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Temps de lecture estimé : 9 mn
17/12/17
Résumé:  Un homme rencontre une femme lors d'une exposition.
Critères:  inconnu cérébral revede voir confession -lieuxpubl
Auteur : Sergefra  (Érotique, cérébral, coquin)            Envoi mini-message

Série : L'éducation des sens

Chapitre 01 / 08
Nikki

Nikki de Saint Phalle, le Grand Palais. Je profite de mon passe pour y retourner pour la deuxième fois avec mon fils. Une féerie de couleurs, de formes voluptueuses, de matières, des salles éclairées, d’autres dans l’ombre, des trouées de lumière. Un ravissement des sens. Je savoure les œuvres, leur puissance m’inspire. Mes sens sont ouverts, aux aguets, j’aime les musées, les voyages qu’ils procurent, ils aèrent l’esprit, le régénèrent.


Soudain j’entends un enfant qui s’impatiente, une femme le raisonne chuchotant à voix basse. Je me retourne. Un blondinet, l’air boudeur, bien habillé, écoute excédé les arguments de sa maman penchée à son oreille. Ce faisant, sa poitrine pèse sur son corsage et laisse entrevoir le gracieux sillon qui sépare ses seins ainsi qu’un bout de dentelle noire.


Ça y est, mon regard plonge dans cette chaude obscurité tentatrice, et je me mets à bander. Le temps s’est arrêté, je goûte cette exquise sensation de mon membre chaud qui tente de s’échapper de sa maison. Je lève les yeux, la femme s’est relevée et me fixe. Interloquée ? Outragée ? Amusée ? Séduite ? Je lui souris, elle rougit et, détournant les yeux, emmène son enfant vers l’autre bout de la salle admirer une sculpture toute en mosaïque d’or et de couleurs pourpres et bleues.


Elle est charmante. Les œuvres ont perdu leur attraction. Je n’ai plus d’yeux que pour elle. Je la détaille du regard : grande, élancée, blonde avec une queue de cheval très comme il faut, des talons hauts, que l’on entend quand elle marche, et poussent en arrière et vers le haut une superbe croupe, un peu trop serrée peut-être dans ce très sélect pantalon de toile écrue. Mon acolyte enfle et me remplit d’une tendre chaleur.


Elle passe son poids d’une jambe à l’autre en commentant les œuvres à son fils, et son corps ainsi penché et travaillé s’exprime de toutes ses courbes. Je me vois les mains dans la terre le mardi à l’atelier tenter de reproduire son irréprochable plastique, et connaître ainsi son corps sans jamais l’avoir touché, par le simple transfert à mes mains de l’observation attentive que j’en fais. Et je me prends à l’imaginer nue sur la sellette, que les élèves alternativement tournent d’un dixième de tour toutes les 10 minutes pour étudier le volume de son corps sous tous ses angles.


Je la vois poser debout, le poids du corps sur la jambe gauche, la droite tendue en arrière touchant le sol en extension, les fesses cambrées, les seins en avant, le bras gauche replié sur le ventre sous les seins, le droit en extension comme une semeuse, les cheveux défaits sur les épaules. Mais au-delà de la forme et de l’esquisse, que je peux deviner dans ses vêtements, il me faut travailler ensuite tous les détails de son corps sous ses vêtements. Mes mains étreignent la terre, la serrent, l’allongent, la lissent, l’étirent, la roulent, la palpent et voilà l’ébauche de ses jambes. Je continue avec le renflement de ses fesses. Puisqu’elle n’est pas sur la sellette, à moi de tourner autour. Elle, toute à sa contemplation, ne remarque pas mon manège, et mes mains dans ma tête continuent à façonner sa silhouette, avec les fesses, le ventre qu’elle a plat, puis le buste et les seins. Comment sont-ils ? Je me décale pour mieux les saisir. Puis les bras et la tête. Enfin, j’ai ma silhouette avec le mouvement qu’elle exprime.


