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Temps de lecture estimé : 17 mn
31/03/19
corrigé 05/02/22
Résumé:  Une fois le partage accepté, il faut le consommer.
Critères:  f ff fplusag hotel cérébral revede voir exhib noculotte nopéné -fplusag -mastf
Auteur : Loaou            Envoi mini-message

Série : Élodie vs Anneclaire

Chapitre 02 / 02
À chacune ses secrets

Résumé de l’épisode précédent : « Partage imprévu »


Rencontre du hasard, Élodie et Anneclaire acceptent de partager une luxueuse chambre d’hôtel.




********************




Anneclaire


Je ne sais déjà plus pourquoi j’ai accepté de partager cette foutue chambre. Après tout, ma réservation est aussi valable que la sienne et ils avaient aussi la petite chambre pour elle. Probablement la fatigue, la faim. En tout cas, c’est à moi que la patronne a tendu la clé, c’est un signe. C’est moi qui dirige les opérations maintenant !


Ma « colocataire » se dirige vers l’ascenseur. J’en profite sournoisement pour prendre l’escalier. Je l’entends me suivre. Pendant que je monte, je sens son regard dans mon dos, probablement un peu réprobateur. J’ai honte de ma tenue froissée et collante.


Un tour de clé et j’ouvre la porte. Effectivement, la suite est splendide. Vaste, sobre, mais luxueuse. Moquette épaisse, un tapis sur lequel j’ose à peine marcher ! J’avais peur d’un ensemble chargé à souhait, baveux de dorures et de décorations clinquantes, d’antiquités et d’œuvres d’art, mais je suis agréablement surprise. Nous entrons en silence dans un luxe discret, mais bien présent.


Un grand tableau ouvre une fenêtre lumineuse sur des chevaux dans leur Camargue, avec une fraîcheur telle qu’elle me fait oublier la sueur des bouchons. Pourtant, la clim, dont l’ouverture discrète apparaît en haut du mur, n’est pas en marche.


Une commode, laquée de noir satiné, est assortie avec une table et quelques chaises design qui ont l’air confortables. Un canapé, lui aussi en cuir noir velouté, me tend les bras. Je résiste difficilement à m’y laisser choir, contrairement à elle, qui s’y affale. Je me contente de suivre son dossier du bout des doigts. Il est souple et tiède, sensuel. En face de lui, un immense téléviseur incurvé d’au moins deux mètres de large reflète une partie de la chambre. Que dis-je, de l’appartement ! Des appliques prodiguent une lumière tamisée. Quelques objets décoratifs méticuleusement disposés ajoutent une touche personnelle et vivante. Une statuette masculine de marbre poli tend les bras autour d’une cavalière absente. Il rêve d’une danse. Ses muscles se mélangent aux veines de la pierre.


Je ne sais pas ce qu’en pense ma voisine, mais je ne suis plus dans un petit hôtel de province, dans une fin de journée harassante. Je perds pied. Je m’évade vers un film de vacances de luxe, ailleurs, à l’autre bout du monde. Elle brise l’enchantement :



Elle me détaille comme si elle voulait me manger. Pas encore revenue sur terre, je débite ma formule habituelle :



Je l’entends me répondre quelque chose en un chuintement qui n’arrive pas jusqu’à mon cerveau.

Sans même réfléchir à un côté préférentiel, je me laisse tomber sur le bord droit du lit pour ôter mes chaussures. J’ai beau éviter les talons – je suis déjà bien trop grande –, j’ai toujours les pieds gonflés en fin de journée, surtout après être restée longtemps immobile, au volant. Les orteils en éventail, je me laisse tomber sur le dos. Le lit est à la fois ferme et moelleux à souhait. Ma tête s’enfonce lentement dans l’oreiller. Un délice.


Je réalise qu’Élodie, puisque c’est son nom, me parle. Qu’est-ce qu’elle me veut, enfin ? J’espère qu’elle ne va pas passer la soirée à bavarder. Les potins du monde, je m’en fous tout autant que les préoccupations « tendance » des jeunes accros à leur compte Facebook !


