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Temps de lecture estimé : 29 mn
04/10/20
Résumé:  Une rencontre, fortuite pour l'un, voulue et provoquée par l'autre, mène PY, homme solitaire et taciturne, à un lâcher prise total.
Critères:  fh hotel cérébral fmast caresses fellation cunnilingu préservati pénétratio confession -rencontre
Auteur : Enzoric      Envoi mini-message

Série : PY

Chapitre 03 / 07
... d'heures en heures...

Résumé :

Une rencontre, fortuite pour l’un, voulue et provoquée par l’autre, mène PY, homme solitaire et taciturne, à un lâcher-prise total. Depuis, Chlo, seule femme ayant su susciter son attention, rythme retrouvailles et jouissances.





Chlo


J’ai assuré grave ! J’en r’viens pas !

J’avais tout prévu. Le timing. Le mot donné au pingouin. L’hôtel. Tout tout tout. Tout nickel. Comme sur des roulettes. Mais pas prévu qu’il le lise pas mon mot.

Putain ! J’sais bien qu’il est pas normal, mais quand même ! Merde quoi ! Quand t’as du courrier tu l’ouvres non ?

Bah lui non. Il repose son verre dessus. Comme s’il savait déjà. Ou alors il voulait pas savoir. Pour retarder l’moment. Comme quand tu déballes un cadeau. Moi j’aime les cadeaux. Alors quand on m’en fait un j’arrache le papier. Mais pas lui. Sûre qu’c’est l’genre à déballer tout propre. À replier le papier et à l’garder comme un trésor.


Ouais c’est ça. C’était trop tôt. J’ai été trop vite.

Pourtant j’avais tout prévu. Sauf qu’il lise pas. Alors j’ai sorti des rails. J’ai improvisé. J’aime pas bidouiller. Surtout quand j’ai passé des jours à tout prévoir. Tout régler aux p’tits z’oignons. Mais j’en pouvais plus d’attendre. Alors j’l’ai embrassé.

Pas qu’c’était pas prévu. Mais pas si vite. Pas au bar.


J’balisais grave. J’savais qu’il dirait rien lui. Mais quand même ! J’flippais ma race. Surtout que l’pingouin il zyeutait. Y’a pas loin qu’ils z’en ont viré un pour faire c’qu’j’ai fait. Bon c’est vrai qu’là c’est moi qu’ai commencé. Pis personne n’avait giflé personne. Pis quand c’est la femme qu’embrasse la prems ça passe mieux.


J’lui ai fait des p’tits bisous. Des p’tits smacs. Il avait juste la bouche un peu ouverte. L’baiser c’est l’avant-goût. La promesse. Faut l’soigner. Surtout l’premier. S’il est pas bon t’as kék’chose qui t’dit mauvais coup. Alors j’l’ai joué cool. Pas pressée. Pas en manque. Pourtant j’en crevais d’puis un moment.


Elle a bon goût sa bouche. Il pue pas du bec lui au moins. Sa langue aussi elle est bonne. Et ses joues. Vache qu’elles sont douces ! Rasées nickel.


Quand il a écarté les cuisses j’savais. Il m’invitait dans son monde. Il m’accueillait chez lui.

J’ai r’pris du courage. Sortis la grande classe. J’le tenais. J’l’avais en main. J’l’touchais. Fallait qu’je sache s’il était dans l’même état qu’moi.

J‘étais plus moi-même. Comme l’couillon qui m’a faite cocue pac’qu’il pense qu’avec sa queue. J’contrôlais plus rien. En roue libre. Plus d’frein.

J’ai pas vraiment fait exprès d’lui toucher. Mais il y a tremblé. Moi j’aime pas trop qu’on m’tripote les seins. J’sais bien qu’c’est une zone érogène pour beaucoup. Mais moi ça m’chatouille plus qu’autre chose. Mais fallait que j’sache. Pour être sûre. J’suis r’passée dessus. Pareil. Il aime lui. Et moi j’aime faire plaisir. Mais là j’pouvais pas foutre les mains dans sa chemise quand même ! Ça se fait pas ça en public ça !


Pis j’voulais savoir autre chose. Pour être sûre que j’lui fais l’effet qu’il me fait. Mon ex fallait que j’le chauffe pour qu’il soit en forme. Lui il avait pas débandé la s’maine dernière. Sans que j’le touche. Alors j’voulais savoir si c’soir c’était pareil. J’l’ai fait discret. Ouais. Il bandait. J’étais pas fière. J’étais contente.

Quand il a ouvert les yeux j’ai compris. J’avais gagné la partie. Même s’il avait pas lu mon mot. Que mon plan avait un peu foiré.


J’ai toujours plein d’idées en tête. C’est l’bordel là-d’dans. Mais avec le temps maintenant je gère. Ça fuse à tout va mais ça va. Alors j’ai changé de cap. Après tout le chemin l’plus court c’est pas l’plus rapide des fois. Puisqu’il l’avait pas lu ça pouvait attendre encore un peu. Mais fallait pas laisser r’tomber la mayo. Alors j’lai maintenu au chaud. Bien chaud.


Après j’ai dansé. Pas beaucoup. Lui il a bu. Comme d’hab. Beaucoup. J’le voyais pas bien de dos, mais sûre qu’il cogitait grave. C’est l’genre. Il a dû s’en faire un paquet de films à s’imaginer c’que j’avais écrit.

Mais pour le coup c’est moi qu’en avait marre d’attendre. J’tenais plus en place. Vingt fois j’ai failli allez le s’couer. Lui lire ce putain de mot qu’il regardait ! Ça m’énervait pas possible.

Pis j’ai pigé. Il buvait pas il ruminait. Il se préparait. Comme moi j’avais tout prévu il se le faisait son ciné à lui.


Servait plus à rien que j’attende. Quand il s’rait prêt il lirait. Alors j’suis partie. Suis allée à la baraque à frites. J’ai pris un coca. J’avais soif. Pas faim. Boule au ventre.

