Je ne déteste pas le thème du mariage arrangé entre deux personnes qui ne se connaissent pas, ainsi que l’histoire avec un grand H.
Voici un nouveau récit qui conjugue les deux.
Bonne lecture… :)
Présentation
Le carrosse vient de s’arrêter devant le grand escalier. Aidée par ma tante et chaperon, je descends, ma fine chaussure fait crisser les cailloux. Une foule de nobles m’entoure, me scrutant sous toutes les coutures, ce qui est assez désagréable à subir, mais étant la future femme du frère cadet de l’Empereur, je n’ai guère le choix, je fais donc bonne figure. Tout comme je n’ai guère eu le choix de mon époux. Tout juste ai-je pu en voir le portrait, sans doute flatté.
Le pesant protocole exige que j’aille seule jusqu’au grand escalier où m’attend mon promis. Je le reconnais assez vite, il ressemble plutôt à son portrait, ce qui est plutôt bon signe. Son visage est impassible, mais à un moment, je crois deviner une expression plus sereine et détendue.
Alors que je suis à environ cinquante pas de lui, le frère de l’Empereur se penche sur son compagnon qui est nettement plus décoré que lui, il lui murmure à l’oreille :
- — Honnêtement, je m’attendais à pire…
- — Pourtant, Karloman-Dieter, vous aviez vu au moins deux portraits de votre promise.
- — Voyons, mon cher Soulzbach, vous croyez à tout ce qu’on a peint sur une toile ?
- — Euh… oui, en effet… les peintres enjolivent…
- — Certes, je ne m’attendais pas à une beauté rayonnante telle Aphrodite ou Artémis, mais je dois reconnaître que ma future femme est… disons le mot… appétissante…
Malgré la distance, j’ai pu entendre ces mots car j’ai l’ouïe très fine ; je souris. Toujours ces regards inconnus qui me scrutent, c’est assez déplaisant, mais il va falloir que je m’y fasse. Je m’approche jusqu’à être face à mon futur époux, je fais une courte révérence et je prononce distinctement et calmement :
- — Permettez-moi de vous souhaiter un bon appétit, Monsieur mon futur mari !
Un petit moment de gêne flotte dans l’air, puis éclatant de rire, mon promis me tend la main afin de m’aider à me relever :
- — Ah Madame ! Je sens que notre mariage ne sera ni fade, ni ennuyeux ! J’ignorais que vous aviez l’oreille si fine. Il faudra que je fasse attention à mes dires…
- — J’entends assez bien, mais parfois, il m’arrive d’être sourde.
- — Oui, je confirme ce que je viens de dire, notre mariage ne sera ni fade, ni ennuyeux…
Et sans me lâcher la main, grimpant les marches, il me conduit vers la salle du trône où siège son frère, notre Empereur, celui qui règne sur bien des peuples de différentes langues et de différentes religions.
Fiancée et fiancé
Quatre heures plus tard, et trente-six mille corvées protocolaires, enfin, nous arrivons à nous isoler dans un coin des vastes jardins qui entourent le château. Mon promis m’entraîne loin des grandes allées. Je m’inquiète un peu :
- — Ne sommes-nous pas en train de nous éloigner, Karloman-Dieter ?
- — Appelez-moi Karl, ça sera plus court et plus simple que ce prénom à rallonge !
- — Comme vous voudrez, Karl…
Après avoir regardé une dernière fois aux alentours, mon futur mari s’explique franchement :
- — Pour tout vous dire, chère Wilhelmine, j’avais quelques appréhensions vous concernant.
- — Vous ne croyez pas à ce qui est peint, n’est-ce pas ?
- — On ne peut rien vous cacher ! Moi-même, est-ce que je ressemble à mon portrait ?
- — Disons… disons qu’il y a de ça, Karl…
- — Belle façon de ne pas vous mouiller. Je sais parfaitement qu’on m’a honteusement flatté dessus, puisque j’ai pu le voir avant qu’on vous l’expédiât. Mais hélas, mon cher frère n’a point voulu que le peintre rectifie.
Intriguée, je demande :
- — Alors comme ça, je serais appétissante ?
- — On m’avait prévenu que vous étiez nature ! Ce qui n’est pas plus mal. Oui, c’est la vérité, Wilhelmine. Restez comme vous êtes, essayez tout au moins. Moi de mon côté, je ferai mon possible pour vous protéger.
Je suis assez étonnée :
- — Que voulez-vous signifier par ces mots ?
- — Vous ignorez tout des joies du protocole au quotidien. Car ici, c’est sourire par-devant et coups de couteau dans le dos par derrière. Je vous rassure : depuis votre arrivée, vous avez fait bonne figure, même s’il y a eu quelques entorses sans gravité. Moi-même, dès que je peux, j’essaye de m’en soustraire. Pour tout vous dire, votre venue parmi nous sera une bonne façon de remettre les pendules à l’heure. Mais je crains que certaines âmes peu charitables s’offusquent et cherchent à vous nuire.
- — Nous sommes obligés de rester ici, près de votre frère ?
- — Vous avez parfaitement raison, ce n’est pas une obligation, mais parfois, il nous faudra faire acte de présence lors de certaines cérémonies. Le fait d’appartenir à la famille impériale offre beaucoup d’avantages, mais aussi quelques obligations.
Avisant un banc, il m’entraîne un peu plus sur le côté :
- — Oui, il n’y a pas à dire, vous êtes appétissante, Wilhelmine. C’est une heureuse surprise.
- — Pourtant, je ne suis guère une Artémis…
- — N’ayez crainte, je n’ai jamais eu d’attirance pour les trop minces.
- — En effet, j’ai eu vent que vos maîtresses étaient souvent girondes.
Il opine du chef :
- — Décidément, vous avez une certaine nature…
Tout en m’asseyant, je décide de mettre les choses au point, tandis qu’il reste debout :
- — Je vais être franche avec vous : je reconnais que j’aurais préféré demeurer en Carinthie, ma province natale, mais manifestement, votre frère en a décidé autrement. Une histoire de liens dynastiques…
- — Mon frère, comme vous dites, est aussi notre Empereur…
- — Il est aussi mon petit-cousin, tout comme vous l’êtes…
Par amusement, il s’incline :
- — Oui, ma mignonne petite-cousine…
- — Vous dites ça par galanterie ?
- — Non, non… je reconnais que vous êtes à mon goût, aussi bien par vos formes que par votre répartie. J’espère que vous ne me détestez pas…
- — Ai-je le choix ?
- — Rien ne vous empêche de vous enfuir, séance tenante, avant d’être sacrifiée sur l’autel des liens dynastiques.
Spontanément, je m’exclame :
- — Vous imaginez le scandale !
- — Oh oui ! Mais ce ne sera pas une première dans nos chroniques !
- — Ah oui, c’est vrai… il y a eu un précédent, mais il y a plus d’un siècle de ça.
- — Mais on en parle encore. Et puis… il y a tout ce que vous n’avez pas su et que vous ne saurez jamais…
Puis il redevient plus sérieux :
- — À mon tour d’être franc avec vous : ça ne m’enchantait pas plus que ça que d’être marié à une inconnue, fût-elle ma petite-cousine. Mais réflexion faite, depuis que vous êtes arrivée, je me dis que notre mariage pourrait réussir. À condition de nous mettre d’accord sur certains points de détail.
- — Vos points de détail, on ne les appelle pas aussi des maîtresses ?
- — Indubitablement, l’air de la campagne ou de la montagne prédispose à la franchise !
- — Vous ne niez pas…
Il prend un petit temps de réflexion avant de répondre :
- — Si vous aviez le bonheur d’être ma maîtresse en plus d’être ma femme…
À cette réponse à laquelle je ne m’attendais pas, je rougis :
- — Moi, votre maîtresse ? Faudrait-il que je sache comment l’être !
Il me regarde avec de grands yeux ronds :
- — Que… que vous sachiez comment ? Ah, je crois comprendre… j’ignorais qu’on vous avait retirée, il y a peu, d’un couvent !
- — Il y a un peu de ça… et mes précepteurs ont oublié de m’expliquer comment certaines choses se font.
Mon futur mari se fend d’un sourire égrillard :
- — Et vous n’avez pas tenté de les découvrir par vous-même ?
- — Avec maints chaperons sur chacun de mes pas ?
- — Il est vrai que les filles sont nettement plus surveillées que les garçons.
Il se penche sur moi, tout en louchant sérieusement sur mon décolleté :
- — Et dans votre couvent glacial, vous n’avez pas eu… d’amitiés particulières ?
- — Et dans votre palais impérial, vous n’avez pas eu non plus ce genre d’amitié ?
Il se met à rire franchement :
- — Ah décidément, chère Wilhelmine, je sens que vous allez beaucoup me plaire !
- — J’en suis fort aise !
- — Cela dit, vous n’avez pas vraiment répondu à ma question de tout à l’heure…
- — Laquelle, Karl ?
- — Est-ce que je vous plais au moins un peu ?
- — Vous… vous n’êtes pas désagréable… Je m’attendais aussi à pire, à nettement pire.
- — Vous avez une bonne oreille, même si vous pouvez être parfois sourde !
Je le gronde un peu :
- — On dirait que cette situation vous amuse !
- — Je ne vais pas pleurer, chère fiancée ! Mettez-vous à ma place… Pardon, c’est vrai que vous y êtes aussi. Je reprends : je dois me marier avec une jeune-femme dont je ne connais rien, ou si peu, si ce n’est deux portraits arrangés. J’étais en train de me dire dans quelle catastrophe mon cher frère me plonge, quand je vois débarquer de son carrosse une jeune femme particulièrement attrayante ayant de la répartie !
Je ne relève qu’un seul mot :
- — Particulièrement ?
- — C’est ce que j’ai dit. Et j’ai ajouté aussi le mot « répartie ».
- — J’avais entendu…
- — Je précise, car vous avez dit que, parfois, vous étiez sourde.
- — Vous ne laissez rien passer, à ce que j’entends…
Un très large sourire se dessine sur son visage :
- — Pour une fois que je trouve quelqu’un avec qui converser vraiment, je ne vais pas me priver.
- — Votre ami Soulzbach me semble pourtant adéquat…
- — Et encore ! Ce cher Soulzbach ne peut s’empêcher d’avoir à l’esprit notre différence de rang. Ça gâche un peu la spontanéité !
- — Et votre grand frère ?
Levant les bras, il s’exclame :
- — Mon Dieu, mon grand frère ! Son sens de l’humour ne dépasse pas la hauteur des pâquerettes ! De plus, il prend tout au premier degré, c’est infernal. Sans parler de sa bigoterie et de sa pruderie !
- — On m’avait prévenue sur cet aspect peu religieux vous concernant…
Baissant les bras, il demande, faussement innocent :
- — Pourquoi ? Vous êtes folle de messe ? (phrase prononcée en français)
- — Pas vraiment, je vous le concède. Et je ne suis pas non plus l’inverse…
- — Ah, dois-je comprendre que vous avez compris l’astuce ?
