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Temps de lecture estimé : 20 mn
15/02/18
Résumé:  Le mari se retrouve donc à servir sa femme et un autre homme le soir de son propre anniversaire. L'occasion, pour l'un comme pour l'autre, de prendre la température de leurs fantasmes, et de se remettre en question quant à leurs réelles envies...
Critères:  fhh hplusag couple extracon cadeau inconnu hépilé fépilée complexe caférestau anniversai hsoumis fdomine humilié(e) jalousie cérébral voir exhib noculotte nopéné -cocucont
Auteur : devianttalesfromadeviantmind            Envoi mini-message

Série : D'anniversaire à nouvelle vie

Chapitre 02
L'anniversaire - Partie 2

Résumé du premier épisode : L’anniversaire - Partie 1


Pour l’anniversaire de son mari, elle s’est transformée en véritable dominatrice pour lui offrir, le temps d’une soirée, un voyage au pays de ses fantasmes. Au programme, un dîner dans un restaurant libertin. Mais comme un simple dîner aurait été trop mainstream, c’est avec un prétendant qu’elle allait s’encanailler. Et le mari dans tout ça ? Il allait devoir revêtir son plus bel uniforme de serveur et connaître l’humiliation de servir sa femme et son amant. Enfin, uniforme au figuré, puisque c’est nu qu’il allait les servir. C’est ce que vient tout juste de lui révéler sa maîtresse, avant de tourner les talons sans lui laisser le temps de répondre…




ELLE



Elle était plutôt fière du petit effet de sa dernière phrase. Elle regrettait seulement de ne pas avoir pu assister à la réaction de son mari, s’étant détournée immédiatement. Mais bon, la théâtralité de sa surprise valait bien ce petit sacrifice !

Malgré tout, elle n’était pas dupe, et sa petite satisfaction ne suffisait pas à éteindre sa profonde confusion. À mesure qu’elle s’éloignait de son homme, son appréhension grandissait et venait alourdir sa respiration déjà peinée. Traverser ainsi la salle fut bien plus éprouvant qu’elle ne l’aurait imaginé ; elle avait l’impression de sentir tous les regards sur elle, alors que la plupart des clients l’avaient à peine remarquée. Des tremblements la secouaient comme une feuille et ses jambes semblaient presque trop faibles pour la porter. « Reprends-toi, ma fille. Respire, tout va bien se passer ». Pourtant, elle se sentait profondément troublée, d’une manière plus positive…


Le comportement irréprochablement soumis de son compagnon et la dignité avec laquelle il avait accepté le défi qu’elle lui proposait lui redonnaient confiance et force et, en repensant à la lueur d’excitation dans son regard, elle se disait qu’elle avait pris la bonne décision… Quant à ce qu’elle en pensait… Elle avait du mal à faire le point sur ses sentiments, mais l’idée lui trottait dans la tête depuis plusieurs semaines, et la peur de s’approcher du moment fatidique ne faisait pas vraiment baisser sa détermination à donner au moins une chance à ce fantasme qu’il lui confiait depuis bien longtemps, et qu’elle commençait à partager.


L’hôtesse lui indiqua une table à l’autre bout du lobby, en face de la cuisine de sorte que son serveur personnel aurait la largeur de la salle à traverser pour les rejoindre. Un coup d’œil la rassura : très peu de tables étaient occupées sur cette largeur, comme elle l’avait demandé, consciente qu’en fonction de l’affluence du soir, ça aurait pu être impossible. Puis elle reporta son attention sur la table et son cœur accéléra à la vue de celui qui s’y trouvait assis. Devant cette ultime preuve de la folie qu’elle s’apprêtait à commettre, elle se demanda un instant si elle devait tout arrêter et s’enfuir en courant, si elle était vraiment prête. Toutefois, une force surnaturelle la submergea, la poussant à continuer.


