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Temps de lecture estimé : 85 mn
25/05/18
corrigé 06/06/21
Résumé:  Une amitié H/F intime et ancienne mais strictement bornée qui dérive imperceptiblement.
Critères:  h extracon copains collègues fépilée vacances caférestau fête amour cérébral voir exhib noculotte -amiamour
Auteur : Penn Sardin            Envoi mini-message

Série : Les 50 limites de l'amitié H/F

Chapitre 02 / 15
Nouvelles limites à l'amitié, délicieuses mais raisonnables

Résumé de l’épisode 1 :

Véronique et Stéphane sont deux amis intimes de longue date qui ont su maintenir leur relation compatible avec leur vie de famille respective malgré l’attachement immense qui les unit. Depuis plus de quinze ans ils se voient pour des cafés, des repas des spectacles ou des randonnées, mais pour la première fois ils partent en vacances tous les deux.

Devant le défi d’être à hauteur de cette aventure exceptionnelle, la cohabitation se révèle beaucoup plus difficile que prévu. Mais leur respect et leur tendresse réciproques arrivent progressivement à rétablir l’harmonie entre eux.

Et voilà qu’un évènement improbable bouleverse l’histoire. La rencontre avec un vieux paysan frustré qui les oblige à avoir une relation physique désirée mais interdite. Elle ne les transforme pas mais représente un gros grain de sable dans une machine trop bien huilée.



**********



La veillée après le drame.


Nous nous dirigeons vers la maison sans un mot. Le climat est lourd. Je ressens cette histoire comme une violence exclusivement contre Véronique. Même si j’étais aussi en joue du fusil, je n’ai pas ressenti d’agression à mon égard et, à chaque moment, mon désespoir était celui de ne pas pouvoir protéger mon amie que j’imagine fragile et comptant sur moi.


Je suis convaincu qu’elle a été choquée par ce rapport sexuel forcé mais, d’un autre côté, elle a affiché depuis le début un consentement très convaincant. S’il était simulé, le plaisir qu’elle a exprimé était sacrément bien imité. Je ne sais vraiment pas à quoi m’en tenir.

Si les apparences ne sont pas trompeuses, elle n’a pas ressenti de traumatisme mais plutôt une véritable extase sans nuance.


Elle ne peut pas craindre que j’aie personnellement pris cette agression comme un viol contre moi, je ne me suis même pas déshabillé et elle me connaît assez pour savoir que je n’aurais pas de réticences à la caresser. Elle peut, bien sûr, se poser quelques questions sur ce que j’ai pu penser de son attitude ou sur l’impact d’une telle aventure sur son couple, le mien ou sur notre amitié. J’ai besoin de connaître ses états d’âme, elle doit connaître les miens, nous devons parler !

Il nous faut maintenant parler doucement, sans brutalité, sans obligation : la journée a eu son compte de contraintes violentes.


À peine rentrée dans la maison, Véronique dit laconiquement :



Que ce soit à cause de la sueur, la paille et la poussière, il est clair qu’un bain s’impose d’urgence pour tous les deux, mais ce bain est peut-être le signe qu’elle veut se débarrasser d’un traumatisme qui l’oppresse et la salit. Traumatisme du contact forcé de mes mains et de mes lèvres sur sa peau et sur son sexe. Il est trop tôt pour en parler, il faut nous laisser le temps de penser un peu, on verra dans la soirée.


Je lui réponds :



Elle sourit enfin :



Je prends un sac et m’enfuis aussitôt. Je veux lui laisser la maison pour qu’elle retrouve ses marques tranquillement. Au fond de moi, même si je garde un doute, son sourire et son air léger me font penser qu’elle ne doit pas être bouleversée. Ou alors c’est que je ne comprends vraiment rien aux femmes, ce qui est tout à fait possible.


Je pourrais faire les courses assez rapidement, ma liste était déjà prête et la supérette est bien approvisionnée mais je prends au contraire un temps exagéré pour compléter mes emplettes. Je prends aussi du vin et du Moscatel. Le Moscatel n’est pas mexicain, mais c’est hispanique et, avec des glaçons, cela fera un apéritif frais et, surtout, plus doux que la Téquila.


Quand je rentre, des bruits d’eau de la salle de bain m’indiquent que tout se passe comme prévu. Je m’attaque tout de suite à éplucher les légumes et lancer la cuisson des oignons. À chaque moment d’attente dans la préparation, je fais les tâches d’intendance indispensables comme d’allumer le feu, préparer les glaçons, la table, je suis surexcité et, à la fois, hyper angoissé des conséquences des violences de cet après-midi.


Après plus d’une heure d’intense activité, la longue cuisson est lancée, l’entrée et le dessert sont prêts, le feu crépite dans son âtre, la table est servie et sommairement décorée. Il me reste à faire des guirlandes à la mode mexicaine avec les papiers dentelle de dessous de gâteaux que j’ai achetés pour ça et tout sera parfait.


Ma tendre amie est toujours dans son bain, heureusement que je l’entends bouger de temps en temps sinon je craindrais qu’elle ne se soit noyée. Elle doit avoir fondu après un si long bain bouillant mais je sais que c’est dans ses habitudes. Je l’interroge alors :



Elle me répond à travers la porte :



Très bonne idée, son attitude épicurienne me va très bien : elle donne un climat serein à notre soirée, c’est fantastique. Je prépare deux verres, quelques amuse-gueule dans le seul petit plateau de l’appart et je frappe à la porte de la salle de bain.



J’entends des bruits de remous puis…



C’est un peu ridicule d’être pudique après ce que nous avons vécu, mais c’est aussi de bon aloi de refermer la parenthèse sans ambiguïté. J’entre, approche la chaise près de la baignoire et y pose le plateau, lui donne un verre et prends l’autre et enfin m’assois un peu en retrait : là où le rebord de la baignoire protège sa pudeur sans ambigüité.

J’ai fait tout cela sans la regarder, pour ne pas l’agresser, mais la mousse est effectivement abondante et la cache vraiment très bien. Elle a la tête en arrière, et semble goûter le moment avec délice. Je brise alors la glace :



Elle se met le doigt sur la bouche :



Nous trinquons. Nous échangeons un grand sourire tendre et complice. Nous sommes, en apparence, tous les deux complètement rassurés sur l’angoisse de l’autre. Nous parlons de tout sauf de cet après-midi et, après vingt minutes, Véro sonne la fin de l’apéro :



Je quitte alors la pièce avec le plateau en lui précisant :



Je range les verres et peaufine l’arrangement de la salle. J’entends les bruits caractéristiques d’une sortie de bain. Je me dirige vers ma petite chambre pour prendre quelques affaires en fermant ma porte avec un peu de bruit pour signaler que la voie est libre. J’entends alors ma colocataire se diriger et s’enfermer dans sa chambre. Sans attendre, je prends sa place dans la salle de bain. Je me glisse dans le bain : c’est vraiment très chaud, mais comment fait-elle ? Après un petit temps d’accoutumance, je ressens un bien-être incomparable qui m’envahit. Je me sentais en pleine forme et en pleine action, mais de manière inattendue une grande fatigue accompagne ce relâchement et ce bonheur total. Mon cerveau se vide, la torpeur m’envahit, je voudrais que ce moment ne s’arrête jamais.


Décidément que la vie est belle…

Que la montagne est belle,

Que ces vacances sont belles…

Que Véronique est belle…


Je me réveille brutalement avec une angoisse : quelle heure est-il ? Ouf ! Je n’ai dormi que dix minutes. Je suis toujours incroyablement détendu, tout autant fatigué, mais j’ai aussi très envie que cette soirée soit réussie. Cette envie prime, je sors donc du bain après une douche glacée revigorante, je finis ma toilette en un tour de main : me voilà rasé, parfumé et propre comme un sou neuf. Je sors avec une serviette en pagne. Véro est toujours dans sa chambre, peut-être s’est-elle assoupie, elle aussi. Je fais un peu de bruit au cas où elle se serait endormie : je ne veux pas qu’elle commence sa nuit avant d’avoir profité de cette soirée qui s’annonce si bien. J’ai aussi apporté des affaires plus habillées pour les sorties mais il s’agit malgré tout de tenues très « casual ».


Je m’interroge sur le style que va choisir Véronique pour cette soirée. Vu la taille de sa valise elle a dû apporter un assortiment assez large. Je l’ai rarement vue en grande tenue, mais chaque fois, ce fut un ravissement. Elle est complètement craquante quand elle sort le grand jeu… et elle le sait.


Bon, tout est presque prêt : j’ai même des petites enceintes Bluetooth à connecter à mon téléphone pour diffuser une musique mexicaine qui complètera l’ambiance. J’allume les bougies. J’arrange le feu pour avoir de belles flammes pendant la demi-heure à venir. Je sors le champagne qui a eu un peu de temps pour se rafraîchir dans le freezer et je le mets dans le vase qui fait office de seau improvisé. J’éteins les lumières électriques. Tout est en place, cela devrait lui plaire : l’ambiance est festive mais aussi reposante. J’appelle donc en haussant la voix :



Elle me répond de sa chambre, à travers la porte fine :



Je me positionne en travers du chemin, au bout du petit couloir, pour lui cacher mes préparatifs et je l’entends qui actionne sa porte.


Elle m’apparaît alors dans la relative pénombre. Et je ne suis pas déçu…


Elle a choisi la tenue la plus classe qu’on pouvait imaginer : une robe longue noire et brillante, qui moule son corps merveilleusement, avec de fines bretelles qui découvrent ses épaules. Elle a un collier d’or qui brille et enflamme son décolleté ravageur. Elle s’est maquillée de manière douce, indiscernable. Ses cheveux tombent en cascade ondulée sur ses épaules nues. Elle est effectivement craquante, je la dévore des yeux, je veux mémoriser cette vision céleste pour ma vie entière. Elle prend son adorable air d’être faussement irritée à la Meg Ryan pour me faire réagir :



En m’effaçant de ta vue sur la salle je complète :



Elle se penche vers moi, passe un bras derrière mon épaule, se presse contre moi avec sensualité et me fait une bise très appuyée sur la joue. Je reste sous la surprise, mais Véro se sépare de moi aussitôt avec le sourire de la farceuse contente de son tour pendable. Elle s’avance dans la salle, tourne sur elle-même et je peux juger de la beauté de sa robe qui met ses formes féminines très en valeur. De plus le dos est dégagé très bas : cette robe est vraiment belle et sexy. Véronique est plus ravissante et plus attirante que je ne l’ai jamais vue. Je prends la bouteille sur la petite table devant le feu :



Je débouche la bouteille, sers deux flûtes (j’ai dû acheter des flûtes à la supérette, il n’y en avait pas dans l’appart !) et lui en propose une :



Voilà un toast bien ambigu ! Nous avons vécu plusieurs moments merveilleux depuis hier, tous dignes des annales des plus grandes amitiés, mais cet après-midi est inclassable. Soit il était particulièrement extraordinaire et justifierait un toast à lui tout seul ou au contraire pourrait avoir tout gâché si on ne se forçait pas à l’oublier.



