez Hana qui restait instable. Et quand il se trouvait que toutes deux étaient célibataires, elles avaient instauré la tradition tacite de se retrouver sous la couette, en souvenir du bon vieux temps.


Sous la douche brûlante, Hana se laissa aller au plaisir régressif de terminer sa cannette de bière. Une fois séchée, elle enfila un long débardeur et un bas de survêtement informes, mais confortables. Une grosse paire de chaussettes en laine, chipée dans la commode de Cécile, lui firent office de pantoufles.



*



Vautrée sur le canapé, cigarette au coin des lèvres, Hana consultait sa messagerie. Sur la table basse, une assiette, où ne subsistaient plus que les trottoirs d’une pizza, lui tenait lieu de cendrier. Un mince filet de fumée disparut derrière le halo bleuté de l’écran, que reflétait le verre de ses lunettes. La jeune femme dut les retirer pour frotter son œil irrité qui laissa échapper une larme. « Purée ! »


Elle se redressa et but une gorgée de vin dans le ballon de Merlot qu’elle s’était servi avec générosité. Réajustant ses lunettes devant ses yeux rougis, elle reprit son téléphone. Semblant hésiter quelques secondes, elle ouvrit finalement son moteur de recherche et commença à taper les lettres "NTP".


Sa requête ne lui permit de trouver qu’une série de liens vers le site de la Northwest Territories Power Corporation, une compagnie indienne de production d’énergie. Hana modifia les mots-clés, ajoutant ou soustrayant des termes tels que "peintre 19e siècle", "art pompier", "portrait"… Les résultats ne furent guère plus concluants. Elle tenta encore "L’Homme Noir", puis "Portrait de l’Homme en noir", mais tomba cette fois-ci sur un article de Wikipédia consacré au roman de Robin Hobb qui portait ce titre. Découragée, elle s’apprêtait à se déconnecter quand son regard s’arrêta, quelques lignes plus bas, sur un autre lien de l’encyclopédie qui renvoyait à Nyarlathotep. Dans le descriptif se détachaient en lettres grasses les mots "L’Homme Noir". Elle l’ouvrit sans hésiter.


L’article traitait d’un personnage de fiction, imaginé dans les années 1920 par l’écrivain d’épouvante H.P. Lovecraft, dont le nom parlait vaguement à Hana. Aussi surnommé "le Chaos rampant" ou "L’Homme Noir", Nyarlathotep était décrit comme une sorte de messager des dieux, un être capable d’adopter de multiples formes. Lovecraft l’avait utilisé dans trois nouvelles et un poème. La jeune femme en nota les références et remonta en haut de la page pour examiner plus en détail le dessin de Jens Heimdhal qui servait d’illustration à l’article. Dans la légende inscrite sous ce dessin on pouvait lire : « Nyarlathotep sous les traits de l’Homme Noir dans La Maison de la Sorcière, nouvelle de Howard Phillips Lovecraft. »


Hana fut sidérée par la ressemblance entre le personnage représenté par l’artiste et celui du portrait accroché dans la chambre de son amie. Certes, l’apparence de ce dernier ne dégageait pas le même sentiment de menace et d’effroi : le portrait de l’Homme Noir était celui d’un être mystérieux et envoûtant, pas d’une figure de croquemitaine. Néanmoins, ce corps longiligne, drapé dans une lourde robe bleue, que surmontait une tête glabre au regard intense, était trop singulier pour qu’il ne s’agisse pas de la même personne.

Se pouvait-il qu’un peintre, amateur de Lovecraft, se soit amusé à reproduire l’une de ses créations dans le style réaliste de Gérôme ? Ce genre de clin d’œil, ou de canular artistique, était après tout parfaitement envisageable et avait le mérite d’expliquer les trois initiales inscrites en bas du tableau : "NTP"… "NyarlaThoteP".


Hana vida son verre et se resservit. Par acquit de conscience, elle alla jeter un œil à la bibliothèque de Cécile, mais comme elle s’en doutait ne trouva aucun recueil de nouvelles de Lovecraft. L’horreur début de siècle n’était pas franchement la tasse de thé de son amie. Elle décida d’aller faire un tour le lendemain à la médiathèque pour voir ce qu’elle pourrait trouver.


La jeune femme continua encore un moment ses recherches et s’assura que Heimdhal, dont le reste du travail s’approchait davantage de la bande dessinée et de l’illustration de jeux de rôles, ne pouvait pas être le peintre du portrait.


Lorsqu’elle reposa son verre en écrasant dans l’assiette sa huitième cigarette, elle vit combien le niveau de la bouteille avait baissé et estima qu’il était plus sage d’aller dormir. Elle éteignit la lumière et tituba jusqu’à la chambre où elle s’écroula sur le lit, non sans avoir pris la peine de retirer chaussettes et survêtement.



*



Une moiteur étouffante régnait dans la pièce. Hana avait instinctivement repoussé la couette vers le pied du lit. Elle était agitée, ne cessait de se tourner et se retourner dans son sommeil, murmurant des bribes de paroles ou de mots inintelligibles.


