Une Histoire sur http://revebebe.free.fr/
n° 18920Fiche technique14575 caractères14575
Temps de lecture estimé : 9 mn
29/03/19
corrigé 16/05/22
Résumé:  Rencontre du hasard, deux femmes doivent partager une luxueuse chambre d'hotel.
Critères:  ff fplusag jeunes hotel revede
Auteur : Loaou            Envoi mini-message

Série : Élodie vs Anneclaire

Chapitre 01 / 02
Partage imprévu

Note de l’auteure :


Cette première partie est le résultat d’une tentative d’écriture à deux proposée par ElodieParis. C’est la même histoire que « Suite nuptiale un jour de grève », avec le format que je souhaitais.


Nous écrirons chacune de notre côté son second épisode.




*********************




Anneclaire


Huit heures de route, je n’en peux plus.

Je ne supportais plus la radio, je l’ai coupée. Elle ne parlait que de ces grèves et blocages partout en France. La clim hoquetait lamentablement et faisait chauffer le moteur. Je l’ai coupée aussi, avant Montélimar. Depuis, je me traîne dans le flot visqueux de véhicules puants qui s’écoule lentement vers le sud.


Huit heures de route, dont quatre dans un interminable bouchon, depuis Lyon. Une journée en enfer.

Tout ce voyage pour livrer une seule pièce, légère comme une plume, en polystyrène expansé. Elle est grande : elle occupe tout le coffre, sièges rabattus. C’est un modèle unique, une œuvre d’art fragile qui sera vaporisée pendant la coulée. Elle n’existe que pour tenir le sable, le temps d’être détruite par le bronze en fusion qui prendra sa place. Triste destinée de n’être qu’un modèle, l’original sur lequel l’artiste a déployé tout son talent, mais qui sera oublié. La mère indispensable, sacrifiée pour que naisse sa copie, l’œuvre finale. Et moi, je me sacrifie pour elle. Le client a trouvé les croquis magnifiques, mais je ne comprends même pas ce qu’elle représente. De l’art abstrait.

Je suis fatiguée, énervée, maussade.


Je devrais déjà être arrivée à la fonderie, une petite entreprise familiale près de Figueras, mais j’en suis encore à plus de deux cent cinquante kilomètres. Le soir arrive, ils ont déjà fermé et, de toute façon, les camions bloquent la frontière du Perthus.


Un peu partout, des gilets jaunes qui crient leur indignation. Je me joindrais bien à eux, tiens. Ne fut-ce que pour me passer les nerfs, qui commencent à être à vif. J’ai quitté l’autoroute à Bollène, pour éviter Orange, complètement figée, mais la nationale ne roule guère mieux. Seul réconfort : j’ai moins la sensation d’être prisonnière, engluée dans ce flot de carburant brûlé cancérigène. Un peu avant, j’avais appelé l’atelier pour qu’il me trouve un point de chute, un petit hôtel tranquille où passer la nuit. L’adresse est dans le GPS, encore une vingtaine de minutes.


J’arrive enfin. Le parking est quasiment plein et je jette mon Kangoo vert pomme dans la première place libre, qui est peut-être aussi la dernière. Je coupe le moteur.


Silence, cigales.


Le soleil a disparu, mais il fait toujours aussi chaud. Portière ouverte, je m’accorde une minute, le front posé sur les bras croisés sur le volant. Mes yeux fermés papillonnent. Mon chemisier me colle dans le dos, froissé, collant de sueur. Ma jupe ne vaut pas mieux. Je dois être atroce. Un bruit de portière et de coffre qui claque au loin, puis le crissement de pas dans le gravier me tirent de ma somnolence. Quelqu’un approche. Je récupère à la va-vite mon maigre sac et me précipite à l’accueil de l’hôtel.




Élodie


Je ne sais pourquoi, mon intuition me dit de marcher plus vite. Cette voiture qui vient de se garer est arrivée très vite. Son propriétaire semble pressé. Je n’avais jamais vu ce parking autant rempli, les trois fois où j’étais venue dans cet hôtel perdu entre Nîmes et Montpellier. Il se fait tard et j’ai terriblement besoin du cocon d’un bon bain et d’un bon lit.