C’était comme si elle ne pilotait plus son corps, qu’il avançait de lui-même. L’adrénaline se déversa dans ses veines et alluma un brasier entre ses cuisses. « J’y suis, je vais le faire. » Elle se surprit même à presser le pas, ne pouvant retenir un sourire jubilatoire.


Elle prit sur elle de ralentir son approche et d’exagérer sa démarche chaloupée. Le masque de la domination vint cacher son incertitude et ses doutes, et lorsqu’il leva les yeux, elle sut soutenir son regard. Il la dévisagea, puis apprécia la vision de ses formes, s’attardant sur sa poitrine prodigieuse et ses jambes charnues. Un sourire satisfait éclaira son visage.



Il était beaucoup plus grand qu’elle et que son mari. Un véritable colosse, qui la faisait se sentir toute petite. Une petite quarantaine, un visage ovale aux traits marqués et anguleux, mangé par une barbe entretenue et encadré de cheveux mi-longs, gominés, poivre et sel et des yeux d’un bleu d’acier. Serré dans un costume sur mesure qui contenait tout juste sa carcasse bestiale, une aura puissante se dégageait de lui. Un charisme animal qui l’intimida immédiatement.


Il se pencha sur elle pour lui faire la bise et elle se laissa faire, un peu perturbée par la prestance de cet homme. En vrai gentleman, il contourna la table et tira la chaise, ce qui lui valut un sourire timide en guise de remerciement.

Bien plus à l’aise qu’elle, il prit la discussion à sa charge. Les présentations d’usage assurées, la conversation démarra doucement, sans pour autant captiver l’attention de la jeune femme. Encore peu sûre d’elle, elle cherchait du regard son homme, espérant y trouver un réconfort à son malaise, de puiser dans ses réactions le courage de lâcher pleinement prise. Elle finit par l’apercevoir derrière un comptoir, suivant de près une serveuse en petite tenue qui semblait lui expliquer quelque chose. Il ne vit pas qu’elle l’observait, et son air concentré et paumé à la fois la fit sourire. Elle détourna très rapidement le regard quand la serveuse lui désigna la table où ils se trouvaient, mais elle eut le temps de lire dans les yeux de son mari une pointe de jalousie lorsqu’il vit l’homme assis avec sa femme. Grisant… C’était bien pour ça qu’elle jouait ainsi !


Quelques instants plus tard, il se présenta à eux, nu comme un ver, rouge comme un coquelicot et aussi à l’aise qu’un éléphant dans un magasin de porcelaine. Sous le regard amusé d’Éric, il marmonna les formules consacrées du serveur. Bien qu’il gardât la tête baissée, les deux amants saisirent les œillades qu’il croyait furtives destinées à celui qui occupait sa place légitime. Sa gaucherie et sa gêne enchantèrent tout bonnement la jeune femme. « Il est encore plus mal à l’aise que moi… C’est prodigieux… » La situation lui plaisait de plus en plus, à mesure qu’elle se détendait. Décidée à nourrir l’incendie qui se déclenchait entre ses cuisses, elle entreprit de teaser un peu son homme. That’s what tonight is all about, after all !



Elle avait insisté sur « galant courtisant ». La réponse qu’il bredouilla se révéla incompréhensible et lui valut une nouvelle pique de son âme sœur.



Il accomplit la prouesse de rougir encore davantage, contrastant avec l’apparente décontraction d’Éric, basculé sur sa chaise, les jambes croisées. Leur prétendante s’était parée d’un visage moqueur, la tête sur les mains. Elle se gaussait ouvertement de son manque total d’assurance. Ce qui lui permettait de combler le sien…

Une fois leur commande prise, elle lui lança un regard insistant, dans lequel elle tenta de faire passer le message que la dominatrice qu’elle incarnait ne pouvait formuler explicitement : « Tout va bien ? Tu veux toujours continuer ? »


