n° 20377 | Fiche technique | 40599 caractères | 40599Temps de lecture estimé : 27 mn | 19/07/21 |
Résumé: Deux jeunes mères de famille, une plage naturiste. Sympathie, entraide, soirée... De confidence en confidence, les attitudes se font de plus en plus intimes. | ||||
Critères: ff inconnu vacances plage voir exhib nudisme caresses intermast -lesbos | ||||
Auteur : Dyonisia (Rêves et autofictions… souvenirs et confidences…) Envoi mini-message |
DEBUT de la série | Série : Les Marraines Chapitre 01 / 11 | Épisode suivant |
Avant-propos
La transcription des échanges épistolaires entre Chantal et Sylvie dans « Les conséquences d’un essayage inopiné » a suscité quelques interrogations. Un sympathique lecteur avait notamment souhaité connaître l’origine de l’attachement particulier de Marion et Babette pour leur « marraine ». Il fallait pour cela revenir sur les circonstances qui avaient conduit à cette situation ; c’est le thème de ce récit.
Cela avait commencé fortuitement. Une journée disponible juste avant un week-end, au tout début de juillet. L’école était finie, bonne occasion d’aller passer une journée entière au bord de la mer. Le temps de jeter quelques victuailles et boissons dans un sac, la mère et ses deux filles étaient en route pour la plage.
Cela avait commencé bêtement. Juste au moment de rentrer, la voiture était tombée en panne. La location était terminée et le garage ne pouvait pas s’occuper du problème avant le week-end. Il fallait choisir entre trouver un hôtel ou un billet de train. Par dépit et indécision, la mère et la fille étaient allées se baigner.
Cela avait commencé facilement. Les deux familles s’étaient installées à proximité l’une de l’autre. Les gamines s’étaient toisées, puis, la prime jeunesse aidant, elles avaient partagé leurs jeux d’insouciance. Les mères, par simple politesse d’abord, par désœuvrement ensuite, s’étaient mises à bavarder.
Cela avait commencé banalement, donc. Il est courant qu’une conversation s’engage entre deux personnes dont les enfants jouent ensemble. Une seule chose sortait peut-être de l’ordinaire : c’était une plage naturiste.
Les deux femmes n’ayant pas encore atteint la trentaine étaient sensiblement du même âge. Le lieu se prêtant par définition aux observations sans réserve, elles n’eurent pas à supputer la réalité de leurs plastiques respective. La sincérité de l’apparence physique incite à la franchise des échanges. Elle facilite aussi l’émergence d’affinités qui peut favoriser les confidences. Il n’avait fallu que quelques phrases pour qu’elles en vinssent là et se découvrent divorcées l’une et l’autre.
L’aînée de Chantal, Brigitte, était déjà grandette. Sandra la suivait de moins de deux ans. Marion, la fille de Julia, se trouvait de quelques mois la benjamine. Elles n’eurent pas de mal à s’entendre sur des amusements et des centres d’intérêts communs qui les éloignèrent des adultes. Les mères suivaient leurs éclaboussements avec bienveillance et les regardaient batifoler avec indulgence, ni l’une ni l’autre ne trouvant à redire dans leurs jeux innocents. Cette approche identique d’une éducation sans contrainte les rapprocha un peu plus.
Le soleil tapait dur après la baignade. L’absence de maillot renforçait ses effets sur les peaux fragiles. Vint le moment de remettre de la crème solaire. Julia en manquait, Chantal lui proposa sans attendre son propre flacon. Les gamines se préparaient à s’en passer réciproquement, ainsi que Brigitte et Sandra avaient coutume de le faire, « partout, partout » comme le disait cette dernière, mais Julia tint à s’occuper elle-même de sa fille. Chantal s’abstint de toute remarque, mais vint immédiatement à la rescousse lorsque son aide fut sollicitée.
Chantal acquiesça et maintint obligeamment les chevilles de la demoiselle, effectivement très chatouilleuse. Elle détourna la tête par discrétion lorsque Julia poussa son souci d’une parfaite protection jusqu’à enduire l’intérieur des cuisses. Cela l’amusa sans qu’elle y trouve autrement à redire. La mère expliqua d’ailleurs que cette précaution était rendue nécessaire par la peau particulièrement sensible aux coups de soleil de sa fille.
