n° 20674 | Fiche technique | 19099 caractères | 19099 3195 Temps de lecture estimé : 13 mn |
02/01/22 |
Résumé: C’est la saison des voeux, on s’échange des courriers... | ||||
Critères: #revebebe | ||||
Auteur : Amarcord Envoi mini-message |
Mais qu’est-ce que je fous là ?
Vous êtes-vous parfois demandé pourquoi vous fréquentiez ce site, pourquoi il vous arrivait d’y lire ou déposer un texte, d’y laisser une évaluation ? Je n’ai pas de réponse toute faite. Je suis tombé sur RBB par hasard, via une mention sur le blog d’un gars consacré à tout autre chose. J’ai d’abord découvert son environnement graphique assez baroque. J’ai lu un texte au hasard, puis un autre, probablement jugé le premier illisible et l’autre jubilatoire, et j’ai fini par trouver ce grand fourre-tout plutôt sympathique et d’autant plus amusant qu’il consacrait une énergie folle à indexer autour de critères cocasses un corpus formant un grand boxon. Et puis, avec l’inconscience des débutants, je me suis dit chiche, et me suis lancé dans la rédaction d’une série, rien que ça, d’autant plus longue hélas que je n’éprouvais ni nécessité, ni inspiration à le faire. Après le troisième épisode, j’en avais déjà marre de ce feuilleton mélo, tantôt gentil, tantôt grotesque, mais j’ai malgré tout achevé ce que j’avais entrepris, en m’imposant quelques nouvelles contraintes. La seule qui m’importe depuis lors est d’y trouver une forme de plaisir ou de distraction. Il y a donc des éclipses.
On pond ici des textes comme d’autres assemblent des tours Eiffel en allumettes, et mis à part l’un ou l’autre contributeur plus susceptible, on assume probablement tous d’être le François Pignon de quelqu’un, dans ce grand banquet de cons. Je ne suis plus certain d’avoir encore beaucoup de choses à proposer sur RBB : j’y ai soumis – et parfois commis – un peu moins de trente textes, qui n’ajouteront pas grand-chose à la littérature – tel n’était d’ailleurs pas mon projet – mais qui auront occupé ou amusé le brave Pignon que je suis de temps en temps, à la fois amateur de mots et novice en érotisme. À intervalles réguliers, j’éprouve la peur non pas du ridicule, mais du radotage, et je ne compte pas attendre qu’on me le signale pour me placer entre parenthèses. On n’écrit pas pour la postérité, sur ce site : la vie d’un texte est éphémère, une semaine ou deux à peine, le temps pour lui d’accrocher les regards d’une poignée de lecteurs avant de basculer dans les archives de l’oubli qu’il mérite sans doute, en dépit des étiquettes, critères, notes ou évaluations dont on l’aura recouvert.
Je me pose donc régulièrement la question de ma présence ici : je n’ai en réalité aucun appétit spécifique pour le genre érotique. Il ne représente qu’un exercice ludique, et je me force un peu à introduire une légère dose de fesses dans mes devoirs d’écolier attardé pour respecter la contrainte, comme je me sentirais probablement tenu de faire apparaître des orcs, des gobelins, des extra-terrestres ou des failles spatio-temporelles si j’allais m’entraîner sur d’autres terrains de fiction qui ne me sont pas plus familiers.
