n° 19263 | Fiche technique | 28364 caractères | 28364 5064 Temps de lecture estimé : 21 mn |
22/10/19 |
Résumé: Raïssa a élaboré un plan pour coincer un ennemi. Elle m'a tout expliqué. C'est à mon tour de jouer ! | ||||
Critères: #policier #bisexuel hh plage boitenuit hféminisé fellation hsodo | ||||
Auteur : Samir Erwan Envoi mini-message |
Épisode précédent | Série : Secret de mission Chapitre 03 / 03 | FIN de la série |
Dans l’épisode précédent :
Pour le bien de la mission, Raïssa a découvert mon secret de travestissement et a opéré une transformation chez moi. Je suis prête à retrouver Curtis !
Le vent chaud pénétrait sous ma robe à plis et caressait mon entrejambe. Je marchais d’un pas assuré vers le « Felipa », l’hôtel où Raïssa et moi logions qui n’était qu’à cinq cents mètres. Mes talons plats claquaient dans la nuit et les passants que je croisais me regardaient comme une femme allant en boîte. Tout était normal. La nuit était douce et au coin de la rue, la terrasse du Felipa était bondée.
L’ambiance était électronique sous les néons bleus et roses. Des corps gigotaient leur propre fin du monde en extase, ça sautillait et ça criait, ça folâtrait et ça proclamait : « Vous êtes mes meilleurs amis du monde ! » soit en espagnol, soit en anglais. Une drag queen aux cheveux bleus et au rouge à lèvres éclatant m’a fait signe de la main à mon entrée et je l’ai saluée en retour. Quatre hommes en cuir ou en slip de nylon se dandinaient, leurs bassins et leurs bouches tout près. J’ai vu des hommes – en étaient-ce ? – avec des harnais de bondage, d’autres vêtus de latex. Des femmes aux cheveux rasés m’ont remarqué m’avancer d’un pas lent, puis elles m‘ont ignoré retournant à leurs cigarettes et à leurs verres.
Il y avait des danseurs et des danseuses qui spiralaient autour de poteaux sur des estrades, il y avait des cages suspendues dans lesquelles des individus déguisés en chat dansaient sensuellement, les trois sexes confondus, il y en avait une odeur, humide, résistante, il y avait du stupre, on entendait des « Wooooh ! » soudain venus d’un groupe hilare.
Et il y en avait pour tous les goûts. Ça dansait dans tous les coins, torse nu, en jean déchiré, avec casquettes de policier ou perruques blondes. Me comparant aux autres participants de la soirée du Felipa, je ne m’étais pas habillé de manière excentrique, et je me suis maudit. Mais je faisais confiance à Raïssa : j’ai remarqué que je n’étais pas seul dans la situation, vêtu simplement en femme. Il y avait d’autres travestis. Et de ce fait, on m’acceptait dans ce groupe hétéroclite de LGBT queer, trans et autres identités sexuelles. Certains s’embrassaient, d’autres picolaient. Le DJ demandait si ça allait bien, la foule criait. Un groupe de jeunes gens faisait le petit train plein d’entrain.
Un air de carnaval. Estomaqué par l’ambiance, je me suis arrêté pour me situer, pour comprendre où j’étais et une sympathique folle est venu me toucher le bras pour me dire, de sa voix haut perchée :
Je suis allé au bar pour commander un verre de blanc. J’ai joué du coude tenant fermement mon sac à main, on m’a pincé une fesse, j’ai avancé, un vieux travelo trop maquillé m’a chuchoté :
Je lui ai souri et ai continué jusqu’au bar bardé de néons roses.
Il s’est retourné pour me servir, ses fesses dans son pantalon de cuir étaient découvertes, j’ai eu un choc qui s’est transmis jusqu’à mon entrejambe.
Le barman m’a pointé une alcôve et je m’y suis dirigé après avoir réglé. La drag queen aux cheveux bleus, voyant la direction que je prenais, m’a intercepté en m’embrassant sur la joue :
J’ai hoché la tête, intimidé mais ouvert. Certes, ce monde n’était pas mien, mais je me sentais chez moi.