Marion ayant couru rejoindre ses nouvelles copines, Julia recueillit en réponse une nouvelle confidence de Chantal qui lui avoua avoir elle-même subi ce genre de désagrément pour s’être étourdiment exposée trop longtemps après une épilation complète. Depuis lors, elle veillait jalousement à conserver une touffe protectrice qui lui permettait de s’allonger sans crainte sur le dos. Les deux femmes convinrent volontiers que la sagesse primait sur la mode en comparant leur pilosité pubienne aussi abondante pour chacune, avant d’éclater de rire en réalisant qu’elles se comportaient comme des gamines.
En se passant le flacon, elles se proposèrent d’un même élan leurs services pour étaler la protection solaire sur le dos. Amusées par la coïncidence de leurs pensées, elles admirent que Chantal devait de droit être la première à en profiter. Julia s’appliqua à n’oublier aucune parcelle de la nuque aux reins de sa patiente. Ses mains s’égarèrent parfois sous la courbe des seins, Chantal ne dit rien. Elle s’occupa à son tour de Julia, en la priant toutefois de s’allonger sur le ventre. Arrivée au bas du dos, elle demanda si elle pouvait continuer. Julia le lui permit.
Chantal posa ses mains sur les fesses de Julia qu’elle venait de tartiner. Elle entama un léger massage pour répartir toute l’huile sur l’ensemble de leurs rondeurs, sans omettre les petits replis à la naissance des cuisses.
Elle resta courbée sans façon, en appui sur les mains et les pieds, offrant le bas de sa partie pile aux soins de Julia. Celle-ci lui raconta ses récents déboires et ses incertitudes tout en la protégeant des brûlures du soleil sur l’envers des mollets et des cuisses ainsi que des fesses. Pour finir, ses pouces redescendirent le long du sillon en l’écartant légèrement, mais ils se gardèrent d’aller jusqu’à sa jonction avec une autre fente.
Chantal remercia Julia d’un sourire et elles n’échangèrent plus de paroles pendant un moment. Allongées côte à côte sur les serviettes qui s’étaient naturellement rapprochées, elles savouraient le soleil… Chacune perdue dans leurs pensées. Julia tentait sans doute d’évaluer les dépenses induites dans l’alternative qui s’imposait à elle. Chantal pesait le pour et le contre d’une solution qui venait de lui venir. Cette nouvelle rencontre semblait sympathique. Il n’y avait eu que peu de temps pour faire connaissance, certes, mais rien n’avait dénoté dans ce début de relation. Pourquoi ne pas proposer à Julia de l’héberger quelques jours ? Mais Julia ne prendrait-elle pas cela pour une invitation incongrue ?
L’arrivée bruyante des filles enroulées dans leurs serviettes les tira l’une et l’autre de leurs réflexions. Les gamines avaient faim, et le faisaient savoir. On partagea en toute simplicité provisions et boissons dans un déjeuner frugal, mais animé que l’on prolongea d’un dessert à la paillote de la plage. Pour ménager la pudeur de ces demoiselles, on avait remis t-shirts ou paréos, et, après avoir négocié l’obligation d’une sieste contre l’autorisation d’une glace, les mères s’accordèrent la tranquillité d’un petit café. En dégustant sa tasse, Chantal se résolut à poser la question.
Elles s’étreignirent chaleureusement en riant, oubliant dans quelle – très – légère tenue elles étaient. Les regards des autres clients et le contact de leurs peaux à travers les fins cotons les ramenèrent à la raison. Elles se séparèrent en rougissant.
Les heures suivantes passèrent rapidement. Entre baignades et bains de soleil bavards pour les unes, baignades et jeux divers pour les autres, la réserve d’huile solaire s’épuisa bientôt. Rhabillées sans excès, pour toutes, et fatiguées, pour les plus jeunes, elles s’entassèrent dans la petite voiture de Chantal. Après un passage à l’hôtel que Julia avait quitté, et qui accepta obligeamment de garder ses valises, elles rejoignirent rapidement leur destination.
