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Temps de lecture estimé : 24 mn
05/08/21
Résumé:  Chantal et Christine se retrouvent chaque semaine. Tandis que leur exemple en encourage d’autres à les imiter sous la douche, leur attirance mutuelle multiplie leurs aveux réciproques.
Critères:  ff fff gymnastiqu caférestau douche amour voir exhib caresses -lesbos lesbos
Auteur : Dyonisia  (Rêves et autofictions… souvenirs et confidences…)      Envoi mini-message

Série : Les Marraines

Chapitre 04 / 11
Christine : confidences et romance

Résumé des épisodes précédents :

Deux jeunes femmes et leurs filles font connaissance sur une plage naturiste. Les mères sympathisent et s’entraident en surveillant leurs progénitures. Chantal hébergeant Julia, la première soirée les amène à des confidences de plus en plus intimes et des attitudes de plus en plus osées. Leur passage à l’acte inhabituel se révèle sincère, brutal et arrosé. Elles s’en trouvent comblées, mais embarrassées. Elles surmontent heureusement leur gêne pour s’engager dans une relation d’amitié amoureuse et familiale durable.

Cinq ou six ans après sa rencontre avec Julia, Chantal fait la connaissance de Christine dans une salle de sport et un début de relation éveille sa curiosité. Lorsque le hasard les y réunit à nouveau, la différence d’âge avec les autres habituées les rapproche un peu plus. Les deux femmes sympathisent assez pour prendre leur douche ensemble à la fin du cours. Pendant qu’elles progressent dans la découverte de leurs personnalités et de leurs corps, elles sont rejointes par leur jeune monitrice qui se révèle d’un commerce agréable. Elles se séparent sur la promesse de se retrouver régulièrement.






L’habitude avait vite été prise : Chantal et Christine se retrouvaient tous les vendredis après-midi dans la salle de sport où elles s’étaient rencontrées.


La semaine qui suivit leur rendez-vous sous la douche, Chantal hésita à mettre une tenue de sport comme à l’ordinaire, en l’occurrence un vieux body, sous la robe droite qu’elle avait choisie. Elle opta finalement pour son coordonné couleur chair préféré. Une coquetterie qu’elle se pardonna dans l’intention de faire honneur à sa nouvelle amie. Elle n’avait pas eu le temps de s’offrir une séance d’esthéticienne, mais elle avait pris soin, la veille, de discipliner sa touffe. Et, pour gagner du temps, elle se passa de sa douche préalable traditionnelle.


Christine l’attendait déjà. Comme promis, elle avait rapporté ses affaires lavées, la brassière assouplie et le short aimablement repassé. Elle l’accueillit avec un grand sourire et lui avoua sans ambages avoir délaissé un dossier pour arriver plus tôt. Elles mirent à profit ce temps gagné de tranquillité avant l’invasion bruyante de leurs compagnes plus jeunes pour se donner des nouvelles sur leurs activités diverses depuis leur dernière rencontre et constater en parlant de leurs enfants que leurs aînées avaient le même âge.


Leur dialogue fut interrompu par l’entrée dans le vestiaire de la blondinette avec qui elles avaient partagé le dernier rang au cours précédent et quelques paroles aimables ensuite. Les voyant en train de se déshabiller, la jeune femme s’avança jusqu’à elles pour les saluer gentiment. Découvrir Christine en culotte comme seul dessous à son habitude ne parut pas la déranger. Elle offrit obligeamment son aide à Chantal qui se battait avec l’agrafe de son soutien-gorge et se retourna discrètement tandis que ses voisines faisaient glisser le bas.


La séance se déroula peu ou prou à l’identique de la fois d’avant. Elles adressèrent un signe amical à Alice, la monitrice. Elles suivirent avec plus, pour Christine, ou moins, pour Chantal, de bonheur le rythme des chorégraphies. Elles échangèrent leurs prénoms à la pause avec la jeune blonde, Isabelle, reprirent ensuite les exercices avec courage et en virent la fin avec soulagement. Alice s’éclipsa aussitôt terminé son cours.


De retour dans le vestiaire, Chantal et Christine s’accordèrent un moment de repos. Autour d’elles, on se pressait de se rhabiller en commentant à la hâte les menus évènements qui avaient ponctué le cours et les erreurs ou succès dans l’exécution des mouvements. Chacune de ces jeunes dames arguait de sa bonne excuse ou de ses bonnes capacités selon le cas, mais toutes se dépêchaient de passer leurs vêtements par-dessus leurs jolis maillots imbibés de sueur. Quelques projections parfumées palliaient le désagrément des émanations.



