n° 20605 | Fiche technique | 15081 caractères | 15081Temps de lecture estimé : 11 mn | 28/11/21 |
Résumé: Une femme ordinaire à qui son mari impose le divorce tente de se construire une nouvelle vie. | ||||
Critères: fh pénétratio -rencontre -rupture | ||||
Auteur : Micchel1954 (Micchel) Envoi mini-message |
DEBUT de la série | Série : Sur le chemin de soi-même Chapitre 01 / 04 | Épisode suivant |
J’ai 51 ans, je m’appelle Danielle et, des aléas de la vie, mon avenir se décide.
Plutôt indolente, sans excès de caractères, mariée jeune, un enfant qui a maintenant un peu plus de 20 ans, je me suis laissée porter par la vie, sans chercher ni à me dépasser ni plus ni moins quoi, une vie ordinaire, pour une fille ordinaire, un petit boulot d’assistante dans une médiathèque, et oui ma maison, mon mari mon fils, le train-train de tous les jours où je me suis laissée bercer pendant plus de 20 ans. Et puis, il y a deux ans, mon monde s’est écroulé, mon mari ayant un gros poste à responsabilité dans une grande entreprise, CAC 40, un très gros salaire, de plus en plus absent, distant même, mais au vu de mon caractère rien de grave pour moi.
Pour le plaisir, c’était bien, enfin je ne me rendais pas compte… Mon mari comme beaucoup d’hommes accaparés par leur réussite sociale, leur voiture, la consommation, enfin tout ce qui permet de croire exister socialement, ne pratiquait l’amour physique que sous l’effet de quelques pulsions épisodiques et de plus en plus rares. En tout cas loin de pousser cette pratique au niveau de l’art, je ne lui avais jamais rien refusé, c’était toujours assez bref, je ressentais des frémissements en moi, mais cela se finissait toujours par une sensation de manque.
Physiquement, je suis brune, les cheveux courts, et de taille moyenne. Je me suis laissée aller, j’ai quelques kilos en trop, voire même une dizaine ; de bons gros seins qui commencent à tomber… eh oui, « l’âge » ; des tenues d’une neutralité épouvantable… Bref, je suis physiquement comme mon caractère.
Un dimanche matin, douche froide, on était au salon, il commença par m’expliquer qu’on avait eu une belle vie tous les deux, me fit un peu d’historique – bêtement, je ne compris pas où il voulait en venir – et, de but en blanc, il m’expliqua qu’il avait une relation avec une fille de 20 ans de moins que lui, sortie des grandes écoles de commerces, et que bon, voilà, il voulait le divorce pour pouvoir se marier avec elle. Je ne savais quoi lui répondre, si ce n’était, encore plus bêtement, lui dire :
Il me prit le bras gentiment.
Allons bon !
Elle était bien bonne celle-là, « qu’on avance », lui avec sa bimbo, et moi, moi… ?
Mais mon caractère reprit le dessus après une période de doute et d’angoisse, je le laissai faire, avocat, divorce, papier, etc., etc., ce fut fait et vite fait, je signai.
*******
Et voilà comment je me retrouve à Trifouilly en Campagne, seule dans notre résidence secondaire qu’il m’a laissée dans le divorce, mes 300 euros mensuels de pension qu’il me verse, mon petit pécule de départ conventionnel, et aussi quelques menus euros de la caisse chômage.
Atterrissage, donc : une première année à occuper cette maison, en prendre la mesure, apprendre à faire un jardin, les conserves, les courses, lire, bref, se la couler douce, et puis la réalité qui frappe à ma porte, le chauffage, les taxes, les assurances, la voiture, etc., etc., pour finalement me rendre compte que financièrement ce n’est pas facile, donc en route pour Pôle Emploi.
Eh bien, mes pauvres, Pôle Emploi, au milieu de nulle part, c’est vraiment tranquille, même en voulant bien tout faire, rien, rien, le désert si ce n’est que pour apprendre que je suis en bout de droit, et on me laisse entrevoir la possibilité de créer mon entreprise, avec des aides.
De retour à la maison, une entreprise, une entreprise mais quelle entreprise ?
Sur un hebdomadaire féminin, je lis par hasard l’histoire de femmes faisant des habits avec des tissus recyclés, et dans un coin du salon, il y a cette belle machine à coudre qui me regarde tous les jours, et dans le grenier, une énorme pile de couvertures, remisées vu que tout le monde est passé à la couette.