*****
La maison était de construction ancienne et quelque peu décrépite. D’où le faible loyer qui convenait parfaitement à son occupante. Des travaux d’aménagement auraient sans doute agrandi l’espace habitable qui se résumait à deux chambres, un séjour et une cuisine. Les pièces étaient heureusement assez vastes et Chantal s’en accommodait, ses moyens ne lui permettant pas d’avoir mieux. Depuis son divorce, elle vivait seule avec ses filles. C’était suffisant pour l’instant, on verrait plus tard !
Dès leur arrivée, Chantal se dépêcha d’expédier les filles sous la douche avant qu’elles ne répandent du sable partout. Pour éviter cela, elle leur recommanda de commencer par se déshabiller dehors, derrière la pergola si elles avaient peur qu’on les voie. De son côté, Julia se confondit en excuses pour le dérangement qu’elle allait occasionner. Chantal la rassura. Il ne s’agissait après tout que de trois ou quatre nuits. Il faisait beau et l’on vivrait dehors la journée. Brigitte et Sandra accueilleraient Marion. Quant aux adultes, elles trouveraient bien une solution.
Julia avait prononcé les derniers mots avec une pointe d’amusement dans la voix. Par crainte qu’ils puissent cacher un sous-entendu, elle s’empressa de préciser sa pensée.
La douche avait été rapide. Il est vrai qu’il ne s’agissait que d’un rinçage et que les trois chipies n’avaient pas jugé utile de perdre leur temps à se sécher. Drapées dans une serviette et enturbannées dans une autre, elles étaient surtout impatientes de connaître la suite du programme. Dès qu’elles en furent informées, Brigitte et Sandra entraînèrent en effet avec enthousiasme Marion afin – selon elles – d’aménager la chambre pour un couchage à trois. Chantal proposa d’aller voir pendant ce temps comment organiser la sienne qui, expliqua-t-elle, disposait d’un grand lit avec assez d’espace autour.
Cette question réglée, on s’avisa qu’il était déjà l’heure de préparer le repas. Julia tenait absolument à aider Chantal, arguant que c’était tout de même la moindre des choses. Sa plaidoirie fut brusquement interrompue par le retour en trombe des filles aux prises avec un problème apparemment insoluble de matelas ne pouvant trouver d’espace suffisant entre les lits.
La proposition ne paraissant pas faire l’unanimité entre Sandra et Brigitte, elle se reprit pour nuancer son propos.
Ces demoiselles se mirent à tirer des plans complexes qui pouvaient très vite amener un réaménagement complet de la chambre, couleur des murs comprise. Marion suivait comme elle pouvait tandis qu’elles passaient et repassaient à travers les pièces. Les deux femmes s’en amusaient, conscientes que, quelle que soit la solution, les gamines s’en arrangeraient d’autant mieux qu’elle viendrait d’elles. Ce qui ne détourna pas Julia de son intention d’aider à la cuisine que Chantal venait de mettre en route.
Julia resta un instant sans voix. Eh oui, on peut être naturiste et pudique ! Il ne lui fallut pourtant que quelques secondes pour envisager des plus agréables la pensée que Chantal se déshabille pour cuisiner. Celle-ci, un tablier en tissu provençal à la main, attendait sa réponse, un sourire contrit aux lèvres.
Elle se leva pour prendre le tablier, vaguement embarrassée de sa réponse qui pouvait être mal interprétée.
Chantal était restée debout. Elle prit son verre et elles trinquèrent, comme pour retarder le moment de se dévêtir. Les deux femmes se regardaient, n’osant commencer leur effeuillage, étonnées de cette gêne soudaine alors qu’elles avaient passé la journée ensemble dans le plus simple appareil. L’une jouait nerveusement avec le tissu entre ses mains, ne voulant pas avoir l’air de précipiter les choses. L’autre faisait mine de s’inquiéter si son invitée appréciait la boisson servie.