Le chauffeur du bolide vert quitte sa voiture précipitamment et file vers la réception. Je peste contre moi-même : je n’avais pas vu cette place de parking et je me suis garée tout au fond.


Je n’aime pas attendre aux réceptions d’hôtels, chez les dentistes et les médecins, mais on dirait que j’y suis abonnée : je dois patienter devant le comptoir déjà occupé par la personne vue de loin. C’est une femme, brune et grande, qui ressemble comme deux gouttes d’eau à l’un des personnages lesbiens de la vidéo sur laquelle je me suis caressée, la veille au soir. Une mère et sa belle-fille qui se chamaillaient avant de se réconcilier dans le lit. Je sens mes joues s’empourprer rien qu’en y repensant.


Elle attend maintenant devant le comptoir de la réception. De l’autre côté, une jeune fille, que le badge identifie comme « Mireille, stagiaire », est au téléphone et gère une demande d’oreiller supplémentaire. Quand elle raccroche, un problème surgit qui va changer le cours de ma petite vie :



J’ai mal pour elles deux. Commencer sa soirée par une galère après un long trajet et une journée de travail n’est jamais agréable. D’autant plus que la cliente devra probablement aller vers Montpellier ou Nîmes, à une demi-heure de là. La stagiaire se décompose, tandis que le téléphone sonne et qu’un autre client s’ajoute à la queue derrière moi.


Par réflexe, je sors ma réservation papier et regarde si les dates sont les bonnes. J’espère que ma chambre n’est pas partie. La stagiaire répond de nouveau au téléphone :



La patronne arrive par la porte du restaurant. Son badge n’indique que « Laure », mais je la reconnais. Elle m’invite à m’approcher du comptoir. Je lui tends ma réservation, espérant que tout sera bon pour moi.


À côté, la cliente insiste sur sa réservation téléphonique. La stagiaire se tourne alors vers la patronne, pour lui expliquer le problème. Je ne sais toujours pas si j’ai bien ma chambre… J’ai surtout un mauvais pressentiment et le cœur battant.



Elle pianote sur son téléphone portable tandis que la patronne prend une empreinte de ma carte bleue, ce qui est bon signe.

La stagiaire répond négativement à un autre appel de client en recherche d’une chambre pour la nuit. Alors que la patronne s’apprête à me donner la clé, l’autre cliente nous interrompt :



La patronne change de couleur et repose la clé sur le comptoir. Juste avant, un petit sourire en coin montrait qu’elle ne croyait pas la femme arrivée avant moi. Si tout est complet, certains doivent tenter des coups de poker menteur pour obtenir une chambre. Elle lit et relit l’e-mail puis tapote sur l’ordinateur :



La cliente sourit, soulagée tandis que la patronne fusille du regard la stagiaire qui baisse les yeux. Elle reprend :



La patronne pointe un long doigt vers moi et je me sens rougir comme une coupable. La stagiaire intervient :



La patronne est visiblement très gênée, avec trois paires d’yeux rivées sur elle : sa stagiaire, l’autre cliente et moi. Elle propose :



Un ange flotte dans l’air, tout le monde réfléchit. Partager une chambre avec une inconnue est très gênant, même si nous pouvons avoir chacune notre salle d’eau. Et il nous faudra partager ce grand lit. Nous voyant hésiter, la patronne propose :





Anneclaire


Et voilà, la poisse continue. Après les bouchons sur la route, voici les bouchons dans l’hôtel ! J’enrage. Mickaël va en entendre parler, de sa superbe idée de m’envoyer livrer son modèle pour gagner du temps, en pleine grève. J’aurais de la chance si je peux rentrer demain soir, comme prévu.


En attendant, la patronne ne sait plus quoi faire. Sa stagiaire la regarde avec des yeux suppliants, comme si elle pouvait faire apparaître une chambre de plus d’un coup de baguette magique, et moi, j’attends qu’elle finisse de pianoter sur son clavier. J’ai l’impression d’avoir subitement trente kilos de plomb dans mon sac. Je ne me sens pas le courage de reprendre la route.


Et il y a cette concurrente qui brigue MA chambre ! Je suis trop lasse pour lui sauter dessus et la jeter dehors, mais ce n’est pas l’envie que m’en manque. Elle ne ferait pas le poids, c’est sûr.


