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Temps de lecture estimé : 65 mn
17/03/21
corrigé 30/05/21
Résumé:  Arrivée douloureuse à Montréal où Jérôme se casse un bras. Mais il devient amoureux de Vancouver...
Critères:  fh fplusag oncletante médical grossexe groscul voyage amour entreseins fellation cunnilingu pénétratio fsodo québec -initiatiq
Auteur : Roy Suffer  (Vieil épicurien)            Envoi mini-message

Série : Grandes découvertes

Chapitre 03 / 03
Au Canada

Résumé des deux épisodes précédents :

Jérôme, doté d’un sexe surdimensionné, a quitté sa province pour intégrer la prépa du Lycée Henri IV puis la prestigieuse HEC. Il vit à Paris chez sa demi-tante qui est aussi sa maîtresse, mais doit la quitter pour effectuer son stage au Canada.






Les États-Unis qui parlent français avec un accent épais comme ça, voilà ma première impression du Québec.


La seconde est plus douloureuse. J’ai à peine posé mes valises dans l’hôtel et sorti ma doudoune de son sachet à dépression, un de ces sacs plastiques dont on branche la valve sur l’aspirateur pour en faire une galette raplapla, que mes premiers pas dans Montréal enneigé sont catastrophiques. Je n’ai pas emporté d’après-skis, trop gros, trop lourds, je le regrette amèrement. Avec mes mocassins, je glisse sur une plaque de glace, de la neige pilée par le passage des voitures, et je tombe lourdement à la renverse.


Je suis sonné, mais surtout j’ai terriblement mal au bras droit. Une ambulance vient me prendre pour m’emmener aux urgences. Fracture du cubitus, probablement sur l’arête cachée du trottoir, et léger trauma crânien. Ça commence fort ! Me voilà dans un lit d’hôpital, seul, à l’étranger… Heureusement qu’ils parlent à peu près français. La douleur est atroce malgré les antalgiques et une grande bonne femme avec masque et bonnet m’annonce qu’elle va me faire une petite anesthésie générale et tenter de réduire la fracture, qui lui paraît propre, sans opération.


Je crois que je me réveille… mais je n’en suis pas certain… c’est la tête qui me fait mal, comme prise dans un étau… et je ne sais plus où je suis… il y a quelqu’un qui me parle… de toilette… c’est le règlement… et je sens qu’on me frotte doucement… les jambes… la poitrine… le ventre…



Encore dans la narcose de l’anesthésie, je rêve que c’est ma chérie qui me caresse… et c’est bon… mais soudain :



Ça, ce n’est pas Gwen et ça me réveille tout à fait. J’ouvre les paupières et je vois une petite bonne femme, très jeune, mais avec un teint légèrement basané, en uniforme blouse et coiffe, qui se tient le visage à deux mains en regardant mon entrejambe. Ben oui, désolé, mais tu me faisais du bien alors… et puis je croyais que c’était ma chérie. Donc oui, je bande. Elle pose sa lingette humide sur ma chose et part en courant. Elle revient presque aussitôt accompagnée par une plus vieille, un peu moustachue, petite et aussi large que haute.



Je n’avais pas encore remarqué qu’à ma droite il y avait un rideau et sûrement un autre gus derrière, ou une nana. Sacré réveil ! Elles roulent mon plumard à roulettes dans les couloirs, je regarde le plafond, les carrés lumineux, et tout l’attirail qui roule avec moi. Une potence d’un côté avec des poches de liquides, un arc-boutant de l’autre auquel mon bras est accroché, enrobé dans une épaisse gangue de plâtre. Me voilà frais ! En plus, c’est évidemment sur le bras gauche que l’on m’a branché les tuyaux, du coup je suis sans main valide. On arrive dans une chambre vide, l’une sort le lit, l’autre pousse le mien. Aussitôt, la petite me rebranche un attirail sur un écran, j’entends à nouveau le bip-bip de mon cœur. La vieille est partie avec le lit vide (le livide, c’est moi). Alors la petite jeune retire le drap et reprend son travail de toilette interrompu.



Il faut s’y faire à cette prononciation : – chute devient « cheutze » et le « d » de « déformé » sonne comme « dzi », les « an » proches des « in » et le « a » ont tous un « ^ ». Enfin, on se comprend, c’est l’essentiel.



Elle s’y intéresse, un long moment redressant l’objet, le décalottant, soupesant les « gosses », comme elle dit, qui vont avec, en continuant de s’extasier. Mais soudain un boîtier buzze dans sa poche.



Quelques minutes plus tard, la porte s’ouvre, je croyais que c’était elle qui venait me « finir ». Mais non, c’est une grande femme aux longs cheveux auburn avec des yeux magnifiques, entre vert et bleu, mais turquoise n’est pas le bon mot. Ce sont soit des yeux verts à paillettes bleues, soit l’inverse. Remarquables. En tout cas c’est un grand cheval qui doit porter une jupe plissée sous sa blouse tellement gonflée aux hanches et aux fesses. Je l’identifie comme étant la personne masquée qui m’a martyrisé.



À ce moment la porte s’ouvre de nouveau, c’est ma petite infirmière qui vient pour terminer son œuvre.



Elle se glisse jusqu’au lit, soulève rapidement le drap et saisit prestement son accessoire « oublié ».



Elle va jusqu’à la porte et la ferme avec son passe, déclenchant le voyant rouge « en soins ». Puis d’un geste lent, elle déboutonne sa blouse, dévoilant son anatomie juste couverte par une petite culotte de dentelle blanche, qui a bien du mérite. Son thorax est normal et sa poitrine plutôt menue, ferme et bien dressée. Mais à partir de la taille commence un prodigieux évasement, extrêmement harmonieux, qui se prolonge jusqu’à moitié de ses longues cuisses. Pas de disgrâce dans cette anomalie, juste un bassin démesuré, comme si le bas de son corps appartenait à une géante, le haut à une femme normale. Ce n’est pas graisseux ni couvert de cellulite, pas plus que ses fesses lorsqu’elle se tourne. C’est même très joli, bien qu’atypique, et prodigieusement bandant, ce qui n’arrange pas mon état. Une femme n’est pas toujours désirable par sa perfection, elle l’est plus souvent par certains petits défauts. Celle-ci, je pense, doit stimuler le cerveau reptilien en lui donnant l’image de la déesse-mère, d’un ventre absolument fait pour enfanter et répondre à l’impérieuse nécessité de survie de l’espèce humaine. Bon sang, à quatre pattes ce doit être quelque chose ! Elle remet sa blouse aussi vite qu’elle l’a posée.



J’espérais une visite de la petite infirmière, j’ai sonné pour pisser, mais c’est Miss Moustaches qui s’est pointée. Il me semble que dès qu’elle m’a pris le zob pour le fourrer dans le pistolet, il a dégonflé. Et je ne sais pas ce que m’a donné la toubib, mais je n’ai pas vu la fin du film, direct chez Morphée.


Le lendemain, je prends toute la mesure de l’étendue du désastre. Comme j’ai bu tous mes biberons, que mon rythme cardiaque est impeccable et que je n’ai pas de fièvre, on me débranche. Première victoire, je récupère mon bras gauche. Oui, mais je ne sais rien faire avec, rien de chez rien, pas gaucher pour deux ronds. Par ailleurs, on me restitue mon bras droit, mais statufié, un poids mort replié que je dois porter sur une sorte de couffin de tissu suspendu à mon cou. Impossible d’enfiler même un T-shirt. Alors chemise-costard-cravate, inutile d’y penser. Je ne sais vraiment pas comment je vais faire, et je ne sais même pas où sont mes affaires. Heureusement, la petite infirmière vient à mon secours. Mes affaires étaient là, dans le placard, soigneusement rangées dans une panière plastique. Je retrouve bien tout, y compris ma précieuse sacoche avec mes papiers, les dollars canadiens que j’avais retirés, ma carte American Express et mon mobile. Le smartphone, de la main gauche, ça va à peu près parce qu’on l’utilise souvent comme ça, du pouce gauche, pendant qu’on fait autre chose avec la droite. Messages en pagaille. Ceux de Gwen d’abord.