Elle ne saurait jamais s’il avait saisi précisément son interrogation, mais il lui offrit un léger, mais sincère sourire en réponse, aussi jugea-t-elle qu’il était toujours partant. C’était un geste important pour elle, pour qui toute l’importance de ce petit jeu résidait dans le consentement, et le plaisir, de son mari. Si elle se montrait cruelle, elle ne le faisait que parce qu’elle savait qu’il pouvait le supporter et qu’il aimait ça. Elle trouvait ça étrange, d’éprouver du plaisir d’une situation similaire (elle l’aurait tué, s’il avait seulement essayé…), mais tant qu’il y trouvait son compte, elle était prête à le satisfaire. « Et puis bon, je n’ai pas à me plaindre… Il y a pire pour faire plaisir à un homme ! » . En fin de compte, elle lui était plutôt reconnaissante de pouvoir leur faire vivre des expériences étranges et très plaisantes comme celles-ci. Sans lui, elle n’y aurait jamais ne serait-ce que pensé.


C’était cette ouverture et ce genre de fantasme qui rendaient leur vie sexuelle aussi riche et incongrue. Et encore une fois, elle tirait tellement de la soumission qu’il lui offrait, en termes de confiance en elle, d’amour-propre… Cela lui faisait un bien fou. Que son homme soit prêt à s’afficher dans une telle position devant un étranger ne le rendait que plus attirant à ses yeux. Elle y voyait une force de caractère qui dépassait tout ce que la société considérait comme viril. Peu de gens pouvaient le comprendre. Elle le couva des yeux lorsqu’il repartit, et regretta un instant de ne pas lui avoir claqué les fesses.


L’amant aussi veilla sur le mari tandis qu’il s’éloignait puis contempla la jeune femme, silencieux. Elle dut baisser la tête face à l’intensité du regard, qui semblait la percer à jour. Elle n’osa pas briser le silence solennel qui accompagnait son air pensif. Il prit la parole après un court moment, de sa voix grave et posée.



Il cherchait ses mots, mais avait l’air amusé.



Il était impossible qu’il n’ait pas remarqué combien elle ne semblait pas à son aise.



Il avait dit ça avec une pointe d’humour, mais elle sentait qu’au fond, il était sérieux. Cela dit, elle n’avait rien contre l’idée de se laisser séduire, c’était même d’ailleurs tout le but de l’opération. Elle voulait flirter avec un autre homme devant son mari. En même temps, elle découvrait que cet homme, aux antipodes de ce qu’était son mari, était le candidat idéal pour le rendre jaloux. Il dégageait une telle assurance et une telle aura qu’elle se sentait véritablement impressionnée par lui, là où sa relation de couple était basée sur une égalité parfaite entre l’un et l’autre, et qu’elle était même la plus dominante des deux. Elle se disait que cet homme, peut-être, pourrait la secouer et la sensation était loin d’être désagréable. D’ailleurs, en s’interrogeant pour la première fois réellement sur ce qu’elle pensait de lui, elle sentit une envie irrésistible de se lover dans ses bras puissants. « Wôw, qu’est-ce qu’il m’arrive ? » Alors, pour la première fois de la soirée, elle contempla sérieusement la possibilité d’aller au bout de ses plans.


La conversation continua, et elle adopta une posture séductrice en réponse à ses désirs naissants. Regards de biche, mouvements aguicheurs, mise en avant de sa poitrine, elle essayait, surtout quand elle voyait que son homme les observait, de se comporter comme une vraie allumeuse. Alors qu’elle passait la plupart du temps à chercher son mari des yeux, elle prenait un malin plaisir à l’ignorer lorsqu’il venait à leur table, et elle accentuait alors des comportements qui faisaient grincer des dents sa fibre féministe. Alors qu’il venait d’apporter leurs apéritifs et qu’il luttait pour leur réciter les plats de la carte, elle enfonça sa paille dans sa bouche le plus profondément possible et la fit glisser lentement de la manière la plus indécente possible, le tout en plantant son regard dans celui, très satisfait, d’Éric. Elle entendit son homme perdre totalement le fil de ce qu’il disait et bégayer quelques phrases sans aucun sens. Retenir un fou rire lui réclama un immense effort de concentration. Lorsqu’il tourna les talons, elle ne put réprimer un sourire un peu débile, fière de sa connerie.