Nous nous asseyons dans le petit canapé devant le feu qui crépite, nous savourons notre champagne. Je la dévore toujours des yeux en essayant désespérément de ne pas être pesant. Nous évoquons la montagne, le soleil, la fatigue. Incidemment la ferme mais pour l’instant nous éludons le brûlant après-midi dans la grange. Nous sommes restés sur le « Chut ! » de Véronique qui suspendait le sujet, je ne doute pas qu’elle saura lever son interdit quand elle se sentira prête. Nous nous resservons du champagne, nous prenons le temps de goûter cette soirée. La musique mexicaine, un mélange de mariachis, de chants traditionnels et de mélodies romantiques, est enjouée sans être remuante, c’est parfait !


Véronique semble fatiguée mais détendue, elle rit facilement. Les visions fugitives de ce décolleté et de ces formes moulées par le tissu fin et soyeux de sa robe maintiennent une émotion sensuelle qui complète merveilleusement mon bien-être. Nous passons à table pour l’entrée, que j’avais servie par avance. Le chili con carne doit être prêt, nous enchaînerons en douceur les deux plats. La table n’est éclairée que par des bougies, l’ambiance est très chaleureuse.


Le repas se déroule parfaitement, nous ne manquons pas de sujets de discussion. Nous nous regardons souvent dans les yeux. Moi, parce que je suis sous le charme ravageur de ma convive. Elle, peut-être par défi pour soutenir mon regard et parce qu’en ce moment, elle a une grande tendresse pour moi. Elle a bu plus que d’habitude, ses joues ont rosi. Il fait très chaud dans la pièce, j’ai entretenu le foyer toute la soirée pour l’ambiance. Si nous étions au bord du lac, elle se jetterait toute nue dedans comme ce matin, je suis ému à cette pensée interdite. Nous terminons par une salade de fruits rafraîchissante. J’ai changé la musique pour des airs de jazz doux et romantiques. Il faut finir cette soirée par une ambiance reposante pour préparer la nuit.



Intérieurement j’espère que la proximité du canapé, l’ambiance chaleureuse du feu, nous permettra de parler de cet après-midi traumatisant. Ce « Chut » a permis de faire tout le repas sur des thèmes gérables sans gravité, mais il faut maintenant le lever pour reprendre des bases solides pour nos vacances. Je n’ai pas de doute : la discussion lèvera tous les malentendus et nous retrouverons notre sérénité… si jamais nous l’avons perdue, je ne le sais même pas…

J’arrive après quelques minutes avec les cafés, les verres et la liqueur.

Véronique n’a aucune pitié pour mon état fébrile ; elle aborde le sujet clé d’emblée :



Elle prend du temps pour exprimer sa pensée mais je ne l’interromps pas. Je n’essaie même pas de prolonger ses phrases, je suis trop troublé pour cela et je ne veux pas lui compliquer les choses qui n’ont pas l’air d’être simples pour elle. Elle reprend :



Elle tarde de nouveau à continuer, j’ai de la chaleur qui me monte à la tête mais je continue à me taire, la regardant dans les yeux pour appeler sa confidence.



Elle enfonce alors le clou en prenant un air fripon :



Elle fait une longue pause. Elle voudrait certainement que je reprenne le flambeau de la conversation, que je lui dise ce que j’ai ressenti à ce moment-là mais je suis assez ébahi et l’alcool ne m’aide pas à réunir mes pensées. J’arrive seulement à la rassurer un peu sur mes impressions du moment :



Elle semble émue par mon discours, ses yeux brillent. Elle prend ma main et la serre fort. Je lui souris, elle me sourit, je la prends dans mes bras et nous nous serrons fort l’un contre l’autre. Ma chemise et sa robe sont fines, je sens ses seins sur ma poitrine à travers nos vêtements. C’est l’étreinte, consentie, la plus tendre que nous n’avons jamais eue ensemble, c’est bouleversant. Un nouveau moment qui ne devrait jamais s’arrêter : cette journée est incroyable, elle me fait vivre toute une vie de bonheur. Je me reprends. Il nous faut reprendre notre conversation. Notre mise au point ne fait que commencer. Véro poursuit sans se faire prier :



Un silence s’installe. Encore une pause dans notre conversation. Véronique n’a pas l’air de trouver les mots pour parler de la phase suivante qui est encore plus troublante, pour ne pas dire plus violente. Je suis maintenant complètement rassuré sur le ressenti de Véronique concernant son magnifique strip-tease au bout d’un fusil. Je regrette un peu de m’être pris la tête inutilement. Elle avait pourtant affiché la couleur sans ambiguïté, j’ai été bien bête de la croire fragile et surtout sa finesse d’analyse me bluffe complètement. Si je lui avais fait confiance j’aurais pleinement profité de son magnifique spectacle. Mais on ne se refait pas !


J’attends maintenant avec impatience la suite de ses révélations. Si les choses ont été aussi belles et aussi simples que ce qu’elle a affiché au cours de nos caresses forcées, si j’ai participé à grand moment de bonheur sensuel, et même sexuel de ma tendre et si aimée meilleure amie : ce serait grandiose. Je l’aide à se lancer :



Son visage se fait sombre, elle se mord la lèvre inférieure et hésite à me répondre.



Je reste coi ! Ma tendre amie que j’aime intensément me dit que j’ai représenté ce que tout homme voudrait représenter pour la femme qu’il aime : celui qui lui donne un plaisir unique et éternel. Je ne veux pas lui gâcher ce présent que je lui ai fait et qu’elle m’a fait en ressentant ce merveilleux plaisir. Il faut que je trouve les mots pour qu’elle puisse le ranger intact au fond de sa mémoire, pour qu’il dure toujours aussi intense.



Là, c’est Véronique qui reste sans voix ! Elle se mord encore la lèvre, elle me regarde fixement. Elle a les yeux brillants, pleins de larmes. Elle tremble un peu. Je lui prends la main. Ce contact anodin devient bouleversant après nos révélations. Je vais la prendre dans mes bras dans une seconde, dans une minute, je ne sais pas, mais je ne survivrais pas si je ne la serre pas contre moi de toutes mes forces.

Nous restons une éternité sans rien dire, sans bouger, nos mains serrées à nous faire mal. Je dois avoir aussi les yeux brillants. Véronique maintenant pleure tout doucement. Sa lèvre tremble, elle sourit à peine mais ses yeux expriment un bonheur immense.

Je n’ai pas peur de la suite, ce souvenir intense partagé ne changera pas notre relation : contraints, nous avons fait l’amour sans être amants, nous sommes toujours des amis « presque » purs. Cette aventure solidifiera notre amitié, elle en sera son plus beau fruit mais elle ne l’abîmera pas.


Enfin, je me penche imperceptiblement vers elle, et elle se jette dans mes bras. Je la serre contre moi, je la sens totalement offerte à notre étreinte. C’est le moment crucial de cette fantastique soirée, de cette fantastique journée. Nous tremblons tous les deux, nos joues se pressent l’une contre l’autre. Je sens l’humidité de ses larmes. Je suis immensément heureux. Je sèche ses larmes avec mes baisers. Je lui donne une suite de petits baisers amicaux, et au bout de la série, comme l’accord parfait qui conclut une symphonie, je dépose doucement un dernier baiser tout léger sur ses lèvres.


Cette journée exceptionnelle et magistrale est finie. Nous libérons notre étreinte tout doucement en échangeant un regard profond et serein. Sans peur, sans frustration nous nous écartons. Nous avons pris tout ce que ce moment pouvait nous donner et nous l’avons enfoui ensemble au fond de notre mémoire. Un même souvenir immense que nous allons conserver tous les deux.



Le feu n’est plus qu’un amas de braises. Le temps est passé vite, notre étreinte a duré plus longtemps qu’il ne me semblait. Nous nous levons et Véronique entreprend de ranger la table aussitôt.



Véronique est trop fatiguée pour contester, elle me sourit et se dirige vers la salle de bain en traînant les pieds tellement la lassitude lui pèse. Je reste survolté, paradoxalement ces émotions m’ont exalté : le contrecoup sera terrible. Je ne serai bon à rien demain… Tant pis… Je mets le feu en sécurité, il fait trop chaud, il n’est même pas nécessaire de rajouter du bois.


Je profite de l’attente de la salle de bain pour ranger les denrées périssables. Je suis tellement dopé par la dopamine générée par mes sentiments que je vais bien au-delà de mes intentions et la table est débarrassée et nettoyée en un tour de main. Je ne fais pas la vaisselle mais elle est à tremper dans l’évier. Un coup de balai et je vois Véronique qui regagne sa chambre drapée dans sa serviette et sa robe sur le bras. Elle me sourit et disparaît dans son antre. Encore un peu de ménage, mais pas longtemps, Véronique dormira vite et les murs de cet appartement sont comme du papier, ils ne préservent pas du bruit.


Je prends une douche froide. Ce n’est pas difficile, j’en ai besoin pour refroidir mon métabolisme. Je suis toujours sur un nuage, l’impression d’être le roi du monde mais le refroidissement de mon corps me permet enfin de ressentir la fatigue. Un lit, aussi petit et inconfortable soit-il, sera merveilleux.


La douche froide m’a mis en condition de dormir, mais n’a pas tout refroidi chez moi. Depuis le matin j’ai eu mille stimuli érotiques. Véronique a échauffé ma libido tout au long de la journée, avec des points d’orgue de très haut niveau. J’ai l’impression d’avoir « bandé » mille fois depuis ce matin. J’aurais voulu que tous les bonheurs, que j’ai ressentis à chaque instant, suffisent pour trouver le repos, mais ma nature en a décidé autrement. Je vais devoir finir cette journée sentimentale pleine de grandes choses mémorables par une masturbation prosaïque. Ce n’est pas glorieux, mais nécessaire, et, somme toute, bien agréable. Je me dirige donc vers ma petite chambre, avec la serviette autour des hanches qui est déformée par mon sexe glorieux. C’est comique, mais il n’y a personne pour le voir… Personne ? Pas si sûr !


Véronique devait épier ma sortie et ouvre sa porte quand je suis dans le petit couloir. Elle est en pyjamas, démaquillée, la fatigue se lit dans les traits de son visage et elle semble toute timide. Comment peut-elle être encore timide avec moi avec les sentiments et les souvenirs que nous partageons ensemble ?



Elle hésite à continuer sa requête. Elle semble suffisamment concentrée sur ce qu’elle veut dire pour ne pas remarquer la forme « arrogante » de mon pagne. Cela m’arrange bien : je ne voudrais pas qu’elle se rende compte de mes contingences libidineuses. Soit, elle est la cause de mon priapisme et elle pourrait très bien s’en enorgueillir, mais cela ne correspond pas à la nature de notre relation.



