n° 17944 | Fiche technique | 25444 caractères | 25444Temps de lecture estimé : 11 mn | 10/06/17 corrigé 06/06/21 |
Résumé: Et si vous vous mettiez dans la coque du téléphone portable d'une étudiante Erasmus en Espagne ? | ||||
Critères: f jeunes extracon telnet jalousie chantage voir exhib miroir strip photofilm fmast hmast exercice délire humour | ||||
Auteur : Caracole Envoi mini-message |
Collection : Instantanés |
Ce texte contient des dialogues en espagnol. Il était impossible de traduire les phrases sans altérer le rythme du récit. Je vous suggère donc de vous abandonner à la lecture sans chercher à tout traduire. La compréhension de l’histoire devrait se faire toute seule, par déduction.
L’auteur.
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Veille
Veille
Veille
Déclic
Caresse du bout du doigt : on me réveille.
Ma propriétaire est là. Je vois sa chevelure brune. Je vois son petit nez en trompette. Je vois la moue qu’elle fait souvent. Celle avec ses lèvres qui réfléchissent.
Clic sur «Camera»
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Caméra activée
Ses yeux brillent de malice. Elle prépare quelque chose. Elle me tourne. Je ne vois plus son visage. Je scrute sa chambre : joyeux désordre. Strings en boules par terre. Paires de chaussures éparpillées. Robes étalées sur le lit. Couette en désordre, comme d’habitude. Lampe de chevet allumée. Reflet de son miroir.
Je ne suis pas un homme. Pas une femme non plus. Mais tout électronique que je suis, je vois parfois des choses à vous faire surchauffer les composants.
Clic !
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Photo enregistrée en mémoire, dossier «My pictures»
À nouveau son visage.
Elle me touche. M’effleure. Retour en arrière.
Dossier «photos» ouvert
Galerie ouverte
Chic. Petite rétrospective.
Le vendeur – mon vendeur. C’était un test. La première fois que j’ai senti ses doigts.
Balayage
Son appartement. Puis la vue depuis son appartement : des toits, des cheminées, une vague colline au loin. Le tout envoyé à ses premiers contacts : Maman, Papounet, Sophie, Guillaume, Chouchou avec le message : « Mon nouveau chez-moi. Vous me manquez. » Je m’en souviens comme si c’était hier.
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Elle, avec Cristina, sa copine espagnole. Un selfie bouche en cœur, face caméra. Aussi mignonne qu’elle, sa copine. Envoyé à Chouchou avec le message : « C’est elle, Cristina. » Il a dû bien se rincer l’œil. « Elle a l’air sympa », qu’il a répondu. Tu parles !
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Une feuille griffonnée de notes. En espagnol. J’ai tout de suite reconnu. Ça fait partie des langues intégrées dans mon logiciel. Ça parle de civilisation précolombienne, d’explorateurs et de morts. Assez intéressant.
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Une tête d’homme. Type méditerranéen, barbe de trois jours, regard de braise. Le tout est un peu sombre. Yeux rouges au rendez-vous. J’étais au max, question flash. Envoyé à Sophie avec le message : « Vise un peu le serveur de ce bar. Bons baisers de Madrid. » Réponse de l’intéressée : « Miam. Laisse m’en un morceau, j’arrive ! ! ! :P ».
Balayage
La Plaza Mayor, en plein jour. Envoyée à Maman, Papounet, Sophie, Guillaume, Chouchou, Tatie Florence avec le commentaire : « Première journée de tourisme ». Quelques réponses enthousiastes.
Balayage
Une paire de fesses, dans un jean.
« De quien es ese culo ? » envoyé à Cristina.
La discussion qui a suivi :
« No lo sé. Diga me ! »
« El profesor de literatura medieval. »
« Mmm… ! Queria sentirle ! »
« Lol »
.
Balayage
Cristina et ma propriétaire en train de s’embrasser du bout des lèvres, en selfie. « Jaloux ? » avait-elle envoyé à Chouchou avant un bref échange :
« Je suis jaloux de l’espagnole à droite. Je me ferais bien la petite brune qu’elle embrasse. »
« T’as aucune chance, elle est déjà prise ! »
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Cristina avec d’autres amis espagnols. Sur la table de bar, plusieurs chopes de bière. Grimaces en veux-tu en voilà, pendant qu’ils se tiennent par les épaules. Envoyée à personne, celle-ci.
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Cristina qui fait une grimace, une bouteille à la main. En fond, la télé est allumée. Sur le canapé de l’appartement, quelques invités, les mêmes qu’au bar. Aucun envoi.