Après j’l’ai attendu. Longtemps.

Le plus long c’est pas d’attendre. C’est d’pas avoir d’heure. Quand t’as pas d’heure c’est la merde. Quand t’as une heure tu sais. Tu gères. Tu t’occupes. Mais là rien. J’savais pas quand il le lirait mon mot. Attendre c’est pas moi. C’est lui. Lui il peut. Moi pas.


J’en avais marre de poireauter. Alors j’ai surfé.

C’est bien le net. Tu tapes n’importe quoi et t’as une réponse. Au début j’ai tapé vraiment n’imp. J’ai déliré grave. J’tapais les pires conneries et j’avais une réponse. Pas toujours bonne. Mais réponse quand même. J’rigolais seule. Il était pas là mais il m’amusait. Bizarre. J’suis pas comme ça normalement. Ç’aurait dû m’énerver. Mais non. J’rigolais. Comme une conne. Mais ça dure jamais longtemps avec moi. Au début ça m’amuse mais faut pas que ça dure des plombes. En plus le téléphone il m’affichait l’heure. En haut à droite. Et j’arrêtais pas d’la regarder. J’ai bien essayé de plus la regarder mais rien à foutre. J’voyais que ça. J’ai même regardé dans les paramètres si j’pouvais la virer cette horloge qui m’énervait. Dingue qu’elle me rendait !


Ça f’sait plus d’une heure que j’lisais des conneries. Surtout sur des forums. Ils sont cons les gens. Ils posent des questions et quand ils ont une réponse bah ça leur plaît pas.

Hé ! bande de couillons ! Si tu veux pas savoir tu demandes pas. Sinon t’assumes. Tu t’remets en question. Tu dis pas non vous comprenez rien.


Moi j’assume. Toujours. Même si j’demande plus rien à personne. Pas que j’sais tout. Mais c’que j’sais j’le sais. Et c’que j’sais pas j’le découvre. Seule. Trop été déçue. Toute ma vie on m’en a donné des conseils. C’est pas comme ça qu’faut faire. Moi à ta place. Si t’veux mon avis. Et blablabla et blablabla. Hé ! j’vous ai rien demandé moi ! Est-c’que j’vous dis moi c’que vous devez faire ? Non ! Alors vous foutez pas à ma place OK !


J’en avais ma claque. Pis pu les yeux en face des trous. Alors j’suis passé aux vidéos.

Videmment les vidéos ça passe vite fait au porno. Pas trop mon truc normalement. Pas qu’j’aime pas. Mais c’est toujours pareil. Pas d’histoire. Gros plans. Baise baise et baise. J’préfère l’érotique. Tu vois pas grand-chose de c’qui s’passe vraiment mais au moins t’as quelques phrases. Pas que des oh ! oui c’est bon plus fort. Et pas toujours français. Et pas qu’un lit comme pour décor. En même temps c’est pratique tu changes les draps et hop tu passes à la suite. Next !


J’avais pas besoin d’ça en fait. J’étais déjà excitée. Depuis qu’j’ai emménagé à côté que j’le suis. J’pensais pas qu’c’était possible d’être comme ça. Tous les soirs. Même quelques matins pendant qu’il passe l’aspi. Une vraie droguée au sexe. J’pensais qu’ça me calmerait. Mais non ! J’pensais qu’à lui tout l’temps. En partant au taf. Au taf. En r’venant du taf. Et là j’l’attendais. Alors pire.


C’était bon. Ça m’a un peu calmée. Pas longtemps. J’savais qu’il allait venir à la fermeture et la boule elle grossissait encore.

Merde ! Ferme à quelle heure eux. Aucune idée. Suis toujours partie avant.


C’est vraiment cool internet. Réponse à tout. 6:30 d’après l’site. Merde ! encore plus de deux heures à tenir. Non ! Ils servent plus d’alcool à partir de 5:30. Donc dix pour finir le dernier et sortir. Dix pour aller chercher l’américain. Dix pour venir à l’hôtel. Ça fait 6 pétantes.


Normalement en deux heures j’fais un tas trucs. Mais là rien à foutre. Alors j’cogite. Et j’regarde l’heure. Fais chier. C’est long. Même quand tu sais l’heure. Pis j’avais soif. Pas faim. Soif. J’avais bien vu qu’y avait un distributeur en bas. Mais pas envie d’bouger. Alors j’ai bu d’la flotte.

Beurk ! C’est dégueu la flotte. Ça pue la javel. T’as l’impression de boire la tasse d’leau d’la piscine. Moi j’aime pas nager. Pas que j’sais pas. Mais l’connard de maître mon cul qu’y s’la pète il m’a balancée à la flotte p’tiote. J’ai cru que j’allais crever. Depuis j’ai la trouille si j’ai d’l’eau au-dessus du nez.


J’pouvais pas descendre. J’devais être là quand il s’pointrait. Sinon l’était cuit mon plan. Pa’ce que j‘avais cogité grave. Et il était béton mon plan. Plus l’même. Mais d’enfer.


À 5:30 j’tenais plus en place. J’gigotais. L’cœur il tapait grave. Et la boule. Vache ! Comme quand t’es constip. Mais en moins mal. En bon même. Et j’suais. Pourtant y’avait la clim. 21 j’avais mis. Pas qu’on ait froid non plus.


6:04. Enfin il est là. Suis pas mauvaise question timing. Presque à l’heure. Il a pris sa douche. Il a fait vite. Ça aussi j’lui ai dit. Faut pas déconner. Ça s’faisait des heures que j’joireautais. J’en avais ma claque moi d’attendre.

J’avais pas vraiment faim. Enfin pas d’l’amerloc pa’ce que de lui si. À mort. Mais il m’avait fait attendre. Alors pas d’raison.

