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Temps de lecture estimé : 47 mn
03/08/20
corrigé 19/01/22
Résumé:  Je fais la rencontre fortuite d'une jeune femme sans domicile fixe, qui va amener de grands changements dans ma vie.
Critères:  fh hplusag jeunes caférestau douche hmast nopéné -rencontre
Auteur : Pericles  (Épicurien marxiste, tendance Groucho...)      Envoi mini-message

Série : SDF

Chapitre 01 / 02
SDF

Levant les yeux de mon écran, je regarde l’open space autour de moi d’un œil morne. Mon travail est de plus en plus inintéressant, ce qui m’amène à en faire de moins en moins. Il faut dire que voilà maintenant dix-huit ans que je fais la même chose. Et au moins sept ans que je m’emmerde au plus haut point !


Ce qui est fou c’est que petit à petit, j’ai réduit ma charge de travail à un point tel que je me sens presque coupable de recevoir chaque mois un salaire très confortable, qui n’est clairement plus du tout en rapport avec le travail effectif que je délivre. Ma pause déjeuner s’est allongée jusqu’à dépasser régulièrement les deux heures et je ne me prive pas de partir plus tôt lorsque j’en ai envie, ce qui arrive de plus en plus souvent.


Depuis que je suis devenu le Directeur du développement informatique de la grosse PME qui m’emploie, je suis devenu paresseux. Heureusement pour moi – et malheureusement pour mon entreprise – je suis une personne difficile à remplacer.


Pendant mes toutes premières années de travail pour ma boîte, j’étais plein de motivation et je ne comptais pas mes heures. Le patron de la société m’a alors accordé toute sa confiance sur la gestion réseau et le développement des progiciels nécessaires à la bonne marche de l’entreprise. Dans de nombreux cas, j’ai fini par coder moi-même des solutions quand je n’arrivais pas à en trouver l’équivalent sur le marché. Et de fait, mes contributions font désormais partie intégrante de la valeur de l’entreprise. Je ne suis certes pas assez naïf pour penser que je ne pourrais pas être remplacé, mais ce serait très compliqué. Développement Agile, SCRUM, Kanban… toutes ces techniques modernes de développement n’existaient pas encore à l’époque et, de fait, tous les manuels et documentations des solutions que j’ai développées sont dans ma tête et nulle part ailleurs. Ce n’a pas été une démarche volontaire de ma part, je ne l’avais pas prévu de cette façon, cela a juste évolué ainsi au fur et à mesure que la société grandissait.


Et, petit à petit, je suis passé du statut de seul développeur de la boîte à responsable d’un service de neuf personnes. Et comme c’est moi qui les ai recrutés et les ai formés, j’ai la chance de pouvoir totalement m’appuyer sur le travail de mes collaborateurs.


J’ai lu, il y a quelques années dans une revue de management, que « le but de tout manager est de tendre vers son inutilité » : et bien on peut dire que j’y ai à peu près réussi. Moins j’en fais et plus mon département tourne comme une horloge.

Et comme en plus le chiffre de mon salaire a évolué de manière inversement proportionnelle au travail réel que je faisais, je n’ai vraiment pas à me plaindre. Mes plus gros problèmes aujourd’hui sont de m’assurer que les gars de mon équipe sont au travail à plein temps et de fournir le rapport d’activités occasionnel qu’on me demande et que je reste le seul à pouvoir créer.


En plus, j’ai économisé près d’une centaine de jours de congés. Je n’en prends que très rarement, car il n’y a vraiment aucun endroit où j’aurais envie d’aller. Ma femme est morte il y a sept ans et même avant, nous n’étions déjà pas de grands voyageurs.

Je me dis qu’un jour je vais prendre plusieurs mois de congés d’affilée et faire un truc vraiment « aventureux », sortir franchement de mes limites. Mais au fond de moi, je sais très bien que je n’en ferai rien. Le dernier truc un peu aventureux que j’aie fait, c’était mon service militaire, à l’époque où il existait encore. Je ne me fais pas d’illusions, je suis tout simplement un mec ennuyeux à mourir, qui aime rester seul dans son coin.

Ce qui m’excite le plus, ces derniers temps, c’est de découvrir une nouvelle série sur Netflix ou d’acheter un nouveau jeu vidéo encensé par la critique pour y jouer sur ma Xbox ou ma PlayStation. Voilà qui en dit assez long sur le mec transparent et insipide que je suis devenu depuis que Nathalie, ma femme, m’a laissé seul.


Je regarde à nouveau l’horloge en bas de mon écran. Déjà 11 h 45.

Il est temps d’aller déjeuner.


D’habitude, je rentre chez moi pour déjeuner. Je n’habite qu’à dix minutes du bureau. Mon évasion quotidienne, c’est aller me faire un sandwich à la maison et jouer sur ma console au dernier jeu à la mode. Je suis fan de FPS et de jeux de stratégie et je m’accorde toujours une heure et demie à midi pour m’adonner à ma passion.

Le dernier en date, The last of us, Part II est une tuerie, mais voilà, je l’ai déjà terminé. Et, à cause du confinement de ce printemps, la sortie de nombreux jeux que j’attendais avec impatience a été retardée.

Alors aujourd’hui, à l’idée de me retrouver devant mon sempiternel sandwich, sans rien d’intéressant à faire, je décide d’aller manger Chez Norbert, un troquet du coin où j’ai mes habitudes.


J’y arrive suffisamment tôt pour éviter l’heure de pointe. Corinne au service, Norbert en cuisine, voilà une petite affaire qui marche bien, avec une cuisine du marché souvent renouvelée. Corinne m’accueille toujours par mon prénom. Bien plus âgée que moi, la cinquantaine bien tassée, elle m’accueille toujours avec un grand sourire amical.

J’ai l’impression de l’avoir toujours vue, là, derrière son comptoir. Chaque fois que je la vois, j’envie son bonheur apparent, sa bonhomie et je me demande comment elle fait pour avoir toujours la pêche, en toute circonstance.



Je l’avais mise au courant de mes passions au cours de nos quelques conversations au fil des ans.



Les affaires d’abord. Je sais qu’elle veut préparer ma commande avant le coup de feu. Elle sait comment y faire avec les habitués. Il ne me faut pas attendre bien longtemps avant que je ne me retrouve avec, devant moi, un excellent tartare préparé bien épicé par Norbert, avec des frites croustillantes.

J’attrape le quotidien régional du jour qui traîne sur le comptoir et j’essaie de me tenir au courant de l’actualité, tout en dévorant ma viande crue. Je suis cependant vite distrait par une conversation qu’a Corinne avec une fille mince à l’autre bout du comptoir.


Cette fille arbore une sorte de look punk. Le côté gauche de sa tête a été rasé de près, mais pour le reste, elle a de longs cheveux noirs qui descendent jusqu’au milieu de son dos. Deux longues mèches violettes prennent naissance à environ deux centimètres de son cuir chevelu pour se terminer au bout des pointes de ses cheveux. Son oreille dégagée arbore un peu trop de piercings pour mon goût, dont un anneau transperçant le tragus. Elle a également mis bien trop de mascara et, avec sa tenue blouson noir, jean noir, elle fait penser à ce genre « emo » qui était à la mode il y a quelques années. La voyant attifée comme ça, mon côté un peu réac se dit qu’elle doit avoir un père passablement énervé par son look.

