n° 20986 | Fiche technique | 50908 caractères | 50908Temps de lecture estimé : 26 mn | 04/07/22 |
Résumé: Ce n’est pas celui de Fouché et Talleyrand, mais ce souper là réservait aussi quelques surprises ; de bonnes, d’inquiétantes, et de délicieuses. Pour la narratrice, c’est l’occasion de prendre connaissance du contrat de soumission. | ||||
Critères: ff fplusag campagne fête fsoumise fdomine voir exhib noculotte cunnilingu nopéné uro piquepince -lesbos -dominatio | ||||
Auteur : Dyonisia (Rêves et autofictions… souvenirs et confidences…) Envoi mini-message |
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Résumé des épisodes précédents :
J’ai pu retrouver et rencontrer la rédactrice du journal intime dont j’avais tiré le récit – un peu romancé – de l’« Histoire de Colette ». Cette dame d’un certain âge m’a conquise par ses qualités humaines. Le séjour chez elle, dans l’arrière-pays provençal, méritait en lui-même d’être relaté.
Amusée et émue de la transcription, relativement fidèle, que j’avais faite de ses notes, mon hôtesse consentit à me raconter quelques-unes des péripéties vécues après sa rencontre avec la fameuse notaire, Me Ève L*, à commencer par les premières heures éprouvantes de son arrivée chez celle qu’elle avait délibérément choisie pour Maîtresse. Une prise de contact qui l’invita à se prêter aux investigations poussées des résidentes permanentes de la maisonnée.
(J’ai mis en récits les confidences de Colette, recueillies au gré de sa fantaisie. Chaque épisode suit au mieux la chronologie des faits, après avoir été relu et validé par l’intéressée.)
Il fait beau, le vent s’est calmé. Nous sommes installées sur la terrasse de l’hôtel-restaurant où m’a conviée Colette. Le patron la tient en grande estime si j’en crois la goûteuse eau de figue dont il nous a gratifiées au café après nous avoir fait apprécier en salle sa spécialité de pieds paquets. Nous la sirotons au doux soleil d’un début de printemps en devisant de choses et d’autres, futiles ou intimes.
Rien ne vaut la commensalité pour mieux se connaître. Colette sait admirablement jouer du partage des repas pour m’amener à des confidences que je n’aurais jamais faites à mes plus proches amies, ni même à mon mari. Mais je dois lui rendre justice, elle n’est pas avare des siennes. Et elle m’en fait don avec une sérénité qui gage de sa sincérité. Bref, si nous ne nous sommes rencontrées en personne que depuis vingt-quatre heures, nous savons déjà à peu près tout l’une de l’autre, autant sinon plus que si nous ne nous étions pas quittées depuis la naissance.
Je suis bien. La tête me tourne un peu, je suis délicieusement grise. La faute à la bouteille de Vaqueras généreusement consommée, peut-être. Ou bien à cause de la cigarette que m’a roulée Colette, en me chuchotant, sourire aux lèvres, qu’elle avait tous les vices : la boisson, la fumette, et le cul ! C’est une conception de la vie qui ne m’est pas tout à fait étrangère, au fond. Je me rangerais volontiers à cette approche sybarite. Je suis bien…
Je rêvasse, Colette se tait. Elle s’était à nouveau extasiée sur la beauté de la nature lorsque nous étions arrivées en vue de notre destination prandiale. Jusqu’alors, elle m’avait surtout enseigné les arcanes de son contrat de soumission entre deux anecdotes piquantes sur son stage de formation. Elle n’est plus revenue sur ces sujets à table et j’ai respecté sa réserve.
Maintenant, nous sommes seules. J’ai en tête une foule de détails sur lesquels je brûle de la questionner. Oserai-je rompre la trêve de la sieste, ou dois-je me résoudre à espérer que la lecture promise pour ce soir m’apporte les réponses ? J’hésite trop longtemps à prendre une décision. Colette me devance en se levant.
J’acquiesce aussitôt, stimulée par le sous-entendu de la proposition.
Trois minutes après, je suis dotée d’un mauvais stylo et d’un bloc de feuilles estampillées à la gloire d’une cave vinicole locale. Seule difficulté, la dispute amicale sur qui réglera la note du repas ! Colette la revendique : je suis son invitée. Le patron est de son côté. Je m’incline.
Nous partons après d’ultimes échanges d’aménités et je nous laisse parcourir un bout de route avant d’évoquer la convivialité de ce déjeuner.
Pour mieux me convaincre, elle me cite des exemples de métiers allant de l’administration fiscale au transport routier, en passant par l’enseignement ou le secrétariat, sans distinction d’âge, de sexe, de salaire, ni de religion. De fait, elle a croisé dans la clientèle de Madame Ève, et dans la sienne ensuite, l’éventail des composantes de la société. Mon étonnement de ce monde que je découvre la fait rire.