J’étais pas en colère. Pas fâchée. Pas rancunière. Non. Mais il m’avait regardé les manger mes frites la dernière fois. Bah c’soir en plus de m’voir il allait avoir mieux.


Putain ! Qu’c’était bon ! Pas les frites. Elles étaient froides. Dégueu. Même la mayo elle avait tourné en huile.

J’l’ai pas quitté des yeux. Mais lui il regardait qu’mes lèvres. Comme l’autre fois. J’étais seins nus mais non. Pas qu’il les a pas regardés. Mais pas longtemps. Quand il est arrivé. Après il a regardé que ma bouche. C’était bizarre. C’est comme s’il m’embrassait. Comme si j’sentais ses lèvres sur moi tellement il me regardait. La boule elle était énorme. J’sais même pas comment j’ai fait pour manger. J’me suis forcée. Faut pas gâcher. Jeune j’ai galéré pour manger. Alors…


Il était beau. Ils brillaient ses yeux. Ils m’dévoraient tellement que j’crois qu’c’est lui qui mangeait et pas moi.

J’sais pas combien d’temps ça a duré mais j’en pouvais plus à la fin. Alors j’ai abandonné. Pourtant j’voulais faire durer. Pas autant que j’l’avais attendu. Pas possible. J’ai fait c’que j’ai pu mais j’pouvais vraiment plus.


J’ai vu les étoiles. J’pensais pas qu’c’était pas possible. Y’en a qui l’disent. Moi j’y croyais pas. Les étoiles et comme des éclairs. Sans l’tonnerre. J’avais les yeux fermés mais j’les ai vus. Ça fait bizarre. Pas peur.

Après j’étais stone. Plus d’batterie. J’avais jamais été comme ça avant. J’étais bien. Super bien. Détendue mais vide. J’avais trop sommeil pour continuer mon plan. Alors on a dormi.


J’sais pas si j’ai rêvé. D’habitude j’m’en souviens. Mais pas là. Rien. J’avais juste encore la boule au ventre. Quand j’ai r’gardé l’heure il était 11:39. Mais plus sommeil. Pas normal. Suis une grosse dormeuse moi pourtant.


Lui il dormait encore. J’l’ai regardé. Il était calme. Sur le dos. Quand j’suis revenu des toilettes il avait pas bougé. C’est cool un homme qui prend pas toute la place dans l’lit. Ça change de l’autre couillon. Fallait que j’le pousse pour avoir ma place au pieu. Ça m’énervait et après j’mettais des plombes à m’rendormir. Là j’avais plein de place pour moi. Mais j’avais plus sommeil. Et toujours la boule. Énorme. Bonne.


J’avais bien vu qu’il bandait. C’est normal. Tous les hommes font ça. Même l’autre couillon il bandait. Plus fort en dormant que quand on l’faisait. Ç’aurait dû m’mettre la puce à l’oreille. Mais bon. C’est du passé. Pas que j’regrette. On a eu des bons moments quand même. Il était gentil. Mais pas plus. Pas amoureux. Comme des potes quoi. P’t’ête que c’est normal avec le temps que j’me disais. Quelle conne je suis des fois ! C’est juste qu’il rentrait après avoir trempé sa queue ailleurs. Passons. Il mérite pas que j’pense à lui. J’lui en veux pas vraiment d’toute façon. J’ai mes torts moi aussi. Et pis c’était pas l’bon moment. Ça l’est plus. Ça le s’ra plus j’espère. Pa’ce que j’l’ai lui maintenant. Et lui il est pas pareil. Rien à voir. L’opposé.


J’disais quoi déjà…


Ouais. Il bandait. Comme à chaque fois que j’suis avec. Ça aussi c’est un signe. Un vrai. Pas du blabla. J’étais pas super en forme mais plus qu’avant d’m’endormir. Pis elle est belle sa queue. Elle donne envie. Et moi quand j’ai envie bah j’fais.


J’ai pris mon temps. Pas pour me venger. Par jeu. J’aime bien la voir bouger. Mais la boule elle avait bougé. Elle était plus bas. Pis j’avais surtout envie de le sentir en moi.

Pas que j’voulais pas qu’il me voie. Il m’avait vu moitié à poil déjà. Mais j’voulais qu’il soit tout à moi. Comme moi j’étais tout à lui quand il m’a sucée. Et faire durer. Alors j’ai éteins.


Moi j’suis clitoridienne. Comme toutes les femmes j’pense. Paraît qu’y’en a des vaginales. Pas sûre. Encore moins sûre que certaines jouissent de l’anal. Moi j’aime pas. Enfin j’sais pas. Jamais fait. Pas envie. Et quand j’ai pas envie j’fais pas. J’dis pas qu’elles ont pas d’plaisir. Mais m’étonnerait qu’elles jouissent rien que d’ça. Mon avis c’est qu’l’anal c’est l’trip des mecs. L’couillon il a essayé. Pleins de fois. Mais que dalle. Quand c’est non c’est non. Alors il a laissé tomber l’affaire. Avec moi. Mais p’t’ête qu’avec ses pouffes il leur foutait au cul. L’amour pour moi c’est pas ça. C’est pas égoïste. C’est un partage. Une communion d’plaisirs. Pas un truc que t’veux faire pa’ce que dans les pornos ils l’font. Ils en font des trucs dans les films. Mais les films c’est pas vrai. C’est du fantasme de mecs. Pas de femmes. Y’a tellement de trucs à faire à deux. Ensembles. Lui j’suis sûre qu’il est pas comme ça. Il est doux. Tendre.


Il est beau après. Pas plus mais différent. J’sais pas comment dire. J’sais plus grand-chose depuis lui. Avant c’était simple. Maint’nant c’est pas compliqué mais c’est bizarre. J’sais pas comment dire… C’est p’t’ête ça l’amour. La boule au ventre. Tu t’sens bien tout l’temps. Tout est cool quoi.