Cependant, si on arrive à faire abstraction de son look destroy, c’est une très jolie fille à peine sortie de l’adolescence, en tout cas pas plus de vingt-cinq ans.


Tendant l’oreille discrètement, j’écoute le dialogue entre la jeune femme et Corinne. Visiblement, Mademoiselle Emo essaie de négocier un repas pour quatre euros. En l’observant de plus près, je remarque qu’elle a l’air un peu émacié.

Corinne essaie de lui dire qu’un demi-sandwich et un verre d’eau, c’est tout ce qu’elle peut s’offrir avec quatre euros. J’ai l’impression que c’est tout le viatique que la jeune fille possède. Une expression plutôt maussade traverse son visage.


Pour être honnête, dans le passé, je n’ai jamais vraiment ressenti de compassion pour celles et ceux qui font des choix non-conformistes. Pour moi, si celles et ceux qui avaient fait sciemment ce choix et décidé d’être et d’agir différemment, payaient malheureusement ce choix en ayant des perspectives de vies plus difficiles, eh bien, ils ne pouvaient s’en prendre qu’à eux-mêmes. Cependant, en vieillissant, j’ai graduellement un peu adouci mon regard sur le droit à la différence. Je crois maintenant que l’uniformité, c’est encore pire. Après tout, les gens peuvent faire des choix alternatifs et ont le droit de trouver leur propre chemin dans le monde. Je ne suis peut-être pas d’accord avec les choix de cette fille, mais je lui reconnais le droit de les faire.

En fait, on pourrait très bien dire que moi aussi, j’ai fait beaucoup de mauvais choix quand j’étais jeune. Et peut-être encore plus aujourd’hui.

Je sors dix euros de mon portefeuille et, ayant fait signe à Corinne de m’apporter mon café, je me penche vers elle et je lui glisse à l’oreille :



Puis je lui glisse les dix euros dans la main.



Corinne me sourit et hoche la tête. Quant à moi, je retourne aux nouvelles du jour, me disant vaguement que j’ai fait ma bonne action de la journée.

Lorsqu’elle dépose sur le comptoir devant la jeune fille, une assiette avec deux œufs mayonnaise, une tranche de terrine et un sandwich complet, j’écoute Corinne expliquer à la demoiselle que le cuisinier s’est trompé et que puisque c’était préparé, elle n’allait pas le jeter, donc ça irait pour ses quatre euros.


C’est comme si la jeune fille venait de gagner au loto. Son visage maussade est transfiguré par un magnifique sourire. Elle commence à manger et, en l’observant, je me dis qu’elle semble ne pas avoir fait un vrai repas depuis longtemps. En moi-même je suis assez fier de moi. Je regarde Corinne qui me sourit et me fait un clin d’œil. Je lui souris en retour et, ayant laissé le prix de mon repas sur la table, je sors du restaurant pour rentrer dans la pharmacie adjacente et y acheter des lames et de la mousse à raser.

Quand je ressors du magasin, la jeune émo m’attend dehors.



Je feins l’incompréhension et je me dirige vers ma voiture.



Elle a l’air très en colère. C’est dit d’un ton presque méprisant. Eh bien, voilà, il semblerait qu’aucune bonne action ne reste impunie.



J’arrive à la voiture et j’ouvre la portière. Je préfère fuir l’algarade plutôt que de continuer à argumenter.



Visiblement très en colère, elle crie, maintenant. S’il y a bien un truc qui me fait monter dans les tours, c’est qu’on me crie dessus. J’ai alors tendance à être sur la défensive et à dire des choses stupides qui ne font qu’aggraver la situation. Je jette mon sac de pharmacie sur le siège passager et je me retourne vers elle.



C’est sorti de manière un peu plus méchante que je ne l’aurais voulu. J’ai bien mis l’accent sur « vomir » et « chier », tout en ayant l’air franchement agressif. Elle recule d’un pas, un peu sonnée par ma réponse. Ce recul me laisse le champ libre pour me tirer de là au plus vite. « Merde », dis-je en secouant la tête, en sautant sur le siège conducteur et en refermant la portière. Je prends une profonde inspiration avant de démarrer la voiture. À cet instant, je ne me sens pas bien du tout, un flux d’adrénaline envahissant mon corps. Une série de petits coups sur la fenêtre viennent alimenter mon énervement.



Je lève les yeux et je la vois qui pleure :



Puis elle se retourne et s’éloigne.



J’ouvre la portière et sors de la voiture.



J’essaie de paraître contrit. Une tentative assez lamentable, il faut bien le reconnaître.



Elle s’est arrêtée, cependant elle ne s’est pas retournée vers moi. J’ai la nette impression qu’elle pleure encore.



J’espère un « non » pour que nous puissions nous séparer dans des conditions décentes et que je puisse retourner à ma petite vie insipide. Je veux juste qu’elle arrête de pleurer.



Elle ne me regarde pas en disant cela et j’ai un peu peur de l’approcher. Je sens bien qu’elle aurait besoin qu’on la prenne dans les bras, mais je ne la connais pas et la pensée d’une nouvelle rebuffade me paralyse. Pour me donner une contenance, je ferme la portière et je m’assieds sur le capot de ma voiture. Je ne peux tout simplement pas la laisser pleurer seule, là au milieu du parking.



Elle se retourne et je constate que de longues coulures noires maculent ses joues. Visiblement, dans son budget, le mascara a une priorité plus élevée que la nourriture.



J’essaie de l’amener à réfléchir plus posément. Elle ne se rapproche pas de moi, ce qui me semble une bonne chose. C’est néanmoins bizarre d’avoir une conversation personnelle avec quelqu’un qui est à plus de trois mètres de soi.



Et la voilà qui se remet à pleurer doucement. N’ayant jamais eu d’enfants, je ne sais pas gérer une situation un peu complexe comme celle-là. Les rares fois où ma femme pleurait, je pouvais simplement la tenir dans mes bras. Mais là, je ne sais pas comment gérer cette fille.



J’essaie de changer un peu du sujet pour arrêter ses pleurs.



Emma lui convient bien mieux qu’Emmanuelle. Emmanuelle est un très joli prénom, mais dans la situation où elle est en ce moment, je trouve qu’Emma semble plus adapté.



J’étais sur le point de dire sans-abri, mais je trouve que ce mot serait trop difficile à entendre pour elle pour le moment.



Elle ne semble pas vraiment excitée par ma suggestion. Je suppose que je ne le serais pas non plus si j’étais à sa place.

Ses vêtements sont sales et froissés. Je décide de creuser un peu plus la question :



Elle semble hésiter à répondre. Plus gênée qu’hésitante, d’ailleurs.



Elle recommence à pleurer. Merde, elle a vraiment touché le fond. Je me rends compte que je ne peux pas la laisser sur ce parking.



Le minimum que je puisse faire, c’est de l’aider à trouver un refuge. Je ne voudrais pas qu’elle vienne grossir les statistiques des SDF. Malheureusement, jolie comme elle est, elle ne tarderait pas à être agressée sexuellement ou pire encore.



Elle me semble totalement désemparée. Je déteste quand les gens ont l’air vaincus. Cela rend tout le monde un peu déprimé. Je me sens moi-même tout bizarre de vouloir l’aider. Ça fait bien longtemps que je ne me suis pas impliqué personnellement dans la vie d’une autre personne. Je sors mon téléphone et je le lui tends :



De fait, je me sentirais bien mieux si cela ne reste pas privé. J’ai la sensation qu’amener cette jeune fille chez moi est déraisonnable, mais ce serait encore pire de la laisser ici. Elle s’avance vers moi, prends mon GSM. Elle le contemple, incertaine, pendant une minute, puis finit par me le rendre.