« Chéri es-tu bien arrivé ? Réponds s’il te plaît, je t’en prie, à n’importe quelle heure. »


Je me dis que je vais me faire un selfie, mais je n’arrive à rien de bien. Le mieux, c’est un miroir. Oh là là ! Cette tronche, avec ce bandeau, la rondelle de métal et la barbe naissante. Ma pauvre Gwen, tu vas être affolée. Tant pis, ce n’est que la réalité. Clic ! Je soigne le texte joint en lui affirmant qu’il n’y a rien de grave, juste un bras cassé. Je vérifie l’heure, neuf heures ici soit quinze heures à Paris, elle est au boulot, mais tant pis. Réponse immédiate :


« Mais ta tête chéri, qu’as-tu à la tête ? »

« Juste une bosse, réduite avec un bandage et une rondelle de métal. Ce n’est rien. »

« Sûr ? Veux-tu que je vienne ? »

« Non, on s’occupe très bien de moi ici. Tout le monde est gentil. Je t’appelle ce soir. »


La suite est plus ennuyeuse. Le dernier SMS vient de la boîte qui m’attend, confirmant qu’ils envoient une voiture me prendre à l’hôtel à neuf heures demain. Je les appelle pour leur expliquer ma situation, j’ai l’impression qu’ils ne me croient qu’à moitié, ils viendront donc me rendre visite à l’hôpital. Avec la tête que j’ai, il faut absolument que je fasse quelque chose. Je sonne ma petite infirmière.



En effet, elle m’enfile une sorte d’immense bavoir en intissé avec juste un lien à la taille et au cou. Très seyant ! Ça permet de vous balader avec le cul à l’air… Dire que j’adore quand Béa fait la cuisine avec seulement son petit tablier, je crois que je ne le lui demanderai plus jamais. Pourtant la petite sourit (Minnie ?) et semble ravie :



Elle va chercher son matériel, un simple rasoir jetable et une bombe de mousse. C’est pareil, me raser avec ça de la main gauche, sans entraînement, me paraît impossible. Elle s’assoit sur le bord du lit, et patiemment m’enduit de mousse et me rase délicatement. Elle se débrouille plutôt bien, elle a les mains douces et fines, elle sent bon. Je lui demande d’où lui vient cette peau mate dans ce pays de neige, des ancêtres indiens me répond-elle. Je pose ma main libre sur sa cuisse, elle ne dit rien. Je caresse, elle ne proteste pas. Elle termine par un passage de lingette humide et me dit d’aller voir si ça me va dans le miroir de la salle d’eau. Je me lève et constate que la chasuble reste coincée par l’érection qui m’est venue à son contact. Ça la fait sourire. Elle me suit et en passant verrouille la porte, arrive derrière moi et passe sa menotte sur mes fesses.



Je me recouche après qu’elle a retiré la chasuble. Elle détache les boutons de sa blouse, petit soutif et culotte bleu pâle, joli sur sa peau hâlée. Mais elle ne va pas plus loin, juste de quoi m’inspirer. Elle s’empare de mon engin de compétition et commence à me branler doucement, son regard dans mes yeux. C’est troublant, on ne m’a jamais fait ça comme ça. Et elle le fait bien, la coquine, car elle joue parfaitement de la pression de sa main ou de son pouce qui vient régulièrement titiller mon méat.


Je remets ma main sur sa cuisse, sa peau est merveilleusement douce et lisse. Je m’enhardis et caresse son ventre, sa taille, ses seins à travers la dentelle, puis je m’insinue entre ses cuisses, qu’elle écarte bien vite. Le fond de sa culotte traduit son émoi. Elle m’abandonne un instant pour la poser, j’engouffre mes doigts dans sa vallée. Sa petite poitrine se gonfle et son regard se trouble. Soudain elle se retourne, écarte sa blouse pour offrir ses fesses à ma main valide et plonge les deux siennes sur ma queue en y joignant sa bouche. Hum, la délicieuse fellation salvatrice ! J’enfonce tout mon majeur dans sa petite grotte, tellement serrée qu’elle se referme sur mon doigt. C’est sûr, mon matériel n’est pas fait pour elle. Mais mon pouce tombe parfaitement sur son clitoris, créant une pince que j’utilise à loisir, autant dedans que dehors, malgré ma gaucherie. Ses sécrétions et ses soupirs semblent indiquer qu’elle apprécie.



Elle se relève, quitte complètement sa blouse et ses mules de sécurité, m’enjambe avec précaution pour ne pas heurter mon bras malade. Ce n’est pas très pratique, mais en manœuvrant le lit électrique, nous parvenons à une position adéquate, sinon confortable. Belle petite touffe d’astrakan, beau petit sillon mielleux, jolie petite chatte rose fuchsia. Elle a un goût très acidulé, très frais et son petit cul me fait penser à celui de Gwen, peau lisse et mate, fesses très fermes et bien rebondies. Je me délecte, de son bouton à sa rosette, et je parviens même à soulever son soutien-gorge pour peloter ses petits seins.



Et de fait, l’effet suit l’annonce et elle se tétanise quelques instants. D’un coup de bassin, je la rappelle à ses devoirs auxquels elle retourne avec plus d’énergie. Ah si j’avais deux mains… Peu importe, mes doigts et ma langue feront l’affaire, je m’emploie également sur son intimité, ce qui ne tarde pas à activer mon plaisir, tant je constate que le sien reprend de l’altitude. Mon menton est une vraie gouttière. Sans même nous parler, nous tentons de nous synchroniser et elle part de nouveau au moment critique où je lâche les bondes. Résultat, la malheureuse prend tout en pleine poire et doit courir à la salle d’eau pour se laver le visage.



Elle se rhabille, me change le drap qui a morflé et me fait un brin de toilette.



Du coup, je me tape une petite sieste jusqu’au dîner. Je commence à m’habituer à manger avec la main gauche, mais impossible de couper ma viande ou quoi que ce soit d’autre, c’est une aide-soignante qui me prépare mon assiette. Ensuite, je regarde distraitement la télé, aussi conne ici qu’en France. Au moins, l’accent me fait marrer. Vers vingt-trois heures, la porte s’ouvre doucement et, me voyant encore éveillé, la doctoresse entre en traînant les pieds. Elle est toujours en pantalon et chemise, coiffe sur la tête et masque sur le cou, elle paraît épuisée, les yeux cernés. Elle se laisse tomber sur une chaise, arrache sa coiffe et secoue d’une main sa lourde chevelure auburn.



Une petite pilule et gros dodo hypnotique, sans cauchemars. C’est le service du petit-déjeuner qui me réveille. Là encore, impossible de beurrer une tartine, d’un pain dégueulasse comme toujours hors de France. Je trempe le mauvais pain dans le mauvais thé, ils n’ont pas de café, et je mange la confiture après. J’ai à peine terminé que le téléphone sonne. Pas mon portable, celui qui est posé… sur la mauvaise table de nuit. Je dois me lever et faire le tour du lit :



Ma petite infirmière passe me voir et me fait un brin de toilette, avant de m’affubler de ma chasuble sexy attachée dans le dos. Je suis à peine réinstallé dans mon lit que la délégation de la boîte se pointe, deux costards et un tailleur Chanel.



Je raconte mon histoire et exprime toute ma désolation et mon désappointement.



Finalement, ils sont plutôt sympas. Vancouver, à part la chanson de Véronique Samson, je n’en connais rien. Mais ma toubib m’informe vite. Elle a récupéré mes bagages à l’hôtel contre une décharge signée en montrant ses papiers, sa carte professionnelle et une attestation de mon hospitalisation… qu’elle avait elle-même remplie. Elle a également bien négocié puisque, la chambre étant restée inoccupée et l’hôtel n’étant pas complet, il n’y a rien à payer.



C’est à coup sûr loin de l’élégance, une sorte de vêtement de sport pour hockeyeur, souple, vague et chaud, dans lequel je flotte un peu. Elle m’a obligé à l’enfiler seul, j’ai peiné, mais en me tortillant j’ai réussi. Il est vrai que cette chose informe est bardée d’élastiques et de scratches, et même mon plâtre a pu passer.



Je me retrouve au huitième étage d’une tour hideuse dans un appartement qui aurait pu être sympa sans tout ce foutoir. Et pourtant elle avait fait du rangement, paraît-il… Malgré la neige à l’extérieur, il y fait chaud et c’est bien le principal. Elle m’appelle de la chambre où, sans perdre de temps, elle a commencé son strip. Quel accueil ! Je remarque le soutif noir très couvrant, style brassière dans une sorte de velours épais.



