Une Histoire sur http://revebebe.free.fr/
n° 18517Fiche technique16588 caractères16588
Temps de lecture estimé : 10 mn
21/08/18
Résumé:  François, coureur invétéré, doit signer un important contrat au Mobile World Congress de Barcelone. Pour cela il demandera la collaboration d'Isabelle, jeune juriste apparemment sage et prude en quête du mari idéal. Mais elle cache un passé sulfureux.
Critères:  fh fbi hplusag collègues voyage amour cérébral nopéné portrait
Auteur : Francois77  (Isabelle et François interprètent à quatre mains)            Envoi mini-message

Série : Business à Barcelone

Chapitre 01 / 07
Business à Barcelone - 1 / 7

Comme chaque année le Mobile World Congress de Barcelone était l’occasion pour les grandes entreprises de présenter leurs innovations et inviter leurs plus gros clients au salon. En marge de ces grands évènements officiels se nouaient des discrètes réunions stratégiques et des négociations entre les gros opérateurs et les industriels des Telecom.


C’est dans ce contexte que François, Directeur commercial d’une multinationale, s’apprêtait à débarquer en début de semaine depuis Paris. Objectif visé, la signature du contrat dont il supervisait les négociations depuis des mois avec un gros client espagnol particulièrement coriace. Ce contrat-là signifierait dix-huit mois de travail pour la boîte, et accessoirement, pour François, une prime de résultat avec beaucoup de zéros à la clé. Tout l’encadrement de l’entreprise qui était dans la confidence comptait sur lui et ce contrat. C’était le sujet de conversation principal aux machines à café à l’étage de la Direction. Et malgré les instructions de discrétion, le bruit commençait à se répandre dans l’entreprise au risque que cela n’arrive à la concurrence. François était un homme de challenges et il était bien décidé à rentrer à Paris avec ce contrat pour y être reçu en héros.


Ne restait plus qu’à le signer… Les aspects techniques étaient ficelés depuis longtemps. Pour les aspects commerciaux, le Directeur financier lui avait donné tous les éléments de marge à obtenir pour qu’il puisse prendre les décisions nécessaires. Ne restaient plus que les aspects juridiques. Certes, il avait sur place à Barcelone des collaborateurs de l’antenne commerciale locale censés l’aider, mais son expérience lui avait appris à protéger ses arrières. C’est pourquoi il avait demandé à son ami et collègue Directeur juridique de lui mettre à disposition le meilleur membre de son équipe pour l’accompagner et le seconder.



En fait de meilleur, ce fut « une meilleure »… François ne connaissait pas Isabelle et n’avait pas encore eu l’occasion de travailler avec elle. Il aurait été incapable de mettre un visage sur son nom. Lorsqu’elle se présenta dans son bureau, le vendredi précédant le départ, sa première réaction fut de se dire qu’on avait oublié de lui préciser qu’elle était également jeune et jolie… Il se voulut discret en l’examinant des pieds à la tête. Une petite blonde fine aux yeux verts, coupe au carré tendance catho versaillaise à qui il donna entre vingt-cinq et trente ans. Il crut la voir rougir et se décontenancer une fraction de seconde.


En vraie professionnelle, la veille au soir, Isabelle avait passé la nuit à faire des recherches sur son Directeur commercial, faisant le tour d‘Internet et des réseaux sociaux pour mieux connaître le bonhomme. Elle se pensait armée pour l’affronter. Elle s’en voulut donc beaucoup de se sentir flancher en avançant vers cet homme, assis à son bureau, qui la scannait de bas en haut. Mais elle reprit rapidement le dessus, faisant appel à sa personnalité et son éducation, froides et droites. Son regard se fit glacé. En une seconde, elle avait bâti une muraille de dix mètres entre son interlocuteur et elle. Son esprit allait à cent à l’heure. Pourquoi avait-elle flanché ainsi ? Elle savait pourtant que les dix premières secondes étaient primordiales dans l’image qu’on donnait à autrui.


