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Temps de lecture estimé : 26 mn
09/12/19
Résumé:  Un jeune veuf se retrouve avec un nouveau-né sur les bras alors qu'une jeune fille célibataire vient d'accoucher.
Critères:  #exercice fh hplusag amour voir
Auteur : Vopicek  (une petite histoire sans trop d'affaires)            Envoi mini-message

Série : Aïcha

Chapitre 01 / 05
Aïcha

Le drame


Hier était une journée noire avec un éclair éblouissant, je venais de perdre ma femme en couches à la suite de circonstances défavorables successives, mais un petit bout de choux était arrivé.

Plus en détail, il y a une dizaine de jours, on se présente à la maternité, le travail est déjà pas mal avancé. Là un médecin, dont probablement la mère avait dû fricoter avec un ours, nous fait le coup de l’examen et de la piqûre pour soulager les douleurs. Les contractions se calment et nous pouvons retourner à la maison.


Manque de bol, j’étais en période militaire et ma perm’ finissait ce soir, je dois rentrer au campement. Je laisse ma douce avec son gros ventre à la limite de l’accouchement avec une copine pour l’aider.

Le lendemain, je suis convoqué par le capitaine qui m’annonce radieux que je viens d’être père et qu’il me donne les congés nécessaires, comme c’était un cours de répétition qui se terminait dans la semaine, il m’a donné comme consigne de déposer mon barda et m’a signé ma sortie. Il faut dire que c’était le premier commandant de compagnie avec qui je m’entendais à merveille.


En rentrant à la maison, je saute à la maternité où j’ai le plaisir de voir mon épouse et mon bout de choux, tout nouveau. Je remarque que mon bébé a des marques bleues sur le haut des épaules.



C’est là où j’ai appris que l’on avait administré une piqûre pour désamorcer le travail.

Deux jours plus tard, en rentrant je vois ma femme pâle, j’appelle l’ambulance et en toute hâte elle est amenée aux urgences où ils ne peuvent que constater le décès à cause d’une septicémie foudroyante d’origine vaginale.


Je me sens complètement abattu quand tout d’un coup je réalise que j’ai un bébé à la maison et que je ne peux pas me laisser aller. Je demande du secours et là je tombe sur une sage-femme qui avait également un rôle de puéricultrice, elle avait du lait humain en réserve et elle m’accompagne avec tout un petit matériel, elle m’assiste du mieux qu’elle peut, mais elle ne peut rester longtemps, cependant, elle m’annonce qu’en même temps que mon épouse, il y avait une fille-mère afghane qui a accouché en même temps et elle avait beaucoup de lait. Elle allait voir si elle ne pouvait pas m’aider et également cette jeune fille par la même occasion. Nécessité fait loi, les lois de Dieu sont vraiment souvent impénétrables, pour mettre une jeune fille étrangère dont le pays d’origine ne badine pas avec les femmes, dans le rôle de nourrice.





La nourrice.


Le lendemain matin, je vois à nouveau la puéricultrice qui s’annonce avec une jeune fille et un bébé en bas de l’immeuble, j’ouvre la porte et les invite à monter jusqu’à mon appartement.

Ouah  ! Elle est super, une très belle fille élancée, le visage franc et des yeux à se perdre dedans, on ne dirait pas qu’elle relève de couche et surtout il semble qu’elle a de quoi nourrir une tribu. Madame fait les présentations et réexplique la situation  :



Là, la puéricultrice lui conseille d’accepter ce poste, mais surtout, vu que dans les rangs des Afghans, il y en a qui sont très peu recommandables et qu’elle est fragile, d’éviter de sortir et de se faire remarquer.



C’est à ce moment-là qu’Ali se manifeste, réclamant son lait, je lui indique la chambre pour qu’elle puisse le nourrir et là, la puéricultrice, fouillant dans les affaires de mon épouse décédée, trouve des linges et tout ce qu’il faut pour le changer. Je les laisse s’installer pour qu’il puisse avoir son dû.

Mais par mimétisme, Aurore, ma fille se réveille bruyamment avec un petit creux, réclamant aussi d’avoir son repas.

La prenant dans mes bras, je me permets de frapper à la porte pour leur donner le deuxième bébé, la puéricultrice me prend l’enfant des bras et en se tournant, sans s’en rendre compte, elle me permet de voir l’allaitement d’Ali.


Je suis saisi d’une émotion en pensant que cela aurait dû être ma Marie qui aurait dû être là. Les larmes giclent de mes yeux et je m’en retourne bouleversé dans le living.