La culotte, elle, bien que couvrante, est beaucoup plus fine, transparente, même. Nom de Zeus, ce cul ! Haut, puissant, fendu d’un profond sillon où se perd le fin voile de nylon, prodigieux. Béa, Mathilde, allez-vous rhabiller, Callipyge est son nom. Ce qui m’impressionne le plus, c’est l’épaisseur de la jonction entre bassin et cuisse, dessinant un V assez fermé avec au centre une fine fente sur une motte épaisse et rasée.



J’imagine bien, dans un plat ça fait déjà râler, mais dans une cicatrice…



Toute chose mise à part, j’ai devant moi un sacré brin de femme avec des envies bien précises et bien assumées. Mon survêtement ne fait pas long feu, et je me retrouve faisant office de mise en bouche. La fée « Lation » avait dû se pencher sur son berceau, elle pratique le délice buccal avec un art consommé. Fine mouche, elle m’amène trois fois au bord de l’explosion et trois fois refoule mon plaisir pour finalement m’offrir son affolant postérieur pour une levrette prometteuse. Diablesse, elle a bien calculé que c’est la position la plus pratique pour moi et mon bras immobilisé, mais aussi celle qui lui permet de profiter un max de mon attirail.



On parle, on se vante, oui, mais… Mais il a fallu ouvrir le passage, non seulement entre les globes serrés de son fessier charnu, mais aussi dans cette petite chatte qui, elle, n’a pas de dimensions hors normes. Ça bêle très fort, tant pis pour les voisins, et j’obtiens un échantillon de jurons québécois assez fourni, la plupart tournant autour de la religion. « Bon dieu » ou « nom de dieu », ils ne connaissent pas. En revanche, les « calvaire, ciboire, crucifix, ostensoir, sacrifice et tabernacle » y sont passés à plusieurs reprises.


Bien au chaud dans son… tabernacle je laisse la blasphématrice s’exprimer, et quand elle est un peu habituée mon trombone à coulisse, j’entame un solo de jazz proche de Gershwin. Histoire de modifier l’échappement de l’instrument, je suce mon seul pouce disponible et je l’envoie en estafette dans le haut du sillon, à la rencontre de la divine rosette. On passe de Gershwin à Karajan ! La belle s’époumone et une buée de sueur couvre tout son corps. Il est temps de lancer l’ouverture de la brigade légère et de prendre d’assaut cette vulve infernale en claquant lourdement ce somptueux fessier. Sa crinière sombre vole en tous sens, elle s’agite comme un pantin désarticulé et boxe la literie sans ménagement.



J’y vais sans me faire prier et l’ultime secousse est redoutable. Les loups sortent des bois, les grizzlis avec. Ça fait autant de ramdam dans l’immeuble que dans sa tuyauterie. Curieusement, ses fesses se referment et pratiquement rien ne coule à l’extérieur.



Ça fait toujours plaisir. Et, mine de rien, elle m’apprend à faire beaucoup de choses avec mon handicap. À manger seul, et pour cause, l’essentiel de sa nourriture ce sont des hamburgers, facile. Mais aussi à me laver, à me coiffer sans ce fichu bandeau et malgré une zone encore douloureuse derrière le crâne. N’empêche, plus de bosse. Et puis à faire la multitude de choses de la vie courante. Même ma main emballée me sert désormais, les doigts parviennent à agripper des objets, j’essaye même d’écrire. C’est plus facile avec mon mobile. Quand elle part travailler, j’en profite pour ranger un peu, passer l’aspirateur. Je peine vraiment pour en changer le sac qui était archi-plein. Au bout d’une semaine à tourner en rond, elle finit par me dire :



Quel pays aux dimensions d’un continent ! Il m’a fallu presque autant de temps pour faire Montréal-Vancouver que pour venir de Paris. Neuf heures de décalage maintenant pour appeler Gwen, autant dire que je l’appellerai à midi, et ce sera juste avant qu’elle ne se couche. La première surprise en descendant de l’avion, c’est la température. Je suis parti de moins six, à Vancouver il fait seize, c’est le printemps. Le gars qui vient me prendre à l’aéroport a un look très américain : gros, jeans’, sweat bariolé, casquette à visière et pancarte à mon nom. Cool ! Sa voiture est du genre Jeep, mais en deux fois plus large.


On ressent à la fois une plus grande proximité avec les States, mais aussi une plus grande diversité de population, on entend parler toutes les langues et ça semble naturel. La surprise est également dans les rues. Vancouver est une grande ville d’environ 650 000 habitants, et toute l’agglomération avec les villes satellites compte près d’un million et demi d’âmes, c’est plus que Lyon ou Marseille. Donc il y a des tours, beaucoup de tours même, des tours de béton plus ou moins récentes. Cependant, quand on est dans les rues, on ne les voit pas ou presque. Il faut lever la tête pour s’en rendre compte, tant la végétation urbaine est dense. Il y a plus de vert que de béton. Toutes les rues, toutes, sont systématiquement plantées d’arbres, d’arbustes, de pelouses…


En regardant le plan de la ville, on voit bien une sorte de grille plaquée sur la géographie existante, dans un sens pour Vancouver, dans un autre pour sa périphérie, Vancouver West et North par exemple de l’autre côté de la baie. À la méthode américaine des rues à angles droits, on a exploité au mieux le relief existant. Pourtant on se sent plus dans une petite banlieue qu’au cœur d’une grande ville. De plus, il y a de l’eau partout, on est sur une presqu’île entourée d’eau, avec des ports gigantesques, mais aussi plein de ports de plaisance, de marinas, le port des Minimes de La Rochelle multiplié par dix. Et des parcs arborés, avec des allées pour se promener, des bancs, des quais souvent en bois. Les arbres mettent leurs premières feuilles vert tendre, d’autres sont en fleurs, des écureuils gambadent, des oiseaux chantent. On tourne la tête, tiens, des montagnes et des cimes enneigées. Incroyable !


Voilà Vancouver : Royan pour ses rues au carré, l’agglo de Lyon pour les dimensions, Sète pour l’eau partout, Grenoble pour les montagnes, Angers pour la verdure. Tu mets le tout dans un shaker, tu secoues et tu étales. Où ? Dans une baie tarabiscotée au possible du Pacifique, à la limite du Canada et des États-Unis. Et en plus, toutes les chances, si le lieu bénéficie du climat très tempéré lié à la proximité immédiate de l’océan, il en est protégé de ses fureurs par… l’île de Vancouver. Car Vancouver n’est pas sur l’île du même nom, mais bien sur le continent.


Cette île est immense, une longue crête rocheuse qui délimite la baie, il faudrait dire les baies, car elles sont nombreuses, et un chapelet de petites îles constitue un véritable archipel dans la baie. Il y en a même une qui s’appelle Granville Island, clin d’œil à la Normandie. J’ignore si c’est le lieu, le climat, la verdure, la mer ou le mélange des quatre qui influe sur les gens, mais ici tout le monde a l’air décontracté au possible. On se sent bien et les gens se sentent visiblement bien. Malgré une population de plus d’un demi-million d’habitants, la circulation est fluide, il y a des places de stationnement partout, on circule décontracté, on marche décontracté, on parle décontracté… Incroyable ! Le charme vous prend dès le premier quart d’heure et ne vous lâche plus.


Je m’en ouvre à mon pilote.



Je me sens un peu bête, un peu coincé avec mes préjugés face à ce colosse tellement relax. Il m’emmène droit à ce que je vais appeler son « lieu de vente », un truc à son image, ou peut-être à l’image de la région. Ça ressemble plus à un hangar qu’à un magasin, ça tient simplement au fait qu’il est éclairé à la lumière naturelle, par de grandes vitres dépolies trouant les murs et de vastes skydomes dans le toit. Pourtant il y a des lampes suspendues à des croisements de câbles, mais on ne les allume que lorsqu’il fait nuit ou que le temps est trop mauvais. Le sol est en bois, un parquet de sapin assez grossier presque identique à celui des quais. Toute une partie qui semble rapportée sert d’entrée, avec à droite des tables couvertes de toile cirée à carreaux rouges et blancs, des bancs, et une grosse fille qui vous sert au fût du cidre et du vin rosé et bien sûr des glaces pour les enfants. C’est censé faire « français ». De l’autre côté, un espace « foutoir » avec des soldes permanents. En fait, tous les invendus se retrouvent là à prix cassés, plus ou moins rangés sur des étagères sommaires, et certains clients ne dépassent jamais cet endroit sans mettre les pieds dans le magasin.