Près de la commode, une ombre apparut, flottant à hauteur du portrait de l’Homme Noir. Elle commença à grandir, se densifiant comme si elle se nourrissait de l’obscurité alentour, l’aspirait tel un trou noir qui absorbe toute lumière passant dans son sillage et l’empêchant de s’échapper. Lorsqu’elle eut atteint une taille et une forme vaguement humaine, l’ombre se laissa porter vers le lit. Le sommeil d’Hana sembla soudain s’apaiser. Lentement, l’ombre glissa sur elle, recouvrant ses pieds, ses jambes, son torse, puis s’immobilisa. La jeune femme se tourna sur le dos et fit face à la tache de ténèbres qui ondoyait, silencieuse, à quelques centimètres de son visage endormi.


À cause de la chaleur, tout son corps se trouvait maintenant recouvert d’une fine pellicule de sueur. Les pores de sa peau exhalaient une odeur sucrée de vanille. Elle alla se mêler à celle du benjoin qui emplissait la chambre. Deux ou trois gouttes transparentes perlèrent un instant au bord de sa lèvre supérieure et disparurent, effacées comme par un doigt invisible. Hana passa le bout de la langue à l’endroit où ce doigt l’avait frôlée, puis humecta ses lèvres.


L’ombre s’intensifia. Doucement, elle saisit l’échancrure de son débardeur. Doucement, elle la tira pour la faire descendre, dévoilant progressivement les amples monts et le profond vallon de la poitrine que la respiration, toujours sereine, d’Hana élevait et abaissait avec une régularité voluptueuse. Comme le tissu atteignait presque son point de rupture, le sein gauche se trouva enfin libéré dans un petit rebond. Rehaussé à sa base par le col tendu du débardeur, le globe couleur café paraissait encore plus rond et ferme et d’autant plus délectable.


Cinq creux peu profonds apparurent bientôt sur le pourtour du sein, disparurent et réapparurent, marquant davantage la surface de chair tendre. Hana tourna la tête et lâcha un petit son étouffé. L’étreinte sur le sein s’intensifia. L’ombre l’avait englobé. Elle s’appliqua à le pétrir, tirant et agaçant le téton. La jeune femme laissa échapper cette fois un long gémissement de plaisir. Sa bouche s’entrouvrit. Ses dents mordillèrent le doigt invisible qui s’enfonça plus avant entre ses lèvres humides, cherchant le contact de sa langue.

Tandis qu’Hana entreprenait de le lécher, une bosse vint déformer le tissu de sa culotte et se mit à décrire un mouvement circulaire sur sa toison. Un frisson parcourut tout le corps de la jeune femme qui ouvrit les jambes. Sa respiration s’était accélérée au contact des doigts fantômes qui pénétraient en elle de plus en plus profondément et titillaient son clitoris.


Une tache sombre maculait désormais la culotte et grandissait au-dessus de l’entrejambe où la main s’activait. Elle se mit à glisser le long des hanches, laissant apparaître les boucles brunes du buisson, le contour luisant des lèvres, ouvertes par la volonté d’une ombre.

Hana haletait, malaxait elle-même sa poitrine, triturait son téton entre le pouce et l’index, les yeux toujours clos, les paupières plissées par la puissance du plaisir qui montait en elle.

L’ombre la fit alors basculer sur le côté et accéda ainsi à ses fesses rebondies. Des marques de dents s’imprimèrent sur sa peau. Ses globes s’écartèrent pour dévoiler la ligne foncée de sa raie. Lorsqu’elle sentit une langue chaude et agile tournoyer sur son anus et en forcer légèrement l’accès, Hana se réveilla d’un coup, tremblant de tout son corps. Elle étouffa un puissant râle de jouissance en mordant l’oreiller.


Quelques mouvements convulsifs parcouraient encore ses membres quand elle finit par relever la tête, le souffle court. Baissant les yeux, elle constata avec stupéfaction que sa culotte, dont elle avait manifestement fait craquer le tissu dans un spasme, lui tombait sur les genoux. Elle la fit descendre jusqu’à ses pieds et la retira du bout des orteils. La température de la chambre étant revenue à la normale dès l’instant où l’ombre avait disparu, Hana ne comprenait pas comment elle pouvait être en nage. Elle mit cela sur le compte du rêve érotico-pornographique, oui ! qu’elle venait de faire et de la bouteille de Merlot qu’elle avait méchamment entamée.


En se rallongeant sur le dos, le contact mouillé du drap la surprit. Elle se redressa et alluma la lampe de chevet. Une large tache odorante d’environ trente centimètres de diamètre, qui n’était manifestement pas de la sueur, était visible à l’endroit où elle s’était réveillée. Passant la main à l’intérieur de ses cuisses, elle comprit tout de suite ce qui en était la cause. Ce n’était pas le premier rêve érotique qu’elle faisait, surtout dans les périodes de célibat forcé, mais c’était sans aucun doute la première fois qu’il la menait à un orgasme si violent qu’il l’avait transformée en fontaine…


Comme elle s’apprêtait à retirer le drap pour le porter à la panière à linge de la Grotte, Hana remarqua enfin son sein, au téton encore légèrement turgescent, qui sortait de son débardeur. Elle trouva qu’il lui donnait l’air bizarre d’une Amazone débraillée. Gênée par cette preuve supplémentaire de son total abandon nocturne, elle le remit en place.


Au moment où elle franchissait la porte de la chambre, son paquet de linge sale sous le bras, la jeune femme jeta un regard en coin au portait de l’Homme Noir et lui lança :