À bien y penser, la même indifférenciation existe dans le naturisme que j’ai quelques fois fréquenté. Cette réflexion me rassérène et j’accueille sans trop de rejet la suggestion que me susurre Colette.
Du coup, elle titille ma curiosité et instille la tentation. Elle marque un point. Un de plus ! J’ai déjà apprécié la liberté d’être nue sous sa robe, délivrée de la contrainte du soutien-gorge et sans avoir froid aux fesses comme je le craignais. Je lui fais part de cette découverte, autant pour l’en remercier que pour différer ma réponse.
Surprise ! Je n’ai encore jamais envisagé la question sous cet angle… Je crois d’abord à une plaisanterie, puis il me revient en mémoire un reportage assez leste où un collectionneur quelque peu original lançait un appel aux téléspectatrices. Il leur proposait d’acheter toute culotte, pourvu qu’elle ait été utilisée et non lavée. Qu’une lesbienne invétérée soit, elle aussi, émue par les senteurs d’un gousset est plutôt logique. Pour être honnête, lorsqu’il m’arrive de renifler le mien, l’excuse d’en vérifier la netteté n’est peut-être qu’un prétexte.
Colette m’a laissé suivre tranquillement le cours de mes pensées. En fait, elle s’applique à ne pas manquer la bifurcation qu’elle cherche. Je le comprends en voyant le sentier qu’elle m’indique : c’est une draille presque entièrement dissimulée par un rideau d’arbustes.
Elle m’aide à franchir l’obstacle, puis, son blouson à l’épaule, elle me précède allègrement. Ça s’est élargi, oui, mais ça monte ! Je n’ai pas des mollets de chasseur, moi. Au bout d’un moment, je peine à suivre. Colette grimpe comme une chèvre, tandis que je souffle et que je sue derrière elle.
Ben tiens, elle en a de bonnes ! La tunique est un peu courte pour se contenter d’elle seule, et d’ailleurs pas plus résistante que la robe. Elle ne pense quand même pas me proposer de la quitter aussi ? Je me gèlerais, et j’aurais l’air fine si on croise un chasseur !
En effet, le sommet est tout proche. Tant mieux, car les calories absorbées m’ont mise en nage. Je dévale en glissade sur la ligne d’arrivée pour me retrouver dans une flaque de soleil.
Ma guide me vante les mérites de sa trouvaille, une clairière au pied d’un banc rocheux. Un repli de terrain boisé l’abrite des vents dominants. La petite falaise calcaire, exposée aux rayons depuis le matin, lui restitue sa chaleur. Une trouée dans les arbres vers le couchant la baigne de lumière. Enfin, summum du luxe en ce pays de soif (d’eau, au moins !), une infime résurgence souterraine entretient un tapis de mousse et d’herbe, libre de toute épine. Un lieu de rêve, en somme.
Sans plus de façons, elle la dégrafe et la dispose soigneusement, les fesses en l’air sous le pull. Je passerais pour une cruche si je ne l’imitais pas. Vêtue donc, maintenant, ras la touffe, je lui propose mon aide, qu’elle décline.
Il a beau faire beau, on ne la voit pas. En tout cas, pas aujourd’hui. Mais au-delà du maquis en contrebas, je contemple le moutonnement des collines vert sombre, émaillé de touches de vert clair, pins d’Alep et chênes pubescents dans leur compétition millénaire que révèle la saison. Je distingue les plateaux et leur patchwork de champs soulignés de haies touffues ou clairsemées. Je devine les vallées et les ravines de leurs flancs, stigmates chaque année renouvelés par le climat méditerranéen. De loin en loin, les murs blancs d’une ferme, les touches rose orangé, rouge brique, ou ocre jaune sale, des toits, et de-ci, de-là, la pointe trapue et grise d’un clocher.
Le ciel est bleu, dégagé par le vent de la matinée. Le soleil est encore haut. Une chaleur douce frappe mes cuisses nues, et le bas de mon ventre qui se découvre lorsque j’essaie de me grandir pour scruter par-dessus la cime d’un arbuste. À l’ouest, quelques petits nuages blancs ponctuent l’horizon, une brume vaporeuse le voile à l’est, le midi est clair. Superbe !
Une soudaine fraîcheur me fait frissonner. Je me retourne, pour croiser le regard de Colette qui m’a observée de dos dans cette longue contemplation du paysage qu’elle m’a offerte. Un cadeau dont je la remercie par l’expression d’un sincère émerveillement.
Elle n’en doutait pas. Assise en tailleur sur le tapis de sol improvisé, elle voyait autre chose.