Le magasin est organisé bizarrement en trois catégories : les étagères courant le long des murs, les bacs servant d’intermédiaires et des pyramides au milieu. Il n’y a pas de sens de circulation dans les larges allées pour permettre aux gros et aux poussettes de se croiser. Un simple tourniquet empêche, en principe, de repartir sans passer aux caisses. On y trouve tout et n’importe quoi pour la maison, en principe des produits français ou du moins conditionnés en France, même s’ils viennent de Chine, d’Inde ou de Singapour. La société vendait auparavant (chinois) uniquement par correspondance grâce à de petits catalogues saisonniers, petit format et ne dépassant pas une quarantaine de pages. Après une période de croissance constante, essentiellement due aux milieux ruraux éloignés des centres commerciaux, est venue une stagnation puis un début de récession avec le développement des ventes sur Internet.


Le comité de direction semble avoir eu la bonne réaction au bon moment. Ils ont également mis leur catalogue en ligne, ce qui n’était pas très difficile puisqu’ils avaient déjà toutes les maquettes sur informatique, mais ils ont fait le pari d’ouvrir des boutiques quand les autres les fermaient. Dans un premier temps, ces boutiques servaient de points de livraison et de vitrines des produits, voir et toucher avant de commander, avec des postes de commande en direct. Et puis rapidement, à la demande de la clientèle de plus en plus nombreuse, elles sont devenues de véritables magasins, avec stock et caisses sur place. La commande en ligne n’a cependant pas été abandonnée, pas plus que le petit catalogue que l’on peut emporter en sortant des magasins. Ces astuces ont complètement relancé la croissance de l’entreprise qui est passée à deux chiffres.


Pour éviter les complications, la direction s’est pour l’instant cantonnée dans les pays francophones, ce qui permet une seule édition du catalogue, avec un tarif séparé en monnaie locale, et un site Internet unique et pas trop lourd, donc très rapide. Il y a donc des magasins en France bien sûr, en Belgique, en Suisse, dans quelques pays d’Afrique francophone avec un pouvoir d’achat suffisant, et plus récemment au Québec. C’est Jérémy Bouchard, mon mentor, qui a fait des pieds et des mains pour ouvrir cet espace à Vancouver, investissant de ses propres deniers pour convaincre un directoire assez frileux. En effet, le point de vente de Montréal fonctionnant très moyennement, personne n’avait envie d’investir ici. Lui seul était persuadé que ça marcherait, et il avait raison. La question est donc d’en déterminer les causes. Mais pour l’heure, Jérémy me conduit d’abord à mon hôtel.


Hôtel, façon de parler. C’était une maison parmi d’autres maisons du même genre, pas très loin du magasin, dans un quartier résidentiel sans tours ou presque, pas plus de quatre étages, où les jardins donnent sur la rue sans clôtures à la mode américaine. Une dénommée Angèle y loue des chambres. La vieille dame soignée et adorable de soixante-douze ans nous accueille, une presque Normande ramenée dans le ventre de sa mère par un soldat canadien qui a fait le débarquement. Elle a grandi ici, s’est mariée ici et a hérité de la maison familiale à la mort de son mari. Comme souvent sur ce continent, sa maigre retraite ne lui permettait pas de vivre décemment, donc elle loue quatre chambres de sa trop grande maison en servant dîner et petit-déjeuner.



La charmante dame, maigre comme un clou, aux cheveux blancs frisés et bleutés, est ravie d’accueillir un vrai français.



Jérémy prit congé en me disant :



Si le patron le dit… Ma chambre est désuète, mais proprette avec une petite salle de bains. Je déballe mon petit bagage et je m’installe rapidement avant de me laisser tomber sur le lit moelleux. Je me sens déjà bien. Le dîner est comme à la maison, charcuterie, une viande en sauce avec des légumes divers et des crêpes au sirop d’érable.



Elle semble ravie, mais peut-être un peu vexée de ne pas avoir exécuté la bonne recette. Nous continuons de parler, de mon accident, de la France, de ce que je viens faire ici, pendant que les autres locataires regardent la télé. Mais moi, les bêtises en français sont déjà insupportables, alors en anglais… Cela donne le ton à nos futures soirées, tous deux dans la cuisine et les autres au salon. Et à vingt-deux heures, extinction des feux. C’est là que j’aurais bien aimé parler à Gwen, mais il est sept heures du matin en France et elle doit juste se lever et se préparer à l’arrache pour sa journée. Mais non, elle est déjà au samedi… donc elle dort.


Nous partons faire les courses ensemble, Angèle pendue à mon bras valide, j’ai l’impression agréable d’accompagner ma grand-mère. Elle me voit chercher mes morceaux de viande au rayon boucherie du market, sans boucher évidemment. Je dois chercher longtemps avant de trouver de la joue, de la queue de bœuf et des os à moelle dans le rayon… viande pour chiens ! Un peu de jarret de veau et de bœuf et un morceau de plat de côte. Elle fait une drôle de tête et me demande à plusieurs reprises si je suis bien sûr de ce que je fais. On en a plus de deux kilos pour quelques dollars, largement pour cinq même si nous sommes quatre gros mangeurs. Côté légumes, c’est un peu plus facile, même s’il est impossible de trouver du chou-rave ou des rutabagas. Et pour le dessert, j’achète un kilo de pommes, du « vrai » beurre, difficile à trouver au rayon des margarines diverses et nombreuses, et un kilo de farine « normale ». Angèle est presque maussade, anxieuse par rapport à ses autres locataires. En rentrant, j’arrive à pétrir une pâte brisée de la main gauche en cramponnant la jatte avec les doigts qui dépassent de mon plâtre. En revanche, je ne peux pas l’étaler avec le rouleau.



Je la mets à reposer au réfrigérateur et nous déjeunons des restes de la veille. Il me faut ensuite découper la viande, mais heureusement Angèle a un couteau électrique. C’est fou ce que je fais comme progrès ! Grâce à cet engin, je me débrouille presque tout seul. Je fais rissoler tout cela dans de l’huile d’olive mexicaine dans sa plus grande marmite, puis je couvre d’eau pour deux heures de cuisson en écumant. Pendant ce temps, je vais dans le jardin où j’ai repéré un laurier et des boules de thym et de romarin. J’en mets dans la marmite et aussitôt leurs puissants parfums emplissent la cuisine. Je demande ensuite à mon hôtesse d’éplucher les pommes et d’en couper la moitié en tranches fines. Avec l’autre moitié, je fais une rapide compote bien passée au blender. Je lui fais rouler à nouveau la pâte, rendue plus consistante par le froid en insistant sur sa finesse. Encore et encore, dans un sens et dans l’autre. J’y étale un fond de compote, les tranches de pommes bien rangées en cercles concentriques, un peu de cannelle et de gelée de groseille et au four. Il est temps d’ajouter les os à moelle et les légumes, sauf les pommes de terre, dans la marmite en refaisant le niveau d’eau et en salant. On laisse mijoter et une demi-heure avant le repas, je mets les pommes de terre.


Quand les convives commencent à s’installer, je prélève une bonne partie du bouillon brûlant et y ajoute une bonne dose de vermicelle pour quatre minutes d’ébullition : potage en entrée. Angèle est la première à goûter avec curiosité et secoue la tête, les autres font « Hummm !… ». Premier bon point. Ensuite je prépare des assiettes avec un os à moelle, un éventail de viandes et de légumes. Autant dire des assiettes pour adultes ! Nous avons mis sur la table de la moutarde, du sel et bien sûr l’inévitable ketchup. À ma demande, Angèle a fait griller des tartines, et je montre comment déguster la moelle étalée sur le pain et légèrement salée. Étonnement et ravissement. Puis on attaque ces morceaux fondants, ces légumes goûtus et à la bonne tenue. Je donne l’exemple en suçant les os de la queue, tout le monde rit et se régale. Au point que je dois apporter la marmite à table pour presque la terminer, sauf le bouillon qui sera encore servi le lendemain. Au fur et à mesure du repas, Angèle explique à ses pensionnaires que c’est moi qui ai composé et réalisé ce dîner vraiment français.



La tarte aux pommes est le couronnement du repas, fine, légère, croustillante, un délice. Angèle est ravie.