Elle fait de nouveau une pause. Je ne peux pas l’aider à s’exprimer parce que je suis tétanisé et que je n’arrive pas à imaginer ce qu’elle veut dire.



Je n’ai pas eu le temps d’y réfléchir avec tous ces évènements mais les arguments de Véro sont très pertinents ; entre un lit froid et petit et retrouver la sensation de l’étreinte de tout à l’heure pour une nuit entière il n’y a pas photo. Et l’argument de ressentir la perte de moments précieux à être avec ma tendre amie me range bien sûr à son avis. Cela va rendre difficile la tenue des limites et rendre les frustrations insupportables, mais rien ne justifiera de renoncer à dormir avec Véro.



Véronique rayonne. Elle semble avoir eu peur que je la repousse alors qu’elle y tient vraiment. Elle a toujours été la plus protectrice contre les dérives sensuelles de notre amitié, mais ce soir nous partageons une aventure merveilleuse et nous sommes vraiment très synchrones. J’ajoute en évitant de désigner mon pagne pour qu’elle n’y prête pas attention :



Elle me sourit une dernière fois pour toute réponse et rentre dans sa chambre en laissant la porte entrouverte derrière elle comme pour marquer notre accord. Dans ma petite chambre je passe un caleçon et un tee-shirt. Je dors nu depuis toujours et, d’habitude, le moindre vêtement m’empêche de trouver le sommeil. Je ferai un effort pour le caleçon et je retirerai le tee-shirt quand Véro dormira. Je suis sûr que je vais veiller tard pour profiter de la proximité de ma tendre amie et parce que je veux déguster jusqu’à la lie le bonheur qui m’habite. Par contre j’ai un problème avec mon sexe qui est toujours droit comme un I. Si la douche froide ne l’a pas affecté comme d’habitude, c’est que mon émotion physico-émotive était vraiment intense. D’être allongé près de Véro ne va pas arranger les choses, je risque de ne pas pouvoir dormir pour cause de « bandaison ». Ce serait une première !


Je ne vois qu’une solution : Véronique est une grande dormeuse et je sais me masturber en silence avec très peu de mouvements. Si le matelas n’est pas trop mou je vais pouvoir faire ma petite affaire une fois qu’elle dormira à poings fermés sans qu’elle s’en rende compte. Ce n’est pas glorieux, c’est un immense gâchis : un tel désir sensuel mériterait une jouissance pleinement assumée, mais je n’ai pas le choix. Je tords un peu mon sexe pour combattre sa dureté qui tend le caleçon de manière très visible et sans équivoque.

Bon, il va falloir que je fasse vite en me couchant, plus je maltraite mon vit turgescent, plus il durcit !


J’entre dans la chambre après avoir tout éteint dans l’appartement. Véro est allongée confortablement du côté droit, la couverture remontée sous son menton. Sa lampe de chevet éclaire faiblement. Je me penche tout de suite en entrant et je me couche en lui souriant. Je me mets sur le côté et je la regarde. Elle me sourit, elle a les yeux brillants. Je brise le silence qui risquait de devenir lourd :



Cette répartie est très équivoque. Véro me dit en creux qu’elle a des fantasmes qui me concernent, je suis content de cet aveu. Elle est très fine : si elle l’a révélé, c’est qu’elle voulait que je le sache, et particulièrement maintenant. Elle a les paupières lourdes, mais elle reprend quand même :



Je ponctue ma phrase par un baiser sur le coin de ses lèvres. Elle sourit, et me rend brièvement mon baiser mais cette fois-ci franchement sur ma bouche. Aussitôt elle se tourne, éteint, et se met en position pour dormir. Ce petit baiser veut dire que pour ces vacances, les baisers « smack » font partie des limites autorisées entre nous, comme de dormir dans le même lit… J’aime bien ces vacances !


J’ai très sommeil et Véro a l’air de s’être endormie immédiatement. Je retire mon tee-shirt délicatement. Elle se rendra compte demain que ma pudeur n’est plus protégée que par mon caleçon, mais cela ne portera pas à conséquence : elle m’a déjà vu souvent torse nu.

Je suis vraiment fatigué, et mes pensées sont plus romantiques qu’érotiques, je vais peut-être pouvoir dormir sans me masturber. Bonne nouvelle : je ne tiens pas à ce que Véro me prenne pour un érotomane comparable au paysan.


Je suis allongé sur le dos, les bras derrière la tête. J’évite de repenser à tout ce qui s’est passé cet après-midi pour ne pas risquer de faire durer mon érection qui ne m’a pas quitté et que le doux baiser a encore développée. Je repense plutôt à toutes ces preuves de tendresse que nous nous sommes données et à ces sentiments si beaux et si forts que nous partageons. Au bout d’un moment, Véro que je croyais endormit, se tourne vers moi, et après quelques secondes, chuchote :



Elle s’approche et parle tout bas comme si elle avait peur que quelqu’un entende le secret difficile à assumer qu’elle me révèle.



Elle s’approche encore et pose sa tête sur ma poitrine tendrement. Je descends alors mon bras sur son épaule.



Nous restons silencieux un petit moment. J’aime bien avoir Véro contre moi, mais elle vient de détruire ma capacité à contrôler mon érection. Je sens à nouveau mon sexe se tendre dur comme jamais contre mon ventre à la lisière du caleçon. Le prépuce a été tiré par l’élastique et mon gland frotte sur la peau sèche. Je suis obligé de descendre discrètement ma main libre pour remettre un peu d’ordre et soulager ainsi la douleur. Véronique ne semble pas avoir remarqué mon geste. Au bout d’un petit moment elle me parle doucement :



Véro avait donc remarqué mon émotion érotique, je devrais savoir qu’elle peut voir tous les détails de la vie sans rien laisser paraître.



Elle monte sa tête vers le haut et dépose à nouveau un léger baiser sur mes lèvres.



Véronique ne s’éloigne pas. Elle a la tête sur ma poitrine et sa main sur mon ventre. Elle me caresse imperceptiblement, je suis sur des charbons ardents, elle fait semblant de ne pas s’en rendre compte. Elle relève sa tête vers mon épaule et sa main descend un peu plus bas, et se rapproche dangereusement de mon caleçon. Je suis sûr que je saurai défendre nos limites pendant ces vacances. Nous pourrons aller très loin dans nos jeux sans risques pour nos règles ultimes.


Tout ça pour notre grand plaisir à tous les deux ! Tous les jours de ces vacances je saurai être à la hauteur… mais pas ce soir. Ce soir je ne suis pas sûr de résister à une nouvelle initiative ludique de Véronique. Je risque de la prendre dans mes bras et prendre son corps avec autorité… enfin non, pas avec force, c’est indigne de nous, mais j’en aurais sacrément envie ! Véronique est raisonnable, elle me caresse seulement le ventre sans s’intéresser à mon sexe qu’elle sait pourtant turgescent de désir pour elle.



Discrètement, dans le noir complice, je baisse ma main gauche sur mon sexe, je le sors par la braguette du caleçon et je l’empoigne. C’est un soulagement, j’en avais mal de bander sans pouvoir soulager cette tension par une caresse directe. Ma partenaire ne peut rien voir dans le noir, sa participation est subtile. Je serre un peu Véro contre moi pour l’associer à mon geste et je commence à faire aller et venir ma main le long de mon sexe.

Je libère enfin mon imagination. Je me permets de me remémorer le corps nu de Véronique dans l’eau à l’étang, le corps nu de Véro dans la paille exposé sans pudeur à mes yeux et à mes mains, le sexe glabre de Véronique, ses soupirs, son odeur, le déchaînement de son plaisir…


Ces pensées m’enflamment comme un brasier, mon sexe est dur comme un phallus en ivoire. Je me tourne vers Véronique pour augmenter notre intimité sans augmenter notre contact physique. Je suis sur le dos, elle est sur le côté. Sa tête me touche l’épaule, mais nos corps sont à une distance un tout petit peu plus décente. Je veux éviter que les mouvements de ma main sur mon sexe ne l’effleurent, sa participation doit rester pure et psychologique. Je pose ma tête sur la sienne, nos deux tempes se touchent, j’ai toujours mon bras droit derrière son épaule qui la maintient près de moi. Ma main gauche fait encore quelques va-et-vient, l’image de Véronique nue et offerte dans la paille occupe toutes mes pensées, j’imagine son sexe qui palpite sous mes caresses et mes baisers passionnés.


J’embrasse Véro au coin de son œil et je la serre un peu plus… et la jouissance monte en moi comme un geyser. Je jouis alors sans un bruit, sans un tressaillement mais merveilleusement, en embrassant ma meilleure amie. Je lui offre cette jouissance en hommage à sa beauté et à tout ce qu’elle m’inspire et à tout ce qu’elle représente pour moi. C’est un peu une relation sexuelle mais la participation de Véronique est abstraite : nous n’avons vraiment pas fait l’amour ; nous n’avons pas franchi de vraies limites. Véronique sait que j’ai joui sans que je ne dise rien, et sans que je ne fasse aucun geste particulier. La pression de ma main sur son épaule ? De mes lèvres ? Mes respirations ? Je ne sais pas comment elle l’a su, mais je sais qu’elle le sait.


Je recule un peu ma tête, et je me penche et je dépose un baiser sur ses lèvres, un baiser un peu plus appuyé que nous ne nous l’étions permis jusque-là. C’est le baiser de la fin de cette journée extraordinaire. Nous allons nous endormir sans un mot mais en parfaite communion et en ami… Malgré tout ce qui s’est passé entre nous, nous sommes toujours des amis sincères et respectueux des limites.



**********



Randonnée sur la crête


Un rayon de soleil dans l’œil ! Voilà un réveil bucolique et efficace. À travers un interstice du volet, le beau temps de cette matinée de vacances se signale d’un faisceau perçant l’obscurité pour me fendre le visage. J’ai dormi comme un loir, le soleil de cette fin de printemps est déjà intense mais il n’est pas très tard pour autant. Notre programme nous interdit de lézarder et les évènements imprévus de la veille ne changeront pas ma détermination sur ce point.


Véronique dort à poings fermés. J’entends sa respiration régulière mais, encore ébloui, je la distingue à peine. Je vais me lever et lui préparer un petit-déjeuner de princesse, inutile que je la réveille maintenant, elle sera réveillée tout à l’heure par l’odeur des croissants et du thé à la bergamote.


Je la vois bien maintenant et je peux l’admirer tout à ma guise. Je peux la regarder tranquillement sans la gêner. C’est un peu puéril, mais c’est agréable et je n’aurais pas beaucoup d’occasions dans ma vie de le faire, je ne veux pas rater cela. Je la regarde longuement, et plus je la regarde plus mon émotion grandit. Cette jolie femme endormie pour qui j’ai depuis longtemps une tendresse immense mais aussi une attirance coupable, ce matin elle me bouleverse totalement. Cela n’a pas de sens, et cela ne sera pas pris en compte dans nos rapports, mais mes sentiments pour elle sont évidemment au-delà de l’amitié : inutile de me le cacher, mais je saurai contenir cette envie destructrice à tout jamais.