Isabelle connaissait aussi François pour l’avoir vu prendre la parole dans les vidéos projetées lors de l’arrivée des nouveaux salariés dans l’entreprise. Sa réputation l’avait précédé. Ce loup bientôt quadra était un des piliers de la société, tout entier tendu vers l’efficacité et la rentabilité. Certes, il n’était jamais le dernier pour faire la fête, mais était-ce sa faute, après tout, si ses nombreux succès lui donnaient tant de prétextes pour les célébrer ? On ne va pas reprocher à un Directeur commercial de faire la fermeture des discothèques le samedi soir si dès le lundi matin il est à son poste… Il était question de notes de frais dépassant les dix mille euros en une seule soirée…


Mais dès qu’on sortait des salles de réunion, que ce soit à la machine à café, à la cantine ou lors des quelques after works auxquels elle avait assisté, les langues se déliaient. Et c’est le portrait d’un redoutable séducteur qui se dessinait, voire un prédateur selon certains. Bien sûr, il était marié et bien marié, étalait sur son bureau les photos de sa femme, mais il avait tendance à en parler comme s’il s’agissait d’un trophée de tournoi de golf. Les adeptes de la presse people avaient parfois le loisir, également, de découvrir sa photo au détour d’un reportage sur tel ou tel défilé de mode, avant-première ou soirée VIP. La faute à son épouse, une ancienne top-modèle vaguement célèbre, accessoirement fille d’un riche industriel, qui continuait à monnayer sa célébrité passée pour tromper son ennui.


On le soupçonnait fortement de choisir ses secrétaires sur des critères autres que strictement professionnels, mais les intéressées ne restaient pas suffisamment en poste pour qu’on puisse recueillir leur avis. Il parvenait à s’en débarrasser sans qu’elles ne fassent de vagues aux prud’hommes. Alors personne aux Ressources humaines ne se risquait à poser de questions. Des consœurs d’Isabelle avaient déjà eu l’occasion de travailler sur deux transactions avec les concernées du moment. Et même si Isabelle ne voulait pas prêter d’oreille trop attentive aux ragots qui lui arrivaient, elle ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle n’avait pas grand-chose de commun avec ces secrétaires-là… non seulement physiquement, mais surtout moralement. Comment ces femmes pouvaient-elles séduire leur boss pendant leur interview ? Se prêter à son jeu pour obtenir ce boulot ? Accepter de devenir la maîtresse d’un homme marié ?


Si on lui avait posé la question, François aurait répondu qu’il ne voyait pas où était le problème, et qu’il appliquait en « amour » (avec de très gros guillemets) les mêmes principes que dans le travail : efficacité, rentabilité… Il avait dans sa tête une idée très précise de la définition de poste de sa secrétaire. Dès l’entretien d’embauche, il avait le flair pour détecter les candidates qui réunissaient toutes les compétences. Du coup, il n’avait jamais à trop forcer son talent, une fois en poste, pour obtenir leurs faveurs et s’offrir de forts agréables 5 à 7. En contrepartie, il se révélait particulièrement généreux à l’heure d’approuver le paiement des heures supplémentaires et des primes de performance des intéressées.


Mais en téléphonie comme en « amour », la règle de l’obsolescence programmée s’imposait et toute secrétaire, aussi brillante et performante fût-elle, finissait par lasser François. Dès que la « rentabilité de son placement émotionnel » déclinait, il retirait ses billes pour en trouver un meilleur. Son discours était alors suffisamment rôdé pour faire passer la pilule… et son carnet d’adresses suffisamment fourni pour trouver un point de chute à ses collaboratrices, les détournant de la tentation de se rebeller contre le pouvoir du grand capital.


