n° 20824 | Fiche technique | 30044 caractères | 30044Temps de lecture estimé : 16 mn | 12/03/22 |
Résumé: Rosa sympathise avec Brigitte, la nouvelle secrétaire. De révélations en confidences, un sentiment plus tendre s’installe entre les deux femmes. | ||||
Critères: ff collègues -lesbos | ||||
Auteur : Polyphème Envoi mini-message |
DEBUT de la série | Série : Les numéros de Rosa - Sept Chapitre 01 | Épisode suivant |
1982
Rosa avait trente ans. Elle venait d’être recrutée comme comptable dans une administration. C’était une fort jolie femme, mince, de taille plutôt petite, très brune avec des yeux foncés – ses indéniables origines espagnoles… Ses tenues d’une élégance assez classique mettaient en valeur la finesse de sa taille, le galbe de ses seins et la rondeur de ses fesses.
Elle avait eu, dès son arrivée, maille à partir avec la jeune, séduisante et blonde, secrétaire du service : la dénommée Carole était une allumeuse qui régnait sur une cour de mâles plus ou moins conscients de son jeu trouble…
De fait, Carole, envieuse de sa beauté plus sage et plus mature, avait tout de suite vu en elle une rivale potentielle et, en dépit de la bonne volonté de Rosa, de sa cordialité naturelle et de ses tentatives d’approche et de conciliation, elle avait maintenu entre elles une distance froide, hautaine et fielleuse, ne perdant pas une occasion de la mettre en défaut ou mal à l’aise, voire de la ridiculiser. Et la patience de Rosa avait fini par atteindre ses limites ce jour où Carole l’avait interpellée pour la mêler à une conversation avec quelques collègues.
Elle avait alors égrené les questions à voix haute, les assortissant de commentaires ambigus destinés à provoquer les rires de l’assistance, et puis, s’arrêtant soudain, elle l’avait interpellée avec un sourire faussement cordial.
Et elle avait éclaté de rire ! Ce jour-là, Rosa avait abandonné tout espoir de rapprochement et toute velléité de s’accommoder avec elle…
Les piques quotidiennes de Carole lui firent alors subir de tels tourments que sa vie de couple fut, elle aussi, mise à rude épreuve, son époux ne comprenant pas pourquoi elle ne se contentait pas d’ignorer la chipie qui, selon lui, se serait lassée de porter des coups qui ne l’atteignaient pas. Las ! Rosa était touchée et meurtrie, bien au-delà de ce qu’il imaginait, d’autant que sa rivale étalait sans pudeur aucune ses jeux érotiques, ses fantaisies amoureuses ainsi que les prouesses de son homme, lui faisant cruellement ressentir, à tort ou à raison, la monotonie, la morosité, la frustration…
Quand au bout de trois ans, la peste blonde finit par quitter le service, son départ ôta, on s’en doute, un poids à Rosa qui retrouva sa place légitime au sein de ce microcosme impitoyable et mesquin, tandis que, parallèlement, sa vie sentimentale et ses ébats intimes en étaient heureusement ragaillardis…
Pendant quelques mois, Rosa assura l’intérim de la blonde et fut unanimement appréciée pour la qualité de ses prestations. Le surcroît de travail ne la dérangeait guère, mais elle fut néanmoins soulagée par l’arrivée de Brigitte, une Perpignanaise de vingt-deux ans à l’accent chantant, pulpeuse brune aux yeux verts. Dotée d’un caractère bien trempé et de manières franchement différentes de sa devancière, Brigitte n’était pas du tout en compétition avec son aînée et, au contraire, faisait montre d’une solidarité à toute épreuve avec elle !
Le courant était immédiatement passé entre elles, et elles avaient tout naturellement sympathisé : ce fut pour Rosa une véritable libération et l’ambiance du travail s’en trouva allégée, assainie !
Une solide complicité unit rapidement les deux femmes et ce fut en toute quiétude qu’elles commencèrent à se confier l’une à l’autre sitôt qu’elles étaient certaines de ne pas être dérangées.
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Ce jour-là, Rosa avait évoqué les manières détestables de Carole et dressé un parallèle avec la conduite, à ses yeux exemplaires, de Brigitte…
Il y eut un blanc et Brigitte rougit.
Un coup de fil inopiné mit fin à ses explications, et la journée de travail se poursuivit comme si de rien n’était.