Chantal qui jusqu’à ce jour avait pratiqué les usages que condamnait sa nouvelle amie n’osa prendre parti dans le débat.



Christine acquiesça d’un sourire et d’un geste aimable. Pour atténuer la franchise de ses remarques, pensa Chantal en rangeant sa brassière. Elle devina un regard gentiment moqueur posé sur elle et baissa vite son short pour se mettre au diapason. Un geste banal dans un vestiaire, qui pourtant lui fit éprouver le même sentiment trouble qui l’avait conduite à se caresser en repensant à son premier tête à tête sous la douche avec cette amie. Elle dut faire un effort pour s’en détacher.



Le ton de la plaisanterie nuançait le sous-entendu des propos. Elles firent mine de s’attacher à celle-ci plutôt qu’à celui-là et s’en furent allègrement vers les douches. Alice les y avait précédées. Elle avança la tête en les entendant entrer et sortit complètement de son box en les apercevant. Ses pudiques scrupules de la fois précédente avaient disparu. La toilette se fit dans une ambiance joyeuse de bavardages et de badineries. Elle ne se prolongea pas cependant au-delà du nécessaire, et Alice, ayant terminé la sienne, attendit que ses voisines aient achevé la leur en les regardant sans détour.


Elles finirent de se sécher dans le vestiaire dont le calme temporaire ne tarderait pas à être bouleversé par la prochaine arrivée des demoiselles de l’école catholique et de leur chaperon. Pour quitter les lieux avant l’invasion il fallait penser à se rhabiller, ce que Chantal entreprit la première sous le regard narquois de Christine qui ne manqua pas de la taquiner à propos de son choix de dessous.



Un peu confuse de s’être trahie, Chantal restait coite devant cette curieuse fille qui s’affichait à moitié nue – et pas de la moitié la moins intime –, avec une telle assurance. Christine prit son silence pour un oui et la remercia d’un battement de paupières avant d’enfiler, enfin, sa culotte sous le regard dubitatif d’Alice. Tout en démêlant ses cheveux, celle-ci se décida à l’interroger en prenant un ton le plus anodin possible.



Christine agrafait sa jupe. Elle se retourna, sérieuse malgré son sourire.



Alice le permit volontiers. Elles l’enlacèrent chaleureusement pour une bise sur chaque joue et partirent bras dessus bras dessous.



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Prendre le thé à deux les entraîna bien au-delà de l’heure de détente qu’elles s’étaient fixées. Les jours paraissaient plus longs avec l’heure d’été et elles avaient beaucoup à se dire. Vous savez comment cela se passe : une question en amène une autre et, pour peu que l’on ait envie de répondre avec sincérité, une confidence en appelle une autre. Chantal dut passer un coup de fil à ses filles pour les avertir de son retard. Christine en connut ainsi les prénoms, Brigitte et Sandra, et donna en échange celui de son aînée, Élisabeth, ou plus familièrement Babette. Elles découvrirent à cette occasion que Brigitte et Babette étaient de la même année et fréquentaient le même lycée. Chacune promit de se renseigner : les filles se connaissaient peut-être.


Qu’apprirent-elles encore l’une sur l’autre ? Beaucoup pour un premier tête à tête en ville, assez pour éprouver le désir se connaître mieux, et trop peu pour ne pas ressentir la frustration de devoir se séparer.


Mariées tôt, trop peut-être, leurs amours de jeunesse avaient évolué vers la rupture. Le divorce de Christine était relativement récent. Elle avait eu le courage de reprendre et de terminer des études de gestion qui lui avaient permis de s’établir à son compte. Malgré des débuts encourageants, elle avait résolu de se perfectionner et suivait depuis peu un séminaire de formation supérieure, ce qui expliquait son séjour de quatre mois dans la ville.


Chantal avait divorcé peu après la naissance de sa cadette. Moins chanceuse que son amie sur le plan financier, elle avait alterné entre petits boulots et chômages, avec les difficultés récurrentes à joindre les deux bouts, jusqu’à ce qu’une opportunité la fît recruter dans une mairie. À la faveur, entre autres, d’une modification réglementaire, elle avait été titularisée, ce qui, par la grâce de l’amélioration de ses revenus, expliquait son inscription au gymnase.