Toutes ces rumeurs, Isabelle ne les connaissait donc que trop à l’heure de se présenter devant François, et c’est pour éviter toute situation équivoque qu’elle avait pris soin d’arborer son uniforme « lawyer suit » : tailleur noir / chemisier blanc / escarpins avec talons des plus sobres et fonctionnels. Rien de nature à inspirer des pensées impures, pensa-t-elle. Car la jeune femme avait une personnalité aux antipodes de celle de François. Ou du moins, c’est ce qu’elle s’efforçait de laisser paraître…


Professionnellement parlant elle adhérerait à 100% à son perfectionnisme, sa capacité de travail, son ambition. Toujours célibataire, à vingt-huit ans, elle se savait sur une autoroute sur laquelle il ne tenait qu’à elle d’enclencher le turbo pour donner à sa carrière professionnelle une autre dimension. Mais sentimentalement parlant, elle ne pouvait pas cautionner ce qu’elle considérait comme des écarts de conduite impardonnables de la part du Directeur commercial. L’infidélité était un péché, voilà ce qu’on lui répétait sans cesse depuis qu’elle avait l’âge de raison. Et elle ne pouvait s’empêcher de se demander comment il se comporterait lorsque le nouveau Code éthique de la société, sur lequel elle allait travailler, serait annoncé…


Et l’amour dans tout ça, pour Isabelle ? Cela faisait un an qu’elle cherchait l‘homme au bon profil. Son désir augmentait un peu plus tous les jours au point d’en devenir, parfois, délicieusement insupportable. Mais elle voulait attendre la bonne personne, l’Élu. Elle n’allait quand même pas choisir n’importe qui… Son éducation bourgeoise lui avait inculqué le goût de l’effort et lui avait appris à se montrer exigeante dans le choix de son futur mari. Les rallyes qu’elle fréquentait depuis son adolescence lui avaient donné l’occasion de rencontrer nombre de bons partis auprès desquels sa beauté froide et distante avait rencontré un certain succès. Comme toute adolescente, même dans la bonne société, elle avait vécu quelques amourettes et courtes expériences. Et la sagesse l’avait même poussée, à vingt ans à se mettre en couple avec un futur ingénieur à la tête bien faite, fils de bonne famille. Ils ne s’étaient pas fiancés, car leurs études restaient leur priorité.


Même si cette relation étudiante était la première qui s’inscrivait dans la durée, Isabelle avait du mal à la considérer comme étant la dernière de sa vie. Les deux familles s’appréciaient et se rencontraient lors de déjeuners dominicaux d’un classicisme ennuyeux au possible. Et malheureusement pour la jeune fille, son amoureux n’avait jamais été un amant des plus expérimentés. La chose ne l’intéressait pas plus que cela et l’ennui se prolongeait dans le secret de l’alcôve… Comment avait-elle fait pour tenir quatre ans ainsi, elle ne se l’expliquait pas vraiment. Toujours est-il que le stage final de son Master qu’elle alla passer à Londres pendant six mois lui donna le prétexte pour mettre un terme à leur histoire, par consentement mutuel, sans heurts.


L’éloignement londonien et cette nouvelle liberté qui allait avec lui avaient par ailleurs permis de vivre une expérience qui lui trottait dans la tête depuis longtemps. Après tout, il fallait bien que le corps exulte suite à quatre années de frustration… En effet, contrairement à quelques-unes de ses amies, Isabelle n’avait pas goûté aux plaisirs saphiques dans les pensionnats select qu’elle avait fréquentés à l’adolescence. Cela plus par timidité et manque d’opportunités que par manque de curiosité… et d’envie. À Londres, le destin avait mis sur son chemin, en la personne de sa responsable de stage, une femme à la personnalité directive et à la sexualité débridée et dissolue de l’aristocratie anglaise décadente. Sans vraiment s’en rendre compte, Isabelle s’était laissé prendre en main et guider par elle. En lieu et place d’une simple expérience lesbienne sans conséquence, elle avait eu droit à une véritable initiation aux plaisirs. Loin des yeux inquisiteurs parisiens, elle s’était progressivement abandonnée jusqu’à devenir l’objet sexuel de sa Boss. En femme expérimentée adepte de tous les jeux décadents, et très impliquée dans le microcosme élitiste britannique, elle avait ainsi guidé sa jeune stagiaire dans l’exploration d’un large éventail de pratiques sexuelles faisant aussi bien appel à la gent féminine que masculine… Avec le temps Isabelle avait eu le sentiment de découvrir la femme qu’elle était vraiment, et de savoir ce qu’elle aimait ou n’aimait pas.