Il m’a fallu du temps pour oser évaluer. De quel droit ? Et puis je me suis dit que rien n’était pire que l’indifférence, et me suis régulièrement mis à exprimer un avis. Pas systématiquement – j’ai d’autres occupations et centres d’intérêt – et certainement avec moins de rigueur, d’attention et probablement de compétence que le nouvel évaluateur que nous venons d’accueillir, et à qui je m’adresse ici en toute cordialité, comme le signale ce titre qu’il convient toutefois de lire prudemment : parfois un coup part si vite…
Vous avez fait une entrée remarquée parmi les lecteurs, cher vous, bien qu’elle ne fut probablement pas joyeuse pour tout le monde, et en particulier pour celui qui faisait au même moment son entrée sur la scène des contributeurs. Vous l’y accablez depuis lors sans trêve de vos reproches et vos sarcasmes, avec une constance et un appétit qui nous ont même fait échafauder en souriant, un de mes camarades de bar virtuel et moi-même, des hypothèses romanesques et rigolotes pour expliquer cette hostilité. Je précise bien « en souriant », parce que c’est un trait qui nous rassemble. Lui et moi sommes volontiers « bienveillants », ce que vous pourrez si vous le souhaitez convertir en nunuches. C’est vrai que nous sommes un peu concons, tous les deux, enfin surtout lui, l’innocent, qui ampute une bonne part de ses loisirs pour corriger la marée de textes qui déferle au quotidien, plutôt que d’aller tirer des bords ou des frangines sur son littoral de résidence. Nous sommes donc des évaluateurs approximatifs, de bien piètres professeurs d’écriture et des pousses au crime, c’est entendu et même avoué. Profitez-en, c’est la happy hour : au bar virtuel, nous sommes plutôt d’agréable, rigolarde et peu susceptible compagnie, et n’hésitons pas plus à payer notre tournée que vous ne résistez au plaisir de distribuer les baffes. Et si celles-ci sont très appuyées, toutes ne sont pas forcément mal placées, on est plutôt clients du spectacle, à condition qu’il ne se produise pas exclusivement aux dépens d’un seul acteur : faites-en donc profiter tout le monde…
Je passerai très vite sur votre identité. Bien sûr, je me suis demandé si ce pseudo était une variante de celui d’un récent et remarquable auteur. Mais son talent aussi original que manifeste s’exerce davantage dans une loufoquerie un peu lunaire ou un érotisme fiévreux que dans la causticité rageuse. Ce qui m’a fait conclure, selon la formule consacrée, que toute ressemblance avec des avatars… (etc.) Et de toute façon, peu importe : je n’ai pas le goût des romans à clefs, pas plus que je n’éprouve de curiosité particulière à deviner qui se cache sous votre masque. Nous en portons tous au moins un sur ce site, celui-ci me suffit et l’idée même d’alterner les pseudos au moment d’écrire ou d’évaluer m’a toujours paru ridicule. S’il est bien une faute de goût, c’est celle-là. Je ne crains ni n’exerce la vendetta, et je ne pratique pas le renvoi d’ascenseur. Je tâche simplement d’être sincère en commentant un texte, j’y vois une forme de politesse. Si un texte me plaît moins ou me déçoit, je l’écris, en évitant d’être blessant, et je constate que jusqu’ici, aucun des auteurs concernés ne m’en a tenu rigueur. C’est que vous n’avez pas bien lu, ou pas critiqué assez courageusement, me direz-vous, et c’est bien possible, mais à chacun ses priorités et ses indulgences respectives au moment de le faire.
Je vous concède toutefois un point : il y a eu une sérieuse inflation des notes sur RBB, bien plus spectaculaire que celle qui dope le prix du gaz ou du panier de la ménagère. La faute sans doute à une échelle mal calibrée : la note « 10 » ne devrait rien avoir d’insultant, puisqu’elle correspond à « moyen », et il faut plonger jusqu’à 6 pour n’atteindre encore qu’un passable « médiocre ». Mais intuitivement, tout le monde s’est mis à trouver un 10, un 12 ou un 14 bien mesquin. Les cotes d’amour ont donc commencé à fleurir, les compliments aussi. Sur ce site où un bref sondage archéologique me permet de confirmer qu’on cotait plutôt sec à l’origine, c’est désormais champagne pour tout le monde. Et après tout, pourquoi pas, tant mieux si ça fait plaisir et soutient le moral de nos gentils ménages plus ou moins légitimes, dope leur libido et leur livre l’impression d’être équipé d’attributs textuels flatteurs. À quoi bon remettre un peu d’ordre et de raison dans ce barème ? Tout ça ne nous rendrait ni l’Algérie, ni le Congo, ni l’Acadie, et nos amis Suisses confirmeront qu’il n’y a pas le feu au lac.