Au contraire de Chantal, Christine n’habitait pas sur place, mais dans une commune éloignée où elle retournait actuellement chaque fin de semaine. Cette résidence, plus rurale et calme, imposait néanmoins à sa fille le statut de pensionnaire. Ses jeunes garçons bénéficiaient d’un hébergement chez une voisine obligeante. La petite famille se retrouvait donc le week-end.


Brigitte et Sandra, mieux partagées que Babette, avaient l’avantage de rentrer chez elles chaque soir et de profiter les jours de repos ou de courtes vacances du petit jardin de la maison de leur mère, située sur les hauteurs de la ville. La communauté féminine s’entendait assez bien pour ne pas souffrir de la promiscuité quotidienne ni, comme le confia Chantal, se préoccuper trop de pudeur à la maison.



Chantal lui donna une légère tape sur la main en riant.



L’arrivée de la serveuse détourna la conversation et, de fil en aiguille, elles dérivèrent sur leurs vies sentimentales respectives.


Chantal avoua n’avoir eu aucune aventure avec un homme, une fois divorcée. D’abord par manque de disponibilité d’esprit, tout accaparée qu’elle était par les soins maternels et les difficultés matérielles. Ensuite, mon dieu, la recherche d’une relation durable ne l’avait pas tentée. Et puis, laissa-t-elle entendre à demi-mot, elle avait éprouvé de moins en moins le besoin de la compagnie masculine. Probablement en réaction à son enfance sous le signe d’une morale rigide, glissa-t-elle.


Pour Christine, la rupture de son mariage avait sonné comme une délivrance bienvenue. La liberté de mœurs dont avait été environnée sa jeunesse lui était revenue en mémoire comme un avertissement de profiter de sa vie délivrée d’entrave. Sans négliger l’éducation de ses enfants ni ses objectifs professionnels, elle avait enchaîné des épisodes sensuels plus ou moins sérieux chaque fois qu’il lui était possible. Et en ne faisant d’autre tri que celui dicté par sa passion du moment, selon la formule sibylline qu’elle employa.


On n’alla guère plus loin en cette fin de journée. Christine rejoignit la modeste chambre qu’elle avait louée pour la durée de sa formation. Un dîner rapide, une bonne nuit de sommeil et retour chez elle avec sa fille afin de passer un court week-end avec ses enfants, dit-elle. Chantal reprit sa vieille voiture et, l’heure de pointe étant passée, retrouva plus rapidement que d’habitude le havre familial où l’attendaient quatre yeux affectueux, quoique gentiment ironiques. Elle rapporta brièvement les raisons qui l’avaient retardée avant de s’enquérir des nouvelles du travail scolaire de sa progéniture.


Dans la solitude de son lit, elle reprit le fil de ses pensées que le court temps de trajet n’avait pas permis de dérouler jusqu’au bout. Elle se remémora les évènements et les discussions de l’après-midi, avec un doux sentiment de bien-être. Sans se masturber, toutefois.



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Du lundi au mercredi suivant, les heures parurent durer trois fois plus à Chantal. Madame la Directrice du Service s’émut de la morosité qu’elle traînait et la rabroua gentiment. Le jeudi, ce fut Dame Nature qui s’émut à son tour. Cela apporta une réponse plausible à l’inquiétude renouvelée de la hiérarchie compréhensive – et discrètement bienveillante du fait d’amitiés communes – mais contraria fortement celle qui en pâtissait juste à la veille de retrouvailles dont elle se faisait une fête.


Le vendredi après midi ne s’annonçait donc pas aussi joyeux qu’espéré. Elle eut la franchise d’expliquer à Christine pourquoi elle tenait à garder sa culotte sous son short de gym. Elle apprit en réponse, dans un éclat de rire, que sa préoccupation était partagée. L’étonnement et le soulagement inexplicable passés, la coïncidence fut considérée par l’une et par l’autre comme d’heureux augures.


La séance se déroula presque normalement, un peu fatigante cependant malgré quelques esquives d’exercices, tolérées par Alice que Christine avait discrètement informée des raisons. Revenues dans le vestiaire, Isabelle leur demanda timidement de pouvoir les accompagner pour prendre une douche. Elle ne commença toutefois à quitter son ravissant académique que lorsque toutes les autres furent parties. Christine n’avait pas attendu pour se mettre en tenue d’Ève, Chantal l’avait imitée plus lentement. Leur exemple encouragea Isabelle à surmonter ses dernières pudeurs et à révéler une adorable touffe de vraie blonde devant ses compagnes attendries qui patientaient gentiment.


