n° 18576 | Fiche technique | 48340 caractères | 48340Temps de lecture estimé : 29 mn | 01/10/18 |
Résumé: Justine raconte sa descente aux enfers mais les parents de Maxime vont lui tendre la main. | ||||
Critères: grp ascendant alliance collection amour dispute échange partouze -regrets | ||||
Auteur : Jeanpas Envoi mini-message |
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Résumé de l’épisode précédent : « Retour sur terre et conséquences »
Une année passe, l’année de mes cinquante ans. La mauvaise surprise nous vient de Maxime. Les jeunes font des études brillantes avec d’excellents résultats, mais ce week-end, Max revient chez nous avec l’air sombre pour nous annoncer sa rupture avec Justine. Celle-ci a recommencé à coucher avec d’autres types, soi-disant pour faire des expériences. Max a encaissé comme il a pu le discours de Justine sur sa maîtrise de son corps, ses choix que personne ne fera à sa place. Pourtant, l’amour qu’elle a continué à lui montrer l’a plus ou moins aidé.
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Seulement un jour, elle est rentrée au petit matin après avoir passé la nuit avec Martin, le meilleur ami de Max. Ça a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Max lui a crié qu’elle le faisait plus souffrir qu’elle ne lui apportait de bonheur. Si elle s’en prenait à ses amis, autant qu’il distribue des numéros à ses potes pour baiser sa copine ! Tant qu’elle se contentait d’étrangers, il était sûr de ne jamais les revoir, mais là, Martin sera toujours en face de lui pour lui rappeler qu’il a sauté la femme de sa vie. Il n’en pouvait plus. Justine n’a pas pris la mesure de la douleur de Max, elle est restée campée sur ses positions, sûre d’avoir raison. Et Maxime lui a demandé de partir de chez lui. Elle a dû trouver un point de chute, sa chambre avait été rendue depuis longtemps. Max ne voulait pas savoir comment elle faisait, il pensait qu’elle était chez un de ses amis. Il ne voulait pas savoir où. Depuis quinze jours, il restait prostré chez lui, s’immergeant dans le travail et c’était sa première sortie depuis la rupture. Justine n’a pas tenté de le rappeler.
Nous avons été déçus, nous aimions beaucoup la jeune fille et malgré le très jeune âge des tourtereaux, le couple semblait tellement bien assorti qu’on ne pensait pas à une séparation. L’autre coup de Trafalgar vient de Bordeaux. C’est aussi une séparation. Cette fois, ce sont Claire et Yann qui reprennent leur liberté. Nous allons à Bordeaux le week-end prochain, nous aurons des précisions là-bas. J’espère que ça ne va pas continuer comme ça !
Maxime a beaucoup pleuré dans le giron de sa mère. Nous l’avons entouré le plus chaleureusement possible, il a convenu de venir avec nous à Bordeaux. Nous parlons énormément sur le sens de la vie et la douleur de l’absence. Il l’aime encore, c’est sûr. Pourtant, il repart un peu rasséréné. Le vendredi suivant, nous partons à Bègles, chez Lucia et Jean-Pierre. Sophie est exubérante, elle ne peut cacher sa joie de retrouver son amant favori, j’en serais presque jaloux. Elle finit par s’en rendre compte et me fait, pendant le trajet en voiture, un numéro de chatte amoureuse qui amuse beaucoup Max, mais qui me fait du bien. Moi aussi, au seuil de mes cinquante ans, j’ai besoin d’être rassuré. À notre grande surprise, ce sont nos quatre amis qui nous attendent à l’arrivée. Claire nous explique qu’ils ne sont pas fâchés l’un contre l’autre, mais que c’est plutôt une forme d’usure de la vie à deux qui les a conduits à se séparer. Ils se retrouvent quand même régulièrement et continuent de coucher ensemble de temps en temps, mais comme amants et non plus comme couple établi.
Ils compatissent pour le pauvre Maxime et envisagent une consolation toute spéciale pour après le dîner. De fait, le début de soirée se passe entre moi, Sophie, Jean-Pierre et Yann. Nous discutons tranquillement en dégustant une fine pendant que Claire et Lucia ont emmené Max dans une chambre sous prétexte d’un massage. Je suis content pour mon fils, nous sommes là pour tout un week-end, on aura le temps plus tard de se faire plaisir aussi. De plus, Jean-Pierre et Yann sont des personnes cultivées, amateurs de musique, de cinéma et de lecture comme nous et nous passons un très bon moment. Lorsqu’elle réapparaît, Claire vient se mêler à la conversation et nous vante les qualités amoureuses de Maxime.