Mais quand un nouvel évaluateur apparaît pour balancer les tomates, forcément, ça nous change de l’évaluation en mode « École des fans ». Et d’un côté, c’est très bien comme ça. Ça peut nous dégonfler les chevilles, à condition bien sûr que celles du trublion ne soient pas elles-mêmes dans un état plus inquiétant.
Vous ne manquez ni de culot, ni de talent, ni de suite dans les idées. Un critique a tout à fait le droit d’être caustique, de partager son avis sans prendre de gants. Se donner à lire, c’est accepter de déplaire. Je désapprouve les susceptibilités d’auteurs, à l’exception de celles qui réagissent à la mauvaise foi crasse, aux erreurs manifestes ou aux attaques ad hominem. Certaines de vos interventions piquantes n’étaient pas absurdes, et je m’excuse auprès des collègues qui les ont essuyées : elles m’auraient tout autant amusé si elles s’étaient attachées à décoder mes propres tics d’écriture ou railler certains de mes textes. Ceux-ci ne trouveront quoi qu’il arrive jamais d’évaluateur plus impitoyable que moi-même. J’y vois a posteriori et même a priori bien des défauts. Mais de façon générale, je suis certainement bien plus indulgent que vous ne l’êtes. Ou du moins, pas sur les mêmes critères. Il y a certains textes parfaitement bien brossés qui n’en sont pas moins affligeants ou dégueulasses. Et d’autres qui, tout en piétinant le style ou la grammaire, dégagent pourtant une certaine grâce. Les défauts, je les vois, mais je n’en dresse pas l’inventaire à la loupe. Nous sommes à mon avis assez rares, parmi les colleurs d’allumettes, à prétendre à la littérature et au chef d’œuvre. Et sur un site d’amateurs, ce sont parfois les défauts et les maladresses qui sont les plus touchants. Nous ne siégeons pas à l’Académie, nous logeons au camping.
Il y a bien plus de gens qui lisent Marc Levy que Franz Bartelt ou Richard Morgièvre, pour prendre de véritables écrivains contemporains scandaleusement sous-estimés, et ça pourrait me désoler, si je ne me consolais pas en reconnaissant qu’au moins ces gens-là lisent « quelque chose », un objet ni très littéraire ni très folichon, difficile à qualifier. Mais ils lisent pour une fois autre chose que l’écran de leur smartphone, c’est déjà ça, et je veux bien le mettre au crédit du champion du box-office, même si j’éprouve moi-même autant de plaisir à sa lecture qu’à celle du mode d’emploi mal traduit du chinois fourni avec la saloperie d’appareil qui nous tient désormais lieu de boulet au pied.
Il reste donc malgré tout des gens qui lisent, et qui lisent parfois triste, mais je crains qu’ils soient désormais bien plus rares encore, ceux qui s’aventurent à écrire. Je ne me scandalise pas que leurs efforts s’exposent à la critique. La seule chose qui m’exaspère est de voir quelqu’un leur reprocher l’outrecuidance d’oser écrire et les inviter à plutôt s’abstenir de le faire. J’ajoute d’ailleurs aussitôt que vous n’étiez pas celui qui l’a suggéré pour accueillir le premier texte de ce nouveau contributeur dont la production vous consterne.
Je ne m’adresse pas à vous en shérif, je ne suis ici qu’un quidam, je n’appartiens pas à ce comité éditorial si mystérieux dont il m’a fallu bien du temps pour découvrir qu’il ne constituait pas une société secrète abritant l’identité de ses membres sous une cagoule, mais que celle-ci était discrètement, mais publiquement révélée dans le forum, à la rubrique « groupes ». Peut-être certains d’entre eux désapprouveront-ils d’ailleurs mon initiative, soit qu’ils trouveraient plus approprié de l’exiler sur le forum dépeuplé, soit qu’ils la jugeront intempestive, la brumeuse superstructure de cogestion de ce site favorisant judicieusement la liberté, à l’exception de la charte qui encadre légitimement ce qu’il est prêt à publier.