Pas de larmes cette fois. Juste une triste prise de conscience qu’elle n’a plus personne vers qui se retourner. J’avoue que je ne suis pas très à l’aise avec cette situation. Elle est adulte, mais je me sentirais beaucoup mieux si quelqu’un d’autre l’avait aidée.

Récupérant mon téléphone, j’appelle le bureau et leur dit que je prends le reste de la journée.


Nous arrivons chez moi une dizaine de minutes plus tard. Je montre à Emma la chambre d’amis dotée d’une salle de douche attenante. Je lui fournis des serviettes propres et un de mes peignoirs. Il va être bien trop grand par rapport à son corps fluet, mais c’est tout ce que j’ai.

Je la laisse prendre une douche et pendant ce temps, je cherche sur Internet quelles associations pourraient lui venir en aide.

À ma grande surprise, je constate qu’il n’y a qu’un seul refuge dans la ville, et, après les avoir appelés, je ne peux que constater qu’il est complet. La directrice, que j’ai en ligne, me dit que les affectations des chambres se font quotidiennement. Si le temps est mauvais, le refuge est généralement complet largement avant midi, et quand il fait beau, il se remplit vers quatre ou cinq heures de l’après-midi. Et comme Météo France a émis un avis de vigilance orange pour des orages la nuit prochaine, aujourd’hui, le refuge s’est rempli très tôt.


Mince, c’est bien plus compliqué que ce que je croyais, la vie de sans-abri dans ma ville.

Je n’avais pas un instant pensé qu’il y aurait un problème pour trouver un refuge pour Emma. Je commence à me botter mentalement les fesses pour lui avoir offert mon aide. Je ne me vois pas la remettre à la rue, mais, pour ma petite quiétude personnelle, c’est vraiment inconfortable de la savoir dans ma maison. Pour ce que j’en sais, elle peut très bien être une sorte de folle psychopathe. Eh bien, ce qui est fait est fait. Je n’aurais qu’à vivre avec cette décision pendant une nuit.


Je remonte vers la chambre d’amis et n’entendant plus la douche, je frappe légèrement à la porte. Sans réponse de sa part, j’ouvre la porte en l’appelant par son prénom. Elle ne risquait pas de répondre : je la trouve profondément endormie sur le lit, ses cheveux enturbannés dans une serviette et le corps dissimulé jusqu’aux pieds dans ce peignoir trop grand.

Elle a l’air si paisible, que je décide de la laisser dormir tranquillement. Je suppose que lorsque vous êtes à la rue, il faut savoir saisir au bond toute possibilité de dormir un peu. De toute façon, faute de place, elle n’ira nulle part ailleurs ce soir. Elle dort tout l’après-midi, et même pendant le début de la soirée. Je commence à me dire qu’elle ne se réveillera pas avant le lendemain matin. Je scotche une feuille sur la porte de la chambre afin qu’elle ne panique pas à son réveil :



Un peu fatigué par ces montagnes russes émotionnelles auxquelles je ne suis plus habitué depuis bien longtemps, je vais me coucher dans ma chambre. Je joue un peu à Rise of Kingdoms sur mon smartphone, mais bien vite, mes yeux se ferment. Il est temps pour moi aussi d’aller rejoindre le marchand de sable.

Ma femme a beau m’avoir quitté depuis plus de sept ans, je dors toujours du côté gauche du lit. C’est un lit king size et n’importe qui profiterait de tout l’espace pour s’étaler, mais je me sens juste plus à l’aise à gauche.


Météo France ne s’est pas trompée quant aux orages. Malgré un sommeil de plomb, je suis réveillé par le tonnerre vers deux heures du matin. Pendant une demi-heure, la foudre n’arrête pas de tomber à proximité, illuminant la chambre à travers les persiennes, immédiatement suivie par le rugissement du tonnerre.

Pas besoin de compter les secondes, l’orage s’acharne juste au-dessus de la ville. Je constate rapidement que le courant est coupé, la lueur des LED de mon réveil matin ayant disparu.

Je me demande si Emma va réussir à dormir avec tout ce boucan. Il ne me faut pas longtemps pour avoir la réponse à ma question : j’entends en effet la porte de ma chambre s’ouvrir, puis un corps se glisser dans le lit, du côté jadis occupé par ma femme.

Je me sens un peu gêné, jusqu’à ce que je la sente tirer les draps sur sa tête. Je fais semblant de dormir, mais un grand sourire s’étale sur mon visage. Emma a tellement peur de la foudre qu’elle a pris le risque de venir dans mon lit. Ma femme avait la même hantise des orages.

Je me dis que j’ai bien fait de ne pas la mettre dehors pour la nuit. Aussi silencieusement que possible, je me tasse sur le côté gauche du lit. Je ne voudrais pas qu’un contact accidentel se produise entre nous.


Mon alarme se déclenche à sept heures comme elle l’a fait durant les sept dernières années. Me souvenant que j’ai une visiteuse inattendue dans mon lit, je me tourne vers Emma. Le soleil passant à travers les persiennes me permet de la distinguer clairement. Elle dort encore, n’ayant visiblement pas entendu la radio de mon réveil. Pendant la nuit, les draps ont glissé et une partie de son peignoir, ouverte, me permet de voir sa poitrine. Celle-ci a l’air si douce qu’instinctivement, je tends la main pour la toucher. Heureusement, je me rattrape rapidement. Je me dis qu’il faudrait que je ferme son peignoir, mais si elle se réveillait à ce moment, j’aurais l’air d’un vieux pervers.

Je la laisse donc et vais prendre ma douche. L’eau n’est pas assez froide pour me calmer. La vision de ses jolis seins n’arrête pas de hanter ma pensée. Depuis le décès de mon épouse, je n’ai eu aucun rapport sexuel avec d’autres femmes, et mon sexe semble me dire qu’il est bien temps que cela change.


J’essaie de penser à d’autres choses, au travail, aux bases de données, mais j’ai beau faire, je reviens toujours à ses seins. Ils ont l’air si fermes et en même temps si doux. Je me résous à me masturber sous le jet de la douche pour évacuer cette vision de ma tête. D’habitude, il me faut regarder un porno sur Internet pour m’amener à jouir, mais là, la simple évocation de la poitrine d’Emma suffit à me donner un puissant orgasme, me ramenant aux toutes premières éjaculations que j’avais eues avec ma femme. Au moins, je ne passerai pas la matinée en érection !


Je me lave ensuite tranquillement, puis, m’étant essuyé et ayant enroulé le drap de bain autour de ma taille, je reviens dans la chambre. Ce foutu sein est toujours là, mais je peux, sans arrière-pensée prendre dans mon placard mes vêtements du jour. Je réussis à ne pas réveiller Emma alors je retourne dans la salle de bain pour m’y habiller.

Il va falloir que je réussisse à réveiller Emma. Je ne veux pas l’approcher physiquement, tant qu’elle est partiellement dénudée. Ce serait gênant pour elle, beaucoup trop intime pour moi.