J’sais pas pour lui mais moi j’étais méga zen. Comme jamais. Pas d’avoir joui. Même si ça avait jamais été aussi fort. Tout est fort avec lui. Même si on’s’parle pas. Pas besoin. On’s’comprend. Pourtant moi j’parle tout l’temps. Pour rien dire souvent. Ça doit être le boulot pa’ce qu’avant j’étais pas comme ça. Pas comme lui non plus. Personne n’est comme lui. Il est unique dans son genre.


Moi p’tiote j’causais pas trop. Déjà j’aimais pas ma voix. Merdique. Comme mon rire. Comme tous les gosses j’pense. Qu’on a essayé de m’apprendre le bien causer j’sais pas pourquoi mais j’ai pas eu envie. L’pire ça été quand y’a fallu que j’apprenne à écrire bien. C’est chiant. Majuscule. Sujet verbe. Et l’point. Gonflant à mort. Quand tu commences une phrase c’est majuscule. Pis faut mettre de la ponctuation qu’elle disait la maîtresse. Plus simple pour lire. J’m’en tape moi si c’est plus simple pour toi !

Un mot c’est un mot. C’est pas une conne de virgule pas mise qui change le mot si ?


Suis têtue. Pire qu’une mule. Comme les accents. Sert à rien. Moi quand j’lis j’en ai pas besoin pour comprendre. On m’disait dys. Mais c’est pas grave qu’il a dit l’ortho. C’est pas une tare. Ça peut devenir une qualité qu’il rassurait mes vioques. C’est pas eux qu’il a convaincus. C’est moi.

J’peux causer bien. J’peux même écrire propre. Avec le chapeau le aigu ou le grave. J’peux même te foutre un point d’interrogation s’il faut. Mais j’suis comme ça. Depuis toujours. C’est pas pa’ce que c’est la règle que j’dois faire. Si c’est comme ça qu’il faut faire et qu’on m’explique pas vraiment qu’j’ai tort de pas l’faire j’fais pas. C’est pas d’la rébellion. Et j’suis pas une feignasse. Dans l’taf j’suis reconnue maintenant. Y’a fallu du temps mais c’est comme pour tout. Détermination. Pas caler. Pas changer d’cap. J’me suis pas imposée. J’ai pas marché sur les plates-bandes de quelqu’un. J’me suis faite seule. Lentement. Tranquille mais pas pépère. Tu m’fais une crasse tu l’payes. Mais si t’es correct j’le suis. Mieux. J’te respecte. Le respect y’a que ça d’vrai.


J’ai pas toujours gagné. Loin d’là. Mais si c’est dans les règles alors j’m’incline. J’respecte. Mais si c’est coup bas alors j’sors de mes gonds. J’t’rentre dedans. Faut pas m’chercher moi. Suis gentille mais faut pas passer la ligne. Sinon c’est cuit. L’autre couillon y m’a prise pour c’que suis pas. Une cruche. Suis p’t’ête pas la patronne qu’a fait d’grandes études normalement mais j’tiens la route dans l’métier. Pas la meilleure. Pas mon but. Mais c’que j’fais j’le fais bien.


La clientèle elle le sait. Elle est fidèle. Et toutes celles et ceux qui bossent pour moi sont comme moi. J’les change pas. J’leur bourre pas l’crâne de conneries. Ils ont tous autant de diplômes que moi. Moi j’ai commencé avec pas grand-chose en poche. Un CAP qu’j’ai décroché pa’ce que j’étais pas faite pour les grandes études qu’on m’a dit. Après j’ai galéré. P’tits boulots. J’ai même bossé à l’heure. Dur quand t’as juste de quoi foutre de l’essence dans ta bagnole qui démarre un jour sur deux pour aller bosser. Pis on m’a fait confiance. J’ai été embauchée. On m’a même donné du temps libre pour évoluer. J’ai passé mon BP en candidat libre. J’l’ai eu. Pis la maîtrise. Ratée la première fois. De peu. Alors j’l’ai r’passée et j’l’ai eue. Après j’ai eu des responsabilités. Je gérais les autres. J’étais pas la chef mais l’bras droit. J’y ai pris goût. J’bossais comme tout l’monde et en plus j’dirigeais. J’aimais bien. Pis un jour j’ai eu envie de plus.

J’suis pas une faux cul. J’lui ai dit. Elle aurait pu m’foutre des bâtons dans les roues. Mais non. Tout l’contraire. Elle m’a soutenue. Aidée même. J’lui dois beaucoup. J’lui dis souvent et elle répond tu l’mérites. On est concurrentes mais les meilleures amies du monde. C’est cool l’amitié. J’en ai pas des masses des amies. Des connaissances plein. Mais des amies c’est la seule.


Bizarre la vie. T’es entourée mais en fait t’es seule. P’t’ête pour ça que j’avais déjà flashé sur lui p’tiote. On est un peu pareil lui et moi. Même si lui il est plus seul. J’sais pas si deux seuls ça s’annule. J’m’en fous. Tout c’que j’sais c’est que j’suis bien avec lui. Et lui aussi il a l’air bien avec moi…


Pourtant j’me suis barrée. Fallait que j’fasse le point. Pas par rapport à lui. Mais j’étais paumée. Comme jamais. J’savais plus c’que j’devais faire. Normalement j’sais toujours quoi faire. Mais pas avec lui. J’l’ai trop dans la peau. Un truc de malade. J’ai voulu m’la jouer grande mais j’suis pas à sa hauteur. Il est fort lui. Imperturbable. J’me suis sentie petite. Comme quand j’avais neuf ans et que je le voyais comme un grand. Avant il était pas avec moi et maintenant qu’il l’est c’est moi qu’suis plus avec lui. J’avais peur. J’ai jamais peur normalement. Mais j’ai balisé.