Pendant qu’elle surveille la patronne, je l’évalue du coin de l’œil. C’est une jeune femme vers la fin de la vingtaine, au look d’étudiante, sans maquillage. Assez petite, plutôt mince. Robe longue et ample pull fin aux manches courtes, par cette chaleur ! À moins qu’elle ne porte rien dessous ? Bras fins et graciles, je suis un peu jalouse. Ses cheveux longs cachent en partie son visage et coulent sur ses épaules. Vraie blonde ? Je n’arrive pas à voir leur racine, il faudrait qu’elle tourne la tête.


Elle a dû se sentir observée. Voilà qu’elle pivote vers moi et m’envoie un sourire un peu crispé, auquel je réponds instinctivement. Merde, quelle conne je suis ! Jamais je ne pourrais lui sauter dessus, maintenant, même si l’autre garce lui refile ma chambre ! Surtout qu’elle a un visage des plus mignons. J’aurais préféré qu’elle ait une verrue sur le nez, des yeux glauques et les lèvres parcheminées. Mais non, ses iris sont d’un vert rafraîchissant et son nez un peu mutin absolument craquant. Il est assorti de pommettes rebondies au bas desquelles son sourire creuse de microscopiques fossettes. Pimpante, tout empreinte de la jeunesse que je suis en train de perdre. La salope !


La patronne s’adresse à nous alors que mon regard est en train de fuir, perdant cette brève joute que je partais pour gagner. Je me trouve finalement très pleutre. Elle nous propose de partager la chambre ! Je n’ai pas suivi les détails, perdue dans mes pensées, mais il est hors de question d’accepter. Pourtant, j’ai encore moins envie de reprendre cette putain de bagnole. Mais pourquoi elle ne me refile pas sa suite, à moi toute seule ? Ou alors, si c’est moi qui prends le lit…


Quoi encore ? Elle nous offre la nuit ! Elle sait retenir le client, cette tenancière ! Comment résister à un tel argument ! En bonne Française, et pourtant sans le moindre ancêtre Écossais, je m’entends lui répondre, en indiquant ma concurrente chétive :





Élodie


Je sens mes joues devenir encore plus rouges. La seule chose à laquelle je pense, à ce moment précis, est cette vidéo de la veille, la mère et sa belle-fille. Un peu comme ce qui pourrait se passer entre cette femme et moi. Je le crains autant que je l’espère.


Ma sexualité s’est bâtie autour des concours de circonstances qui m’ont poussée dans les bras d’autres personnes, comme si le doigt de Dieu avait aligné tous les éléments juste pour moi. Je ne sais pas prendre l’initiative, mais je ne sais pas dire non et me sens toujours coincée.


Je murmure un tout petit « oui » qui me donne l’impression de m’engager avec autant de force que si je passais devant monsieur le maire le jour de mon mariage.


La femme prend la clé et je la suis, un peu honteuse des pensées pornographiques qui hantaient mon esprit il y a quelques secondes. Pourtant, mon entrejambe s’humidifie tout en marchant vers la chambre où j’espère que plein de belles choses vont arriver.


Tout est écrit, il me suffit de vivre cette opportunité comme la petite salope que j’ai toujours voulu être secrètement. Je dois arrêter de m’enfermer sur moi-même. Je dois vivre.


Arrivée à la chambre je laisse la bourgeoise choisir le côté du lit qu’elle préfère : cela m’est égal. Ce qui est le plus important pour moi est de me faire toute douce, toute câline, toute chatte. J’enlève mon grand pull fin et léger pour dévoiler un petit tee-shirt marcel sous lequel mes seins sont nus. Mes tétons pointent d’excitation et de fébrilité. La clim n’est pas encore en route, ce n’est pas le froid qui les durcit.


Je vois à son regard qu’elle le sait, qu’elle le sent. Elle ne peut l’ignorer. Je veux éveiller chez elle le feu de son volcan intérieur. Je relève mes cheveux et les attache en queue de cheval, dévoilant mon fin cou et mon si joli port de tête. Le mouvement relève mes tétons érigés et je lui dévoile aussi mes tendres et douces aisselles.