n° 18522 | Fiche technique | 38812 caractères | 38812Temps de lecture estimé : 22 mn | 23/08/18 |
Résumé: Isabelle est séduite par la personnalité de François, complexe et troublante. Obligée de travailler sous pression, sa rigueur est soumise à rude épreuve et elle se voit submergée par des pensées inavouables, qu'elle essaye tant bien que mal de justifier. | ||||
Critères: f fh hplusag extracon collègues hotel voyage cérébral vidéox fmast nopéné portrait | ||||
Auteur : Francois77 (Librement inspiré des fantasmes des unes et des autres) Envoi mini-message |
Épisode précédent | Série : Business à Barcelone Chapitre 02 / 07 | Épisode suivant |
Résumé du Chapitre 1 : « Business à Barcelone - 1 / 7 »
François, coureur invétéré, doit signer un important contrat au Mobile World Congress de Barcelone. Pour cela il demandera la collaboration d’Isabelle, jeune juriste apparemment sage et prude en quête du mari idéal. Mais elle cache un passé sulfureux.
__________________________________________
Isabelle passa son week-end à potasser sans compter ses heures, jusqu’à connaître les 58 pages du contrat et les 101 pages d’annexes sur le bout des doigts. Ça ne l’empêcha pas de se lever à l’aube le lundi et d’arriver à l’aéroport bien avant l’heure, anticipant de possibles bouchons, accidents, qui n’existaient que dans son esprit. En réalité, elle adorait l’idée de quitter Paris, avec les rituels familiaux et mondains desquels elle avait toujours du mal à se débarrasser. Et ne pouvait s’empêcher de repenser avec une certaine nostalgie à sa période londonienne. Barcelone allait-elle être l’opportunité d’une nouvelle parenthèse intime et privée ? Cette question ne l’avait pas quittée du week-end.
En baroudeur rodé aux voyages François n’arriva, lui, qu’au dernier moment, traînant sa valise à roulettes sans se presser, faisant preuve d’une décontraction face à laquelle Isabelle ne savait pas trop si elle devait se montrer admirative ou agacée. Sa nervosité n’était que trop visible et une fois embarqués, François s’appliqua à l’apaiser et la motiver :
Joignant le geste à la parole François posa sa main sur celle d’Isabelle en guise d’encouragement. Une main ferme et énergique, qui n’aurait pas dû prêter à confusion dans l’esprit de la jeune juriste, d’autant que le contact avait duré moins d’une seconde. Elle savait que les séducteurs cherchent à provoquer et forcer le contact physique avec leurs proies. Ce qui aurait dû lui inspirer du dégoût provoqua pourtant une accélération de son cœur, sans qu’elle ne puisse s’en expliquer les raisons. Elle lui adressa un sourire un peu figé et, pour ne plus y penser, s’empressa de sortir ses dossiers afin expliquer à François le fruit de ses investigations du week-end.
Une fois à destination, pas de temps pour se reposer ni pour passer à l’hôtel. François et Isabelle filèrent directement à l’agence commerciale locale pour y rejoindre le reste de l’équipe de négociation, et de là partir chez le client. L’accueil y fut chaleureux, à l’Espagnole, mais bien trop sympa pour être honnête, pensa intérieurement François, sans pour autant abandonner son sourire de publicité de dentifrice. Il constata rapidement le manque de rigueur, d’anticipation et concentration dont faisait preuve son équipe locale, tombant dans tous les pièges tendus par leurs interlocuteurs. Isabelle était sans cesse amenée à corriger le tir dès que les détails juridiques étaient abordés. François dut alors déployer des trésors de patience pour ne pas virer sur-le-champ cette bande d’incapables.
La pause-café fut l’occasion de bavarder à bâtons rompus avec le client, à qui la compétence d’Isabelle n’avait pas échappé. Elle devint rapidement le centre de la conversation, exposant son parcours académique et récoltant des commentaires flatteurs et admiratifs. François se contentait de compter les points sans intervenir, sur ses gardes, en espérant qu’Isabelle n’allait pas perdre sa concentration. À la reprise des débats, il constata avec satisfaction qu’elle n’avait rien perdu de son mordant ni de son attention.