Elle se décida enfin. Julia observait sans mot dire, ravie. Quand le paréo glissa en caresses sur la peau, elle ne put s’empêcher de promener son regard sur les hanches qui lui semblaient plus rondes que sur la plage, vers la toison qui lui semblait plus ébouriffée par le sel de l’eau, vers les seins qui lui semblaient plus lourds et rougis par le soleil. Le tablier les recouvrit avant qu’elle ne s’enquière de la gravité de ce coup de soleil, voire de la douleur ressentie. L’exclamation de Chantal lui parut être une réponse alarmante.
C’est en la voyant se précipiter vers la cuisine qu’elle comprit sa méprise. Riant en elle-même de sa bêtise, elle s’apprêta à suivre l’exemple de son amie. Le mot s’était présenté à son esprit comme une évidence. Attention quand même à ne pas s’emballer, il n’y avait pas douze heures qu’elle avait rencontré cette femme. Pourquoi s’était-elle engagée à se mettre nue aussi ? Par défi ? Elle termina son verre pour se donner du courage, hésita à s’en verser un second, le remplit, et le but. Cul sec ! L’expression ne convenait pas en ce qui la concernait intimement. Elle faillit en rougir. Pourquoi se sentait-elle troublée à ce point ?
Elle se dévêtit rapidement pour ne pas revenir sur sa décision, et se dit au passage qu’il serait bon de voir si le soleil l’avait épargnée ou non. Nue, debout au milieu du séjour, elle inspecta sa peau. Rien d’anormal à première vue. Pourtant, passer ses doigts sous les seins lui fit faire la grimace. Elle avisa un miroir au mur. Elle s’y présentait, cambrée, soulevant haut sa poitrine pour apprécier l’étendue des rougeurs quand Marion entra sans prévenir.
Elle sursauta, lâchant ses seins et se retournant dans le même mouvement pour faire face à l’intruse. Marion, toujours drapée et enturbannée, s’était arrêtée à peine la porte passée et la regardait, stupéfaite.
Le cœur de Julia battait très fort dans sa poitrine. Sa question était timide, presque inquiète, comme si elle avait besoin de se justifier.
Marion ne semblait qu’à moitié rassurée par ce que sa mère lui montrait, mais la rejoignit néanmoins. Julia tenta de changer de sujet.
Marion était fière de son succès. Et sans doute soulagée d’avoir évité la mauvaise place, se dit Julia. Elle en profita pour lui demander de vérifier l’absence de coup de soleil sous les fesses avant de passer le tablier. Avec ce vêtement, si l’on peut dire, ce serait non seulement douloureux, pensa-t-elle, mais d’autant plus gênant qu’on ne verrait que ça, ou presque ! Mais il n’y avait rien à signaler et Marion l’aida à nouer le cordon dans le dos sans plus de manières.
Elle se sentait moins à l’aise que si elle avait été vraiment toute nue pendant que Marion la regardait sous tous les angles avant de relever les sourcils.
Julia se pencha pour constater avec une grimace que c’était en effet « ras la foune ». Si sa fille n’osait pas le dire, elle le pensait certainement. Cela l’embarrassait, mais elle ne pouvait plus reculer. Au moins s’était-elle récemment épilée la vulve et la raie. Elle savait sa vulve très proéminente et charnue… Tant pis, on verra bien, se dit-elle. Enfin, surtout les autres, corrigea-t-elle in petto en levant les yeux au ciel d’un air résigné.
Marion avait en réalité d’autres préoccupations. La tenue de sa mère lui importait peu. Par contre, l’absence de linge de nuit l’ennuyait beaucoup. Elle n’avait pas envie de se sentir ridicule, en culotte usagée, vis-à-vis de ses nouvelles copines qui se moqueraient d’elle. Julia doutait qu’il en soit ainsi. Elle était pourtant obligée de reconnaître qu’elle n’avait conservé qu’un minimum de vêtements de rechange. Elle-même n’avait qu’un slip et un t-shirt en réserve.
Chantal était aux prises avec sa ratatouille, sauvée de justesse du désastre. Elle rit de bon cœur aux inquiétudes qu’on lui exposait.
Julia se morigéna intérieurement de ne pas avoir deviné que ce qui valait pour le jour était a fortiori de règle pour la nuit. Le mieux était de prendre la chose comme l’évidence qu’elle était, sans faire de chichis.