Balayage
Cristina, en contre-plongée. Cheveux lâchés, tombant sur le côté. Ses yeux cachés derrière. En bas de l’image, ses petits seins dressés. Une main posée dessus. Ce jour-là, j’ai cru que j’allais perdre une résistance.
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Cristina, de dos. Nue. Allongée sur le lit. Lumière tamisée. Une vraie gravure. Ma propriétaire y revient souvent, quand elle est seule. Je ne vois que son visage qui me regarde. Jusqu’à ce qu’elle fasse d’étranges grimaces et pousse un cri.
Balayage
Le palais de Cristal. Un petit bijou architectural. Dommage, météo un peu pluvieuse. Mais elle l’a quand même envoyé à quelques contacts. « Vous me manquez ». Réponses similaires.
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Ma propriétaire. De dos, à quatre pattes. Nue. Tête légèrement tournée, le visage perdu dans ses cheveux. Un sexe en elle, la main d’un inconnu sur sa fesse gauche. En bas, un bout de ventre velu qui dépasse. Je ne sais pas qui l’a prise, mais c’était un droitier.
Balayage
Ma propriétaire, bouche grande ouverte. Cheveux dans les yeux. Langue sortie. Tout contre un pénis. Énorme. Luisant dans la lueur de la lampe de chevet.
Balayage
Encore elle. Elle rit, gorge nue, yeux fermés. Sur son menton, du sperme. Celle-ci, comme les deux précédentes, elle la garde pour elle. Ça ne doit pas être Chouchou, le photographe.
Balayage
Ma propriétaire, en selfie, envoyant un baiser. Chouchou l’a reçu avec le message : « Trois mois, ça commence à faire long. Tu me manques. Je t’aime. » Il répond : « Moi aussi, bébé. J’espère que tu ne t’ennuies pas trop. » Ah ça non, ne t’inquiète pas ! Elle ne s’ennuie pas, ici.
Balayage
Dernière photo. Celle qu’elle vient de prendre.
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Messages
Envoyer à : Ramon.
Objet : « Que piensas de mi espejo ? »
Message écrit : « Espero tu opinion… »
Envoi
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Elle me pose. Je vois une nouvelle fois le plafond. Un fond blanc, sans relief. Je fais mon boulot, docile. Bientôt, une réponse : « Accusé de réception ». Protocole habituel, d’appareil à appareil. Je sonne pour le lui signaler. Elle ne vient pas. Je l’entends s’affairer, pas loin.
Veille
Veille
Veille
Message de : Ramon.
Dans la seconde, elle me reprend.
Ouverture du message
« Creo que no es malo. Lastima, no veo mas. :P »
Elle sourit. J’aime bien quand elle sourit. Surtout avec ce sourire-là. Ça présage toujours de bonnes choses.
Répondre
« Quiere ver mas ^^ ? »
Envoi
Réponse quasi immédiate :
« Claro que si ! :D». »
Cette fois-ci, elle ne me lâche plus. Elle s’assoit sur son lit et me tripote fiévreusement.
« Solo tienes que venir :P ! »
Elle s’allonge, me pose sur son ventre. Juste le temps de distinguer son nombril.
Je sonne. Ramon :
« Sabes que no puedo ! Trabajo… :’( »
En quelques touches, elle réplique :
« Oh bien. Me sentia travesa… ;) »
Puis ajoute :
« Muy travesa… »
Pas de réponse. Mais elle continue, impitoyable :
« Necesito sex. »
La réponse de Ramon fuse enfin :
« Que mierda ! Yo tambien te quiero. Pero tengo que quedar ! »
Ça ne l’empêche pas de sourire.
« Oh bien ! Me arreglaré sola… »
Le message envoyé, elle me fixe avec impatience. Elle a cette moue, entre le sourire, l’espièglerie et la contrariété. J’adore ça. Je prends conscience que sa deuxième main n’est plus dans mon champ de vision.
« Espera », répond Ramon.
Un sourire illumine son visage. Elle attend, tel qu’on lui a demandé de le faire.
« Bueno. Estoy solo. Me tomé un descanso. »
Elle fronce les sourcils.
« Y ? Entonces :/ ? »
Le temps doit lui paraître long, dans l’attente.
« Entonces da le ! Te miro. :P »
Ça, ça ne lui plaît pas du tout. Elle s’insurge :
« Yo no te quiero matesme. Quiero que me folles ! :( »
La deuxième main est revenue. Elle me tient avec les deux, l’air franchement mécontent. Je crains le pire.
« No puedo. Me gustaria pero no puedo. Sabeslo. »
Mauvaise réponse. Ce que je lis dans ses yeux, c’est tout sauf de la satisfaction. Tu vas le payer, mon vieux. T’as intérêt à trouver quelque chose.