Il n’y a pas mieux pour vous ramener sur terre après s’être élevée vers les splendeurs de la nature. Je me contorsionne pour jeter un coup d’œil sur mes fesses.
Touchée ! Je souris en bonne perdante et je pince fortement la peau sous ma main. Hum, en effet, ça boursoufle… Pas très esthétique, c’est vrai. Il faut bien admettre que je ne me suis pas beaucoup soucié de mon physique ces dernières années. Un peu par provocation, je relève le pan de ma tunique.
Je lui obéis sans gêne avant de récupérer stylo et bloc-notes. Elle m’invite à me poser face à elle et je m’installe, jambes repliées talons aux fesses, à son exemple. (« On n’a plus rien à se cacher », comme dit la chanson, n’est-ce pas ?) Le genou me servira de support pour écrire.
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Aloïse se tenait, toujours nue, devant la porte de la salle de bain.
Colette était longuement restée sous la douche, s’abandonnant au ruissellement d’une eau brûlante qui lavait les traces de toutes les palpations subies et des attouchements intimes qu’elle avait acceptés. Une faible tentative de remettre de l’ordre dans ses sentiments avait échoué. Elle avait préféré se plonger dans un vide d’idée bienfaisant.
La jeune novice l’avait attendue patiemment, sans toquer à la porte ni la presser d’une façon ou d’une autre. À sa sortie, elle lui remit sans mot dire une robe de lin fin dont la blancheur immaculée la fit sourire intérieurement : sa virginité n’était plus qu’un très lointain souvenir… Mais avant qu’elle n’enfile le vêtement, Aloïse l’arrêta d’une voix neutre.
La question interloqua Colette, tant par sa forme désuète que par son incongruité. Un instant, elle hésita, la novice était fraîche et jolie, la tentation était grande. La lassitude de son propre corps l’était plus encore. Elle chercha un refus qui ne fut pas vexant.
La tentation revint. C’était très agréable de s’entendre donner du « Madame » après tant d’humiliations. La vie prenait un autre sens. Elle tenta un geste affectueux, l’autre se déroba. Elle persista dans sa décision.
Elle avait failli la tutoyer, cette fille lui semblait si jeune…
La décence retrouvée, au moins pour sa part, elle se laissa gentiment guider par Aloïse vers une nouvelle partie de cette spacieuse demeure où son avenir se jouait. Elles traversèrent un vaste hall qui distribuait plusieurs portes et un escalier monumental. Une large porte-fenêtre l’ouvrait vers l’extérieur. Le temps à leurs pieds d’apprécier la froideur des marbres du dallage, elles empruntèrent un autre long couloir.
Colette admirait la fermeté des fesses qui dansaient devant elle. Le cul rond et musclé, les mollets et les cuisses fuselées, la taille finement dessinée, le dos planté droit sur des hanches harmonieuses et la nuque mince qui le surmontait, composaient une silhouette dont la gracile apparence dissimulait les robustes aptitudes physiques dont elle avait eu la preuve. Seules, peut-être, ici ou là, mais à bien regarder uniformément réparties, de fines zébrures d’une carnation à peine visible dénotaient sur la peau claire du corps.
Aloïse s’arrêta enfin devant une haute porte aux vitres miroitantes. Elle entrouvrit un battant et s’écarta en esquissant une légère révérence sans trace d’ironie.
Le seuil franchi, une large pièce brillamment éclairée par le soleil couchant se présenta, contrastant brusquement avec l’ombre du couloir. Colette, les yeux plissés sous la lumière soudaine, resta une seconde interdite, essayant d’appréhender l’espace qu’elle découvrait. Le son d’une voix chaleureuse la surprit.
Ève L* avait troqué son ensemble boléro et cuir mauve pour une robe vaporeuse de pastel bleu dont la transparence dévoilait ses formes plus qu’elle n’en masquait les charmes. Colette ne savait trop quelle attitude prendre face à ce revirement de tenue et de manières.
Colette se retourna, certaine que l’invitation s’adressait aussi à Aloïse, mais la novice, sa mission accomplie, s’était discrètement éclipsée. Ève, le bras familièrement passé sous le sien, l’entraîna à travers ce qu’elle nommait le salon de réception, salle à manger d’hiver à l’occasion, jusqu’à la terrasse où la table était dressée. Les « résidentes permanentes de la maisonnée », ainsi qu’elles lui avaient été présentées, étaient appuyées à l’écart contre les balustres, un verre à la main, en grande conversation.