*****
Le dîner fut rapide, les filles étaient fatiguées de leur journée, les femmes aspiraient au repos d’une soirée en tête à tête. Julia complimenta la qualité de la ratatouille. Chantal lui fit découvrir la saveur de vrais produits corses, fournis par une amie qui, non, ne s’appelait pas Colomba. Le rosé frais – de Provence bien sûr – qui accompagnait le repas des adultes les amenait à une douce euphorie dont les effets rendaient supportables l’agitation et la gaîté des gamines. Celles-ci, décemment revêtues d’un long t-shirt, ne se privaient pas en effet de se moquer des fesses de leurs mères qui apparaissaient en évidence à chaque desserte de plat.
Il y eut quelques errements de tutoiements au gré de phrases usuelles, mais ni l’une ni l’autre ne souhaita adopter cette forme de rapprochement. Une sorte de pudeur plus ou moins consciente qui les amena aussi à conserver leur tablier alors que, de fait, rien ne les y obligeait une fois le calme revenu. Cette même réserve les poussait à retarder le moment de se mettre au lit. Chantal justifia élégamment ce report en prétextant vouloir absolument l’avis de Julia sur une petite liqueur de verveine dont elle tenait la recette d’une obligeante voisine.
Julia se laissa facilement convaincre. Elle aussi voyait là une opportunité d’éloigner leur prochaine proximité. La chaleur qui avait saisi tout à l’heure son ventre ne l’avait pas quittée. Le plastron du tablier masquait la turgescence des mamelons, le cannage de sa chaise avait dissimulé les éventuelles conséquences de la sourde humidité intime qu’elle ressentait. Les railleries à propos du quadrillage marqué sur ses fesses étaient un moindre mal. S’asseoir dans le fauteuil où Chantal l’avait installée ravivait son inquiétude de traces mal venues. Elle accepta volontiers un second petit verre qui lui offrait un répit.
Sur le pouf voisin, Chantal éprouvait un trouble identique, se demandant anxieusement si son invitée l’avait remarqué, ou, qui sait, le partageait, mais n’osant ouvertement lui poser la question. Elle l’observait à travers le flacon posé sur la table entre elles et s’étonnait d’un désir si prégnant pour une personne rencontrée par hasard. La politesse commandant de proposer de la resservir, Chantal espérait qu’elle accepte et priait pour qu’elle ne désire pas une autre boisson qui l’obligerait à se lever. Sa position sur le siège ne lui avait pas permis de serrer les cuisses pour éviter le risque d’un aveu humide. Le oui spontané en réponse à son offre la soulagea.
Momentanément dispensées de crainte l’une comme l’autre, elles dégustaient à coups d’autant plus mesurés la forte liqueur ambrée, sirupeuse et parfumée. Le bourdonnement continu de voix excitées qui leur parvenait de la chambre des filles ne les gênait pas ni les exclamations criardes qui surgissaient de loin en loin. Les portes et la distance relative assourdissaient les sons les plus aigus. Elles devisaient d’un ton bas de choses et d’autres, de souvenirs et d’anecdotes, de demies confidences et de vrais soucis, de n’importe quelles futilités s’il le fallait, pourvu qu’elles prolongent la discussion. Elles ne s’aperçurent pas tout de suite que le bruit ambiant avait cessé.
Elles se regardèrent, s’interrogèrent mutuellement en silence et se dressèrent ensemble. Ensemble aussi, elles portèrent leurs yeux sur l’assise que l’autre avait quittée. Ensemble encore, elles se sourirent d’un air désolé.
Chantal l’en dissuada. Si, par chance, les gamines dormaient vraiment, ouvrir la porte de leur chambre les réveillerait et la samba risquerait de recommencer. Mieux valait agir avec discrétion et se renseigner sans se signaler.