« Pero podemos vernos hacerlo. Quieres ver mi polla ? »
À l’évocation de l’engin de Ramon, ma propriétaire se déride.
« Por supuesto ! Pero tambien quiero chuparla ! »
Ça sortait du cœur. Sa seconde main disparaît à nouveau.
« Si tu me muestras lo que haces solo, te llevaré mañana para el desayuno. »
Là, il l’intéresse. L’hypothèse d’un petit déjeuner avec de quoi sucer semble la ravir.
« Cafe con leche ! :D », ajoute Ramon.
Ça la fait rire. Elle se tord dans le lit comme une chatte, une petite moue mutine au coin des lèvres, pendant qu’elle me tient à bout de bras. Juste assez loin pour voir ses seins gonflés dans le soutien-gorge et sa main enfouie dans sa culotte.
« No sé si tu le mereces… »
Bien sûr que si, il le mérite ! Je ne le connais pas, ce Ramon, mais il m’a l’air fort sympathique. Pourvu qu’elle cède !
« Por favor o :) »
Je sais qu’il a gagné. Mais elle, elle aime se faire désirer. Je le connais bien.
« No sé como. »
La réponse ne se fait pas attendre.
« Si tu tienes Tango, puede hacerlo en video. Té ayudaré. »
Qui ne dit mot consent, comme disent les humains. Et voici qu’il lui explique comment procéder.
Retour
Applications
Rechercher : Tango.
Chargement…
Télécharger l’application
Chargement…
Retour à l’écran d’accueil
Messages
« Interes que me muestre tu polla. »
Sa deuxième main est toujours invisible, mais je sens qu’elle s’agite quelque part. La preuve : j’en tremble.
Chargement terminé
« Ya esta hecho. Como puedo hacer ahora ? »
« Encontraras. Prisa. Me descanso termina pronto. »
Elle souffle, mais s’exécute.
Retour à l’écran d’accueil
Lancer : Tango
Chargement…
Elle est fébrile. Pas très concentrée sur moi.
Ecran d’accueil ouvert
Quelques secondes d’hésitation.
Video & voice calls
Download contacts
Send invitation to : All contacts.
Chargement…
All contacts ?
Chargement…
Par toutes les antennes relais ! Qu’a-t-elle fait ?
Trop tard : l’ordre est parti.
Forcément, le premier à répondre, c’est Ramon.
Son visage apparaît à l’écran… ha, c’est lui ? Elle l’a finalement eu, le barman. Il est dans un coin sombre. On le voit mal. Mais suffisamment pour deviner son visage réjoui.
C’est vrai. Elle me tient toujours à bout de bras. Plan américain. Sur son visage, on distingue un sourire à dessouder tous mes circuits.
Il grimace.
Son interrompu
Elle n’a plus le son, mais moi, oui. Le Ramon jure, la traitant de « petite salope de française ». Tout excité, il s’exécute néanmoins. Je dois transmettre l’image de son engin en contre-plongée. Et voilà qu’il se met à se toucher.
Ma propriétaire se redresse puis me pose au pied de son lit. Elle improvise un petit socle avec ses robes éparses. Penchée devant moi, son visage au premier plan, elle envoie un baiser. Mon objectif ne perd pas une miette de son décolleté. Elle s’agenouille. Puis s’écarte suffisamment pour être filmée en entier.
Chouchou a rejoint la discussion
Bien évidemment, impossible de la prévenir : elle a coupé le son.
Droit vers mon écran, ses yeux envoient des éclairs obscènes. Son corps ondule comme des ondes magnétiques. Elle a passé ses bras derrière le dos pour détacher son soutien-gorge.
Cristina a rejoint la discussion
Elle ne l’entend pas. Son soutien-gorge tombe. Ses petits soins pointus dardent vers le plafond. Petit coup de cheveux à droite. Regard mutin vers mon objectif. Coup de langue sur les lèvres.
Guillaume a rejoint la discussion
Là, ça se gâte. C’est son meilleur pote. Un ami d’enfance. Il apparaît, sourcils froncés. Puis ses yeux s’écarquillent. Il rougit, ça se voit : mon homologue a une bonne qualité graphique.
De son côté, Ramon s’astique le manche. Il n’en perd pas une miette. Faut dire qu’elle s’est levée. Dos à l’écran, debout sur son lit. Son string brésilien montre plus qu’il ne cache ses fesses.
