Résumé des épisodes précédents :
Promenade pour Chantal, balade pour Colette, cette innocente occupation d’un jour férié les amène, à leur corps et leur cœur consentants, à abandonner toutes pudibonderies et retenues dans leurs échanges. Réciproquement attentionnées, tentant sans succès de randonner nues comme de se désaltérer, elles égaient leur parcours de pauses fiévreuses et compensent leur déception d’eau pure par un lavage, sommaire et peu orthodoxe, dont émergent de rudes et déroutants fantasmes insoupçonnés. D’abord inquiètes des débordements où les entraîne leur déraison, elles s’assurent de leur affection mutuelle dans un énième entracte sexuel. Ce pourrait bien être cependant le premier acte d’une romance qu’elles abordent timidement en revenant à la réalité sur un chemin jalonné de bonnes et mauvaises surprises. L’une suivant l’autre, le trajet vers la maison de Colette est troublé par des questionnements intimes. Chacune trouve un espoir nouveau dans les réponses de son cœur, mais leur ballade à quatre mains s’interrompt brusquement.
C’est une rêverie solitaire qui la prolonge. La soirée qu’elles se promettaient de passer ensemble, Chantal l’imagine à travers des scènes cocasses, coquines, familières ou passionnées. Elle se voit les partager avec Colette entre salon, douche, chambre et cuisine, dans laquelle elles reviennent après un brûlant échec culinaire.
L’atmosphère de la cuisine est redevenue respirable. Les rideaux sont tirés, l’intimité retrouvée. Recoiffées, la touffe sage, elles font réchauffer la soupe. La bouteille de vin de nèfles est presque vide. Elles ont négligé de renfiler peignoir ou serviette. L’ambiance est à la gaîté.
Le bol de potage est vite expédié. Le choix des fromages les occupe plus longtemps. Quelques verres de vin rouge en favorisent la dégustation. Il n’y aura pas de dessert. Tant pis ! Un soupçon de bénédictine en tient lieu. On débarrassera la table demain.
À la réflexion, Colette emporte une boîte de chocolats à la liqueur lorsqu’elles décident de gagner la salle de bain. Elles y partagent sans réticence dentifrice et brosse à dents. Elles ne s’attardent pas, la chambre les appelle. Le temps d’arranger deux ou trois oreillers, elles se lovent confortablement sur le lit. L’éclairage de la pièce multiplie le reflet de leurs corps dans les miroirs. Les friandises attendent docilement sur la table de nuit de jouer le rôle d’encas nocturne ou d’agrément de jeux sensuels.
- — Si tu préfères que j’allume seulement les lampes de chevet… s’enquiert Colette.
- — Non, j’aime bien : on se voit mieux, sourit Chantal, se sentant bizarrement intimidée.
Colette lui rend son sourire en l’accompagnant d’une caresse tendre sur la cuisse.
- — Moi aussi. J’aime te regarder… tu es belle… ta peau est si douce.
- — Malgré mon grand âge ?
- — Oh, arrête de dire ça. Tu n’es pas si vieille ! Dis-moi la vérité.
- — Quarante et un… bientôt quarante-deux.
- — Un peu plus de six ans de plus que moi. Ce n’est pas grand-chose !
- — J’ai eu deux enfants…
- — Oui, tu m’as dit. Ça t’a beaucoup changée ? Tu as grossi ?
- — Non, les seins peut-être. Sinon, j’ai toujours été un peu ronde.
- — Je t’aime bien comme ça… Tu sais ce qui m’a tout de suite séduite ?
- — Oui ! Me voir faire pipi !
- — T’es bête ! Oui, au début, c’est vrai, par malice, pour rire. En réalité, c’est quand je t’ai vue de dos, à poil. Tes reins rebondis, ils m’ont fait penser au râble d’un petit lapin. J’ai eu une envie immédiate de les caresser.
Chantal se tourne sur le côté, le dos vers Colette, en se cambrant légèrement.
