n° 19256 | Fiche technique | 19706 caractères | 19706 3392 Temps de lecture estimé : 14 mn |
19/10/19 |
Résumé: J'ai avoué mon secret à Raïssa. Elle le connaissait déjà et me briefe sur une nouvelle mission d'espionnage à exécuter. | ||||
Critères: #policier hplusag hotel amour chantage hféminisé nopéné | ||||
Auteur : Samir Erwan Envoi mini-message |
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Épisode 1 : « Une nouvelle mission »
Le Service de renseignements pour lequel je travaille est peu satisfait de mes résultats et me rapatrie. Or, Raïssa revient dans ma vie et découvre un secret que je cache depuis vingt ans. Elle me propose de terminer la mission « 1000fleurs »
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Là, devant un miroir, cinq jours plus tard, dans une ville où l’on parle espagnol. C’est ici que nous mène son plan. Dans une ville que je ne connais pas, d’un autre monde culturel. Où personne ne me connaît. Sur un autre continent. Il fait humide, les ventilateurs brassent de l’air chaud. Je me regarde et me souris.
Je suis avec Raïssa après tout. Elle a acquis une expérience du monde de l’espionnage, durant ces trois années qui nous ont séparés. Elle voit à long terme, et souhaite terminer une mission incomplète. Ou bien assouvir une sorte de vengeance, je ne sais.
Si c’est le cas, elle se sert de moi. J’ai accepté. Je me suis longuement rebiffé, mais j’ai compris son cheminement de pensée. J’ai embrassé sa big picture, et j’ai vu que la fenêtre d’intervention était petite. Qu’il nous faudrait attendre un an peut-être – ou perdre Curtis à tout jamais – si nous n’opérions pas dans l’immédiat. J’ai donné mon aval à son plan : j’étais sa pièce maîtresse dans son jeu de stratège, après tout.
Raïssa et moi avons caché sa moto dans le garage de mon QG puis avons pris un taxi avec nos bagages. Direction l’aéroport, le vol est parti deux heures après notre arrivée. Je regardai le billet et la destination m’était inconnue.
Tout le long du vol, elle m’a convaincu que j’excellerais.
Elle m’a raconté dans le détail ce que je devrais faire. À l’occasion, je lui demandais de parler moins fort. Mais elle chuchotait déjà, ses lèvres près de mon oreille. Je voulais simplement que personne dans l’avion n’entende. Pour garder le secret. Pour moi, ou pour la mission ? Avais-je honte, après tout ?
Elle avait tout prévu. Avait déjà réservé la chambre d’un hôtel d’un quartier populaire de ce pays latino. Je ne savais comment réagir, je me suis laissé guider. Elle m’a demandé d’attendre dans une ruelle sordide, tandis qu’elle allait s’enregistrer. Elle est venue m’ouvrir quelques minutes après et je suis entré par la porte de service, à l’arrière, personne ne m’a vu. Raïssa avait déjà tout repéré.
Et maintenant, Raïssa circule d’un pas alerte dans la chambre d’hôtel, étendant certaines tenues sur le lit et trifouillant dans son sac à la recherche de quelques cosmétiques. Je suis torse nu devant le miroir, une serviette autour des épaules et je me touche les pectoraux. Je n’ai plus un poil. C’est doux au toucher. Nous attendons que la teinture des cheveux prenne. Auparavant, je l’avais découverte experte en coiffure :
Elle m’a ordonné de me laver les cheveux avec des shampoings spéciaux. Munie de ciseaux, elle s’est mise à jouer dans mes cheveux, opérant un dégradé sur les côtés et l’arrière de la tête. Elle a préservé une mèche longue sur l’avant du visage, en veillant à ce qu’elle soit pleine et très peu effilée. En peignant mes cheveux sur le côté et en leur donnant du volume, déjà, je ne me reconnaissais plus. Par la suite, elle a misé sur une couleur cuivre pour nuancer ma couleur naturelle, avec certaines pointes plus blondes.
Elle m’a épilé les sourcils, aussi.