Son gros baiser sur la joue me fait extrêmement plaisir. Nous discutons encore longuement, elle de sa longue vie, moi de la mienne bien plus courte, de mon père et de son entreprise…


Jérémy est presque à l’heure. Il m’emmène sur une colline à la sortie de la ville où il s’est fait construire une grande et jolie villa avec vue sur la baie. Week-end, quoi qu’il en dise, sous forte influence américaine : grand barbecue avec pièces de bœuf et saucisses, pains à hot-dog dont ses deux gamins déjà bien enrobés raffolent. Madame Bouchard n’est pas maigre non plus et ricane à tout bout de champ, blonde décolorée je crois, tellement sa tignasse tire sur le platine. Ça lui va comme une perruque à un labrador qui voudrait se faire passer pour un lion. Une fois les entrecôtes absorbées avec deux saladiers de chips, il tient à m’emmener faire un tour de bateau. Nous rallions les petites passes entre les îles et jetons l’ancre pour pêcher. Pêcher de la main gauche n’est pas chose facile. Cependant, c’est moi qui prends le premier petit poisson, une sorte de perche que Jérémy remet à l’eau en disant :



On s’est donc déplacé vers un autre chenal sans plus de succès.



Je retrouve Angèle juste à temps pour goûter son hachis parmentier, très bien réussi. Mais la viande de bœuf me sort par les yeux, au bout de cinq repas. Je rêve de poisson, d’œufs, de poulet, de lapin, de cochon… mais plus de bœuf.


Le lundi, je commence mon travail bien avant l’arrivée de Jérémy. Mais tout le monde était prévenu et je n’ai pas de problèmes. J’ai préparé des questionnaires, un pour le personnel du magasin, un autre pour les clients que je souhaite interroger s’ils le veulent bien. Le plus simple pour moi, qui ne parviens guère à écrire, est d’utiliser ma tablette. J’en profite également pour faire une série de photos des lieux, extérieur comme intérieur, et notamment de ce qui me paraît atypique comme ce coin de soldes permanents. En une semaine, j’ai recueilli une quantité importante d’informations que je souhaite mettre en forme rapidement et « à chaud » avant d’aller plus loin. Jérémy s’en fout comme de sa première chemise, je consacre donc ma deuxième semaine à rédiger tant bien que mal sur mon portable, dans ma chambrette. C’est là que je fais la connaissance de « Bouboule », sobriquet que j’ai donné à la petite voisine d’Angèle qui vient chaque jour lui donner un coup de main pour le ménage, la vaisselle et la lessive.



Je ne sais pas si au final Angèle s’y retrouve financièrement, mais au moins n’est-elle pas seule. Et puis tout cela me semble se passer sans déclarations ni contrats, alors… Rapide calcul, quatre locataires-pensionnaires à cinquante dollars la nuit, dîner et petit-déjeuner compris, ça doit faire mille quatre cents la semaine, elle donne soixante dollars à la petite pour cinq jours, il lui reste en gros onze cents dollars à condition que toutes ses chambres soient louées. Environ dix dollars par jour et par pensionnaire pour la bouffe, un petit rapport de trois mille trois cents dollars par mois. C’est correct.


Charlène c’est une boule. Une boule d’énergie d’abord, tonique, sautillante, bruyante et bavarde. Une boule au sens propre également, digne produit de la malbouffe ambiante, tête ronde, deux gros seins tout ronds, deux grosses fesses pareilles, des membres courts et bien potelés, le tout sur moins d’un mètre soixante. Alors que je bosse tranquillement, elle entre comme un tourbillon en criant :



Et sans attendre la moindre réponse, elle se met au boulot. Aspirateur, chiffon, serpillière, je dois même me lever et attendre qu’elle ait fini dans l’encadrement de la porte. Le détail, c’est que Bouboule est vêtue d’un mini short, de chaussettes roses avec des escarpins à talons blancs et d’un débardeur minuscule couvrant à peine ses seins en pleine liberté. Tout ça devant mon pif, privé depuis mon départ de Montréal, ça commence à me titiller le polichinelle. Quand en plus elle se met à quatre pattes pour nettoyer sous le lit, le mini short ne résiste pas et laisse apparaître la moitié de ses fesses et la raie qui les sépare. J’ai du mal à avaler ma salive. Quand elle se relève, elle rajuste le minuscule vêtement en tortillant des hanches et en me faisant un gros clin d’œil. Puis elle repart en chantonnant et en sautillant pour faire la salle de bains. Je la suis juste pour continuer de la mater. Voyant cela, elle entame la conversation et quand elle découvre que je suis français elle dit d’une voix suave :



S’ensuit une série de poses qui se veulent érotiques ou suggestives, mais qui sont plutôt ridicules au vu du modèle. C’est mon premier contact avec Bouboule. Ce n’est pas le dernier puisqu’elle revient chaque après-midi de la semaine. Moins habillée, ce serait un peu difficile, je dirais différemment. Cette jeune fille semble disposer d’une collection inépuisable de mini-jupes absolument trop étroites pour son postérieur, ainsi que de petites chemises très décolletées, ou ouvertes si elles ont des boutons, lui permettant avec des soutifs de dentelle de tout mettre en vitrine. Elle vient près de moi, regardant mon écran par-dessus mon épaule, si près que je sens son souffle dans mon oreille. Elle fait semblant de s’intéresser à mon travail, auquel bien sûr elle ne comprend rien, sauf lorsque j’ai inclus des photos dans mon texte :



Elle connaît ? Eh bien j’en profite pour peaufiner mon questionnaire au public. La réponse est globalement claire, elle aime beaucoup, y va pour voir, mais n’achète pas parce que c’est trop cher pour elle, sauf dans la zone des soldes. Ce fut une erreur de ma part, parce qu’elle a cru que je m’intéressais à elle et a commencé à se faire encore plus… avenante. Ses mains sur mes épaules, sa hanche contre la mienne, elle debout et moi assis ; bon j’exagère, le bas de sa hanche contre le haut de la mienne, et ses nichons écrasés contre mon bras. N’ayant qu’un bras opérationnel, j’en suis du coup immobilisé. Mais je dois avouer que cette offre féminine insistante ne me laisse malgré tout pas sans réaction, on l’eut été à moins. J’ai beau expliquer et réexpliquer :



… elle a fini par m’ouvrir la braguette et s’est retrouvée devant l’objet de ses convoitises, avec des yeux ronds. Si les petites Françaises se sauvaient affolées, la petite canadienne surexcitée s’est mise à crier :



Tant pis pour toi, tu veux essayer, tu l’auras voulu. Elle serre les dents, elle devient rouge écarlate jusqu’à la poitrine, mais elle ne cède ni ne moufte pas. À genoux au bord du lit, dévêtue à la vitesse de l’éclair, et pour cause, il y en a si peu, elle encaisse l’assaut pourtant accompli sans délicatesse. Délice que de frayer un chemin à mon gland dans ces muqueuses juvéniles et serrées. Et ma foi, délice également d’avoir cette petite poupée ronde de partout et encore toute lisse au bout de la queue. Ma doctoresse est déjà loin et ma vigueur sans faille. Elle doit se mordre les lèvres pour ne pas crier, juste un petit « niouk ! » ponctue mes coups de boutoir, un peu comme ces ours en peluche quand on les frappe sur le sol.


Ignorant de ses pratiques contraceptives, je termine entre ses seins opulents et, sa bouche étant toute proche, je déverse le reste de mon plaisir dans son gosier. Une bonne rasade qu’elle est bien obligée d’avaler. Elle est partie sans rien dire, faire les autres chambres. Ce départ muet et précipité me laisse croire qu’elle a été vaccinée par cette séance. Mais pas du tout, au contraire. Dès le lendemain, elle entre dans ma chambre et se dévêt aussitôt avant de se laisser tomber à plat dos sur le lit, cuisses écartées, offerte. Curieusement, cette seconde séance est bien plus câline que la première. J’en profite bien plus pour la peloter, la pétrir de partout, seins, fesses, cuisses, pour sucer ses mignons doigts de pieds et la faire jouir de diverses façons, multipliant les caresses de mes doigts, de ma bouche et de ma queue. Elle ronronne si fort que soudain on frappe à la porte :



C’est la voix d’Angèle, certainement réveillée dans sa sieste par les bêlements de la petite. Le soir même, sans vouloir s’immiscer dans ma vie privée, elle me conseille d’être prudent avec cette petite « dinde », qui lui fait assez fréquemment le coup avec ses locataires, et qui ne cherche qu’une chose : se faire mettre enceinte pour être épousée par un parti plein d’avenir et ainsi assurer le sien. Au Canada comme aux États-Unis, les divorces sont généralement sanctionnés par de fortes pensions alimentaires. Merci mammy mais je fais très attention. Tirer un coup d’accord, mais ma vie amoureuse est déjà tracée. Je passe donc la nuit à terminer cette partie de mon rapport, dors jusque vers onze heures et retourne au magasin l’après-midi, façon de mettre fin à cette histoire sordide avec Bouboule.