La pensée qu’elle en était l’objet lui vint immédiatement à l’esprit. Mais il n’y eut aucun silence ni changement de sujet à son arrivée. Au contraire, elle fut amicalement accueillie et aussitôt priée d’accepter une coupe. Les comportements étaient naturels, l’ambiance était détendue, les derniers doutes qu’elle nourrissait encore d’une mise en scène machiavélique disparurent. Ève la quitta en s’excusant pour s’entretenir avec la gouvernante. Les autres s’étaient réunies autour de Clémence. Colette goûta son champagne et s’intéressa au décor.
Sous la balustrade, une aire gazonnée s’élargissait en pente douce jusqu’aux massifs de rosiers qui encerclaient à demi la piscine. Un verger d’oliviers lui faisait suite avant qu’une pinède clairsemée ne précède le bois d’essences diverses barrant la vue au sud. Sur la gauche, à quelque distance de l’angle du bâtiment, s’élevait une structure métallique en forme de volière devant laquelle s’apercevait une piste circulaire et sableuse, évoquant un manège hippique. À droite, une fontaine aux quatre bouches traditionnelles chantonnait au bord du chemin gravillonné menant à l’entrée principale. Au-delà s’étendait un jardin, potager ou d’agrément, peut-être les deux. Des deux côtés, une haie de cyprès serrés et, semblait-il, de ronces luxuriantes, isolait l’espace privé d’une intrusion physique ou visuelle.
L’ensemble dégageait une impression de calme et de volupté tranquille dans la lumière rasante qui adoucissait les contours des formes minérales et végétales. Colette reporta son regard sur la terrasse où les conversations se prolongeaient sans qu’on l’en exclue ni qu’on la sollicite. Elle en profita pour examiner à son aise ses prochaines voisines de table.
Aloïse n’avait pas encore réapparu. Clémence était, ainsi qu’elle l’avait entrevue en arrivant, toujours nue. La vieille cuisinière ne semblait pas affectée par l’exposition de son anatomie défraîchie. Les deux soubrettes, dans leur court tablier, restaient fesses nues, bronzées et rebondies pour Issa, pâles et séparées par la chaîne pour Jenny. La collaboratrice avait remplacé son tailleur par un chemisier en dentelles blanches descendant à mi-cuisses. La gouvernante portait une ample et assez courte tunique de soie chamarrée de rose, à la place de la longue robe ajustée. Colette en conclut qu’une convention protocolaire marquait la différence entre celles qui changeaient de tenue pour le repas et les autres. Une question de préséance, sans doute. Apparemment, on l’avait incluse dans le premier groupe.
Certains détails de l’organisation de la table rectangulaire attirèrent ensuite son attention. Un couvert et un fauteuil d’osier occupaient l’un des bouts. Les autres couverts étaient disposés sur les côtés, en trois paires face à face. Sept places au total. Qui n’était pas conviée à ce souper ? La répartition des sièges l’étonna également. Le fauteuil était à l’évidence réservé à Madame… non, à Ève. À sa gauche, deux chaises, puis rien devant le couvert. De l’autre côté, un couvert et rien devant, puis deux chaises. À quoi correspondait un tel arrangement ?
Elle s’avança pour mieux se rendre compte et buta sur un chevalet en métal. En se reculant, elle heurta quelque chose et s’y appuya. Elle retira vivement la main en se retenant de crier. L’objet était un autre chevalet, en bois celui-là, dont les traverses supérieures montraient des rangées de petites pointes acérées, d’à peine deux ou trois millimètres, mais très efficaces. L’apparition de Aloïse apportant les hors-d’œuvre la dispensa de s’interroger sur leur usage.
Le statut d’invitée était gratifiant. Elle oubliait tout à se trouver si proche de la maîtresse de maison qui, avec une aimable autorité, continuait à distribuer les places.
C’est ainsi qu’elle apprit le prénom de la gouvernante et la salua d’un sourire sans s’attarder sur la signification exacte de la phrase, sinon d’impliquer que son sort restait en suspens.
La collaboratrice et la soubrette brune s’approchèrent à leur tour, la seconde devant le couvert le plus éloigné tandis que les deux derniers étaient rapidement attribués.
Jenny n’eut qu’à tendre le bras pour se saisir du chevalet en métal qu’elle enfourcha en grimaçant. Colette compatit en imaginant l’effet du tube horizontal comprimant la chaîne dans l’entrejambes, mais autour d’elle s’affichaient plutôt des sourires qui s’accentuèrent quand la soubrette gémit en repliant les genoux pour poser ses cous-de-pied sur les traverses. Tout son poids portait à présent sur son enfourchure.
Colette détourna les yeux et frémit. Face à elle, Clémence opérait la même gymnastique sur le chevalet de bois. Le souvenir du contact fortuit avec cet appareil était encore vif. Bien que le visage de la punie ne trahisse aucune émotion, Colette pouvait facilement concevoir la douleur que les pointes devaient infliger à la vulve, au périnée et probablement à l’anus, écrasés sur elles. Ève, par contre, gratifia sa cuisinière d’un hochement de tête approbateur et se pencha pour vérifier si les lèvres embrassaient correctement la barre.
