Une Histoire sur http://revebebe.free.fr/
n° 19476Fiche technique9688 caractères9688
Temps de lecture estimé : 6 mn
02/03/20
corrigé 05/06/21
Résumé:  Écrit pour une amie sur tumblr. Ai-je bien illustré votre fantasme ?
Critères:  fh ff jeunes cérébral exhib hgode jouet poésie historique -poésie
Auteur : Calpurnia            Envoi mini-message
Jardin de chair au crépuscule

Chère et douce amie, je voudrais vous offrir un jardin, tout un Éden, rien que pour vous. Comme la dernière fois ⁽¹⁾, l’action se déroulerait à l’époque de la Rome antique où l’on pouvait se procurer ce qui mène aujourd’hui en prison : des esclaves ! Non, ne pâlissez pas : il n’est pas question de maltraiter quiconque – je sais bien que vous n’êtes pas adepte du maniement du fouet – mais au contraire de les aduler pour leurs corps juvéniles de garçons captifs et merveilleusement beaux. Je vous en exhiberais à profusion, capturés lors d’une campagne victorieuse contre les peuples dits « barbares » et ramenés couverts de chaînes dans la capitale de l’Empire.


Étonnée, vous déambulez dans les allées. Vous aimez cette fleur sacrée, je le sais, d’un amour proche de la vénération. Elle est douce, chaude et humide, elle palpite dans la main lorsque vous la prenez délicatement. Il soupire d’aise tout en se laissant manipuler. Puis vous passez à un autre, puis encore un autre. Ils sont alignés, tous dans la même pose immobile afin me mettre en valeur ces anatomies qui vous émerveillent.


Vous souvenez-vous quand, petite fille, vous folâtriez pieds nus dans un pré, vous cueilliez des pâquerettes, des coquelicots et des fleurs de pissenlit, parfois, par chance, une jonquille ou une orchidée sauvage, avant de disperser aux vents votre éphémère bouquet, insouciante, dans un rire si haut perché que les cieux se fendaient en deux pour l’accueillir ? Vous rappelez-vous combien ces parfums vous enivraient ? Aujourd’hui, je vous promets que vous retrouverez ce bonheur si léger, et puisque vous avez grandi, dans une version plus libertine.


Vous, Sophie, fraîche et parfumée dans le crépuscule de l’été romain, vêtue d’une longue robe bleue au tissu très fin qui vous enveloppe et met en valeur, magnifiquement, vos formes féminines, vous déambulez dans votre présent, un enclos dont les inflorescences sont de chair vivante. Il s’agit d’un bouquet humain que j’ai voulu bien agencé et agréable à l’œil, avec une variété d’ethnies disposées avec soin : les Africains côtoient les Nordiques, les Orientaux voisinent les Celtes, et tous ces peuples forment un assemblage harmonieux, comme dans un parfum sophistiqué, mélange les essences raffinées pour faire tourner les têtes. Le soleil met en valeur les épidermes en une alliance multicolore bien ordonnée. Dans sa diversité, le monde devrait ressembler à ce jardin de paix. Ce serait le cas s’il était à la mesure de votre cœur de feu.


Tous ont reçu l’ordre formel de ne pas bouger, quoi qu’il advienne. S’ils veulent soulager leur vessie, ils peuvent le faire sur place, à condition de toujours s’abstenir de tout mouvement. L’herbe, les rosiers et les autres fleurs, cette fois-ci végétales, sont arrosés ainsi. Certains se tiennent debout une jambe, comme des coureurs immobiles sur un stade imaginaire ; d’autres sont assis ou couchés sur le dos, ou bien debout sur leurs deux pieds enracinés dans le sol. Ils se taisent. Seuls, le gazouillement des oiseaux et le souffle chaud du sirocco qui dépeignent votre chevelure libre perturbent le silence.


Bien entendu, il ne saurait être question de pagnes et cache-sexes : quitte à brimer leur pudeur, tous sont nus complètement, les pubis et les torses rasés de près pour ceux qui avaient une tendance à l’hirsutisme, mais la plupart sont trop jeunes pour nécessiter l’intervention du rasoir. Les peaux abondamment huilées comme celles des gladiateurs brillent sous le soleil ; ils en deviennent eux-mêmes de petits phébus rayonnants. Sans arrêt, ils sourient, à vous et à l’Univers tout entier. Aucune fleur au monde ne refuse cette grâce à qui veut l’admirer : le chant muet des lèvres et des pommettes, ainsi qu’une corolle de pétales colorés de toutes les nuances de rose.