- — Elle est quand même connue ; de plus, c’est même un ecclésiastique français qui l’a énoncé, Alcofribas Nasier, plus connu sous un autre nom…
- — Je vois que vous connaissez vos classiques, même les moins prudes…
Mon futur mari s’approche de moi, me capturant de sa main le bas du menton, plongeant ses yeux dans les miens :
- — Dommage qu’il faille attendre le soir de notre mariage… vraiment dommage…
- — Ce… ça me convient très bien comme ça…
- — Il paraît qu’un peu d’attente bonifie les choses… En attendant, souffrez, Madame, que je prenne un petit aperçu !
Puis il m’embrasse voluptueusement, et je dois avouer que ce n’est pas pour me déplaire…
Le grand jour
Je suis très fébrile : le grand jour est arrivé. Depuis notre première rencontre, mon fiancé et moi, nous nous sommes vus tous les jours, malgré le pesant protocole. Encore heureux que Karl a suffisamment de répondant et d’habilité pour savoir contourner les sacro-saintes règles qui régissent les rapports au palais. D’ailleurs, il est visible que ça l’amuse, ce qui m’arrange, car je prends de plus en plus goût à sa présence.
Normalement, Karl et moi, nous ne sommes pas censés être face à face ce matin très tôt. Mais mon presque époux s’est amusé à venir me voir en catimini jusque dans ma chambre ! Je me demande comment il a pu déjouer mes chaperons, à moins qu’il ne les ait carrément soudoyés !
- — Ah, Wilhelmine !
- — Mais… mais… que faites-vous ici, Karl ?
Sans répondre à ma question, s’asseyant sans vergogne sur le grand lit blanc, il m’embrasse passionnément. Il sait que je ne déteste pas et il en profite allègrement, je dirais même qu’il en abuse. Ayant récupéré un peu de volonté, je le repousse :
- — Karl, voyons !
- — Savez-vous que vous êtes délicieuse en nuisette, chère Wilhelmine ?
- — Vous êtes impossible ! Dans tous les cas, vous m’auriez vue ce soir en nuisette !
Taquin, il me lance en souriant :
- — Sauf si vous me dites « non », face à l’autel !
- — Je vous signale que, vous aussi, vous pouvez dire « non ».
- — Oui, c’est vrai, vous et moi pouvons dire « non ». Mais pour en revenir à ma présence ici devant vous, c’est encore meilleur de venir en catimini vous admirer.
Je sens que mon futur mari ne sera pas toujours de tout repos ! Je soupire :
- — Je me demande si je ne fais pas une erreur de me marier avec un… un individu si étrange et saugrenu que vous !
- — Étrange et saugrenu ? Vous en avez de ces mots ! Je vous ferais voir ce soir, à quel point je suis étrange et saugrenu, ce soir, quand nous serons seuls en tête à tête, délicieuse petite chose !
Je rougis sous l’allusion, puis je tente de mettre les points sur les i :
- — Karl, je sais que je vous dois le devoir conjugal, mais j’aimerais que… que vous… que ce soit… enfin… comment dire…
- — Avec tact et délicatesse ?
- — Merci, ce sont les mots que je cherchais.
- — Devoir conjugal, quelle déplaisante expression, chère Wilhelmine ! Je lui préfère plaisir conjugal !
Étonnée, je m’exclame :
- — Parce que c’est plaisant ? Pour qui ?
- — Pour moi, je vous le confirme, et mes maîtresses n’ont pas dit le contraire pour elles-mêmes, sauf si toutes m’ont menti ! Donc, je dirais pour vous comme pour moi.
- — Elles ont dit ça pour ne pas vous chagriner…
- — Dans ce cas, elles simulaient très bien ! L’imitation était parfaite !
- — Ah bon ?
Karl se colle à nouveau à moi :
- — Permettez-moi de vous offrir un petit aperçu…
Son second baiser est nettement plus vorace, et à ma grande stupéfaction, sa main s’empare d’un de mes seins par-dessus le tissu et commence à le caresser, à jouer avec. J’adore ça, même si je devine que Karl ne devrait pas le faire, là maintenant. Je me laisse aller sous son baiser, sous ses caresses, sous ses câlineries qui me font frissonner d’aise ! Je sursaute quand ses doigts titillent mon téton si sensible, trop sensible. J’adore quand il joue avec, je me sens fondre, c’est incroyable !
Puis nos bouches se séparent. Un peu essoufflé, mon futur mari me confie :
- — Je vous sens très réceptive, ma chère Wilhelmine ! C’est à regret que je dois différer notre… notre rapprochement.
Puis il s’éloigne, visiblement à regret. Plantée au milieu de mon grand lit blanc, je suis toute rouge, je crois que je viens de découvrir ce que c’est que le désir !
Durant le reste de journée, je flotte sur une sorte de petit nuage. La cérémonie est grandiose, et Karl n’est que le frère de notre Empereur, pas en deuxième place ni en troisième place dans la lignée. Tandis que mon père me conduit vers l’autel, je me dis que le mariage de notre Empereur a dû être flamboyant ! Dommage que je n’y ai pas été conviée à l’époque. Là-bas, au bout de l’allée, en pleine lumière, Karl m’attend, il est franchement très beau, j’en ai le cœur qui bat la chamade !
Le « oui » de Karl est ferme, assuré. Le mien est plus chancelant, non pas parce que j’ai des doutes, mais parce que je suis terriblement impressionnée par tout ce décorum. Peu après, je sens le métal de l’anneau glisser le long de mon doigt. C’est sans doute par miracle que j’arrive à en faire de même avec Karl…
Je réalise à peine que, maintenant, je suis devenue une femme mariée avec un homme que je ne connaissais même pas, sauf par ouïr dire et en peinture, il y a moins d’un mois ! J’entends vaguement une sorte de murmure dans l’assemblée quand mon mari m’embrasse voluptueusement et longuement…
Première nuit
Mon cher époux s’est fait reprocher par son grand frère et aussi par d’autres personnes bien placées de s’être montré en spectacle avec le long baiser qu’il m’a donné juste après nos deux « oui ». Tel que je commence à le connaître, il l’a fait à la fois par envie et aussi par fanfaronnade envers le protocole qui lui pèse depuis qu’il est né.
Tandis que je l’attends dans le lit, en nuisette, je le lui fais remarquer :
- — Ça vous a amusé, n’est-ce pas ?
- — Oh oui ! J’ai pu joindre la bravade à l’agréable !
Puis il s’assied prestement sur le lit, bien décidé à poursuivre là où il en était arrivé ce matin, sa main avide déjà posé sur mon sein frémissant. À nouveau, je ne refuse pas ses lèvres, bien au contraire. Fébrile, Karl se colle contre moi, puis il me couche sur le lit, tout en me couvrant de baisers brûlants. Puis il quitte mes lèvres pour explorer mon cou, mes épaules, je soupire faiblement. Ses douces mains se baladent sur mon corps, par-dessus le fin tissu de ma nuisette.
Puis Karl glisse ses lèvres vers mon décolleté. Puis, arrivé à la naissance du sillon, il dépose un baiser très appuyé. J’entends distinctement mon cœur battre à tout rompre, tandis qu’il capture à nouveau mes seins entre ses mains. J’adore ce qu’il est en train de me faire ! Pourquoi ne m’a-t-on rien dit sur cette fameuse nuit de noces, comme si c’était quelque chose d’inavouable ou de honteux ?
Levant le nez de mon décolleté, mon nouveau mari me demande :
- — Vous aimez, Wilhelmine ?
- — Je… je me sens toute chose… mais j’aime beaucoup !
- — Vous êtes franche et spontanée…
- — Pourquoi ? Il ne faut pas ?
- — Oh si, il le faut ! Au moins, avec vous, nous savons où nous en sommes !
- — Et… nous en sommes où ?
- — Nous sommes sur la bonne voie, c’est certain…
Puis il fourrage à nouveau dans mon décolleté, ce qui me met en émoi, bien malgré moi. Pourquoi me faire embrasser entre les seins me procure-t-il tant de frissons ? Il est vrai que c’est la première fois qu’un homme ose le faire, et c’est aussi le premier homme que je laisse faire. Auparavant, j’aurais fermement giflé celui qui aurait évoquer le début du commencement de ce que Karl fait dans l’échancrure de ma nuisette !
Je me laisse aller. Si c’est ça le devoir conjugal, pas de souci. Mais je doute que de simples baisers fassent uniquement l’affaire. Ayant vécu à la campagne, j’ai pu observer certaines choses chez les animaux, et quelque chose me dit que chez les humains, il doit en être sensiblement de même !
En attendant, je me laisse toujours faire et j’apprécie :
- — Hmmm, Karl ! Hmmm… Eh mais, que faites-vous ?
- — Je passe à la suite, chère Wilhelmine !
En un rien de temps, je me retrouve seins à l’air, mes tétons à présent dévorés par une bouche avide. En même temps, Karl caresse, palpe ma poitrine. Une sourde chaleur monte en moi ! Le bout de mes seins sont durs, tendus, ça en est presque douloureux, mais en même temps, c’est si bon ! Tout ceci est bien étrange !
Karl descend souvent vers mon ventre, puis un peu plus bas. Comme ça me fait du bien et comme je suis curieuse, je le laisse faire. Souvent, je plonge mes doigts dans ses cheveux, mon époux semble apprécier. Puis quand il ôte sa chemise, mes mains s’aventurent timidement sur son torse, sur son dos. Je vois qu’il aime, alors je m’enhardis. Je n’ai pas trop de mal, mon mari est jeune et bien fait. Il n’est pas un vieillard rachitique, ventripotent et libidineux. C’est vrai qu’avec ces histoires d’alliance, j’aurais pu plus mal tomber !
Je suis à présent presque nue, Karl égarant souvent sa bouche au bas de mon ventre, ce qui me fait toujours frissonner, d’autant qu’il n’oublie pas de caresser mes seins et de taquiner mes tétons si sensibles !
- — Vous avez là un adorable bosquet, ma chère…
- — Si… si vous le dites…
- — Pourriez-vous écarter vos jambes afin que je puisse mieux l’admirer ?
J’obéis, je sens confusément que nous allons entrer dans le vif du sujet !
Puis il installe sa tête entre mes cuisses et commence à embrasser ma touffe. Peu après, sa langue s’insinue dans ma fente qui me semble un peu humide, et c’est alors que les frissons redoublent d’intensité. Karl s’alarme :
- — Un souci ?
- — Non… non… ce… ça me donne des frémissements très… enfin… je n’arrive pas à trouver le bon mot…
- — Ne vous inquiétez pas, ma douce, c’est tout à fait normal…
Il plonge sa langue à nouveau dans ma fente, me léchouille, me taquine, puis il remonte, et là, c’est démentiel ! Je gémis presque aussitôt tellement c’est bon ! J’ai envie de m’échapper de cette caresse insidieuse et divine, mais en même temps, j’en veux encore plus ! Ma respiration s’entrecoupe, mes doigts se crispent sur les draps. Quelque chose arrive du plus profond de moi, quelque chose de fort, quelque chose de fou, quelque chose qui me ravage intérieurement :
- — Oh non, Karl, arrêtez ! Je… Non…
Mais implacable, il continue. Je tente de résister, je repousse sa tête, il tient bon, je me cabre, je me tends puis je cède :
- — Aaah ! Oh oui, oh oui, oh ouiii !
