n° 19885 | Fiche technique | 30958 caractères | 30958 5257 Temps de lecture estimé : 22 mn |
03/11/20 corrigé 01/06/21 |
Résumé: Désormais, tout dans nos vies est noté et évalué, et pas que sur RBB. Le narrateur en fait l'expérience, et l'auteur se livre lui-même à des expériences... artificielles. Parfois ça foire, parfois ça peut réserver de bonnes surprises. | ||||
Critères: fh inconnu cérébral revede lingerie | ||||
Auteur : Amarcord Envoi mini-message |
DEBUT de la série | Série : Mauvaise réputation Chapitre 01 / 03 | Épisode suivant |
Note préliminaire : J’ai pondu ce texte en vitesse, avec l’envie de tenter quelque chose de différent et léger, en cette période de confinement. Une petite fantaisie autour d’une réalité contemporaine : l’évaluation chiffrée permanente et envahissante de tout ce qui nous entoure. Et puis ce texte a gonflé en intégrant en cours de route une expérience de ma part, issue de ma curiosité pour les impressionnantes (ou effrayantes ?) capacités de l’intelligence artificielle. Il renferme en effet une série de fragments qui ont réellement été produits aléatoirement à l’aide d’un générateur de texte basé sur un logiciel expert. Tous les fragments attribués dans le récit à ce contributeur virtuel sont authentiques, et ont bel et bien été scrupuleusement reproduits tels quels, sans la moindre retouche ni altération. Ils ont simplement été fidèlement traduits de l’anglais, la seule langue dans laquelle était disponible la démo. Pour celles et ceux que ceci intéresserait, plus de détails sont fournis dans un message que je poste sur le forum.
Ah la garce, elle commence fort. Depuis bien trop longtemps, à l’entendre. Comme si elle ne connaissait pas la réponse ! Elle, c’est la consultante en ressources humaines que la boîte a mandatée pour se livrer à un audit poussé de l’effectif complet. Un travail con-struc-tif, bien entendu. On y croit ou on n’y croit pas, et même si je fais partie des sceptiques, il n’est pas de bon ton de le dire.
Qu’est-ce que je vous disais ?
Et salope, en plus ! ☺
On ne peut pas dire que ça me livre beaucoup plus de perspectives sur qui elle est vraiment. La faute à ces foutus masques anti-contamination que nous sommes tenus de conserver dans la salle de réunion. Bien sûr, le prénom et l’allure dénotent son extraction bourgeoise. Elle me laisserait totalement froid si elle ne ponctuait pas régulièrement ses phrases d’un « merde« inattendu, un tic de langage qui me rassure. Son évidente maîtrise n’a pas tué toute spontanéité. La voix est assurée, mais agréable, c’est une femme intelligente, très fine. Est-ce la peine de ruser avec elle ? Probablement pas. Je choisis d’être franc.
Traduction : cause toujours, tu m’intéresses. Elle l’a bien compris.
Elle marque une pause, et je jurerais qu’à cet instant, un sourire carnassier se dessine sous le carré d’étoffe maintenu par les élastiques disparaissant sous sa chevelure blonde, elle aussi coupée au carré.
Et là, tu te fous pas de ma gueule, sans blague ?
Je rêve ou elle m’a adressé un clin d’œil ? C’est de la manip’ ou elle a une idée assez particulière de la façon de me prendre en main ?
Une pensée émue pour Jean-Claude Dusse.
~~oOo~~
Bien sûr que je n’ai rien à cacher, même sous ce putain de masque. Trente-six ans, directeur marketing d’une brasserie en plein essor, célibataire. Enfin ça, c’est récent. Un peu moins de quatre ans de vie commune mouvementée avec Farah, des années de contrastes entre rires et disputes, passion torride et bouderies glaciales. Jusqu’à ce qu’elle décrète que nous soyions décidément bien trop différents que pour envisager ensemble un avenir qu’elle rêve de plus en plus familial, et où elle peine à m’attribuer un rôle de père, j’ignore bien pourquoi. Je lui ai laissé l’appart, j’ai emménagé ailleurs, dans un tout autre quartier, où je n’aurais volontairement aucun souvenir, aucune habitude. Control - Alt - Delete !
Trop différents, qu’est-ce que ça veut dire ? J’ai plutôt peur du trop semblable, du double parfait, celui qu’on aperçoit dans la glace. Il ne vous attire pas tant que ça, mais il est désormais le seul avec qui baiser, et de la main gauche.