J’ouvre les yeux et accroche sa silhouette, un peu en contre-jour, les bras en l’air. Elle a ôté son pull et apparaît à présent en fin débardeur, largement échancré, qui laisse apparent le haut de sa petite poitrine dont les pointes marquent le tissu. D’un seul coup, ses contours sont bien plus féminins, délicats, comme si ce pull-over informe était destiné à la cacher.


Je ne peux m’empêcher de penser que c’est dommage : elle est plutôt agréable à regarder, mais elle ne sait pas se mettre en valeur ! Une pointe de maquillage, presque rien, et elle serait craquante. Pas de fond de teint ni de blush, elle a déjà les pommettes roses à point et les joues d’un teint adorable, rehaussées par quelques taches microscopiques qui leur donnent du relief. Un soupçon d’eye-liner ou de mascara la transformerait.

Je me lève, presque douloureusement tant j’étais bien allongée, pour lui demander :





Élodie


Je suis « bain » quand je peux, surtout s’il y a des bulles, et pas trop « douche » ! Mais je lui laisse la baignoire, enfin, seulement la priorité. Avec un peu de chance, j’aurais peut-être la possibilité d’aller la titiller.


Pendant qu’elle visite la suite, je prépare mes affaires. Je sors mes dessous les plus affriolants de ma valisette et les dépose en un désordre soigneusement calculé au pied du lit. Ils ne sont pas vulgaires ni exhibitionnistes, seulement sensuels, très sensuels. Une invitation au plaisir de les retirer, un appel aux délices du sexe. Leur seule vue me fait craquer, j’espère qu’ils auront le même effet sur Anneclaire.


Tout à l’heure, je la suivais dans l’escalier. J’ai pu l’examiner, de dos. C’est une femme mûre, mais ses formes sont encore fermes, ses fesses ne ballottent pas. Pas trop. Ses hanches sont larges, celles d’une mère. J’avais envie d’y poser les mains, de me faire tracter, de me plaquer contre elle. De les glisser plus haut, à la recherche de sa poitrine, pour l’inciter à en faire autant sur moi. J’ai la peau si fine et si sensible. Je n’ai quasiment pas de seins, mais si bien remplis de terminaisons nerveuses ! Avec toutes ces idées en tête, le seul frottement du tissu sur leurs pointes m’a exaspérée, j’ai trempé ma petite culotte. Je la sens maintenant, plus froide contre mes cuisses, contre ma vulve et j’ai une envie folle de la réchauffer.




Anneclaire


Je laisse Élodie dans la chambre et vais explorer les autres pièces, ma trousse de toilette à la main, la serviette sur le bras. Je réalise tardivement qu’elle ne devrait pas être utile : les hôtels fournissent le linge de bain, surtout dans une suite de luxe !


La première porte, dont le haut comporte un petit vitrail aux tons orange, s’ouvre sur une pièce lumineuse qui contient une grande cabine, entièrement en bois foncé, dotée de grandes vitres. Il en émane une chaleur diffuse, c’est le sauna. Avec sa porte en avant et ses côtés en oblique, elle m’évoque une bay-window, la fenêtre en encorbellement typique des maisons anglaises. Elle se prolonge d’un banc sur lequel reposent quelques coussins et deux grandes serviettes artistiquement repliées sur lesquelles je glisse la main pour confirmer leur douceur. Une douche à l’italienne spacieuse, large d’au moins deux mètres, trône de l’autre côté. Elle est carrelée en bleu ciel et blanc avec goût. Une immense vitre en partie dépolie l’isole du reste de la pièce. Le côté sauna est empreint de chaleur, le côté douche de fraîcheur. Un contraste très réussi, mais qui ne m’attire pas ce soir.



J’entre dans l’autre pièce, tout aussi vaste et lumineuse. C’est la salle de bains, et quels bains ! La baignoire est immense, constellée de buses, avec deux coussins de tête du même côté et deux vagues empreintes de corps. Contre le mur, une commode croule sous des flacons et bouteilles aux étiquettes alléchantes : Lavandin relaxant, Polynésie régénérant, Velours de Spa – Cèdre/Litsea… Toutes portent la marque « Camylle », il doit y avoir la collection complète !