Je décide donc d’essayer de la réveiller par l’odorat. Je fais cuire du bacon. J’adore le bacon, mais je m’astreins normalement à n’en manger que le week-end. Pour réveiller Emma, je vais donc faire exception.

Alors que l’odeur de poitrine de porc grillée commence à embaumer la maison, je mets également deux tranches de pain de mie dans le grille-pain. Encore une bonne odeur qui devrait lui titiller les narines !


Stratagème visiblement efficace puisqu’apparaît la tête d’Emma, ou plutôt le nez d’Emma, irrésistiblement attiré par cette divine odeur.

Ses cheveux sont complètement ébouriffés : leçon du jour, ne vous endormez jamais avec les cheveux mouillés enveloppés dans une serviette.

Je lui souris : « Bonjour Emma » et lui désigne un tabouret. Elle me rend mon sourire et s’assied. Heureusement pour moi, elle a arrangé son peignoir et plus rien ne vient troubler mon regard.



Elle ne semblait pas plus gênée que ça d’avoir envahi mon espace vital.



Elle peut, elle n’a rien mangé depuis hier au déjeuner. La magie de l’odeur de bacon grillé a visiblement opéré parfaitement.

Attendant que je la serve, elle regarde tout autour d’elle et ses yeux s’arrêtent sur une série de photos sur la crédence. Elle se lève et pointant ma photo favorite, elle demande :



Elle la scrute attentivement.



C’est une déclaration purement factuelle. Ça fait longtemps que j’ai passé le stade de l’émotion à l’évocation de sa disparition.



Elle passe lentement son doigt sur le visage dans l’image.



Je sens poindre une vieille douleur. Peut-être la cicatrice n’est-elle finalement pas totalement refermée. Préférant changer de conversation, je lui demande :



Elle retourne s’asseoir. J’admets que je prends du plaisir à cuisiner pour quelqu’un d’autre. Surtout pour elle, dont je sais à quel point elle a besoin d’un bon repas.

Pour autant que je sache, c’est le meilleur petit déjeuner que mange Emma depuis bien longtemps. Elle savoure chaque bouchée, ne laissant pas la moindre miette dans l’assiette. Elle a l’air vraiment heureuse quand finalement elle repousse son assiette. J’ai le sentiment qu’elle se sent bien chez moi. Je fixe son sourire béat, plutôt content de moi.



Elle m’a surpris. Je n’avais pas fait attention que je la scrutais. Je n’ai plus vraiment l’habitude des interactions avec les gens.



J’ai dû rougir un peu. Je détourne le regard et je commence à rassembler les plats.



Je me demande si ce sont les seuls vêtements qu’elle possède. Elle n’a pas de sac avec elle, mais peut-être en a-t-elle laissé quelques-uns ailleurs. Merde, j’aurais dû lui demander hier si elle avait besoin de récupérer quelque chose.

Je mets la vaisselle dans l’évier et la rejoins à la buanderie. Elle est en train de manipuler le curseur du lave-linge.



Où les sans-abris cachent-ils leurs affaires, d’ailleurs ?



Aïe, une question qui fait visiblement mal. Je m’assieds sur le tabouret au fond de la buanderie.



Elle tourne brièvement son visage vers moi et je sens ses larmes revenir. Putain, quel abruti ! Je ne voulais pas déclencher ça. Je n’insiste pas et je vais pour me lever et sortir, mais elle reprend la parole :



J’entends les sanglots dans sa voix.



Elle s’essuie les yeux avec la manche du peignoir.



Je peux voir maintenant des larmes inonder ses joues.



Ses épaules tremblent et elle s’appuie sur la machine à laver.



Je suis stupéfait. Je me vois mal continuer à lui chercher une place en refuge après ça. Pas après ce que ce salaud lui a fait.

Je sais que c’était probablement inapproprié, mais je ne veux pas la laisser supporter ça tout seul. Je me lève, vient derrière elle et je la serre contre moi. Je ne trouve rien à lui dire, mais j’espère que mes gestes parlent pour moi. Elle se retourne dans mes bras et enfouissant sa tête contre ma poitrine, elle pleure doucement. Je reste ainsi, immobile, jusqu’à ce que ses sanglots cessent.



L’éloignant de moi, je prends une dose de lessive sur l’étagère.



Elle a l’air d’y croire vraiment.



Je mets la dose de lessive dans la machine puis repositionne le curseur sur normal – bizarrement, elle l’avait mis sur soie & textiles délicats – puis je lance la machine.



Je viens de me donner une nouvelle mission : sauvez Emma de sa vie de merde.



Et elle part vers la cuisine.

À condition qu’elle arrête de me mettre ses seins sous les yeux, elle sera pour quelques jours comme la fille que je n’ai jamais eue. Avec des connards comme Théo autour, elle a clairement besoin d’une figure paternelle.

Récupérant mon téléphone sur la console dans le couloir d’entrée, j’appelle mon boss et je lui dis que quelque chose d’important m’est arrivé dans ma vie personnelle et que j’ai besoin de quelques jours de congé. Il ne me demande pas d’explications, et me dit juste de prendre le temps dont j’avais besoin. Vingt ans de travail en commun, finalement, ça génère pas mal de confiance. Je rentre dans la cuisine où Emma fait la vaisselle à la main.



Elle cherche la machine du regard, sans la trouver. Je la contourne et j’ouvre la porte du lave-vaisselle encastré.



Elle sourit et se lave les mains.



Je suppose que son enfance a été un peu plus difficile que la mienne. Je la laisse continuer et m’assieds sur l’un des tabourets.



J’imaginais bien qu’elle n’avait pas fait d’études supérieures, mais je pensais qu’elle avait au moins terminé ses études secondaires. Un peu gênée, elle me répond :



Elle a l’air un peu triste à ce sujet.



Je ne peux pas imaginer à quel point trouver du boulot doit être est difficile sans au moins un diplôme d’études secondaires.



Elle paraît résolue, mais je sens également sa trouille à l’idée de se retrouver à nouveau toute seule à la rue. Soudainement, une pensée me frappe.

Le lave-linge, positionné sur soie & textiles délicats alors que je lui avais dit de le mettre sur normal, puis ensuite, Emma incapable de trouver le lave-vaisselle alors qu’il est écrit en gros dessus « Lave-vaisselle Bosch »…



À ma question, elle s’effondre par terre, le dos adossé contre le mur de la cuisine et se remet à pleurer. Merde, je suis vraiment nul à ce truc de père. Mais comment diable notre système scolaire lui a-t-il permis d’accéder jusqu’en première sans savoir lire ?



Elle est bien plus à plaindre encore que je ne le pensais : elle n’a aucune confiance en elle, et se coltine un complexe d’infériorité énorme. Pas étonnant que Théo ait pu la manipuler comme ça. Ne sachant pas lire elle était forcément très dépendante pour la gestion au quotidien.

Eh bien, cela se termine aujourd’hui.



J’espère que la perspective de nouveaux vêtements pourra alléger un peu son humeur.



J’ajoute avec une certaine légèreté à mon ton :



Elle s’est tournée pour me regarder, toujours bouleversée. Je montre du doigt la photo de ma femme devant laquelle Ella s’était arrêtée plus tôt.



Elle se relève et retourne finir le chargement du lave-vaisselle.



Elle a au moins assez repris du poil de la bête pour terminer la tâche qu’elle avait démarrée.