C’est la voix de Yann qui vient d’interrompre le dialogue entre Claire et moi. Il semble amer. Claire a dû le faire souffrir aussi, même s’il continue de la voir, le fait de ne plus vivre avec elle doit lui rendre ses absences moins douloureuses.
Le week-end se passe très bien, Maxime a été choyé, ça lui a fait du bien. Sophie et moi avons échangé à propos de nos amis, le fait est que, si nous aimons bien Claire et Yann, nous avons un attachement profond pour Lucia et Jean-Pierre. La deuxième nuit, je l’ai passée avec Lucia, seuls. Honnêtement, s’il n’y avait pas Sophie, je ferais tout pour l’arracher à Jean-Pierre. Je suis tout prêt de l’aimer vraiment. La situation est la même pour Sophie et Jean-Pierre. Il est dommage que nous habitions si loin, nous aurions pu vivre tous les quatre ensemble. D’un autre côté, la distance et du coup, la rareté de nos retrouvailles, en font le prix.
L’année passe, Max réussit ses examens. Mon problème actuel, c’est que l’entreprise que j’ai lancée il y a maintenant trois ans ne décolle pas, j’ai certainement fait une erreur d’appréciation, j’ai du chiffre d’affaires, mais pas de rentabilité. Je vais mettre en vente, on verra bien. En effet, quelques semaines plus tard, grâce au bon chiffre d’affaires, j’en tire une valeur tout à fait correcte, qui me rembourse mes apports et me paye de mes efforts sur ces deux années. L’acheteur est sûr de développer et de gagner gros à la fin. J’ai décidé de me mettre un peu au vert et de m’occuper de ma chère et tendre, après tout, nous dépensons peu et ses revenus nous suffisent. Moi, j’ai toujours de côté l’argent de la vente de ma première société.
Maxime ne vient plus beaucoup nous voir, il s’est trouvé une petite minette qui est d’origine asiatique et avec qui il semble installé. Il nous a dit avoir eu pas mal d’aventures, Justine avait dit beaucoup de bien de lui à ses copines et plus d’une a voulu se rendre compte de plus près. Sa petite asiatique est française, d’origine thaïe et s’appelle Malee. Elle est venue avec lui, il y a quelques semaines. Elle est charmante, petite, toute fine. Lui semble énorme avec son mètre quatre-vingt-quinze et ses quatre-vingt-dix kilos ! Ils ont l’air bien ensemble, mais Sophie m’a dit dès le dimanche soir après leur départ que ce couple-là ne durerait pas. J’ai tendance à lui faire confiance, il lui arrive d’avoir des intuitions quasiment extralucides.
Sophie se plaint de mes petits plats, elle trouve que je la fais trop manger. À quarante-six ans, c’est une femme magnifique. Son corps s’est peut-être légèrement empâté, ses seins subissent un peu plus les effets de l’attraction terrestre, mais ça lui donne une maturité et une sérénité qui me la font aimer encore plus qu’avant.
Un soir de novembre, la nuit est tombée et nous prenons un petit verre de vin blanc au coin de feu avant de passer à table. La sonnette de l’entrée retentit. Je me lève, un peu surpris, car nous n’attendons personne et je vais ouvrir pour trouver Justine sur le pas de la porte. Je la regarde mieux et je vois plein de petits signes de mal-être qui me mettent en alerte.
Alors qu’elle passe près de moi, je remarque quelle traîne un gros sac genre trekking. Elle s’avance vers la salle de séjour et pose ses affaires. Sophie s’est levée et vient vers nous.
Justine ne va pas jusque-là, elle s’écroule dans les bras de Sophie et éclate en sanglots. Sophie la serre contre elle et essaie de la calmer, mais la crise de larmes se transforme presque en crise de nerfs, comme si son corps lâchait prise en se sentant en sécurité. Je la prends dans mes bras et nous allons dans le salon l’allonger sur le grand canapé. Je me rends compte qu’elle est glacée ; je veux tourner le canapé face au feu, mais elle ne veut pas me laisser m’écarter, sa main cherche aussi Sophie. Nous l’entourons d’un plaid molletonné et restons près d’elle pendant près d’une demi-heure. Enfin elle a l’air de récupérer. Je lui demande doucement :
Elle respire encore fortement. Elle prend deux ou trois grandes aspirations et se lance.