Je craque pour un Velours de Spa, Eucalyptus/Menthe dont l’étiquette précise : « Rafraîchissant aux arômes frais et stimulants ». C’est exactement ce qu’il me faut : l’eucalyptus pour contrer tout le mazout que j’ai respiré, la menthe pour me tenir éveillée. J’en verse généreusement dans cette espèce de piscine avant d’ouvrir en grand le mitigeur thermostatique.


Pendant qu’elle se remplit, trop lentement à mon goût, je parcours le petit livret qui présente les produits. Il indique :

« Dans de nombreuses cultures, la menthe sert pour aromatiser les mets et les boissons, mais également pour ses propriétés stimulantes et aphrodisiaques ».

Je ne peux retenir un rire en pensant :

Aphrodisiaques ? Bien sûr ! Comme la corne de rhinocéros, quoi !


Depuis la chambre, Élodie me demande :



Elle me rejoint sans attendre ma réponse. Je lui tends le livret, qu’elle parcourt brièvement avant d’examiner la pièce.



Elle hume l’air et se penche vers la baignoire.





Élodie


Mais qu’est-ce qui m’a pris de lui demander ça de but en blanc ? Mais quelle conne je suis ! Elle ne répond pas. J’ai beau regarder par terre, je sens ses yeux qui m’examinent. Je devine ses sourcils réprobateurs. Elle va me jeter. J’ai honte, je voudrais disparaître.


Et là, sans que je puisse lutter, l’image de nous deux lascivement allongées dans cette immense bassine m’envahit. Elle est à côté de moi, je peux la toucher en bougeant à peine le bras. Les bulles glissent dans notre dos, montent entre nos épaules. Et surtout entre nos jambes. Leur frémissement contre la frange de mes petites lèvres est inouï. J’écarte un peu les jambes. Si peu, mais les bulles s’insinuent dans mes replis. L’influx nerveux est exquisément insupportable, ma main plonge sur mon sexe brûlant, mes doigts en caressent les endroits que je sais les plus sensibles. Du coin de l’œil, je la vois qui fait de même. On se regarde à la dérobée, puis on éclate de rire. Et c’est le début d’un échange de caresses effréné.


Tout ça en une fraction de seconde. Je mouille de nouveau. Mon ventre, tout mon corps, réclame son dû.

Le rêve est brutalement brisé par Anneclaire qui me répond sèchement :



Une douche glacée me tombe dessus. Plus de bulles, plus d’orgasme. Rien que l’envie, sourde et violente qui reste. Une douleur autour de l’utérus. Je relève les yeux piteusement, au bord des larmes, frustrée, humiliée.

Elle me regarde. Son visage fermé se détend lentement. Quelques rides froncées disparaissent, d’autres apparaissent pour lui donner un petit sourire fatigué et narquois. Je réalise que j’ai la main droite entre mes cuisses, plaquée sur ma vulve qui crie sa volonté.




Anneclaire


J’ai été maladroite, une fois de plus. La fatigue, la surprise. Élodie me regarde avec un air tellement dépité. Je revois ma fille, petite, en train de me pleurnicher : « S’il te plaît, maman ? »

Je ne pouvais pas résister. Je reprends maladroitement :



J’hésite un moment. Je ne peux pas. Je ne dois pas. À chacune ses secrets. Elle insiste :



Je suis affreusement partagée. Je n’aurais jamais dû accepter. Mais sa tristesse puis son sourire, ce moment fugace d’enfance, balayent mes regrets. Et si elle ne respecte pas sa promesse, si elle m’examine ? Comment vais-je faire ?