C’est quand j’me suis r’gardé dans l’miroir que j’ai r’pris mes esprits. J’avais pas belle mine. J’mettais jamais vue comme ça. Alors j’ai compris. Tout. Mais j’pouvais pas lui dire. Pas encore. Trop tôt pour lui. J’l’avais retrouvé. J’avais passé la nuit avec. Mais tout lui avouer pouvait tout foutre en l’air. Fallait pas qu’il croit à un traquenard. C’était le hasard. Moi j’le sais. Mais lui p’t’ête qu’il aurait pensé que j’l’avais piégé. Alors j’ai cogité. Plein. Plus que d’hab. Mais rien. Que dalle. J’ai paniqué. Même si j’fais pas toujours le bon choix j’en fais toujours un. Mais là rien. Le désert. Paumée totale. J’savais pas quoi faire. Il m’attendait au lit et j’osais pas y retourner. Je l’avais tout à moi après avoir tout fait pour et j’pouvais pas le rejoindre. Pourtant c’était top de s’réveiller à côté de lui. Mais j’avais peur de plus pouvoir le regarder. Fallait que j’trouve une solution. Un moyen de lui dire qui j’suis.


Alors j’ai fui. Pour avoir plus de temps. Mais j’pouvais pas l’abandonner sans rien. Sans repère. Il marche à ça lui. Comme tout l’monde j’pense. Mais lui plus. Il est pas n’importe qui lui. C’est Paille.




PY


Si me réveiller en érection est chose banale, et quotidienne, si parfois je flatte de quelques caresses cette habituelle gaule matinale, pour la première fois ce que je ressentis surpassait toutes les sensations que ma vieille amie aux cinq doigts n’avait jamais su faire naître en moi.


On n’est jamais si bien servi que par soi-même… Connerie !


Malgré des années d’expérience à peaufiner cet art aucune poignée solitaire ne m’avait porté à ce point vers un tel plaisir.

Sur le coup je crus que je rêvais, dans un demi-sommeil. Puis tout me revint en mémoire.

C’était elle, Chlo, et non ma main gauche, qui allait et venait délicatement sur mon sexe. Pas assez de poigne. Trop délicate pour que ce soit la mienne. Caresses trop douces, trop légères, pas assez fermes et rapides.


Plus que me frustrer, cette subtilité, tout en finesse, m’éveilla l’esprit bien plus rapidement que la vitesse avec laquelle elle jouait d’un doigt, partant de la base pour remonter lentement jusqu’au gland, en faire un interminable tour, puis redescendre tout aussi finement. Son geste, à la limite du chirurgical, plus que m’impatienter, m’électrisait. Aussi, ne voulant briser cette nouvelle sensation, je mimais dormir, sans plus bouger un orteil qu’une paupière.


Cinq, peut être six minutes durant, elle reproduisit ce même geste, tout en décalant, à chaque montée et descente, le point de contact, tant et si bien que lorsqu’elle cessa, elle avait parcouru chaque millimètre carré de cette peau tendue.

Passée la déception, brève, de ne plus percevoir cette douceur, une bien plus puissante m’envahit. Saisi à pleine main, elle me tira le sexe vers le bas, fermement. Enfin. Pourtant, malgré ce geste, aucune douleur, mais un plaisir plus primaire et, surtout, connu.


Savait-elle déjà que c’était ainsi que je contentais mes plaisirs solitaires, ou est-ce simplement ainsi que toutes les femmes honorent un homme ?


Qu’importe ! L’heure n’était pas à réfléchir, et encore moins à lui demander, aussi je chassai de mon esprit, parfaitement réveillé maintenant, tout débat aussi inutile que déplacé, la laissant œuvrer, cette main qui sans plus bouger enserrait ce sexe, mon sexe, apprécier cette saisie dans laquelle palpitait, seul, ce qu’elle maintenait. Lorsque je ressentis un doigt se poser sur mon méat, je dus lutter. Certes jouir aurait libéré toute tension. Mais j’en voulais encore. D’autant qu’elle n’avait encore rien eu de moi. Enfin, de ce qu’elle serrait dans son autre main.


J’étais dans le même état que lorsqu’une envie pressante, voire urgente, vous tenaille le corps, vous fait danser sur place. Comme ces fois où pisser vous occupe tant l’esprit que vous devez concentrer toutes vos forces et votre volonté sur ce lieu unique. Votre sexe.

C’était aussi insoutenable que divin. Aussi douloureux que plaisant. Tout en contradiction. Tout moi quoi !


Elle me laissa dans cet état durant quelques minutes, me serrant toujours la verge fermement d’une main, et de l’autre jouant avec une des parties les plus sensibles de mon anatomie, le gland. À ma respiration, saccadée, elle ne pouvait pas ignorer qu’elle avait vu juste, et, qu’à nouveau, elle faisait de moi son pantin. Moi, l’homme fort et déterminé en temps normal, j’étais devenu, elle m’avait faire devenir, sa marionnette. Sa chose.


Puis, d’un coup, sans prévenir, plus rien. Plus aucune pression. Plus aucun chatouillis. Rien de rien sinon un sexe saisi de spasmes. J’allais ouvrir les yeux lorsque je sentis le lit bouger.

Ouf, me dis-je, lorsque la couette vola à mes pieds, ce n’était que la mise en bouche.

Mise en bouche à deux mains… Cette pensée me fit sourire.


Mais j’en étais surtout à l’espérer cette mise en bouche. À la vouloir plus que tout. Après avoir senti dix doigts, je voulais connaître la douceur de sa langue, sentir ses lèvres aller et venir, comme l’avaient fait ses doigts, encore et encore. Mais ce ne fut pas le cas ! Enfin, pas les lèvres que j’attendais, espérais.

Me chevauchant, elle s’empala. Passé le choc de la surprise, et le plaisir ressenti en la sentant se pénétrer, j’allumai, presque en panique, la lampe de chevet tout en relevant la tête.


Elle me sourit, puis remonta son bassin, dévoilant, à mon grand étonnement, que j’avais le sexe emballé dans un étui de latex vert flashy.