- — Tu les aimes toujours ?
La réponse est positive et immédiate. Elle se laisse caresser en ronronnant, puis se couche sur le ventre, la joue sur l’oreiller.
- — Arrête de simplement me peloter. Tu ne voudrais pas me masser, plutôt ?
L’invitation réjouit Colette. Elle s’agenouille à califourchon sur les jambes de Chantal. Ses mains glissent doucement des épaules aux fesses, remontent, doigts à l’extérieur, vers les omoplates. Elle recommence en pressant ses paumes sur les côtes, de haut en bas et de bas en haut. Peu à peu, elle accentue ses mouvements, cherchant des pouces les nœuds de tension, suivant le trajet des nerfs, malaxant les muscles, jouant des jointures sur les intervalles des vertèbres. Les soupirs d’aise de sa patiente la comblent.
- — Ça te fait du bien ?
- — Hummmmmoui…
- — C’est agréable aussi pour moi… Tes cuisses sous les miennes… c’est doux, c’est chaud.
- — Hmmm, hmmm… acquiesce Chantal, toute relâchée.
Colette continue son massage en silence. Elle sent Chantal se détendre de plus en plus. Elle aimerait la connaître mieux. Peut-être est-ce un moment favorable aux confidences.
- — Ça ne t’ennuie pas si je te pose des questions ?
- — Meuh… non, marmonne Chantal. Mais ne t’arrête pas. Des questions sur quoi ?
- — Tu m’as dit que tes filles avaient vingt ans et dix-huit ans, c’est bien ça ?
- — Oui, à peu près. Brigitte a un peu plus de vingt.
- — Tu les as eues jeune.
- — Mariée jeune… trop.
- — Trop jeune, tu veux dire ?
- — Oui. Je n’avais pas vingt ans… j’étais presque une oie blanche, en plus.
- — Ah !
Colette se tait un instant avant d’oser poursuivre.
- — Tu as divorcé, ou… ?
- — Divorcé, oui.
- — Tu étais mariée depuis longtemps ? Excuse-moi si je suis trop indiscrète.
- — Non, ce n’est pas un secret. Un peu plus de cinq ans. Sandra était encore bébé.
- — Ah, oui… Ce n’a pas été trop dur ?
- — Il y a eu des moments difficiles… Mais ça c’est bien passé. J’étais libre, surtout ! Et puis, j’ai été bien aidée par des copines, des amies…
Ou des amantes, pense Colette sans le dire.
- — Dis, ajoute Chantal après quelques secondes, pour le dos, c’est bon. Si on passait au côté face ?
Elle esquisse le mouvement et Colette se soulève sur les genoux pour lui permettre de se retourner entre ses cuisses.
- — Tu as des mains de fée, remercie Chantal en s’étirant paresseusement. Tu veux bien me masser les seins et les jambes ?
- — Bien Madame. Que les seins et les jambes, et juste les masser… plaisante Colette.
- — Massez partout où et comme vous croyez devoir faire, Mademoiselle…
Chantal a souri en murmurant sa réponse. Colette se réinstalle à cheval sur ses cuisses, cette fois plus près des hanches. Leurs poils pubiens s’entremêlent quand elle se penche pour prendre un sein entre ses mains.
- — J’aime bien tes seins. Ils sont ronds, doux, souples, moelleux…
- — Oui, oui. Dis plutôt lourds et avachis.
- — Arrête de toujours te dévaloriser ! Je les aime comme ils sont, je t’aime comme tu es, avec tes fesses rebondies, ton ventre arrondi, tes aréoles grumeleuses, tes tétons épais… Tu as dû allaiter tes filles, non ?
- — Oui, mais c’est aussi parce que j’aime les pincer et les étirer.
- — Ah bon ! Comme ça ?
Colette s’amuse à reproduire le geste en prenant les pointes entre pouces et index.
- — Tu peux tirer plus fort… oui… Je les vrille, aussi.