Raul, l’intermédiaire pour cette mission illégale, car non documentée dans les fichiers de notre Service, à Raïssa et moi, était un homme d’une cinquantaine d’années, les portant bien, habillé d’un costume rouge et d’une chemise blanche. Je l’imaginais d’un type latino, mais il était noir et il arborait une fine moustache blanche, tout comme ses cheveux courts, blancs aussi. Il était bel homme. À ses côtés, une ravissante gazelle, tout aussi noire, vêtue d’une robe sexy à la Jamila, laissant voir de longues jambes. Raul discutait avec un homme, assis devant eux, le dos courbé, les mains jointes comme s’il implorait. La femme, plus jeune que Raul, a aperçu mon entrée dans leur « bureau » et a mis un terme à la rencontre, en gonflant ses seins :
Raul a fait un geste de la main qu’a compris Alonzo. Je me suis retrouvé seul devant le duo, indécis, puis j’ai souri, confiant de ma beauté androgyne.
D’un geste encore, Raul m’a invité à m‘asseoir. J’ai pris mon aise, j’ai croisé les jambes, j’aimais lorsque les bas de nylon se touchaient. J’ai avancé mon torse, m’appuyant sur un coude sur l’appui. Raul me regardait intrigué, la belle à ses côtés, plutôt avec dédain. Je n’ai pas perdu mon assurance malgré tout.
Raul a feint le surpris, la Black a soupiré.
Raul a baissé les yeux, s’est regardé les ongles. La femme, qui était d’une grande beauté, avec un corps félin et des cheveux tressés et longs, je l’ai vue se crisper la mâchoire et elle a aussi détourné le regard. La négociation s’engageait mal. Peut-être que Raïssa croyait à son plan, mais que l’engagement de Raul n’était pas gagné totalement. Ce dernier prit une respiration et m’a regardé :
Je n’ai rien perdu de ma superbe. J’ai souri en racoleuse et d’un air coquet, je me suis rebattu une mèche sur le front.
Raul a souri de ma répartie. La femme a éclaté d’un rire franc en rajoutant :
Je venais de gagner un point face à cette garce. Raul a continué, désolé :
J’ai eu du mal à cacher mon mécontentement, mais peut-être ai-je réussi.
Des corps emmêlés et endiablés. Des ombres dans le rouge des néons qui ne souhaitent qu’une chose seulement : ne pas mourir. Le Felipa était divisé en plusieurs parties : la grande salle où la majorité des participants aux soirées tournoyaient, puis la terrasse à l’extérieur, plus calme, mais bondée. L’alcôve où j’ai rencontré Raul et l’exquise Black donnait la possibilité d’entrer dans un autre club. Je n’y ai vu que la lumière diffusée différente, et une armoire à glace, noire aussi, devant la porte.
J’ai pris un nouveau verre en me faisait draguer par une transgenre qui m’a fait penser à Charlène. Allait-elle, ou est-elle déjà venue dans des endroits comme celui-ci ? Lors de notre rapide relation, nous avions discuté de beaucoup de sujets, mais pas de celui-ci.
Je me faisais belle dans un coin, le sac à main à l’épaule, regardant les gens danser et avoir du plaisir. Je maîtrisais mes gestes de femme, assise sur un tabouret, les jambes croisées en tenant compte de ma jupe. Pour la première fois que je sortais en public, en tant que Milly, je m’en sortais plutôt bien.
La comparse de Raul est venue me trouver, en se frayant un chemin entre les clients du Felipa. Elle était plus grande que moi, possédait des seins à réanimer l’espoir, et une taille qu’on pouvait tenir d’une main.
Nous nous sommes serré la main et Catalina a continué :
Premièrement, j’ai été surpris du rapide tutoiement, mais deuxièmement, Milly outrée a dit :
Catalina, du haut de sa grandeur, moi assis sur un tabouret, a penché sa tête et son regard noir. Son maquillage aux teintes de rouge était réussi :
Je l’ai fixé du regard ;
Puis elle est partie, certaine que je la suivrais. Ce que j’ai fait, sans hésiter, une bouffée de chaleur m’emparant tout le corps.
Dans ma bouche, le sexe est large. Il a un goût d’urine, mais la salive fait passer ce parfum. Je m’active doucement, une main sur les couilles, l’autre masturbant le membre avec délicatesse. Ma langue joue avec le prépuce et au fil des secondes, des minutes, je suis apte à ouvrir ma gorge, à le prendre plus profond. Le Briscard aime ce que je lui accorde. Je l’entends souffler alors que j’attise son désir, et il appuie une main sur ma tête, ébouriffant mes beaux cheveux, mais appréciant que je suive son mouvement.
J’ai beaucoup appris depuis trois ans. Depuis la mission de « 1000fleurs », où Raïssa m’a initié à la jouissance anale, et où Charlène m’a amené plus loin. Depuis Charlène, je n’ai sucé aucun pénis. Seulement des godes à ventouse. Je n’ai eu l’expérience que de celui de Charlène.