Je ne comprends plus rien, j’ai l’impression d’être dans une petite barque en plein beau milieu d’un océan déchaîné, secouée, ballottée, retournée, renversée !
Je chute, je sombre…
Je suis en suspension… indifférente au temps qui s’écoule… calme, apaisée, vidée…
Une voix perce le brouillard dans lequel je suis plongée :
- — Eh bien, chère Wilhelmine, vous avez l’orgasme rapide et violent !
- — Ah… euh… je…
- — Pas de souci, ma douce, ne vous inquiétez pas. Et pour parler franchement, je vous préfère ainsi.
- — Ah bon ? Je n’ai pas été trop… euh… bruyante ?
- — Vous avez été parfaite…
- — Si… si vous le dites !
Soudain, mon mari s’installe entre mes cuisses. Je constate qu’il est nu et que quelque chose de dur cogne contre ma touffe. Cet intrus frotte contre mon sexe, contre cet endroit qui m’a procuré tant de plaisir. J’en tremble.
- — Détendez-vous, ma douce, je ne vous veux aucun mal…
- — Vous… vous voulez recommencer ?
- — En quelque sorte, mais autrement… Laissez-vous aller, comme tout à l’heure…
Il se frotte contre moi, je frissonne d’aise. Plus bas, je constate que mon mari est doté de la même chose que je voyais chez les chevaux ou les taureaux. Je pourrais aussi dire les chiens, mais ça me semble plus conséquent. Je crois savoir ce qui va bientôt arriver. Je me laisse aller sous cette caresse nouvelle et si jouissive !
Soudain, mon mari me pénètre légèrement, ça me procure un autre plaisir, différent, plus cérébral, mais je n’arrive pas à trouver les bons mots. Je le sens cogner sur quelque chose. Karl se retire pour venir se frotter à nouveau contre moi :
- — Oh-oh… Je sens qu’il va falloir investir votre citadelle interdite…
- — C’est-à-dire ?
- — Me permettez-vous d’être plus… technique, ma douce ?
- — Allez-y…
- — Comme vous êtes vierge, votre hymen me barre la route. Il va falloir que je passe outre. C’est la consommation du mariage.
Je crois comprendre, mais je préfère demander :
- — Ah… et en clair ?
- — Il me faut fendre votre hymen, ma douce, ce qui risque peut-être de vous faire mal… de plus, vous saignerez sans doute un peu. Je préfère vous prévenir.
- — J’avais bien cru comprendre ce genre de chose… mais, voyez-vous personne ne me l’a expliqué posément.
- — Je crois que j’ai une solution…
Se reculant un peu, Karl plonge sa tête entre mes cuisses et recommence à me lécher de la même façon que tout à l’heure. Il ne me faut pas longtemps pour sentir à nouveau cette onde chaude parcourir lentement mon corps. Ma respiration se saccade, mes doigts se crispent, la langue de mon mari virevolte dans mon intimité, c’est bon, c’est très bon, tellement bon !
Je perds petit à petit le sens des réalités, je me sens flotter, je sens que la vague va bientôt revenir m’engouffrer à nouveau, que je vais devenir un frêle esquif dans un mer démontée ! Je tente de me cramponner mais c’est peine perdue, j’explose, je déflagre, je jouis, dans mille petits cris !
Soudain, Karl change de position. Je sens alors son engin pénétrer en moi. Quelque chose résiste, ce qui n’empêche pas ma jouissance d’irradier en moi. Puis ce quelque chose cède, je ressens à la fois une douleur mais aussi comme un immense besoin d’être remplie, d’être comblée, et ce sentiment est plus fort que la douleur.
Je sens le corps de mon époux sur le mien, ses baisers dans mon cou, ses mains voraces sur moi, je comprends ce que c’est que d’être désirée, d’être possédée. Lentement mais puissamment, Karl coulisse en moi, ce qui me procure encore plus de plaisirs, un autre plaisir, étrange, profond. Puis il accélère doucement, fermement. Je repars dans une nouvelle jouissance, je perds pied. J’entends alors Karl grogner, puis crier son plaisir tandis que je perçois confusément que je suis remplie, inondée.
Plus tard, je reprends conscience, Karl est allongé sur le ventre, juste à côté de moi. Je me redresse à moitié, assez étourdie de tout ce qui vient d’arriver. C’est alors que je regarde entre mes jambes, j’y découvre quelques taches de sang, je ne suis plus vierge. Me revient en mémoire une ancienne tradition dans laquelle on montrait les draps de la nuit de noces aux proches parents. Je crois que je viens de tout comprendre.
Étonnée, je constate que mon bosquet et ma fente sont empoissés d’un liquide gluant. J’en frotte un peu entre mes doigts pour en savoir la consistance. Sur le coup, je me demande bien quel goût ça peut avoir, mais je préfère éviter.
- — C’est du sperme, ma douce…
- — Ah ? Je vous ai réveillé ?
- — Non, non, je sommeillais à moitié. Comme vous avez pu le comprendre, c’est assez épuisant, pour vous comme pour moi.
- — Du sperme, dites-vous… C’est donc ça…
- — C’est par le biais de celui-ci que les enfants viennent ou plutôt surviennent.
Je regarde le bout de mes doigts légèrement gluants :
- — Étrange façon…
- — Je ne vous le fais pas dire, mais avouez que la façon de les faire est très jouissive.
- — Oui, c’est vrai… Dois-je comprendre que je vais bientôt être enceinte ?
- — Non seulement, ça ne fonctionne pas à tous les coups, mais ça dépend aussi des périodes. D’après ce que je sais, plus nous sommes proches de vos flux, moins il y a d’enfant possible. Il faudra que nous nous penchions sérieusement sur cet état de fait. Honnêtement, je ne tiens pas à être trop vite père.
- — Pour ma part, être mère ne me tente pas trop pour l’instant…
- — Dans ce cas, conjuguons nos efforts.
Karl se rapproche de moi :
- — Et en parlant de conjuguer, je vous propose d’explorer d’autres verbes…
- — Ah ? Lesquels ?
- — Aimer, embrasser, caresser, jouir, forniquer…
- — On peut conjuguer combien de verbes à la suite ?
- — Jusqu’à ce qu’on ne le puisse plus, ma douce !
À nouveau, Karl s’occupe de moi. De mon côté, je découvre le corps d’un homme, j’y aventure mes doigts, mes paumes, mes lèvres. Je suis sans doute malhabile, mais ça me plait, j’essaye de donner un peu alors que Karl me donne tant. Lui et moi profitons sans honte de nos corps. Lui et moi jouissons encore et encore, moi, plus souvent que lui, je suis capable d’enchaîner ces décollages inouïs, comme s’il s’agissait de simples ricochets sur l’eau, c’est assez fou !
Je comprends alors qu’une nuit de noces peut être fantastiquement féerique ou tourner au cauchemar en fonction du partenaire. Je sens confusément qu’elle peut aussi déboucher aussi sur de la platitude, un monde sans relief, désertique. Dieu, que les choses sont mal faites !
Alanguie par ma dernière jouissance, je caresse distraitement la cuisse de mon mari.
- — Vous devriez remonter un peu plus haut, ma douce…
- — Vous voulez dire… votre… votre machin ?
- — Mon machin, mon engin, ma chose…
Je me laisse tenter. Je capture entre mes doigts cette chose à présent si fragile et avachie. Je constate avec un certain plaisir qu’elle se redresse un peu, puis qu’elle durcit lentement. Instinctivement, je branle ce vit qui se raffermit. C’est donc ainsi qu’un homme montre la force de son désir pour une femme ? C’est un amusant baromètre !
- — Vous me faites de l’effet, comme vous le constatez…
- — Je vois ça… je vois ça…
Je continue d’imprimer des doux et longs va-et-vient le long de sa tige de chair. Karl demande :
- — Je vous sens chagrine…
- — Moi ?
- — Oui, on dirait que vous avez envie de demander quelque chose sans oser le dire…
Je me demande ce que je pourrais cacher à mon mari ! J’avoue :
- — Je… j’ai envie de… Je vous veux en moi, Karl !
- — À votre service, chère Wilhelmine !
Aussitôt dit, aussitôt fait, j’ai le plaisir de le sentir en moi, sur moi, d’être possédée et de le tenir captif dans mes profondeurs. J’adore quand il coulisse en moi, lentement, profondément. Curieuse, je demande :
- — Vous avez été très tendre avec moi, mais je sentais que vous vous refréniez…
- — Ce n’est pas faux…
- — Pourquoi ne vous laissez-vous pas aller ?
- — Je ne voudrais pas passer pour un soudard…
Je m’étonne de cet aveu :
- — Un soudard ? Vous voulez dire : être violent ?
- — Non, pas violent en soi, mais passionné, fougueux, j’ai un peu peur de vous choquer en me laissant complètement aller, voyez-vous…
- — Même si c’est moi qui vous le demande ?
Il me regarde étrangement puis me sourit :
- — Vous sentez-vous d’attaque ? Vraiment d’attaque ?
- — Vous utilisez un vocabulaire bien guerrier, Karl…
- — C’est bien le cas… totalement le cas…
Après s’être légèrement retiré, il s’enfonce en moi de façon plus puissante, je sens la différence, mais ça m’excite. Je sens que petit à petit mon mari ôte ses brides, me pistonnant maintenant sans retenue, bestialement, presque brutalement. Ses coups sont si violents que je m’agite comme une poupée désarticulée, poussant des petits cris à chaque coup de boutoir, m’ouvrant au maximum pour mieux qu’il plonge en moi ! Il entre et il sort de toute la longueur de son mandrin, limant au passage un petit bouton rose qui me procure tant de plaisir !
Je découvre avec stupeur qu’une certaine violence contrôlée peut faire autant d’effet que la douceur. Voire peut-être plus… Non, c’est différent, mais étrangement excitant, enivrant. Je découvre bien des choses ce soir ! Je suis comme détachée de mon corps, en train d’observer toutes ces nouveautés. Bien que je sente à nouveau une sourde chaleur brûlante monter en moi… pas tout à fait la même qu’auparavant…
Soudain, Karl ralentit, avouant d’une voix étrange :
- — C’est fou ce que vous me faites faire, Wilhelmine !
J’agrippe fermement ses hanches, puis instinctivement, je lui dis :
- — Continuez, Karl ! Laissez-vous aller !
Il marque un temps d’arrêt, puis sans dire un seul mot, il recommence à s’activer en moi. Féroce, il continue sa douce torture dans mes profondeurs, entre mes cuisses, coulissant dans mon tunnel étroit. Il me perfore, il me comble sans relâche !
- — Oh ! ooh ! Karl ! Oui, Karl !
Défaillante, je n’arrive plus à me contrôler, je me laisse complètement aller dans une chute vertigineuse, sans comprendre ce qui m’arrive, où est le haut, ou est le bas !
Puis j’explose en mille cris stridents.
Je me volatilise littéralement dans un long gémissement inarticulé, sombrant corps et âme dans un océan tiède et doucereux !