Merde ! Je n’avais même pas senti qu’elle m’avait passé une capote !

Rassuré, je lui rendis son sourire et j’allais éteindre lorsqu’elle stoppa mon geste.



Laisser faire ! Moi ! Sais-tu à qui tu as affaire ?

C’est ce que d’ordinaire j’aurais dit. Mais pas ce matin-là. Et surtout pas à elle !

Obéissant, je me tus. Obéissant, je fermai les yeux. Obéissant, je la laissai faire.



J’allais répondre, pensant qu’elle me la posait à moi cette question, mais je perçus un bruit, une réponse, bien qu’inintelligible. Elle appelait la réception !



Téléphone raccroché, lumière éteinte, elle se réinstalla comme je la découvris avant d’être enclin à fermer les yeux, profondément, puis se pencha. Lèvres contre les miennes, elle marqua une pause, et chuchota :



Sans pouvoir répondre, j’accueillis sa langue. On s’embrassa, enfin, pour dire vrai, elle m’embrassa plus que je le fis. Tendrement. Seules nos langues bougeaient, jouaient. Bien que toujours profondément en elle, toute mon attention était passée de sexe à langue. Aussi improbable que cela puisse paraître, si elle n’avait pas brisé ce baiser, son baiser, je crois que j’aurais joui d’un lent et profond jeu de langues et non de bassins.


Redressée, non pour prendre appui comme je le pensai bêtement en sentant ses mains sur mon torse, elle trouva, dans un noir absolu, sans la moindre hésitation, ce qu’elle cherchait.


Durant une dizaine de minutes je pense, puisque plus que perdre tout contrôle j’avais perdu toute notion de temps, elle caressa, puis pinça, puis gratouilla, puis recaressa, alternant force et douceur, les deux tétins que je savais sensibles pour m’adonner parfois, seul, à des tels attouchements.

Plutôt que me poser la moindre question je laissai faire, comme suggéré, ce qu’elle avait, de toute évidence, pressenti, savourant ses attentions à la hauteur du plaisir qu’elle se donnait en bougeant du bassin avec lenteur et dextérité.


À nouveau, et comme elle l’avait fait en brisant son baiser, elle rompit tout contact juste avant que la jouissance ne m’envahisse.

Toutes les femmes ont-elles cette capacité ou est-elle la seule, me demandai-je ?

Me reprenant la bouche, je remis à plus tard toute quête de réponse, préférant, et de loin, savourer ce qu’elle m’offrait.


Le baiser a toujours été une pratique aimée, et recherchée en ce qui me concerne. J’en avais peu donné dans ma vie, et rares furent ceux que je trouvai digne de ce nom. Mais les siens, tous sans exception, me prouvaient, si besoin était, que cet acte faisait partie intégrante, et non une simple prémisse, d’une relation sexuelle digne de ce nom à travers ce partage. Ce n’était pas divin, c’était parfait. Langoureux et non urgent. Passionné, partagé et non expéditif. Doux et humide, et non baveux et violent. Silencieux, mais qui en disait tant, non en mots, mais en souffles délicats.


On se découvrait. Non. On communiait. On baisait quoi !

On s’embrassait encore lorsque l’on entendit : « Room service ».

Lentement, finissant un énième et délicat tour de langue, elle répondit, après s’être redressée et avoir retiré la couette sur elle : « Entrez », tout en allumant la lampe de chevet.


J’avais les yeux clos, et pour rien au monde je ne les aurais ouverts. Je ne suis pas quelqu’un de particulièrement pudique. Je n’ai pas honte de mon corps, pas plus que je le trouve particulièrement beau ou attirant. Je suis ce que je suis. Ni plus ni moins. Je ne fais pas spécialement attention à ce que je mange, je bois plus que je devrais alcools, et engloutis volontiers les gâteaux apéritifs qui vont bien avec, et, pour couronner ce tout, je ne fais aucun sport. Aussi, évidemment, j’ai, comme tout homme comme moi, une réserve de graisse au niveau du ventre, et, en ce qui me concerne, des seins dignes d’une adolescente pubère. Mais de là à m’exhiber, en position pour le moins équivoque, il y a un fossé que je ne pensais pas franchir un jour !


Mais, comme pour tout, il est un début à tout. Et je n’étais plus à un début près ! Aussi restai-je aussi calme et stoïque que je le fus depuis mon réveil, m’abandonnant au beau vouloir de celle qui me chevauchait et qui ne semblait pas être gênée par la situation. Mieux, sans la voir, j’étais persuadé qu’elle devait jouir, sinon physiquement, tant du pouvoir qu’elle maîtrisait à la perfection que de l’embarras que je tentais de cacher.



Voix masculine. Pire, pensai-je, que si c’était une femme qui portait la commande.



Plateau déposé, il ressortit sans demander son reste ou attendre le moindre pourboire, relâchant de fait une certaine tension que je n’aurai pu contenir plus longuement.



Elle disait vrai ! Non seulement je n’avais pas perdu la moindre rigidité, mais, force était de constater, je bandais d’une raideur rare.



Je ne la voyais pas, mais au ton, je savais qu’elle souriait de toutes ses dents du bonheur.

Bonheur…justement. Plus que du plaisir, c’était bien du bonheur que je ressentais. Et j’eus tout loisir de le savourer pendant qu’elle mangea, lentement, toujours à cheval sur moi, toujours moi en elle, toujours aussi dur et les sens à fleur de peau.



Je pouffai de rire pendant qu’elle éteignait la lampe de chevet. Je pouffai encore lorsqu’elle posa ses lèvres sur les miennes. Pensant qu’elle allait me reprendre en bouche, je les maintins entrouvertes, désireux, non, avide, de sentir à nouveau cette langue encore tout odorante de ce frugal repas jouer avec la mienne, et me le faire partager. Mais elle n’en fit rien. Elle reprit ce lent va-et-vient de bassin, bouche contre bouche, augmentant, de fait, cette irrésistible et tant attendue envie de la sentir encore plus en moi que de simplement, mais néanmoins, de délicieux mouvements dont je ressentais la lenteur comme une promesse. Elle me laissa ainsi, dans l’expectative durant de longues minutes, puis se redressa, sans céder ni faiblir.