Jérémy me passe sans difficulté les chiffres de ses ventes sur l’année écoulée, j’en fais un graphique très intéressant. Il y a des pics émaillant un taux moyen très convenable du chiffre d’affaires. On repère facilement en fonction des dates les différentes fêtes calendaires, sources de profits, mais d’autres semblent moins explicables en apparence. Il a l’explication : chaque mois, il organise une petite fête à la française avec nocturnes jusqu’à minuit, un simple petit orchestre composé d’un accordéon, une batterie et une clarinette. Et l’on y joue… du musette, comme dans une guinguette ! Jérémy paye de sa personne en dansant javas, valses et paso-doble avec des vendeuses ou des secrétaires, mais aussi avec quelques clientes qui viennent en nombre « s’encanailler », consommer et acheter. Mille dollars d’investissement pour dix mille de recettes supplémentaires. Il fait ça environ une fois par mois, quand les musicos, Français de souche, sont disponibles. En somme, et c’est ce que je mettrai en valeur dans mon rapport, il donne l’air dans son « foutoir-shop » de vendre à vil prix des produits d’exception. Je constaterai exactement l’opposé dans le magasin sophistiqué de Montréal, qui présente des « merdouilles » comme des produits de luxe. Et ça ne marche pas.


Je termine mon mois de stage en roue libre, ayant l’impression d’avoir perçu et formalisé l’essentiel. Je retourne à la pêche avec Jérémy, je refais plein de cuisine avec Angèle, et surtout je flâne dans cette ville envoûtante qu’est Vancouver, claquant des centaines de clichés superbes. Je ne me lasse pas de décrire cet endroit à chaque fois que je peux parler à Gwen, je suis fasciné. J’ai hâte également de retourner à Montréal, car les quarante jours approchent et avec, ma délivrance.


J’ai prévenu le docteur Lévêque de mon retour afin d’obtenir un rendez-vous professionnel. Elle m’attend à l’aéroport.



La radio se montre plus que satisfaisante, la réparation est parfaite et Céline Lévêque est ravie.



J’avoue que la scie utilisée pour découper le plâtre fiche une sacrée trouille. C’est comme chez le dentiste, rien que le bruit de la roulette et on a déjà mal. Mais la belle au beau cul (tiens, c’est joli ça, « bellobocu ») n’a pas envie de m’abîmer pour mieux profiter de ma liberté retrouvée. C’est loin de fonctionner correctement et mon bras semble bien pâlot et atrophié. Mais je peux quand même la caresser et me cramponner à ses hanches à deux mains. Il est évident que pour les trois semaines restantes j’habiterai chez elle et qu’elle s’occupera personnellement de ma rééducation.


Je reprends donc costume et cravate pour aller au boulot dans le magasin de Montréal. Situé dans une de ces immenses galeries marchandes dont les Nord-Américains ont le secret, c’est une sorte de boutique de luxe très moderne, carrelage noir, présentoirs vitrés noirs garnis de satin froissé blanc cassé, vendeurs en costumes et vendeuses en robes fourreaux noirs, on se croirait chez Hermès. Bien sûr, on ne touche pas aux articles présentés sauf sur demande, et le stock se trouve réparti dans les socles des présentoirs. Alors que des milliers de personnes circulent quotidiennement dans cette galerie, quand il y en a deux dans la boutique, il y a foule ! Un brin désastreux et l’exact opposé de Vancouver.


Ayant examiné les chiffres des ventes, je décide de changer un peu mon fusil d’épaule quant à mon enquête. Je recolle tout de même le ressenti des employés avec les mêmes outils, mais j’en crée un nouveau pour questionner les gens qui le veulent bien parmi la foule qui circule dans la galerie. En une semaine, installé dans l’allée avec une table et deux chaises, je parviens à obtenir une centaine d’opinions. Les réactions sont claires : pour moitié, les gens pensent que cette boutique n’est pas faite pour eux, trop chère sans même être allé voir. Les autres se répartissent entre « ces produits ne m’intéressent pas », « on doit payer très cher le cadre » et « j’y suis allé, mais les produits ne sont pas à la hauteur du décor ». En somme, en voulant trop bien faire, ils ont tout faux. Chose que j’aurais eu bien du mal à leur dire s’il n’y avait pas l’exemple de Vancouver. Est-il besoin d’aller beaucoup plus loin ? Pas vraiment, je tiens l’essentiel de mes conclusions.


Cependant, je prends le soin de pousser mon conseil jusqu’à rechercher dans la galerie marchande un emplacement qui me paraît meilleur, ce qui n’est pas très difficile à trouver compte tenu d’un turn-over important, situé dans un lieu de plus grand passage au milieu de boutiques « grand public », loin de la zone des produits de luxe. M’inspirant de la « french shop » de Jérémy, je conçois même une organisation type des boutiques de la marque, en utilisant un schéma « discount » (étagères, bacs, pyramides) et surtout une zone solderie. J’en souligne l’intérêt économique, décor à bas coût, mobilier peu coûteux également, beaucoup moins de personnel, et tout le bien que je pense des animations mensuelles très profitables sur la côte ouest. Je fais tirer quelques dossiers ainsi qu’une présentation projetable pour rendre mes conclusions au staff québécois, un brin décontenancé, mais vivement intéressé. Je dois dire adieu à mon hôtesse et soignante avec beaucoup de reconnaissance, quelques regrets également. Son cul me plaisait bien.



« Et j’suis… r’parti… sur Québec-Air, Transworld, Nordeast, Eastern, Western et PanAmerican… », la chanson me trottait dans la tête jusqu’au couplet où Charlebois retrouve sa Sophie dans son lit avec son meilleur ami… Trois mois, trois longs mois sans toi ma Gwen… J’espère que je ne te retrouverai pas au lit avec Arnaud… Non, elle est là, à Roissy, elle m’attend… Hum… Mais avec la tête des mauvais jours.



J’ai dû décaler la remise de mon rapport au siège de la boîte pour aller aux obsèques de mon père. Triste corvée. Gwen est venue aussi, mais juste pour la cérémonie, nous ne laissons rien paraître. Juste un pincement en bas du ventre lorsque je vois côte à côte, sexy en noir malgré le deuil, ces deux femmes qui ont éveillé ma sexualité et que j’ai tant baisées. Toute l’entreprise est là également ainsi que de nombreux clients et fournisseurs. Le problème c’est l’avenir de l’entreprise, ce coup dur survenant juste au moment où elle est en pleine expansion. Sur le papier, je suis l’héritier de tout, bien que mon père ait pris toutes précautions pour Béatrice, lui laissant une forte assurance-vie, une rente annuelle grâce à un judicieux placement et l’usufruit de la maison jusqu’à sa mort. Edmond le pingre a agi pour lui-même comme pour son entreprise et a épargné, année après année, mois après mois. Moi aussi, je bénéficie d’une très importante assurance-vie.


Mais le notaire, qui était son ami, me convoque seul pour m’en apprendre beaucoup plus. Depuis qu’il ne se sentait pas bien, et surtout depuis que je l’avais incité à restructurer sa boîte, il a, sans m’en parler, créé une société dont j’étais actionnaire à 50/50 avec lui. Du coup, en théorie, la boîte est sauvée si je la reprends. Mais je n’en ai toujours pas envie, même s’il ne me reste plus que quelques semaines de formation. Le notaire sort également une quantité de titres de propriété au nom d’une SCI dont je suis membre sans le savoir. Il s’agit essentiellement de programmes de défiscalisation concernant des appartements en région parisienne, dans les départements d’outre-mer, mais aussi des garages, un peu de forêt et même des parts dans une chaîne hôtelière. Une fortune que gère ce notaire et qui rapporte, « bon an mal an, une centaine de milliers d’euros ». J’en ai des sueurs au front et des pincements au cœur.