C’est ainsi que la matinée s’écoula, les clarifications succédant aux mises au point et à la rédaction finale des clauses juridiques. François était satisfait, tout était sous contrôle, mais il se méfiait tout de même des possibles coups fourrés. L’après-midi fut cependant l’occasion d’un break pour l’équipe de négociation : Mobile World Congress oblige, il fallait bien que François aille faire un peu de commercial pur et dur et présenter au futur client les nouveautés en matière de 5G, réalité augmentée et autres gadgets 3D à la mode. Il remercia chaleureusement Isabelle, lui donna quartier libre pour l’après-midi, et rendez-vous à l’hôtel pour le dîner.
Le soir venu, Isabelle et François se retrouvèrent au restaurant de l’hôtel. Le Directeur constata avec une certaine déception que sa juriste préférée n’avait pas abandonné son uniforme de travail « Lawyer Suit »… Non pas qu’il eut des mauvaises intentions, mais quel mal y aurait-il à se lâcher de temps en temps après tout. Il aurait bien aimé la voir dans une robe ou simplement en jean un peu moulants. Mais bon, du moment qu’elle faisait le job on n’allait pas lui faire de reproches ! Il choisit de lancer la conversation :
Isabelle préféra ne pas répliquer et accepter le compliment, d’autant plus que le regard que François posait sur elle à ce moment-là lui faisait perdre une partie de ses moyens. En fait, analysait-elle en temps réel, elle avait du mal à mettre en phase l’image qu’elle se faisait du macho infidèle qu’on lui avait toujours dépeint avec celle du Directeur commercial qu’elle avait vu à l’œuvre ce matin, et avec celle du gentleman qu’elle avait maintenant face à elle. « Je suis en pleine dissonance cognitive… », pensait-elle pour elle-même, avec un certain vertige.
François, lui, ne voyait qu’une bourgeoise coincée prise en flagrant délit de mensonge puéril et s’en amusait plus qu’autre chose. Après tout, les filles froides ce n’était pas son genre… Il changea rapidement de sujet de conversation et lui fit partager la Barcelone qu’il avait pu découvrir année après année, au rythme de ses visites successives au Mobile World Congress. Et Isabelle fut agréablement surprise de constater qu’il n’énumérait pas les boîtes de nuit branchées ni les bars du port, mais plutôt les musées, l’architecture, Gaudí, lui faisant peu à peu découvrir l’histoire de cette ville si particulière et attachante.
Sa voix était devenue froide et déterminée, et Isabelle comprit instantanément que la question n’était que rhétorique et qu’elle n’admettait que le « oui » inconditionnel comme réponse.
Isabelle savait qu’il ne plaisantait pas et ils ne firent pas de vieux os ce soir-là. Barcelona by Night attendrait…
Le lendemain matin, François était déjà installé lorsqu’Isabelle descendit prendre son petit déjeuner. Avec une mine réjouie, il lui montra une clé USB au-dessus de la table.
Ils retournèrent en négociations, avec le même planning que la veille, et avec la même distribution des rôles entre l’équipe du client tout en rondeurs, essayant de faire passer des clauses avantageuses, François et Isabelle à la parade, et l’équipe locale brillant par son absence de valeur ajoutée et se contentant de prendre des notes. Et pour l’après-midi François confia à Isabelle la précieuse clé USB, pour qu’elle puisse commencer à y travailler pendant qu’il faisait le commercial avec le client… Mais cette fois-ci, Isabelle alla s’enfermer dans sa chambre d’hôtel pendant qu’officiellement elle était censée faire la touriste.