Nous restons ainsi l’un sur l’autre, son pieu devenu flasque toujours coincé entre mes cuisses. Petit à petit, je reprends conscience. Je suis un peu effrayée par ce que je viens de vivre, mais aussi très heureuse. Karl réémerge à son tour, il m’embrasse dans le cou, écrasant ma poitrine, comme s’il voulait faire éclater mes seins tels des fruits trop mûrs. Le plus étrange est que ça me plaît, que je ne ressens pas de douleur, j’aime son poids sur moi, j’aime son intrusion en moi.
Essoufflé, il murmure à mon oreille :
- — Eh bien… ce fut… ce fut un feu d’artifice !
- — Nous… nous pouvons le dire ainsi…
S’appuyant sur ses coudes, il se relève un peu. Je respire mieux. Il me regarde longuement puis finit par m’avouer :
- — Je mentirais si je vous disais que c’était ma première fois. Mais je ne mens pas si je vous dis que c’est bien la première fois que c’est si puissant !
- — Je… je vous crois…
- — Oui, je ne regrette absolument pas mon mariage ! Je sens que vous et moi allons voir l’avenir sous un autre angle ! N’en déplaise aux fâcheux !
Puis cette nuit-là, nous avons recommencé plein d’autres fois !
Puis les autres nuits, j’ai découvert d’autres plaisirs, et j’en ai redemandé encore et encore !
Trois portes et un temple
Comme aujourd’hui, il fait beau, nous nous promenons dans les jardins. Il n’y a pas trop de monde au dehors, et ça nous permet d’être relativement au calme, loin de la cohue des courtisans qui s’entassent dans les salons impériaux et qui suivent le frère de mon mari comme des toutous après un os. Je sais, ce n’est pas charitable, mais c’est l’image qui m’est venue à l’esprit devant ce triste spectacle. Quand je m’en suis ouverte à Karl, celui-ci a répondu aussitôt en riant :
- — Très belle métaphore, ma chérie !
Arrivé auprès d’une pièce d’eau, mon récent mari me propose une petite balade en barque, j’accepte avec joie, mais néanmoins inquiète, je lui demande :
- — Ce n’est pas trop profond, car je ne sais pas nager…
- — N’ayez crainte, chère Wilhelmine ! Au pire, il doit y avoir quatre pieds de profondeur.
- — Que quatre pieds ?
- — Oui, car mon grand-père ne savait pas nager, et il avait imposé cette exigence quand il a fait construire ce faux lac, qui est en réalité un bassin. D’ailleurs, ma mère m’a raconté qu’il allait parfois s’isoler sur la petite île centrale, celle avec un temple rond, en marchant carrément dans l’eau.
- — Vous me rassurez !
Quelques minutes plus tard, nous voici éloignés du bord, en train de deviser de tout et de rien. Incidemment, la conversation effleure le sujet du mariage. Soudain, je questionne mon époux qui rame vers l’île centrale dont il m’a parlée :
- — Au fait, Karl, pourquoi n’avez-vous pas conservé au moins une de vos maîtresses ?
- — C’est une bonne question… Et c’est étrange que ce soit ma femme qui me la pose !
- — Vos maîtresses incarnent le passé, et que puis-je contre le passé ?
- — Vous voici bien philosophe, chère Wilhelmine !
Au sujet de ses maîtresses, je me montre suspicieuse :
- — Parfois, il le faut bien. J’espère que vos maîtresses incarnent bel et bien le passé !
- — Je puis vous assurer qu’elles n’incarnent pas le présent. À moins que vous ne vous comptiez dedans…
- — Je suis votre femme, je crois.
- — Vous croyez bien, mais vous pouvez être aussi ma maîtresse. D’ailleurs, vous avez toutes les qualités pour ça. Nous en avons déjà parlé.
Je suis circonspecte :
- — Ce… ce n’est pas antagoniste ?
- — Si vous vous fiez à des soi-disant maîtres de morale, il faut en effet faire une distinction entre femme et maîtresse. Pour ces arriérés, il est inconcevable de donner du plaisir à sa femme, elle est juste un ventre pour enfanter. Alors, vous comprenez, la bagatelle, c’est mal !
Rosissante, je me rappelle toutes nos nuits :
- — Vous voulez dire que… que le plaisir que nous avons eu, vous et moi, c’était interdit ?
- — Merci, ma chère épouse, de me confirmer que vous avez eu du plaisir. D’après ces personnes, oui, on ne doit pas faire certaines choses.
- — Mais… mais c’est… c’est stupide !
Il se fend d’un grand sourire :
- — Je ne vous le fais pas dire ! Je suis heureux de constater que nous regardons visiblement dans la même direction.
- — Et… que n’aurions-nous pas dû faire ?
- — Humm, je ne sais pas si l’endroit est bien choisi, mais je peux me faire un plaisir de vous détailler tout ceci ce soir, dans l’intimité de notre chambre.
- — Je vous vois venir… Mais…
- — Mais quoi donc ?
Quelque chose me turlupine, je pose franchement la question :
- — Pardonnez-moi d’avance si je dis une incongruité, mais…
- — Que de précautions ! Ne sommes-nous pas un couple uni devant Dieu et tous ses saints, sans oublier notre Empereur et tous ses courtisans ?
- — Je ne sais pas si nos… dépravations soient du goût de Dieu !
- — Oh, Dieu doit s’occuper de tellement de monde… Et n’est-ce pas lui qui a dit « croissez et multipliez » ? Et aux dernières nouvelles, il n’y a pas trente-six façons de procréer. Donc si Dieu n’est pas satisfait de l’union d’un homme et d’une femme, il n’avait qu’à imaginer une autre méthode de reproduction.
- — Je vois que vous avez potassé vos arguments… Mon mari serait libre-penseur ?
Mon mari évite de répondre en me relançant :
- — N’aviez-vous pas une question à me poser ? Votre incongruité…
- — Ah oui…
Je me tords les mains, ce qui intrigue mon mari, qui pose alors sa main sur mon épaule :
- — Est-ce si… étrange que ça à annoncer ? Ne suis-je pas votre époux à qui vous devez tout dire ?
- — Y a-t-il d’autres choses… disons… interdites, mais qui donnent autant de plaisir ?
Sans que je m’y attende, il me serre contre lui :
- — Vous êtes adorable ! Oui, il existe bien d’autres choses qui peuvent même donner encore plus de plaisir !
- — Encore plus de plaisir ? C’est possible ? Déjà que j’ai cru mourir !
- — Ce n’est pas pour rien si on appelle cette phase la « petite mort ».
- — C’est imagé mais véridique… Et je parie que, plus ça donne du plaisir, plus c’est interdit ?
Il me presse toujours contre lui, je me laisse aller. Il est doux de se laisser aller de la sorte, encore une chose que mes précepteurs ont oubliée de me dire. Délicatement, il caresse mes cheveux :
- — C’est généralement vrai : plus c’est plaisant, plus c’est défendu, mais ce n’est pas systématique…
- — Ah bon ? Vous avez un exemple à me donner ?
- — Si vos chastes oreilles le supportent…
- — Au point où j’en suis, je me demande ce qui pourrait me choquer…
- — À vrai dire, je me demande s’il ne faudrait pas attendre ce soir…
Je proteste sans toutefois m’échapper de son étreinte :
- — Ah non, Karl, donnez-moi au moins un exemple !
- — Humm, voyons… que préférez-vous : plus c’est plaisant, plus c’est défendu, ou l’inverse ?
- — Qu’est-ce qu’est l’inverse pour vous ?
- — Quelque chose de défendu, mais qui n’est pas plaisant.
- — Je préfère la première option, c’est plus… euh… plaisant !
- — Soit…
Il se met à réfléchir, tout en ramant trois-quatre fois, avant de dire :
- — Je vais plutôt vous offrir une sorte de panorama de pratiques non compliquées.
- — Si vous voulez…
- — Et si je vous choque, dites-le-moi, je changerai mon vocabulaire et mes allusions…
- — Vous êtes un gentil mari très prévenant, Karl !
- — Je ne vous le fais pas dire, ma douce ! Je suis aux petits soins pour ma mignonne petite femme !
- — Arrêtez ! Vous allez me faire rougir !
- — J’aime quand vous rougissez, ça vous va très bien !
Je manque de piquer un fard, je tente de le ré-aiguiller :
- — Vous… vous êtes un vif flatteur ! Parlez-moi donc de votre panorama, comme vous dites.
- — Commençons par parler des trois portes du paradis, celles que possède chaque femme.
- — Trois portes du paradis que je possède ? C’est écrit où dans la Bible ?
- — Ce n’est pas écrit dans la Bible et c’est bien dommage. Nos très lointains voisins de la contrée de la soie ont donné des noms poétiques que je vais me faire le plaisir d’utiliser. Commençons donc naturellement par la porte la plus usuelle, la porte de Jade, dont la douce fente est nichée entre vos délicates jambes.
- — Ah… oui… je vois ce que vous voulez dire…
- — Comme vous avez pu le constater, cette porte offre aux deux parties beaucoup de plaisir.
Il me regarde fixement, attendant de ma part une confirmation. Me souvenant trop bien de nos nuits, je bredouille :
- — Ce… c’est vrai…
- — Merci. Mais parfois, voyez-vous, le plaisir n’est pas partagé, c’est même une corvée. C’est sans doute présomptueux de ma part, mais je ne suis pas pleinement satisfait si ma partenaire n’a pas eu son plaisir. Car une partie du mien réside justement dans la félicité que je donne. Vous me suivez, ma douce ?
- — Oui… oui…
La barque s’approche de plus en plus du temple planté au milieu du lac. Mon mari poursuit :
- — Très bien, Wilhelmine. Mais il existe une deuxième porte, celle de Nacre, celle de votre exquise bouche. Comme vous me l’avez si bien démontré ces dernières nuits !
- — Vous êtes obligé de me rappeler ces… euh… instants ?
- — Avez-vous honte ? Est-ce que ça ne vous a pas plu ?
- — Honte, un peu, mais je ne saurais dire à quel point. Est-ce normal entre époux ?
- — Moi, je dirais oui, mais les austères diront non. Ce plaisir est très jouissif pour l’homme, et moins pour la femme. Quel est votre avis ?
- — Je… j’ai bien vu que ça vous faisait beaucoup de bien, et j’aime beaucoup quand vous êtes dans ce… dans cette situation-là.
- — Donc, comme moi, vous trouvez votre plaisir à donner du plaisir ?
Assez troublée, je murmure :
- — Oui…
- — C’est très bien, chère Wilhelmine. C’est une nouvelle preuve que nous regardons dans la même direction. Ah, en parlant de direction, nous sommes presque arrivés sur l’île.
Peu après, mon mari m’aide à sortir de la barque, puis nous nous dirigeons vers le petit temple rond planté au milieu de l’îlot. Nous montons quelques marches de marbre. Au centre, se dresse une statue dénudée d’Aphrodite. Celle-ci est majestueuse et en même temps si proche. La contemplant, Karl s’exclame :
- — Belle statue, n’est-ce pas ?
- — Oui, en effet, mais cette belle statue possède quelque chose qui me semble… familier…
- — Ah, vous avez remarqué ? Il s’agit en réalité de la statué idéalisé d’une des maîtresses de mon grand-père maternel. Comme vous le constatez, elle a quelques traits familiers avec vous.
- — Plutôt avec ceux de ma mère.