Le hasard de ses mouvements découvrit la montre qu’il portait au poignet, une magnifique Hublot. Elle, dont les montres étaient certainement un des turn-on les plus puissants, se mordit inconsciemment la lèvre. Elle regarda alors ses mains, auxquelles elle n’avait pas encore vraiment prêté attention, immenses, aux doigts allongés terminés par des ongles parfaitement entretenus. Décidément, tout dans cet homme était obnubilant par son aura schizophrène, tout à la fois élégante et bestiale. Si elle s’était habituée à l’incendie entre ses cuisses, elle fut cette fois surprise par une démangeaison aussi soudaine que pressante à la pointe de ses seins, et par un besoin impérieux d’être touchée. Ses reins se creusèrent indépendamment de sa volonté pour redresser encore sa poitrine, et elle redressa les yeux vers son compagnon du soir.





LUI



Voir ainsi sa femme simuler une fellation pour un autre homme l’avait beaucoup plus ébranlé qu’il ne l’aurait pensé, et il s’éloigna de leur table, goguenard. Son pas était mécanique, guidé seulement par la mémoire de sa mission, tandis que son cerveau peinait à reprendre du service. Tandis que le couple dégustait ses entrées, la serveuse qui l’avait pris sous son aile lui indiqua une table à l’écart, que sa femme avait fait préparer pour lui – il avait aussi besoin de se nourrir !


Son espace était ainsi dressé qu’il pouvait les voir sans pour autant être dans leur champ de vision. Ainsi, il ne manquait rien du rendez-vous de sa femme, ce qui l’empêchait purement et simplement de détricoter la pelote d’émotions contradictoires qu’il ressentait. Ils semblaient l’un et l’autre profondément concentrés sur leur conversation, qui avait l’air sérieuse. Le visage de sa femme prenait sous ses yeux un air tour à tour désolé, boudeur, mutin, surpris… L’homme rit et se lança dans une diatribe, au fil de laquelle un doux sourire étira progressivement les lèvres de son aimée. Elle avait l’air réjouie par ce qu’il lui disait. Lui avait-il dit un compliment ? Elle se dandina sur sa chaise, tendit la poitrine vers celui qui lui faisait face comme pour réclamer son attention.

Mille questions se bousculaient dans sa tête.


L’homme qui accompagnait présentement son âme sœur était exactement le genre d’hommes face auxquels il s’était toujours senti inférieur. Viril, costaud, sûr de lui et charismatique. À côté d’eux, il s’était toujours senti moindre, comme s’il appartenait à une catégorie subalterne de mâles. L’amour et la dévotion que lui portait sa femme ne pouvaient en aucun cas être remis en cause et ne l’avaient jamais fait douter, cependant ils n’avaient jamais cessé de le surprendre. Comment une femme aussi parfaite pouvait-elle être avec un mec comme lui ? La question était toujours restée dans un coin de sa tête. Parfois, il avait l’impression de ne pas totalement la mériter, qu’elle était digne d’un vrai Homme – malgré la connerie évidente du concept même de « vrai homme ». Un, comme celui avait qui elle dînait maintenant. La situation le terrifiait et l’excitait à la fois. Il crevait d’envie de voir ce qui allait se passer ensuite, comment allait évoluer la soirée. Les réactions très positives et de moins en moins retenues de sa femme lui laissaient imaginer que le dîner se prolongerait très certainement.


Il se reconcentra sur son repas – après tout, il fallait impérativement qu’il ait fini avant qu’ils aient besoin de leur serveur ! – tâchant de faire le vide. Il devait reconnaître que la réalité surpassait ses espérances et que malgré le stress (ou bien grâce à lui) la soirée était plutôt positive.