Sophie prend la parole.
Elle a dévoré. En sortant de la salle de bain, enroulée dans sa serviette, elle me paraît plus maigre qu’avant. Nous n’essayons pas de lui poser de question, Sophie pense qu’il faut la laisser venir. De plus, elle a l’air épuisée, nous lui proposons d’aller dormir. Elle disparaît à l’étage. Deux heures plus tard, nous nous couchons et lisons tranquillement avant de dormir. Nous avons la surprise de voir Justine entrer dans notre chambre, l’air tout penaud, et nous demander :
Sophie ne m’a même pas consulté. Justine se glisse dans notre lit et se serre dans les bras de Sophie.
Elle a plongé en cinq minutes. Nous nous sommes regardés, avons éteint la lumière et nous sommes endormis aussi. Au matin, c’est avec ravissement que je me réveille avec le corps de Justine lové contre le mien. Ça me rappelle des souvenirs, mais je ne sais pas ce qu’elle a vécu depuis deux ans, ce serait mal venu de lui sauter dessus. Je regarde l’heure à mon portable. Neuf heures. Je décide que c’est trop tôt pour réveiller mes deux merveilles. Je descends, je lis un peu dans le salon avant de préparer un petit déjeuner complet, je mets tout sur un plateau et je remonte dans la chambre où l’odeur de café frais a vite fait de faire émerger Sophie. Justine finit par bouger en nous entendant parler à mi-voix. Elle se réveille tout à fait pour se précipiter au petit coin, passe par la salle de bain et revient se coller à Sophie pour un petit-déjeuner au lit. Nous mangeons rapidement et nous réinstallons dans le lit, Justine bien serrée entre nous deux. Je reconnais que la situation m’excite un peu, mais je pense toujours que ce n’est pas de cela qu’elle a besoin. Après quelques minutes de généralités, Sophie lui demande si elle veut nous parler de ses problèmes.
Un type m’a parlé un jour d’une communauté qui fonctionnait sur la base d’une liberté totale entre les membres. Il y avait des couples, mais tous couchaient avec tous les autres sans jalousie ni préjugés. Ils cherchaient un membre féminin pour compléter leur effectif. Je suis allée les voir. C’était en banlieue, une maison qui appartenait à l’un des membres et dans laquelle se croisaient sept couples dont les âges variaient de vingt-deux à quarante ans. Ils ont été super sympas et m’ont accueillie à bras ouverts. Le propriétaire m’a fait visiter. C’était grand, mais pas assez pour le nombre de personnes qui vivaient là. Deux chambres servaient de dortoir avec des lits superposés, l’une pour les hommes, l’autre pour les femmes. Les tâches étaient réparties de manière régulière suivant un tableau affiché dans la cuisine. Certains s’occupaient plus du linge et du ménage, d’autres des repas, seul Miguel, le propriétaire, s’occupait du ravitaillement. L’argent était géré par un groupe de trois personnes désignées à la majorité et qui changeait tous les six mois. Les contributions de chacun étaient volontaires, en fonction des revenus. Je calculais qu’un peu plus de la moitié de ce que je gagnais à Mc Do passerait dans la caisse commune. Enfin, tout le monde pouvait faire l’amour à qui il voulait, pourvu que les deux soient d’accord et le nombre de participants ne dépendait que du bon vouloir de ceux qui avaient commencé. S’ils voulaient rester entre eux, on ne le dérangeait pas, s’ils étaient OK, on pouvait se joindre à eux et participer. J’ai accepté de faire un essai, je suis venue m’installer et tout s’est bien passé. Le sexe tenait une place prépondérante dans les rapports entre les membres, comme les trois chambres doubles avaient un système de réservation pour des couples voulant passer une nuit ensemble, ceux qui dormaient en dortoir se défoulaient dans la journée au gré de leur humeur. J’ai beaucoup aimé cette liberté du corps, ça donne l’impression qu’on est vraiment maître de sa vie et de ses choix. Le jour de mon installation, ils ont fait une petite fête dans la salle commune qui a évidemment rapidement dégénéré en orgie.