Une fois les deux enfants nourris, changés et recouchés, la puéricultrice m’aide à installer Aïcha, puis s’en va en disant qu’elle reviendra demain. Je me retrouve seul avec cette très belle femme et je commence à lui expliquer comment je vois la situation.



Le lendemain, la puéricultrice s’amène avec une autre dame, assistante sociale.

Là, celle-ci commence à inspecter si l’appartement convient, elle fait une remarque que la porte de la chambre de la nourrice doit avoir une serrure et une clé et qu’il devrait y avoir deux toilettes. Heureusement que la puéricultrice s’en mêle, sinon je crois que j’aurai pété un plomb.



Là, elle s’avance vraiment, car elle ne me connaît pas du tout, mais c’est vrai que je jouis d’une bonne réputation. À ce moment-là, je me permets d’avancer ma proposition de rétribution.





On s’organise


On vient de fêter les trois mois des bambins, Aïcha est resplendissante et paraît très heureuse, elle s’est très bien moulé dans le rôle de mère de substitution. Aujourd’hui, j’ai pris un jour de congé pour marquer cet anniversaire, j’ai pris soin d’acheter une petite délicatesse d’origine afghane, halal évidemment, chez le traiteur juif du coin.

Nous sommes assis sur le canapé du salon avec une tasse de thé noir.

Elle me dit, normalement, c’est aujourd’hui que devrait se pratiquer la circoncision d’Ali.

Je lui réponds qu’il n’y a rien qui presse et je n’ai guère confiance dans les imams installés ici, peut-être sont-ils en majorité bons, mais suffit de tomber sur le mauvais et sa vie, la mienne et celle de nos enfants sont en danger et que je ne crois pas que ce soit une catastrophe de repousser l’échéance à plus tard.



Sur cette déclaration, je vois ses beaux yeux s’humidifier et les larmes jaillirent.

Je pose ma tasse et ma brioche et je me permets de la prendre dans mes bras en la serrant fort contre moi.



Sur ce, elle se colla contre moi et m’embrassa dans le cou. Ce fut un électrochoc, je ne m’y attendais pas. Très ému, je la serrai encore plus fort contre moi et je sentais sa poitrine, oppressée par l’émotion s’appuyer contre la mienne. C’était vraiment divinement délicieux. Le parfum de ses cheveux longs tillait mes narines.



Simultanément, elle me regarde de ses beaux yeux noirs et elle me dit  :



C’est à ce moment que nos rejetons, ne voulant pas être mis sur le côté, manifestent violemment. C’est l’heure de la tétée, discrètement je m’éloigne pour lui laisser le champ libre pour s’en occuper.



Sans attendre, elle dégrafe son corsage et abaisse son soutien-gorge me présentant ses deux seins d’albâtre et elle place ses deux nourrissons un sur chaque sein. Je suis fasciné par le spectacle et à mon tour mes yeux se remplissent de larmes en pensant à Marie.



C’est alors qu’Ali qui s’était un peu débraillé arrose tout autour. Sans autre manière, je le prends et m’applique à le changer pendant qu’elle termine de nourrir ma fille. Un peu de talc et pour ses fesses rouges de la pâte de zinc, une couche en papier et le tour est joué, j’ai fini avant que ma fille finisse ses rôts et finalement je fais de même avec Ali en le mettant sur mon épaule en lui chantant « Frère Jacques, frère Jacques… »


Aïcha me regarde, tout étonnée que je m’occupe de son bébé. Elle n’imagine pas qu’un homme puisse le faire, dans la société afghane, c’est se déconsidérer qu’un homme joue à la nounou. Son regard est si plein de douceur que j’en suis presque gêné. Le lendemain, je rapporte à la maison du travail pour être sur place, on s’est arrangé avec mes partenaires et le travail que je peux réaliser à la maison, je ne vais pas me déplacer au bureau.


Je m’installe à ma table de travail et étale un plan avec un ferraillage assez compliqué à réaliser, des nappes qui s’entrecroisent et la précontrainte qui doit encore passer à travers, je n’arrive pas à trouver le bon ordre de mise en place et dans ces cas-là, il vaut mieux donner la marche à suivre pour disposer les armatures, car sinon, c’est soit il en manque une partie avec l’excuse qu’on n’est pas arrivé à la placer soit on coupe quelques-unes pour s’en sortir.


Aïcha me regarde amusée, me débattre avec ces schémas, puis me dit  :



Surprise, oh surprise  ! Et elle me démontre sans problème la suite logique de pose, tellement logique que je me demande comment je n’y ai pas pensé.





L’engagement


Le lendemain au bureau, lors de la pause de dix heures entre les associés, je leur annonce ma trouvaille, enfin si on peut l’appeler ainsi.