J’obtempère et réfléchis, alors que j’utilise le shampoing et l’après-shampoing pour lequel j’ignore l’usage. Depuis cinq jours, Raïssa me briefe sur la féminité. Suis-je en train de me transformer ? N’ai-je pas toujours souhaité cela, tout au fond, caché dans mon subconscient ? Qu’une femme complice de mon « travers » joue avec moi comme à la poupée ? Et, tandis que je me rince en enlevant le savon de mes yeux, je me dis : C’est Raïssa qui mène cette opération ? Et cette opération, je parle de la mission, ou de la transformation ? Dans la douche, une érection m’assaille. Est-ce un fantasme que j’ignorais ? Non, depuis vingt ans, tu te travestis en cachette. Toujours seul, toujours la nuit. Et cette fois ? Ce sera la nuit encore. Mais tu ne seras pas seul. Tu devras te montrer. Te pavaner. User de ton charme. Et Raïssa est là pour t’aider…
C’est le jour J. Je retourne devant le miroir, la serviette autour de la taille. Raïssa est heureuse de ses talents de coiffeuse, elle m’ébouriffe les cheveux et replace quelques mèches. C’est vrai que ce style boyish casse mon visage et me rend, comment dire, plus féminine ? Et je n’ai presque plus de sourcils ! Raïssa me cause comme si elle discutait avec une copine : elle gossip sur les nouvelles tendances de mode tout en regardant mes cheveux et mon visage et touchant mes joues. Je me suis déjà rasé deux fois, ce soir.
Elle porte un haut échancré, casual, mou, me laissant remarquer qu’elle ne porte pas de soutif. Avec un short court à taille haute, à imprimé camouflage : ses cuisses sont belles à ravir. Cependant, elle accorde toute son attention à mon visage :
Tandis qu’elle applique un eye-liner sophistiqué près de mes yeux, puis un fard à paupières frais et naturel, elle raconte de nouveau son plan :
Raïssa sourit en disant sa dernière phrase, comme si elle se comprenait sans vouloir dire plus et termine d’apposer le fard à paupières.
Elle me farde avec application, je l’écoute quand elle me dit de fermer les yeux ou d’étirer mes lèvres. Je tente des eyes contact avec elle, mais ses yeux fixent les zones de mon visage.
Raïssa me fixe soudainement de ses yeux noirs : j’ai envie de l’embrasser tellement ses yeux sont lumineux et profonds. Mystérieux, d’un éclat jusqu’ici que je ne connaissais pas. Elle a tellement changé ! Et en bien !
Elle m’indique comment je dois placer mes lèvres pour qu’elle appose le rouge à lèvres pâle. Elle attend une vingtaine de secondes avant d’en enlever le surplus de son doigt et d’en rajouter une couche. Elle sourit :
Je me lève comme en un rêve et me retourne vers le lit. Plusieurs tenues sont disponibles, je n’ai que l’embarras du choix. Raïssa est sortie sur la terrasse fumer une cigarette.
Durant ces cinq jours de transition dans ce pays latino que je ne connais pas, Raïssa m’avait déjà raconté l’illusion du corps. Elle m’avait dit que le mieux n’est pas de dévoiler au maximum sa féminité, mais de la suggérer.
Elle m’avait fait marcher avec des talons, pour que je maîtrise la souplesse des hanches. Nous avions abandonné rapidement les talons trop hauts. Je n’avais jamais expérimenté le port de ces chaussures, je n’allais pas tenter d’acquérir une démarche excitante en quelques jours. Nous avions bien ri lorsque j’ai essayé des talons hauts et que je me suis rétamé au premier pas.
Mais ce soir-là, là, maintenant, alors que Raïssa grille une clope à l’extérieur, elle m’avait exposé sur le lit certaines parures vestimentaires. Je me retourne et me regarde dans le miroir : elle m’avait maquillé modérément :
Comme exemple, Raïssa m’avait souri sans sous-entendu, avec une simplicité qu’elle ne travaillait pas, qu’elle s’était simplement procurée par sa jeunesse, l’amour de ses parents, le regard qu’elle portait sur les autres. C’est pour cette raison que je l’avais recrutée, il y a trois ans, alors qu’elle fumait près de l’entrée du métro, rue Sanguinet. Elle avait vingt-quatre ans, étudiante en science Po dont sa thèse était « Le rôle des femmes dans les conflits ». Et la voilà espionne calculatrice, me métamorphosant.