Un coup de fil de la réception lui apprit, cependant, que François avait demandé un upgrade pour elle. Elle apprécia cette attention à son égard, même si son objectif principal restait sans doute de la mettre dans les meilleures conditions pour assurer sa productivité… Une jeune stagiaire aux cheveux rasés à la garçonne, cheveux blonds avec un reflet rose, probablement à peine majeure, fut chargée de son transfert. Isabelle nota la présence de multiples trous à ses oreilles et imagina que l’hôtel lui imposait de retirer ses piercings et autres boucles d’oreilles. Elle lui rappelait une ancienne « connaissance » de son passé londonien, avec laquelle elle avait passé quelques bons moments. Mais elle s’efforça de chasser ces images de son esprit, elle devait se concentrer sur son travail.
Isabelle fut en tous cas agréablement surprise d’entrer dans une suite bien plus confortable. Elle donnait sur l’arrière du bâtiment, dans les étages en hauteur. Elle n’avait plus les bruits de la rue. Une petite terrasse offrait une vue très agréable sur un parc de quartier bien tranquille. Bref, un environnement de travail idéal.
À mesure qu’elle avançait dans sa lecture du nouveau projet de loi, elle envoyait un message à François chaque fois qu’elle tombait sur un sujet technique dont elle ne maîtrisait pas tous les tenants et aboutissants, et il lui répondait discrètement pour lui permettre de progresser. Ils se retrouvèrent à nouveau au moment du dîner.
Comme la veille dans l’avion, François posa sa main sur la sienne, et comme la veille elle sentit le trouble l’envahir. Car la main était cette fois-ci moins ferme et plus bienveillante, et elle s’attarda un peu plus longtemps. Isabelle détourna son regard. La fatigue accumulée aidant, Isabelle n’était plus très sûre de savoir comment elle devait interpréter ce geste, et surtout elle ne savait plus trop s’il lui plaisait ou pas… Cette main était si apaisée, si calme, si stable, si généreuse. Elle avait l’impression que sa main avait enveloppé entièrement la sienne. Elle avait eu une sensation équivalente à celle vécue à EuroDisney, toute petite, quand Mickey et Pluto lui avaient serré la main… Et ses doigts étaient si larges, épais, râblés comparés aux siens. Ne disait-on pas que pour deviner le sexe d’un homme on devait regarder ses doigts, ou ses pieds ? Et François chaussait grand… Encore une fois Isabelle fut effarée par les pensées impures qui lui traversaient l’esprit. Elle ne savait que trop bien qu’elles pouvaient la pousser très loin.
François n’avait pas ces états d’âme en tête et, à ce moment-là, aucune mauvaise intention. Il sentait simplement son équipière fléchir et cherchait à l’encourager. Leurs douze ans de différence d’âge l’autorisaient à avoir ce geste paternel, du moins est-ce ainsi qu’il voyait les choses. D’ailleurs il n’eut pas d’autres gestes équivoques pendant le repas. Tout au plus se surprit-il à trouver un certain charme à ce carré parfait légèrement chiffonné. Il aurait bien aimé plonger son regard dans un décolleté, mais Isabelle, même à cette heure tardive, avait laissé tous les boutons de son chemiser en place et bien fermés. Le contenu en semblait prometteur, mais autant les tenues de ses secrétaires laissaient peu de place à l’imagination, autant cette fois-ci il n’avait pas de contact visuel.
Mais il n’y avait pas de temps pour la bagatelle. Aussitôt le repas terminé, François suggéra d’aller retourner travailler dans la suite d’Isabelle, où elle avait étalé ses notes et ses papiers sur tout le grand bureau. Cette idée la choqua de prime abord, car elle vécut cela un peu comme une intrusion dans sa vie privée. Comment pouvait-il se permettre de s’inviter dans sa chambre ? Mais elle sentit qu’ était sincèrement sans arrière-pensées et qu’elle était la seule à penser à mal. Et puis bon, elle n’était pas du genre à laisser traîner sa lingerie sur le lit, après tout… François s’assit dans le grand fauteuil à côté du bureau et avala la lecture des conclusions intermédiaires, réfléchissant à la manière de les utiliser dans les négos sans dévoiler l’as dans sa manche, et Isabelle poursuivait son travail de lecture et d’analyse.