Entre la chambre de ses filles et celle de Chantal se trouvait une pièce aveugle accessible par la sienne et par le couloir. Son intérêt et son usage antérieurs demeuraient incertains, mais elle s’était révélée bien pratique comme débarras où entasser ces multiples bricoles, utiles ou non, que l’on accumule au fil des ans. Lors de son installation, Chantal avait découvert que des aérations donnant sur les pièces contiguës avaient été ménagées en haut des murs de ce cabinet noir. Dans la toute petite enfance de ses filles, elle s’en était servie pour surveiller leur sommeil ou leurs jeux sans les déranger. C’est là qu’elle conduisit Julia.
Au milieu du bric-à-brac qui encombrait l’endroit, le vieux tabouret qui permettait de se hisser à hauteur convenable était resté en place. Avec une prudence de vieux Sioux (de squaws, plutôt), elles déplacèrent en silence et dans l’obscurité les cartons entreposés sur l’étagère fixée sous l’ouverture. Une fois l’espace dégagé suffisant pour une tête, ou deux à la rigueur, Chantal se risqua avec précaution sur l’escabeau branlant pour observer l’autre côté du mur. Elle étouffa une exclamation en se couvrant la bouche, et de l’autre main, invita Julia à la rejoindre.
L’espace était réduit, l’ascension délicate, les seules prises disponibles sans dégât étaient les jambes de Chantal. Julia n’eut d’autre ressource que de s’y accrocher en évitant autant que possible de regarder ou de heurter les fesses qui la dominaient. Parvenue sur l’avant-dernière marche, elle se haussait sur la pointe des pieds pour voir, quand Chantal tourna la tête. Elle entrevit le « chut » que formait sa bouche juste avant que leurs lèvres se frôlent.
Leur support était étroit et instable. Julia devait se coller au buste de sa compagne, le menton posé sur son épaule. Soufflant une excuse, elle se cramponna où elle pouvait. Ce fut la poitrine. Chantal tout entière absorbée par ce qu’elle voyait ne s’en émut pas. Julia regarda aussi, et retint in extremis un cri de surprise.
Dans la chambre voisine, debout, un pied sur chaque lit, Brigitte se laissait admirer des deux autres. De Marion surtout, qui, à quatre pattes, semblait captivée par le corps de la « grande ». Sandra, sans doute déjà blasée des manières de son aînée, était adossée à un oreiller, plus intéressée par les formes grassouillettes de la nouvelle copine. Toutes les trois pépiaient aussi bas que le permettaient leurs voix aiguës.
Elles s’étaient instinctivement reculées, menaçant gravement l’équilibre précaire de leur duo. Chantal s’agrippait à l’étagère en souhaitant qu’elle tienne. Julia s’était rattrapée à ce qu’elle avait sous les mains. Elle broyait les seins de Chantal et écrasait les siens sur son dos. Elle avait senti les tétons durcis à travers le coton du tablier. Elle ne doutait pas que la réciproque soit vraie. Elle en était gênée, mais d’une certaine façon rassurée.
Chantal luttait pour ne pas crier. Les doigts de Julia crispés sur ses glandes mammaires lui faisaient un mal de chien. Mais, bizarrement, la douleur embrasait son ventre, lui communiquant une excitation supplémentaire. Son corps s’en réjouissait et elle regrettait de ne pouvoir réduire la tension qui la tenaillait par une caresse, même fugitive. Le plus urgent était de retrouver la stabilité de l’escabeau.
Julia obéit et la pression sur la poitrine diminua. Aligner trois pieds sur une tablette prévue pour deux ne garantissait cependant pas une solution satisfaisante.
Julia déplaça assez son point d’appui pour le lui permettre et leur équilibre commun en fut relativement assuré. L’étreinte des seins était redevenue supportable, et même agréable pour Chantal. Ses fesses étaient maintenant directement au contact du ventre nu de Julia dont le tablier s’était retroussé dans tous ces mouvements. Elles n’avaient jamais été aussi proches. Peau contre peau, jambes imbriquées, chacune ne pouvait plus ignorer l’émoi de l’autre.