Un poème naïf, quoiqu’ancien, me revient en mémoire. C’est un poème que j’ai relié à mes sentiments pour Véro depuis longtemps sans me l’avouer et sans le vouloir. Ce matin, je sais que ce poème parle de mon sentiment interdit pour Véronique.


L’amour caché ; Félix ARVERS (1806-1850)


Mon âme a son secret, ma vie a son mystère 
 ; Un amour éternel en un moment conçu : 
 ; Le mal est sans espoir, aussi j’ai dû le taire, 
 ; Et celle qui l’a fait n’en a jamais rien su. 
 ; 
 ; Hélas ! J’aurai passé près d’elle inaperçu, 
 ; Toujours à ses côtés et pourtant solitaire ; 
 ; Et j’aurai jusqu’au bout fait mon temps sur la terre, 
 ; N’osant rien demander et n’ayant rien reçu. 
 ; 
 ; Pour elle, quoique Dieu l’ait faite douce et tendre, 
 ; Elle suit son chemin, distraite et sans entendre 
 ; Ce murmure d’amour élevé sur ses pas. 
 ; 
 ; À l’austère devoir pieusement fidèle, 
 ; Elle dira, lisant ces vers tout remplis d’elle : 
 ; " Quelle est donc cette femme ? " Et ne comprendra pas ! 
 ;


Malgré la beauté et la pureté de ma contemplation, les évènements sensuels de la veille me reviennent à l’esprit et me submergent. C’est beaucoup plus gérable qu’hier, la nuit a permis de mettre de l’ordre dans mes pensées, mais ces images chaudes associées à ma banale et prosaïque érection matinale, font un cocktail détonant.


Je suis « très en forme » comme disait Véro hier, et de savoir ma douce endormie près de moi m’émeut au-delà du raisonnable. Je bande comme souvent le matin, et ma Véronique m’a autorisé, m’a même sommé d’être naturel avec elle et je la sais sincère. Je sais qu’elle comprend qu’on peut trouver une poésie et une tendresse dans une branlette si c’est offert en partage. Elle dort bien, en m’éloignant au maximum je vais pouvoir satisfaire mes pulsions sans l’impliquer.


Le Rubicon a été franchi hier magistralement et les masturbations libératrices que je pourrais faire en sa compagnie n’auront plus, ni pour elle, ni pour moi, une image triviale si je me garde de l’associer directement à ma caresse. Malgré tout, je veux nous laisser le temps, la préparer encore pour ne pas risquer d’abîmer notre symbiose. Je m’éloigne donc sans la quitter des yeux, porte ma main sur mon sexe et commence à me caresser en faisant attention à ne pas faire bouger le lit. C’est trop facile, presque animal. Je la regarde, les images fantastiquement érotiques de la veille se superposent à son visage angélique. Tout cela n’a pas trop de sens, mais la jouissance vient vite comme si elle attendait derrière la porte.


Véronique ne le saura jamais, mais, ce matin, je lui ai fait l’amour en rêve et en sa présence, et c’était rudement bien. Cela aurait été violent, ingérable si elle m’avait observé dans ma pratique scabreuse alors qu’elle se réveillait à peine. Cela n’aurait pas été aussi laid que les regards libidineux de notre agresseur d’hier, mais pas joli dans l’absolu !


Bon, maintenant je vais me lever et lui offrir un hommage plus respectable et plus partagé : je vais lui préparer un réveil de princesse, ces vacances vont être un enchantement de chaque instant pour elle, je m’en fais le serment… Je me lève sans faire de bruit, je quitte la chambre. Je passe en coup de vent par la salle de bain. Si je prends ma douche maintenant je vais la réveiller. J’enfile un short et un tee-shirt et je fonce à la boulangerie.


8 h 45 : Il est encore tôt pour les touristes et tard pour les locaux. Les rues sont inondées de soleil, c’est mieux qu’hier. L’ambiance du village est particulière. Dans la boulangerie je dois attendre que la maîtresse des lieux finisse les derniers arrangements de sa vitrine réfrigérée. On reconnaît l’animation des pros qui sont entre eux, en prémices à l’invasion de la nuée, comme pour préparer une représentation théâtrale. Je suis un spectateur qui s’installe trop tôt dans la salle de spectacle. La devanture déborde de viennoiseries, il va y avoir du monde, il faut que nous quittions ce village au plus vite pour retrouver la tranquillité ou plutôt la solitude des sentiers montagneux.


En short j’ai le costume du touriste, il n’y a pas de confusion possible. La boulangère est souriante et entame une conversation empreinte de banalités mais je sens qu’il y a mur entre nous. Ce n’est pas grave : chacun reste dans son monde et interagit avec l’autre monde par l’interface convenue. La boulangerie propose des bouquets de fleurs locales agrémentés d’une rose : c’est exactement ce qu’il me fallait pour compléter mon projet. Je veux transporter Véronique dans un rêve éveillé, il faut que le tableau soit soigné dans les moindres détails. Je rentre en pressant le pas, mon scénario est tendu en délai. Une fois dans l’appartement je jette un œil sur Véronique : c’est bon, elle dort toujours aussi paisiblement !


Je fais la vaisselle rapidement et sans bruit, je range encore un peu, pendant que le café passe et que le thé infuse. Je prépare une jolie table sur la terrasse ensoleillée : avec les fleurs, les jus de fruits et tous les ingrédients que j’ai achetés hier soir, ce sera plus festif que notre pique-nique improvisé d’hier matin.


Je vais enfin prendre ma douche et me raser : cela va faire un peu de bruit et certainement réveiller la belle endormie, mais c’est une manière de lui permettre d’émerger progressivement. Si je la réveille trop brutalement pour l’éjecter sur la terrasse, elle ne sera pas prête pour entrer dans le rêve et cela pourrait tout gâcher. Me voilà prêt ! Je frappe à sa porte doucement et sans attendre la réponse – c’est la chambre où j’ai dormi – j’entre sans bruit. Véronique est réveillée, mais encore pelotonnée au fond du lit comme dans un cocon moelleux. Elle me sourit mais son regard témoigne que les brumes du sommeil ne sont pas complètement dissipées.



Le sourire ne quitte pas le visage de Véronique, elle s’étire en ne me quittant pas yeux. Son regard n’est plus embué maintenant, elle me regarde avec une douceur et une candeur qui témoignent de son bien-être et d’une grande tendresse à mon égard. J’ouvre doucement les volets, la lumière vive lui fait fermer les yeux, je peux m’approcher d’elle et m’asseoir à son côté sans qu’elle me voie. Quand elle ouvre de nouveau les yeux, je suis près d’elle, je lui prends la main.



J’ai conclu notre conversation mais je ne bouge pas tout de suite. J’ai envie de la prendre dans mes bras mais ce n’est pas au programme, donc je me retiens en goûtant seulement le bonheur de cet élan qui exalte mon âme. Véronique non plus ne bouge pas malgré le signal que j’ai donné, elle semble attendre une ponctuation qui témoignerait de notre communion de pensée. Puisque l’interdit est maintenant levé en grande partie, je me penche vers elle et je dépose un baiser sur ses lèvres, plus qu’affectueux mais pas encore amoureux, et je me relève aussitôt. Elle me sourit, nous sommes en parfait accord, c’était le signe qu’elle attendait. Je l’entraîne hors de son lit et je l’accompagne sur la terrasse pour lui présenter son petit-déjeuner royal. Je joue alors le majordome en lui présentant sa chaise :



Ce petit déjeuner aurait justifié le déplacement à lui tout seul : une douce chaleur matinale, un air frais et pur qui donne une pêche d’enfer avec un soleil qui chauffe merveilleusement la peau, un déjeuner savoureux qui vient à point nommé, une conversation joyeuse et une communion de pensée avec ma partenaire, tout correspond à l’idéal de vacances montagnardes. Il ne faut pas s’y arrêter : après un délai trop court je relance la cadence, je me sens investi de la tenue de nos ambitions démesurées.



Véro n’a pas compris instantanément l’allusion au régime de notre tortionnaire mais enfin elle ricane et me jette un crouton de pain à la figure :



Véronique comprend que je ne me laisserai pas distraire de mon projet sportif. Ses tentatives de m’attendrir en me faisant évoquer ces moments forts qui m’émeuvent à coup sûr sont vaines parce que je sais que nous avons toute la journée pour en parler. Elle s’éclipse sans plus tarder. Le rangement et la préparation de nos besaces sont rapides. Je suis tellement motivé à partir sur les chemins dans les délais et tellement porté par cette exaltation qui ne me quitte plus, que j’ai quatre mains. Dix minutes plus tard Véronique se présente au rapport alors que je mets mes chaussures de marche.


Ouah ! Comme hier, elle a une tenue « très près du corps » mais de couleur vive et avec des reflets irisés au lieu du noir mat conventionnel des jeunes sportives. Ses formes sont encore plus sculptées par le vêtement puisque les nuances de lumières et d’ombres sont plus marquées. C’est plus sensuel encore même si cela reste convenable, comme si elle marchait en maillot de bain. Mon exaltation persistante n’est pas près de s’éteindre. Véronique avait donc décidé, avant notre départ, d’avoir les moyens de m’émouvoir. Aujourd’hui, elle a décidé de ne pas avoir de pitié pour mon cœur qui ne sait plus quel est son rythme normal. Je ne m’en plaindrai pas…


Le programme est relevé aujourd’hui ! Avec un bon rythme, nous avons au moins quatre heures de marche en montée avant le déjeuner, et une heure sur la crête avant une descente par la vallée de l’Ourdre qui, elle, ne devrait pas durer plus de deux heures.

Nous n’avons pas de lac sur notre route, ni même le moindre point d’eau, dommage ! Celui d’hier avait eu des attraits incroyables. Nous aurons des points de vue sur toute la chaîne de montagnes, des alpages. Ce sera très différent d’hier. Il nous faut aussi organiser la journée de demain avant de nous éloigner de la zone de couverture du réseau de téléphone portable. À peine, sommes-nous sortis du village, que Véro entame le sujet de l’organisation :



Véro appelle le numéro du dépliant, et après avoir expliqué notre projet et échangé quelques précisions, elle me demande :



Elle ne me répond pas et s’adresse à l’interlocuteur au téléphone :



Après avoir raccroché, elle me fait le topo en jouant à l’angoissée :



Nous avons maintenant quitté les champs clôturés et nous abordons la montée mais cela ne nous perturbe pas notre chamaillerie.