Elle s’est à nouveau repliée sur elle-même. Elle se sent visiblement mal d’accepter que je l’aide sans qu’elle ne puisse rien m’offrir en contrepartie.



Je n’ai pas vraiment besoin d’une femme de ménage, mais je sens qu’il faut que je trouve quelque chose pour qu’elle puisse accepter mon aide sans qu’elle ait honte que je lui fasse la charité. Emma me tend la main :



Je lui ai prends la main et la serre. Cette poignée de main est plus agréable que je ne l’avais imaginé. Je n’ai pas vraiment envie de lui lâcher la main.


Quand nous arrivons au Monoprix, je sens Emma tout excitée. J’imagine que ça fait bien longtemps qu’elle n’a pas pu faire des courses pour elle.



En m’entendant dire ça, je suis choqué par la somme. Je n’arrive pas à croire que je suis passé de 10 € pour un repas à 200 € en une seule journée. Ce n’est pas que je ne peux pas me le permettre, la maison étant payée et n’ayant quasiment aucun autre loisir que les jeux vidéo, je dépense chaque mois à peine un tiers de mon salaire. Non, tout simplement, je n’ai pas l’habitude de donner mon argent. Emma me sourit et attrape ma main. Je suppose que je ne marche pas assez vite à son gré. Pas grave, c’est une très jolie main !


À l’intérieur du magasin, c’est une nouvelle Emma que je découvre. Bondissant de rayon en rayon, essayant des chaussures, choisissant soigneusement de très jolis sous-vêtements, puis des pantalons, des t-shirts et des chemisiers… Environ une heure plus tard, son panier est plein, et il me semble qu’on va dépasser un peu le budget alloué.



Je n’ai vraiment pas le cœur à remettre quoi que ce soit en rayon. Je réalise que j’apprécie vraiment son enthousiasme. Après une matinée de pleurs, cela me rend heureux pour elle.



Emma m’annonce cela comme un fait avéré. Elle n’a rien écrit et n’a évidemment pas de calculatrice avec elle. Elle me sourit :



Pour elle, à nouveau c’est juste un fait : elle est absolument convaincue que son addition est bonne. Je regarde avec curiosité la caissière commencer à passer les vêtements devant le scanner. Emma lui fait corriger le prix de l’ensemble de lingerie, pour laquelle elle n’avait pas appliqué la promotion. Elle a tout de la chasseuse de bonnes affaires. En ce qui me concerne, j’avoue qu’en général j’ignore le prix et que je prends juste ce dont j’ai envie. J’attends avec fascination le total. La caissière annonce :



Je suis stupéfait… et Emma sourit jusqu’aux oreilles. Pas de doute, c’est une pro du calcul. Je ne peux pas croire que quelqu’un puisse mettre autant de choses dans un panier et savoir en permanence quelle en est la valeur.



Je suis très fier d’elle. Je ne sais pas pourquoi, je la connais à peine. Mais je prends un énorme pied à la voir rayonner comme ça.

Je réalise aussi que les vêtements ne suffiront pas. Elle a aussi besoin d’articles de toilette pour femmes. Nous entrons donc dans une parapharmacie et je lui donne un billet de 50 €. Elle attrape un panier et se dirige vers les différents rayons. Quant à moi, je traîne vers l’entrée du magasin. On va dire que je ne suis pas forcément très à l’aise de la suivre pendant qu’elle choisit des produits d’hygiène féminine. Et comme je n’y connais rien, je me demande si 50 € vont suffire. C’est vrai quoi, je n’ai jamais acheté de boîtes de tampon ou de gel de nettoyage intime de ma vie ! Je la retrouve à la caisse :



La caissière, une jeune fille, me semble légèrement impressionnée alors qu’elle constate qu’ici aussi, Emma a donné le montant exact.

Certes, l’exploit n’est pas aussi grand que pour le Monoprix, il y a moins de produits, mais ça reste assez étonnant quand même. En plus, j’ai l’impression qu’elle fait ça sans aucun effort, de manière très naturelle. Voilà qui démontre bien qu’elle n’a aucun problème d’intelligence. Je commence à me dire qu’elle doit avoir une sorte de trouble d’apprentissage pour ne pas avoir réussi à maîtriser la lecture. Il va falloir que je trouve quelqu’un pour diagnostiquer son problème.

De retour à la maison, elle se dirige vers la machine à laver, et, ayant séparé le blanc des couleurs, elle fait une machine de blanc avec ses affaires neuves.



J’avoue que je n’ai jamais pensé à ça. Je me demande soudain si Nathalie, ma femme, faisait de même. Cette fois-ci, Emma ne se trompe pas, le bouton est bien sur Normal.



En plus, elle apprend vite de ses erreurs. C’est clairement une fille intelligente. Une fille vraiment intelligente.



Combien de choses insignifiantes doit-elle mémoriser pour se débrouiller sans lire ?

Sans me prévenir, elle pose ses lèvres sur mes joues.



Puis elle appuie sur le bouton de démarrage – sans se tromper – et part mettre le sac d’articles de toilette dans la salle de douche attenante à sa chambre. Et moi, je reste là en train de me dire que ses lèvres sont bien douces.


Je passe le reste de la matinée à chercher sur Internet qui, dans ma ville, pourrait diagnostiquer pourquoi Emma a un problème pour apprendre à lire.

Recherche ardue, parce que je ne connais pas forcément les mots de recherche appropriés. Cependant, au bout d’une demi-heure, je tombe sur le site d’un centre d’apprentissage de la lecture et de rattrapage pour personnes à problèmes « dys ». Ils ciblent prioritairement les jeunes enfants, mais semblent également ouverts aux adultes. Ça vaut la peine d’essayer.


Je les appelle et on me passe le Dr Fontanet. Elle est la fondatrice du centre et me semble compétente. En tout cas, sur la partie annuaire de Google, le centre est noté 4,7 sur 5 avec plus de 100 critiques, ce qui me semble de bon augure.


J’explique à madame Fontanet le problème d’Emma et je lui demande si elle est trop âgée pour le centre et si on peut encore faire des progrès à l’âge adulte. Le Dr Fontanet me rassure et me dit que personne n’est jamais trop vieux pour l’apprentissage de la lecture. Elle ajoute qu’elle serait heureuse d’avoir un entretien avec Emma et de voir quel est le problème.


Elle me suggère un rendez-vous en fin de journée lorsque tous les plus jeunes enfants seront repartis chez eux. Il me semble que c’est une bonne idée. Je ne suis pas sûr qu’Emma aimerait se retrouver au milieu de petits enfants. Je note le rendez-vous pour ce soir 18 h 30. Il ne me reste plus qu’à convaincre Emma.


Pendant que nous déjeunons, j’explique à Emma :



Je m’attendais à une certaine résistance. Peut-être de nouveaux pleurs ou des éclats de voix, comme hier, comme quoi elle ne veut pas que je lui fasse la charité ou que je l’aide. Mais non, pas du tout, sa seule réponse est :



Elle ne semble pas du tout hésitante. Je dois avoir l’air un peu surpris, car ses sourcils se soulèvent un peu en attendant ma réponse.



Elle hausse les épaules et prend une autre bouchée de son sandwich. J’avoue qu’elle m’impressionne favorablement. Comment diable ai-je pu autant changer ma vision d’elle en seulement un jour ?