Elle put ainsi alterner les activités académiques avec des travaux pratiques qui l’étaient beaucoup moins…

Sa maître de stage, par ailleurs associée d’un grand cabinet d’avocats l’avait embauchée dans son équipe au terme de son Master. Elle en avait fait son bras droit, au bureau comme en dehors. Isabelle s’enrichit ainsi d’une super expérience business. Mais au bout de deux ans de collaboration, la juriste finit par prendre conscience de la toxicité de cette relation. Le temps était venu de vivre un nouvel épisode et de voler de ses propres ailes. Toutes les bonnes choses ont une fin et même si elle s’épanouissait charnellement une petite voix continuait, en son for intérieur, à lui dire que ce n’était pas la vie à laquelle elle aspirait, pour laquelle elle avait été éduquée. L’aventure londonienne avait simplement été pour elle l’opportunité de vivre une sorte d’adolescence sur le tard et il lui fallait maintenant rentrer dans le rang.


Le retour à Paris signifia pour Isabelle la fin de cette parenthèse libertaire et libertine qui était pour elle définitivement fermée, du moins le pensait-elle. Et depuis un an, sa vie sexuelle avait été un vrai désert. Un célibat choisi, après trois années de sexualité intense et diverse… Elle cherchait dès lors son homme, sans se presser ni se précipiter, mais avec détermination. Parmi ses fréquentations, elle en considérait certains dignes d’elle, mais aucun ne rassemblait la liste interminable des critères qu’elle s’était définis. Il ne s’agissait pas uniquement de critères physiques ou de personnalité, il s’agissait également de statut social. Il n’y avait que dans la littérature libertine que Lady Chatterley pouvait s’oublier avec un garde-chasse. Dans son monde à elle un mariage n’était pas si éloigné que ça, finalement, d’une fusion-acquisition…


Comme tout le monde, elle utilisait quelques applications mobiles de rencontres « pour célibataires exigeants » et n’hésitait pas à partager un café ou un verre avec un profil remplissant à première vue les critères. Elle utilisait aussi son réseau d’amis pour en rencontrer d’autres. Elle avait trouvé des prétendants, mais aucun coup de cœur pour elle.


Comme pour exorciser ses démons et assumer ses écarts de conduite londoniens, Isabelle se répétait qu’en fait l’expérience accumulée allait lui être profitable pour trouver un mari… et pour le garder. Car l’importance de la sexualité pour retenir un homme ne lui avait pas échappée. Certes elle ne crachait pas sur le plaisir et, comme on dit, elle avait bien pris son pied à Londres. Mais elle savait que ce qui pour elle était important devenait vital au masculin. Le large éventail de techniques qu’elle maîtrisait pour les avoir longuement pratiquées lui permettrait, pensait-elle, d’ôter à son futur époux toute envie d’aller voir si l’herbe n’était pas plus verte ailleurs…


Étranger à toutes ces pensées qui traversaient l’esprit d’Isabelle, François se contentait de sourire intérieurement face à sa rougeur aux joues. Jeune et jolie sans doute, mais visiblement coincée également : si on ne peut même plus regarder une fille sans la faire rougir, où va-t-on… Il conserva pour lui la satisfaction d’avoir percé la cuirasse l’espace d’un instant et brisa rapidement le silence avant qu’un malaise ne s’installe, en embrayant sur des sujets strictement professionnels, pour lesquels Isabelle mit rapidement en évidence sa connaissance du dossier, devançant à plusieurs reprises les pensées de François, ou le mettant en garde contre certains pièges qu’il n’avait pas détectés. François n’en montra rien, mais il était épaté : effectivement, elle est brillante la miss… Ils se séparèrent satisfaits du travail accompli, se donnant rendez-vous lundi matin, à l’aéroport.