Je ne déprime pas pour autant. J’ai repris le sport, là aussi en solitaire, hélas, Covid oblige. À défaut de cocon amoureux, je me suis réfugié dans ma bulle amicale. Je vois davantage mes potes, Dominique l’avocat et François l’informaticien, lui-même récent célibataire, et on déconne comme les gamins qu’on n’a jamais cessé d’être, quand l’occasion nous réunit. Dominique est le mari de Cécile, ma meilleure amie, c’est d’ailleurs moi qui les ai présentés il y a longtemps. Étrange d’ailleurs, cette amitié avec Cécile, mon alter ego féminin. Différents et pourtant complémentaires, tu entends ça, Farah ? Un coup de foudre amical qui flirta plus d’une fois avec la ligne rose, sans jamais la franchir. On était bien ensemble, de façon naturelle, sans jamais se travestir pour chercher à séduire, et c’est sans doute cet excès de décontraction qui a pesé dans la balance.
François pianote sur son laptop. Je ne doute pas que dans deux secondes, il aura non seulement collé un visage sur ce nom grâce à Google, mais qu’il sera en mesure de dresser une vraie fiche de police.
~~oOo~~
Ce soir, c’est soirée wasserette. Comprenez la laverie automatique, on les appelle comme ça dans mon plat pays, sous la double influence du flamand et de l’anglais laundrette. Le mot m’amuse, le lieu me détend. Je pourrais sans problème commander un lave-linge pour équiper mon nouveau logement, mais j’ai fini par apprécier cette escale hebdomadaire dans le local où flotte un parfum de poudre de lessive. Je goûte ces longs moments de torpeur à contempler la rotation du tambour et ne rien faire d’utile. Dans le temps, les gens patientaient en consultant de vieux numéros défraîchis de Paris-Match ou de Point de Vues - Images du monde. On prenait des nouvelles du beau linge en lavant le sien. Mais désormais, tout le monde a le regard plongé dans son smartphone, comme partout. Là, en l’occurrence, tout le monde c’est moi, une petite femme souriante dans la soixantaine, et puis une fille plutôt pas mal à qui j’attribue à peu près mon âge. Allez savoir, avec le masque…
Je profite de cette parenthèse d’attente pour consulter Rêvebébé sur mon mobile, voir si de nouveaux récits sont apparus depuis ma dernière visite, et comment est accueilli le dernier que j’ai moi-même publié. Tiens, oui, il y a deux commentaires !
12 – Un texte passable. Ça aurait pu être mieux si l’auteur avait évité le tutu. S’il avait tout mis au présent plutôt qu’à l’imparfait. Si la fille avait été rousse plutôt que blonde. Si ça s’était passé à la plage plutôt que dans le RER. Dommage, il s’en est donc fallu de bien peu pour que ça me plaise. Loulou
… – Je ne note pas. Bon, en résumé, c’est jamais que l’histoire d’une salope qui aime se faire peloter le ticket de métro sur la ligne B. Zizi dans le métro. Terminus, tout le monde débande. Bigoudi
Pas terrible, la cote d’amour de mon texte. Pas grave. Il y a souvent des critiques que je trouve parfaitement justifiées et utiles. Et puis je ne sais pas si je suis maso, mais parfois les commentaires franchement négatifs ou vachards me réjouissent autant que les compliments. Je sais que certains auteurs en prennent ombrage. Et moi ça m’amuse plutôt. Est-ce qu’on en veut vraiment aux deux vieux assis au poulailler du Muppet Show de trouver plus de plaisir au sarcasme qu’au spectacle ? Surtout pas. Et puis ça remet mes gentilles petites contributions à leur place, celle d’un inoffensif divertissement d’amateur. Y’a des mecs qui peignent la Sixtine et d’autres qui torchent des poulbots, faut savoir dans quelle division tu joues. C’est sans doute naïf, c’est pas destiné à la postérité, c’est du petit plaisir vite tartiné, vite digéré, de l’érotisme à date de consommation limitée, on est déjà bien content que des gens aient pris la peine de lire et fait l’effort de commenter. On est souvent surpris aussi. Certains de ses textes qu’on n’aime pas trop sont appréciés, d’autres qu’on a davantage travaillés à peine lus. Peu importe, quoi qu’il arrive, on sourit !
Et là je souris, même si personne n’en profite, compte tenu du masque.