Voilà qui n’est pas pour me déplaire, je ferai d’une pierre deux coups : aider Emma et me régaler d’une bonne entrecôte – frites – béarnaise. Fort heureusement, le centre du Dr Fontanet a le bonheur d’être à cinquante mètres d’un de mes restos préférés.


Le Dr Fontanet nous rencontre à l’extérieur de son bureau, dans une petite salle d’attente. Nous sommes passés devant quelques salles de classe visiblement aménagées pour de jeunes enfants. J’avoue être heureux que nous ayons obtenu un rendez-vous après le départ des enfants. Cela aurait pu être un peu gênant pour Emma de se sentir entrer dans une école primaire.



Le Dr Fontanet me tend la main que je serre en retour.



Emma baisse la tête.



Elle a l’air d’avoir perdu dix ans et d’être redevenue une ado complexée.



Le docteur sourit et tend la main à Emma. Emma relève la tête, sourit en retour et lui prend la main.



Je hoche la tête et m’assieds sur l’un des sièges inconfortables disponibles. En attendant le retour d’Emma, je joue à l’un des nombreux jeux sur mon smartphone.

Et je dois effectivement attendre assez longtemps. J’ai déjà eu le temps de perdre trois vies à State Survival quand la porte du bureau s’ouvre à nouveau. Emma en sort avec un grand sourire, suivie du Dr Fontanet. Je suis heureux de voir que ça s’est bien passé pour elle.



Emma est rouge de plaisir. Et visiblement, elle a réussi à créer une excellente relation avec Mme Fontanet. J’avoue en être également très heureux, et pas peu fier d’avoir remis Emma sur de bons rails.



Puis elle se tourne vers moi :



Emma se renfrogne soudain. Elle avait oublié que rien n’est jamais gratuit. Je la rassure bien vite :



Emma hésite à répondre et me regarde. J’imagine qu’elle n’avait pas pensé que j’aurais à payer autant. Mais une fois de plus, je ne vais pas laisser ça m’arrêter. Je me suis donné une mission et je vais la mener à bien.



Je regarde Emma, afin qu’elle acquiesce également.



J’imagine qu’elle se sent un peu coupable. Il va falloir que je lui démontre qu’elle a tort de nourrir ce sentiment.

Le Dr Fontanet nous ayant ramenés à l’entrée, Emma et moi nous dirigeons à pied vers « La Boucherie ».

Emma se tourne vers moi :



Mais j’ai eu le temps de penser à une solution possible :



J’espère lui vendre mon plan correctement.



Je me tournai vers elle avec un visage sérieux :



Elle me tend la main.



Elle a un très joli rire, que je n’avais pas encore eu l’occasion d’entendre. Je lui serre la main et nous voilà partis tous deux, ravis, pour déguster une bonne viande.


La Boucherie est aussi bondée que d’habitude. En général, je n’aime pas attendre au resto, mais ici, je dois dire que la nourriture vaut bien les quelques minutes perdues. Nous sommes finalement assis à une table pour deux, vingt minutes plus tard.

Emma a passé tout le temps d’attente à parler de sa conversation avec le Dr Fontanet. Le docteur a semblé vraiment impressionné par la jeune femme et tout ce qu’elle a réussi à accomplir malgré sa dyslexie.

Quand nous sommes finalement installés, une jolie serveuse, sensiblement de mon âge, vient se présenter.



Je vais pour corriger l’erreur de la serveuse, mais je n’ai pas le temps d’ouvrir la bouche qu’Emma lui répond :



Emma me sourit. Dieu que son sourire est lumineux !



J’avoue que l’entendre m’appeler papa, quelque part, ça m’a fait très plaisir. Je dois aussi avoir un sourire très niais sur le visage.

Les boissons arrivées, je suis prêt à commander. En fait, j’étais prêt avant d’entrer. Je commande toujours la même chose ici : une entrecôte Black Angus, saignante, avec des frites et une sauce béarnaise.

Emma et Julie ont entamé une conversation sur les différents plats à la carte, aussi dois-je attendre qu’elles en aient fini avant de pouvoir commander.

Dès que Julie est partie avec notre commande, Emma me demande :



D’où est-ce qu’elle sort ça, maintenant ? Elle reprend :



Emma essaie de me vendre l’idée.



Aucune femme ne s’intéresse à moi. Jamais. Enfin, sauf Nathalie, mais ça, c’était il y a longtemps.



J’avoue que là, je suis un peu paumé. La drague et la compréhension des sentiments des femmes, ce ne sont pas des domaines où j’ai des compétences avérées. C’est même plutôt l’inverse. Moi, tout ce que je veux dans ce restaurant, c’est une bonne entrecôte !



Elle cochait chacune de mes supposées qualifications sur ses doigts, fière de son analyse. Mais moi je m’en fous d’être un bon parti. Je suis très bien, tout seul, dans ma vie. Bon, c’est vrai, j’avoue qu’être avec Emma apporte plein de changements que je trouve très agréables parce qu’ils bougent un peu ma vie justement. Mais je ne vois absolument pas Emma comme une compagne potentielle. Jouer le rôle de papa de remplacement me va très bien.



Elle me taquine maintenant. J’adore la voir sourire, mais je n’ai pas envie de la voir jouer les entremetteuses.

Julie revient avec notre repas quelques instants plus tard. Mon entrecôte exhale une succulente odeur de viande grillée, et elle est accompagnée d’un monceau de frites croustillantes.



Emma me fait un clin d’œil. Rougissant, je lève les yeux pour remercier Julie et je vois qu’elle me fixe du regard en souriant. Cela me met un peu mal à l’aise.



C’est tout ce que je trouve à dire. Emma vient à mon secours :



Et elle pose sa main de manière amicale sur mon épaule avant de se diriger vers une autre table. J’essaie d’ignorer cette sensation finalement pas si désagréable et je retourne à mes frites.



Heureusement, Emma chuchotait.



Emma a l’air très sûre d’elle. Quant à moi, je ne suis toujours pas convaincu.

Le repas fini, quand Julie m’amène la machine à Carte Bleue, Emma et elle ont eu une autre courte conversation. J’ai envie de partir, mais je m’oblige à être patient. M’ayant finalement donné le ticket Carte Bleue, Julie pose à nouveau sa main sur mon épaule :



Je hoche la tête et souris bêtement. Elle ajoute une petite pression mélangée à un sourire puis se dirige vers la cuisine.



Bon, au moins, l’entrecôte était bonne.


Revenus à la maison, Emma et moi regardons la moitié d’un film avant de nous rendre compte que nous sommes tant l’un que l’autre épuisés. Il s’est passé beaucoup de choses aujourd’hui et nous sommes mentalement fatigués. Je suis le premier à céder et après avoir somnolé pendant cinq bonnes minutes du film, je décide de jeter l’éponge. Je lui dis qu’elle peut continuer toute seule et je me dirige vers ma chambre. Un brossage de dents rapide, puis, continuant à bâiller, je me déshabille et enfile le short qui me sert de pyjama. Je m’effondre sur le lit, toujours du côté gauche, et il me faut moins d’une minute pour être presque dans les bras de Morphée.


Cependant, juste avant le black-out complet, j’entends la porte de la chambre s’ouvrir. Emma est là dans sa nouvelle chemise de nuit. Elle entre et ferme la porte, puis, se couchant du côté droit, elle murmure :



Je souris dans le noir et me tasse sur le côté gauche du lit. Je sens alors sa main sur mon épaule :



La main se retire et je la sens se repositionner à l’autre bout du lit, du côté droit. Dommage, ce toucher sur mon épaule, c’était bien agréable. Je sens que je m’endors, souhaitant vaguement qu’elle me touche à nouveau.