Si elle regrettait vraiment, Véro pourrait très bien rappeler pour annuler, et nous pourrions même ne renoncer que ce soir. Ses craintes étant manifestement feintes, je peux continuer mes bravades :



Notre échange nous a occupé l’esprit et je n’ai pas prêté attention au spectacle que la montagne déroulait pour nous. Cela monte dur depuis un bon quart d’heure mais nous n’avons pas baissé la cadence. Comme à mon habitude, je fais remarquer à Véro la beauté qui nous entoure. Elle a la même sensibilité que moi, elle sait apprécier notre environnement exceptionnel sans que je le lui signale, mais c’est plus fort que moi. Mon exaltation sublimée par ce spectacle m’oblige à exprimer mes sentiments sans réserve au risque d’être un peu pesant.


Pour être parfaitement honnête, ma sensibilité au paysage en cache une autre. L’émotion due à la beauté des courbes de Véronique révélée par son short moulant et par sa brassière qui dégage son ventre plat est bien plus importante, mais elle n’est pas avouable.


Comme hier après le lac, Véronique n’a pas mis de culotte sous son short. Ce détail, outre qu’il fait disparaître les marques de sous-vêtement, donne un sacré coup de fouet à mon imagination. Le tissu souple épouse les formes cachées, les fesses et même un peu la vulve, je me fais violence pour ne pas regarder ces trésors avec trop d’insistance. À chaque instant, j’ai envie de la prendre dans mes bras et de la caresser, et je me l’interdis sans faille : cette tension, qui restera secrète et inassouvie, est très troublante.


Après une heure de marche, nous parlons moins. Nous avons provisoirement étanché notre soif de dialogue. Nous nous tenons par la main régulièrement dans de longs passages difficiles et cela suffit pour créer le contact de nos deux esprits et satisfaire notre envie d’être ensemble. L’effort physique est continu et assez intense, nous marchons beaucoup plus vite que dans le programme : notre forme est au rendez-vous et nous en usons à plein. L’air est frais et pur et, dans l’effort, nous le goûtons à plein poumon. Nous avons chaud, mais le vent que nous rencontrerons à partir du col dans une demi-heure nous rafraîchira.


J’ai pris des photos, un peu des paysages, et beaucoup de mon modèle préféré. Décoiffée par le vent ce ne seront pas les plus jolies photos d’elle, mais ce seront celles où elle est la plus naturelle dans sa tenue si sensuelle.


Il y a eu des passages difficiles où j’ai aidé Véronique de manière un petit peu appuyée. C’était trop difficile de résister à toucher un peu ses fesses qui me hantent sans relâche en utilisant abusivement l’excuse de l’assistance à personne en danger. Chaque fois, Véro m’a lancé son regard numéro sept, celui de la fausse fureur, qui fait partie de mes préférés. Nous avons passé le col et le chemin suit alors les hauteurs sur plusieurs kilomètres. Le spectacle est merveilleux comme prévu. Le vent frais nous dissuade d’y faire la pause déjeuner, par contre c’est le moment de quelques photos.


Après ce tronçon à grand spectacle mais exténuant, le chemin quitte enfin la crête pour traverser les alpages. Notre regard porte à des kilomètres, il n’y a pas vraiment de sentier tracé et nous pouvons orienter notre route en fonction des points d’intérêts. Une bergerie de haute montagne représente un attrait particulier, comme halte pittoresque pour le déjeuner et comme arrière-plan pour des photos bucoliques. Nous arrivons rapidement à la vieille bâtisse en pierre. Elle doit servir encore, il y a du foin et de la paille à l’extérieur, sous l’abri, et à l’intérieur, une zone de stabulation qui a des odeurs fortes d’excrément. C’est le moment de s’installer pour déjeuner. Nous construisons une table et un banc dehors avec les quelques bottes de paille qui ne sont pas défaites : ce sera aussi bien qu’au restaurant.


Nos agapes sont copieuses, des salades, des grands sandwichs, et même du vin et du café chaud. Il faudrait que nous mangions tout : je n’ai pas été raisonnable dans la préparation du pique-nique, le sac était bien lourd pour venir jusqu’ici. Je n’ai pas dit à Véro, bien sûr, que le sac me cisaillait les épaules, mais je compte bien qu’il soit beaucoup plus léger pour le retour. Nous mangeons côte à côte, nous n’avons qu’une botte de paille comme banc et nous admirons le même paysage. J’aurais préféré admirer les yeux de ma compagne de randonnée, mais le contact fugitif de sa cuisse contre la mienne compense largement cette faute de goût.


Je fais encore quelques photos en soignant tous les détails. En arrangeant le vin, le pain, l’arrière-plan je compose le tableau « Véro à table devant une bergerie dans la montagne » : une photo de calendrier. Je me rassois en me collant « par inadvertance » un peu plus contre Véro : ce n’est plus un contact occasionnel, nos cuisses sont maintenant un lien entre nous. Véronique pose brièvement sa tête sur mon épaule pour me signifier son approbation.


Nous avons recommencé à parler de tout sans interruption. C’est étrange d’aborder ici des sujets que nous avons eus dans notre cadre habituel et de les approfondir spontanément. Ici nous avons eu le temps de nous synchroniser, de nous rapprocher. Nous avons le temps de donner des détails de nos vies, négligés jusqu’alors, qui complètent le puzzle que chacun a fait de l’histoire de l’autre.


Je découvre une Véronique nouvelle, plus complexe, plus subtile. Après ces quelques jours, nous devons maintenant en savoir plus l’un sur l’autre que nos conjoints en savent sur nous. C’est normal : cette connaissance de l’autre, cette intimité dans nos histoires, c’est la matière première de notre relation. Le repas est fini depuis longtemps et nous sommes toujours attablés, adossés à la meule derrière nous, cuisse contre cuisse, épaule contre épaule à nous parler sans nous regarder mais en contemplant les moutons sur les coteaux. Au bout d’un moment je pose les jalons pour la suite en me levant et en rangeant les vestiges du repas dans le sac à dos :



Véro se laisse aller en arrière et remonte un peu dans la meule de paille. Un effort minimal pour passer de la table à la sieste.



Sur ces mots, Véronique, remonte encore un peu sur la meule, se fait un oreiller de paille, s’installe confortablement. Elle se met un peu de côté, frappe des petits coups sur la couche en me faisant signe :



Je prends la serviette avec moi pour l’utiliser comme une taie d’oreiller et je rejoins ma colocataire de meule. Je me tourne vers elle, nos deux têtes sont proches et nous nous sourions. Après quelques minutes je lui dépose un petit baiser sur les lèvres. En réaction, elle feint une petite colère :



Je lui donne un nouveau baiser, un peu plus long, un peu plus tendre, un peu plus en dehors des limites. Je m’éloigne imperceptiblement, mais Véro fait presque la même distance vers moi, comme pour me retenir. Nos lèvres sont toutes proches. J’ai encore le goût et la sensation de ses lèvres sur les miennes. Je regarde ses yeux si proches, un peu brillants qui semblent me retenir aussi sûrement que si elle avait mis sa main derrière ma nuque. J’ai envie de l’étreindre étroitement, de sentir son corps vêtu si légèrement contre le mien. J’ai un besoin irrépressible de la caresser de la manière la plus sensuelle qui soit. Je vois devant moi un abîme de plaisir et de volupté, un moment paradisiaque pour nous deux… mais c’est un paradis interdit, une pomme qu’il ne faut pas croquer. Le moment est suspendu, nous sommes sur la crête de nos limites et il est si bon d’envisager le côté interdit, de le regarder, de le vivre en rêve éveillé et à deux. J’ai l’impression de penser tout haut avec elle :



Par les yeux, j’échange mes pensées licencieuses avec ma tendre amie :



Véro esquisse un sourire, nous nous sommes compris. Mes lèvres s’approchent à peine des siennes, et sans que nous puissions savoir lequel de nous deux a fait le dernier pas, nous nous offrons un long baiser passionné. Cela n’a plus rien d’un smack amical, nos lèvres s’épousent, s’ouvrent, se font l’amour. Véro a fermé les yeux, elle se donne sans retenue.


Sa main s’est retrouvée derrière ma nuque pour me guider ou me retenir, mais ce n’est pas nécessaire : je suis prisonnier de notre étreinte, prisonnier de la douceur de sa bouche ; de ses lèvres qui tremblent d’émotion ; du contact de sa langue sur la mienne, sur mes dents ou sur mes lèvres ; de nos nez qui s’effleurent ; de son visage qui bouge doucement de droite à gauche pour explorer tous les aspects de ce baiser comme on visiterait un jardin magique, des mille petits signes que nous nous échangeons pour dire combien nous aimons cette étreinte.


Plus rien ne compte que ce moment féerique : je ne regrette pas notre excursion dans ces prés interdits, je me laisse aller à prendre mon amie dans mes bras, à l’enlacer et à la serrer fort en continuant ce baiser passionné. Nos deux corps s’épousent, je sens contre moi la volupté de ses formes, la douceur de sa peau, nous nous embrassons sans jamais vouloir nous arrêter. Nous sommes seuls au monde pour l’éternité et c’est la seule chose que je veux pour toujours.


Notre baiser cesse pour que nous puissions nous enlacer joue contre joue et sentir nos deux corps se fondre plus encore. Presque sans bouger, je prends conscience du corps de Véronique contre le mien. Je sens sa peau, sa chaleur, la pression bouleversante de ses cuisses, de son ventre, de sa poitrine, de ses bras. Nous nous donnons là une caresse réservée aux amants qui devrait ouvrir la porte à une étreinte sexuelle mais qui est pour nous le summum de la sensualité que nous pouvons nous donner. C’est notre extase à nous et je l’adore.


J’ai mes mains dans son dos, j’ai follement envie de les lancer dans l’exploration de son corps. Mes mains ont soif de découvrir ce que mes yeux ont tant admiré et tant aimé pendant notre marche. Ce n’est pas dans les règles que nous avons scellées avec nos yeux avant ce baiser, ce n’est pas dans l’espace de liberté que nous avons convenu de nous accorder. Notre étreinte s’arrête tout doucement après un temps infini, nous sommes rassasiés. Je m’éloigne de quelques centimètres sans la quitter des yeux. Ni elle, ni moi, ne voulons parler : nous nous sommes tout dit par notre baiser et les mots sont incapables d’en exprimer plus. Je dépose un dernier petit baiser sur ses lèvres mouillées et je m’installe à ses côtés. Véro pose sa tête au creux de mon épaule et se place confortablement contre moi :



Cette étreinte a, de nouveau, troublé ma tranquillité phallique de la façon la plus vive qui soit. Véro l’a senti à coup sûr quand j’étais contre elle mais n’en a rien dit. Je vais devoir m’en accommoder, il y a trop d’avantages à ce que je vis en ce moment pour voir cette frustration comme un inconvénient. Ne laissons pas le sexe affecter cette harmonie sensuelle et cadrée qui nous unit et nous rend si heureux.