Pizza Stefano a rejoint la conversation
Un pizzaïolo, en nage, s’essuie le front. Il découvre le spectacle. Son visage s’illumine. Sa mâchoire se décroche. Et ma propriétaire qui continue son strip-tease… Tout doucement, elle fait glisser le frêle morceau de tissu. Comme si ce n’était pas assez, elle se penche pour l’accompagner jusqu’à ses chevilles. Sa tête se tourne vers moi. Ses cheveux tombent en cascade derrière elle.
Trois ou quatre employés rappliquent. Goguenards, ils la matent pendant qu’elle se relève. Elle jette dans un même geste son string. Négligemment.
Derrière son écran, Chouchou a sorti son engin. Il grogne de satisfaction. Cristina observe béatement. Son autre main a disparu sous les draps. Elle est dans son lit.
Profesor Jaïme a rejoint la discussion
Le vieil homme ridé qui apparaît fronce les sourcils. Pas de réaction. Il se chausse de lunettes en demi-lune. Un sourcil se lève devant le fessier de ma propriétaire. Elle est justement en train de se le caresser, ondulant du bassin. On voit tout de ses lèvres. Une fois tournée, tout le monde peut découvrir son sexe. Rasé intégralement. Elle le caresse lascivement.
Guillaume aussi a cédé à la tentation. Son image tremblote, les yeux affolés. Les pizzaïoli ont été rejoints par les livreurs. Ils sont désormais six, goguenards, derrière l’écran. Chacun y va de son petit commentaire.
Ils n’ont encore rien vu. Hélène s’allonge, tend son bras et sort de sa table de nuit son godemiché. Assise confortablement contre son coussin, elle écarte les cuisses. Tout en se branlant avec deux doigts, elle suce l’objet.
Dans la pizzeria, c’est l’euphorie. Ambiance de coupe du monde. Le vieux professeur, lui, a soulevé son second sourcil.
Maman a rejoint la discussion
Apparaît sur mon écran de contrôle sa mère, toute souriante.
Une main sur sa bouche, elle fixe son téléphone, horrifiée. Sa fille se caresse avec son gode, se léchant un sein. Gémissements garantis. Pas le genre de choses qu’une mère veut voir de sa fille. Même un appareil comme moi le sait. En revanche, Ramon, Marc, Chouchou, Cristina, eux, se rincent l’œil.
Sophie a rejoint la conversation
Encore un choc, de l’autre côté. Sa meilleure amie. Le professeur, quant à lui, penche légèrement la tête, toujours impassible. Son front est moite. Mais il ne cille pas. Hélène a fait disparaître toute la longueur en elle. Elle l’agite de plus en plus rapidement, se contorsionnant.
Maman n’en peut plus. Elle essaie de ne pas voir, pianote fiévreusement sur mon homologue. C’est la panique.
Le Ramon n’a pas attendu. Il a déjà tout projeté sur son propre écran. On n’en voit plus rien. Bravo pour le respect de son matériel ! Pour Chouchou, c’est tout différent. Il a tout arrêté, tendant l’oreille. Et ma propriétaire aggrave son cas.
Trop tard, sans doute. Sa fille pousse une longue série de gémissements. Secouée de spasmes violents. Son godemiché tout au fond d’elle.
Feu d’artifice chez Guillaume et Cristina, presque simultanément. À la pizzeria, on dirait que le Réal a marqué un but : livreurs et cuistots poussent des vivats. Profesor Jaïme a de la bave à la commissure des lèvres. Chez Sophie et Chouchou, silence consterné. Ramon, lui, se fait engueuler par un type.
Ramon a quitté la conversation
Hélène prend son temps, repue. Les jambes toujours écartées, elle retire son engin. Les yeux mi-clos, lascive et en sueur, elle me couve du regard. Réunissant ses forces, elle se rapproche enfin. À quatre pattes, féline. Son sourire, ses yeux pétillants : tout s’éteint d’un seul coup. Sur mon écran : Chouchou.
Elle n’entend rien.
Chouchou a quitté la conversation
Elle me reprend en main. Sur son visage, c’est la panique. Cristina vient d’apparaître.
La conversation avec Cristina a été interrompue
Guillaume à l’écran, tout embarrassé. Hochement d’épaules, mains levées au ciel.
Mais elle n’entend rien.
La conversation avec Guillaume a été interrompue
Les regards salaces de toute l’équipe de Pizzeria Stefano sont braqués sur elle. Petits signes plein de promesses. On se battra pour la livrer, la prochaine fois.
La conversation avec Pizza Stefano a été interrompue
Le vieux professeur a un rictus, regard insondable, pénétrant.
La conversation avec Profesor Jaïme a été interrompue
C’en est trop pour elle. D’un coup, tout devient flou. Je m’envole dans les airs. Le choc est terrible.
System Error
Trop injuste.