Colette se régla sur ses voisines et retroussa elle aussi sa robe sur les reins avant de poser ses fesses sur la chaise. La novice, après avoir rempli les verres d’un liquide doré, prit une assiette déjà garnie sur la desserte et se glissa sous la table.
Le repas était gai, les discussions s’entrecroisaient joyeusement. Irène et Ève multipliaient les attentions à l’égard de Colette, l’invitant à se resservir, à reprendre une bouchée de ceci ou de cela, se penchant sur elle pour la presser d’accepter, la frôlant de leurs bras nus, la caressant d’une main affectueuse sur l’épaule ou sur la cuisse. Entre chaque service, Aloïse s’extrayait de sa cachette, débarrassait les reliefs, rapportait le mets suivant, et retournait à la place qui lui était assignée.
Colette apprit au fil des échanges avec Irène que celle-ci occupait la fonction de gouvernante depuis deux ou trois ans et qu’elle avait succédé à Gwladys devenue collaboratrice à l’étude notariale. L’une et l’autre étaient parfois appelées à s’investir dans d’autres activités de Ève. Cette dernière lui confia d’ailleurs que c’était pour avoir refusé de le faire que Clémence, autrefois gouvernante, avait été rabaissée au rang de cuisinière. Les raisons du châtiment qu’elle subissait ce soir-là ne furent toutefois pas évoquées.
Colette constata aussi que Ève tutoyait toutes ses suivantes. Gwladys et Irène la vouvoyaient et tutoyaient les autres. Jenny et Issa ne tutoyaient que Clémence et Aloïse. Clémence tutoyait Aloïse, qui, elle, vouvoyait tout le monde. Si la hiérarchie paraissait bien établie dans la maisonnée, la maîtrise de ces interrelations complexes n’était pas évidente pour une nouvelle venue. Colette opta pour un vouvoiement sans distinction puisque toutes la vouvoyaient. Cette marque de respect lui procurait d’ailleurs un motif de fierté bienvenue, assombri cependant par un sentiment de malaise au souvenir de ses récentes humiliations.
Les sujets de conversation n’étaient pas étrangers à ce trouble. On discourait d’art plastique, de concerts, de littérature. On confrontait analyses, critiques, arguments et conclusions, que le débat porte sur la culture ou aborde des questions sociétales. Les soubrettes et Clémence soutenaient les controverses avec autant de pertinence et de conviction que Ève, Gwladys ou Irène. Colette n’avait pas le même niveau. Elle se sentait perdre pied en tentant de suivre les exposés et les réponses. Lorsqu’il arrivait qu’on sollicite son avis, elle se réfugiait dans une approbation nuancée ou un doute prudent.
De temps à autre, une convive repoussait son assiette, s’enfonçait dans sa chaise, s’isolait des propos en cours, et semblait se plonger en de profondes réflexions. Puis, après cette absence d’une durée variable, elle reprenait part au dialogue, plus guillerette et avec plus d’ardeur que jamais. Seules, Clémence et Jenny ne manifestaient jamais ce comportement dont Colette comprit la cause en sentant la main de Irène se crisper sur son bras. Une brève saute de respiration et un gémissement presque inaudible lui confirmèrent son hypothèse. Après tout, pourquoi pas ? Elle agita son pied.
Quelques secondes plus tard, des doigts fins le saisirent et une bouche happa son gros orteil. Par réflexe, Colette voulut le retirer. Mais des mains fermes le tenaient. Colette lutta un instant, pensant aux conséquences de sa marche dans les couloirs et de ses allées et venues sur la terrasse. En vain. Si les orteils étaient sales, cela ne rebutait pas la langue qui les léchait ni les lèvres qui les suçaient. Elle avait toujours aimé cette caresse… elle s’y abandonna.
La bouche enrobait de salive les orteils, les englobant tous, les quittant pour les gober un à un, les reprenant pour que s’insinue entre eux une pointe douce et taquine qui provoquait de délicieux chatouillis. La langue glissait à présent sur la plante, la lavant et l’agaçant sur toute sa longueur. Colette retenait son souffle, refrénait ses frissons, se forçait à l’impassibilité. Et soudain, ce ne fut plus un contact tendre et mouillé qui jouait sur son cou-de-pied. Un bloc dur le heurtait dans un environnement tout aussi humide.