Un souffle doux et chaud sur mon visage, je me réveille. Le visage de Véro est juste devant le mien, elle me sourit avec une douceur qui m’étreint le cœur. Elle dépose un petit baiser, pas si petit que ça, sur mes lèvres :



J’ai toujours un bras autour d’elle. Je la dévore des yeux au lieu d’esquisser le moindre mouvement pour la libérer.



Elle se colle à moi, presque sur moi, et me donne un baiser très tendre. Baiser vertigineux, mais trop bref, et mon embrasseuse se lève en mimant une bouderie d’enfant.

Sans un mot, nous réunissons nos affaires et remettons les lieux dans le strict état dans lequel nous les avons trouvés puis nous entamons notre descente. Le paysage n’est plus celui des grandes hauteurs, il est plus verdoyant. Nous recommençons à parler de tout. Les nouveaux panoramas sont le prétexte à de nouvelles photos. Véronique se prête au rôle de modèle sans rechigner, il n’y a qu’elle que je veux photographier, je ne vois qu’elle, son éclat ternit celui de ces paysages merveilleux.


Je bous intérieurement d’un bonheur survolté. Je voudrais la prendre dans mes bras à chaque instant, mais je sais que mon exaltation n’est pas acceptable. Notre incartade dans la zone interdite est limitée et ne change pas nos rapports sur la durée. Je garde ma folie à l’intérieur.


Après une bonne marche, plusieurs pauses photos, quelques baisers légers, presque amicaux, de rares caresses sur ses fesses merveilleusement tentantes opportunément volées dans les passages difficiles, des blagues, des rires, des fausses bouderies, des théories philosophiques étayées de mille exemples plus ou moins farfelus, des moqueries et des compliments pour tout le monde, nous arrivons en vue du village. Il est dix-sept heures :



Je relance alors la discussion sans cérémonie mais en étant moins rieur :



**********


Après une hésitation Véronique se range à mes arguments avec un sourire impertinent.



Elle a utilisé un ton badin pour dire quelque chose de si grave qui nous hante tous les deux. C’est à moi maintenant d’être interloqué. Et la conclusion sort de ma bouche sans que je la pense :



J’ai dit cette sentence sans la mûrir, et maintenant elle m’interpelle autant qu’elle doit étonner Véronique, comme si un autre l’avait dit. Un silence s’installe, ma pensée était quand même un peu formée quand j’ai dit ça, mes paroles ne me choquent pas trop, par contre cela semble laisser Véronique dubitative. Je laisse un peu de temps à nos pensées pour se reconstituer et j’ajoute :



Depuis le début de ces vacances, nous avons exalté ce rapport trouble comme jamais. Si après notre escapade, il ne redevient pas aussi ténu qu’au départ, il saura à coup sûr revenir à une place convenable. J’ai été maladroit, Véronique se perd dans ses réflexions.

Analyse-t-elle ses sentiments ou les miens ? Impossible à savoir. Je continue donc à préciser mon propos au risque de compliquer encore les choses :



Véronique reste silencieuse. J’ai peur d’avoir cassé quelque chose en ergotant sur les termes alors que nous prétendons être des amis sans ambiguïté depuis toujours. Qu’avais-je besoin de théoriser ? Ou du moins qu’avais-je besoin d’imposer à Véronique mon point de vue ? Elle avait le sien à coup sûr, ou même un flou vénusien, qui valait bien ma théorie tirée par les cheveux et elle pouvait légitimement penser que nos sentiments étaient plutôt symétriques. Comment lui dire que mes théories veulent forger une impression générale et aider à dédramatiser, à tuer les prises de tête, mais en aucune façon en créer d’autres ? Si un modèle de pensée crée des angoisses, il faut le tuer : aucun modèle n’est fiable et ne vaut une détresse.


Nous étions tous les deux concentrés sur notre dialogue, et nous sommes maintenant aux abords du village. Avant de nous engager sur la première route avec ses passants et ses trottoirs, Véro me touche la main pour me signifier de m’arrêter. Je me tourne vers elle alors qu’elle s’adosse à un gros arbre. Elle ne me regarde pas mais elle s’apprête à me parler. Je prends ses deux mains du bout des doigts. Je suis face à elle, je fléchis un peu les genoux pour capter son regard qui refuse de monter vers le mien. J’attends qu’elle me dise ce qu’elle pense, j’ai déjà trop parlé. Après un temps interminable, elle murmure enfin :



Quel soulagement d’avoir trouvé la communauté de pensée ! Je ne lâche pas ses mains, je reste devant elle, je lui laisse le temps et la liberté d’aller ou de ne pas aller, au bout de sa réflexion. Devant mon silence elle conclut :



Je ne peux plus attendre, je brûle intérieurement. Elle vient de me rassurer, de déplacer nos limites pour la durée de notre escapade pour y inclure ce versant que nous avons exploré là-haut. Nous nous comprenons et nous voulons la même chose ! Nous n’avons plus besoin de mots, je me penche sur son visage et je dépose un baiser sur sa bouche. D’abord du bout des lèvres puis de plus en plus appuyé. Elle répond en jetant ses bras autour de mon cou et en transformant ce baiser déjà très fort en une étreinte intense.

Nous nous embrassons alors au sens le plus intense du terme, au sens le plus total que ce mot n’a jamais signifié. Nous sommes de nouveau seuls au monde, un groupe de promeneurs passe près de nous mais nous n’en avons cure, ils ne risquent pas de nous identifier tellement nous sommes enlacés étroitement.


La même folie qu’à la bergerie s’empare de nous, et ne semble pas vouloir nous quitter. Nos deux corps se lovent, s’épousent, cherchent à fusionner. Nos mains caressent nos dos, nos fesses et nos côtés sans plus aucun tabou, sans limites. Après plusieurs minutes, quand nous sommes un peu assouvis, l’inconfort du lieu et la bienséance sérieusement écornée nous séparent mais nos yeux et nos mains prolongent un peu ce moment de folie. Une nouvelle une fois, mon short est tendu de manière très expressive. Véro qui a senti mon émotion pendant notre étreinte jette un œil pour constater son pouvoir sur moi, et éclate de rire :



Nous reprenons notre route et heureusement Véro ne met pas sa menace à exécution. Nous marchons main dans la main. Je suis « en forme » comme dit Véro, mais mon bonheur est beaucoup plus global que ça : j’ai l’impression de ne plus toucher le sol. Si je suis sur un petit nuage et je n’y suis pas seul. Je sens que j’ai chaud de l’intérieur, que mes jambes sont un peu faibles, que mon cœur bat la chamade, que je suis rouge comme une pivoine. C’est pareil pour Véronique. Elle, elle a un sourire immuable, la respiration courte, les yeux brillants. C’est sûr, nous avons ressenti et nous ressentons encore la même intensité dans nos sentiments !



Une grande bière fraîche sur une terrasse après ces efforts physiques et ces émotions fortes, c’est le paradis. Le soleil n’est pas encore couché sur la crête, vive l’heure d’été !

Cette pause réussit à me calmer un peu, je suis décent pour repartir vers le bureau de l’association qui organise le canyoning. Le bureau est ouvert comme convenu, nous devons régler la note et essayer une combinaison. La tenue de marche de Véro lui permet d’essayer la combinaison comme si elle était en maillot de bain. Je ne peux m’empêcher de la regarder avec insistance, le spectacle d’une jolie femme sexy qui s’habille et se déshabille est torride. Je fais exprès de lui fournir des combis avec des défauts pour prolonger la séance et elle ne s’en rend compte qu’après la cinquième. Cela me vaut de prendre des coups de combinaison qui redoublent quand je lui explique pourquoi j’ai fait cela.



Nous avons rendez-vous demain à 8 h 30 au village plus bas dans la vallée. Il y aura quatre femmes et deux hommes avec nous et notre guide sera une femme, une montagnarde expérimentée paraît-il. Le niveau des autres participants est semble-t-il assez bon, la quiétude de Véronique en prend un sacré coup. Néanmoins, elle ne remet pas le projet en cause : ce serait ridicule après tout ce temps passé à trouver la combinaison, mais il vaut mieux être ridicule maintenant que demain au fond du canyon. Une fois dehors j’interroge Véro :



Elle prend alors un air outragé et se dirige à grands pas vers notre location :



Nous arrivons vite au chalet et comme hier, je propose d’aller faire les courses pendant qu’elle se prélasse dans son bain. Le côté « princesse » de Véronique est au second degré, mais elle aime tellement son bain qu’elle en use royalement et donc égoïstement.


Le premier restaurant


De retour des courses, Véro est toujours dans son bain comme hier.

Je lui parle par la porte :



Je trouve un restaurant agréable dans le village du bas à 10 km, je réserve une table. Avec mon plateau je suis bien chargé et, sans y penser, j’entre dans la salle de bain sans frapper. Véro est toujours dans son bain les yeux fermés et la mousse est beaucoup moins réussie qu’hier. Je prends conscience de mon intrusion un peu tard mais je décide de faire comme si c’était naturel : d’un certain côté, nous n’en sommes plus là, dans notre relation. Véro a déjà abandonné à son initiative beaucoup de sa pudeur à mon égard. Je m’assois sur le bord de la baignoire et je lui tends un verre :



Heureusement, son sourire me rassure sur le second degré de ses récriminations, ce n’est pas dans mes habitudes de violer l’intimité d’une femme.



Véro a un bras en travers de sa poitrine et les jambes croisées.



Elle se relâche effectivement mais dans le même temps elle s’enfonce un peu plus dans l’eau. Nous parlons de tout et, entre autres, de la capacité du chauffe-eau. J’ai du mal à ne pas laisser mon regard glisser sur ses seins ou sur les courbes de son corps que l’eau rend particulièrement érotiques. Chaque fois, j’ai droit à des yeux noirs avec un nez plissé comme seules Véro et Meg Ryan savent le faire.


Voilà encore un épisode agréable que nous pourrions noter dans notre palmarès des bons moments apportés par notre amitié. Tout y est : une discussion agréable, avec un apéro frais, une vraie communion avec mon amie, une situation confortable – pour Véro au moins – et une pincée d’excitation érotique. Ces vacances ont recelé tellement de super moments depuis trois jours qu’il faudrait créer un prix spécial. Il nous faut abréger, il se fait tard. Je débarrasse et propose à Véro de quitter son bain.



Comme hier, je m’affaire dans ma chambre, qui ne l’est plus vraiment, quand j’entends Véro passer dans la grande chambre. À mon tour de prendre un bain rapide. Comme hier j’utilise l’eau du bain de Véro, mais aujourd’hui j’aurai la chance de me rincer à l’eau chaude. Le bain est effectivement un peu plus froid qu’hier, mais cela reste trop chaud pour moi.