Et je ne veux surtout pas limiter la vôtre, de liberté. Votre sévérité est presque salutaire, elle nous invite à refuser toute complaisance, à lire (ou nous relire) plus attentivement, à éviter que les déjà trop rares commentaires se diluent dans un mince filet d’eau tiède. Quand un nouvel évaluateur inscrit se présente, qu’il a du tempérament, des opinions bien tranchées, le sens de la formule, et ne s’embarrasse pas de vaines précautions diplomatiques, il peut fournir un contrepoids bien utile au ronronnement, et j’aurais plutôt tendance à m’en réjouir.
Mais j’oserai à mon tour vous avouer que je ne trouve pas votre armure sans défaut. Et tant pis si vous n’êtes pas disposé à l’accepter. Les critiques revendiquent souvent une ironie qu’ils digèrent mal quand on la leur retourne. Osez faire preuve à leur égard d’un soupçon de malice, et leur fureur redouble. À ce stade, je vous avoue être tout à fait incapable de décider si votre verve, assez savoureuse quand elle vise autrui, est aussi capable de l’autodérision dont il convient de se munir quand on écrit ou évalue chez les François Pignon que nous sommes. Soyez donc impitoyable si vous y tenez, cher évaluateur, et je m’amuserai ou m’instruirai volontiers de tous les indices de médiocrité recueillis lors de vos « descentes de police » en nos rangs, chaque fois qu’elles s’appliqueront elles-mêmes la discipline de ne pas cibler de façon exclusive celui qui semble pour l’instant former pour vous l’éternel suspect ou l’ennemi public N° 1.
Et croyez bien que je ne vous invite surtout pas pour autant à être « objectif » : soyez férocement subjectif, mais alors partout et pour tout le monde, et votre jeu de massacre en deviendra presque joyeux. C’est plutôt amusant, un peu de polémique ou de castagne dans les commentaires, et si je ne dispose d’aucune autorité pour l’approuver, ça ne me déplairait pas qu’on se foute gentiment sur la tronche dans le village gaulois, à coups de « Comment ça, il est pas frais mon pornax ? » Voilà de quoi amener un peu de la vie qui manque tant au forum, à Petibonum, Babaorum, Aquarium et Laudanum.
Si je puis me permettre, vos griefs si détaillés (un peu trop) et parfois justifiés seront d’autant mieux présentés qu’ils éviteront les arguments d’autorité, les crayons rouges, les sentencieux doigts levés. La critique peut être rude, mais elle gagne toujours à se faire un tout petit peu humble, ou au moins à introduire dans sa formulation, à défaut de cette bienveillance dont je peux comprendre qu’elle vous écœure, un peu d’humour, quelques traces de ce réjouissant mauvais goût potache qu’il vous arrive d’oser avec un jeu de mots foireux. L’ironie est plus éloquente que l’emportement. Faute de ce soupçon de distance qui désamorce les bombes, il devient alors tout à fait possible de blesser gratuitement, d’avoir un peu raison tout en ayant franchement tort.
Je ne vous reproche pas de détester la prose d’un contributeur, je regrette davantage que vos griefs à son égard se superposent en couches successives, en mode Gillette. La première lame tranche le poil d’un coup sec, la deuxième redouble l’argument en commentaire afin que l’épilation soit totale et définitive. L’ai-je bien achevé ? L’inventaire est si complet qu’il en devient envahissant, boursouflé, joyeux comme un bulletin scolaire, en dépit de votre talent d’observation et d’expression. On ne pourra pas vous reprocher de manquer d’arguments : les vôtres sont articulés, classés, appuyés de longues citations. Vous n’accordez aucune grâce, multipliez les coups sur ce garçon comme le Bourreau de Béthune les distribuait sur le ring, et gare à l’arbitre qui tenterait de faire tinter la cloche. Et peut-être le faites-vous par amour sincère de la langue française, ce qui vous honore, mais tout cet arsenal est-il vraiment proportionnel à la menace ? Si c’est cet échantillon très ciblé qui vous semble mettre en péril critique notre idiome, sa syntaxe et le bon goût, n’allez surtout pas fouiller trop profond dans les 20 000 contributions qui le précèdent. Les correcteurs font ce qu’ils peuvent, mais il arrive un moment où la tâche s’avère surhumaine, et leur accablement, bien que discret, risque bien de surpasser le vôtre. Certains ont plutôt pris le parti d’en rire et de réunir les plus belles fleurs dans des anthologies qui déclenchent plus sûrement l’hilarité que la colère.