Il n’empêche, d’abord surprise, Rosa avait de fait été troublée par le naturel et la franchise de la jeune femme : sans en être véritablement consciente, et tout en sachant parfaitement ce qu’elle faisait, son comportement évolua d’une manière surprenante et elle se mit à parler de sexe d’une façon si décomplexée et si enjouée que Brigitte n’ignorait pas grand-chose de ses attentes amoureuses !
Et cette double conclusion mettait généralement fin à leurs discussions !
Les deux femmes partageaient ainsi régulièrement, sinon leurs fantasmes, leurs fantaisies, extravagances ou excentricités intimes plus ou moins saugrenues, plus ou moins convenables qui les émoustillaient plus que de raison ! Rosa laissait entendre qu’elle avait éprouvé ses plus extraordinaires jouissances dans la soumission et la contrainte, parfois agrémentées de ligotages et de fessées, et Brigitte lui confiait son goût pour les jeux de rôles, parfois costumés, où elle et ses amies laissaient libre cours à leur imagination.
Brigitte, heureuse de pouvoir s’épancher et librement parler de ses aventures occitanes comme de ses amourettes parisiennes, commença à inclure sa jolie collègue dans certains de ses fantasmes, sans pour autant vraiment imaginer une suite concrète, un débouché amoureux. Et comme elle avait toujours eu un joli coup de crayon, elle se mit à croquer Rosa, sa silhouette, son visage, à donner à ses formes une volupté imaginée, rêvée, pressentie : décidément oui, cette femme lui plaisait !
Et puis Rosa, aussi, vraiment, aimait bien Brigitte…
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Ce matin-là, à peine Brigitte était-elle entrée dans son bureau que Rosa avait senti le jasmin et la vanille dont les senteurs embaumaient délicieusement son amie.
Le ton offusqué que prit Rosa était accompagné d’une grimace comique qui les fit rire toutes les deux.
Et elle avait ainsi passé toute la matinée à se griser auprès de Brigitte…
Comme elles étaient revenues très tôt de déjeuner, elles compulsaient distraitement un catalogue de vente par correspondance qui circulait dans le service. Brigitte était assise et Rosa, penchée en avant, s’appuyait nonchalamment sur le bureau. S’arrêtant au fameux « masseur de joue », elles se regardèrent avec un air entendu.
Brigitte fit comprendre à Rosa qu’elle possédait d’autres jouets que le masseur de joue : celle-ci parut intriguée, mais ne lui demanda pas de précisions complémentaires… Brigitte, craignant de mettre mal à l’aise son amie, tourna rapidement la page et elles continuèrent à feuilleter. Elles consultèrent alors les pages « Lingerie ». Brigitte s’intéressait aux déshabillés quand Rosa recherchait plus spécialement un justaucorps – un body. Comme Brigitte semblait réticente à ce genre de parure, Rosa s’étonna et son amie lui confia ses interrogations sur la pertinence d’un achat « de ce genre » compte tenu de sa morphologie.
Rosa se redressa et écarta légèrement les pans de sa robe, dévoilant ses cuisses gainées de bas couleur chair.
Elle remonta un peu plus sa robe pour révéler une culotte de dentelles blanches et de satin beige sur un porte-jarretelles assorti…
Elle élargit son décolleté pour fièrement exhiber son soutien-gorge coordonné et, tirant légèrement sur le fin tissu pour bien le montrer, donna à son sein un volume, un galbe, une rondeur qui enflamma Brigitte.
Sa protestation sonna si faux qu’elles éclatèrent toutes deux de rire.
Il y eut un léger brouhaha derrière la porte. Elles n’étaient plus seules.
Rosa rougit légèrement et referma sa robe.
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Brigitte ferme la porte de son appartement et cherche directement son carnet d’esquisses qui déborde de feuilles volantes qui, lorsqu’elles s’échappent, semblent vouloir lui dévoiler un dessein, lui délivrer un message, lui frayer un chemin.
À plat ventre, sur son lit, ses jambes nonchalamment ouvertes gainées de soie, son buste légèrement relevé laissant à voir le galbe d’un sein, Marthe regarde Brigitte avec un air languide… Marthe, l’indolente trentenaire qui, comme Rosa, raffolait de lingerie, et qui, comme Rosa, mettait un point d’honneur à s’habiller bien en dessous, et en tout cas chaque fois qu’elles se retrouvaient !