Colette s’enhardit. Elle raffermit sa prise, pince en tournant, observe le visage qui s’éclaire, étire encore les tétons. Les mamelons se muent en pyramides, les globes s’allongent. Chantal soupire, sa bouche se crispe, mais elle ne se plaint pas. Colette ose vriller plus brutalement. Chantal se cambre avec un gémissement. Colette s’interrompt, inquiète.
- — Hummmm ! C’était bon ! Merci. Caresse doucement les tétons, maintenant, et pétris-moi les seins.
- — Tu me fais faire de ces choses… constate Colette à moitié rassurée en obéissant.
- — Tu n’as pas aimé ?
- — Ben si, justement, quand j’ai vu que ça te plaisait tellement. J’avais quand même peur de te faire mal…
- — Un peu, mais ça m’excite.
- — Tu veux dire… tu es maso ?
- — C’est compliqué… Là, tu vois, tu malaxes en douceur mes seins, et c’est aussi bon. Même encore meilleur, après, tu comprends ?
Colette continue tendrement ses massages, mais son visage affiche le doute.
- — On en reparlera, si tu veux, sourit Chantal en lui prenant gentiment les mains. D’accord ? Tu peux t’occuper des jambes, maintenant. Ou bien on arrête, si tu préfères ?
- — Non, ça me plaît de te masser. Mais oui, j’aimerais bien que tu m’expliques.
Elle recule ses fesses jusqu’aux pieds de Chantal pour le plaisir de les avoir entre ses cuisses. Ses yeux redevenus malicieux suivent la montée de ses mains, des chevilles aux mollets, aux genoux qu’elles écartent un peu, aux cuisses dont elles pétrissent les muscles, jusqu’aux aines où elles s’arrêtent, au ras des poils… abondants.
- — Oui, j’aurais dû la tailler depuis quelques jours, regrette Chantal qui a saisi son regard. Ça fait négligé.
- — Tu n’as jamais pensé à te raser la touffe ? Plusieurs de mes copines le font.
- — Tu as déjà pris un coup de soleil sur la chatte ?
- — Comment ça ? Non, jamais, pouffe Colette. Tu es vraiment une adepte du nudisme, alors ? Oh, pardon, je suis peut-être trop curieuse.
Elle reprend ses massages, mais ses doigts aventureux dès qu’ils s’approchent du pubis démentent ses excuses. Chantal ne proteste pas ni ne réagit, sinon en ouvrant plus franchement les cuisses.
- — Je ne vais que sur les plages naturistes, reprend-elle. Sur les autres, il y a trop de monde en été.
- — Tu y vas depuis longtemps ?
- — Au début, c’était seulement pour faire plaisir à mon mari. Mais je trouvais l’ambiance malsaine, j’avais l’impression qu’il voulait m’exhiber aux autres mecs. J’y suis retournée plus tard.
- — Tu voulais t’exhiber après ton divorce ? Non, excuse, je te taquine.
- — J’avais compris, sourit Chantal. C’était juste le contraire, tu vois. Une amie m’avait indiqué un coin que ne fréquentent pas les couples hétéros. On y est tranquille.
- — Mais, après ton divorce, tu avais tes filles, calcule Colette. Tu avais quelqu’un pour les garder ?
- — Pas tout de suite après. Quand elles ont été assez grandes, j’y suis allée avec elles.
- — Ça ne les gênait pas ?
- — Penses-tu ! Gamines, elles étaient ravies, au contraire. Après, oui, bien sûr. À leur adolescence, j’y allais seule ou avec des amies. Je profitais qu’elles étaient au collège ou en vacances ailleurs.
- — Je les comprends, commente Colette. À cet âge, je n’aurais pas voulu être nue sur la plage. J’étais très pudique, pas toi ?
- — Vu comment j’ai été élevée, la question ne se serait même pas posée !
- — Éducation rigide ?