J’ai donc été surpris lorsque Catalina m’a fait traverser la porte menant au deuxième club du Felipa, et que l’armoire à glace noire m’a regardé d’un air : « Je te ferais bien, moi aussi… » pour me mener dans une petite chambre où attendait déjà le Briscard, en train d’astiquer son sexe en matant un porno.
Je me suis retourné vers Catalina qui, du menton et d’un sourire, m’a pointé le sexe du vieux. J’ai souri d’un air de coquine au Briscard, mais je me posais cent mille questions. Tu es en train de faire quoi ? revenait le plus souvent. Le Briscard m’a peloté les fesses, j’ai ri comme une fille facile, j’ai pris son sexe en bouche, et du coin de l’œil, j’ai vu Catalina s’installer pour nous observer. Se masturbait-elle en même temps ? je ne sais pas, mais la vue d’un homme, habillé en Milly – des bas noirs, une jupe à plis, un top à manches courtes moulant les faux seins – semblait l’émoustiller. À genoux entre les jambes du vieux, concentré à ma tâche, les yeux fermés pour bien sentir ce sexe entre mes lèvres, je suis content de porter une jupe ample et non serrée sur mon corps : il y a moins de chance qu’on remarque ma propre érection.
Le Briscard éjacule rapidement dans le fond de ma gorge. Je fais ma professionnelle et avale tout ce que je peux, léchant son sexe ensuite pour bien le nettoyer. J’ai bien appris avec Jamila et Raïssa.
Le Briscard me sourit lorsque je le regarde, et il me remercie en me donnant deux-trois petites tapes sur la joue. Je récupère mon sac à main, je joue mon rôle de Milly et souris, son sperme aux lèvres. Je viens de sucer un homme.
Catalina m’attend à la sortie et me chuchote : « Suis-moi », tandis que le Briscard remonte son pantalon, satisfait. La grande Catalina noire à la robe laissant apparaître son dos musclé et ses fesses proéminentes en cœur inversé s’engage dans un couloir à la lumière tamisée. On y entend des gémissements de baise, féminins ou masculins : « Au Felipa, on s’en fiche du genre » pourrait être un slogan. Sur une table basse dans le couloir, des bouteilles d’alcool et des verres à disposition. Je m’arrête pour me verser une gorgée de scotch, pour changer le goût sirupeux qui tapisse mon palais. Catalina m’attend, compréhensive, puis reprend sa marche. Nous dépassons plusieurs autres alcôves cachées par des rideaux rouges et sombres avant que Catalina ne s’arrête devant un.
Je la regarde, interdite. Elle continue :
Je ne sais comment réagir. Je fixe son regard, tentant de la provoquer :
Je prends sur moi et pense à Raïssa. Nous arrivons au but. Tout ce que tu as fait sera enfin réglé.
Curtis est typique de l’american dream : grand, blond, mince, ouvert, bronzé. Il est en compagnie de trois autres hommes lorsque Catalina et moi arrivons. Ils cessent de discuter et nous regardent comme des vicieux.
Curtis sourit en vidant son verre et accueille notre approche d’un geste large :
J’acquiesce de nouveau en m’approchant, en posant mon sac à main sur une chaise et en lissant ma jupe pour m’asseoir à ses côtés, jambes croisées. Sans autre préambule, Curtis appose une main conquérante sur ma cuisse et prononce à ses copains :
Deux des hommes se lèvent tandis que l’un d’entre eux m’examine, libidineux :
Catalina, les bras croisés autour de sa poitrine et la compressant, éclate de rire :
Ils parlent de moi comme d’une marchandise et la main chaude de Curtis gravite vers l’intérieur de ma cuisse. Honnêtement, je ne sais comment réagir, alors je plaisante en les remerciant et en me retournant vers Curtis, caressant son torse. L’homme salace, toujours assis, rajoute :
Cordialement, Catalina les invite à la suivre et elle referme le rideau en me lançant un clin d’œil moqueur. Salope. Finalement, rencontrer Curtis est si simple ? La mission arrive à son tournant !