Me possédant jusqu’à la garde, confortablement installée, du moins du mieux qu’elle put vu la pose, je sentis alors qu’après s’être donné un plaisir certain de lents et méthodiques hochements de cul, elle s’en donnait un tout autre.


La chambre était plongée dans le noir, et j’avais les yeux fermés, mais je compris, dès les premiers tours de doigts. Plus que voir, ce fut de la sentir se masturber qui fit échapper un grognement aussi involontaire qu’explicite.



Ce ton. Cette intonation. Ce n’était pas un ordre. Enfin si, un peu ! Tout l’indiquait, et pourtant je le pris comme une attente, une envie, et non une interdiction ce compris.


Tout aussi lentement qu’elle avait fait durer cette pénétration, elle se caressa. Sans hâte. Tout en finesse, en longueur. Comme dit. Aimé. Même si quelques miaulements s’échappaient de cette bouche que j’aurais préféré avoir contre la mienne, même si sa respiration trahissait qu’elle approchait du grand final, sans ne jamais ni accélérer le mouvement, ni plus le ralentir, elle se maintenait dans cet état que seules les femmes, je pense, peuvent apprécier et, surtout, faire durer bien plus que nous, hommes toujours trop égoïstes ou hâtifs d’en finir.


C’était interminable. Du moins pour moi, car elle, plus que mouiller abondamment, elle paraissait si calme et sereine, de gestes, que j’en étais à lutter pour ne pas la décevoir en jouissant lâchement. Elle qui me chevauchait. Elle qui me possédait plus que moi je ne la prenais entier. Elle qui roucoulait en se donnant un plaisir, j’en étais certain, d’une manière tout aussi nouvelle pour moi qu’experte pour elle.

Encore combien de temps va-t-elle me torturer ainsi ? C’est pas du jeu, pensai-je alors, avant de tenter de déconnecter un cerveau de ce que son corps lui transmettait.


Je me mis à compter les secondes, espérant ainsi retarder encore un peu, si peu soit-il, cet instant où la maîtrise, si délicate pour la circonstance, ne serait plus capable de retenir l’explosion.

Ne pas la décevoir. Ne pas faillir. Être à la hauteur. Je le devais. Je lui devais. Non pas pour relever le défi, mais simplement pour elle. Pour faire perdurer le plaisir qu’elle se donnait plus qu’elle m’offrait. Telles furent mes dernières pensées en égrenant les secondes.


Puis elle bougea.

Puis elle me colla enfin ses lèvres, pas celles que je pensais, aux miennes.

Puis elle me dit : j’y suis presque.

Puis elle jouit enfin. De moi.

Mais pas moi.

Ce fut comme une révélation !

Plus que jouir moi-même, la sienne me fit ressentir ce que jamais je n’avais imaginé. Je pris un plaisir tout aussi puissant et incroyable que si je l’avais remplie cette capote qui fouettait l’air.

Grandiose, tout autant que ce qu’elle m’offrit en odeur, quantité, et spasmes.



Elle resta quelques secondes, sexe contre lèvres, simplement posées et plus du tout taquines, puis rompit le contact et s’allongea contre moi.



Hein ! C’est quoi ce sous-entendu, s’énerva mon ego !

Qu’entendait-elle par ce mieux faire ?



Capote retirée, elle recommença, comme au réveil, ses doux et si lents passages d’un doigt sur toute la base de mon sexe durant une éternité. Enfin, longtemps quoi ! Car pour avoir perdu toute notion de temps, je ne savais même plus quel jour nous étions.


Je n’étais plus qu’une boule de nerf, à vif, n’ayant plus qu’une envie, jouir. Me libérer de ce qui était juste un plaisir à l’état brut se transformant, passage après passage, en une torture. Car l’acte, si plaisant fut-il jusqu’alors, devenait un supplice.

J’aurais, évidemment, pu y mettre fin en lâchant la pression, en cessant de lutter. Mais non !

Aussi fou, aussi incompréhensible sur le moment, je mis un point d’honneur à le relever ce défi. Si tant est que c’en fût un. Du moins espérer car après ce qui me parut être des heures de douce torture, elle troqua doigt pour langue.


Tout comme elle avait fait elle la passa, partant de la naissance des bourses jusqu’au gland, dont elle fit le tour avant de revenir au point de départ, avec la même délicatesse, et, surtout, la même lenteur. C’était aussi divin qu’efficace. Aussi plaisant qu’irrésistible. Après un second aller-retour, elle descendit plus bas encore, et, toujours aussi lentement, elle découvrit, de ce bout de langue tendu, toute la douceur de mes bourses aussi lisses qu’elle avait le sexe parfaitement épilé. Présentations faites avec mes deux compères, elle remonta, non plus de la pointe, mais langue bien à plat, jusqu’à, enfin, si je puis dire, faire connaissance avec la dernière partie de cette anatomie qu’elle n’avait pas encore véritablement goûtée.

Je crus que j’allais faillir lorsque je sentis ses lèvres m’avaler le gland !


L’avait-elle ressenti ?

Peut-être. Sans doute. Sûrement. Indiscutablement puisqu’elle fit une pause !

Après quelques sursauts involontaires de ce qu’elle ne lâcha pas pour autant, elle resserra un peu plus encore son emprise et joua de sa langue sur mon méat.

La garce, pensai-je tout aussi en colère de la maîtrise avec laquelle elle abusait de moi qu’en pétard de l’avoir ainsi nommée !

Comment pouvais-je, plus que remercier, lui reprocher quoi que ce soit ?