La baignoire sera bientôt assez pleine, mais le lait de bain ne mousse presque pas, impossible de m’y cacher. J’ai subitement une idée : je verse sous la chute d’eau du robinet une rasade généreuse du petit flacon de savon liquide. Avec une lenteur désespérante, une fine couche de mousse se répand à la surface et finit par la couvrir, puis s’épaissit. Je la balaye de la main, elle se reforme aussitôt. Elle suffira.


Je jette un regard vers la porte. Élodie est invisible. Elle doit être dans le canapé, car j’entends la TV. Je me déshabille prestement et me laisse glisser sous la mousse. Évidemment, malgré sa taille, la baignoire est un peu courte. Mes genoux dépassent un peu, formant deux minuscules îlots roses sur la mer blanche qui crépite doucement. Mais, ainsi allongée, seule ma tête émerge. Mes seins sont sous la mousse, à l’abri des regards. Et la position est confortable, je pourrais même m’endormir ! Je l’appelle.




Élodie


Vautrée sur le canapé, j’ai allumé la télé sur une chaîne au hasard, seulement pour créer un bruit de fond. La main dans la ceinture de ma robe, dont j’ai descendu la fermeture Éclair presque entièrement, je me caresse lentement en espérant faire renaître ce moment qui m’imprégnait il y a quelques minutes.


L’envie est toujours là, qui me vrille le ventre et tend mes seins, mais mes caresses ne réussissent pas à lui donner écho. Je repense à la baignoire. Ma main glisse sur ma culotte qui peine à contenir mon humidité. Puis dessous, dans sa tiédeur moite et poisseuse. C’est très agréable, mais insuffisant. Le contact de ma paume sur mon clitoris et de deux doigts dans mon vagin me soulève un instant la poitrine en une longue inspiration, sans réussir à me transporter plus haut. Zut.


Anneclaire m’appelle enfin. J‘ai bien cru qu’elle allait changer d’avis. À nous deux, ma belle ! Pourvu que j’arrive à te donner envie : j’ai vraiment besoin de toi…

En me levant, je laisse ma robe tomber, échouée au pied du canapé, emmêlée dans mon petit marcel. Sans hésitation, j’ôte ma culotte, qui les rejoint après un bref passage sous mon nez, par réflexe. Son odeur me contracte instantanément le ventre en un besoin décuplé. Je rejoins la salle de bain, nue comme Ève, un peu tremblante. J’ai promis de ne pas la regarder, de ne pas la toucher, mais je doute d’y arriver !




Anneclaire


Élodie me surprend quand elle franchit la porte, entièrement nue. Avec la télé, je ne l’ai pas entendue marcher. Elle marque un arrêt en entrant, le temps de me découvrir, invisible sous la mousse.


Pour une fille, elle est plutôt jolie. « Small is beautifull », lui va bien. Petite, mais bien proportionnée. Sa minuscule poitrine forme quand même deux petits dômes aux tétons vigoureusement dressés, certainement pas par la fraîcheur ambiante qui doit approcher les 25 degrés ! Impression vite confirmée par les plis brillants de l’aine et le bas de sa toison quelque peu englué. Elle était en train de s'offrir du plaisir !


Ma mémoire me ramène tente ans en arrière. À peine majeure, rêvant du loup sans avoir osé l’approcher, je me caressais parfois (« souvent », corrige ma conscience). Comme cette fois, dans un hôtel où j’avais failli être surprise par le retour de la famille, les cuisses largement écartées, venant juste d’atteindre un orgasme mémorable dont le retour à terre fut… très écourté ! Un souvenir inoubliable. Mais c’était avant, il y a longtemps.


Élodie a un petit rire, gentil et sans moquerie. En un tour de main, elle enroule sa queue de cheval en un chignon qu’elle pique d’un crayon de l’hôtel. Les bras levés, elle paraît encore plus fine et fragile. Puis elle rejoint la baignoire, lève une jambe, puis l’autre, pour se glisser à côté de moi, dévoilant chaque fois, et sans y prêter attention, une vulve rouge et gonflée, sans équivoque. La petite a le feu au cul ! Et moi, je ferais bien de faire attention au mien.