Je réalise soudain que ce serait un chouette prétexte à une histoire, cette wasserette, faudrait que je l’écrive. Elle a du chien, la fille trentenaire, j’aime bien son allure. Je la regarde vider la machine du linge essoré, charger le séchoir, tout en mettant de côté les pièces les plus délicates qui égoutteront patiemment à domicile. En l’occurrence de la lingerie, d’autant plus ravissante qu’elle est simple et immaculée. Elle a du goût. Et côté attributs, juste le calibre mesuré qui me plaît, je l’avoue. Pas de vêtements d’enfants, pas de caleçons d’homme, cette fille-là vit seule.
Le programme de ma machine s’achève, je me lève, elle me heurte, elle s’excuse : la fameuse distance sociale. On commence à discuter. On parle de tout et de rien, et après trente secondes, on décide en riant qu’on en a marre de broder sur la pandémie et le port du masque, et on change de sujet. Nos histoires se ressemblent. Elle a tout comme moi emménagé récemment dans le quartier, après une rupture. Elle me plaît bien, Barbara, masquée ou pas. Elle rit volontiers, ses bras s’agitent pour faire voler, au bout de ses fins poignets, de jolies mains qui appuient sans cesse sa conversation. Après avoir un peu vidé son sac, elle finit par se résoudre à le remplir du linge propre, presque à regret. On pourrait échanger sur WhatsApp, dit-elle, et synchroniser nos prochaines lessives pour poursuivre cette conversation sympathique. Volontiers.
Une heure plus tard, je concrétise. Pourquoi attendre ? WhatsApp est ton ami, le sien en tout cas, ai-je cru comprendre.
« Salut, Barbara, c’était sympa à la wasserette. On remet ça mardi prochain, 18 h ? »
« Promis. J’ai bien aimé aussi. Même ou surtout quand tu louchais sur ma lingerie ☺ »
« J’avoue. ☺ ; Ravissant et trop tentant. Sinon, tu es libre jeudi pour un cinoche ? Avec masque, mais bon… »
« Avec plaisir ! Je peux choisir le film ? Je vais regarder les notes sur Goodmovies. »
« Et après, on mange un bout ? Tant que les restaus sont ouverts… »
« Ça marche. Là, c’est toi qui choisis. Checke les avis sur bestrestaus.com »
« J’irai voir. À bientôt ! Bises. »
« Bonne nuit, fais de beaux rêves » conclut-elle en joignant au texte une photo de soutifs et petites culottes séchant sur une corde à linge.
Tout ça sent bon, aussi bon que ma pile de linge frais. Une bonne hygiène, il n’y a que ça de vrai.
~~oOo~~
La nuit va tomber, et après cette soirée consacrée aux tâches ménagères, j’allume mon Mac en bâillant. Distraitement, je jette un coup d’œil sur Rêvebébé, me connecte. Pas de réelle envie de lire de texte ce soir, pourtant. Je ne le fais que de temps en temps, à dose homéopathique.
Un mini-message m’est destiné, je l’ouvre.
De : Gai-Luron
Salut !
Merci pour votre note pour mon texte ainsi que pour votre commentaire ! Ravi que ma prose vous ait convaincu !
J’hésite à répondre, puis le fais malgré tout, par pure honnêteté.
De rien, je vous assure. Sauf que je n’ai pas souvenir d’avoir lu ni évalué un de vos textes… J’y penserai !
Il doit être en ligne lui aussi, puisqu’un autre mini-message m’arrive rapidement.
Et pour cause ! Mon nom de plume est parfois Cendrillon, parfois Cruella, selon la couleur du texte. C’est bien à Cendrillon que vous avez offert une note de princesse. J’utilise d’autres pseudo pour évaluer. Parfois c’est Gai-Luron, quand l’humeur est sereine, parfois c’est Sulfateuse, quand elle est massacrante. Ne me dites tout de même pas que vous employez le même pseudo pour écrire et évaluer ! C’est vivement déconseillé ! Enfin, quoi qu’il en soit, merci encore et bonne nuit !