J’ai d’abord été entreprise par Manu, il était beau, brun, de taille moyenne et les traits d’une statue grecque. Tous les autres faisaient le cercle autour de nous, Manu m’embrassait doucement et ses mains se sont glissées sous mon tee-shirt. Il a commencé à me caresser, mon soutien-gorge a rapidement été ouvert et ses doigts ont commencé une véritable sarabande sur mes tétons et mon ventre. Ma jupe a disparu comme par magie et ma culotte aussi. Je l’ai déshabillé aussi, je commençais à être bien excitée, j’ai découvert un sexe de bonne taille, déjà bien bandé auquel j’ai consacré toute mon attention. Il a aimé ma fellation, puis m’a fait remonter, m’a allongée sur la table et m’a prise après s’être protégé. Tous les rapports sexuels sont obligatoirement protégés dans la communauté. Il a soulevé mes jambes pour s’enfoncer plus profondément et a commencé à me limer sous les commentaires des autres, toujours rassemblés autour de nous.
Il a éjaculé assez vite, j’ai été surprise, je n’avais pas eu le temps de jouir. Il m’a demandé si je voulais continuer, j’ai accepté. J’étais restée sur ma faim, il m’avait bien excitée, le salaud et de sentir les autres autour me rendait folle. Il a été remplacé par un autre homme, puis un autre. Ils m’ont baisée tous les sept, dans tous les sens, quelquefois un dans la chatte et un dans la bouche. Ça, j’ai eu le temps de prendre mon pied, et même plusieurs fois. J’ai été léchée par des femmes aussi, mais j’ai refusé la sodomie.
Gina, la copine de Manu, m’a dit que j’avais tort, qu’elle me montrera et que je finirai par aimer ça. Tout le monde baisait dans toute la pièce, deux couples ont fini par s’isoler, l’ambiance était torride. J’ai adoré. Je suis restée plus d’un an là-bas. C’était vrai qu’on couchait avec qui on voulait et quand on voulait, mais quelquefois les intrusions dans la pièce pendant un moment très romantique cassaient l’ambiance et nous foutaient un peu en rogne. On faisait ça dans le jardin aussi, je suis sûre que les voisins en profitaient.
Nous avions mauvaise réputation dans le quartier, plusieurs fois des hommes sont venus sonner pour savoir si c’était là qu’il y avait des putes ! Un jour, en mars, nous sommes allés tous passer un check-up pour se tester et vérifier qu’on n’avait pas d’infections ou de MST. Tout le monde était clean, pas de soucis. Un matin, il y a eu un tirage au sort pour un travail. Comme c’était la première fois, j’ai été exemptée. Cinq des membres de la communauté, quatre femmes et un homme sont partis pour un rendez-vous. J’ai demandé à Gina quel rendez-vous c’était et elle a répondu assez évasivement que c’était pour du boulot. J’avais abandonné la fac à ce moment et je travaillais en trois quarts de temps chez Mc Do. J’ai proposé ma participation pour le travail en question. Elle a simplement dit « On verra ». J’avais un bon contact avec Mine, la plus jeune des filles (avant mon arrivée), je lui ai posé la question, quel travail est-ce qu’ils allaient faire et pourquoi je ne pourrais pas y aller ? Mine a rigolé et m’a répondu que je ne me sentirais peut-être pas pour ce travail-là.
Manu n’étant pas dans le coin, j’ai abordé Julien. C’était l’aîné du groupe, il a quarante et un ans. J’aimais bien coucher avec lui, mais aussi passer du temps près de lui, il était drôle, faisait tout le temps des blagues idiotes aux autres et était toujours de bonne humeur. Sa copine m’avait d’ailleurs fait une réflexion sur notre soi-disant intimité, dans le genre - tu baises avec lui tant que tu veux, mais tu me le laisses dans la journée, merci. J’avais fait attention et tout était rentré dans l’ordre. Bref, je vais voir Julien et je lui demande.
Julien n’a pas fait de blague ou de jeu de mots, il s’est assis pour me parler.
J’étais pétrifiée, je ne disais plus rien. Mon silence a inquiété Julien.