- — Ce qui n’est pas faux, puisque la maîtresse de mon grand-père n’était d’autre que votre grand-mère…
Je m’exclame à mon tour :
- — Vous… vous plaisantez ?
- — Non, pas du tout. Je ne me trompe jamais dans l’arbre généalogique un peu embrouillé de nos familles, il est avéré que mon grand-père maternel était le petit-cousin de votre grand-mère maternelle, la même relation d’entre vous et moi.
- — Ah bon ?
- — On dit aussi que mon grand-père fut très fidèle à votre grand-mère, nettement plus qu’envers sa propre épouse légitime. Ils n’ont pas eu notre chance, hélas… Ils n’ont pas pu se permettre de vivre au grand jour…
- — Euh… en effet…
Je reste silencieuse, songeant à cet amour brisé. Les choses sont mal faites. À y bien réfléchir, j’aurais pu tomber nettement sur plus mal que Karl en tant d’époux. Bien que je n’aie pas fait de recherche approfondie sur le cas, le nombre de couples mal assortis doit être énorme. J’en viens même à me dire que c’est peut-être… non, sans doute, la grande majorité des cas. Je frissonne.
Mon mari me demande :
- — Auriez-vous froid, Wilhelmine ?
- — Non, non… je songeais à la possibilité de mal tomber…
- — De mal tomber ? C’est-à-dire ?
- — Pour un couple…
Karl semble être soulagé de ma réponse :
- — Oui, en effet : vous auriez pu « tomber » sur mon frère, par exemple. On ne peut pas dire qu’il soit d’une nature… disons… avenante.
- — Dois-je remercier le ciel d’être « tombée » sur le frère de votre frère ?
Il s’esclaffe franchement :
- — Oh oui ! Remerciez le ciel !
Je rétorque aussitôt :
- — Vous auriez pu « tomber » sur une mégère, cher Karl ! Remerciez, vous-aussi, le ciel que je sois de bonne composition !
- — J’avoue que c’aurait pu être pire, en effet… Je suis fort content que vous soyez mon épouse, je l’avoue sans fard.
Ça me fait rougir, bien malgré moi. Je ne sais pas quoi répondre. Profitant de l’accalmie, Karl change de sujet, ou plutôt revient en arrière :
- — Pour en revenir à la porte de Nacre, nous n’avons fait que la moitié du chemin, ma douce.
- — La moitié du chemin ?
- — Je reconnais que nous avons exploré diverses façons de monter à l’assaut du pic, et à chaque fois, vous avez admirablement réussi à atteindre le sommet rougeoyant.
- — Euh… merci du compliment…
- — Mais voilà, notre pic est en réalité un volcan. Et il arrive que le volcan soit en éruption.
Mon mari marque une petite pause, me regardant. C’est alors que je crois comprendre où il veut en venir. Utilisant comme lui des images, je réponds :
- — Dois-je comprendre qu’il serait bon de juguler un flot de lave dans une gorge afin de l’y canaliser.
- — C’est admirablement bien dit ! Décidément, je ne regrette point que vous soyez ma femme !
- — C’est ça, moquez-vous !
Karl m’attire à lui, plongeant ses yeux dans les miens :
- — Je suis réellement admiratif…
Puis il m’embrasse, je me laisse aller. Si je ne fais pas attention, cet homme finira par faire tout ce qu’il veut de moi.
Peu après, nous sommes allongés dans l’herbe, entre le petit temple et des bosquets. Je constate que nous sommes à l’abri des regards. Je me dis que Karl n’a pas choisi cet endroit pour rien et qu’il a sans doute une idée derrière la tête. Je suis vite fixée quand il m’annonce :
- — Plus d’importun dans les parages, ma chère…
- — Je crois que je vous vois venir…
- — Dans ce cas, pas besoin de vous expliquer…
Et sans complexe, il dégrafe son pantalon, exhibant une verge déjà bien raide que je commence à bien connaître.
- — Est-ce bien raisonnable, mon cher époux ?
- — Avec vous, rien n’est raisonnable ! Vous me tentez trop ! Si je m’écoutais, je passerais mes jours et mes nuits à mener toutes les batailles possibles sur votre mignon et voluptueux corps tout blanc !
- — Non, ce n’est pas raisonnable, Karl, mais ça fait plaisir à entendre…
- — Dois-je comprendre que vous ne détestez pas mes élans ?
Je saisis son vit entre mes doigts, il frémit d’aise. Je lui avoue :
- — J’aime être désirée, c’est quelque chose que j’ai découvert avec vous.
- — J’en suis ravi !
Je ne lui réponds pas, je dépose un premier baiser sur le bout de son gland tout rouge, puis lentement mais sûrement, j’offre à mon mari une belle et bonne fellation comme il aime que je lui fasse. Je lèche, je tête, je suce, je taquine, je m’applique autour de cette colonne de chair qui frémit entre mes lèvres, j’aime sentir mon pouvoir sur celle-ci, quand je sais que son propriétaire fait tout pour se contenir. J’en ai confirmation quand j’entends Karl soupirer :
- — Aaah ! Vous faites ça trop bien, je ne vais plus avoir me retenir…
Je continue de plus belle. Il proteste :
- — Arrêtez, je sens que je vais venir dans peu de temps.
C’est alors que je prends une initiative dont je n’aurais pas pensé être capable : j’agrippe fermement de mes deux mains l’arrière des cuisses de mon mari, afin qu’il ne s’échappe pas. Au ton de sa voix, je devine qu’il est étonné, mais je ne serais pas étonné qu’il sourit :
- — Puisque vous le souhaitez ainsi…
Peu après, ma bouche est envahie par quelque chose de chose de chaud, de gluant, au goût un peu étrange mais pas désagréable. Je comprends aisément que c’est la même substance qui m’a remplie les nuits précédentes. Mon mari se vide dans ma bouche, j’avale afin de ne pas être submergée. Il caresse délicatement mes cheveux tandis que je tente d’absorber au mieux ce flot qui remplit ma bouche puis ma gorge. Le dernier jet tari, Karl soupire d’aise :
- — Adorable Wilhelmine, faites-moi penser à vous expliquer prochainement la troisième porte, mais en attendant, n’allons pas trop vite.
Puis épuisé, il se laisse tomber lentement sur le sol, s’affalant sur le dos, les bras en croix.
Une autre porte
Depuis l’épisode du lac, il y a presque deux semaines, j’offre souvent ce petit plaisir à mon mari. En retour, il m’offre souvent la pareille en aller fourrager sa langue agile honteusement entre mes cuisses. D’après mon mari, ces pratiques sont préférables lors de certaines périodes, afin d’éviter que surviennent certaines choses naturelles mais pas toujours recommandées, même si le rôle officiel d’une épouse est d’engendrer. Je reconnais que je ne me sens pas prête à être mère, et j’ai tant de nouvelles choses à découvrir avec Karl !
De plus en plus, nous n’attendons pas d’être dans notre chambre. Je prends franchement plaisir à faire ou à subir ce genre de chose dans les jardins alors qu’on pourrait nous surprendre. Je m’étonne moi-même de cette tournure d’esprit.
D’ailleurs, prenant mon courage à deux mains, je m’en ouvre à mon mari :
- — Karl, je peux vous poser une question un peu… curieuse ?
- — Allez-y, ma chère femme.
- — Voilà… nous nous donnons parfois du plaisir en dehors de nos appartements, et… comment dire… savoir que je puisse le faire au dehors me rend toute chose…
- — Ah, je vois ce que vous voulez dire… L’excitation d’être éventuellement surprise par des quidams ?
- — Oui, je crois que c’est ça…
Il s’approche de moi et me capture dans ses bras :
- — Rassurez-vous, c’est normal, ma très tendre épouse. Tout au moins pour nous-deux, car nous faisons partie de ces personnes qui aiment les expériences.
- — Donc, pour vous, c’est normal ?
- — Oui, très chère Wilhelmine. Mais pour une personne comme mon frère, ce sera différent.
- — Et une personne comme votre ami, Randolph von Soulzbach ?
- — Il m’a confié qu’il l’avait fait plus d’une fois avec son épouse.
- — Ah d’accord… J’y vois plus clair à présent.
Puis nous nous embrassons. Je n’ai pas souvenir d’avoir lu dans certains livres qu’un mari et sa femme devaient souvent s’embrasser, mais entre ce que racontent les pages imprimées et la réalité, il y a souvent un fossé, un gros fossé. Et puis, comme j’aime être embrassée…
Un peu plus tard dans la journée, alors que nous sommes dans nos appartements et que la pluie tombe au dehors, je viens à l’instant d’offrir ce petit plaisir à mon mari. Celui-ci est en train de reprendre ses esprits. C’est quand même étrange qu’un endroit si bas puisse vider le cerveau qui est si haut ! Mais les voies du Seigneur sont impénétrables, comme me l’a si souvent répété mon confesseur avant mon mariage. Néanmoins, je me vois mal demander à celui-ci le pourquoi du comment de cette constatation. De plus, j’ai la nette impression que seul mon mari peut répondre à ce genre de question, et non mon confesseur.
- — Décidément, Wilhelmine chérie, vous êtes experte !
- — Comment puis-je être experte, comme vous dites, alors que je viens juste d’apprendre à faire ce genre de chose ?
- — Certains talents sont innés… Je vous confirme que vous êtes très douée !
- — Mieux que vos anciennes maîtresses ?
Je constate avec plaisir que mon mari n’hésite pas une seule seconde avant de me répondre :
- — Assurément ! Vous les battez toutes, sans exception !
- — J’en suis fort aise. Au fait, y a-t-il un moyen de changer le goût à volonté ?
- — Euh… vous voulez dire quoi par là ?
- — Hier, vous étiez épicé, mais aujourd’hui, vous êtes plus acide…
Je constate qu’il est plutôt étonné par cette double constatation. Il me répond franchement :
- — Ah, j’ignorais ce fait. C’est sans doute lié à ce que je mange et ce que je bois, je suppose.
- — Tiens donc ! Pour une fois, vous ignorez quelque chose dans ce domaine ?
- — Je reconnais que je ne me suis jamais posé la question. Mais si le cœur vous en dit, je peux noter tout ce que je mange et tout je bois, puis à chaque fois, vous m’indiquerez le goût que je peux avoir. Je suppose qu’après un certain nombre d’essais, nous découvrirons une relation de cause à effet…
- — Oui, pourquoi pas…
Je vois se dessiner un large sourire sur le visage de Karl. Je lui dis doucement :
- — Je vois que vous êtes un peu fatigué, je vous laisse vous reposer…
- — Merci. Et vous, qu’allez-vous faire ?
- — Juste regarder la pluie qui tombe…
- — Comme vous voulez…
Je m’approche de la fenêtre qui donne sur une partie des jardins. Personne au dehors, la pluie tombe trop brutalement. Parfois, on dirait même qu’elle forme un rideau d’eau, brouillant les contours et les formes.
Soudain, j’entends la voix de mon mari me demander :
- — Pourriez-vous ôter vos jupons, afin que je puisse contempler vos mignonnes fesses, pendant que vous regardez au dehors ?
- — Voici une étrange lubie, mon cher époux !