Elle réalisait sans peine que la novice chevauchait sa cheville, mais déjà l’autre pied recevait les mêmes longues et sensuelles cajoleries que le premier. Des fourmillements montaient de ses jambes à son ventre, sa vulve s’humectait, son cœur s’accélérait. Ses tétons la trahissaient à travers le lin fin. Elle se retenait pourtant de porter la main à sa poitrine. Ce ne serait que mieux révéler ses émois en voulant les cacher.
Le trop agréable supplice cessa soudain. Ce fut pour sentir ses cuisses brusquement écartées et ses chevilles cogner celle de ses voisines. Aussitôt, une jambe s’enroula autour de chaque mollet et le bloqua. Maintenue ouverte, le pli des genoux saisi par les poignes solides qui l’attiraient au bord de son siège, elle ne pouvait que se livrer sans défense à la ventouse qui se collait à son sexe. Elle s’agrippa à la table, n’osant regarder ni à droite ni à gauche les visages qui, elle le savait, l’observaient. Sous la nappe, une inexorable fouilleuse entamait une exploration enfiévrée.
Autour de sa chatte, sur sa chatte, dans sa chatte, les succions succédaient aux aspirations, les léchages aux gougnottages, les titillements aux mordillements. Ses longues nymphes étaient aspirées, mastiquées, recrachées, froissées, dépliées, étalées, baisées, étirées, lissées et roulées sans fin. Des dents les agressaient, les mordaient. Une langue les calmait, pour s’enfoncer ensuite loin dans son con. S’en retirait pour revenir s’y plonger, plus avant, plus profond. La chaleur de son vagin lui prenait le ventre, lui prenait les reins, lui prenait le buste, envahissait sa poitrine et son cou. Elle allait jouir.
Les triturations et les pénétrations s’arrêtèrent. Un bref moment de calme et de vide. Quand deux lèvres gobèrent son bouton et l’enveloppèrent d’une douce moiteur, son corps s’amollit et elle soupira. Quand la bouche se souda au clitoris pour le téter à l’arracher de sa cachette, elle se raidit… et cria.
Son cri déclencha le silence. Des figures étonnées, arrêtées dans leurs phrases, se tournaient vers elle. Leur réprobation muette l’assaillit. Ses fesses baignaient, ses joues brûlèrent.
La voix de Ève câlinait ses oreilles. La main de Ève câlinait son cou. L’affection de Ève la comblait. Le sourire de Ève l’inquiétait. Elle hocha timidement la tête.
Devant la chaise de Colette, une petite flaque éclairait pourtant le carreau, conséquence directe de celle qui couvrait le siège.
Les rires discrets qui faisaient écho à ces remontrances accablèrent Colette. On ne s’occupait déjà plus d’elle, cependant. Ève invitait Aloïse à quitter son poste et rejoindre la tablée.
La novice blêmit et alla se placer, tête basse, auprès de la cuisinière. Son visage s’éclaira quand Ève lui fit signe de venir vers elle.
Pas d’étonnement, juste une très infime hésitation dans cette réponse. Un doigt courut doucement sur les fines zébrures que Colette avait remarquées sur le corps de la toute jeune femme. On voyait de l’affection dans cet effleurement léger.
Ève retroussa le bas de sa robe et farfouilla de l’autre main dans son vagin. Elle en retira une clef luisante qu’elle introduisit encore baveuse dans la serrure du cadenas.
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Colette s’arrête de parler, comme perdue dans ses souvenirs. Ou peut-être hésite-t-elle à me confier ce qu’elle a vécu d’autre au cours de cette soirée qui préfigurait sa nouvelle vie. J’évite pendant quelques instants de troubler son silence, mais cette attente me met mal à l’aise. Je préfère lui donner l’illusion que c’est moi qui interromps le fil de ses confidences.
La faute à qui si je suis cul nu ? ! Mais, c’est vrai, j’ai rempli les rectos et les versos du bloc-notes à la gloire du vin local. J’ai même écrit dans le peu de marge qui restait. C’est un prétexte aussi plausible que mon soi-disant frisson. Nous nous donnons la main pour nous relever. Ce simple contact fugace m’enchante. J’en éprouve presque des frémissements dans la poitrine et le minou… simple coïncidence, sans doute.
Colette, elle, balaye des yeux l’horizon. Je suis son regard. Rien n’a beaucoup changé. Le soleil va bientôt se coucher, bien sûr, mais sous un beau ciel clair, et, de l’autre côté, le moutonnement gris ne me semble qu’un peu plus épais et sombre. Sa conclusion m’étonne.
Bon, je ne vais pas la contredire, allons récupérer nos frusques ! D’ailleurs, complètement à poil, il fait vraiment frais. Je vais pour décrocher ma tunique quand sa main se pose sur mon bras nu. Encore ce frémissement…
Sa figure rayonne de malice en me lançant cette maxime, inventée probablement pour l’occasion. Je ris de bon cœur.