- — Tu n’imagines pas à quel point ! J’espère que j’aurais au moins évité ça à mes filles… Mais ne deviens pas timide pour autant, ajoute Chantal en riant. Tu peux masser plus haut et plus loin…
La suggestion coquine tire Colette de ses rêveries. Ses gestes retrouvent leur fluidité. Ses paumes reprennent leur massage en profondeur dans l’intérieur des cuisses. En atteignant les aines, ses pouces s’écartent pour venir presser l’extérieur des grosses lèvres de son amie. La vulve s’érige en crête entre les deux doigts, palpite au long de leur progression, puis retrouve son bombement naturel quand ils se desserrent en redescendant.
Les mains de Colette s’éloignent pour revenir vers les genoux et remontent en répétant la même action. Compression et relâchement se succèdent à plusieurs reprises, chacune ponctuée d’un soupir de plus en plus accentué. Chantal, paupières à moitié closes, se laisse gagner par un doux bien-être semi-érotique dont Colette, la curiosité ranimée par leur conversation, se décide à la tirer.
- — Tu as beaucoup de loisirs à côté de ton travail ? Pour aller à la plage, par exemple.
- — Hein ? Ah oui… Je ne fais pas que ça, quand même !
- — Non, je sais : tu fais aussi des balades en forêt…
- — Pas si souvent, figure-toi ! Mais j’avoue qu’on peut y faire aussi des rencontres agréables, poursuit Chantal. Sinon, lecture, ciné, quelques voyages, bref, ce qui est dans les moyens d’une petite employée de mairie. Avant ça, j’ai pas mal galéré.
- — On est presque collègues, alors. Je t’ai dit que je travaille au Musée de C* G*, je crois ?
- — Oui. Moi, c’est à la mairie de H**. Tu as raison, nous sommes, aussi, collègues.
Un silence suit. Elles évaluent chacune pour soi les implications de cette coïncidence. Le massage a cessé d’un commun accord. Chantal se soulève sur les coudes. Par jeu, elle agite ses orteils entre les cuisses de Colette. Celle-ci s’étire, mains en l’air et doigts croisés, cherchant à relaxer ses épaules. Sa lassitude culpabilise Chantal qui s’assoit tout à fait en ouvrant les genoux.
- — Viens te mettre entre mes jambes, ma chérie. Tu es fatiguée. À mon tour de te masser le dos et les bras.
- — Pas plus ? Ça me rassure, plaisante Colette.
Mais c’est avec plaisir qu’elle s’appesantit contre la poitrine de Chantal dont les seins lui communiquent leur douceur et leur chaleur. Elle offre en minaudant son cou aux petits bisous qui le bécotent et se donne sans réserve aux doigts pianotant qui détendent sa nuque. Le massage s’étend peu à peu aux épaules, sollicite les muscles endoloris du haut des bras pour ensuite glisser en caresses profondes des coudes aux poignets. Le charme de ce délassement n’empêche pas Colette de suivre son idée.
- — Et tes filles, maintenant, elles en sont où ?
- — Brigitte est en fac, Sandra en terminale. Elles ne sont pas trop en avance, croit bon d’expliquer Chantal en pétrissant consciencieusement les jointures des mains.
Colette relativise gentiment le soupçon de regret qu’elle a perçu dans cette réponse qui n’est pas exactement celle qu’elle attendait. Elle croise ses doigts entre ceux de Chantal avant de préciser sa pensée.
- — Elles doivent savoir que leur mère continue de jouer les ondines naturistes… Ça ne les dérange pas ?
- — Elles l’ont toujours su, ça, et le reste. Je t’ai dit que je ne leur cachais rien. Je ne l’ai jamais fait. D’ailleurs, depuis deux, trois ans, il leur arrive de m’accompagner.
- — Même quand tu vas à la plage avec une amie… comme moi ?
- — Bien sûr ! Comment pourrais-je leur dissimuler quoi que ce soit, même si je le voulais, alors que nous vivons seules toutes les trois depuis plus de quinze ans ? La franchise était de toute manière la seule solution.
