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n° 20364Fiche technique16945 caractères16945
Temps de lecture estimé : 10 mn
13/07/21
Résumé:  Tenace, il (l’improbable) repointe son nez dans une vie renaissante avant qu’elle ne se termine le plus tard possible.
Critères:  fh cérébral -rencontre -internet
Auteur : Kannouteki      Envoi mini-message

Série : Thérapie par le mâle

Chapitre 05 / 05
L'improbable est là

Résumé de l’épisode précédent :

Du commencement avec une envie délirante scénarisée, à part attirer les moineaux et les pigeons elle cherche, dans sa thérapie par le mâle, une solution… donc à l’avenir des choix à faire.

Quand l’improbable se dessine à l’horizon, mais fait peur…

Ne pas confondre : l’auteur est celui qui écrit une histoire. Le narrateur est celui qui la raconte. Le personnage est celui qui la vit.







Quand cette pandémie a commencé, avec ces confinements et déconfinements à répétition au gré des tâtonnements de notre gouvernement, jamais je n’aurai pensé que le manque de sexe me travaillerait autant. Ma libido réveillée me joue de mauvais tours.


Privée de loisirs ou d’activités physiques, internet reste la seule issue pour créer des liens, loin des contacts lors de soirées et de sorties devenues illicites, sauf que les relations virtuelles s’y trouvent bien vite limitées aussi, créant un sentiment d’inabouti et bien frustrant.

Sauf si tu rencontres un inconnu exceptionnellement coquin lors de tes courses et que tu oses jouer.

Eh bien, oser n’est pas aisé du tout !


Mais le plus inquiétant est que cette envie de me donner du plaisir me prend dans des endroits peu propices, comme au bureau (je travaille en présentiel), dans la voiture, ou en faisant les courses, j’en mouille sans pouvoir me toucher, sans parler de cette maudite libido retrouvée devenue exacerbée.

Vais pas foutre des couches quand même !


Cette situation d’enfermement sans contact crée en moi des insatisfactions intimes et dans ces instants, le soir venu, je me plonge avec volupté dans des rêves sexy, en rendez-vous avec moi-même, en stimulant mon petit clitoris devenu trop sensible, en faisant durer la phase du « j’y suis presque », jouant souvent de mes doigts, plus que d’habitude, dans mon intimité dégoulinante, pour jouir toute seule.


Pour pallier ses frustrations, je n’ai rien trouvé de mieux que d’écrire des histoires érotiques.

Je dois être masochiste ou complètement malade quelque part, quand même !


Quelque temps plus tard, un dimanche soir, comme d’habitude dans un état second et en transe après ma plongée dans l’écriture, je lis tardivement sur mon écran au gré de sites de rencontres, d’annonces de recherche de sexe, pour tomber sur celle-ci qui, je ne sais pourquoi, m’a interpellée de suite.

Aaah, les méandres de l’esprit féminin et sa logique : il ne faut pas chercher à comprendre !


« Vous êtes une Femme en détresse sexuelle… Bel homme, cherche rencontre avec une femme, âge et situation indifférente, pour relation suivie en toute discrétion.

Vous êtes aux alentours de Txxx, me contacter directement au 06 0x xx xx xx ». Dernière modification : jeudi 20 décembre 2018


Toutefois, je ne prête pas immédiatement attention à la modification écrite en tout petit et, instinctivement, comme dans un état second, je compose un SMS sur le numéro de téléphone indiqué :


« Bonjour, votre annonce n° xxxx sur le site xxx est-elle toujours d’actualités ? Si oui, pouvons-nous en discuter ? Bonne journée. Éva »


Mais pourquoi ai-je envoyé spontanément ce texto ? Je ne le sais même pas, un instinct, une impulsion, tout simplement, sans que mon cerveau ne puisse réagir ou se questionner plus, sans réfléchir tout naturellement. Je vous le dis : la logique féminine est incompréhensible, même pour moi.