il
Ils travaillèrent ainsi jusqu’à une heure avancée de la nuit. Et à un moment, en levant le nez, François trouva Isabelle assoupie sur le bureau, la tête sur ses bras. Il comprit qu’il fallait doser ses forces s’ils voulaient tenir la semaine et décida que ça suffisait pour cette nuit. Il se leva, se pencha sur sa partenaire pour lui tapoter doucement l’épaule et la réveiller, non sans profiter un instant du charmant tableau qui s’offrait à sa vue. La sensation de fragilité qui se dégageait d’elle contrastait avec la froideur et la détermination dont elle pouvait faire preuve en réunion. Sa nuque était si proche qu’il lui semblait en sentir la chaleur et sa gracieuse fragilité…
Au contact de la main de François Isabelle se réveilla en sursaut, s’excusant presque, mais François se montra une nouvelle fois bienveillant en lui souhaitant bonne nuit… mais sans oublier de lui intimer l’ordre d’être en forme le lendemain matin !
Une fois qu’Isabelle eut raccompagné François à la porte de sa chambre, elle jeta ses escarpins et laissa sa jupe glisser au sol. Elle commença à se faire couler un bain et termina de se déshabiller. Elle tira les grands rideaux avant de se mettre totalement nue. Avec son gabarit de 48 kilos pour 1,62 m, elle était une mini-femme, mais tout de même avec des formes arrondies là où il le fallait. Elle se surprit à prendre dans ses bras un coussin du fauteuil où François s’était assis et à respirer son parfum. Probablement Bleu de Chanel…
François n’était pas l’homme qu’elle pensait et certainement pas celui des bruits de couloir. Il avait cette force en lui et cette solidité qu’elle ne croisait que rarement chez les hommes. Il lui fallait une femme à sa hauteur, une avec qui il puisse fonder une famille, avoir des enfants. Certes, il y avait toutes ces secrétaires de passage… sans oublier son épouse aussi, tout de même. Mais que faisait-elle donc pour le rendre si insatisfait ? Isabelle avait entendu quelques échanges téléphoniques entre lui et sa femme. Elle n’avait ressenti aucun amour entre eux. Ils se parlaient comme deux amis et non pas comme un couple d’amoureux. Était-ce pour cela qu’ils n’avaient pas d’enfants ? Encore une qui n’a pas dû faire le « stage londonien », pensa-t-elle avec une pointe de perfidie…
Dans le bain Isabelle se remémora leur vrai premier regard qui l’avait tellement déstabilisée. Cette force qui la faisait rougir elle qui contrôlait tant ses émotions. Cette détermination d’un homme qui ne lâche rien et qui maîtrise paisiblement les situations les plus complexes. Cet homme de goût élégant, toujours bien habillé et beaucoup plus cultivé qu’elle ne le pensait. L’eau chaude aidant, Isabelle se détendit, ses mains trouvèrent le chemin de son intimité et elle se caressa, oubliant le stress de la journée. Et c’est avec l’image de François et de ses doigts épais qu’elle prit du plaisir. Elle posa le coussin du fauteuil à côté de son oreiller, pas loin de son nez. Cela devait faire deux mois qu’elle ne s’était pas touchée. Venait-elle d’ouvrir la boîte à Pandore ? Elle prit progressivement conscience, avec un certain vertige, que François était le premier homme depuis un an à matcher tous les critères qu’elle s’était fixés. Bon, mis à part le petit détail qu’il était déjà marié, certes… Mais avec effarement, Isabelle réalisa que cet inconvénient rédhibitoire ne la choquait pas, ne l’offusquait pas. Comment était-ce possible ? Sa raison lui faisait-elle soudain défaut ? Incapable d’assumer les conséquences d’une telle éventualité elle préféra chasser cette pensée de son esprit et plongea dans un profond sommeil.
**********
Isabelle avait évité de descendre prendre le petit déjeuner pour ne pas croiser François. Encore endormie au réveil, elle s’était à nouveau caressée longuement en pensant à lui. Elle avait pensé très fort à ses mains et ses doigts sur elle… et en elle. Et pas que ses mains d’ailleurs… Et respiré son parfum. Isabelle avait tout fait pour éviter le regard de François le temps de prendre confiance en elle petit à petit. Elle avait peur qu’il lise en elle ses agissements sensuels inavouables de la nuit et du matin.