Elle m’offrait, après la meilleure nuit de ma vie, un réveil encore plus grandiose, et moi, bougre con, je ne recevais pas, n’appréciais pas ce cadeau à la hauteur de ses attentions !

Non ! Sois fort. Ne craque pas. Maîtrise-toi, me répétai-je sans cesse tout en savourant cette langue tourner et tourner encore, sans sembler ni faiblir, ni vouloir s’arrêter.

Puis, d’un coup, à nouveau, elle brisa tout contact.

Un bruit. Connu.



Pour sentir, pas de doute, je la sentis se dérouler cette capote. J’étais à rien de jouir. Mais pas elle !



Vlan ! Prends ça en pleine face ! Qui veut peut, me disait-elle !

Pense à autre chose, tentais-je de divaguer mon esprit ailleurs. Loin. Très très loin.


Mais comment, tout homme normalement constitué, maintenu depuis des heures au bord de l’orgasme, excité comme jamais il ne le fut, peut, consciemment, évader sa tête en des pays autres que ce que son corps lui transmet comme étant la plus longue baise de sa vie ?

À cœur vaillant, rien d’impossible, me répétai-je en boucle durant toute la longue descente aux enfers qu’elle m’infligea en se pénétrant.


Je ne pense pas être mieux loti que quiconque, mais ce fut interminable. Génialement bon, mais interminable. J’aurais préféré qu’elle s’affaisse d’un coup, mais non ! Elle prit plus que son temps, marquant pauses de plusieurs secondes avant de baisser de quelques millimètres le bassin. Je n’en pouvais plus. Je haletai. Je suai. Je luttai. J’appréciai d’une manière, certes, particulière, ce supplice, à la lenteur de ce que je ressentais.

Enfin entier en elle je crus le plus dur, si je puis dire, passé. Mais non !

Je la pensais face à moi. Mais non !

Vicieux, j’appréciai l’effleurement d’un doigt sur une bourse, tout en sentant qu’elle en avait un aussi sur son clito !

Horrible. Effroyable. Inhumain.



Que répondre ? Avouer était inutile. Nier tout autant. Aussi je fis ce que je sais mieux faire, et parfait sur l’instant, me taire.



Putain tais-toi !

Ouf ! Je n’ai rien entendu. Je n’ai fait que le penser, me rassurai-je seul.



Merde ! Arrête ! S’il te plaît !

Encore juste une pensée.



Jusqu’à s’être donné un plaisir qu’elle ne chercha ni à dissimuler, ni à, j’en étais certain, accentuer, elle les garda en main. Elle explosa après m’avoir, enfin, autorisé à remplir cette capote d’un simple « maintenant », me tenant encore plus fermement les couilles, sans pour autant que je ne ressente la moindre douleur.


Ce fut irréel. Et si je ne n’avais pas sentis ses ongles sur mon périnée j’aurais cru rêver tant le moment semblait hors de contrôle, hors du temps, hors de moi.

Je grognais. Je tremblais. Je bavais. Elle miaulait. Elle tenait. Elle coulait. On n’était plus humain. Plus nous-mêmes. Moi plus qu’elle.

On resta quelques instants sans bouger. Sans oser même, puis elle se souleva, s’allongea, et m’embrassa.



J’aurais pu la regarder y aller, mais non. Plus que voir, je voulais garder en mémoire plus qu’une vision, si délicieuse fût-elle. Aussi attendis-je d’entendre la porte se fermer avant de m’asseoir et, comme invité, petit-déjeuner. Un croissant avalé et jus d’orange à moitié, délaissant l’omelette qui me narguait mais trop froide pour que je l’apprécie, un peu inquiet, épiant le moindre bruit, je commençais à m’étonner du silence qui régnait dans la chambre. Que pouvait-elle bien faire sans le moindre bruit ?


J’allais me lever lorsque, enfin, j’entendis la porte de la salle d’eau s’ouvrir. Rassuré sur le coup, je mordis dans le second croissant, pensant la voir apparaître. Personne. Juste des bruits de pas.

Enfin un son connu. Elle ouvrait le placard de l’entrée. Elle le referma puis plus rien. Seul le croustillant du croissant que je croquais à pleines dents troublait un silence pesant, bourdonnant à mes oreilles à l’affût.


Le silence ne me fait pas peur. Au contraire, j’en suis adepte. J’aime tout autant m’isoler et profiter seul de ces instants de quiétudes profondes qu’être dans des lieux bruyants et peuplés. D’où ma présence, chaque week-end, en boîte de nuit. Mais, pour l’heure, ce silence-là me paraissait déplacé. Inapproprié.

Alors que j’allais me lever, quelques bruits de pas résonnèrent dans l’entrée. Rassuré, je reposai le verre, vide, et éteignis la lampe de chevet.


Encore quelques pas et, tel un premier coup de tonnerre vous prend aux tripes et vous accélère le cœur, la porte claqua.

D’un bon je quittai le lit, me ruai à la salle d’eau. Personne. Elle était partie. Me laissant pour seul message, écrit au rouge à lèvres sur le miroir : « demain même heure même lit ».



Passant en hâte jean et chemise je sortis, décidé à la rattraper, la retenir. Quitte à la supplier.

Personne dans le couloir, alors je dévalai les escaliers tout en tentant de boutonner ma chemise.

Le type à l’accueil me regarda débouler comme si j’avais la mort aux trousses. Pas inquiet. Pas moqueur. Professionnel.



Comme un con, je regardai la carte magnétique qu’il me tendait.



À nouveau, elle venait de me coiffer au poteau. À nouveau, elle tenait les rênes… décidait… me manipulait à sa guise.


Souriant, je repris les escaliers, partagé entre vouloir reprendre le contrôle de la situation, qui m’échappait totalement depuis que cette Chlo avait troublé mes sempiternelles et solitaires sorties en boîte de nuit, et lui laisser le pouvoir afin de voir jusqu’où elle allait nous mener. Me mener.