La date de modification de cette annonce remonte à presque deux ans en arrière, mais j’ai quand même envoyé ce message.

Je ne me sens pas en détresse pour autant, mais juste à la recherche d’un « je ne sais trop quoi »… ou bien est-ce « la relation suivie » qui me titille et me guide vers un amant complice dans le plaisir plutôt qu’un défilé de « coups du soir » ?

Mon instinct me conduit vers un « tout peut arriver… » décidant pour moi, à l’insu de mon plein gré, d’un avenir improbable, et pourtant…


Le lendemain, dans la matinée, je reçois une réponse :


« Bonjour, Éva. Oui, toujours d’actualités. Oui, nous pouvons en discuter. Bonne journée. Jeffrey ».


Je n’hallucine pas, mais j’ai relu au moins une vingtaine de fois cette réponse avant que mon cerveau capte que l’invraisemblable improbable est arrivé. Il n’y a pas qu’au cinéma que cela arrive.


Au fil des jours, des semaines, nos échanges deviennent aussitôt réguliers et plus nombreux. Par mail d’abord, puis en SMS et en intégrant nos voix au fur et à mesure, sans aucun échange de photos dans un commun accord tacite.

Nos cerveaux ont travaillé pour nous en créant une relation à distance dans nos réalités (à distance, mais à 20 minutes l’un de l’autre quand même).


Nous sommes tous deux d’accord sur une chose : nous sommes à la recherche de plaisirs complices en duo.


Nous n’avons plus quinze ans non plus et, plus on vieillit, plus on résiste à se laisser aller aux sentiments… d’où une relation suivie.

Je n’ai plus quinze ans certes (ni trente, ni… Holà, on arrête le compteur), mais je me sens légère, le simple fait de l’avoir au téléphone et d’entendre sa voix me transporte.


Je n’attire plus les moineaux et les pigeons.


Tout peut arriver !


Avant, j’avais l’impression de raconter toujours la même chose, mais avec des hommes différents, mais je n’allais jamais plus loin, car la plupart du temps ces rencontres se finissaient en général mal ou en « eau de boudin ».


Mais arrive un moment où il y en a un qui passe les mailles du filet, à travers toutes les étapes, ou bien il a un pass, et là, je me dis : « tiens, lui, il est spécial ».


D’habitude, j’aurais hésité, j’aurais réfléchi longuement, je me serais posé des questions.

Là non, rien… je me jette à l’eau sans tester avec le petit orteil, ni faire la bombe quand même.


Mais relation… Comment ? Quel genre de relation ? Plan Q, plan de secours, plan sex-friends, plan + si affinités, etc.

Alors vu qu’il faut définir une relation, et que moi je ne veux pas de « plan », ce sera donc une relation suivie, ça me convient bien.

L’expérience et le passé font aussi que je discute, énormément même.


Nous nous racontons, nous cherchons nos expériences communes et les partageons. Nos visions de la vie en général, nos désirs, nos envies concordent au-delà de l’apparence dans une complicité surprenante.

Je me sens à l’aise ou plutôt il me met à l’aise au point que la confidence sur mon passé et ma quête glisse comme une lettre à la poste. Je suis la première étonnée de cette absence de jugement. Il est vraiment spécial.


Nous parlons de tout, vraiment de tout. Tantôt sérieux, tantôt taquins, voire coquins, nous livrant sans pudeur l’un à l’autre créant un climat de confiance comme si nous nous connaissions depuis toujours.

Il m’apprend à déterminer quels aspects du sexe comptent le plus pour moi, comment lui exprimer mes envies.

En fait, ce ne sont que les bases dans un couple, sauf que le seul couple que j’ai connu, c’est la salissure et la violence.

C’est donc un exercice inédit et difficile pour moi, mais je suis bonne élève avec mon « Maître ».


Cette histoire est folle et mon instinct me pousse en avant comme si je n’avais rien à perdre dans ce début de relation suivie.