J’émerge lentement le lendemain matin. C’est agréable de ne pas entendre un réveil. J’ai un peu plus chaud que d’habitude et, quand le brouillard s’est dissipé devant mes yeux, je réalise qu’Emma s’est positionnée en cuillère contre moi pendant la nuit. Son bras est allongé sur mon flanc et sa poitrine s’écrase contre mon dos. Je peux sentir sa respiration tranquille dans mon cou.

Elle dort profondément et j’hésite à bouger, je ne voudrais pas la réveiller. En fait, je me sens hyper bien, en paix avec le monde. Je referme les yeux pour profiter de cette sensation… et je me rendors.


Quand je me réveille à nouveau, un peu plus tard, je suis seul dans le grand lit. Je soupire et me redresse. Le réveil précédent était plus agréable. Je regarde le radio-réveil : déjà dix heures. C’est fou, je n’avais pas dormi aussi longtemps depuis très, très longtemps. Et je sens dans mon corps que cela me fait beaucoup de bien. Je me sens reposé, pas groggy comme d’habitude. J’enfile un t-shirt au-dessus de mon short et je file à la cuisine.


Sur mon chemin, je trouve Emma, assise les jambes croisées sur le canapé, en train de regarder un programme du matin sur la télé. Sa chemise de nuit est remontée jusqu’à sa taille et j’ai une vue directe sur sa culotte blanche. Comme la culotte est ainsi tendue de par la position de ses jambes, on devine sous le coton la forme de son sexe. J’essaie de ne pas regarder, mais c’est dur, cette vision éveille en moi des sensations depuis longtemps endormies.



J’essaie désespérément de garder mes yeux sur son visage.



Je trouve la force de ne pas jeter un dernier regard à sa culotte et passe derrière le comptoir de la cuisine pour insérer une capsule dans la machine à café. Par-dessus le comptoir, je peux seulement voir l’arrière de sa tête, mais mon cerveau, lui, voit toujours ses cuisses laiteuses et cette blanche culotte. La machine à café cessant son bourdonnement me ramène à la réalité.



J’en fais un second et je viens poser les deux tasses sur la table basse devant le canapé. Je lui souris et mes yeux en profitent pour vagabonder à nouveau. Elle est vraiment belle, malgré cette bizarrerie d’avoir rasé ses cheveux sur le côté droit. Je m’assieds sur un fauteuil et je fais semblant de regarder la télé en sirotant mon café. Des fantasmes érotiques me traversent l’esprit et il me faut une grande gorgée de café bouillant pour me ramener à la réalité. Cela fonctionne : j’ai la langue brûlée, mais pendant un moment je ne pense plus ni à ses jambes ni à sa culotte. Elle termine son café et, se levant, j’ai à nouveau un aperçu fugace d’une culotte joliment ajustée avant que la gravité ne fasse retomber sa chemise de nuit. Elle met sa tasse vide dans l’évier et me dit :



En partant, elle passe derrière mon fauteuil et, se penchant soudain vers mon oreille, elle me murmure :



Sur ce, elle me donne un bisou sur la joue avant de s’éclipser. Je suis scotché sur mon fauteuil par son audace et par son naturel. Mon premier réflexe est de nier, mais elle est déjà dans le couloir. Visiblement, je n’ai pas été d’une discrétion suffisante, et elle a bien vu la direction de mon regard. Je me sens soudain comme un vieux pervers qui mate les adolescentes. D’un autre côté, aurait-elle adopté cette position sciemment ?


Après m’être rasé, avoir pris une douche rapide et habillé, je retourne à la cuisine où je trouve Emma en train de finir de laver les deux tasses à café. Elle est vêtue d’une nouvelle paire de jeans et d’un t-shirt. Le jean lui va bien et moule parfaitement ses fesses.



L’excuse me semble bien faible et je me traite d’abruti en mon for intérieur.



Elle m’interrompt :



Elle a aimé ça ! Je ne m’attendais pas à ça. Peut-être a-t-elle trouvé flatteur que je la matte. Alors si elle veut continuer à s’habiller comme elle l’a été, je me ferais un plaisir de la flatter à nouveau !


Chez Bricorama, nous trouvons tout ce dont nous allons avoir besoin : bâches, pinceaux, rouleaux et bien sûr, peinture. J’en achète assez pour faire les deux premières chambres. Emma me conseille une couleur ivoire neutre sachant que je ne sais pas vraiment quelle couleur choisir.

Avant d’arriver en caisse, je lui demande, comme la veille, pour combien nous en avons dans le chariot. Et comme la veille, elle me donne le juste prix. J’ai essayé de faire le calcul moi aussi, mais je me suis quand même trompé de plus de 15 €. Elle est tout simplement incroyable.


Elle m’aide ensuite à déplacer les meubles de la deuxième chambre d’ami, celle qu’elle n’occupe pas. Ça nous prend bien une demi-heure pour tout sortir. Puis je donne à Emma un de mes vieux t-shirts pour qu’elle ne ruine pas ses nouveaux vêtements en peignant.

Elle revient de la salle de bain pieds nus en ne portant que le t-shirt. Elle a les cheveux tirés en arrière et attachés en queue de cheval.

Elle me vire de la pièce en me disant que j’ai sans doute du travail en retard à cause d’elle. J’aurais bien aimé rester avec elle, mais elle n’a rien voulu savoir. C’est son job, je la paie pour ça, alors : dehors !


Je me branche alors sur le VPN de l’entreprise et vérifie que tout se passe bien sur le réseau en mon absence. Au bout de deux heures, je me rends compte qu’il serait peut-être temps de casser la croûte. Je vais donc dans la cuisine pour préparer un repas pour nous deux. Récupérant au frigo de la viande de bœuf hachée et dans un placard du concentré de tomates et des spaghettis, je me lance dans une version toute personnelle de spaghettis à la bolognaise.

Je mets les couverts sur le comptoir de cuisine et j’appelle Emma. Quand elle arrive, j’éclate de rire. Je ne sais pas combien de peinture elle a mis sur les murs, mais ce qui est sûr, c’est qu’elle en a aussi beaucoup mis sur elle. Elle a de longues coulures sur ses bras et ses jambes, quelques taches dans ses cheveux, ainsi qu’une belle traînée s’étalant de son nez à sa joue droite. Elle est craquante dans son t-shirt surdimensionné.



Je pointe le tabouret, sors un torchon d’un tiroir et le mouille abondamment. Je m’assieds ensuite sur le tabouret à côté d’elle et lui tenant la tête d’une main, je lui essuie doucement le nez avec la serviette. J’essaie de pas irriter sa peau, mais je dois quand même frotter un peu plus fort que je ne l’aurais voulu. Une fois le nez fini, je m’attaque à la joue. Pour me faciliter la tâche, elle se penche vers moi et me regarde dans les yeux. Ces yeux sont bruns avec de petites taches noires autour de la pupille. Ils sont follement attirants. Je continue à essuyer doucement sa joue même si la peinture a disparu depuis longtemps. Une des mèches violettes de ses cheveux a échappé à sa queue de cheval et est tombée devant son visage. Je la repousse gentiment derrière son oreille.