La télécommande est de son côté, c’est elle qui pilote la balnéo. Elle joue un moment avec, poussant un cri de surprise lorsque se déclenche un courant d’air, un peu froid au début, un jet inattendu. Puis elle enclenche un programme – soi-disant relaxant – et s’étale tout comme moi. Sauf qu’elle arrive à s’allonger complètement. De temps en temps, elle doit même se remonter un peu, car elle glisse insensiblement vers le fond.



C’est en voulant se rehausser qu’elle attrape mon bras, peut-être par mégarde.




Élodie


Cette baignoire est géniale, sauf qu’il n’y a pas de bulles ou de jet à l’endroit que je voudrais : entre les jambes. J’ai bien cherché avec la télécommande, en vain. Alors j’ai lancé un peu au hasard le programme qui affiche « Relaxant ».

Étalée de tout mon long, j’essaye de me détendre. Je me caresse agréablement sous la couverture de mousse dont l’épaisseur augmente lentement, mais je glisse inexorablement vers le fond. Soit il y a trop d’eau, soit ils ont oublié de prévoir un cale-pied pour les petits formats. J’aimerais bien ne pas trop mouiller mes cheveux, mais c’est pas gagné.


Je me remonte régulièrement en prenant appui sur le fond. Après quelques fois, je pose ma main trop à droite, sur le bras de ma voisine qui semble somnoler. Ça aurait pu être un hasard. Elle pousse un cri et le relève brusquement. Autant surprise qu’elle, je glisse sur le côté et disparaît sous la mousse.


Ce n’est qu’une baignoire, mais ses formes tout arrondies ne facilitent pas le rétablissement. Je m’agite quelques secondes avant de me retrouver à genoux, le buste hors de l’eau, recouverte de mousse. J’ai à peine eu le temps de sentir sa main se plaquer sur mon ventre pour m’aider, un peu au hasard. Je ressens encore son contact que j’aurais aimé plus long. Et aussi celui d’un jet d’eau qui a délicieusement tracé une ligne depuis ma cuisse jusqu’entre mes fesses. Il me faudra le retrouver…

Je tousse un peu avant d’éclater de rire. Anneclaire est déstabilisée. Elle hésite sur la conduite à tenir. Finalement elle se lâche en riant :



Je n’arrive pas à continuer sur un mensonge aussi gros. Je dois être pivoine, je baisse la tête et les yeux. Mon chignon n’a pas résisté et mes cheveux mêlés de mousse dégoulinent sur un sein. L’autre est blanchi de bulles. Je suis ridicule. Le pire est qu’elle n’est pas dupe :



Son sourire et le plissement des petites rides autour de ses yeux indiquent bien qu’elle n’en doute pas du tout. Ce qu’elle confirme :



Je tords vaguement ma crinière en un ignoble tas et je me réinstalle, allongée dans la baignoire.

Les pompes, le crépitement de la mousse, nos respirations.

Un coup d’œil à droite. Elle me regarde avec bienveillance. Je me jette à l’eau (c’est de circonstances) et lâche en un souffle :



Un voile passe sur son visage et elle ferme les yeux.





Anneclaire


Alors qu’elle bredouille quelque chose qui se perd dans le glougloutement ambiant, je sors de la baignoire, dont j’ai tout de même déjà bien profité, en prenant bien garde de ne lui présenter que mon dos. Elle peut bien regarder mes fesses si elle veut.

Je récupère une immense serviette prune et m’enroule dedans, puis je quitte la salle de bain en tirant silencieusement la porte derrière moi.

Finalement, je vais profiter un peu du sauna.




Élodie


Seule. Elle me laisse seule avec mes envies et mes espoirs. Le cœur oppressé, je retombe dans la mousse. Le niveau de l’eau est plus bas, je ne glisse plus. J’ai envie de pleurer. Je reste un long moment immobile, l’esprit à la dérive, pendant lequel je me caresse lascivement, sans y penser. À nouveau, l’image de nos deux corps mêlés dans la mousse me submerge. Mes caresses deviennent avides, à deux mains. Je ne maîtrise plus mes membres ni mon cerveau. Je tournoie entre les jets, la tête parfois sous l’eau. L’orgasme tant attendu tarde, mais arrive enfin dans un raz-de-marée, long et violent, face à un jet d’eau qui me bouscule irrésistiblement la vulve où s’activent aussi mes doigts, pendant que je retiens mon souffle, les oreilles noyées dans la mousse.