Et je m’y suis mis, de tuto en tuto sur internet, j’ai tout appris et, commençant par le plus simple, j’ai fabriqué des ponchos en couverture de laine recyclée. Au bout de deux mois, j’ai même commencé à faire des parkas, puis des porte-monnaie. Tout cela était fort bien, mais encore faut-il les vendre. C’est pourquoi j’ai fait une déclaration d’auto-entrepreneuse et décidé de faire les marchés pour vendre ma production. Ainsi raconté, c’est simple, mais cela demande une énergie folle. Moi, l’indolente, je ne me reconnaissais plus, les papiers, la production, changer ma voiture pour une camionnette, acheter des tables pliantes, un Barnum, s’entraîner à le monter, et enfin prête, mon premier marché plein d’espoir.
Et là, sur un marché, il y a un personnage incontournable, Le Placier.
Six heures du matin, je cours sur le marché pour chercher cet homme, je le trouve, je cherche une place, il est débordé, répond à plusieurs personnes en même temps, encaisse l’argent de la place : 10 euros, donne des ordres aux autres, rigole avec certains. J’attends, j’observe, il est de belle taille, la cinquantaine, de larges épaules, les cheveux noirs très frisés, et finalement, c’est mon tour.
Et voilà, j’ai une place, c’est ma première… Amener la camionnette, monter le Barnum comme ceci, non, comme cela, ma table, ma chaise, ma production, je suis prête. J’ai un moral d’enfer.
Le marché commence, du monde, c’est l’évènement de la semaine à Trifouilly en Campagne, mais personne ne passe vraiment devant mon étal, je suis complètement excentrée du marché, juste devant les parkings, les gens passent à toute vitesse, pressés qu’ils sont d’aller dans le marché ou de rentrer chez eux, je suis en plein vent, bref, tout au plus quelques regards, Midi, fin de marché, je n’ai rien vendu. Je remballe le cœur lourd. Le mercredi suivant, même place, même ambiance, j’ai le moral à zéro, j’ai tout juste vendu deux porte-monnaie à cinq euros… même pas de quoi payer la place.
Fin de marché, je range, dépitée. Le placier vient me voir, regarde mes productions.
Je ne réponds pas, iI continue, regarde les ponchos, les parkas. Il me regarde, me sourit, par convenance, je lui rends son sourire.
On se serre la main, c’est une poignée de main vigoureuse, franche.
Sous le compliment, je rougis, je n’en ai pas eu depuis si longtemps ce n’était pas le genre de mon mari habitué à diriger des centaines de personnes.
J’hésite, puis je dis : OK.
Et me voilà jeudi 18 heures tapantes sur place, comme d’hab’ le placier court partout, il me voit.
Et sans me demander, il me fait la bise sur les deux joues, je rougis, étonnée.
Et hop ! il repart en courant régler un différend entre deux vendeurs sénégalais.
Je m’installe. Déjà, plus de vent, je suis abrité par la Cathédrale, et très vite le tourbillon du marché, les gens s’arrêtent, discutent, regardent, me posent des questions… Et hop, un poncho à 45 euros ! Puis un autre, puis trois porte-monnaie, puis une couverture refaite en patchwork. Un monsieur s’arrête, regarde les parkas, en essaie une, un peu juste.
Les questions parfaites auxquelles j’étais prête.
Je lui fais un reçu, je prends ses mesures, note ses coordonnées. Il repart, c’est dingue la confiance dans le monde rural !
Le marché se termine, j’ai vendu pour 230 euros, pris une commande à 130 euros, je suis sur un nuage, je range, mais l’avantage d’être au centre, c’est le commerce ; l’inconvénient c’est que tous les autres doivent partir pour qu’on puisse rentrer chez soi.
Je décide de m’offrir une bonne bière en attendant, une puis finalement deux, l’orage gronde au loin. Je suis bien heureuse, j’ai le sentiment puissant d’avoir pour la première fois pris ma vie en main, à moi, à moi seule.
Alors que, guillerette, je retourne à la camionnette, je m’aperçois que tout le monde est parti et que le placier attend à côté de ma place.
L’orage arrive, de grosses gouttes commencent à tomber, j’ouvre la porte arrière de ma camionnette, pour ranger mon tabouret qui risque de tomber.
Et il rentre derechef pour regarder, l’orage explose, des seaux d’eau tombent du ciel, tonnerre éclair.
Et on se retrouve tous les deux dans la camionnette, il me regarde, je détourne le regard, gênée.
Je ne comprends pas bien, je dis « oui bien sûr », son visage est à côté du mien, je sens sa main sur ma nuque, il m’attire vers lui, et m’embrasse à pleine bouche, je me retire.
Je rougis, tout tourne dans ma tête, le marché, la place, les bières, et un éclair d’orage allume tous mes neurones en même temps, mon mari, sa bimbo de 20 ans de moins, aucun homme ne m’a avoué son envie comme cela, franchement, simplement, presque naïvement, cela me fait tellement plaisir. On a envie de moi, hésitante, je bredouille « oui », je lui redonne mes lèvres.