- — J’adore contempler votre petit corps si voluptueux, vous le savez. Et si vous faites ce que je vous demande, ce serait alors la première fois que je pourrais admirer vos belles jambes et votre mignon cul debout.
Il paraît qu’il faut toujours obéir à son mari. Je me doute bien que sa demande n’est pas innocente, mais pourquoi pas ? Tout au plus, Karl caressera ou embrassera mes fesses, ou les deux en même temps, et j’avoue que je ne déteste pas cette marque d’intérêt pour ma personne.
J’obéis, puis mes jupons ôtés, j’attends la suite.
- — Continuez à regarder par la fenêtre, Wilhelmine…
- — Très bien…
Comme j’ai gardé le haut, et vue la disposition de la fenêtre, même si quelqu’un regardait dans ma direction, il ne verrait pas que je n’ai plus aucun habit sous ma taille. De plus, la pluie qui tombe ne laisserait rien voir, même si j’étais complètement nue.
- — Vous avez un délicieux petit cul, Wilhelmine…
- — C’est pour ça qu’hier encore, vous l’avez dévoré ?
- — Exactement ! Comme j’adore dévorer vos seins, votre ventre, votre dos, vos lèvres.
- — Ce serait plus simple de me dire ce que vous n’aimez pas dévorer !
- — C’est exact ! Vous savez quoi, ma douce femme ? J’en viens à bénir mon frère de m’avoir poussé à vous épouser ! C’est sans doute la meilleure action qu’il ait pu faire depuis qu’il est sur le trône !
- — Merci pour le compliment !
- — Non, non ! Ne vous retournez pas, restez ainsi, s’il vous plaît.
- — Comme il vous plaira.
Alors, à travers les divers carreaux, je continue à contempler les jardins au dehors, tandis que je sens sur moi le regard brûlant de Karl. Je dois avouer que ça me plaît bien.
Je sens qu’on bouge derrière mon dos. Je continue à regarder au dehors. Peu après, je sens des lèvres brûlantes se poser sur mes fesses, ainsi que des mains avides. Mon époux aime s’occuper de mes rondeurs, aussi bien celles sous mon menton que celles sous mes reins. Fidèle à son habitude, il est en train de me dévorer de mille baisers. Oui, j’adore qu’on m’adore !
- — Ah, Wilhelmine !
- — Oui, Karl ?
- — Vous avez un de ces culs !
- — Oh, Karl !
- — Peu me chaut si je parle comme un paysan ! Mais franchement, vous avez un cul à faire bander un mort !
- — Dois-je comprendre que vous êtes à nouveau en forme ?
- — En plein forme ! D’ailleurs, je vous le prouve tout de suite !
Il se redresse, se plaque sur mon dos, me faisant sentir sur mes fesses son bâton de chair que je commence à si bien connaître. Je lui concède :
- — Oui, vous êtes en plein forme ! Je croyais qu’il fallait un certain temps à un homme pour se reprendre de ses émotions ?
- — Il me semble vous avoir prouvé plus d’une fois que je savais vite me reprendre de mes émotions…
- — Je vous l’accorde… mais excusez-moi, mon cher mari, je n’ai pas une très grande expérience des hommes…
Se pressant encore plus contre moi, il gronde à mon oreille :
- — Et je vous interdis d’aller voir d’autres hommes pour faire la comparaison !
- — Vous voici bien possessif, cher monsieur !
- — Sachez que je ne vous ai pas encore pleinement possédée !
- — Ah bon ?
- — Vous vous souvenez des trois portes dont je vous avais narré l’existence, ma douce ?
- — Jade et Nacre…
Déposant un petit baiser dans mon cou, il me félicite :
- — Vous êtes une élève appliquée.
- — J’ai un bon professeur.
- — Il va sans dire… Pour en revenir à nos portes, ma chère Wilhelmine, il en existe une troisième porte, celle d’Ébène.
Intriguée, je demande :
- — Ah ? Et où donc ?
- — Je suis très proche de son entrée…
- — Vous voulez dire que votre… votre vit est très proche de l’entrée de cette troisième porte ?
- — Indubitablement ! Et je vais me faire un plaisir de vous indiquer où précisément !
Il prend son braquemard en main, puis écartant délicatement mes fesses entre ses doigts, il pose son cinquième membre contre l’orée de mon petit trou interdit. Je m’étonne :
- — Ici ? Mais… mais ce n’est pas prévu pour ça !
- — Ah oui ? Pouvez-vous me dire par où ondoyez-vous ?
- — Euh… par-devant…
- — Exactement, là où je me fais un plaisir de jouer l’épée et vous le fourreau.
- — Euh… oui… Donc vous voulez dire que si vous le pouvez par-devant, vous le pouvez aussi par derrière ?
Il se presse un peu plus contre moi, je sens plus fortement encore l’arrondi de sa verge contre mon entrée interdite :
- — Exactement, ma chère enfant ! De plus, en parlant de porte, ne suis-je pas passé par votre délicate bouche, il y a quelques minutes ?
- — Oui, mais je vous ai bu, ce qui est dans l’ordre des choses. En revanche, votre porte d’Ébène me semble plutôt être une sortie…
- — Mais voyez-vous, on peut aussi y entrer… De plus, j’admire votre phrase : ce qui est dans l’ordre des choses, c’est admirable !
Je sens comme une ironie dans les propos de mon mari. Je proteste :
- — Vous vous moquez !
- — Pas du tout, ma douce ! J’en viens franchement à regretter le fait de ne pas vous avoir connue plus tôt ! Que de temps perdu ! Que les choses sont mal faites ! Mais j’avoue aussi que je suis extrêmement heureux de vous avoir comme épouse…
- — Dois-je vous croire ?
- — Vous ai-je déjà trompée en quoique ce fût ?
Mon mari n’a pas tort, je pense que, depuis que nous nous sommes rencontrés, il a joué franc jeu avec moi, même si je soupçonne fortement qu’il a gentiment profité de mon innocence :
- — Trompée, peut-être pas. Mais quelque chose me dit que vous abusez peut-être un peu beaucoup de ma naïveté…
- — Vous avez en effet un fond naïf, je vous l’accorde, mais c’est justement parce qu’on vous a trompée jusqu’à maintenant. Ne vous ai-je pas faire découvrir d’autres horizons ? Vous ai-je manqué de respect ?
- — Non, je le reconnais… mais avouez que je peux me poser des questions ! Depuis que nous sommes mariés, vous avez chamboulé bien de mes certitudes !
- — Et j’en suis fier. Car voyez-vous, gracieuse Wilhelmine, vous êtes ma femme, et je compte marcher à vos côtés le plus longtemps possible, vous tenir la main pour aller découvrir plein de choses à deux.
Je suis troublée par cette déclaration. Karl se penche à nouveau à l’orée de mon oreille :
- — Ne bougez pas, nous avons une belle découverte à faire maintenant. Je reviens tout de suite.
- — Euh… oui…
Il revient très vite, puis se cale à nouveau avec aisance contre mon petit trou. Je sens nettement quelque chose d’humide. Intriguée, je demande :
- — Je peux savoir ce que vous venez de faire ?
- — Je me suis badigeonné de lubrifiant. Je souhaite ardemment que nous explorions ensemble votre troisième porte, mais je désire par-dessus tout que ça se passe au mieux.
- — Que voulez-vous dire par là ? Que ça peut mal se passer ?
Toujours plaqué contre mon dos, Karl saisit mes seins, puis il croque fugacement et délicatement mon oreille avant de répondre :
- — N’ayez crainte, je ne cherche que votre plaisir et le mien. Avez-vous eu matière à plainte depuis que nous sommes mariés ?
- — Euh… non. Je dois avouer que vous m’avez fait toujours découvrir plein de belles et bonnes choses, même si certaines sont… insolites…
- — Alors il en sera toujours ainsi, adorable Wilhelmine.
Puis joignant le geste à la parole, sa main droite va directement s’égarer dans mon intimité, à la recherche d’un endroit très sensible que j’adore qu’on agace du doigt ou de la langue. Comme Karl a vite compris comment ce petit bouton rose se titillait, très vite, je sens une vague chaude monter en moi, et déjà quelques soupirs s’échappent de ma bouche.
- — Penchez-vous un peu en avant, Wilhelmine…
- — Comme… comme ceci ?
- — Parfait ! Maintenant, laissez-vous aller, laissez-vous guider, faites-moi confiance…
- — Oui, je vous fais confiance, mon aimé…
- — Hmm, savez-vous que c’est la première fois que vous m’appelez ainsi ? J’aime beaucoup !
- — Alors, mon aimé, si vous aimez, ce ne sera pas la dernière fois que je vous appellerai de la sorte…
- — Très bien… laissez-vous porter, laissez-vous emporter…
Tandis qu’il s’active dans ma fente détrempée, de l’autre côté, je sens venir un léger mouvement de va-et-vient entre mes fesses. Par deux fois, délaissant mon sein, il rectifie la position de son vit. Alors que ma chatte est en feu, que je sens que la vague qui m’emportera bientôt n’est plus très loin, ma petite entrée est forcée, et je sens un intrus s’introduire doucement. La sensation est étrange mais pas désagréable.
- — Tout va bien, ma mie ?
- — Oui, mon aimé… oui, ça va…. c’est là une curieuse sensation, mais pas déplaisante…
- — Très bien… laissez-vous aller à votre plaisir, c’est tout ce qui doit compter pour vous.
Karl accélère encore plus son taquinage de mon clitoris, je souffle bruyamment, tant le ressenti est fort. Je perçois distinctement cette tige qui s’enfonce en moi, quart de pouce par quart de pouce, je me sens comme envahie, avec comme une petite douleur qui monte mais fortement contrebalancée par le plaisir que mon époux me procure par-devant. Néanmoins, je laisse échapper un petit cri.
- — Excusez-moi, Wilhelmine…
- — Pas… pas de quoi vous alarmer…
- — Je vais y remédier.
C’est avec surprise que je constate que Karl se retire lentement de moi. Puis quand il est totalement ressorti, je ressens comme un vide. Mais je n’ai pas longtemps à attendre pour qu’il revienne me combler à nouveau, sa tige à nouveau copieusement lubrifiée. À présent, elle entre sans effort en moi. Elle glisse, elle coulisse.
- — Oooh !
- — Vous avez mal ?
- — Non, non ! C’est juste que ça me fait de drôles de choses !
Je me cambre un peu plus pour faciliter cette robuste intrusion en moi. La bouche ouverte, je ferme les yeux, vivant une nouvelle expérience plutôt rude mais jouissive. La porte de Jade est très plaisante et jubilatoire, la porte de Nacre possède un petit charme un peu pervers et nutritif. Quant à la porte d’Ébène, je sens confusément que c’est encore une autre facette, plus sombre, ainsi que son nom l’indique…
- — Tout va bien, Wilhelmine ?
- — Oui, oui… tout va bien ! Je… Oh, mais vous êtes complètement entré en moi ?
- — Oui, je suis complètement entré en vous. J’ai investi le plus profond de votre corps.
- — C’est… c’est étonnant… et étrange…
C’est alors que je m’aperçois qu’effectivement, Karl est complètement entré en moi. Je me sens comme remplie, comblée, totalement prise, complètement possédée par un homme, par mon mari. La sensation est très forte, la douleur n’existe plus. Tout ce que je sens à présent, ce sont ces doigts qui me procurent tant de plaisir et cette colonne de chair qui envahit mes entrailles.