Nous avions jonglé avec plusieurs sonorités, tout en déballant les vêtements que j’avais dans ma collection. Raïssa avait apporté des compléments, des bijoux, des foulards, des chaussures. Alors que nous jouions sur les mots, et rigolions régulièrement, j’essayais de nouvelles fringues qu’elle avait apportées au préalable ; Raïssa avait tout planifié déjà ! Car les placards cachaient tant de vêtements différents, pour différentes occasions, pour différentes personnalités !
Raïssa me souriait surprise, emballée par le « trois petits chats ».
Le marabout a duré le temps que je me change je ne sais combien de fois. J’ai d’ailleurs devisé plus tard en arguant que les Japonais appelaient ce jeu shiritori. Et finalement, nous avons convenu que mon nom féminin ne devait pas trop différer du mien. Alors que je portais une jupe plissée et bouffante m’arrivant aux genoux, avec un imprimé de petites fleurs et un body cache-cœur à manches longues, mais avec les épaules dénudées, une petite chaîne entourant mon cou, Raïssa m’a reluqué d’un regard de connaisseuse, en disant simplement :
Nous avons adopté ce prénom.
Je me suis amusé à pivoter rapidement sur les orteils comme une danseuse de ballet, l’autre jambe mi-relevée, pour faire soulever cette jupe douce et aérienne. Je souriais. J’avais l’impression de voler. Milly souriait. Et Raïssa n’avait toujours pas terminé ma métamorphose.
Raïssa s’est avancée vers moi, un air grave au visage. Je ferai tout pour elle, ai-je pensé. Nous nous terrions dans la chambre depuis notre arrivée dans ce pays et Raïssa restait elle-même, simple et naturelle, habillée en confort, mais toujours chic : un top court laissant apparaître son ventre plat, des leggings ou des shorts en molleton cachant à peine ses longues cuisses brunes. Elle m’a dit, sérieuse :
J’y avais longuement pensé.
J’avais tellement imaginé toutes les scènes possibles ! J’en avais des érections, la nuit, tandis que Raïssa et moi ne partagions pas la même couche. Au départ, j’avais voulu lui refaire l’amour. Mais depuis que nous étions dans ce pays latino, dans la province de Villahermosa, Raïssa s’était refusée à moi.
J’ai soupiré :
Je ne savais pas, je ne sais toujours pas. Raïssa a continué, près de mon visage, ses yeux fixes et absorbés :
C’était elle, Raïssa, qui m’avait initié aux joies de la prostate. Puis j’avais eu une relation avec Charlène, qui avait été plus loin. Raïssa m’a souri, m’a caressé la joue, puis l’épaule et a donné une pression pour que je me tourne. Le lit était devant moi, Raïssa a poussé mon dos doucement et, vêtu d’une jupe volante, d’un body avec les épaules dénudées avec une petite chaîne autour du cou oscillant entre ma poitrine et mon menton, je me suis retrouvé en position de levrette féminine. J’ai entendu la respiration de Raïssa, une inspiration plutôt, une inspiration de tentation, de plaisir d’avoir atteint un but. Elle me caressait les fesses et jouait avec l’élastique et la dentelle de ma culotte. Il m’était impossible de ne pas tout m’imaginer. Et de ne pas avoir d’érection.
Raïssa me caressait les fesses en continuant, ignorant ma soudaine détresse :
J’ai toujours aimé qu’elle me caresse cette zone :
Depuis ce soir où nous avions trouvé Milly comme nouveau prénom, Raïssa ne m’appelait plus que par celui-là. Et je portais un plug. J’ai commencé par quelques minutes, puis l’ai porté quelques heures. La sensation était excitante et me donnait envie de sodomie. Je me disais qu’au final, je pourrais en porter un quotidiennement pour jouir à chaque pas. Le plug bougeait en moi, les zones érogènes étaient stimulées. Quand je n’en portais pas, Raïssa m’avait conseillé de faire travailler mes muscles anaux, de les contracter, de les décontracter, régulièrement.
Je devenais Milly d’heure en heure. À l’époque, j’aimais seulement habiter des vêtements. J’aimais leur texture, le fait de me sentir belle. Or, depuis notre arrivée dans cette province mexicaine où le cartel de Villahermosa opérait un trafic de came sur plusieurs territoires, je devenais Milly.