Les mets qui lui furent servis, commandés par sa belle et tendre, formaient une sorte de best-of de ses plaisirs culinaires favoris. Au moins sur cela, elle n’avait pas pris de risques et lui offrait un repas d’anniversaire classique et qu’il pouvait apprécier simplement sans se torturer les méninges ! Il apprécia ce petit gage d’amour dans cet océan de perturbation, et l’en remercia mentalement.


Malheureusement, la pitance ne peut occuper l’esprit d’un homme que pour un certain temps, et la solitude couplée au spectacle de plus en plus affriolant qu’offraient les amants rameutèrent rapidement questions, frustrations et peurs. Elle essayait clairement de l’allumer, elle était extrêmement séductrice. Elle paraissait très bien répondre au charisme de son invité. Comme elle gesticulait sur sa chaise… « Elle est allumée. Je suis sûr qu’elle est allumée ». Avait-elle envie de lui ? Il essaya de s’imaginer le couple enlacé, et le résultat lui rappela douloureusement la présence de la cage. Toujours ce même mélange de malaise et d’excitation. Impossible de les départager, même d’ailleurs de les dissocier. Peut-être allaient-ils main dans la main ? En fait, il se rendait compte que les deux sentiments s’alimentaient très certainement l’un et l’autre…


Le devoir le rappela bien vite au travail, et il fut heureux d’être arraché à ses réflexions.

À sa grande surprise, sa femme ne se trouvait plus à table lorsqu’il débarrassa. Son compagnon attendait seul, consultant son téléphone portable. Il leva à peine les yeux vers le serveur, et aucun mot ne fut échangé.

Alors qu’il retournait en cuisine, les bras chargés des reliefs du repas, sa femme réapparut et fondit droit sur lui. Ne sachant trop que faire, il s’arrêta et la regarda approcher, une boule d’appréhension gonflant dans son ventre. Elle se planta droit devant lui, avec toujours le même air supérieur et hautain qu’elle affichait depuis le début de la soirée :



Il resta pantois quelques secondes, puis ouvrit la bouche en réalisant qu’il n’avait rien d’autre à ouvrir. Elle y enfonça rapidement et sans ménagement quelque chose, lui offrit un sourire radieux et retourna s’asseoir sans un mot.

C’était un bout de tissu, sur lequel il reconnut distinctement le goût du sexe de sa compagne. Débarrassé de ses charges, il put confirmer qu’il s’agissait bel et bien du string qu’elle portait depuis le début de la soirée. Il réalisa, mortifié, qu’il était inondé de cyprine. Et que, par définition, elle ne portait plus de sous-vêtement.


Il se redressa, s’entortilla pour essayer de voir ce qu’il se passait à leur table. Rien de ce qu’ils laissaient apparaître ne témoignait réellement de la teneur de leur discussion. Lui parlait, il semblait raconter une histoire, que son aimée écoutait en minaudant. Il croyait pouvoir distinguer ses jambes croisées. En tout cas, il lui était impossible de deviner si l’amant de sa femme savait qu’elle était nue sous sa robe.

Le moment vint rapidement de leur apporter les desserts et il commençait à trouver le temps long. Le dîner durait depuis une bonne heure et demie, et si l’attente jouait beaucoup dans l’excitation, elle était aussi terrible et pesait de plus en plus lourd sur son esprit.


Il se sentait de plus en plus anxieux, ne parvenait plus à contrôler le tremblement de ses jambes lorsqu’il était assis, et aurait pu courir un marathon tant il lui semblait déborder d’énergie par rapport à la lenteur de la soirée. Quelle qu’en soit la direction, il lui tardait de vivre l’évolution de la soirée. Sans pour autant lui apporter toutes les réponses qu’il attendait, il fut au moins servi en termes d’action à son voyage suivant…


Cette fois-ci, sa femme n’était visiblement pas décidée à l’ignorer, et alors qu’il se penchait vers elle pour déposer sa coupe de glace devant elle, elle saisit son intimité à pleine main. Il sursauta, manquant de tout renverser (ce qu’il évita miraculeusement). Elle le massa quelques instants sans pour autant interrompre sa discussion. Ce que fit son interlocuteur, d’une question qui glaça instantanément le sang du serveur.