Elle roule soigneusement son pull au-dessus des seins, et s’accroupit à moitié devant moi, le bassin projeté en avant, genoux fléchis et cuisses largement écartées, telle une grenouille. OK ! Je l’imite, pour le haut et pour la position. Si quelqu’un nous voyait, il nous croirait retombées en enfance…
Ben tiens ! Elle croche dedans sans vergogne, mais je ne les ai pas aussi longues qu’elle. Il me faut deux ou trois essais pour enfin arriver à tenir ces petits volets de chair sensible sans qu’ils m’échappent. Ce n’est pas si douloureux que j’aurais cru, c’est même amusant, et plutôt agréable. Elle me montre son con écartelé et je lui montre le mien béant. De plus près, je verrais jusqu’à son urètre et elle en verrait autant de moi. Je n’ai aucune honte avec cette femme. Certes, j’ai déjà pissé devant elle, hier et ce matin, mais je ne me suis pas exposée de façon aussi obscène. Hé bien, non, je n’ai pas la moindre gêne. Au contraire, j’aime qu’elle me regarde.
Elle a attendu que je maîtrise la technique. Son sourire approbateur précède son jet. Je me lâche dans la foulée. Dieu que c’est bon ! Pas de parurésie cette fois, j’arrose sans retenue. Elle pisse dru. Nos pipis se réunissent en arrivant au sol. Nous faisons flaque commune !
Les meilleures choses ont une fin. Encore quelques résurgences de plus en plus timides (euphémisme !) et nos sources se tarissent. Colette ondule vivement des hanches pour expulser les dernières réminiscences. « Essorage », dit-elle. Je m’y exerce maladroitement. Je suis loin d’avoir sa souplesse. Elle a l’indulgence de ne pas s’en moquer. Nous nous redressons. Sa méthode n’est pas infaillible, je le sens bien : il y a deux ou trois gouttes qui traînent toujours dans ma fente. Je lui en fais gentiment la remarque.
Bien sûr que non ! Surtout pas en sa compagnie ! Pour mieux l’en assurer, je l’enlace pour la remercier de ses conseils d’un bisou. Ma main se pose par mégarde sur son sein. Tant pis, je ne la retire pas. Elle tapote amicalement mes fesses nues. Je ne m’en formalise pas. Tout au plus, mes doigts se serrent-ils plus qu’il ne conviendrait sur un volume tendre…
Je renfile ma robe, elle ragrafe sa jupe, nous remettons les blousons (sage précaution en cette fin de journée) et nous voilà en route, toutes légères, vers sa petite maison dans la forêt.
Qu’est-ce que je suis bien avec Colette !
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C’est le soir, dans mon lit, que je découvrirai les détails du fameux contrat liant Colette à Ève. Il me semble cependant opportun d’anticiper sa présentation dans l’intérêt des prochains récits. Voici donc les principaux éléments didactiques qui pourront enrichir leur lecture.
1– Le Noviciat
C’est la période d’une durée indéfinie où la nouvelle soumise – la « Novice » – est sous la domination de la Maîtresse comme au service de ses sœurs plus anciennes. L’arrivée d’une nouvelle novice marque en général la sortie du noviciat pour la précédente. La présence simultanée de deux – ou plus – novices n’est toutefois pas exclue.
Par dérogation, en vertu du pouvoir discrétionnaire de Ève, la fille d’une amie ou l’amie elle-même peut être acceptée en qualité de Novice sans devoir s’engager pour tout le cursus.
Pré requis
Aucun autre qu’une décision volontaire de la candidate et la signature du contrat.
Obligations et signes distinctifs
Nudité permanente ; réclusion au domaine ; anneau(x) au sexe et accessoirement aux tétons ; aucune intimité ; disponibilité totale et absolue envers toute supérieure ou personne désignée par la Maîtresse ; masturbation interdite sauf autorisation exceptionnelle.
Objectifs pédagogiques
Ils répondent à une double approche, intellectuelle et physique.
• Vie en société (savoir se présenter, se tenir, s’exprimer) et culture générale, avec mise à niveau si nécessaire (connaissances littéraires, musicales, esthétiques, et éventuellement juridiques, anatomiques, physiologiques, psychologiques).
• Appropriation des règles de la soumission (initiation et apprentissage à la punition, subie et donnée), et endurcissement corporel (raffermissement des muscles pectoraux, fessiers, jambiers et pubiens, gainage abdominal et dorsal, endurance…)
Moyens pédagogiques
Ils font principalement appel à :
La combinaison des enseignements (études et punitions, punitions et endurcissement, par exemple) ;
La mutualisation des savoirs entre soumises (les anciennes enseignent et corrigent les moins avancées, et l’inverse aussi) ;
Et la responsabilisation (délégation par la Maîtresse, ou sa substitut, d’actes punitifs).