Il remplit trois verres de scotch et nous invite à faire un toast. Brad se lève et tinte son verre avec les nôtres. En se rasseyant, il entame la conversation :
Ce dernier opine du chef, fier. Sa main baladeuse glisse sous ma jupe, subtilement, avance vers mon entrejambe. Je glousse sans faire mon effarouché et batifole :
Les deux hommes s’esclaffent alors que je me demande ce que je suis en train de dire. Jamais je ne pourrais finir la bouteille sans être en coma éthylique ! Et ces deux Américains ont des gabarits qui peuvent encaisser l’alcool beaucoup plus que moi ! Je ne bois presque exclusivement du vin blanc ! Curtis touche mon sous-vêtement, un doigt se faufile même dessous. Je décroise les jambes pour lui faciliter la tâche.
Je suis dans un état second. Je n’ai pas beaucoup bu depuis je suis entré au Felipa, mais l’ambiance, la musique, l’odeur, la lumière, les rencontres – la drag queen bleue, les hommes en cuir, Raul, la belle Catalina, le Briscard, ces deux hommes, Curtis et Brad – me font oublier toute résistance. Je joue mon rôle de Milly, Raïssa m’a bien appris. Milly est le fantasme de la femme que je souhaite idéale, celle que j’aimerais rencontrer, celle qui est dans cette alcôve pour faire tomber Curtis, le marchand d’armes. Et ce dernier touche fermement mon sexe.
Je le fixe d’un œil de séductrice et remonte doucement ma jupe pour dévoiler mes cuisses fines dissimulées par mes bas noirs, puis le slip brésilien cachant mon pénis coincé. Curtis me caresse la cuisse et m’embrasse dans le cou, je roucoule par ce baiser et Brad me fait signe de la main de continuer. De mes pouces joints, j’abaisse l’avant de ma culotte avec des arabesques brodées et démontre que je suis un véritable travesti. Je ne peux m’empêcher de faire coulisser ma queue dans ma main, la tension est forte, mais quelle situation étrange suis-je en train de vivre ?
Curtis semble tellement pris de folie en voyant ma bite qu’il se lève, dézippe et baisse son pantalon avant de se rasseoir en m’attirant à lui. Par le mouvement rapide, ma jupe cache à nouveau mon entrejambe et il s’empare de mes cheveux pour coller mon visage devant son sexe qu’il dévoile dans le même temps. Il veut en finir le plus vite possible. J’avale sa queue sans réfléchir et le pompe au rythme de sa main. Après un temps d’adaptation, de déglutition, de surprise d’avoir déjà son sexe en bouche, sans plus de cérémonie, alors que je joue de ma langue et aspire des joues, je me rends compte que quelque chose cloche. Sa queue est bonne. J’aime sucer. J’aimais sucer Charlène, j’aime sucer de nouvelles queues. Mais quelque chose cloche.
Ce sexe n’a pas de piercings. Raïssa m’a fait savoir qu’il portait une sorte de barbel droit traversant le gland « qui donne des orgasmes prostatiques intenses… » avait-elle soufflé. Je caresse son sexe, et ma main s’échappe vers la zone entre le scrotum et l’anus. « Curtis » soupire. Mais il n’y a pas d’anneau là non plus. À en croire Raïssa, ce ne serait pas la bonne cible…
La main de l’homme toujours dans mes cheveux courts, je jette un coup d’œil vers l’autre, « Bard » : celui-ci sourit, nous regardant. Une bosse déforme l’entrejambe de son pantalon. Que ferait la femme idéale, celle que je suis devenu pour ces deux hommes, que ferait Jamila pour être certaine de ne pas se tromper de cible ?
Je fais pivoter mon cou pour me soustraire de la pression derrière ma tête pour me tourner vers « Brad ». Les lèvres mouillées, les yeux perçants, je descends du divan pour me mettre à genoux, une main coulissant toujours sur le sexe de mon premier partenaire. Mon autre main invite « Brad », d’un index invitant, à venir nous rejoindre. Quelle salope tu fais, Milly ! Ce dernier éclate de rire, se lève et se dresse à la hauteur de mon visage. Les mains sur les hanches, il me regarde, dominateur. Je délaisse la queue de l’autre qui râle pour dévoiler ce nouveau sexe jaillissant du pantalon. J’inspire, Milly prend une bouffée d’air, je suis surpris par la rigidité et la largeur du pénis, Milly est surprise par l’effet qu’elle fait. Je touche du bout des doigts le piercing sur le gland. Ça y est. Je caresse ses testicules et mon doigt se faufile pour découvrir la guiche. Je déglutis. C’est lui. J’y vais. Je me jette sur ce sexe pour avoir du plaisir.