Elle tire un autre portrait de Marthe et sourit en voyant la manière dont elle a croqué les seins lourds de sa voluptueuse amie, marqués de traces de son rouge à lèvres à elle, sa jeune maîtresse : elle aimait particulièrement la représenter après leurs ébats, en sueur, échevelée, alanguie dans une désinvolture sensuelle qui ne laissait aucun doute sur le lien qui unissait l’artiste et son modèle…
Un autre dessin tombe du carnet. Jacqueline, à moitié adossée contre la tête de lit, maintient avec les mains ses cuisses obscènement écartées tandis qu’une autre femme, allongée, de dos, lui prodigue une caresse buccale. Jacqueline sourit et son regard semble fixer l’artiste, Brigitte s’est représentée elle-même en amante vorace, avec ses grains de beauté dorsaux et sa coupe de cheveux au carré. Avec un brin d’excitation, elle ne peut s’empêcher de trouver une ressemblance avec Rosa.
Dans le carnet, les dessins d’après modèle alternent avec les scènes où elle se représente, généralement de dos, ne retenant, comme avec Jacqueline, que quelques détails caractéristiques de son anatomie.
Et voici son adaptation des trois Grâces de Rubens : elle a gardé les postures de l’artiste, mais s’est employée à reproduire d’une manière très fidèle les corps de Véronique et d’Isabelle… et du sien, propre. Elle avait voulu ainsi témoigner de cet instant de pure volupté qui les avait toutes trois réunies à l’issue d’une soirée très libérée. Un trio avec Rosa ? Voilà qui aurait du piment !
Elle songe à un autre dessin qu’elle peine à retrouver : une vue d’artiste où elle…
« Oh ? »
C’est un autoportrait du début de son séjour à Paris, nue sous son peignoir grand ouvert. Elle a exagéré le volume et la lourdeur de ses seins, comme la luxuriance de sa toison, mais elle se trouve appétissante ! Et voici Sandrine, d’après nature : la corde qui ligotait sa maîtresse d’un soir s’enfonçait dans ses chairs et faisait rebondir et saillir ses seins opulents aux pointes incroyablement érigées. Bien sûr, elle avait forcé le trait, mais l’idée était là.
Elle a enfin trouvé ce qu’elle cherche. Elle n’a pas donné de visage à la femme qu’elle est en train de prendre en levrette avec son godemiché… enfin, plus exactement, ses cheveux la cachent. Était-ce Aline ? Sylviane ? Elle ne se rappelle plus…
Un autre portrait de Marthe, agenouillée dans la cuisine avec un concombre à la main… Son sourire montre qu’elle connaît parfaitement la dextérité de sa maîtresse dans le maniement de ce genre d’accessoire ! Et toujours cette ressemblance avec Rosa !
Rosa Rosa Rosa…
Il est vrai qu’elle fantasme fréquemment sur elle ! Et, assez souvent, elle a envie d’elle… et elle voudrait qu’elle soit là, pour elle, nue, dans son lit…
Elle sort quelques-uns des crayonnés qu’elle a réalisés d’elle, au bureau, à la dérobade : de face, de trois quarts, de profil… Elle a envie de leur donner un peu plus de corps et d’y inclure les détails que son amie lui a bien espièglement révélés : elle a beaucoup aimé ses jolis seins dans leur écrin de satin et de dentelles, et elle les imagine libres de toute contrainte, offerts à son regard, à ses caresses, à ses baisers… et bien sûr, pas question de s’arrêter en si bon chemin !
Rosa Rosa Rosa…
Sera-t-elle réservée, timide, effarouchée ? Ou bien enthousiaste, enivrée, vicieuse ?
Oui, enthousiaste, enivrée et vicieuse… La ressemblance avec Jacqueline lui semble de plus en plus flagrante et elle reprend le dessin où elle dégustait sa chatte !
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Rosa avait gentiment rabroué un collègue qui s’intéressait un peu trop manifestement à son décolleté.
Tout ceci était parfaitement factuel… et vrai.
Jusqu’au dénouement.
Parce que non, Rosa n’avait pas résisté aux avances de madame Nadine.
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Dans le train de banlieue qui la ramène chez elle, Rosa caresse distraitement le petit carnet à la couverture rouge qui ne la quitte jamais. Ses pensées vagabondent.