Sans le regard de l’autre pour juger, il devient évident que nos psychés collent, mais nous sommes néanmoins tous deux réalistes sur cet effet miroir traître, où les manques de l’un, créés par le virtuel sans le feeling, font trop écho à l’autre. Nous nous mettons toutefois un droit de veto, ou de retrait plutôt, lors de notre future rencontre pour nous protéger quand même. Même si l’être compte plus que le paraître pour nous, il est évident aussi que l’attirance passe également par le physique quoi qu’on en dise.


Ce vendredi midi, il me demande au téléphone de façon anodine à quelle heure je quitte le bureau.



Je passe l’après-midi dans un état fébrile, manquant de concentration au bureau, guettant les heures qui s’égrainent au compte-goutte. Je me finis aux doigts dans les toilettes après avoir, en position assise derrière mon bureau, serré fortement l’intérieur de mes cuisses de façon rythmée, en contractant mon sexe, tout en les frottant l’une contre l’autre pour exercer une pression sur mon petit bouton en me masturbant.

Encore cette fichue libido qui me travaille le cerveau et le corps.


L’enfer quoi !


L’heure de sortie venue, je ne demande pas mon reste et ne fais pas d’heures supplémentaires. Je bats même mon record de vitesse sur la rocade pour rentrer chez moi ce jour-là en restant sur la file de gauche et en doublant toutes ces limaces.


Cependant, paradoxalement je me sens sereine et confiante, presque calme, sans aucune question pour parasiter ma pensée face à l’évidence : je serais son amante… pour le plaisir.

Bordel, Herbert Léonard, sors de mon corps !


« C’est dingue ce truc, c’est fou », me répétais-je sans cesse arrivée chez moi.


L’instant fatidique arrive, un bruit de moto : il est là, devant moi.

Échanges de « bonjours » réservés et de banalités, intimidés, nous nous observons et soudain un sourire de connivence partagé, l’évidence nous saute à la figure : tout peut arriver !

L’apparence n’a aucune importance… jute l’envie de se découvrir, la séduction par le plaisir.

Je l’embrasse sur la bouche à ce moment-là… mon petit signe pour lui indiquer que tout peut arriver entre nous.


Chez moi, prenant sa main, je l’entraîne directement sur le canapé. En parfaite hôtesse, je nous sers une Despérado chacun, il fait très chaud dehors.

Pas que dehors, à mon avis.


Nous devisons à bâtons rompus, un peu émus, observant l’autre, mais jamais nos mains ne se quittent entretenant un double langage.


Jeff m’explique que l’annonce, à laquelle j’ai répondu quasiment deux ans plus tard, il l’avait complètement oubliée, d’où sa surprise à mon message.

« Agréable surprise », précise-t-il.


À l’issue de notre conversation, les mains enlacées, nos corps se rapprochent et tout naturellement des baisers s’échangent, chastes au début et plus profonds ensuite. Les paroles sont devenues inutiles.


Somewhere over the rainbow (Quelque part au-delà de l’arc-en-ciel)

Way up high (Bien plus haut)

And the dreams that you dreamed of (Et les rêves dont tu as rêvé)


Pendant que des paroles de la chanson pénètrent ma tête, une avalanche de douceur me tombe dessus en même temps que ses câlins, pour me remuer au plus profond de moi sans que je m’y attende, dans une osmose, une combinaison naturelle.


Une évidence, je vous dis ! C’est fou !


Ses mains vagabondent dans mon dos me serrant contre lui, puis se dispersent l’une massant ma chute de reins, l’autre pour entreprendre un de mes seins en titillant le téton déjà tendu. Sa bouche gourmande aussitôt prend le relais dans un bruit de tendres aspirations.

Depuis, ma poitrine d’albâtre se souvenant de ses mains, de ses lèvres, frémit à sa voix, impatiente de recevoir ses douces sollicitations.


Tout s’enchaîne, les sens se déchaînent dans le tourbillon de la vie, de ma vie.