Ce Monsieur qui avait l’air de me porter si peu d’attention a passé sa vie, depuis ma naissance, à accumuler un patrimoine énorme qu’il me transmet sans que le fisc ne puisse l’amputer fortement. Bien sûr, il faudra sacrifier quelques bricoles pour payer des droits de succession, mais je conserve légalement l’essentiel. Est-ce aussi une façon posthume de me forcer la main pour la reprise de l’entreprise ? C’est à cela que je pense le soir en compilant l’étendue de la fortune qui me tombe dessus. Je me dois de trouver une solution honorable pour l’entreprise et pour ses employés, il le faut. Je n’en ai presque pas dormi.


Reprenant mes cours, cherchant comme un taré sur Internet, une solution m’apparaît enfin, me permettant de dormir un peu. Mais j’ai besoin de conseils juridiques, de certitudes. N’étant pas juriste j’appelle un de mes profs, mon directeur de mémoire, afin d’obtenir une bonne adresse. Les gens que je contacte tombent d’accord avec moi sur la formule à utiliser, la plus avantageuse pour l’entreprise, à savoir une SCIC, société coopérative d’intérêt collectif, où les employés ont le pouvoir, pour faire court, comme une SCOP, mais en y conservant ma place sans en être salarié. Reste à faire passer la pilule auprès de ces mêmes employés.


Je les réunis donc dans la salle polyvalente, au risque d’être un peu serrés.



La principale question qui les tourmente est de savoir ce que je fais là-dedans avec mes 49% des parts. Ma parole, ils en veulent 100% ! J’argumente sur trois points. Un, je prête mon nom à l’entreprise qui continuera de s’appeler de la même façon, ce qui est mieux pour les clients et fournisseurs ; deux, je serai présent aux Conseils d’administration pour apporter mon expertise et un peu de la pensée de mon père qui souhaitais tant me voir reprendre son « bébé » ; trois, pour l’instant je n’ai pas encore de travail et j’ai également besoin d’un revenu pour vivre. Comme je ne suis pas salarié de l’entreprise, mais membre associé, c’est pour cette seule raison que c’est une SCIC et non pas une SCOP.


Le vote est digne d’une élection de Poutine, avec seulement trois abstentions, soit plus de 90% de « oui ». L’affaire est entendue.


Je revois le notaire en lui annonçant qu’il sera désormais le mien et continuera de gérer les biens laissés par mon père. Je lui demande également de ne pas informer ma belle-mère de tout ce que mon père m’a laissé « en direct », j’aimerais autant qu’elle ne conçoive pas une quelconque jalousie à propos de cet héritage. Elle est juste au courant que j’ai également droit à une assurance-vie, l’entreprise et quelques placements, en gros comme elle, et c’est bien ainsi.


Je retourne rapidement à Paris pour rendre mon rapport de stage définitif au siège du groupe, et je reviens avec un juriste de la boîte contactée pour peaufiner la mise en place de la SCIC. Il reste plusieurs jours pour informer, voire former les gens à leurs futures responsabilités. Il me faut repartir à nouveau très vite pour mettre la dernière main à mon mémoire, dont l’essentiel est constitué par le rapport remis à l’entreprise, mais il faut également préciser les raisons de mes choix, la commande, le contexte, la méthodologie utilisée, etc., etc. Autant de pages et de boulot que le rapport lui-même. Comme pour une thèse, il faut imprimer, relier, fournir également le document en numérique et me préparer à la soutenance devant le jury. Mai-juin hyper speed !


Ma soutenance se passe bien, ils ont même ri de mes déboires, car j’avais inséré une photo avec mon bras plâtré et mon turban. Le questionnement est cependant assez rude, certains membres trouvant que j’ai survolé le sujet sans entrer en profondeur dans les causes, autant des réussites que des échecs. Je me défends en répondant que cela relève d’une étude sociologique et non commerciale, domaine auquel je ne suis pas formé, ou que très superficiellement. Moralité, je ne sors pas major, mais second de ma promotion. J’aurais cru à une dernière petite fête entre étudiants, mais non. Comme les soutenances se passent individuellement de façon échelonnée sur une quinzaine, chacun est parti vers ses vacances ou ses occupations. La fête, nous la faisons tous les deux, Gwen et moi. Ma Gwen qui m’offre un attaché-case de luxe et une superbe chaîne de cou en or.



Et amoureux nous le sommes. Pourtant je dois retourner m’occuper de l’entreprise familiale, et voir où ils en sont. J’arrive sans prévenir à la maison, comme d’habitude, me sentant toujours « chez moi » et disposant d’une clé. Mais en entrant, des gémissements attirent mon attention. Je veux cependant aller dans ma chambre et il me faut passer devant celle de Béa. Se sentant tranquille et certaine de n’être pas dérangée, elle n’a même pas fermé la porte. Je ne peux que voir… puis regarder quelques instants. La belle est en bas, talons hauts et porte-jarretelles, seins ballottants, offrant sa croupe généreuse à notre jeune commercial qui s’en donne à cœur joie. Ce jeune homme a de la vigueur et de la ressource, car les bas noirs de la veuve sont déjà maculés de longues traînées blanchâtres prouvant qu’il ne s’agit pas du premier round. Elle semble être à la fête, je ressors sur la pointe des pieds pour aller prendre un café au bistrot du coin, histoire de leur laisser le temps de s’envoyer en l’air. Je reviens et je sonne. Branle-bas dans la maison, la porte s’ouvre sur Béa rectifiant sa tignasse en bataille d’une main, l’autre dans celle du jeune homme prenant congé empourpré avec un « naturel » forcé.



Nous parlons longuement. Elle est encore tout émoustillée et le popotin frémissant. Et puis soudain elle s’effondre en larmes.



Et ça se passe plutôt bien, très bien, même. Les problèmes administratifs ont été réglés de main de maître par le service comptable associé au secrétariat, sous l’égide du conseiller juridique maintenant reparti. Tout le monde me salue avec un grand sourire, parfois des remerciements chaleureux. Les chefs d’ateliers prennent des décisions pour eux-mêmes et pour les autres, mais en pleine concertation. Les repas sont devenus de véritables réunions de travail et les projets vont bon train, pour l’entreprise, mais aussi à titre personnel. On évalue ce qu’on pourrait éventuellement toucher comme dividendes et on envisage, qui des vacances, qui des achats, qui une construction. Les chiffres montrent une production en nette hausse de près de quinze pour cent.


Jusque-là, le bureau de mon père est resté fermé et quasiment intact, mis à part les dossiers utiles qui ont été transférés. Je prends la décision de le vider totalement, il est inutile d’en faire un sanctuaire, et propose d’abattre les cloisons pour créer un grand open-space administratif permettant à tous les services de travailler ensemble pour mieux se coordonner. Je leur bricole sur tableur un petit module relié aux différents logiciels de gestion des stocks vendus, des ventes et des dépenses. Sur un même écran très lisible apparaissent les objectifs fixés, le réalisé, le chiffre d’affaires et la marge brute en temps réel. Ce module étant accessible de tous les postes devient leur guide et un élément fort de motivation.


Je retourne à Paris, plutôt tranquille et satisfait, pour commencer à chercher du boulot. La période n’est pas très favorable. Soit on veut m’embaucher pour deux mois pour couvrir la période des congés, soit je tombe sur des DRH en congés et il faut attendre septembre. Gwen parvient à se libérer du quinze août au six septembre, trois belles semaines rien que pour nous. En l’attendant, je fais le tour de mes nouvelles propriétés, ce que mon père n’avait en fait jamais fait. Pour l’occasion, je loue une voiture pour une quinzaine, chez un loueur de Roissy, ce qui nous permettra de la rendre en partant pour le Canada. J’en profite pour acheter nos billets, une fantaisie à mille euros, mais je peux me le permettre.


Je suis sans doute encore un peu trop jeune pour comprendre tout ça, notamment pourquoi mon père n’a jamais parlé à personne, ni à son fils, ni à sa (ses) femme(s) des incroyables économies et placements qu’il avait réalisés. Fallait-il qu’il ait plus confiance en son notaire qu’en ses proches ? Je ne peux pas garder ça pour moi ni le cacher à ma compagne. D’autant que la première chose que j’ai faite avec ce même notaire, c’est de désigner Gwen comme ma légataire universelle en cas de pépin. Je ne l’imagine pas cherchant à me faire disparaître pour toucher le gros lot. Naïveté probablement, mais ça sert à quoi de vivre en couple et de dire qu’on s’aime si c’est pour se cacher des choses, surtout de cette importance. Je choisis un week-end pour lui annoncer tout cela, afin d’avoir le temps de le digérer et d’en discuter ensemble.