Danièle. Non, pas Danièle. Martine. Inge. Nadine – madame Nadine ! Dany. Monique. Muriel. Pas Carole.
Six.
Non. Elle ne comptera pas Danièle. Premiers baisers, premières caresses, premiers troubles… Mais il s’agissait d’essayer quelque chose pour ne pas avoir l’air – l’une et l’autre – trop empotées avec les garçons ! Et Danièle n’avait jamais manifesté la moindre attirance pour son propre sexe. Alors, non, pas Danièle.
Et bien sûr, pas Carole.
Une fois encore, Rosa dresse une manière d’inventaire de sa vie sentimentale et, cette fois encore, elle s’interroge sur ses aventures féminines, sur ces femmes qui ont vraiment compté pour elle… Cette fois-ci, pourtant, la situation est différente et il ne s’agit pas – pas seulement – d’épingler un joli papillon à sa collection.
Lorsqu’elle avait trouvé, assez facilement, son premier emploi, comptable dans une petite entreprise, elle avait emménagé dans un petit studio et goûté les joies de l’indépendance. Elle avait d’emblée été contrariée, déçue, frustrée par ses premiers jeux avec les garçons. Trop peu avertis, trop peu inventifs, trop arrogants ! Fallait-il vraiment faire avec eux… faire « ça » avec eux ?
Elle s’en était ouverte à qui voulait l’entendre et Martine lui avait proposé autre chose. D’abord un peu réticente, Rosa avait fini par se laisser convaincre et entraîner dans des jeux amoureux qui lui avaient révélé la volupté d’exprimer sa sensualité, et d’assouvir sa libido. Rosa se découvrait dévergondée, impudique, indécente, et elle n’en concevait aucune gêne, aucune honte ! Elle aimait donner du plaisir autant qu’en recevoir ! Elle aimait sentir les pointes des seins de son amante durcir sous sa langue, entre ses dents ! Elle aimait le goût et le parfum de sa chatte ! La révélation du corps féminin – du sien et de celui de l’autre ! L’ivresse du plaisir donné, du plaisir reçu, du plaisir partagé et du partage du plaisir !
Leur flirt avait duré trois mois, et leurs chemins s’étaient séparés. Après Martine, il y avait eu la belle Inge, une jeune Allemande rencontrée par hasard au camping. Combien de fois s’étaient-elles retrouvées en tête-à-tête ? Chaque fois qu’elle y pensait, elle se disait que le terme « tête-à-tête » était bien mal choisi ! Il y avait eu Nadine, puis Monique, la femme d’un collègue de Michel : les époux, gendarmes-motocyclistes, étaient trop souvent en déplacement… Toutes deux étaient deux jeunes mères au foyer – la caserne ! Elles n’eurent que peu d’occasions d’assouvir leurs désirs, mais suffisamment pour garder le contact, et pour le coup, restèrent de véritables « amies de cœur » ! Ce ne fut pas le cas avec Muriel, mère au foyer avec qui elle avait sympathisé lorsqu’elle emmenait ses enfants à l’école. Beaucoup de temps libre pour des après-midi sans retenue… et sans lendemains !
Furtivement, elle feuillette maintenant le carnet rempli de son écriture fine et serrée : elle le garde toujours par-devers elle, car elle y consigne périodiquement ses aventures et ses fantasmes, et il n’est pas question que quiconque accède à ses pensées intimes ! À vrai dire, écrit dans un mélange de français et d’espagnol, et de surcroît empli d’abréviations, quasi codé il est incompréhensible à tout autre qu’elle, ou tout du moins difficilement lisible !
D’ailleurs, lorsque Michel, son époux, l’avait un jour trouvé par hasard et que, sans malice particulière, il avait tenté d’en déchiffrer les lignes, il n’y avait absolument rien compris ! Il s’en était ouvert à Rosa qui, maîtrisant à grand-peine sa peur d’avoir été découverte, lui avait avoué qu’il s’agissait d’histoires qu’elle s’inventait pour faire travailler son imagination, mais qui n’avaient aucun intérêt pour tout autre qu’elle, et qu’elle interdisait à quiconque de le lire ! Il avait pour toute réponse haussé les épaules en lui disant, peu finement sans grande diplomatie, que personne n’aurait idée de s’intéresser à un tel fatras de mots qui n’étaient rien d’autre qu’élucubrations et niaiseries d’une adolescente attardée.