Le quidam fixait d’un air amusé le sexe encagé, présentement recroquevillé et risible, de celui qui manqua de s’étouffer et tout renverser. À sa grande détresse, un afflux de sang lui provoqua une vive douleur lorsque le plastique entrava son érection.



Tout à l’humiliation qu’il vivait, qu’il appelait de ses vœux depuis si longtemps, mais qu’il avait un peu de mal à vivre, il s’était délibérément amputé de quelques millimètres. Cette petite séance de comparaison le fit définitivement basculer dans le subespace, et accepter la situation telle qu’elle se présentait : naturelle. Finalement, être rabaissé aussi ouvertement devant son âme sœur et le mâle qui l’accompagnait l’aida à lâcher prise. Il fut obligé de reconnaître son inadéquation. La taille de son sexe avait toujours été un sujet sensible, source de complexe et de mal-être pour lui-même, malgré tous les mots de sa chérie, qu’il savait parfaitement satisfaite. En réalité, jamais il ne verrait le regard de peur et d’excitation mélangé d’une femme face à un gros sexe, il n’entendrait jamais le gémissement de douleur de la première pénétration d’une femme trop serrée, jamais une femme ne lui demanderait de la prendre lentement pour qu’elle s’habitue. Il ne bénéficierait jamais de la puissance érotique d’un pénis énorme. Il en souffrait, mais il avait accepté depuis longtemps l’idée que, quoiqu’il arrive, ça serrait une des rares choses totalement inaccessibles, et cette acceptation était notamment passée par le fait de reconnaître sa place. C’était tout ça qui se mélangeait dans sa tête, tout de suite. Il reconnaissait sa place, sa défaite face à cet homme supérieur, et à l’idée que sa femme pouvait prétendre à mieux.




ELLE



« Je ne m’y attendais pas, à celle-là ! » Quel tournant intéressant prenait la soirée ! La jubilation la débordait malgré ses efforts pour rester stoïque. Sans savoir pourquoi, elle sentait que, d’une simple question, Éric venait de faire basculer la soirée dans une tout autre dimension, et que celle-ci allait atteindre des pics de perversion. Sa propre animalité la stupéfia lorsqu’une furieuse envie de se jeter aux pieds de cet homme qui avait prouvé sa supériorité comme on dit une évidence la retourna.


Elle assistait à la défaite de son mari, et remarqua aux soubresauts de la cage de chasteté qu’il y réagissait plutôt bien. Elle pouvait aussi voir les signes de son excitation, la transpiration sur ses tempes, la crispation de ses mâchoires… La situation lui plaisait, elle avait toujours eu un côté un peu sadique, et une certaine fascination pour la capacité de son homme à toujours se jeter sans condition à ses pieds, ce qui alimentait une curiosité quasi scientifique de voir jusqu’où il était prêt à aller pour elle.


Cependant, elle n’aurait jamais pu supporter de se retrouver dans une telle situation et elle se demandait sincèrement comment il pouvait l’accepter. À l’affût du moindre signe témoignant qu’il n’en pouvait plus, elle se jura d’avoir une petite discussion avec lui avant d’aller plus loin, de s’assurer par elle-même qu’il était apte et que ce petit jeu n’aurait pas de conséquences trop graves, à long terme. Mais pour le moment, elle s’amusait bien, et tout ce qu’elle voyait, c’était que le sexe de son mari semblait vouloir faire exploser sa prison.



Dans la voix d’Éric pointait un étonnement presque sincère. « Si tu savais comment il s’en sert, aussi ! ». Dans le contexte, elle ne pouvait décemment pas dire ça. Elle aurait peut-être menti si le sujet n’avait pas été là, mais elle ne voulait pas qu’il l’entende l’enfoncer sans raison, alors qu’elle ne le pensait même pas. Alors, elle opta donc pour une réponse honnête qui ne voulait pas vraiment dire grand-chose.