Raïssa me proposait des plugs de différentes grosseurs, du plus petit au plus gros, pour que je m’habitue. J’utilisais beaucoup de lubrifiant, pour ne pas blesser ma peau. La veille de ma coupe de cheveux et de mon maquillage, elle m’en a offert un nouveau, qu’elle pouvait contrôler avec une appli de son téléphone. Les vibrations se propageaient et à l’occasion, je devais me retenir sur un meuble pour ne pas tomber. Pour la raison d’État, qu’est-ce que Raïssa me faisait faire !
Et de plus, elle se refusait à moi. J’ai supplié un soir qu’elle me suce comme elle le faisait si bien, mais encore, comme toujours, Raïssa m’a souri d’un air intriguant et m’a répondu :
Trois tenues différentes sont exposées sur le lit. Raïssa fume une clope dehors, sur la terrasse. Elle m’a coiffé. Maquillé. Je suis prête. Je suis prêt, je considère rester un homme. Qui se travestit en femme. Suis-je sur un chemin où j’accepterais une transformation hormonale pour me faire pousser des seins ? Peut-être. Mais pour l’heure, je n’ai pas de seins. Un soutien-gorge rembourré seulement – là où le bât blesse. Raïssa, en me parlant de sexytude, avait dit :
Pour ce rituel, je décide de mettre mes jambes en valeur. Des bas nylon auto fixant, noirs, me montant jusqu’à mi-cuisse et qui imitent à merveille une couture en dentelle. Une culotte noire aussi, un slip brésilien en tulle, avec de somptueuses arabesques brodées à l’avant et un petit bijou à l’arrière à la jonction de mes fesses à moitié découverte. Raïssa m’avait épilé là aussi, je n’y ai presque plus de poils. Mon pénis gonfle tandis que j’enfile ses sous-vêtements, mais il se maintient dans mon cache-sexe.
Le soutien-gorge est noir, aussi, aux bretelles satinées, extensibles. Recouverts de tulle brodé, les bonnets à coques rembourrées de mousse recentrent ma plate poitrine, mais laissent croire un décolleté possible. Devant le miroir, je me sens belle, et comme à chaque fois que je me travestis, je me questionne si j’ai tort d’en être heureux. Cette réflexion ne dure qu’un temps, car tout cela relève de l’apparence, du désir de camper la femme idéale. Je ne crois pas que mon fétichisme s’applique à mon identité, à ma transidentité. Je me donne un baiser soufflé de la main avec un petit sourire enjôleur et regarde les tenues conseillées par Raïssa.
Il y a une robe en organza, légère, agrémentée d’une encolure en V, d’un ourlet asymétrique et d’une magnifique dentelle. Elle semble décontractée et sophistiquée. Il me semble l’avoir déjà vu sur le corps de Jamila. Cette robe ne serait-elle pas un peu trop sexy, pour Milly ?
J’opte pour une jupe patineuse, à plis plats, ne m’obligeant pas à garder toujours les jambes serrées. Je m’y sens bien, et si je bouge en danseuse de ballet, elle virevolte. Elle tombe un peu au-dessus de mes genoux et je me reluque : j’ai de belles jambes dans cette toilette !
J’enfile un top à manches courtes, avec une encolure en V qui ne descend pas tout à fait jusqu’à mon faux décolleté, avec un design à fleurs subtiles. Toutefois, ma poitrine semble forte, avec ce haut !
Je m’admire dans le miroir : Milly existe vraiment, coiffée, maquillée, vêtue sexy sans être vulgaire. Pour ma première sortie à l’extérieur, depuis mes vingt années de travestissement, je serai confiant, et Milly fera détourner des regards, j’en suis certaine…
Certain. Certaine ?
Pour les chaussures, j’avais déjà choisi des boots zippés à talons moyens. Je pouvais aisément marcher sans perdre le contrôle, et elles complétaient mon style vestimentaire.
Avec des bracelets, un petit collier et des boucles d’oreilles à pince, une petite dose de parfum choisit par Raïssa : il est temps de sortir !
Après un nouveau baiser en direction du miroir qui me renvoit souriante, je rejoins Raïssa sur la terrasse de cette ville d’ailleurs. Elle se retourne à mon arrivée discrète dans la nuit, et elle me rediffuse la confiance que j’ai en ma nouvelle personnalité :
J’acquiesce en silence. Un groupe de musique plus bas dans la rue joue de la musique entraînante, avec une contrebasse dont le musicien claque les cordes comme une percussion. J’ai envie de danser. Raïssa me sourit :