- — Oui, tu dois avoir raison, opine Colette. J’ai l’impression que vous vous entendez bien.
- — Ma foi, je crois – j’espère – que je connais tout d’elles comme elles connaissent tout de moi.
- — Tout, tout, tout ?
Chantal rit sans autre commentaire qu’un « petite coquine » soufflé dans l’oreille que frôle sa bouche. Colette frissonne sous la chatouille et se presse languissamment dans le giron de Chantal en portant leurs mains entrelacées sur ses seins.
- — Dis-moi, questionne-t-elle à mi-voix, si nous allions un jour ensemble à ta plage, il se pourrait donc que je rencontre tes filles ?
- — Mais peut-être que tu les aurais rencontrées avant, susurre Chantal en la serrant contre elle.
- — Mais je ne les aurais pas connues aussi bien que sur ta plage naturiste…
Chantal libère ses mains et empaume les seins de Colette pour répondre à sa première sollicitation avant de répondre à sa dernière remarque.
- — Mais ma chérie, si par hasard tu en avais envie, tu pourrais le leur demander…
- — Tu veux dire… si j’avais envie de les voir nues ? Tu crois qu’elles accepteraient ?
- — Je ne sais pas. Ce serait à elles de décider. Si tu leur plais, peut-être.
- — Elles aiment les filles ?
- — Elles ont des copains et des copines, elles sont libres de leurs choix. Toi aussi, non ?
- — Oui, c’est vrai. Mais, insiste Colette, qu’arriverait-il si j’avais envie de caresser l’une d’elles… ou les deux ?
- — Il faudrait qu’elle, ou que les deux, en aient envie aussi.
Les mains de Chantal pétrissent tendrement la poitrine de Colette pendant que celle-ci revient de son étonnement.
- — Et toi, ça ne te choquerait pas… s’interroge-t-elle en abandonnant ses tétons aux doigts qui les caressent.
- — Non, si c’est votre plaisir à chacune, affirme Chantal en vrillant doucement ses prises.
Colette ronronne en se laissant envahir par les papillons qui volettent entre seins et sexe. L’agacement des pointes qui se communique délicieusement à son ventre lui rappelle la récente confidence de Chantal. Cet aveu l’avait alors étonnée, les sensations qu’elle éprouve le lui rendent maintenant attirant. Ses tétons sont moins épais que ceux de son amie, mais ils sont aussi longs et s’accommodent bien de leur légère torture.
- — Chantal, j’aimerais essayer, se risque-t-elle en hésitant, que tu me fasses comme pour toi… tu sais… les bouts de seins…
- — Les pincer plus fort ?
- — Oui…
- — Les étirer ?
- — Oui…
- — Les tordre, aussi ?
- — Oui !
- — Dis-moi quand ce sera trop dur, murmure Chantal en l’embrassant sur la joue.
Elle commence progressivement, attentive aux frissons du corps et au rythme du souffle, en serrant les pointes brunes au ras des mamelons, les relâchant et les reprenant jusqu’à ce que la peur se calme. Ses doigts se déplacent imperceptiblement vers les extrémités et durcissent leur pince. Colette gémit, Chantal s’arrête.
- — Ça va ?
- — Oui. C’est plus aigu que vraiment douloureux, ça m’a surprise.
Chantal pince à nouveau les bouts et les étire lentement, de plus en plus fort. Colette se crispe, mais résiste, respiration bloquée. Chantal la laisse récupérer un instant puis reprend les étirements. Les aréoles suivent le mouvement. Colette les regarde se tendre. Sa respiration courte inquiète Chantal.
- — Ça va toujours ?
- — Oui. Ça fait bizarre, j’ai mal, mais c’est excitant.
- — On arrête là ?
- — Je ne sais pas… Je commence à mouiller.
- — C’est le but du jeu, sourit Chantal. Tu mouillais aussi après ta fessée.