C’est quelques jours plus tard, alors que j’émergeais d’un demi-sommeil qui m’avait apporté la solution d’un problème de voilement de plaque pour un concours de pont  ; encore dans mes cogitations, je rentre dans la salle de bain et d’un coup, je me réveille totalement. Aïcha est sous la douche, magnifique statue  ; sa poitrine sans soutien-gorge d’allaitement, son ventre plat, son buisson d’encre cachant son intimité, ses jambes fuselées.



Et un peu honteux, je retourne à la cuisine pour préparer le café. Sans commentaire, naturellement elle vient s’asseoir pour déjeuner. Un peu gêné, je m’excuse de mon intrusion en lui expliquant que je n’étais pas bien réveillé, un problème avec le concours que nous faisons m’ayant prit l’esprit au réveil.



Le lendemain, j’ai fait bien attention de me lever en premier pour occuper la douche afin de ne pas faire un nouvel impair  ; alors que sous la douche je clamais « O sole mio stanfronte a te O sole, O sole mio Stanfronte… », Aïcha ouvrit la porte à son tour, avec un sourire à la bouche.



En me regardant fixement de manière un peu coquine, peu pressée de quitter la salle de bain. Après avoir fait mes ablutions, je m’apprête à aller déjeuner sans commentaire, elle avec un petit sourire  :



Aujourd’hui, je vais faire un tour au bureau pour mettre la dernière main à notre projet et apporter les calques mis au net d’Aïcha. La finesse du dessin et la qualité en jettent, et certains qui étaient un peu opposés font petite mine.



De retour à la maison, je prends Aïcha pour faire le tour des boutiques et un supermarché. Elle a vraiment un goût très sûr. De retour, je vois qu’elle déballe des serviettes hygiéniques. Tiens, les Anglais sont de retour  ? me dis-je.




Le Bal des électriciens.


Elle est resplendissante, d’une élégance folle, je crois que je vais tomber réellement amoureux de cette beauté. Marie est un peu oubliée depuis le temps. Toute mon équipe est là, je lis dans les regards, plus d’un chargé d’envie à mon égard et cela va du compliment à presque de la flagornerie. Vraiment, je me constate que dans le cochon tout est bon, pour arriver à son but. Par contre, ils ne devraient pas oublier qu’elle a été élevée halal. On commence doucement avec des danses classiques où je ne me débrouille pas trop mal et arrive la valse, ma danse préférée  ; là je me débrouille plutôt bien. Je guide ma cavalière avec sûreté et maîtrise.


Mais tout à une fin, voilà qu’arrivent les danses modernes pour ne pas dire sportives, c’est pas pour moi, je me suis arrêté à la rumba et le paso doble. Zouk, jerck et autres me sont vraiment étrangers, je me sens un petit coup de vieux. Les jeunes remarquant mon manque d’entrain d’enchaîner sur du sportif en profitent pour me la soustraire. Elle se débrouille vraiment bien, à croire qu’entre deux salamalecs il y avait une vie. Peut-être qu’elle avait fait de la danse  ? Il faudra que je lui demande.

Ouille le drame  ! Je vois un grand noir, le cul par terre ouvrant des gros yeux horrifiés et se tenant le pantalon. Il m’a bien semblé entendre un peu d’agitation, je vois mon Aïcha qui arrive tout énervée et furieuse  :



Je me renseigne un peu sur ce qui est arrivé. Mamadou a eu une conduite inconvenante et la baffe et le coup de pied mal placé l’ont mis pratiquement KO. Il ne faut pas la chatouiller où il ne faut pas.



Sur ce, Aïcha arrive à la table  :



Étienne, l’apprenti  :



Sur un ton un peu plus gêné, le professeur de matériaux  :



Finalement l’ambiance est plombée, Mamadou est toujours au sol se tordant de douleur, les mains enfouies entre ses cuisses. Je me dirige vers lui et lui demande s’il faut faire venir l’ambulance.



Péniblement il se remet debout et vient s’excuser de son comportement.



C’est reparti avec la musique et c’est un blues et là pour la détendre et la calmer, je l’invite à venir danser. Je vois bien qu’elle n’est pas trop enchantée, mais finalement elle se décide et après quelques pas elle vient se coller contre moi, très chatte.



Vraiment, il y a des choses qu’il est impossible de refuser, elle se serre encore plus contre moi et le baiser, digne des meilleurs films d’Hollywood, crée un état voisin de l’indécence au niveau de mon pantalon, la futée, elle s’acharne sur cette partie de mon corps qui se comporte de manière inconvenante en public. Je sens que je vais avoir de la peine à retourner à table. On continue à s’embrasser à se frotter l’un contre l’autre, on joue même les prolongations et on évite de justesse les tirs au but.