Le bain est aussitôt une occasion de repenser aux évènements de la journée. Ce fut moins éprouvant mais malgré tout ce fut une journée exceptionnelle. Mon cœur a dû battre la moitié du temps en surrégime et j’ai sûrement eu encore plus de désir pour ma colocataire qu’hier. Pour ce qui est des émotions, c’est un aussi grand cru que la veille même si elles ont été très différentes, et ce n’est pas peu dire.


Le restaurant où j’ai réservé a l’air très bien d’après les photos de leur site Internet. Une ambiance chaleureuse de montagne, des recoins partout pour être tranquille, et à cette période de l’année nous allons pouvoir choisir notre place.


Le plaisir du bain ne suffit pas à me garder en place, j’attends encore beaucoup de cette journée : une soirée restau avec Véro, c’est encore une pépite à ramasser sur le chemin de la vie, ma besace n’est pas encore pleine, je veux toujours croquer ces vacances à pleines dents. Je finis de me préparer, je passe dans ma chambre pour m’habiller. Je choisis quelque chose de moins « casual » qu’hier, nous sortons cette fois !


Quand je sors de ma chambre, Véro est dans le salon à m’attendre. Elle a une robe cintrée qui s’arrête à mi-cuisses.



Véro fait une lente pirouette sur elle-même pour se faire admirer. Cette robe magnifique, l’humeur enjouée de Véro et l’ambiance érotique de cette soirée me font oser toutes les audaces :



La conclusion de Véronique est logique et sans appel. J’avais bien sûr une idée de mâle sans tabou derrière la tête en abordant le sujet mais je ne suis pas surpris de cet aboutissement. Je me suis laissé aller à provoquer ma muse par pure fantaisie mais cela l’a conduite à conclure sur un point négatif. Je suis pris au piège : j’ai transformé un détail insignifiant en défaut qui gâche tout : je viens de casser l’ambiance bêtement. Pour redresser la barre, il faut démontrer que ma remarque sur les marques était justifiée par ma nature triviale et non la réalité du défaut. Il ne me reste qu’à me ridiculiser en proposant l’improposable :



Je fais exprès d’avoir des yeux expressifs, d’avoir un regard qui n’est pas lubrique mais très insistant. Véro comprend à quoi je fais allusion :



Véro fait allusion à ses habitudes d’épilation intime qui la dénude par rapport à une toison naturelle supposée plus pudique.



Je sens que je deviens lourd mais je continue quand même pour qu’elle retienne de notre échange mon caractère libidineux et non pas un éventuel défaut dans sa tenue :



Incroyable : Véronique capitule contre toute attente. C’est inattendu, je m’apprêtais à sonner la fin de cette récréation qui avait déjà trop duré. Je n’imaginais vraiment pas que la pudibonde se rendrait à mes arguments fumeux. C’est une victoire qui me ravit : avoir ma compagne nue sous cette jolie robe si courte, au milieu de beaucoup de gens, être le seul à le savoir, être son complice dans ce délicieux forfait et même en être l’initiateur : Quel délice, quel souvenir !



Je me tourne deux minutes :



J’entends le bruit du tissu le long de ses jambes, c’est un bruit très érotique, puis le bruit de l’ouverture de son sac.



J’admire de nouveau ma cavalière. De face, il n’y a pas de différence, mais quand elle se tourne, la perfection des lignes malgré la finesse du tissu suggère effectivement une nudité cachée et une sensualité incroyable de la femme qui la porte.



Je prends quelques clichés de Véro seule devant le feu, en recherchant les clichés où on distingue la courbure de ses hanches lisses sans défauts. Puis j’arrange l’appareil sur son pied et je la rejoins pour prendre la pause. Une pause photo, c’est une occasion de passer ma main autour de sa hanche et de la serrer un peu contre moi. L’absence de culotte me hante, c’est bête, mais c’est sacrément excitant. Mais Véro surveille la hauteur de ma main et mon respect de sa consigne. Je télécommande une petite série de photos pour prolonger la pause et puis, sans lâcher mon étreinte, je sonne la fin :



Véro me regarde dans les yeux avec un air coquin. Je comprends son message, je sais lire son langage des yeux. Je me tourne vers elle et je l’embrasse tendrement. Elle passe ses bras dans mon dos et donne plus de fougue à notre baiser. Je la serre contre moi, pour faire épouser son corps contre le mien. Je la sens tellement bien contre moi ! Ma chemise et mon pantalon clair sont fins et la robe de Véro ne réduit pas plus le contact charnel de nos deux peaux. Savoir Véro nue sous sa robe, même si je m’interdis de laisser traîner mes mains trop bas dans son dos, donne à ce contact une sensualité démultipliée.


Imperceptiblement nos deux corps se caressent ajoutant encore à la sensation magistrale. C’est encore un baiser d’anthologie : Véro, comment fais-tu pour me bouleverser ainsi ?

Malgré mes bonnes intentions du départ, mes mains sont descendues et je caresse maintenant largement le haut de ses fesses. Mes mains décrivent de longues caresses. En l’absence de culotte, aucune frontière ne matérialise des zones protégées ou interdites : Véro m’est offerte sans limites, c’est vertigineux. Bien sûr, l’effet physico-émotif est instantané. Cette fois-ci, mon vit est virtuellement contre le sien. Le peu de couches de tissus qui séparent nos deux sexes ajoute à mon trouble. Je resterais bien une heure à embrasser Véro passionnément et à la caresser de tout mon corps, mais le temps presse, nous sommes déjà bien en retard. Nous cessons notre étreinte et sans nous lâcher la main nous allons vers la voiture. Véro rougit un peu, elle regarde autour d’elle mais nous sommes seuls. Je lui ouvre la porte et je fais le tour pour prendre le volant.


En route, je jette des coups d’œil aux jambes dénudées par la robe remontée par la position assise, c’est très chaud et très joli. Cette touche d’érotisme inhabituelle inscrite dans une banale promenade en voiture, c’est un tableau de maître. Bien sûr, les trésors sulfureux de Véronique sont bien dissimulés, mais mon imagination prolonge facilement les courbes de ses cuisses vers son jardin secret. Je serai le seul à la savoir si dénudée, je serai le seul à la voir toute nue toute cette soirée. J’ai du mal à me concentrer sur la route, mais très vite, trop vite, nous arrivons à notre destination.


Une fête foraine s’est installée dans la ville, je n’avais pas prévu cela. La grande route est fermée pour permettre aux bars d’étendre leur terrasse. Il y a beaucoup de monde dans les rues. Le restaurant est au milieu d’une rue animée mais nous n’avions pas l’intention d’aller en terrasse, cela ne nous gênera pas. Je me gare donc assez loin sur un parking aménagé dans un pré pour la circonstance. Je m’apprête à descendre mais je note que Véro semble inquiète de la situation.



Je lui fais un bisou pour sceller notre accord. Aussitôt après, je sors me poster dos à la voiture, les bras croisés, comme le ferait un garde du corps déterminé à protéger une star des paparazzis indiscrets. Très vite, Véro sort de la voiture en tirant sa robe vers le bas. Elle me libère de ma mission de protection par un baiser très appuyé sur la joue.



Je lui prends la main et je la guide vers les lumières de la ville. Il y a effectivement beaucoup de monde, par moments, nous devons nous faire un passage parmi la foule. Nous arrivons rapidement au restaurant, c’est un havre de paix, comparée à la rue bruyante et grouillante que nous quittons. C’est comme sur les photos de leur site WEB, une très jolie salle décorée avec goût, avec de nombreux recoins qui préservent l’intimité des convives. En attendant l’hôtesse, Véro me tient le bras en posant sa tête contre mon épaule. Elle semble contente et rassurée d’être avec moi et cela me donne une joie intense que je goûte en silence. Malgré la fête, il n’y a pas beaucoup de monde dans le restaurant, nous pouvons choisir notre table et nous optons pour la plus reculée : nous avons encore beaucoup de choses à nous dire ! Je n’ai pas cessé de parler depuis la voiture, Véro ne doit pas imaginer que j’ai du ressentiment à son égard. Ce n’est pas le cas et je n’ai pas envie de jouer avec elle sur ce sujet.


Le cadeau inattendu qu’elle m’a fait en acceptant de retirer sa culotte dans le chalet et de me faire un baiser torride dans cette tenue m’a déjà donné beaucoup de plaisir, et son prolongement au restaurant se devait d’être une expérience positive pour tous les deux. L’aléa de la fête change la situation pour elle et c’est une raison suffisante pour le remettre en question. Il ne faut pas que ce cadeau devienne désagréable pour elle ou alors, il ne m’intéresse plus.


L’ambiance feutrée du restaurant est l’occasion de parler de sujets plus doux. Très vite Véro est intarissable sur les gens qu’elle aime et sur les côtés les plus tendres de sa vie. Par moments elle a les yeux brillants, je lui prends la main et nous sommes, de nouveau, très proches comme les meilleurs amis du monde – que nous sommes d’ailleurs !

Le repas est savoureux, les produits du terroir sont arrangés par des recettes recherchées qui leur apportent de la légèreté et une grande finesse.


Nous parlons sans hâte, Véro qui ne conduira pas boit même un peu trop, elle est très décontractée. Nous savourons sans réserve, et bien sûr je fais quelques photos. La beauté de Véro, son maquillage léger, sa jolie robe neuve, tout se trouve magnifié par ce décor soigné, les photos seront très réussies. La serveuse accepte de nous prendre tous les deux mais le cadrage est raté, il va falloir que je rattrape ça sur l’ordi. Quand nous attendons le dessert, Véro se rend aux toilettes et en partant elle me lance un regard coquin que je n’arrive pas à décrypter. Elle revient après un temps assez long, son maquillage et sa coiffure remis au top du top. En plus, elle a un sourire conquérant et un regard moqueur.

Je m’interroge, a-t-elle commandé quelque chose ?



Je ne lui dis pas que c’est mon intention de lui commander un gâteau en cachette pour le dernier soir puisque son anniversaire à elle est dans deux semaines.



Elle avance alors sa main sur la table, sa main fermée sur un objet mystérieux. Je tends la main pour recevoir discrètement ce présent inattendu. Je suis embarrassé, il n’est pas question de cadeaux tangibles entre nous. Je ferme ma main sur le morceau de tissu très doux que Véro vient de déposer. Avec l’indice du petit bout de tissu léger et de son air coquin, j’ai deviné de quoi il s’agissait et je suis ébahi et enchanté de ce revirement. Sans regarder le présent, je le serre, je le porte à mon nez pour en sentir l’odeur et en éprouver la douceur sur mes lèvres, et je regarde Véro intensément dans les yeux. Elle rayonne, contente de son coup. Nous savons tous les deux que nous nous sommes compris sans un mot et si peu d’indices, mais je ne comprends vraiment pas ce qui l’a fait changer d’avis.