Je trouve en revanche parfaitement déplorable que vous ajoutiez pour la troisième fois à cette démonstration magistrale la note de « 1 », cote d’exclusion ou cote d’humiliation à votre jury souverain. Je me contrefous des notes, je les distribue sans grande cohérence, sans doute avec un excès de générosité, et adapte parfois l’échelle à l’humeur du moment, ou à la sévérité variable dont on peut faire preuve, selon qu’on lise un contributeur confirmé ou un débutant. Dans l’échelle des notes, aucune légende n’a été prévue pour qualifier le « 1 ». Puisque le « 2 » correspond à « nul », laissez-moi vous traduire l’étiquette collée sur la note inférieure : un bien violent « ta gueule », et ça, je ne supporte pas qu’on l’inflige gratuitement à quiconque, pas plus à vous qui commentez qu’à ceux que vous lisez, en particulier lorsqu’ils viennent tout juste d’atterrir et découvrent un si charmant comité d’accueil. Je sais, ça doit être mon côté boy-scout, que voulez-vous, on ne se refait pas.
Il ne faudrait pas que la prétention que vous reprochez à ceux qui tentent d’écrire avec leurs moyens change de camp. C’est tout ce qui distingue la saveur que peut avoir une critique un peu cruelle de la cuistrerie qu’il y a à mépriser « le goût des autres ».
Bienvenue dans cet espace d’expression, j’y accueille la vôtre avec intérêt, bien qu’assez peu convaincu que celui-ci puisse provoquer chez vous autre chose que de l’indifférence. Je ne sais toujours pas ce que je fous ici, et j’ignore tout autant ce qui vous y amène. Je sais juste que j’accepte très volontiers l’hypothèse d’y voir ma propre prose critiquée, ou même détestée. Mais j’ai un peu passé l’âge de subir les corrections, ou de ne pas m’émouvoir de les voir pleuvoir à répétition et à coups de règle sur le cancre désigné par le Maître. Celui qui veut toujours avoir le dernier mot, celui qui ne concède jamais rien, ni un sourire, ni un argument, ni un répit, s’enferme alors dans un plaisir punitif si solitaire qu’il en devient coupable. Et ce n’est pas tout à fait l’esprit de cet improbable espace collectif, dont la variété fait le charme, et où l’imperfection est la norme.
Je vous adresse donc mes salutations cordiales : mon intention n’était pas de vous prendre à partie. Mais plutôt d’exprimer cette curiosité : qu’est-ce qui vous amène ici ? Jouir de détester, ou s’autoriser aussi la surprise d’être parfois agréablement surpris ? Sévir sans jamais encourager ? Ce n’est probablement pas en ce lieu que vous pêcherez au gros, on y taquine surtout l’ablette, quand ce n’est pas la vieille godasse éventrée. Il m’arrive moi-même d’en ferrer de pas bien ragoûtantes. Mais dans ce cas-là, je ne m’entête pas à lire les œuvres complètes de l’auteur pour lui manifester systématiquement mon déplaisir et devenir sa Némésis. Je m’abstiens. Il y a si peu de temps offert et tant de belles choses à lire ou faire, plus agréables que de déchiffrer sans cesse ce qu’on déteste pour confirmer ad nauseam son ennui. « La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent », aurait dit Einstein. Elle consisterait peut-être tout autant à reproduire sans cesse la même expérience pour se réjouir à chaque fois avec gourmandise de son résultat décevant. Mais vous n’êtes ni fou ni idiot, bien au contraire, et si je n’approuve pas tous vos sarcasmes, je les trouve souvent intéressants. Puisque c’est de saison, c’est en toute sincérité que je vous souhaite de belles lectures et de joyeux moments en cette année qui s’ouvre, y compris ici, on n’est jamais à l’abri d’un miracle…