En se haussant sur ses orteils pour continuer à suivre l’évolution des jeux indiscrets qui se déroulaient dans la chambre d’à côté, Julia frottait sa vulve contre les muscles tendus de la cuisse gauche de Chantal. En même temps, elle sentait le baiser mouillé de son sexe sur sa propre cuisse droite. En reposant le talon pour soulager son mollet, la chaleur humide s’éloignait, mais ses lèvres charnues glissaient et s’ouvraient sur une peau douce. Une telle intimité impudique l’aurait fait rougir de honte jusqu’aux oreilles, ce matin encore. Là, pourtant, elle n’en tirait que du plaisir et l’envie d’aller plus loin. Comme dans un rêve…
Julia ne savait pas trop si elle s’excusait pour sa voix trop forte ou pour les pensées qui lui étaient venues. Chantal jeta un coup d’œil par l’ouverture et sourit.
L’option avait l’avantage de prolonger leur promiscuité autant que la surveillance de leurs filles. Elles reprirent leur observation attentive, encore plus serrées l’une sur l’autre. Les joues accolées ne se séparaient que lorsque la fatigue des muscles obligeait tour à tour chacune à reposer son pied. Les fesses de Chantal semblaient toutefois à Julia plus cambrées. Et le curieux baiser qu’elle ressentait sur sa cuisse lorsqu’elle se rehaussait semblait lui aussi avoir changé. Elle comprit que la coquine essayait subrepticement d’y appuyer son clitoris, et se plaignit, comme par hasard, d’être gênée par les bourrelets qu’avait formés son tablier.
Avec d’infinies précautions, pour ne pas se retrouver en bas de l’échelle et déclencher un cataclysme de bruits, elles entreprirent de se séparer de cette dernière parure. D’abord, Chantal, se retenant d’une main, passa l’autre bras dans les reins de Julia pour la maintenir le temps de dénouer le cordon. Ensuite, Chantal s’étant réassurée, Julia entoura sa taille pour se défaire du col avec sa main libre et dégager le tissu encombrant. Sa prise était un peu basse, juste au-dessus du pubis de Chantal, mais cela lui permit de rendre à celle-ci le même service. Elle en profita pour caresser au passage les seins nus lorsqu’elle fit glisser le tablier.
Plus rien n’entravait la totalité du contact tiède de leurs peaux. L’impression était délicieuse. Julia creusa son ventre pour mieux sentir sur sa chatte la cuisse douce de Chantal et presque inconsciemment remua son bassin pour s’y caresser. Chantal suivit le mouvement, se pressant contre l’étagère au point de tourmenter ses seins contre le bord et chevauchant la cuisse contractée de Julia avec sa vulve. Dans un sursaut de lucidité, elles approchèrent ensemble leur tête pour observer si tout allait bien à côté.
C’était au tour de Marion de se montrer. Comme Brigitte s’étonnait d’un certain endroit plus développé que chez sa sœur, elle finit par confier que c’était pareil pour sa mère. Elle en était à la fois embarrassée et fière, craignant les moqueries.
Chantal tourna à demi la tête, le regard interrogateur. Julia l’imita, les yeux au ciel, d’un air d’impuissance. Leurs lèvres se frôlèrent à nouveau, qui cette fois s’entrouvrirent puis se rencontrèrent. En échangeant ce premier et chaste baiser, elles restaient attentives aux ébats voisins. Rassurées de n’entendre ni récriminations ni méchantes plaisanteries, elles se regardèrent, respectivement inquiètes d’une impulsion peut-être déplacée.
Les yeux de chacune n’exprimaient pas l’indignation, mais l’envie de retrouver la bouche de l’autre. Elles y cédèrent, ajoutant le mariage des langues à celui des lèvres et s’étreignant autant que le permettait l’intrication de leurs corps. Cet inconfort l’emporta sur la raison. Abandonnant leur poste de guet, elles en descendirent aussi discrètement que possible, impatientes de s’enlacer encore après cette séparation momentanée.
Les bras de Julia autour des épaules de Chantal, ceux de Chantal au bas des reins de Julia, elles s’embrassaient follement, échangeant sans retenue leurs salives. Seins contre seins, ventre contre ventre, et parfois chatte à chatte, elles partageaient la même sueur et le même désir. Julia avait chaud, et un peu le tournis. Son cœur eut un raté quand elle sentit les hanches de Chantal commencer à onduler et ses mains lui empoigner les fesses.