Elle lança à son homme un coup d’œil qui disait « Tu as entendu ? », appuya sa poitrine sur ses avant-bras posés sur la table et amorça d’un ton sensuel :



Il avait eu l’air faussement scandalisé par la question. Sa réaction lui inspira une idée qu’elle hésita à mettre en pratique, mais elle voyait l’excitation de son mari grandir à l’écoute de leur conversation et elle se jeta à l’eau. C’était la première chose complètement dépravée qu’elle allait faire et elle se sentait fébrile, mais portée par l’ambiance. Elle fit tomber par terre la cuillère que son mari venait d’apporter d’un air faussement innocent.



Il y eut un moment de flottement pendant lequel l’intéressé se demanda s’il avait bien entendu, et elle vit toute couleur quitter le visage de son mari, qui comprit immédiatement ce qui était en train de se passer. Ses lèvres se redressèrent presque imperceptiblement en un discret sourire qu’elle prit comme un signe d’encouragement. Elle planta ses yeux dans ceux de son homme. Quand l’amant se trouva à genoux devant elle, elle écarta doucement, mais largement les jambes. Elle se sentit étourdie par sa propre audace et éclata de rire intérieurement, impressionnée. Elle se sentait folle et perverse de s’exhiber ainsi, mais c’était incroyablement libérateur. Éric émit un grognement satisfait et resta ostensiblement plus longtemps à terre que le sauvetage d’une petite cuillère ne le nécessitait. Son mari aussi eut l’air impressionné, il afficha un air positivement surpris, comme s’il ne l’avait pas pensée capable de le faire. En réponse, elle le congédia pour qu’ils puissent manger leur dessert.


Le repas approchait de sa conclusion et si elle avait bien de la suite dans les idées, elle voulait s’assurer que son mari était sur la même longueur d’onde avant de se décider. Après tout, ça restait sa soirée d’anniversaire. Même si le scénario l’avait beaucoup éprouvée mentalement, elle n’avait jamais connu une telle dose d’adrénaline ni ressenti aussi puissamment sa sexualité. Courtisée par un homme devant son mari… Être désiré ainsi, être au centre de toute cette attention… Grisée par la situation, elle était prête à aller plus loin. Elle prenait conscience qu’elle n’était d’ailleurs plus aussi tendue. Au contraire, elle se sentait légère. Plus vivante que jamais. Et puis son prétendant lui faisait entrevoir quelque chose de nouveau. Si son mariage la comblait totalement, si elle ne souhaitait échanger cette relation contre rien au monde, cet amant l’intriguait, l’excitait même. Devant sa prestance, elle se sentait toute petite, et face à son assurance, elle se découvrait une fibre soumise. Il lui avait donné envie de s’abandonner, de se laisser faire et l’envie d’être renversée comme jamais, malgré sa nature dominatrice. Elle se laissait tenter par l’envie de l’explorer davantage…

Pendant qu’elle réfléchissait à tout ça, son compagnon la fixait intensément, sans mot dire, comme s’il était lui-même sujet à une profonde introspection. Ils mangèrent leur dessert en silence.

Éric s’exprima une fois qu’ils eurent tous deux terminé.



Il s’éloigna avec un dernier sourire enjôleur, et elle fit appeler son mari. Elle se redonna une allure de maîtresse, droite et fière, les jambes croisées, un air suffisant au visage. Elle le fit s’agenouiller devant elle, encore une fois.



Elle eut un sourire sadique, ponctué d’un rire qui sonnait démoniaque. Il n’avait plus l’air aussi perdu. Son regard était plus vif, toujours soumis, mais d’une façon plus consciente, comme s’il se soumettait de sa propre volonté et plus simplement en réaction aux stimuli qu’elle lui envoyait. Il la couvait des yeux, amoureux. Elle aimait bien ça. Elle avait envie de lui dire qu’elle l’aimait, mais se retint, toujours dans son rôle.