Elle frissonne alors que mes doigts frôlent son oreille. Elle se lève, attrape ma main et me dit :



Et elle m’entraîne vers la salle de bain.



Elle me sourit :



Je me demande si la peinture pourra partir en brossant ses cheveux.



Emma se retourne avec son beau sourire :



Elle attrape mon autre main et me tire jusqu’à la salle de bain. Je me demande comment nous allons y arriver sans mouiller nos vêtements, quand je me rends compte à son sourire espiègle qu’elle compte bien que nous soyons nus tous les deux dans cette douche.

Mon cerveau me dit que ce n’est pas du tout raisonnable, même si mon sexe, dans mon boxer semble penser différemment. Je freine des quatre fers et essaie de me donner un peu de temps pour réfléchir.



Elle lâche mes mains et enlève son t-shirt rapidement. Elle se tient alors devant moi uniquement vêtue de cette petite culotte que j’avais matée au petit-déjeuner. Elle est vraiment belle à couper le souffle. Ses seins sont d’un blanc laiteux, pas très grands, juste ce qu’il faut pour mes mains, tous deux surmontés de jolis mamelons rose pâle dont la pointe est érigée.

Je ne sais pas comment elle a fait, mais elle a réussi à mettre de la peinture jusque sur son délicieux ventre plat.

Je regarde à nouveau ses yeux. Elle ne sourit pas, elle a l’air plus hésitante, et a une mimique adorable sur ses traits fins.



Je m’autorise à la tutoyer pour la première fois. Elle est comme un tableau dont je n’ose déranger la perfection, malgré les taches sur la toile de maître. Son sourire est revenu et son visage est à nouveau resplendissant. Se rapprochant de moi, elle commence à retirer mes vêtements.



Je suis ravi qu’elle ait embrayé sur mon tutoiement.

Je l’aide à retirer mes vêtements. Je me sens comme avec ma première petite amie, lorsque je m’étais empressé de retirer mes vêtements avant que la fille ne change éventuellement d’avis. Quand je descends mon boxer, mon sexe se redresse soudain, en pleine érection. Je ne sais pas pourquoi, mais je suis un peu gêné par son enthousiasme.

Mais Emma qui vient de regarder mon sexe rebondir rigole gentiment :



Elle se dirige vers la douche et fait couler l’eau. Elle a dû se pencher un peu, ce qui fait ressortir son très joli postérieur, toujours revêtu de la fameuse petite culotte.



Je souris d’une oreille à l’autre. Si ça ne la gêne pas que je regarde, je ne vais certainement pas m’en priver. Regardant par-dessus son épaule en souriant, elle glisse ses doigts dans l’élastique et fait lentement descendre sa culotte au sol. Je peux presque entendre une musique de strip-tease dans ma tête alors que ses fesses se balancent l’une après l’autre. Elle rit à mon regard lubrique, se relève et saute sous la douche. Puis elle tend sa main vers moi pour m’attirer avec elle.


Tenant le pommeau de la douche, Emma mouille ses cheveux et me tend le shampoing. Elle se retourne et penche la tête en arrière vers moi. Plus grand qu’elle, je me régale à contempler le haut de ses seins mouillés alors que je commence à appliquer le shampoing sur ses cheveux. Je masse son cuir chevelu et insiste sur les longues mèches violettes pour en déloger les taches. Ses cheveux sont extraordinairement denses et doux et je prends un vrai pied à les masser.


En fait, c’est bouleversant de sentir une autre femme si proche de moi, ça faisait tellement longtemps. De temps en temps, elle recule et ses fesses viennent se frotter contre mon érection, ce qui me procure d’intenses frissons. Ça fait bien longtemps que toute peinture a disparu de ses cheveux quand je décide enfin de les rincer.

Elle se retourne, met ses deux bras tendrement autour de mon cou et m’attire contre elle.



Elle m’embrasse langoureusement. Ce baiser de quelques secondes me semble durer des heures. Emma y met fin et pousse un long soupir. Elle attrape le savon, me regarde droit dans les yeux et me susurre :



Elle glousse et me tend le flacon de savon liquide. Je le saisis avec la ferme intention de la savonner partout.

Je commence par ses mains et ses bras. Je les savonne et frotte la peinture. Puis, ayant repéré une tache sur le côté de son cou, je m’attarde doucement sur cette zone délicate. Enfin, je tombe à genoux et je viens frotter les taches le long de ses jambes, d’abord à l’endroit où elles sont effectivement, puis un peu plus haut que nécessaire, volant des regards sur la petite chatte la plus mignonne que j’aie jamais vue. À peine une petite touffe de poils bien rasés, juste au-dessus de sa fente accueillante. Je la regarde dans les yeux, puis je viens laver doucement la dernière tache de peinture, sur son ventre et son pubis. Elle me sourit aussi, un magnifique et radieux sourire s’étendant jusqu’à ses yeux et qui me dit que je ne suis pas le seul à kiffer en ce moment.

Je la rince à nouveau et, passant légèrement mes doigts sur sa cuisse, je les laisse frôler ce qui fait d’elle une femme. Elle frissonne, mais, me prenant par la main, elle me relève :



C’est tout ce qu’elle me dit, tout en me reprenant le savon des mains.

Deux mots tous simples, mais tellement porteurs de promesses. Je sens mon sexe palpiter d’anticipation.

Elle me regarde dans les yeux et commence à savonner mon sexe en érection. Je gémis quand elle se met à me branler doucement de sa main savonneuse. Nos lèvres se cherchent à nouveau et je sens sa langue partir à l’exploration de ma bouche.

C’en est trop pour moi, je ne peux pas me retenir plus longtemps. Je ne peux contenir un violent gémissement et mon sexe explose. Je ne me souviens pas avoir déjà eu un orgasme aussi intense.

Emma ne lâche pas prise et continue à me masturber doucement pendant que ma queue éjecte sa semence, spasme après spasme. Enfin, elle relâche mes lèvres, me laissant reprendre mon souffle et me contemplant, essaie de retenir un rire :



J’ouvre les yeux et je suis son regard jusqu’à son ventre. Les mains, les bras et le ventre d’Emma sont recouverts de mon sperme. Je peux à peine croire que tout cela est sorti de moi. Elle a l’air carrément stupéfaite en observant la quantité de sperme qui la macule.



Elle s’esclaffe et je n’ai pas d’autre choix que de rire aussi, tant sa gaieté est contagieuse.

Saisissant le pommeau de la douche, elle nettoie toute trace de sperme de son corps et je l’aide en la caressant un peu partout. Une fois redevenue présentable, sans taches de peinture… ni de sperme, je lui tends un drap de bain et je me délecte à la regarder se sécher.


Je me rends compte que, non seulement j’ai joui avec une femme pour la première fois depuis sept ans, mais qu’également, je n’avais pas ri comme ça depuis autant de temps, peut-être même plus. Le sexe avec Nathalie, c’était toujours très agréable, mais jamais nous n’y avions ajouté ce petit grain de folie qu’apparemment Emma sait distiller.

Je réalise aussi que j’ai franchi la ligne de perversité morale que je m’étais promis de ne pas dépasser et que je viens d’avoir un rapport sexuel avec une fille dont je pourrais facilement être le père.


Mais sur le moment, je m’en fiche complètement.

La vie est trop courte pour s’en soucier.



À suivre…