Elle se laissa guider, leurs bassins se mouvant en sens contraire, leurs baisers redoublant de fougue, leurs toisons crissant l’une sur l’autre. Elles serraient si fort leurs pubis qu’il arrivait que leurs poils soient tirés par le frottement. La douleur qui leur arrachait des gémissements étouffés n’avait d’autre effet que de les faire onduler plus étroitement.
Une même exigence les tenaillait impérieusement. Interrompant à regret leur brutale embrassade, Chantal entraîna Julia vers la salle de bain. Devant la porte des filles, elle leur intima l’ordre de dormir. Le souhait de bonne nuit qu’un chœur angélique émit en réponse les fit sourire toutes les deux. Un instant plus tard, elles s’isolaient enfin pour s’enlacer sans contrainte et donner libre cours aux désirs qui les submergeaient.
Une main sur la poitrine pour comprimer les battements de son cœur, Julia paraissait sur le point de défaillir. Sincèrement inquiète sur le moment, mais vite amusée par les doigts qui tortillaient le téton, Chantal la soutint par le bras pour qu’elle s’adosse au mur et se recula contre le lavabo pour la contempler en pleine lumière.
Julia la regardait intensément, les mains sous ses seins tendus en offrande, pouces et index étirant leurs pointes brunes. Comme par peur de s’effondrer, elle tenait ses jambes très écartées, trop écartées, exposant sans pudeur sa vulve. Les poils noirs du pubis se redressaient sous l’effet du sel ou des frémissements de la peau. Les lèvres gonflées par l’afflux d’excitation en paraissaient encore plus grosses. Les grandes tremblaient sous les mouvements instinctifs du bassin. Les petites se couvraient d’une moiteur brillante dont goûtaient des filets poisseux. Le visage de Chantal s’éclaira d’un sourire. Julia se méprit.
Chantal était sincère. Cette femme se montrait à elle dans la vérité de son désir, elle ne se sentait aucun droit de le lui reprocher. Mais Julia croyait encore devoir s’en excuser. Elle ne rectifiait pas sa pose pourtant, ses mains descendues sur son ventre, à la lisière des poils qu’elles tortillaient inconsciemment.
Julia rougit et Chantal regretta sa trivialité. Les mots lui étaient venus spontanément et elle les avait prononcés sans réfléchir. Probablement parce qu’elle-même était au même point d’humidité débordante. L’avouer réconforterait sans doute Julia.
Mue par une impulsion soudaine, elle se cambra et projeta son bassin en avant. À deux mains, elle ouvrit sa chatte pour exhiber une entaille gluante de mouille. Un petit « oh ! » répondit à sa confession impudique.
Elles échangèrent un sourire mi-gêné, mi-complice. Les doigts de Julia étaient descendus plus bas sur son pubis, à la limite des replis ornant sa vulve. Des frissons nerveux parcoururent tout à coup son corps, inquiétant Chantal.
Ses doigts s’agitaient en haut de sa fente, comme s’ils pianotaient sur les festons de chair, les repoussant par petites touches de plus en plus appuyées. Une pression plus forte fit brusquement surgir le clitoris de son capuchon protecteur. Un long clitoris, aussi gros qu’un téton et presque aussi rouge que les ongles qui l’obligeaient à jaillir.
Elle retira légèrement ses doigts, mais le clitoris restait bandé et saillant. Chantal en était bouche bée, les yeux ronds, l’esprit confus. Son expérience en la matière se limitait à son propre physique, elle n’aurait pas imaginé possible ce qu’elle voyait. L’air désolé de Julia l’apitoya. Elle se sentit coupable de son étonnement, indigne de la confidence intime qu’on lui faisait. Elle voulut exprimer qu’elle se devait d’offrir un don de soi identique.
Ce fut au tour de Julia d’être étonnée. Chantal exposait sa vulve autant qu’elle pouvait. Les ongles de ses pouces s’incrustaient durement sur la peau fragile de son capuchon. Elle grimaçait de douleur, mais elle réussit à dévoiler la minuscule perle rose de son clito.
À suivre…