Le voyage Paris-Montréal, c’est déjà long. Montréal-Vancouver, c’est long aussi. Mais les deux enchaînés avec une courte escale à Trudeau, c’est interminable. « Chiantastique », dit Gwen. Pour couronner le tout, l’arrivée sur Vancouver est assez décevante. Oui, il y a la surprise de la côte après les montagnes, mais on ne voit du ciel qu’une ville de buildings comme toutes les villes d’Amérique du Nord. Ma Gwen fait la moue, pour ne pas dire la gueule. J’ai beau lui dire d’attendre d’être au sol pour porter un jugement, elle n’est pas persuadée.


Je craignais de tomber sur son ancien amant, le pilote de ligne, mais nous y avons échappé. Ouf ! Pourvu qu’il en soit de même au retour. Je lui concède volontiers d’avoir eu une vie avant moi, mais je n’aimerais pas y être directement confronté. J’ai pris un bon hôtel, depuis que j’ai les moyens, avec balcon et vue sur la baie d’un côté, sur les montagnes enneigées de l’autre. Nous sommes partis de France où il faisait trente-cinq, ici il ne fait que vingt-deux. Agréable. Au fil des balades, à pied ou en taxi, la moue de ma chérie se transforme en sourire. Un sourire quasi permanent. Je lui présente Angèle, qu’elle adore, puis Jérémy qui la fait beaucoup rire, caricature du Nord-Américain pour elle. Il est ravi de me revoir sans plâtre et nous propose une promenade en bateau autour des îles.


Pour une écervelée, ma petite alouette dispose d’un sens de l’orientation incroyable, un comportement presque animal. Dans cette ville étendue, compliquée, où toutes les rues se ressemblent, elle est comme un poisson dans l’eau et mémorise tout dès la première fois. Bientôt, c’est elle qui va me faire la visite. Les parcs peuplés d’oiseaux et d’écureuils l’enchantent, tout comme les ports et les bords de mer.


Petit à petit, la séduction de Vancouver opère et, comme pour moi, on ne sait pas exactement à quoi ça tient, sinon à une multitude de facteurs : une grande ville où la circulation est fluide, avec des places de stationnement partout, dénuée de stress, une population cosmopolite qui se mélange, pas comme à Paris avec ses quartiers ghettoïsés, et bien sûr le site exceptionnel, la verdure partout, le climat, la décontraction des gens…


La vie ne semble pas peser, au contraire, on dirait que chacun profite. Avec les mêmes problèmes que les autres pourtant, comme Angèle obligée de louer ses chambres pour survivre. Mais ils donnent tous le sentiment de vivre bien. Nous louons une voiture pour aller pique-niquer à quelques kilomètres dans les montagnes et dans l’île de Vancouver, face au Pacifique, dans des endroits improbables et quasiment déserts. Nous avons fait l’amour comme des fous en pleine nature, près de cascades ébouriffantes ou devant de somptueux couchers de soleil.



Incroyable climat loin des étés étouffants et des hivers glacials. C’est quasiment la Bretagne ou la Normandie, mais avec une géographie colossale, aux dimensions du pays. Juste un détail, la nourriture qui, pour nous français, n’est pas terrible. Et pourtant ils ont tout ce qu’il faut, mais ils ne savent pas ou plus faire. Pervertis par le fast-food. Au point que je suggère à Gwen de retourner voir Angèle et de lui proposer de faire un repas bien français dans sa cuisine. Quand cette brave femme m’a vue à l’œuvre avec mes deux mains, elle m’a dit :



Rien de tel qu’un bon repas « à la française » pour compléter le tableau idyllique de ce séjour. Et la compagnie de la vieille dame est si agréable que nous en faisons plusieurs. Hélas, il faut bien reprendre le vol du retour. De Vancouver à Montréal, il fait encore jour et Gwen est tout excitée par ces vacances.



Entre Montréal et Paris, nous avons plongé dans la nuit et je me suis lourdement endormi. À mon réveil, je trouve que Gwen a les yeux explosés.





Sept ans plus tard…


Nous sommes installés sur notre terrasse, profitant du dernier soleil de la saison. Les arbres sont jaunes, rouges, orangés, sauf les sapins toujours verts. Ils se mirent dans l’eau calme de la petite baie où des canards barbotent. Gwen est de nouveau enceinte et notre aîné trotte déjà.



Il est vraiment super ce resto, exactement comme je le voulais. Le bas en pierres de granit, le haut en bois, une salle tout en longueur avec de grandes baies s’ouvrant sur l’eau, une très grande terrasse de bois où l’on peut à la fois mettre des tables et danser, et une super cuisine de pro. On a bien fait d’abattre l’ancien atelier de bateaux et de reconstruire des locaux adéquats. J’ai quarante tables à l’intérieur, une trentaine dehors et à midi j’ai refusé du monde. Cinq personnes en salle, cinq en cuisine, et un boulanger-pâtissier venu de France qui nous fait du vrai pain, de vraies pâtisseries, de vraies viennoiseries, si bien qu’on a dû ajouter une boutique rien que pour ça et qu’il va encore falloir embaucher pour lui donner un coup de main.


Et tant qu’à faire, je vends aussi des vins de France dans la boutique, les mêmes que ceux que je sers à table. Ils en sont fous ! Ce n’est pas cinq cent mille dollars par an de chiffre d’affaires que nous faisons, mais trois fois plus. J’ai utilisé tous les placements douteux de mon père, comme ça j’ai l’esprit libre et pas de risques avec le fisc français. Gwen a vendu son appartement parisien et a tenu à apporter sa contribution, pratiquement à parts égales dans la société que nous avons créée. Nous avons même fait un emprunt pour que vraiment tout soit parfait, ça l’est. Et l’emprunt est déjà remboursé par anticipation. C’est super ici parce que tout va très vite. On n’attend pas, on ne réfléchit pas trop, on fait. Et ça me plaît.


J’avais trouvé un bon job à quatre mille euros par mois dans le conseil, j’ai tenu six mois. Je m’ennuyais comme un rat crevé avec les problèmes des autres qui ne m’intéressaient pas. J’ai tout largué et pendant un an et demi je me suis perfectionné en cuisine. J’ai fait un petit tour de France pour rencontrer les producteurs de mes produits préférés. Je me suis fait un super carnet d’adresses, des gens prêts à m’expédier leurs produits. Pas des denrées périssables, bien sûr, ni des choses risquant de poser problème en douane. Mais du vin, des alcools, du piment d’Espelette, des légumes secs, des conserves artisanales, etc. J’ai aussi appris à faire du pain, mais maintenant j’ai mon boulanger et bientôt un pizzaiolo italien pour qui on fera un four à bois. Bref, ça marche du feu de dieu !


Petit à petit, j’ai bien formé ma brigade et souvent, je me contente de faire les achats et les menus. Ça roule tout seul. J’ai noué des contacts amicaux avec des producteurs locaux, avec des pêcheurs, des éleveurs. Ils sont venus manger, ils ont compris ce que je voulais et ils me livrent de bons produits. Bientôt la saison des champignons et mes cueilleurs patentés vont m’en apporter des paniers pour quelques dollars. Rien de meilleur et de plus économique qu’une omelette aux morilles. Même les cèpes, d’Amérique bien sûr, sont tout à fait agréables à cuisiner, comme les chanterelles et les trompettes. En ce qui concerne les truffes, il paraît que certains essayent d’en cultiver avec des noisetiers au Québec, mais je suis obligé de les faire venir de France et… en bocaux scellés s’il vous plaît. Leur foie gras n’est pas mal, surtout à cuire, mais il n’y a pas photo avec celui du Périgord. Tout cela pour vous dire que je monte en gamme. Parti de plats simples que je parvenais à envoyer pour quarante avec seulement un aide, maintenant je leur laisse faire ça et je me consacre à un menu gastronomique à cent cinquante dollars. Je fais aussi des émissions culinaires pour la télé locale qui connaissent un franc succès. Ça me plaît !


Si vous passez par Vancouver…