Le matin se lève sur cette ville de la province de Villahermosa, Mexique. Je boitille lentement vers l’hôtel où Raïssa et moi avions établi notre base. Un de mes bas noirs autofixants est descendu de ma cuisse et révèle un genou rouge, meurtri par la friction. L’autre bas est troué au genou. J’ai perdu mon beau slip brésilien, je suis nu sous ma jupe de patineuse à plis plats. Elle est tachée de substances visqueuses. Mon top à manches courtes est froissé. Je tiens le sac à main d’une main le long du corps fatigué. Je suis échevelé et mon maquillage fin a dû couler, je ne sais pas. Quelle nuit !
Quand j’ai quitté le Felipa, la drag queen était sur la terrasse et m’a zyeuté, intéressée. Je l’ai salué et il a hoché la tête, un sourire de connivence aux lèvres. Je n’ai recroisé ni Raul ni Catalina.
Auparavant, j’avais dû descendre un escalier sombre. Curtis logeait à l’étage. J’ai dépassé l’alcôve où je les avais rencontrés, « Bras et Curtis », avant de passer la porte du club privé où se tenait toujours l’armoire à glace noire. Il a reniflé à mon passage, je l’ai ignoré. J’ai continué à avancer.
Ce club privé avait un étage et Curtis et Bras y avons été, tôt dans la nuit…
J’arrive à l’hôtel en claudiquant, un goût de fer en bouche et passe par l’arrière pour me réfugier dans ma chambre. Personne n’a vu Milly entrer.
Sinon Raïssa, debout devant la fenêtre, inquiète, qui se retourne rapidement, ses cheveux noirs et mi-longs dans le vent, à mon arrivée. Elle se précipite vers moi, les yeux agités :
Je ne lui réponds pas, hoche la tête seulement, laisse tomber mon sac à main. M’avance dans le salon, épuisé. Raïssa tourne autour de moi comme une jouvencelle écervelée :
Elle ne semble pas avoir d’autres mots à la bouche, elle est belle, mais semble un peu conne, la nuit a été dure. Faut lui répondre…
Je hoche la tête tranquillement, la musique du Felipa toujours en tête, les coups de boutoir dans ma bouche et mon cul aussi. Raïssa est intéressée, elle me fixe, veut en savoir plus :
Son plan était simple et compliqué. Curtis aimait les travestis. Et nous devions le ficher. J’ai réussi au milieu de la nuit, quand j’ai pu récupérer le mini microémetteur magnétisé dans mon sac à main pour l’aimanter sur sa guiche, entre son scrotum et son anus.
Raïssa a souri, elle m’a prise dans ses bras, ce qu’elle avait bonne odeur ! J’avais envie de pleurer.
Plus tard, elle m’a démaquillé avec soin. Elle m’a lavé les cheveux dans un silence de circonstance. Je me suis lavé avec application. Aux toilettes, j’ai été soulagé, je n’ai pas saigné.
J’ai acquiescé, ne pouvais faire autrement, c’était étrangement vrai. Elle ne m’a posé plus de questions. J’ai presque dormi douze heures. Je me suis réveillé deux ou trois fois. Raïssa, son bras autour de ma taille, était allongée contre moi. Apaisée.
Quand Curtis a passé la frontière, notre Service est intervenu pour le récupérer. Avec la diffusion de quelques éléments de l’enquête menée il y a trois ans sur Jacob et Curtis, le Mexique nous a laissés l’interpeller sans faire de vague.
Raïssa venait d’avoir la confirmation de son arrestation à mon réveil. Et le cartel de Villahermosa a subi une nouvelle purge. Mais renaîtra de ses cendres probablement. La drogue arrive toujours à circuler.
Durant quelques jours, Raïssa et moi sommes restés dans la chambre ou sur la terrasse. Notre complicité revenait sans tracas, et nous n’évoquions plus la nuit du Felipa. Nous discutions d’état du monde, d’islamisme, de politique, de culture à travers les âges. Nous passions de longs temps à lire sans nous parler. Je n’avais aucune envie de sortir ; quand je me regardais dans le miroir, je remarquais mes sourcils épilés et mes cheveux coupés à la boyish. Avec mon long cou, je ressemblais facilement à Milly. Raïssa faisait les courses et nous apprenions, sans le stress du travail, à mieux nous connaître. Un matin, torse nu, touchant mes sourcils d’un doigt :
En effet, ces fins sourcils me donnaient véritablement un air féminin. Depuis le lendemain de la nuit du Felipa, Raïssa par contre me nommait par mon prénom masculin. Elle venait tout juste de recevoir un appel téléphonique et est venue me rejoindre devant le miroir :
J’ai rigolé, tenté par l’expérience. Personne ne me connaissait, en effet. Avant midi, Raïssa m’avait enlevé quelques poils forts sur mon torse et mon ventre, m’avait de nouveau épilé les jambes. Après m’avoir finement maquillé, elle m’a montré un bikini noir qu’elle s’était déjà procuré pour Milly. Elle était belle, dans le miroir, la femme que je pouvais devenir, avec un haut rembourré et à armature. Toutefois, il était difficile de cacher mon sexe, dans ce maillot dégagé à taille haute. Raïssa m’a donc entouré d’un paréo long de plage, pouvant laisser découvrir une cuisse.