J’avais besoin de réfléchir, je l’ai planté là et je suis remontée dans le dortoir des filles, heureusement vide à cette heure. Actrice porno ! C’était ça qu’il fallait que je devienne pour vivre dans cette communauté. C’est dur, quand on aime le sexe multipartenaires, ça dérape donc toujours vers la prostitution ou la pornographie ! En fait, j’étais déjà actrice porno depuis que j’étais là. Dès le premier soir et la première partouze !
Quand on n’a pas envie de changer ce qu’on est, on est capable d’efforts d’adaptation incroyables. J’ai digéré. Mine m’a expliqué que c’était trop dur pour elle et qu’elle ne baisait qu’avec des membres de la communauté, jamais avec des acteurs. J’ai participé. J’ai fait douze tournages. C’était très dur avec les acteurs, certains ont des sexes énormes qui me faisaient un mal de chien. D’autres étaient brutaux, c’était bestial, horrible. On tournait avec des lubrifiants pour ne pas se faire trop mal. Julien avait raison, j’ai été très demandée. Pourtant, mon refus de la sodomie me pénalisait. Je retournais de temps en temps voir mes parents, tout en leur cachant mon mode de vie.
Un jour, mon père m’a appelée par téléphone et m’a littéralement ordonné de rentrer à la maison. J’ai eu droit à un jugement digne d’un tribunal d’exception. Un ami de mon père a attiré son attention sur un film porno ou j’apparais sur la jaquette. On me reconnaît sans problème. Mon père a exigé des explications, j’ai eu le malheur de reconnaître que ce n’était pas un sosie. Il m’a interdit de remettre les pieds à la maison ou de tenter de reprendre contact avec eux. Je ne faisais plus partie de sa famille.
Justine renifle, des larmes débordent de ses yeux et coulent sur ses joues.
Tous les autres ont été d’accord avec ça, je dis bien tous. Même Mine et Julien. J’étais écœurée, je les ai accusés de truquer les tirages au sort, ça faisait cinq films de suite que j’étais désignée ! Je savais que sans moi, le cachet était moins généreux. Manu a piqué sa crise, finalement, il m’a dit de préparer mes bagages. Mardi, j’ai dormi chez une copine qui m’a accueillie pour une nuit. Mercredi soir, je n’ai trouvé personne, j’ai dormi dans la rue. Hier soir, je suis allée dans un centre d’hébergement. Ça s’est bien passé, mais quelqu’un m’a dit que mon PC portable avait été repéré et que si je restais une nuit de plus, il me serait volé. C’est là que j’ai pensé à vous, je ne savais pas comment vous alliez m’accueillir, mais j’avais de l’espoir. J’ai peur pour l’avenir, maintenant, et je suis enceinte !
Justine s’est remise à pleurer dans les bras de Sophie. Ça ne dure pas, elle se rallonge et se rendort rapidement. C’est du Zola son histoire ! Je regarde Sophie, nous quittons discrètement la chambre pour le salon. Il est temps d’avoir une discussion et de décider ce que nous allons proposer de faire pour aider Justine.
Nous connaissons peu Marie et Jean, les parents de Justine. J’ai peur que la situation ne soit compliquée. Ça ne sert à rien d’attendre, il est dix heures, un samedi matin, ils doivent être réveillés, Sophie prend son téléphone.
Dont acte. Jean a une tête de cochon, il ne changera pas d’idée tout de suite. Le temps aidera sûrement, mais ça risque d’être long.
La voix de Justine nous prend par surprise.
Je préfère qu’elle ait déjeuné avant d’avoir une discussion plus avancée.
Elle dévore un petit déjeuner tout ce qu’il y a de standard, on range la cuisine et on s’installe dans les grands canapés du salon. Sophie lance un feu dans la cheminée, la température est confortable et dehors, s’il semble faire froid, l’air est transparent, très lumineux, il fait beau. Je regarde Justine.
Sophie intervient.
J’interviens :
La sonnette de l’entrée retentit.
Je me dirige vers la porte et j’ai la surprise en l’ouvrant de voir Marie, les yeux écarquillés, me demandant pleine d’espoir :
Justine a bondi sur ses pieds et me bouscule presque pour se ruer dans l’entrée et sauter dans les bras de sa maman.
Elle la serre contre elle de toutes ses forces, les retrouvailles sont émouvantes.
Elles s’assoient ensemble sur le canapé. Marie a des larmes plein les yeux.