Ils sont soutenus par des répétitions et des examens réguliers.
Outils pédagogiques
Évaluation physique et intellectuelle (par médecin et professeurs extérieurs) à l’arrivée.
Inscription à un programme de cours par correspondance.
Instruments de correction habituels (fouet, chevalet, suspension, électricité, orties, aiguilles…) ou innovants.
Autres contraintes morales ou physiques à l’initiative de la Maîtresse ou de sa substitut.
Durée
Variable selon les capacités et la volonté de la novice ; en moyenne un an, jamais moins de six mois.
Sanction
Examen théorique et pratique :
• Oral supervisé par un jury pluridisciplinaire validant les connaissances intellectuelles acquises ;
• Séance de dressage poussée confirmant la résistance de l’impétrante.
Le succès est requis dans les deux parties pour acter la réussite.
Débouchés
Entrée en formation (ou prolongation noviciat si échec à l’examen).
2 – La Formation
C’est la période de perfectionnement durant laquelle la stagiaire, devenue « Converse », doit faire la démonstration des aptitudes qui lui permettront d’obtenir l’attestation de Domina et Soumise qualifiée. Ces deux qualités doivent être atteintes conjointement et ne sont pas dissociables.
Obligations et signes distinctifs
Tenue vestimentaire à la discrétion de la Maîtresse ; participation à l’enseignement du Noviciat et aux activités quotidiennes ou spéciales du Domaine ; prédominance sur la, ou les, novice(s) ; disponibilité totale et absolue envers toute supérieure ou personne désignée par la Maîtresse ; sorties possibles sur autorisation de la Maîtresse ou de sa substitut ; relative intimité tolérée en fonction des progrès constatés dans la formation.
Objectifs pédagogiques
Ils répondent à la même double approche :
• Affermissement et maîtrise des savoirs (culture générale, punition subie et donnée, endurcissement physique).
• Appropriation complète de la soumission et de la domination.
Moyens pédagogiques
Identiques à ceux du noviciat (les deux niveaux sont réunis lors des séances de travail).
Outils pédagogiques
Instruments de correction identiques à ceux du noviciat, employés aux degrés supérieurs ;
Évaluation continue physique et intellectuelle ;
Stages extérieurs (auprès d’une autre Domina, dans une boutique, érotique ou non, voire chez une amie de la Maîtresse, et d’une façon générale là où cette dernière le désire) ;
Assistanat près la Maîtresse (dans les tâches domestiques ou éducatives, les soirées au Domaine, et, exceptionnellement, les déplacements).
Durée
Ne peut être inférieure à douze mois. S’établit à deux ans et demi en moyenne.
Sanction
Évaluation finale publique, également dans les formes théorique et pratique.
Elle doit se dérouler, soit lors d’une soirée privée au Domaine Diotime, soit dans le donjon d’une amie de la Maîtresse, voire dans un spectacle payant.
La direction des épreuves est confiée à une Maîtresse extérieure au Domaine.
Les invitées et invités peuvent prendre part à l’examen, ainsi, éventuellement, que les clients ou clientes (dans ce cas, sous la surveillance des Maîtresses et de leurs assistantes).
Débouchés
La Converse qui a été évaluée avec succès est libérée de ses obligations de Formation (étant entendu qu’elle reste soumise à une absolue discrétion). Il lui est loisible de reprendre sa vie personnelle ou de proroger son service auprès de la Maîtresse.
3 – Le Service
La diplômée qui a choisi cette voie reçoit le statut de « Sorèle ». Elle n’est pas dégagée de ses vœux d’obéissance envers la Maîtresse, mais a vocation à la remplacer en son absence.
Le Service s’exerce sous deux formes, déterminées d’un commun accord entre la Maîtresse et la Sorèle, selon les capacités de cette dernière :
• L’emploi dans l’étude de Me L*. La Sorèle prend alors le titre de « Collaboratrice ».
• La direction déléguée de la maisonnée. La Sorèle prend le titre de « Gouvernante ».
L’une et l’autre ont l’obligation d’accompagner la Maîtresse dans ses activités spécialisées si celle-ci le désire. Avec son autorisation, elles peuvent contracter des prestations rémunérées dans des spectacles, des films, ou des services personnalisés, soirées ou autres.
La Maîtresse dispose de la Sorèle, tant pour la réaffecter, rétrograder ou dégrader, que pour l’élever au rang de Seconde Maîtresse. Dans ce dernier cas, les plus douées bénéficient de son appui pour saisir l’opportunité de s’installer en tant que Domina indépendante.
À suivre