Elle lit quelques lignes et sourit en songeant à Nadine. Elle s’étonne de sa propre audace et se dit qu’un romancier, ou mieux, une romancière, en mal d’inspiration, saurait tirer parti de ses histoires !
Nadine, madame Nadine. Elle garde pour elle un indéfectible sentiment. De près de vingt ans son aînée, l’ancienne prof de gym avait effectivement remarqué sa grâce et sa souplesse et proposé des cours de danse classique : Rosa était immédiatement tombée sous son charme et si elle avait effectivement affirmé n’être pas tentée, elle n’avait opposé qu’une molle et symbolique réticence et s’était laissée convaincre sans difficulté.
Madame Nadine avait fait partie du corps de ballet de l’opéra de Paris, et de nombreuses photographies en témoignaient. Par ailleurs – mais seules les initiées étaient au courant –, elle avait été danseuse au Crazy Horse… Malgré leur différence d’âge, elles avaient vécu une liaison enflammée qui avait duré près de six mois.
La première tâche à laquelle madame Nadine s’était attelée avait été de donner à cette fille décontractée et un peu trop hippie – c’était l’usage chez les jeunes gens au début des années 70 –, les clés du raffinement et de l’élégance. La convainquant de la nécessaire rigueur de son maintien, elle l’avait aidée à trouver son style vestimentaire, à contre-courant de l’époque, à la fois strict – talons hauts, tailleurs cintrés –, et discrètement suggestif – soie et dentelles. « Quand on est bien habillée au-dessus, il faut l’être aussi au-dessous… » avait-elle expliqué à sa jeune maîtresse, et elle avait ajouté que : « lorsqu’on est sévère au-dessus, il faut avoir de la fantaisie en dessous » !
Et Rosa, ravie, s’était laissée de bonne grâce instruire et manipuler !
Car madame Nadine l’avait initiée à des jeux érotiques auxquels elle n’aurait jamais pensé ! Elle avait ainsi découvert l’usage de jouets érotiques, et s’était laissé entraîner dans des jeux de rôles où elle s’était laissé aller à ses fantasmes les plus surprenants ! Et même, par trois fois, elle l’avait accompagnée à des soirées « exclusivement féminines » ! Combien d’autres femmes avait-elle finalement connues ? Elle avait de toute façon renoncé à compter et n’avait retenu aucun prénom, aucun visage…
Mais il y avait eu aussi Dany, une « amie » de madame Nadine qui les avait à plusieurs reprises rejointes dans leurs ébats. Rosa avait été très attachée à Dany, mais elle hésitait toujours à la différencier de cette masse de filles anonymes, à la sortir du lot, car elle ne l’avait jamais vraiment rencontrée en dehors de madame Nadine, et lorsqu’elle comptait ses maîtresses, elle lui attribuait le numéro trois bis !
Mais Carole… Ah, Carole ! Le charme de la blonde et pulpeuse secrétaire l’avait troublée tout autant que ses collègues mâles ! Elle s’était imaginée l’initiant aux plaisirs saphiques et, avec beaucoup de bonne volonté, avait tenté de se rapprocher d’elle jusqu’à son humiliante sortie sur la douceur des caresses féminines… avait-elle soupçonné ses désirs ? Ne l’avait-elle pas, comme les autres, délibérément allumée, provoquée, séduite ? Amère, dépitée et insatisfaite, elle avait trouvé une manière de vengeance virtuelle en inventant des scénarios débridés où elle, Rosa, soumettait la blonde allumeuse aux situations les plus improbables, scabreuses, et jouissives !
Ces fantasmes, ces fantasmagories ont rejoint ses souvenirs dans son journal intime, mais lorsqu’elle relit ces lignes, c’est presque inconsciemment qu’elle y associe Brigitte… D’abord, et très rapidement, elle lui cède sa propre place pour contraindre Carole et poursuivre une manière de revanche. Mais d’autres idées traversent son esprit et embrouillent ses pensées : et si, simplement, Brigitte remplaçait Carole, ou bien si, inversant les rôles, elle-même se pliait aux désirs de sa délicieuse collègue ?
Elle relit les derniers mots qu’elle a écrits avec une écriture serrée et quasi indéchiffrable.
Brigitte, te gusta follarme ?
À suivre…