La table est petite, je me penche et je lui donne le baiser qui seul peut exprimer mon sentiment. Je range mon cadeau dans ma poche, le serveur nous apporte le dessert. Nous continuons à parler sans nommer l’objet de note conversation comme si quelqu’un pouvait nous écouter :



J’avance un peu mon pied pour toucher le sien. C’est troublant vu la supposée nudité de ma compagne pour ce qui concerne ce qui se passe sous la table. Elle répond en avançant le sien et en l’appuyant plus encore. Nous n’avons plus besoin de parler : nos yeux se parlent, nos mains se parlent et maintenant nos jambes se font la cour. Nous restons longtemps ainsi, apparemment immobiles, mais en fait nous sommes en grande conversation multimédia. Nous en avons oublié de manger notre dessert, pourtant appétissant. Le serveur nous ramène à la réalité en nous proposant des cafés.



Les cafés ont été servis et bus. La note est arrivée aussitôt, il semblerait que le personnel souhaite fermer le restaurant bien qu’il soit relativement tôt. Le patron a dû leur donner une permission pour profiter de la fête. Il reste donc à passer à une nouvelle étape, la plus difficile : traverser le champ de foire. Véronique avait renoncé devant ce défi, mais, cette fois-ci, elle ne pouvait plus arguer ne pas être au courant.


Galamment, je passe derrière elle, je lui retire sa chaise quand elle esquisse de se lever. Je lui mets son gilet sur les épaules et je l’invite à sortir. J’attends, au moins, l’expression d’un doute, d’une hésitation, mais il sera dit que je ne comprendrai jamais rien à mon amie. Elle se dirige sans vergogne vers la sortie en me soufflant uniquement :



Arrivée dehors, elle paraît totalement sereine, je ne distingue son émotion qu’à la pression un peu trop forte de ses doigts sur mon bras de ses deux mains. Je passe un bras autour de sa taille, et je lui donne un baiser sur la tempe. Je l’entraîne alors dans la foule en la maintenant contre moi. Elle semble totalement rassurée par mon bras, elle marche d’un bon pas sans la moindre hésitation. Par jeu, je me dirige vers la Grand-Place où sont les manèges au lieu d’aller directement vers la voiture. Elle aurait dû récriminer, mais, au lieu de ça, c’est elle qui m’entraîne vers la découverte de cette fête. Elle plaisante sur tout et semble parfaitement à son aise :



Cela ne me plaît pas de me casser la main sur punching-ball mécanique d’un autre âge, mais c’est exactement dans l’archétype recherché. Je joue le jeu à fond : je frime, en tendant ma veste à Véro, pour compléter le tableau du marin en goguette qui veut impressionner sa dulcinée. Je regrette de ne pas avoir le pull rayé et la casquette.



Je prends de l’élan et je donne le plus grand coup possible en faisant un mouvement de tout le corps. La performance ne doit pas être mauvaise à entendre le bruit impressionnant qui a résonné dans tout le champ de foire mais je suis plus concerné par la douleur vive que je ressens dans ma main et mon poignet. Je peste intérieurement contre moi. Je suis assez idiot pour taper comme une brute alors que je savais où était le risque et tout ça pour impressionner Véro, comme dans un film rétro. Heureusement il semble que je n’ai rien cassé, je peux articuler mes doigts sans limites. Je prends donc le parti de cacher ma douleur et de continuer mon cinéma avec mon meilleur accent des bas-fonds :



Véro, qui ne sait pas plus que moi évaluer la performance, joue parfaitement la midinette séduite par les biscotos de son fiancé. Elle frappe dans ses mains en sautillant comme une ado enthousiaste et me saute au cou. Dans son exaltation, elle a oublié un peu qu’elle voulait contrôler strictement les points de vue sous ses jupes. Je parierais sans risque que plusieurs voyous locaux ont pu se régaler les yeux d’une vue vertigineuse sur ses cuisses. Véro, semble définitivement faire confiance à ma protection et elle n’a cure des regards un peu trop convergents qui nous entourent.


Elle doit avoir raison d’être sereine : aucun des jeunes hilares ne nous suit quand nous nous dirigeons vers les stands de tir. Ma carrure saillante dans l’effort, mes fanfaronnades, et peut-être le bruit infernal de ma prestation auraient-ils suffi pour mériter un respect salutaire ? Je ferai malgré tout attention quand nous irons dans le parking sombre pour aller à la voiture. Pour continuer le scénario, Véronique choisit un stand de tir où je vais devoir tenter de lui gagner des peluches. Elle m’envoie alors à l’assaut de la forteresse avec comme mission de lui rapporter le plus beau et le plus gros de nounours de la foire.


Plaise à dieu qu’elle n’insiste pas jusqu’au bout, il va falloir dépenser une fortune pour gagner assez de points pour mériter cette peluche. Néanmoins, je joue le jeu, et m’attable confortablement pour mon premier tir. Ce jeu n’est pas difficile : il est conçu visiblement pour que le client gagne à tous les coups un lot dont la valeur atteint péniblement le quart de sa mise.


Après trois ballons réussis, Véronique, joue les midinettes conquises :



Ouf ! Véro n’a pas décidé de me faire descendre deux cents ballons avant de donner un peu de piquant à la scène.



Bien sûr, je me place derrière elle pour lui dispenser les rudiments de la visée, qu’elle maîtrise certainement aussi bien que moi. Et, bien sûr, mon élève fripon ondule un peu ses fesses, soi-disant pour trouver la bonne position, mais en vrai dans le but de provoquer une réaction instinctive au bas de ma personne. Et, bien sûr, l’effet escompté est au rendez-vous et très vite, Véronique peut sentir que mon bassin n’est plus aussi plat qu’au début.


Mon sexe est, en effet, inscrit entre ses fesses et leurs ondulations le massent délicieusement. Dans la montagne nous avions déjà franchi le Rubicon des étreintes sensuelles, mais c’était toujours de face. Là, sous prétexte que ce lieu public nous préserve de dépasser la simple provocation, Véro se permet une caresse hypertorride sans hésitation. Vivre cette scène au milieu d’une foule lui donne un intérêt surréaliste, je voudrais qu’elle dure des heures. J’incite donc Véro à se concentrer longuement, mais cette chipie aura décidé de me faire enrager : elle décoche ses trois plombs en cinq secondes, non sans une certaine réussite d’ailleurs, ce qui sonne la fin de la récréation. Elle aura gagné une petite peluche ridicule et moi, une érection qui me fait bénir le ciel que la fête soit si mal éclairée. Nous continuons à explorer le champ de foire : Véronique est accrochée à mon bras pour me sentir contre elle.



Je suis bluffé, encore une fois, je faisais cette proposition en étant certain qu’elle serait repoussée, en me donnant ainsi une petite victoire sur cette impertinente. La roue est particulièrement ennuyeuse en temps normal, mais, en si bonne compagnie et surtout, vu la sensualité ambiante, je ne verrai pas le temps passer. Nous n’attendons pas trop longtemps, à cette heure tardive il y a moins d’amateurs pour les vieux manèges.

Les nacelles ne sont pas très grandes, ainsi nous ne risquons pas d’avoir un importun avec nous.


Véro n’est visiblement pas inquiète, ma protection la rassure définitivement. Le jeune homme qui opère le manège descend la barre de protection sur nous et ainsi fait remonter un peu plus la robe courte de Véronique. Il semble habitué du fait et prend un luxe de précautions en verrouillant la barre et en vérifiant la qualité du blocage. Pendant ces opérations, il a en face de ces yeux les cuisses de Véro, dévoilées très haut mais serrées pudiquement. Visiblement le spectacle lui plaît, il cache très mal son observation assidue et prend un temps exagéré à faire son office. Mais les meilleures choses ont une fin, il doit lancer le manège qui retire ce merveilleux paysage à sa vue. Sur une roue, le chargement de nouveaux clients est une opération longue, nous ne montons que progressivement dans les hauteurs.



Je n’ai pas l’impression d’avoir été très convaincant, mais Véro me prend alors, à nouveau, à contrepied comme elle le fait beaucoup depuis deux jours. Elle prend un air espiègle, se cale au fond de son siège et me lance :



Et, au lieu de continuer la conversation, Véro se tait et regarde franchement l’adonis opérateur dont nous nous approchons maintenant que nous avons presque achevé le premier tour. Il a remarqué le regard de Véronique et ne la quitte plus des yeux : il se sent libéré de sa relative discrétion commerciale par le regard de cette bourgeoise qui le provoque. Et d’un coup, ses joues rougissent et ses yeux semblent lui sortir de la tête. Je baisse mon regard pour comprendre et je constate que, pour l’exemple recherché, Véronique a écarté un peu les jambes et doit ainsi laisser apparaître son jardin secret à la vue du garçon.


Il n’a pas le temps de s’en remettre que nous sommes passés et aussitôt Véronique corrige un peu sa tenue.



Le temps que nous parlions, nous avions parcouru de nouveau un tour et notre chef de manœuvre semblait attendre fébrilement que le jeu continue, mais rien ne se passe dans notre nacelle. Véro m’interroge :



Véro reste dubitative et la roue continue son tour. À fin de la boucle, je fais semblant de m’intéresser au paysage, mais je surveille les agissements de ma partenaire du coin de l’œil. Le jeune homme par bouderie ou par désespoir, ne semble plus prêter qu’un intérêt professionnel à notre nacelle. Rien ne se passe, sauf qu’au dernier moment, Véro esquisse un mouvement délicat mais large qui révèle ses trésors au gérant en herbe. Cela n’a duré que quelques secondes, mais le jeune homme était très bien placé et le mouvement de Véro très ample. Il aura pu saisir une image fugitive mais très nette et délicieuse des nymphes habituellement cachées de la plus coquine des clientes.



Nous bouclons le dernier tour et je me sors du jeu, de nouveau, en regardant l’horizon avec une passion évidente. Véro, elle regarde l’opérateur, mais elle n’a pas encore décidé ce qu’elle fera. Quand elle est en position pour que lui seul ait une vision sur elle, elle écarte largement ses jambes en faisant semblant d’ajuster la boucle de sa chaussure. En se relevant, elle tarde à les refermer et elle sourit au charmant admirateur en passant. Il regarde sans vergogne sous sa jupe et lui rend son salut en soulevant sa casquette mais en gardant son regard captivé par les trésors secrets de mon impudique compagne…

… et, une fois que nous sommes passés, il sonne le dernier tour.


Après ce passage, nous serons les premiers à descendre et je sais que Véro ne voudra pas continuer le jeu, pour éviter de compliquer le protocole de sortie. Le jeune homme, étonnamment professionnel, semble avoir compris cette subtilité. Véronique ne gagne que le statut de la cliente la plus joliment saluée. Et lui gagne le plus beau des sourires qu’ont reçu les directeurs de manège de cette foire ce soir.


Et moi, le statut de l’homme le mieux accompagné et dont l’avenir est le plus incertain mais aussi le plus beau de toute sa vie…