Me dédoubler, je n’y ai jamais pensé, et je n’en vois pas l’intérêt. Je traverse déjà la ville masqué, j’écris masqué, pourquoi faudrait-il encore me dissimuler davantage quand je ne suis que lecteur ? La crainte de la vendetta si on juge mal un texte ? Qu’est-ce que ça peut foutre ? J’ai décidé une fois pour toutes de ne pas prendre cette histoire de notes au sérieux. Je ne lis pas tout ce qui paraît, loin de là, je ne suis pas vraiment un inconditionnel du genre érotique. Mais puisque j’écris et apprécie d’être lu, il me semble poli de livrer de temps en temps mon propre avis aux autres. Si ça se trouve, avec la multiplication des avatars et des doublons, on est tout au plus une petite dizaine de contributeurs à se croiser sur Rêvebébé. Ce n’est plus un site d’histoires érotiques, c’est une association de schizophrènes…
Dormir ? Pas encore. Il y a bien un truc que je n’ai pas dit à François et pour lequel j’aurais bien réclamé son aide. Je ne suis pas un rebelle systématique, face au numérique. Ni tout à fait incompétent en la matière. Avec le succès de notre brasserie, y compris à l’export, de plus en plus de consommateurs s’adressent à nous depuis les quatre coins du monde, et cette vague quotidienne de questions n’est plus gérable. Avec Arthur, mon assistant, nous nous sommes penchés sur les possibilités des chatbots, ces robots dressés à répondre en adoptant un langage et une logique dignes d’un humain. Nous avons contacté une boîte amerloque, testé son application, et en lisant les réponses qu’elle génère, c’est à s’y méprendre. Il me vient soudain une idée incongrue. Et si au lieu de lui parler de bière et service client, à ce robot, je le mettais au défi de rédiger un morceau de texte érotique, pour Rêvebébé ? J’avoue que l’idée m’amuse, même si je ne la crois pas réaliste.
Je m’identifie pour accéder au simulateur de la dernière génération de l’application, toujours au stade de la version beta. Le développeur la prétend dix fois plus puissante que l’actuelle. Il suffit de l’alimenter avec une phrase de départ pour qu’elle la complète en s’appuyant sur pas moins de onze milliards de paramètres lui permettant de deviner l’intention et fournir une suite compatible.
Je me jette à l’eau en introduisant ce que l’interface appelle un »prompt« : je tape une phrase de départ en anglais, la seule langue aujourd’hui disponible pour cette version en développement.
Marc meets Barbara at the laundry, he’s attracted by her look and her slender body. She seems to find him attractive too and feels horny. »
(Marc rencontre Barbara à la laverie automatique, il est attiré par son allure et son corps svelte. Elle semble elle-même le trouver à son goût et se sent tout excitée.)
Je frappe la touche « enter », un sablier apparaît, et puis un long paragraphe se déroule, que je vous reproduis scrupuleusement. *
Nous sommes au faîte de l’été, et Barbara ne porte qu’un léger petit top sur un short court, ce qui ravit les clients réguliers, parmi lesquels plusieurs hommes. Marc la désire. « Bien sûr que vous pouvez. N’avez-vous pas regardé ma bouche ? » Marc saisit son regard. Elle lui jette un coup d’œil, rougissante. « Oui ». Elle pose le verseur à savon et se retourne. « Mais ce n’est pas ce que vous croyez », dit-elle. Elle s’approche plus près de Marc, sous les regards des autres clients. « Je ne suis pas lesbienne, je veux dire, ou alors le serais-je ? » Elle se tourne à nouveau pour le regarder, et sourit : « je m’en serais aperçue ». Il lève les yeux vers elle et la contemple un moment. Alors qu’il le fait, ses seins sont menacés par l’ombre de sa cravate. Il réalise qu’ils lui ont paru être tout à fait semblables l’un à l’autre, sauf qu’ils deviennent plus gros. À mesure qu’ils parlent, Marc comprend qu’il a immédiatement été attiré par elle. Elle l’excite. Dans son imagination, il l’entend rire, l’emmener avec elle dans la cabine, elle est remplie de serviettes et de détergent. C’est le soir. Chelsea joue contre Arsenal. L’odeur des fumigènes emplit l’atmosphère. « Je devrai partir dans une minute. Andrew veut me voir un moment. » Elle exhale, sourit, se sauve en frôlant Marc.
Merde alors, comme dirait Hélène ! J’en crois pas mes yeux. J’ai à peine entré 150 caractères et l’algorithme a construit sur cette base un long paragraphe qui tient à peu près la route. À vrai dire, tout ce qui est vraiment réussi dans son texte, ce sont les accidents, les petits dérapages, les éléments incongrus et surprenants. Un résultat parfaitement cohérent serait presque dommage, il singerait un texte érotique standard, sans le moindre intérêt. Ce qui me ravit, ce sont ces images inattendues, troublantes. Les seins menacés par l’ombre de la cravate. Si le programme s’allongeait sur la banquette du docteur Freud, pas difficile de deviner ce que celui-ci lui dirait. Et puis quelle trouvaille involontaire que la promiscuité de la cabine, le match Chelsea-Arsenal, les fumigènes ! Je n’y aurais jamais pensé moi-même, mais c’est un détail magnifique, involontairement poétique. Je n’ai pour cette première tentative rien réglé, j’ai utilisé les paramètres standard. Je décide de les modifier, puisqu’il est possible, à partir de deux curseurs, d’ajuster les tolérances, de paramétrer la longueur du paragraphe fourni, de lâcher la bride à l’algorithme ou le contraindre au contraire à rester plus fidèle au contexte de la phrase initiale. Je décide de rendre celle-ci bien plus explicite.