Dénouement



De retour au bercail, après une bonne douche réparatrice que nous partageons. Elle se dirige vers sa chambre.



Quand elle arriva en déshabillé…


Cette nuit, j’ai oublié Marie, la différence d’âge, tout et je crois qu’elle aussi. Elle m’a avoué qu’elle était tombée amoureuse très rapidement, mais qu’elle ne savait comment faire pour que ce soit réciproque.

Le lendemain, je me suis précipité chez un joaillier et lui ai acheté une bague de fiançailles.



Deux jours après, à peine remis de nos émotions, voilà que Fleurop frappe à la porte avec un magnifique bouquet de roses et une carte  :

« Pour me faire pardonner. Mamadou »

Là, il y va fort le Mamadou en question. Enfin, je sais que même si son pays est un des plus pauvres, il y en a quelques-uns qui ne sont pas à plaindre.


Rouge de plaisir, Aïcha est sensible à cette marque de politesse, mais moi, je ne sais si c’est la jalousie, mais je n’apprécie vraiment pas. Enfin on verra bien.

Le bouquet de roses trouve vite le vase qui convient et il trône au milieu du salon. J’espère qu’il sera bientôt fané. Il faut dire que je me sens un peu en faute, je ne lui ai jamais offert de fleurs et encore moins de roses, alors qu’elle m’a offert la sienne. Ce n’est pas que je veuille copier Jacques Brel en pensant que les fleurs sont périssables, mais quand même un peu, c’est pas trop dans mes habitudes.

Comment a-t-il fait pour connaître notre adresse  ? Cela ne me plaît pas. Bon, c’est vrai que je ne suis pas un illustre inconnu.

Pour le mariage, je ne sais comment faire avec sa famille. Je lui pose la question si on fait venir des membres de sa famille.



Quinze jours après, on a la réponse, c’est à vingt qu’ils veulent venir et ils ne précisent pas la durée. J’y vois un petit problème, le logement, à la rigueur, mais cela va faire un certain trou dans le budget, mais supportable, par contre pour la durée, il faut que je voie avec la police des étrangers. Je m’en ouvre à Aïcha  :



Ce fut fait et finalement on s’est limité à quinze jours et leur laissant un peu de temps pour faire du tourisme.

L’arrivée de la tribu Alkabir à Genève-Cointrin ne passa pas inaperçue. Pour simplifier, j’avais loué un petit autobus, ce qui nous a permis d’arriver rapidement au village où je m’étais arrangé avec le syndic pour avoir les locaux qu’ils mettent d’habitude à disposition pour les cours de répétition.



Aïcha fait la traduction en Dari. Là, le chef de la tribu, le père d’Aïcha, Arian, s’exprime en anglais  :



Les laissant visiter, je rentre à la maison avec Arian et Aïcha.



Alors je lui résume notre vie depuis notre rencontre  :



Le mariage est prévu dans une semaine, rendez-vous pris avec l’officier d’état civil et le professeur nous a promis de faire le nécessaire si Aïcha peut l’aider éventuellement, car il n’est pas trop habitué aux termes administratifs afghans, mais le tampon de la faculté devrait être suffisant.


Entre-temps, nos quinze invités sillonnent le pays avec le car que j’ai loué à cette occasion. Aïcha fait la guide. Chillon, le Chablais, les Diablerets, la télécabine du glacier, l’Abbaye de St-Maurice, Les gorges de l’Orbe, les vignes de Neuchâtel et le milieu horloger de la Vallée de Joux, Genève avec son jet d’eau. Le soir, ils rentrent heureux, mais harassés de kilomètres et de visites.


Enfin le grand jour arrive et c’est la cérémonie civile du mariage, il n’y en aura pas de religieuse, Tant Aïcha que moi, nous n’y étions pas attachés et même son père aurait eu de la peine à trouver un prêtre et une église de Zoroastre.


Ça y est, on est uni pour le meilleur et j’espère que le pire n’arrivera pas.

J’ai loué pour l’occasion un chalet dans les contreforts du Jura et là on a fait le banquet, le traiteur a accepté de nous louer un cuisinier pour faire les méchouis. Tout se passe bien et nos deux bambins font l’attention de tous les participants.


Pendant la semaine, la mère d’Aïcha lui demande si elle ne pourrait pas rester pour s’occuper un peu de son petit-fils et du mien par la même occasion, Arian étant d’accord.

Après visite à la police des étrangers, la demande fut bien accueillie, il faut dire qu’il y a peu de chance qu’elle pose problème. Je vois mon Aïcha dans une vingtaine d’années et je trouve que ce sera super.