Nous avons pris une voiture qu’elle avait louée et nous sommes retrouvés étendus, lascives, côte à côte, sur le sable, lunettes fumées, crème solaire et bouquins à la main. Quelques marcheurs de plage nous reluquaient sans discrétion. Raïssa souriait de ces attentions à mon égard, moi aussi. Je pouvais vraiment me transformer en Milly. Le bruit des vagues m’apaisait, le soleil chauffait fort et mon corps à demi nu ressentait ses bienfaits.
Couché sur le ventre, après avoir lu vingt pages d’un polar de Maud Tabachnik, un homme s’est assis à côté de Raïssa. Derrière mes lunettes fumées, j’ai regardé furtivement : petit, corpulent au tour de taille, une large calvitie au-dessus de la tête. Il portait un t-shirt blanc et il suait, bougeait avec peine, comme si les articulations de ses genoux ne pouvaient plier. Tout de même, son visage fixant la mer était affable, ses yeux vifs :
Raïssa, couchée sur le dos, une cuisse à moitié relevée, a hoché la tête sans répondre, les yeux dans son livre.
C’était Richard ! le chef secret des opérations lors de la mission « 1000fleurs » ! Moment de panique, il allait me reconnaître ! Raïssa s’est amusée de son compliment, ne levant pas le nez de son roman.
Elle a tourné la tête vers moi : à son sourire, j’ai bien vu que la situation la divertissait. Dans les miroirs de nos lunettes fumées, nos yeux se sont croisés et j’aurais voulu lui crier : « Qu’est-ce que tu fais ! » Mais avec une vitesse alanguie par le soleil, Raïssa a rallié son livre et a prononcé mon nom masculin :
Je me suis appuyé sur le coude, braquant mon regard sur son corps si beau.
J’ai levé mon regard vers Richard, ai hoché la tête, lui ai dit bonjour du bout des lèvres, et me suis caché dans le livre ouvert.
J’ai relevé la tête, Richard louchait sur mon corps, s’attardait sur mes fesses sous mon paréo :
Il a expulsé un long soupir de désir en regardant la mer, comme un homme qui ne trouve pas d’âme sœur et qui périclite. Comme un homme investi à son travail sans aucun temps pour rencontrer quelqu’un qui l’aime. Ou comme un homme qui n’a pas fait l’amour depuis longtemps.
Je lui ai fait un signe à la Milly, aguicheur du bout des doigts, et Richard a peiné à se relever avant de partir sans rien rajouter. Raïssa continuait à lire, un sourire aux lèvres. Moi je n’y arrivais pas. De longues secondes de silence se sont succédé avant que je n’explose :
Raïssa a hoché la tête, sans plus.
Elle a abandonné son roman dans le sable et a roulé vers moi, ses cheveux glissant sur son épaule. Elle a enlevé ses lunettes et j’ai trouvé – encore et encore ! – qu’elle était tellement belle ! Un visage fin, un nez pointu, une peau hâlée, des cheveux noirs et fous, des lèvres parfaitement dessinées :
J’ai renoncé à argumenter. Raïssa s’est levée, ses cuisses étaient longues et musclées, son ventre plat, ses hanches arrondies sous une taille fine, et ses seins bondissaient sous son maillot. Elle a joué avec ses cheveux avant d’annoncer :
Elle a donc couru vers la mer, j’ai regardé ses fesses rondes, hautes, athlétiques, partir vers deux hommes virils se baladant sur le sable au loin. Raïssa a fait exprès pour les heurter. Elle s’est excusée en riant, puis a pointé en ma direction. Elle est repartie vers les vagues de la mer tandis que les deux hommes, plutôt mignons, se sont mis à marcher en ma direction, sourires aux lèvres. Raïssa s’ébouriffait dans l’eau.