La journée de mercredi se déroula selon le même planning, sauf que cette fois-ci les négociations devenaient plus serrées. Tant François qu’Isabelle, qui disposaient maintenant des mêmes infos que leur client, bataillaient ferme pour défendre les intérêts de leur entreprise. Mais, secret oblige, avec la tactique de la main de fer dans le gant de velours, histoire de ne pas dévoiler leurs cartes. Leur connaissance de plus en plus pointue des dossiers leur permettait de se comprendre sans même se parler, et bien plus d’une fois c’était l’un d’eux qui finissait la phrase que l’autre avait commencé. Professionnalisme oblige, ils conservaient tout leur sérieux alors que pourtant ils souriaient intérieurement du bon coup qu’ils étaient en train de jouer. Mais les regards entendus qu’ils s’échangeaient lors des pauses leur confirmaient qu’ils étaient pleinement en phase…
Ce ne fut que durant l’après-midi, quand François promenait le client au MWC tandis qu’Isabelle continuait à bosser comme un galérien, qu’il s’autorisa à lui envoyer un message qui laissait transparaître son euphorie :
Elle sourit avant de taper sa réponse :
Avant d’ajouter :
En début de semaine elle n’aurait sans doute pas osé envoyer au Directeur commercial un message comme celui-là, qui pouvait prêter à interprétation. Mais elle se sentait maintenant suffisamment en confiance pour se permettre ce clin d’œil. Et puis… n’avait-elle pas envie, quelque part, de donner un petit coup de pouce au destin ?
Isabelle avait besoin de calmer ses ardeurs avant l’arrivée de François, faute de quoi elle risquait de ne plus pouvoir dissimuler son trouble. S’emparant de la télécommande de la télé, elle zappa à la recherche des chaînes pour adultes… Sans réfléchir, elle pressa sur « OK » lorsqu’on lui demanda de confirmer son choix et se trouva face à un film érotique des plus suggestifs. Le désir l’envahissait et les yeux rivés sur l’écran elle ne tarda pas à glisser sa main sous sa jupe, puis écarta sa lingerie fine pour offrir à son clito une stimulation rapide et compulsive. L’orgasme arriva rapidement, faisant détendre son corps et son stress. Ça c’était du quick sex, pensa-t-elle rêveuse… mais c’était suffisant pour lui permettre de continuer à bosser.
On sonna à la porte. Intriguée, Isabelle alla ouvrir : ce ne pouvait pas encore être François, c’était trop tôt… En fait ce n’était que le service d’étage. La même stagiaire aux cheveux roses que la veille livrait un très joli bouquet de fleurs et une petite boîte de chocolats d’un artisan catalan. Encore une petite attention de François à son égard. Décidément cet homme avait du savoir-vivre, ce qui ne fit qu’approfondir la dissonance cognitive dans laquelle Isabelle se trouvait plongée. Isabelle hésita un instant et finalement elle choisit d’écouter son âme damnée et de faire entrer la jeune fille. La stagiaire entra, déposa les cadeaux sur le lit, faisant semblant de ne pas voir l’écran de télévision ni d’entendre les gémissements qui en provenaient, ni de sentir le parfum de stupre qui flottait dans l’air. Isabelle put toutefois voir distinctement le rouge de ses joues… Avec un sourire de prédatrice carnassière, elle la remercia en lui donnant un petit billet de 10 euros, qu’elle s’empressa d’empocher avant de sortir sans dire un mot.