Alice parut agréablement étonnée de la présence d’une nouvelle venue et, en lui indiquant le fonctionnement particulier du mitigeur, lui proposa de partager son box. Isabelle n’osa refuser l’invitation, et la mignonne blonde rejoignit la svelte brune sous la douche. De leur côté, Chantal et Christine se dirigèrent vers le cabinet de toilette où elles savaient trouver la petite poubelle destinée à leurs nécessités du moment. La première fut interloquée par la désinvolture de la seconde qui négligeait de fermer la porte pour un geste aussi intime, mais elle s’abstint de tout commentaire.


La suite se déroula de la manière la plus normale qu’il soit. Christine et Chantal se douchèrent selon leurs méthodes habituelles, maintenant parfaitement rodées. Alice et Isabelle le firent de leur côté, d’abord en se frôlant le moins possible, mais bientôt en riant quand cela arrivait. Elles s’inspirèrent même des pratiques de leurs voisines, pour le rinçage notamment, dans une ambiance bon enfant, émaillée de bavardages et de plaisanteries.


On ne s’attarda pas, toutefois. Chacune termina la séquence à sa guise, Isabelle en s’habillant en vitesse, Alice en séchant ses cheveux, Chantal et Christine en devisant, plus ou moins nues, après s’être éclipsées à nouveau dans le cabinet de toilette pour renouveler le nécessaire.



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Chantal n’eut pas besoin de téléphoner à ses filles ce jour-là. Elle avait laissé un mot pour les prévenir de son retard possible. La jeune serveuse les reconnut, Christine et elle, à peine franchi le seuil du salon de thé. Fine mouche, elle leur indiqua une table disponible à l’écart des clientes déjà installées, puis attendit qu’elles fussent assises pour s’approcher.


La conversation s’empressa dès qu’elle se fut retirée et un nouvel échange de confidences s’engagea directement là où s’était interrompu le précédent, huit jours avant. L’une comme l’autre avait envie de confirmer ce qu’elle avait cru comprendre. Christine demanda tout de go à Chantal si les caresses solitaires suffisaient à sa vie sexuelle. Chantal convint que non, n’en rougit pas, et s’enquit de la bisexualité qu’avait laissé entendre Christine. Celle-ci l’admit volontiers, estimant que l’avantage du divorce était pour elle de ne garder que la meilleure part du mâle.



Que le sourire de la jeune femme ait été motivé par la courtoisie ou par ce qu’elle avait saisi de la dernière phrase, Chantal n’en décida pas. Elle remercia Christine pour sa confiance en lui ouvrant en retour sa vie intime. De ses promenades nocturnes dans les messageries instantanées où elle se retrouvait plus volontiers avec des partenaires féminines, des masturbations partagées ou non qui les accompagnaient, comme de la relation affectueuse et saphique qu’elle entretenait avec une amie d’adolescence qui l’avait initiée, de tout cela elle ne cacha rien. Leur théière était vide depuis longtemps lorsque sa confession se termina sur le regret que cette amie précieuse habitât aussi loin.



Christine ne réclama pas d’autre explication. Elle rebondit plutôt sur le prénom.



Le petit temps d’hésitation avant le dernier mot fut suivi d’un instant de silence et Christine posa sa main sur celle de Chantal.



La paume était chaude sur les doigts de Chantal. Un frisson parcourut son bras, la chaleur lui parut se communiquer à son cœur. Elle le sentit battre plus vite, plus vite encore en voyant les tétons de Christine se dessiner sous le tissu. Elle lui rendit son sourire, la pression sur sa main s’accentua. Elle recula légèrement son poignet pour croiser ses doigts avec ceux qui les caressaient. « Bien » était de trop, lurent-elles chacune dans les yeux de l’autre.


Des clientes sortaient, d’autres entraient, toutes ces allées et venues frôlaient leur table. Leurs mains se séparèrent comme les lèvres après un baiser, frustrées de se perdre et impatientes de se reprendre. Elles cherchèrent la serveuse du regard et rencontrèrent le sien, posé sur elles. Un geste discret lui montra la théière vide, elle acquiesça d’un bref hochement.



La serveuse sourit en déposant le plateau près de leurs mains réunies. Christine attendit son départ pour poursuivre leur dialogue.



Chantal remplissait les tasses. Elle apprécia la délicatesse dont témoignait Christine et l’en remercia.