Marc and Barbara are in the laundry room. Barbara is almost nude, by now. She only kept her white panties. She rubs her firm tits against Marc’s torso.
(Marc et Barbara sont dans la laverie. Barbara est presque nue, à présent. Elle n’a conservé que sa petite culotte blanche. Elle frotte ses seins fermes sur le torse de Marc.)
Marc se penche pour attraper le panier à linge et Barbara lui fourre un doigt dans le cul. Marc émet un long grognement sourd. Barbara agrippe ses fesses et les griffe, tout en repoussant du pied le panier à linge. Ses tétons sont dardés à la verticale. Marc regarde sa mouille luire à travers sa petite culotte noire. Il baisse celle-ci. Il frotte sa queue contre sa jambe, en regardant la petite culotte blanche glisser sur les cuisses de Barbara, elle s’en débarrasse, se tient debout face à lui.
Un simple réglage a permis d’éliminer les résultats inattendus, à part celui de cette petite culotte qui change de couleur d’une phrase à l’autre. Passée la surprise de l’olive, la fidélité au contexte initial est presque excessive. Je recommence, fasciné, tente une autre phrase, d’autres réglages au hasard, curieux de découvrir le résultat.
Marc’s hand slides to Barbara’s underwear, dives under the elastic belt. He feels her sweet and silky bush.
(La main de Marc glisse sur le sous-vêtement de Barbara, plonge sous l’élastique. Il sent sa touffe douce et soyeuse.)
Il épluche sa culotte, et sa langue détecte une sécrétion humide. Il trace des cercles autour des seins de Barbara, glisse sa langue mouillée sur son ventre et sa poitrine, et installe sa bouche là où elle devrait se trouver. Elle gémit de satisfaction. « Tu t’y prends bien, » dit-elle, les yeux fermés, les mains posées sur le dos de Marc. « Je sais » dit-il, forçant les mots à quitter sa bouche accrochée comme un hameçon. Elle sent ses genoux faiblir. Personne ne peut la prendre de cette façon. Les mains de Marc coulent sur ses cuisses. Lentement, sensuellement, il les soulève. Il voit son cul nu, il est sans défaut, adorable, sa peau est douce. Barbara expose la gloire de son corps magnifique. Elle gémit quand il la chevauche. Il écarte ses fesses de ses mains, glisse la langue entre les lèvres roses. « Tu es prêt ? » demande-t-elle, alors qu’il emprisonne son cul de ses mains. Il maintient fermement son corps au moment de jouir en elle, dont le vagin se contracte autour de lui. Ils se redressent, s’asseyent, parlent. Il lui sourit. « Tu es incroyable ». « Merci » répond-elle doucement en serrant sa main.
Cette expérience est addictive. Troublante aussi : du fantasme assisté par ordinateur. Étrange impression : celle de rêver à une baise à trois, entre Barbara, moi, et une mystérieuse entité qui s’empare de nos désirs, les digère, les assaisonne à sa façon. Le robot ne comprend pas un mot de ce qu’il livre, et pourtant, on dirait bien que ses innombrables bits et bytes bandent à l’unisson, comme je le fais à présent, en superposant à cet érotisme artificiel l’image de la véritable Barbara. J’aimerais qu’elle soit là, alanguie sous mes caresses. Je prolonge l’exercice, modifiant à nouveau les paramètres, poussant un des curseurs à l’extrême, et rendant la phrase d’amorce toujours plus explicite, impatient de découvrir le résultat.
Marc sucks Barbara’s nipples and she loves that. She asks him to fuck her pussy.
Marc suce les tétons de Barbara et elle adore ça. Elle lui demande de lui baiser la chatte.