Lorsque François revint de son « tour de manège », Isabelle le remercia pour les fleurs et les chocolats et lui fit part de sa toute dernière découverte :
Isabelle eut malgré tout du mal à trouver le sommeil cette nuit-là. L’excitation de la victoire toute proche, combinée à l’adrénaline qui lui permettait de tenir le choc depuis lundi, sans doute. Et puis, elle devait bien se l’avouer, la tension sexuelle inassouvie qui peu à peu montait en puissance entre François et elle. Oui, bien sûr, elle le savait, ça allait à l’encontre de tous ses principes et ses convictions, que de convoiter un homme marié. Mais c’était plus fort qu’elle. Et puis on parlait de son futur mari tout de même, il méritait bien qu’elle se batte pour lui ! À peine avait-elle eu ces pensées qu’elle réalisait sa folie. Mon Dieu, ce n’est pas possible, je ne peux pas penser ça… Mais l’instant d’après elle lui cherchait des excuses : François était un homme seul et délaissé par son épouse. C’est pour cela qu’il s’autorisait des relations extra-conjugales. Elle ne le mérite pas, non, il lui faut quelqu’un de mieux. Et cette quelqu’un, c’est moi. Moi et personne d’autre…
Depuis son lit où elle était allongée nue sous les draps, elle zappait d’une chaîne à l’autre et finit par retomber sur la chaîne pour adultes. Elle laissa ses mains s’égarer sur son corps, mais contrairement à cet après-midi, elle prit tout son temps… Une main, légère, effleurant ses petits seins galbés et aux tétons si sensibles. L’autre main descendait de son cou vers son ventre puis ses cuisses, avant de remonter jusqu’à atteindre son intimité… Oh, si seulement ces mains pouvaient être celles de François, pensait-elle alors que son cœur accélérait et que son souffle se faisait court. Elle poursuivit son manège sans se presser, savourant chaque effleurement, chaque frôlement, laissant progressivement son ventre devenir délicieusement tendu. Comme c’était bon la façon dont le désir s’emparait de son corps… N’y tenant plus, elle laissa son majeur plonger sans effort dans son intimité chaude et mouillée, sans rencontrer la moindre résistance.
Un soupir s’échappa de ses lèvres. Son autre main se chargea de faire rouler ses tétons entre le pouce et l’index. Les gémissements succédèrent alors aux soupirs, tandis que ses hanches se mirent à onduler, accentuant les pressions de la main qui s’activait entre ses cuisses. C’est ainsi, en massant son bouton de plaisir avec sa paume, qu’elle s’abandonna à une jouissance intense, ravageuse, inavouable et secrète, avec à l’esprit l’image d’un homme la possédant avec délicatesse et puissance, bad boy et gentleman à la fois. Et ce Prince charmant avait un visage qu’elle ne connaissait que trop bien… Ce fut après quelques beaux orgasmes qu’Isabelle trouva enfin le sommeil.
Jeudi, les choses se déroulèrent conformément aux prévisions. Une fois le sort de la clause 42 réglé le client sembla se désintéresser du reste des débats, permettant à François et Isabelle d’avancer leurs pions sur l’échiquier à leur guise. Ils avaient du mal, tous les deux, à éviter d’entrer en lévitation… Isabelle, en pensant aux futurs dossiers stratégiques qu’on ne manquerait pas de lui confier. François, plus prosaïquement, en se demandant ce qu’il pourrait faire avec la prime qui allait lui revenir. Mais il fallait serrer les boulons et ne rien lâcher jusqu’au bout. L’après-midi ce fut relâche au MWC et tout le monde, client, équipe locale, François, Isabelle, s’attela à vérifier sur papier les documents qui seraient paraphés le lendemain par les deux parties. Au bar de l’hôtel, François s’autorisa pour la première fois de la semaine à prendre une bonne bière, tandis qu’Isabelle se contenta d’un jus de tomate, déclenchant une remarque sarcastique de la part du Directeur commercial :
Pourquoi s’était-elle sentie obligée d’apporter cette précision à ce moment-là ? Son âme damnée aurait été à même de répondre, bien sûr. Mais Isabelle n’était pas encore en mesure d’assumer tout ce que cette confidence impliquait. Elle ne chercha donc pas à creuser la question et se centra plutôt sur les raisons de ce dîner sorti du chapeau. Certes, prolonger le séjour, c’était quelque chose qu’elle n’aurait pas fait par le passé, et elle aurait justement prétexté un fiancé fictif pour se défiler. Alors que là, grisée par la victoire toute proche elle se sentait de taille à défier la Terre entière. Elle n’était pas naïve et sentait bien qu’elle entrait en terrain border line, surtout si tous ces messieurs commençaient à abuser de l’alcool. Mais elle serait toujours à temps de s’éclipser… pour le futur de sa carrière professionnelle, c’était le genre de situations qu’elle devait apprendre à gérer. Alors elle se décida à sauter dans le vide sans même s’assurer qu’elle avait bien un parachute sur le dos… Il n’y a là rien de personnel, se répétait-elle. Ce n’est que professionnel !