Quel genre d’amants sommes-nous, me dis-je, tout en subissant avec délice toutes ses attentions délicates.

Non pas que j’aime classer absolument dans une case définie, mais j’y vois plutôt une certaine curiosité pour anticiper et éviter les mauvaises surprises dans ce que mon improbable me prépare !


Des explorateurs du plaisir ?

Essayer de nouvelles choses au lit, se renouveler pour étonner, surprendre son(sa) partenaire en s’amusant sans se prendre trop au sérieux.

Il me semble bien que nous soyons tous deux curieux, désireux d’apprendre l’un de l’autre, aimant la nouveauté plus que la banalité ou la routine confortable. Et si l’expérience n’est pas concluante, vu l’humour que chacun manifeste, nous sommes apparemment capables d’en rire ou de rire de nous-mêmes avec crises de fous rires en perspective.


« Le rire est le chemin le plus direct entre deux personnes. » Charlie Chaplin


Ou plutôt des défenseurs du commerce équitable ?

Dans l’idée du partage des sens, des caresses, tout autant des confidences sincères dans une certaine générosité, à priori, nous aimons autant donner que recevoir répondant ainsi au mieux aux besoins de l’autre avec enthousiasme. Une caresse, un baiser en appelle toujours un autre en réponse dans une enivrante montée aux enchères insatiables.

Ça promet !


Ou encore, sommes-nous des bienveillants ?

Le sexe est un cadeau à partager à deux à nos yeux.

Même vision, c’est fou !

Son expérience est au moins aussi importante que la mienne et vice versa, un avantage dans une relation. Il est attentif et attentionné à la fois à ce que je dis ou ressens, je n’ai pas l’habitude et je sais déjà qu’il aime faire plaisir autant avec sa bouche qu’avec ses doigts et…

J’ai l’impression d’être avec lui une fleur prête à s’épanouir confiante dans cette aura de plaisirs donnés, sauf que je n’ose pas me lâcher dans « le recevoir » quand arrive mon tour.

Je suis plutôt rat des champs : butinage de pistil ? Oh oui, dis-moi oui !

Lui aussi…


Ou bien alors des gardiens ?

Blessée par le passé, j’ai perdu confiance en moi me renfermant dans ma bulle, ma coquille, pour me protéger. Cependant avec lui, je me sens en sécurité, rassurée et j’aime ce sentiment nouveau qui me lie à lui : le respect des limites et le consentement mutuel.

J’ai parfois presque envie de l’appeler « Maître ». Parfois et presque, hein !


Des passionnés peut-être ?

Le sexe n’est agréable que lorsqu’il est intense, dévorant, brûlant, voire animal, dans un lâcher-prise où chacun se perd dans l’instant où tout semble s’arrêter.

Cela me paraît un peu excessif comme épanchement, mais tellement exquis…, divinement bestial…, emporté par la foule, mhuum.


Ou alors des épicuriens aussi ?

Le plaisir éprouvé pendant le sexe incite à en demander plus, toujours plus dans un « aimer se faire plaisir ».

Non, ce n’est pas nous pas à nos âges, voyons… mais si, si !


Des romantiques alors ?

Se connecter à l’autre sur le plan émotionnel et physique avec des échanges de caresses, de regards, de mots, ou comment pratiquer plusieurs langages : le sexe est une communion polyglotte, multilingue.

Quel programme cul-turel !


Et pourquoi ne serions-nous pas tout à la fois dans un tout est possible, surtout l’improbable ?

Je vais en faire ma devise à l’avenir.



Un jeu complice d’amant/amante avec des scénarios débridés où nous voulons, quand nous voulons dans un moment quand l’autre s’y attend le moins : séduction par le plaisir, tous les plaisirs !



NB de l’auteur :

L’improbable dans le « tout peut arriver » pour de vrai, car j’ai osé enfin le provoquer.

Oserez-vous de votre côté ?