Il s’exécute, et elle lui demande de sucer sa chatte également. Il le fait. Marc suce ses tétons et Barbara lui dit qu’elle aime sa bite. Elle lui dit qu’elle aime ses couilles. Elle dit qu’elle aime sa bite et ses couilles. Barbara demande à Marc de lui fourrer la chatte. Elle lui dit de le faire durement. Elle lui dit de le faire lentement. Elle lui dit de le faire vite. Elle lui dit qu’il peut la baiser autant qu’il veut.
L’algorithme commence à se répéter, enfermé qu’il est dans un réglage lui imposant de rester au plus près des prémices initiales. Ce n’est finalement pas si éloigné des descriptions obsessionnelles de tant de récits pornographiques. Sauf que c’est en réalité beaucoup plus réussi : ces répétitions sont troublantes, elles ont presque du style. Je pousse cette fois les curseurs de réglage à l’extrême limite.
Marc meets Barbara in the laundrette. She strips, he touches her firm breasts, her nipples are aroused. She wants him to put his hand on her pussy.
(Marc rencontre Barbara à la laverie automatique. Elle se déshabille, il touche ses seins fermes, ses tétons sont dressés. Elle veut qu’il pose la main sur sa chatte.)
Il ne veut pas. Il veut poser les mains sur sa poitrine. Elle ne veut pas. Elle veut qu’il lui frictionne les tétons. Il ne veut pas. Elle veut qu’il l’embrasse, elle ne le veut pas. Elle veut qu’il frotte sa chatte. Il ne veut pas. Il veut l’embrasser. Elle ne veut pas. Elle veut qu’il pose ses mains sur sa poitrine. Il ne veut pas. Elle veut qu’il pose la main sur sa chatte. Il ne veut pas.
Le logiciel perd les pédales : il veut ou il veut pas, comme dans la chanson de Zanini. Et pourtant, ces troublants désirs contrariés, pour être musicaux, me paraissent moins burlesques que torrides, du côté de « je t’aime moi non plus ». Une dernière fois, je sollicite le générateur de texte, laissant au contraire un maximum de liberté à l’intelligence artificielle pour compléter ma proposition et me surprendre. Je n’introduis cette fois que la stricte vérité, comme pour confier au logiciel le rôle d’oracle, me prédire ce qui se passera bientôt réellement entre Barbara et moi.
Marc dreams about Barbara. She’s such an attractive young woman. At first, he thought she was a little bit shy. Then she sent him pictures of her cute underwear. So sweet, so sexy.
(Marc rêve de Barbara. Elle est une jeune femme si attirante. De prime abord, elle lui paraissait un peu timide. Et puis elle lui a envoyé des photos de ses sous-vêtements. C’est si mignon, si sexy.)
Il l’imagine allongée sur la plage, un doigt courant sur les lèvres de son sexe humide. Le soir, ils iraient dîner dans un restaurant du bord de mer, et il essaierait de la voir en action, se demandant comment elle réagirait en étant dévisagée, si d’autres clients s’apercevaient combien elle était bandante. Il ne pouvait la chasser de son esprit, même quand il était avec elle, il faisait de son mieux pour ne pas penser à Barbara. Bien sûr, ça ne marchait pas. Et sûrement pas en présence de ses parents, à elle, venus en visite. Des gens de la vieille école, irréprochables. Le dîner, mal à l’aise, et tout ça. Marc ne voulait pas le saboter. Il lui dit qu’ils feraient mieux de se dépêcher, de se casser. Ils devenaient trop sérieux. J’ai changé, au cours des dernières années, dit-il, sans savoir ce que ceci voulait vraiment dire. Au petit matin, après qu’elle soit rentrée chez elle, Marc se leva et se dit que Barbara était hors de son système. Il but un verre de lait froid.
Je reste songeur. Comment cette foutue machine a-t-elle construit à partir d’un extrait court et plutôt chaste toute une histoire remplie de détails inattendus ? Ce sont à nouveau ces éléments-là qui me plaisent, bien davantage que les résultats prévisibles.
Un verre de lait froid ? J’ouvre le réfrigérateur. Megatron11-b m’en a donné envie. Et pas seulement celle-là. Il est tard, demain je travaille. Allongée sous les draps, ma propre machine à fantasmes se met à moudre les images. Barbara y figure en gros plan, bien sûr, son parfum vanillé se mêle à celui du linge propre. Le tambour de la machine tourne lentement en saccades et m’hypnotise. C’est doux et humide, comme son sexe où ma langue tourne, tourne, tourne encore.
(À suivre)
* Tous les extraits attribués ici au générateur de texte aléatoire sont authentiques et ont été reproduits sans la moindre altération.