François ne releva pas sur le moment, mais le « pas de fiancé » resta gravé dans sa mémoire. Il se contenta de donner quelques précisions quant au dress code :
Portant sa main à son portefeuille, François en sortit une carte de crédit qu’il tendit à Isabelle :
Une fois de retour dans sa chambre Isabelle se trouva en proie à un profond vertige, se rendant compte que quoi qu’elle affirmât, elle avait du mal à faire la part des choses entre la vie professionnelle et la vie sentimentale… Elle était sous les ordres de François, certes, et avait une mission à assurer, mais en même temps il la troublait de plus en plus. Après la délicate attention de l’upgrader dans une suite, les fleurs et le chocolat, voilà qu’elle avait droit à une robe de cocktail. Mais ce n’est que professionnel, se répétait-elle en boucle. Il ne fallait surtout pas tout faire rater au dernier moment. Alors le dîner de vendredi soir était pour elle un exercice délicat, car nouveau, où il lui faudrait trouver le juste équilibre entre distance et proximité. Mais juste un exercice professionnel…
À force de se le répéter en boucle, elle finit par s’auto-persuader. Elle commença à y réfléchir dans son lit. Mais ce ne fut qu’après de beaux orgasmes et d’agréables pensées qu’elle trouva le sommeil.
Tout comme prévu, la matinée du vendredi fut plus une formalité protocolaire qu’une vraie séance de travail. Les documents avaient été bien préparés et les signatures succédèrent aux signatures, les parapheurs passant sans heurts des mains des uns aux mains des autres. La séance se clôtura par une salve d’applaudissements, poignées de mains et photos souvenirs, en prévision de la com’ externe comme interne. Isabelle sentit un profond soulagement que tout se soit bien passé, comme du temps de l’université à la fin de ses examens. Mais en bonne première de la classe, elle géra ses émotions avec sérénité.
L’équipe partagea une dernière coupe de cava bien méritée avant de se séparer, François retournant une dernière fois au MWC, l’équipe locale… entamant son week-end, et Isabelle se consacrant à sa nouvelle « mission élégance à la française ». François lui donna l’adresse du restaurant pour qu’ils s’y retrouvent directement, le soir.
Le Directeur commercial arborait depuis le matin un grand sourire, probablement lié à la signature du contrat. Mais Isabelle sentait qu’il y avait autre chose.
François avait tourné les talons et s’était éloigné sans en dire plus, laissant Isabelle clouée sur place. N’ayant pas touché au mini-bar l’évidence lui sautait aux yeux : il parlait probablement des chaînes adultes dont elle avait usé – et abusé… – la veille.
En temps normal, la honte qu’aurait représenté pour elle une telle bourde l’aurait conduite à s’enfuir sur-le-champ, rentrer à Paris par le premier avion et ne revenir au bureau, lundi, que pour y déposer sa lettre de démission. Mais ça, c’était avant… Avant d’avoir trouvé l’homme de sa vie. Maintenant, rien de tout ça. Elle l’avait, et pour rien au monde elle ne le lâcherait. Rien. Surmontant le désarroi qui l’avait assaillie elle reprit ses esprits et, décidée et déterminée, elle se concentra sur son prochain objectif (mission élégance à la française) en réfléchissant déjà la manière d’utiliser à son avantage cette révélation imprévue.