- — C’est vrai. Mais je ne m’en étais pas aperçu tout de suite. J’étais dans un état second… complètement dépassée… comme dans un rêve.
- — Moi aussi, je le crains ! Je t’avoue qu’un moment j’ai eu peur.
Chantal se tait en massant doucement les mamelons malmenés. La tension de Colette s’évacue en même temps qu’elle s’étonne de la réponse de son amie.
- — Pourquoi dis-tu que tu as eu peur ? Il me semble que c’est moi qui aurais eu des raisons d’être effrayée.
- — Tu l’as été ?
- — Non, pas vraiment. D’avoir le cul en feu, oui ! De toi, non. J’étais… ailleurs !
- — La douleur est une sorte de drogue : tu n’avais plus la capacité de décider. Et moi, j’ai failli perdre mon discernement. Voilà pourquoi j’ai eu peur, peur de moi.
- — Pourtant, tu avais plutôt le beau rôle, remarque Colette.
- — Parce que je dominais ? Non. Dans ce genre de jeux, celle qui maltraite doit faire attention à ne pas dépasser la mesure, car elle est responsable l’autre. C’est la règle numéro un.
Les caresses tendres ont éliminé la moindre douleur résiduelle. Colette ne ressent plus qu’un désir accru qui lui gonfle les seins et fait fondre son ventre. Elle réalise néanmoins ce qu’impliquent les explications de Chantal.
- — Pour savoir ce genre de choses, remarque-t-elle, ça veut dire que tu les pratiques ?
- — De temps en temps, oui. J’ai été initiée par une amie. On se retrouve quand c’est possible pour elle et pour moi.
- — Dans un club spécialisé ?
- — Hé ! Ne va pas te faire un film, s’amuse Chantal. On peut pratiquer ces jeux à la maison ! En tout cas, pour nous c’est chez elle ou chez moi.
- — Tes filles le savent ?
- — Évidemment, mais elles ne participent pas, si c’est ce que tu voulais savoir.
Colette fait mine de ne pas s’en préoccuper, tout en manifestant clairement son doute.
- — Décidément, reprend Chantal, il va falloir que je te les présente pour te convaincre !
- — Attention, si Brigitte et Sandra sont aussi jolies que leur maman, je risque d’en tomber amoureuse !
- — Tant pis, je ne suis pas jalouse.
Malgré la spontanéité de la réponse, Colette ose une moue dubitative et une coquetterie équivoque.
- — Même si nous faisions l’amour devant toi ?
- — Je regarderais ailleurs, peut-être… Mais si vous êtes heureuses…
Chantal resserre affectueusement son étreinte et taquine du bout des lèvres le lobe d’oreille à sa portée.
- — Je les aime, et je t’aime. Pourquoi m’opposerais-je à votre bonheur, murmure-t-elle d’une voix douce. Est-ce que tu m’empêcherais de revoir mes amies ?
Elle faufile une main entre les cuisses serrées de Colette et presse tendrement sa chatte.
- — Pour l’instant, c’est avec toi que j’ai envie de jouir !
- — Je n’ai pas cessé d’en avoir envie de toute la journée, sourit Colette conquise. Combien de fois nous sommes-nous envoyées en l’air, aujourd’hui ?
- — Six fois, ma chérie. Nous avons baisé six fois. Il n’y a plus qu’un pas avant le septième ciel… et ce n’est pas en baisant, c’est en faisant l’amour que je veux l’atteindre avec toi !
Colette tord le cou pour l’embrasser. Elles roulent enlacées sur le côté et laissent leur cœur guider leurs caresses.
Comme dit le poète de « La chanson d’amour »,
Ce ne fut hélas qu’un beau rêve,
Et qui devait comme un rêve finir.
À présent sa douceur si brève
Ne laisse en moi qu’un joli souvenir.
S’en est fait d’une chère image,
Le rêve est inachevé.
Tout de même il serait dommage
Que l’autre soir je n’eusse pas rêvé…
]
FIN