Christine ne dit pas non et Chantal réfléchit un instant avant de lui suggérer d’amener sa fille.



Le temps de se mettre d’accord sur le délai d’organisation des détails, de se fixer une date de confirmation et de se communiquer leurs coordonnées, elles reprirent leurs confidences.



Chantal lui raconta succinctement sa rencontre avec Julia et sa fille Marion, cinq ou six ans auparavant. Sans s’attarder sur les circonstances – l’heure avançait –, elle lui expliqua que la solide amitié qui en avait résulté s’était maintenue depuis lors. Julia et elle séjournaient parfois l’une chez l’autre, mais l’éloignement de leurs résidences respectives ne le permettait que rarement. Par contre, chaque période de vacances était l’occasion pour leurs filles, soit de se retrouver ensemble, soit d’aller passer une quinzaine de jours chez la mère de l’une ou la mère des autres. Les enfants s’entendaient bien depuis qu’elles avaient fait connaissance, mais son aînée, Brigitte, commençait à se sentir un peu isolée par rapport à Sandra et Marion que la proximité d’âge et de centres d’intérêt rapprochait.



Christine soupira en disant qu’elle s’en était, bien sûr, rendu compte. Pour sa part, que ces dames, mûres ou jeunes, la considèrent comme dénuée de pudeur, voire indécente, elle s’en fichait, n’étant là que pour peu de temps. Et si d’aventure son attitude pouvait décoincer d’autres femmes, comme l’avait été Isabelle par exemple, elle s’en réjouirait. Elle pensait néanmoins devoir quelques explications à Chantal dont elle était sûre de la compréhension.



Sous le sceau du secret, elle lui confia qu’elle fréquentait d’ordinaire un petit club informel de stretching qu’une de ses amies, enseignante de E.P.S. Et de danse, avait créé avec quelques autres dans la ville où elle habitait. Elles s’y retrouvaient toutes ensemble, ou quelques-unes, pour se détendre sans autre obligation que de pratiquer entièrement nues, quel que soit leur physique ou leur état. Elles ne se dissimulaient rien de leur corps ni de ses besoins – d’où, par habitude, des comportements dans le vestiaire que le commun peut juger indécents – et ne se refusaient aucune caresse, masturbation ou baise entre elles, si l’envie était réciproque. Cette franchise de mœurs réclamait une absolue discrétion pour ne pas susciter des rumeurs de réunions de gouines, comme en convint Chantal que ce mode de loisir, pour original qu’il fût, ne choquait pas.



Si elles avaient été seules, leurs bouches se seraient rencontrées. Elles se contentèrent de baiser discrètement leurs doigts, mais l’onde de chaleur qui envahissait chacune était perceptible par l’autre et leurs yeux s’épousaient.



Riant à l’unisson, elles échangèrent un salut avec la jeune serveuse et sortirent. Il était bien plus tard que la semaine précédente. Lorsqu’elles se trouvèrent assez loin pour n’être pas visibles de l’intérieur, elles s’étreignirent chaleureusement, encouragées par la demi-obscurité qui les entourait. Leurs bouches glissèrent au coin de l’une et de l’autre, mais ne se prirent pas, de peur que leurs ventres brûlants dominent leur raison.



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Chantal attendit le dimanche pour soumettre à Brigitte et Sandra son projet d’inviter une nouvelle amie, accompagnée de sa fille Élisabeth, pour la soirée du prochain vendredi. La plus jeune tourna un peu le nez, ce genre de dîner ne lui inspirant que suspicion de contraintes qu’il imposerait à sa nature volontiers pétulante. L’aînée, une fois précisé qu’il s’agissait bien de cette Élisabeth qu’on appelait Babette, n’y voyait guère d’objection, sa condisciple ne lui paraissant « pas trop conne ».


L’éventualité que l’invitation se prolonge pour la nuit, en raison de l’éloignement du domicile de Christine, posa plus de problèmes.



Il fallut négocier. L’une craignait de voir s’envoler une promesse de plaisir ou de contrarier ses filles pour ce qui ne serait peut-être qu’une passade. Les autres rechignaient à revenir sur leur position de principe, mais avaient assez de sagacité pour comprendre ce que leur mère attendait de cette soirée avec une nouvelle amie. Ce fut Sandra qui trouva une solution ménageant amours propres et espoirs.