Instantanément, sa langue, dure et rugueuse, plonge dans ma bouche, elle me cherche, me fouille. Il embrasse puissamment à pleine bouche, je cède et dans un gémissement je lui donne ma langue. Il me serre très fort, ses mains sont partout sur mon corps, elles me caressent, me malaxent, impétueuses. Alors qu’il me pétrit mes deux fesses dans ses mains, je gémis de plus belle malgré moi, trahissant ainsi plus fort mon acquiescement.
Un craquement dans mon dos, il vient de dégrafer mon soutien-gorge et déjà mes seins sont dans ses mains, il les pelote, les caresse vigoureusement, me pince les tétons, je suis folle, il m’arrache un nouveau gémissement étouffé par sa langue qui me taraude toujours.
Je porte un legging… Rien de bien pratique, mais déjà il le baisse. Mes fesses à l’air, il caresse mon ventre, et puis… et puis sa main s’insinue dans mon entrejambe. Un sentiment oublié depuis fort longtemps, je me sens humide, vraiment humide, alors qu’un de ses doigts s’insinue vers mon intimité, encore un gémissement de ma part.
Un bruit de ceinturon qui se dégrafe, une main preste qui baisse mon legging au niveau de mes mollets, une langue qui revient impétueuse dans ma bouche, et je sens contre mon ventre son truc dur, qui vient se placer entre mes jambes.
Son sexe frotte sur le mien, il me cherche, à tâtons, comme une troisième main dans le noir. Piétinant sur moi-même, je finis par laisser glisser mon legging aux chevilles… Oufff, un peu plus de liberté.
Joseph passe ses mains derrière ma tête, prend mes cheveux courts à pleine main et me tire la tête en arrière. Se faisant, il me force à cambrer les reins et à me mettre en avant, ouvrant les yeux, je sens le sexe de Joseph ouvrir mes grandes lèvres et gentiment forcer sur les petites l’entrée de mon intimité. Il me regarde droit dans les yeux, un sourire aux lèvres, le regard fixe, volontaire, les yeux dans les yeux il existe ce langage silencieux entre amants que seuls les corps comprennent, l’un disait je vais te prendre, l’autre disait prends-moi là, maintenant.
Le tambour de la pluie sur la tôle de la camionnette laisse présager le summum de l’orage en cours. Nul ne saura faire la différence entre le grondement de tonnerre de l’orage et mon hurlement de femme. Nul ne saura dire la différence entre l’éclair qui frappa la cathédrale et celui qui me déchire les entrailles.
Revenant à moi, mon bassin encore animé de soubresauts convulsifs, je rouvre les yeux et le vois, il est très profond en moi, souriant, jamais je n’ai ni imaginé un tel choc physique ni une telle béatitude, des larmes me coulent sur les joues, des larmes de bonheur, et à 51 ans je viens de découvrir l’orgasme féminin, le vrai, le profond, celui qui t’explose la tête et le corps, qui fait que tu oublies qui tu es, où tu es.
Je lui murmure encore si faiblement qu’il ne peut l’entendre mais le comprendre, reculant un peu lentement, il se renfonce de toutes ses forces avec un hannnnnn de bûcheron, et il recommence, encore et encore, à chaque fois je dis « Ouiiiii ». Et puis, parce qu’il faut bien une fin, que ce n’est ni le jour ni l’heure pour prendre son temps, et que tous les deux on veut tout, tout de suite, il enchaîne en staccato des coups aussi violents, aussi fort que possible.
Joseph ne pense pas ni à sa carrière, ni à ses subordonnées, ni à son salaire, ni à sa prochaine voiture comme mon ancien mari, non, c’est un rural, un homme des bois et des plaines, il fait l’amour à ce moment-là et il ne fait que cela, tout entier, derrière son sexe qui me ravage, animal, sauvage, puissant. Et c’est si bon que je n’y crois pas, je sens l’orage revenir mais en moi, je perds le contrôle à nouveau et essaie en vain de me reprendre, mais déjà je sens ce bout de chair en moi devenir de plus en plus dur, tressauter, alors que Joseph grogne. Puis c’est chaud en moi, plusieurs fois, il se vide. Il manifeste son plaisir. Je m’oublie une nouvelle fois et me laissant envahir, remplir, je crie mon bonheur de femme comblée.
L’orage s’éloigne, ce n’est plus que quelques grosses gouttes tombant sur la tôle de la camionnette « dông, dông ». Reprenant notre souffle, on se met à rigoler de ces rires qui fusent sans raison, mais qui font du bien à l’âme et au corps. Joseph dit :
Que répondre ?
Et le fou rire nous surprend de nouveau en rajustant nos habits.
A suivre…