C’est alors que je découvre un nouveau monde quand Karl commence à me pistonner, d’abord lentement, puis de plus en plus fortement, de plus en plus puissamment. Le front appuyé contre un carreau de la fenêtre, je me laisse posséder par ce pieu de chair qui m’empare de mon corps. La possession est encore plus puissante que par-devant. Je commence mieux à comprendre des expressions comme « la femme est à l’homme ce que l’homme est à Dieu ». Mon aimé m’entraîne dans un tourbillon d’extases, de félicités quasi-divines !
J’en veux encore, j’en redemande, je veux être à lui, je veux qu’il me possède complément, entièrement, je veux pouvoir éclater de plaisir ! Une vaste vague rugit en moi, elle me retourne, me dévaste, tandis que je reste empalée sur le braquemard de mon époux et amant.
Alors que je m’apprête à sombrer totalement, je l’entends qui jouit en rugissant. Je me sens distinctement envahie par son sperme chaud qui envahit mes entrailles. Je n’aurais jamais cru que ça me fasse tant de bien qu’être remplie de la sorte !
Puis, je suis irrémédiablement engloutie par des ténèbres cotonneuses, vaincue, rompue mais pleinement heureuse. J’en viens même à regretter qu’il n’y ait plus d’autres portes à visiter…
Indiscrétions
Ce qui est amusant dans cette aile du château, ce sont certains appartements qui ont été divisés en de nombreuses petites pièces reliées par des couloirs assez exigus. La plupart des pièces ont même été divisées en hauteur, aménageant ainsi deux niveaux et parfois trois. La grand-tante de mon mari détestait les vastes salles, et elle a passé son temps à segmenter ses appartements, s’amusant à changer en permanence la disposition. Résultat, cet endroit est presque devenu un labyrinthe, avec même des pièces quasi-secrètes !
C’est mon mari qui m’a fait découvrir cet endroit insolite. Je peux m’y aventurer quand je veux, personne ou presque ne vient. D’ailleurs, il n’est pas rare que Karl m’y entraîne pour m’expliquer et concrétiser des choses que la morale réprouve peut-être, mais que je ne déteste pas du tout !
J’aime aller m’y rendre de temps à autre, surtout qu’il y a plein de livres dans certaines pièces, et quand mon époux doit s’absenter, il n’est pas rare que j’emprunte un livre pour aller le lire, bien cachée dans ce dédale, près d’une fenêtre ou d’une cheminée.
Aujourd’hui, comme mon mari a dû s’absenter pour des raisons protocolaires, plutôt que d’aller flâner dans les jardins, j’ai préféré venir me nicher ici. Alors que je suis en train de lire un livre, soudain, j’entends des voix de l’autre côté de la cloison où est accroché un petit tableau. Avoir l’ouïe fine n’est pas toujours une bénédiction. Je crois reconnaître la voix de Karl. Intriguée, je m’approche de cette cloison, puis je m’accroupis pour coller mon oreille afin de mieux entendre. En levant les yeux, je remarque qu’il y a un peu de lumière entre la cloison et le cadre de la peinture. Intriguée, je décroche la toile. C’est alors que je découvre un judas auquel je colle mon œil. Je découvre que mon mari et son ami Soulzbach sont présents dans la pièce voisine.
- — Finalement, Karl, vous voyez que nous avons pu expédier ces formalités plus vite que prévu !
- — Ce n’est pas un mal ! C’était déjà trop long, mais nos avantages valent bien quelques désagréments ! Je n’aurais pas la naïveté de croire qu’il n’y en ait pas.
Un sourire très amusé sur le visage, Randolph von Soulzbach demande à mon mari :
- — En parlant de naïveté, n’abusez-vous pas un peu de celle de votre jeune épouse ?
- — Vous n’avez pas tort, je le reconnais…
- — Et vous n’avez pas peur qu’elle s’en rende compte un jour ?
- — J’espère que non… Pour tout vous dire, Randolph, tout ceci n’était pas planifié ! Non… j’avais prévu d’être le mari qu’on me demandait d’être, sans plus. Mais quand j’ai découvert pour de vrai Wilhelmine, je me suis dit que j’avais finalement une incontestable chance.
L’ami de mon époux récite :
- — Vos propres paroles étaient : « Honnêtement, je m’attendais à pire »…
- — Je me rappelle très bien ce que j’ai pu dire ce jour-là et je ne le renie pas. Quand j’ai découvert les bonnes dispositions de ma femme, je me suis retrouvé dans la peau d’un jardinier qui vient de dénicher un terreau très fertile, alors, j’ai décidé de planter diverses graines afin de voir quelles magnifiques récoltes je pouvais obtenir !
Se fendant d’un large sourire, Soulzbach fait remarquer :
- — Mais depuis maintenant six mois que vous êtes marié, vous n’avez pas encore planté la petite graine que tout le monde souhaite et attend de vous.
- — Non, je reconnais que j’évite ! Je ne voudrais pas perdre une si magnifique compagne de jeu ! Songez à votre propre femme quand elle fut enceinte et après…
Son ami soupire à fendre l’âme :
- — Ne m’en parlez pas ! Je me suis retrouvé relégué au second plan ! J’aime mes enfants, mais je dois reconnaître qu’ils m’ont privé de mon épouse ! Résultat, à mon corps défendant, il a fallu que je me trouve une maîtresse…
- — Qui ressemble furieusement à votre légitime épouse…
- — Je suis fidèle à ma façon…
- — Je vois ça… Donc vous comprendrez aisément que je ne tiens pas à perdre ma femme en la transformant en mère, j’y tiens trop !
- — Ainsi vous l’aimez vraiment ?
Songeur, mon mari regarde le paysage à travers la fenêtre, puis finit par dire :
- — Oui, je l’aime. Pas de la même façon que mes ex-maîtresses… C’est à la fois plus doux, mais aussi plus… ardant, épicé… C’est un mélange de saveurs, un tutti frutti, je ne sais pas comment l’exprimer, je n’ai jamais connu ce genre de sentiment. Finalement, c’est peut-être ainsi qu’est l’amour, le vrai…
- — Je vous le souhaite…
- — Merci, Randolph.
Belle confession de mon mari, mais je crois que j’avais deviné qu’il s’était attaché à ma petite personne. En revanche, il faudra que je tire au clair cette histoire de naïveté et de jardinier qui plante des graines !
À présent, les deux hommes contemplent silencieusement les jardins à travers la fenêtre. Quelques instants plus tard, mon époux reprend la parole en se grattant la tête :
- — Parfois, j’ai un peu honte, mais vue sa bonne volonté en la matière, je ne peux m’empêcher de vouloir voir jusqu’où aller avec elle.
- — Sans indiscrétion, allez-vous loin ?
- — Nettement plus loin que je ne le devrais avec une épouse ! Et même la plupart des amantes !
- — Ah oui, c’est dire…
Mon mari hésite un peu avant de poursuivre :
- — L’étape suivante serait la coquinerie, et celle d’après la pluralité, je les ai déjà évoquées fugacement avec Wilhelmine, mais j’hésite à franchir le pas. Elle est quand même ma femme, ma femme à moi !
- — Ah ? Seriez-vous jaloux, Karl ?
- — Je n’aime pas trop les regards que certains portent sur elle… même si ma femme est très appétissante, et qu’elle rayonne !
Randolph émet un petit rire :
- — Ça, tout le monde l’a remarqué. Vous aussi, vous avez changé, vous êtes plus… joyeux, détendu, serein. Tout le monde s’accorde à dire que votre union est réussie ! Bien sûr, le confesseur de l’Empereur n’est pas tout à fait de cet avis…
- — Ce vieil hibou est jaloux du moindre bonheur ! Si ça ne tenait qu’à lui, il exigerait, séance tenante, d’exterminer tous les oiseaux pour qu’ils ne chantent plus.
- — Vous n’avez pas tort…
Mon mari adopte un ton étrange que je ne lui connais pas :
- — Ai-je tort de penser qu’il ne serait pas inutile qu’il arrive un accident inopiné à cet oiseau de malheur ?
- — Comme vous y allez, Karl ! Je reconnais néanmoins que notre Empereur se porterait mieux sans son influence délétère. Mais de là à l’aider à rejoindre plus vite notre Créateur… Vous y perdriez beaucoup si votre coup de pouce venait à être éventé !
- — Je sais, je sais. Et je ne pense pas être si stupide. De plus, mon frère serait capable d’aller s’enticher d’un confesseur pire encore !
Son ami préfère changer de sujet :
- — En parlant de confession, jusqu’où comptez-vous aller avec votre chère femme ?
- — Vous avez raison, ma femme est un sujet de conversation nettement plus agréable que ce vieil hibou ! Cela dit, je vous trouve fort indiscret…
- — Je crois me souvenir d’une certaine personne qui voulait tout savoir de mon intimité avec ma jeune épouse… Et puis, je sais très bien que vous mourrez d’envie d’en parler à quelqu’un, sachant que je semble être la seule personne à qui vous pouvez confier ce genre de propos.
- — Vous êtes bien sûr de vous, cher ami ! Mais je reconnais que vous n’avez pas tort… Vous êtes l’une des rares personnes à qui je peux me confier.
Randolph croise les bras, faisant remarquer avec un petit sourire :
- — Mais pas la seule…
- — Vous êtes au nombre de trois : ma nourrice, ma femme et vous.
- — Vous ajoutez votre femme à votre liste ?
- — Oui, mais pas pour tout, je l’admets. Avec elle, je me laisse aller à mon versant plus… comment dire… intime et expérimental.
- — J’avais cru comprendre.
Mon mari fait de grands gestes, signe évident chez lui d’une certaine fébrilité :
- — Et ça va au-delà de mes premières espérances ! Sachez, Randolph, qu’elle m’offre sans souci ses trois portes, et même que ça la ravit !
- — Ah oui, quand même !
- — Mais mon inquiétude est d’en vouloir peut-être trop par la suite. Ce qui nous arrive à elle et à moi est déjà fort plaisant, bon nombre d’hommes n’en ont pas autant. Même les plus puissants…
Son ami soupire bruyamment :
- — Moi le premier… actuellement…
- — Mais pas avant, si je ne me trompe…
- — Quand on a été habitué à un certain rythme, il est difficile de descendre la cadence.
- — Ah oui… et vous êtes bien placé pour me le dire…
Randolph soupire à nouveau :
- — Hélas…
- — Mais votre maîtresse ?
- — Disons que grâce à elle, j’ai au moins récupéré la moitié, mais auparavant, ma femme se montrait plus entreprenante et diversifiée. Vous imaginez la perte…
Cette phrase semble rendre songeur mon époux. Le silence s’installe quelques instants. Mon époux regarde au lointain puis annonce :
- — La pluralité attendra un peu, voire beaucoup. La coquinerie… je verrais. Je tiens à consolider les acquis. Mais ça m’amuserait que ma chère femme dise parfois des gros mots, ça ferait un grand contraste entre ses mots et ce qu’elle est, ou plutôt ce qu’elle semble être.