Au hasard, vous prenez en main l’une de ces verges levées en votre honneur. Car l’érection fait partie de la tenue de rigueur. Quelques-uns, dont un Libyen à la peau d’ébène et musclé comme un Hercule, sont membrés comme des faunes et s’exhibent avec complaisance, mais la plupart possèdent d’élégants zizis d’éphèbes aux formes bien proportionnées. Le gland décalotté, vêtu de son pourpre d’apparat, vous adresse également le sourire de son méat vertical. Vous palpez avec curiosité, émue par toutes ces virilités. Vos doigts en sont humectés de rosée du désir. Quelle merveille ! Au contact de cette quintessence génitale, vous sentez un doux spasme agiter votre ventre. Mais vous lâchez l’ornement pour vous intéresser à celui, un pas plus loin, d’un autre garçon dont l’aspect vous attire.


Celui-ci est fluet, gracile comme une jeune fille, et son regard très doux trahit l’innocence de ceux qui n’ont pas encore connu les cruautés de la vie, malgré sa condition d’esclave. Se dévêtir devant le regard des autres a représenté pour lui une épreuve difficile pour sa timidité. Oh, vous la voulez tout de suite dans vos bras, cette statue vivante qui respire et dont le cœur bat fort à votre approche ! Son cœur justement, votre intuition vous souffle qu’il vous l’offre sans hésitation. Son sexe, horizontal à la racine, se recourbe en arc de cercle vers le ciel, il contemple les dieux, il implore muettement Vénus d’un moment câlin en votre compagnie. Peut-être dans votre bouche, pour se répandre en plusieurs jets de son flot de sève parfumée ? Lui accorderez-vous la faveur de vos baisers, les vrillements de votre langue agile ?


Ici, toute indécence vous est permise, nul ne vous jugera, surtout pas moi qui vous observe dans l’ombre avec bienveillance. Vous avez la possibilité de réaliser vos fantasmes, ici et maintenant. Les voulez-vous tous en même temps, en une orgie telle qu’en vos fêtes bacchanales ? Non : les pulsions brutales de la chair ne sont pas pour ce soir, et c’est en gastronome avertie que vous souhaitez consommer votre jardin, tout en sensualité, pas en goinfrerie sexuelle.


Pour que le tableau soit parfait, et puisque vous vous assumez bisexuelle, j’y ajoute quelques filles, parmi les plus jolies de celles que j’ai pu trouver au marché. Non pas des jeunes femmes que leurs familles ont mariées de force et dont le corps est déjà déformé par des maternités survenues trop tôt, dans la fleur de l’âge. Celles que vous voyez, de haute condition dans leurs contrées d’origine, ont été élevées dans l’amour et la chasteté. Leurs grands yeux brillants n’expriment que l’espoir d’une vie meilleure sous l’égide d’une douce maîtresse. Elles sont angéliques et emplies de douceur. Leur hymen est intact et à peine un léger buisson pileux recouvre leurs pubis de vierges. Même si le système romain ne leur demande pas leur avis, la plupart d’entre elles éprouvent une préférence lesbienne, du moins je le crois. En fait, elles n’attendent que vos bras. Lorsque vous approchez d’elles, les petites vulves câlines s’humidifient de l’envie de vous enlacer.


D’autres de ces demoiselles ont connu des moments difficiles avant d’appartenir à ce jardin. À grand prix, j’en ai arraché certaines des lupanars sordides que Subure, le quartier chaud de Rome, couve dans son ventre purulent de miasmes et de débauche. Enchaînées dans leur cellule, mises à l’abattage à des tarifs dérisoires, elles étaient livrées au rut implacable de la soldatesque et des hommes au désir féroce dont les phallus déchargeaient jour et nuit leur fleuve de misère. Avant que je les achète, elles craignaient plus que tout d’être acquises par un nouveau maître encore plus brutal qui, sans état d’âme, abuserait de leur vénusté d’une manière grossière.


Mais leurs craintes sont vaines : rien de tout cela n’arrivera avec vous comme maîtresse de maison. Si vous le souhaitez, revêtez votre gode-ceinture et prenez délicatement la virginité comme on cueille un fruit sucré – un fruit sacré – dans le verger de la grâce. Elles découvriront alors la joie de vos douceurs saphiques et vous leur ferez découvrir la jouissance de leur fente nouvellement ouverte, des seins pelotés jusqu’à l’orgasme mammaire, du clitoris chatouillé à en mourir de volupté. Les garçons non plus, même ceux qui sont puceaux, n’éprouveront aucune réticence à ce que vous glissiez votre tige artificielle à l’intérieur de leur conduit anal, afin que leur prostate stimulée, associée à l’action simultanée de votre main sur leur pénis, provoque l’explosion de leur extase humide. Tous et toutes sont là pour votre ravissement.


La soirée allonge doucement les ombres sur ce clos luxurieux, sans que vous ayez accordé votre préférence à l’un ou l’autre de ces joyaux humains. Aucun d’eux ne dépare – j’y ai veillé – et tous méritent le bonheur de vos faveurs féminines. Vous vous contentez de les peloter avec vos mains légères. Peut-être que la nuit, en atténuant la touffeur méditerranéenne, saura vous décider quel partenaire étreindre, sous la rondeur de la lune ?



______________________________________________


⁽¹⁾ Le cadeau, publié le 4 décembre 2019.