Chantal accepta le contrat. Il ne lui restait qu’à espérer que ses filles s’entendent aussi bien avec Babette qu’elle-même avec la mère de celle-ci.



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De son côté, Christine se préoccupa d’assurer la liberté de son prochain week-end dès son retour chez elle. Elle mit à profit une absence des enfants en téléphonant à ses parents « pour prendre des nouvelles ». Elle évoqua en passant une invitation pour le week-end prochain, qu’elle devrait probablement décliner afin de ne pas abuser de la bonne volonté de sa voisine en lui imposant de garder sa progéniture un jour férié.


Les grands-parents, qui vivaient une retraite selon leurs vœux dans l’arrière-pays, sautèrent évidemment sur l’occasion pour proposer instamment d’accueillir leurs petits enfants. La question étant réglée, Christine annonça le soir même à ceux-ci, comme une chance, que Papy et Mamy viendraient les chercher vendredi après-midi pour passer deux ou trois jours chez eux, au milieu des légumes bios et des petits oiseaux.


La surprise fut reçue avec enthousiasme par les garçons. Elle dépita quelque peu la fille. La perspective de couplets sur la nature, de sarclages salissants, ou de fatigantes promenades en forêt, l’inspirait très moyennement. Elle revendiqua vivement le droit d’y échapper, et, d’abord, celui de connaître la raison de cette décision maternelle qui arrivait de façon impromptue.



C’était décevoir les petits frères sans satisfaire la grande sœur. Christine laissa mariner leurs réclamations opposées, mais objectivement convergentes, avant d’avancer l’hypothèse que Babette aurait pu l’accompagner chez Chantal si celle-ci le voulait bien.



Christine émit un gros soupir apparemment résigné. Intérieurement, elle était ravie. L’échange téléphonique de confirmation avec Chantal les enchanta toutes les deux.



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Pour Chantal le vendredi tant attendu commença tôt. Il lui fallait rejoindre à pied son travail – une bonne demi-heure de marche – et solliciter un collègue qui la dépose à midi et des poussières au bus qui la conduirait à proximité du gymnase. C’était son idée d’utiliser la seule voiture de Christine au retour afin de la guider plus facilement. La suggestion de se retrouver au salon de thé avant la séance de gym, pour un en-cas léger, venait de son amie. Ainsi, elles pourraient aller chercher Babette et Brigitte à leur lycée directement à la fin du cours et partir au plus vite chez Chantal.


Elles se rejoignirent à 13 heures, le cœur battant, d’émotion et de précipitation. Leur étreinte fut plus qu’affectueuse et il ne s’en fallut d’un rien que les sentiments l’emportent sur la raison dans un vrai baiser d’amoureuses. Bras dessus bras dessous, elles pénètrent joyeusement dans l’établissement.


Les crêpes et les deux ou trois pâtisseries commandées ne prirent que peu de temps à être apportées et dégustées. La foule qui les entourait ne facilitant d’ailleurs pas une conversation discrète, elles eurent bientôt terminé leur collation.


C’est en se dirigeant sans hâte vers le gymnase qu’elles purent enfin se donner les détails de leurs manœuvres pour finaliser leur soirée (et plus si affinités…). Chantal se déclara navrée des conséquences qu’imposerait une mauvaise entente entre leurs filles.



Ni l’une ni l’autre n’avait eu d’information sur les relations entre Babette et Brigitte. Elles se dirent que le manque de retour négatif était a priori bon signe et entrèrent en croisant les doigts dans le vestiaire encore vide.


L’absence d’autre compagnie fut appréciée par Chantal lorsqu’elle quitta ses dessous quelque peu défraîchis. Elle considéra tristement sa culotte qui portait les traces d’une matinée longue et agitée. Mue par un réflexe instinctif, elle porta le gousset à son nez et fit la grimace. En croisant le regard ironiquement interrogateur de Christine, elle se rendit compte qu’elle avait oublié une présence qui lui était devenue aussi familière que naturelle.



Christine s’empara sans vergogne de la culotte pour y jeter un coup d’œil expert.



Chantal ne rougit même pas.



Après avoir passé sa brassière, Chantal se souvint d’un point crucial qu’elle avait oublié de signaler à son invitée.



Elle finit d’ajuster l’entrejambes de son justaucorps, puis releva la tête.



Chantal aurait aimé, par taquinerie, lui demander ce qu’elle entendait exactement à propos de saveurs, si l’amical et sincère radieux bonjour d’Isabelle n’avait détourné la conversation.



À suivre…