Il me faut longtemps pour émerger. Plus de grondement sourd : le programme s’est terminé. Le tapis de bulle crépite en diminuant, de grandes plaques d’eau transparente s’y insèrent.


Je rejoins la chambre emmitouflée jusqu’aux cheveux dans la serviette de bain. Elle est vide. Quelques mots sont griffonnés sur le papier à en-tête de l’hôtel, posé sur la commode noire près de la porte. Je le soulève du bout des doigts encore humides, blancs et fripés :


« Je descends manger un bout. Prenez la clé si vous venez. À tout de suite. AC. »


Je n’ai pas faim. Je me sens surtout épuisée. Il faut que je me lave les cheveux, emmêlés et mousseux. Je vais plutôt passer brièvement sous la douche et me coucher.




Anneclaire


Je découvre Élodie déjà couchée, tout près de la bordure du lit. Elle dort paisiblement, sur le côté, en tournant le dos à ma place. Une main dépasse de la couette, juste à côté de sa tête qui est presque appuyée dessus. Elle a fait une grosse tresse de ses cheveux, qui dégage l’ovale de son visage, encore hors d’atteinte du temps. Elle est belle.


Je me change et revêts la longue chemise de nuit qui aurait dû me servir en Espagne, avant de rejoindre délicatement mon demi-lit sous la couette. Je m’endors rapidement.




********************




Une impression de poids dans la poitrine me réveille. La fenêtre s’éclaircit à peine, il doit être entre cinq et six heures.

Je me suis tournée en dormant et je fais maintenant face à Élodie qui s’est lovée dans mes bras, le dos serré contre moi. Sa main serre la mienne contre son sein, que je devine nu. La tendresse me submerge. Huit ans que je ne me suis plus trouvée dans cette position avec quelqu’un. Huit ans de solitude, de nuits vides et trop longues. Je tente de retirer mon bras, mais elle le presse plus fort contre elle sans faire mine de s’éveiller.


Malgré mes vieilles résolutions, je lâche prise et caresse doucement son torse un peu étriqué où se dressent deux petites excroissances tendres et solides. Elle ne tarde pas à bouger un peu, sa respiration s’accélère. Je me doute bien qu’elle ne dort plus, surtout quand sa main tire doucement, mais fermement la mienne dans la fourche de ses jambes. Le cœur battant, je lui donne ce qu’elle réclame. Quelle étrange sensation de caresser ce corps de femme, si semblable, mais qui n’est pas le mien. J’insiste aux endroits qui m’étaient familiers : la lisière des petites lèvres, l’extrémité du clitoris, sur les points qui la font tressaillir. Elle frémit puis se contracte avec un long gémissement. Je garde la main plaquée contre elle en un doux massage pendant qu’elle s’apaise lentement.



Elle fait mine de se retourner entre mes bras. Je la ceinture.



Elle me le demande comme hier soir, sur ce ton qui me fait fondre et auquel je ne peux pas résister.



Elle tire doucement ma main, la porte à ses lèvres et y dépose un baiser.

Alors, au creux de son joli cou, je lui chuchote l’accident, ma poitrine déchiquetée par ces milliers de bouts de verre. Mon ventre lacéré, mon bassin brisé, mon périnée explosé par la colonne de direction. Les dizaines d’heures de chirurgie pour me reconstruire une forme de femme, un semblant de sexe qui n’en est pas un. Plus d’utérus, plus de vagin, plus aucune sensation, sauf des tiraillements, plus de plaisir. Rien.


Je me tais. Elle pleure doucement. Alors je la serre contre mon torse couturé de partout pour la consoler.



Après une hésitation, je continue :