Voilà qu’elle bouge et s’éloigne avec son fils, vers une sculpture monumentale aux couleurs d’un Klimt, plongée dans la pénombre. Maintenant que j’ai saisi l’expression, il me faut peaufiner les détails, ajouter de l’humain sur une dynamique. Je m’approche à nouveau et me décale pour mieux appréhender le bas du dos, la courbure de la colonne, ses fesses. Mes doigts en séparent les deux lobes et creusent le sillon obscur qui les dessine et s’ouvre sur son sexe. Comment est-il ? Couvert de quelques poils ou glabre ? Et ses lèvres ? À peine dessinées, ou larges et charnues, voluptueuses ? À ce stade rien ne me permet de le deviner, mes doigts lui forment par apports successifs de terre humide, de belles lèvres bien charnues, de celles qui remontent et descendent autour du sexe, en un chaud fourreau soyeux au rythme de la pénétration. Et mes ongles les dotent de quelques jolis poils sages rangés en sillon, que j’imagine blonds à leur commissure.


Je n’en peux plus, mon sexe est douloureux et tente de s’échapper de mon boxer. Je sens poindre une goutte annonciatrice de plaisir en son œillet. Tout à ma rêverie, je n’ai pas vu qu’elle me fixe du regard. Depuis longtemps ? A-t-elle idée du vagabondage de mon esprit ? Nos yeux se croisent, elle tourne la tête.


Et notre ballet muet continue, elle s’éloigne, je me rapproche, elle s’échappe, je la rattrape, mon œuvre de terre n’est pas encore finie. Je me concentre sur le haut du corps, mes doigts sont sur ses seins, qu’ils travaillent et les forment fermes et arrogants. Ils pointent, ornés de larges aréoles, terminées d’une tétine féconde. Je bande dur. Je laisse mon fils à la contemplation d’une madone callipyge et colorée, et m’approche de la blonde mère. Je l’entends raconter la genèse de ces œuvres. Une femme cultivée comme je les aime. Et qui sent bon, car sans avoir encore pénétré dans sa sphère intime, les effluves de son parfum me parviennent : des notes, fleuries, agréables, fraîches, et réchauffées par son corps.


Je me décale sur le côté pour admirer un tableau, et me ménager ainsi une meilleure vue de son profil. Mon dieu, qu’elle a des seins ! Fermes, droits, que sa respiration soulève, en tendant un peu plus le tissu de son corsage entrouvert sagement de deux boutons seulement. Si j’osais, je lui demanderais d’en défaire un ou peut-être deux de plus. Un nez droit, une bouche assez grande aux lèvres bien dessinées sans être vulgaires, des yeux bleus acier je crois, mais pas durs, bienveillants. Une bien jolie femme. Je finis par le visage, et mes doigts sur ses lèvres. Je les entrouvre sur ses dents, d’un essoufflement qui trahit la plénitude d’efforts heureux. Je laisse quelques mèches s’échapper de son chignon desserré. Ça y est, je la possède toute entière entre mes doigts. Je la connais maintenant si bien, que je peux m’abandonner à sa contemplation et tenter d’en savoir plus sur ses pensées.


Elle s’éloigne dans la salle suivante un peu plus obscure. Mon fils s’impatiente. Cette exposition est riche et belle, pas trop de gens non plus, d’agréables conditions pour approfondir son œuvre. Je déambule devant les peintures, les sculptures, les totems, mais je ne peux m’empêcher de la garder à l’œil et de l’observer de loin. Mes pas me portent vers elle, et je m’approche de dos. Je fais une pause encore à distance, et l’écoute commenter le jeu des matières, le choc des couleurs, les raisons de l’obésité exagérée, qui dénature la beauté et la protège ainsi naturellement des agressions. Je l’entends évoquer avec des mots choisis son histoire d’artiste et son rapport à son père.


Je décide de faire un pas de plus et de rentrer cette fois dans sa zone d’alerte à portée de bras. Je reste immobile et silencieux à humer son parfum et tenter de le reconnaître. Elle m’a entendu, elle doit sentir ma chaleur, ma proximité, mais son tocsin n’a pas sonné, elle ne s’est pas sentie agressée. Ses réflexes primaires ne l’ont pas incitée à la fuite. Elle ne m’a pas rangé dans la catégorie des prédateurs. Elle ne bronche pas et se penchant à l’oreille de son fils manque de me toucher de son derrière. Je vois clairement le grain de sa peau délicatement bronzée, d’un pain d’épices clair qui met l’eau à la bouche. J’ai furieusement envie de saisir sa nuque gracile. Je suis au supplice, la sensation est intenable.


Je m’éloigne et vais me poster à la sortie de la salle. C’est à son tour si elle le souhaite, de continuer ce ballet muet des corps : elle pourra choisir le tableau de droite ou de gauche pour quitter cette salle et rentrer dans la suivante où est projeté un film de Nikki, et ainsi venir se poster dans mon dos, ou alors s’éloigner.