Je réagis :
Sophie prend la parole.
Nous avons mis les choses à plat avec Marie, elle est repartie désolée de la décision de sa fille d’avorter, mais rassurée de la savoir en sécurité chez nous et de pouvoir venir la voir dès qu’elle le pourrait. Justine va déjà mieux, c’est évident, le soutien de sa mère est si fort que Marie va jusqu’à menacer son homme de divorcer, quand même ! Nous avons examiné avec Justine les possibilités qui s’offraient à elle. Elle souhaite travailler, attendre l’année scolaire prochaine pour reprendre la fac et rester chez nous en attendant que son père ne revienne de meilleurs sentiments. Nous lui avons proposé de ne pas travailler à temps plein. Il est possible d’aller à la fac de droit en auditeur libre, elle pourrait ainsi recommencer sa formation à Orléans, mais en allant au bout de son cycle. Ainsi, elle pourrait mieux se préparer pour l’année prochaine. Pour ça, on ne peut pas l’empêcher de travailler pour se faire de l’argent de poche, mais il ne faut pas qu’elle soit à plein temps, elle ne pourrait plus étudier à côté.
Finalement, sa mère lui a payé un beau scooter 125 cm3. Justine a été ravie, ses problèmes de transports résolus, elle a pris contact avec le Mc Do le plus proche ou ils ont été très contents de recruter une équipière expérimentée et volontaire. Dès le quinze novembre, elle a repris le chemin de la fac, essayant de se raccrocher aux branches puisqu’il lui manquait quand même un bon mois et demi de cours. Après avoir réglé le problème de sa grossesse, on a senti une jeune fille libérée, prête à mordre dans une nouvelle vie et qui a fait preuve d’une capacité de travail qui nous a bluffés. En un mois, elle a repris du poids et sa beauté est redevenue rayonnante comme si rien n’était arrivé. Elle est évidemment sollicitée à la fac par des garçons curieux de savoir d’où sort cette merveille. Justine, elle, se sent très bien dans la pause sentimentale qu’elle vit et commence à bien s’intégrer dans un groupe de filles avec qui le contact passe bien et qui lui ont permis de revoir les cours de la période qu’elle a manquée. Elles sortent de temps en temps entre filles et Justine s’épanouit et va de mieux en mieux. Deux problèmes restent en suspens, les relations avec son père, toujours au point zéro, et la réaction de Maxime qui n’est toujours pas au courant de notre nouvelle vie avec Justine à la maison.
Maxime, justement se rappelle à nous en nous téléphonant peu avant Noël pour nous expliquer qu’il ne passerait pas les fêtes de fin d’année avec nous. Nous exprimons notre déception, chez nous, Noël est en général en famille et le Premier de l’an avec des amis. Il est invité pour la fin d’année chez les parents de Malee, il ne reviendra à Paris que pour la reprise des cours et n’est pas sûr de pouvoir venir à Orléans.
Notre programme est plus classique, nous restons chez nous avec Justine pour le réveillon de Noël et nous partons à Bègles pour le Premier de l’an. L’an dernier, c’était chez nous. Il nous donne de bonnes nouvelles de ses études et parle peu de Malee. À une question directe de sa mère, il lâche quand même qu’elle est extrêmement possessive et jalouse. Il n’a jamais eu l’habitude d’être surveillé comme ça, et surtout, quand elle le questionne, que ses réponses soient systématiquement mises en doute. Commentaire de Sophie après l’appel :
J’ai la surprise de voir Justine assise dans son fauteuil, toute pâle d’émotion d’avoir entendu la voix de Maxime dans le haut-parleur. Je crois qu’elle l’aime encore. Avec tout ça, il ne sait toujours pas que Justine vit avec nous. On verra.
Justine n’est pas venue à Bègles avec nous, au grand regret de Yann, surtout, qui semblait se faire une joie de pouvoir s’occuper d’elle. Je crois qu’elle n’est pas prête, tout simplement. À notre retour, la maison est vide, mais nous trouvons un mot sur la table du salon pour nous prévenir qu’elle passe le week-end avec des ses copines en centre-ville. Nous sommes bien contents qu’elle n’ait pas passé le Premier de l’an toute seule. Elle ne revient que le lundi soir, très satisfaite de sa virée avec ses copines.
L’avenir semble s’éclaircir, enfin.