- — Je ne comprends pas, Karl. Votre femme est une gentille femme, non ? Pas le genre à jurer telle une femme de mauvaise vie…
- — Oui, c’est indéniable, mais c’est aussi une très grande dévergondée en puissance… C’est ce que je ressens au fond d’elle, et aussi de moi-même. Que j’aimerais faire fructifier son don ! Le faire s’épanouir !
- — Ah, vous voulez donc jouer au professeur ?
Posant sa main sur un carreau, Karl se tourne vers son ami :
- — Vous savez comme moi que je ne suis pas très doué pour ce genre de choses. J’essaye de faire de mon mieux, mais je suis conscient de mes lacunes. Puis-je compter sur votre aide, mon cher Randolph ?
- — Mon aide, volontiers, mais comment puis-je vous aider ?
- — En me donnant sincèrement votre avis afin que j’aie une autre vision des faits, et éviter ainsi de faire des bêtises.
- — Vous aurez droit à mon avis le plus sincère possible, Karl.
- — Merci, je n’en attendais pas moins de vous. Maintenant, allons-y, car je me languis déjà de ma chère femme. Je suppose qu’elle doit se balader dans les jardins.
Les deux hommes quittent la pièce. En voici une conversation intéressante ! Je suis maintenant fixée sur divers points de détail concernant mon couple. Je retiens surtout le fait que mon mari est amoureux de moi.
Alors rangeant mon livre dans la bibliothèque, je me rends ensuite dans les jardins afin d’y croiser incidemment mon mari.
Semons et récoltons…
Je découvre bien vite Karl au détour d’un bosquet. Sans me dire quoique ce fût, il s’empare de moi pour m’embrasser voluptueusement. Quand nos lèvres se séparent, il me confie :
- — Vous m’avez manqué, ça n’a pas été une sinécure… et vous, je vous ai manquée ?
- — Humm… juste un petit peu…
- — Vous êtes une chipie !
Tandis qu’il s’apprête à m’embrasser à nouveau, je pose mes doigts sur ses lèvres :
- — Oui, je sais… J’ai toujours été bonne pour deviner les pensées d’autrui, mais il semblerait que depuis que vous m’avez fait vraiment femme, ce don se soit amplifié.
- — Que me chantez-vous là, Wilhelmine ?
- — Je reconnais que j’avais un peu peur de vous avouer ce genre de choses. Vous auriez pu croire à des sornettes… La transmission de pensée, ou plutôt la lecture de pensée n’est pas chose admise par les scientifiques.
Mon mari me regarde d’un air assez étonné. Ce qui ne l’empêche pas de jouer le jeu :
- — Ah bon ? Et là maintenant, vous sauriez me dire ce qui trotte dans mon esprit.
- — Je peux essayer, si vous le voulez…
- — Essayez, essayez, ma douce…
Je pose ma main sur son front, je me concentre, puis je finis par lâcher :
- — Oh, Karl, vous êtes un gros coquin !
- — Ma chère Wilhelmine, il n’est guère difficile de deviner ce qui gambade dans mon esprit à votre sujet, surtout dans l’intimité…
- — Oh ça, je commence à être habituée à vos pensées lascives… Non, non, je faisais allusion à autre chose, mon cher mari.
- — Ah ! Et quoi donc ?
- — Ne voudriez-vous pas que je prononce parfois quelques gros mots ?
Vue la tête que fait mon époux, j’ai bien réussi mon coup. Néanmoins, il se reprend assez vite :
- — Je… je vais vraiment finir par croire que vous avez vraiment lu dans mon esprit !
- — Donc, vous confirmez ?
- — J’aurais préféré une autre façon de vous en informer, et ceci plus tard, mais finalement, ce n’est pas plus mal que vous sachiez…
Un large sourire coquin se dessine sur mes lèvres :
- — Et quel genre de mots, Karl ?
- — Ah ? Votre faculté de lire dans mes pensées ne va pas jusque-là ?
- — Il faut croire qu’elle est encore fort limitée, mais avouez que c’est déjà bien.
- — J’avoue, j’avoue. Je suis fort impressionné !
Après un rapide coup d’œil circulaire, il avise un banc, s’y assied, puis il exige que je m’assoie sur ses genoux, une position que nous affectionnons souvent, lui et moi. D’ailleurs, malgré l’épaisseur de mes jupons, je sens que mon mari est excité. Je passe mes bras autour de son cou. Karl rit doucement :
- — Si mon frère passe par ici, il va être très offusqué !
- — Comment deux frères peuvent-ils être si différents ? Néanmoins, il est indéniable que vous soyez parents, car la ressemblance est indéniable entre vous deux.
- — Il faudrait être aveugle pour le nier.
Après avoir dit cela, mon mari s’agite un peu, repositionnant autrement ses jambes. Je crois comprendre pourquoi, alors je lui propose coquinement :
- — Seriez-vous un peu gêné par votre bâton de chair ?
- — Vous avez encore tout deviné ! Vous me faites trop d’effets, Wilhelmine !
Je m’étonne faussement :
- — Pourtant, la nuit, vous avez de quoi vous délasser…
- — La nuit, ce n’est plus assez, ma chère femme !
- — Vous me lutinez très souvent le matin, il me semble…
- — Le matin, ce n’est plus assez, ma chère femme !
- — Et même lors de certaines siestes…
- — La sieste, ce n’est plus assez, ma chère femme !
Je l’enlace un peu plus :
- — Bref, vous voulez tout le temps !
- — Bon résumé, ma douce !
C’est à mon tour de lancer un petit coup d’œil circulaire, puis de me jeter à l’eau :
- — Puis-je vous faire une suggestion, mon cher mari ?
- — Je vous écoute, ma chère femme.
- — Mais vous ne me gronderez pas si… si ça ne vous convient pas…
- — Je vois mal ce qui pourrait ne pas convenir venant de vous.
Alors je me lance :
- — Voilà, je peux arranger mes jupons de telle façon que vous ayez un… un accès direct… À vous de faire le nécessaire pour le reste…
- — Oh-oh, ma petite femme se dévergonde ?
- — Seriez-vous fâché ?
- — Nullement ! Je suis même positivement ravi !
Aussitôt dit, aussitôt fait. L’instant d’après, un dur bâton de chair chaude se fait sentir sous mes cuisses et mes fesses. Karl soupire d’aise :
- — Aaah ! Il n’y a pas à dire, c’est nettement mieux ainsi…
- — Vous n’avez pas peur que votre frère arrive ?
- — Ne parlez pas de malheur, petite effrontée ! Mais parlons de choses sérieuses, comme cette histoire de gros mots…
- — Karl, vous avez une curieuse conception de la notion de chose sérieuse !
- — Tout ce qui touche à notre couple est à la fois sérieux et plaisant.
- — Je suis fort aise de le savoir… dis-je tout en remuant pour lui faciliter l’entrée. Mon mari me sourit. Il ne lui faut pas longtemps pour s’enfouir en moi, bien au chaud. J’adore cette sensation, c’est comme si j’étais à la fois sa chose rien qu’à lui, et en même temps comme si j’avais une totale emprise sur mon époux.
Mon mari soupire béatement d’aise :
- — Quel bonheur ! C’est si bon d’être là où je suis ! Évitez de trop bouger sinon je ne réponds plus de rien, et j’ai envie de faire perdurer cet instant de félicité !
- — En clair, si je bouge, vous vous videz ?
- — C’est bien résumé, adorable Wilhelmine. Et il serait dommage que vous soyez obligée de vous balader toute souillée durant un certain temps.
- — Oh, qui sait… ça pourrait me plaire…
Karl me regarde d’un air très étonné. J’aime quand je le surprends de la sorte. Il devient pensif, puis finit par avouer :
- — Ce serait en effet une expérience à tenter…
- — Tout comme les gros mots ?
- — Tout comme les gros mots, c’est parfaitement exact.
Je me serre contre lui, telle une chatte :
- — Vous ne m’avez pas dit ce que vous attendez de moi… Les gros mots sont un vaste domaine, vous savez.
- — Vous ne m’apprenez rien, ma coquine Wilhelmine. Je pense qu’il convient de commencer par le commencement, c’est-à-dire gentiment, puis nous progresserons petit à petit.
Je questionne mon mari :
- — Allez-vous en dire, vous-aussi, Karl ?
- — Ça me semble être la moindre des choses : vous en dites, j’en dis aussi.
Je deviens plus câline :
- — Alors, dites-moi dans le creux de l’oreille que je suis votre garce !
- — Wilhelmine !!
- — Allez, allez !
Karl se prend au jeu, il approche ses lèvres de mon oreille et y murmure :
- — Vous êtes la plus belle garce que j’ai jamais vue !
- — Hmmm… C’est vrai, ce mensonge ?
- — Je peux vous affirmer que vous êtes ma merveilleuse garce !
Je reconnais que ce n’est pas faux, sachant que mon mari ne me trompe pas. Je sais, je sens qu’il est trop attaché à moi pour l’instant, et nous sommes presque toujours ensemble, lui et moi. Par amusement et par curiosité, je décide d’activer sérieusement les choses en susurrant de façon fort lascive :
- — Ah oui ? Je suis votre merveilleuse garce, celle que vous avez envie de baiser tout le temps, celle dans laquelle vous enfoncez votre grosse bite ?
Karl me regarde d’un air stupéfait, il ne s’attendait pas à ce que je puisse dire des choses pareilles ! Et pour bien marquer mon territoire, je remue du bassin, m’empalant mieux encore sur sa verge bien raide, et en continuant mes petites insanités :
- — Qu’est-ce que vous attendez, gros cochon, gros pervers ! Venez remplir votre petite garce, venez vider votre grosse bite en moi !
Mon mari fait un effort surhumain pour se contenir, il gémit :
- — Ah, Wilhelmine !
- — Je croyais que j’étais votre dévergondée de petite garce ?
Il explose dans un grand râle dans lequel j’entends souvent le mot « garce » prononcé entre deux cris. Soudain, la tête rejetée en arrière, mon mari s’oublie complètement :
- — Ah, tu veux ma grosse bite, petite garce ? Tu vas l’avoir encore et encore ! Aaah ! Ooh !
Est-ce que Karl se souviendra de cette phrase ? Si oui, s’excusera-t-il ? Ou tentera-t-il de l’enfouir au plus profond de sa mémoire ? Il y a ceux qui assument et ceux qui n’assument pas, et j’ignore encore dans quel camp mon mari est. Je ne le connais pas encore assez pour cela.
Tandis que je regarde Karl jouir vigoureusement, ses mains crispées sur mes seins, je me sens comme puissante, dominante. J’aime le regarder en train de jouir, j’aime le voir s’abandonner, le savoir si faible dans ce moment de félicité. Comme si je scrutais un tableau, je regarde mon mari en train de se vider en moi, sachant pertinemment que dans peu de temps, mes jupons et mes cuisses seront souillés de son sperme gluant devenu froid.
Je commence à comprendre le sens caché de certaines de mes lectures. L’homme a peut-être la première place dans l’univers, après Dieu, mais une femme qui sait y faire le mènera par le bout du nez, ou par un autre bout…
J’en viens alors à imaginer la même scène avec d’autres hommes, afin de tester mon nouveau pouvoir sur eux…