Je me concentre sur mon tableau, le temps est long, je rêve, mon esprit vagabonde. J’essaye de retrouver dans ce visage balafré de couleurs, le visage si pur de Nikki, crier son mal-être.


Mon fils m’a abandonné pour aller explorer les salles suivantes. Il est impatient de partir et de rejoindre ses amis. Dans le doux murmure de la salle, je discerne parfois ce que je crois être le bruit de chaussures à talons. Un pas, deux pas, trois pas, un arrêt. Un pas, deux pas, trois pas et là voilà. Pas possible de savoir, sans se retourner, si elle s’approche ou s’éloigne, la musique de ses pas que je crois reconnaître est troublée par le bruit des autres visiteurs. Je m’abîme dans la contemplation, je n’entends plus rien. Le temps passe et puis tout d’un coup, j’en suis certain, elle est là dans mon dos, assez près pour que je sente son parfum.


Elle a donc choisi le tableau de gauche. Je ne bouge pas, tout à mon bonheur. Je crois sentir aussi la chaleur de son corps. J’entends sa voix, claire et chaude :



Je me retourne, et j’ai l’impression qu’elle m’a regardé avant de se pencher vers lui et m’offrir une vue plongeante sur ses magnifiques seins.



Eh oui. Pourquoi ? C’est bien une cause désespérée que d’imaginer qu’une histoire avec elle puisse prospérer ! Je la suis de loin, rentrer dans salle suivante, plongée dans l’obscurité. Elle s’assoit sur un cube avec son fils. Je m’approche. Elle se pousse et me fait de la place, mais il n’y en a pas tant, nous sommes donc presque l’un contre l’autre. Je la remercie d’un sourire qu’elle ignore, me semble-t-il, et m’assois.


À l’écran, Nikki, belle jeune femme moderne, intelligente, cultivée, qui peint et répond aux questions d’un journaliste. Le noir et blanc la magnifie et lui confère une pureté qu’elle n’a plus. Je pose ma main à côté de la cuisse de ma voisine. Mon petit doigt touche son pantalon, mais à peine. Elle ne réagit pas. Je laisse ma main là où elle est, et la regarde à la dérobée. Absorbée par le film, la tête droite, la bouche légèrement entrouverte terriblement érotique, sagement assise les mains sur ses cuisses, le buste insolent et droit, belle et concentrée.


Mon fils revient, il a vu toutes les salles et me demande si j’en ai encore pour longtemps. Je la sens qui m’observe. Je dis à mon fils que je vais de ce pas dans la dernière salle et qu’il m’attende en feuilletant les livres à la boutique. Et à regret, je me lève et me dirige vers la dernière salle.


L’attente y est interminable avant qu’elle n’apparaisse et se plante devant un tableau immobile. Son fils résigné ne dit plus rien. Je me dirige vers elle, je vois mon fils me faire des signes, je lui fais « cinq minutes » de ma main, il me regarde incrédule, il a vu clair dans mon manège et semble me prendre pour un gamin.


Je m’approche d’elle, cette fois carrément à l’intérieur de sa zone d’alerte. Elle est heureusement plus civilisée que nos ancêtres et ne bronche pas. Je me rapproche encore ; alors je sens la chaleur de son corps. Un groupe et sa guide passe derrière moi en me bousculant. Je suis obligé de me retenir à elle en posant mes mains sur ses hanches pour ne pas tomber. Elle se tient droite et ne bouge pas.



Elle ne dit rien mais acquiesce de la tête sans se retourner et se cambre même un peu plus j’ai l’impression. Tellement plus que je bande délicieusement à nouveau. Le sent-elle ? En tout cas, elle n’en laisse rien paraître. Décidément quelle belle femme !


Il faut que j’y aille, mon chenapan de fils a repassé une tête et me fait plein de signes. Je m’éloigne, sors mon stylo et griffonne mon numéro sur un bout de papier, et le fait tomber à ses pieds en partant. Je la vois se baisser, le ramasser, le défroisser, le lire, hésiter, chercher des yeux une poubelle, le lire à nouveau, puis le mettre dans son sac à main.


Je m’en vais à regret, les yeux remplis d’une bien belle silhouette…


Pourvu qu’elle m’appelle !