n° 21012 | Fiche technique | 45962 caractères | 45962Temps de lecture estimé : 25 mn | 21/07/22 |
Résumé: Les alea de la promiscuité rapprochent la narratrice et son hôtesse. La curiosité de l’une se régale des souvenirs de l’autre et l’on apprend ainsi comment naissent certaines vocations. | ||||
Critères: fh ff fplusag fsoumise fdomine voir exhib fmast intermast rasage fouetfesse piquepince -dominatio | ||||
Auteur : Dyonisia (Rêves et autofictions… souvenirs et confidences…) Envoi mini-message |
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Résumé des épisodes précédents :
J’ai pu retrouver et rencontrer la rédactrice du journal intime dont j’avais tiré le récit – un peu romancé – « Histoire de Colette ». Cette dame d’un certain âge, retirée dans l’arrière-pays provençal, m’a conquise par ses qualités humaines et offert son hospitalité.
Amusée et émue d’une transcription, relativement fidèle de ses notes, mon hôtesse a consenti à me raconter les suites de sa rencontre avec la fameuse notaire, Me Ève L*.
Après les premières heures éprouvantes auprès de celle qu’elle avait délibérément choisie pour Maîtresse, – une prise de contact qui l’amena à se prêter aux investigations poussées des résidentes de la maisonnée – l’invitation inattendue à un repas amical l’enchanta.
Le début de la soirée apporta autant d’enseignements que d’agréments, dont Colette fit son miel dans toutes les acceptions du terme. La suite lui offrit un large aperçu des punitions auxquelles devaient s’attendre, en toutes circonstances, les servantes de Ève et suscita chez elle autant d’inquiétudes que de désirs. Ce furent pourtant les seconds qui l’emportèrent.
Pour ma part, je n’ai pas résisté au plaisir de partager les anecdotes qui ont entrecoupé le recueil de ses souvenirs, ni voulu dissimuler l’évolution de mes propres sentiments.
(Les principales dispositions du contrat liant une soumise à Maîtresse Ève, conservé par Colette et que j’ai eu le privilège de lire, sont consignées en addendum au troisième épisode.)
J’ai veillé tard. Lire le contrat m’a occupée une grande heure. Colette m’a autorisée à recopier les passages que je voudrais mais j’ai préféré finir la mise en ordre des premiers souvenirs qu’elle m’a confiés. Fastidieux mais bénéfique travail qui a détourné mon esprit des pensées qui le troublent. Je me suis endormie sans plus remuer de fantasmes.
Ils reviennent au galop cinq minutes après que j’ai ouvert les yeux. Fidèle à ma promesse, je n’attends pas ce matin la venue de Colette pour me rappeler de me masturber. « Orgasme au réveil tient le sexe en éveil », c’est sa maxime, ou à peu près. Je l’ai adoptée. Hier, elle est restée pour me regarder. Elle n’est pas là aujourd’hui, j’en suis chagrine.
Il suffit pourtant de me remémorer ce que j’ai entendu ou ce que j’ai lu pour imaginer des situations qui excitent mes sens. Je me caresse en rêvant de la bouche d’Aloïse sur le sexe de Colette. Je me branle en rêvant de la bouche de Colette sur la chatte de Clémence. Je me fouille en me rêvant obligée d’être explorée comme Colette. Je jouis en me souvenant du corps doux et tiède de Colette. J’ai allongée la durée de ma vie sexuelle, si j’en crois Colette, mais suis-je en train de tomber amoureuse d’elle ?
Soudain, son absence m’étonne, l’absence de bruit aussi. Je sors vivement de ma chambre (la « chambre d’amies » ) et je manque me télescoper avec elle dans ma précipitation.
C’est frappé au coin du bon sens. Je file suivre son conseil et je ne m’éternise pas en ablutions. Je finis de me sécher en sortant de la salle de bain pour la trouver affairée à mettre la table du petit-déjeuner.
Je proteste que je ne vais pas l’abandonner à cause de ce genre de problème, sauf si elle le souhaite, bien sûr ! Mais non, elle me laissait simplement le choix. Par contre, si je ne suis pas pressée, je pourrais peut-être l’aider à rentrer du bois pour le feu.
Ok, pas de problème, je me fais une joie de lui donner un coup de main. Nous enfilons une cape et nous courrons de la maison à la réserve. Plusieurs voyages sont nécessaires. Nous rions sous l’averse qui transperce la laine. Nous rapportons un monceau de bûches, et enfin, assurées de ne pas manquer de combustible, nous nous séchons devant les flammes qui crépitent et rayonnent à travers la porte du foyer que Colette garde ouverte.
Toujours aussi enjouée que directe, mon hôtesse… Je la complimente pour son esprit pratique et je l’assure que je ne suis pas une obsédée de l’hygiène. S’il faut se passer de douche tant que la chaudière ne sera pas remise en route, je n’en mourrai pas.
Je ne l’aurais pas cru frileuse, mais elle a sans doute raison. La saison n’est pas assez avancée pour que les vieux murs de sa maison se soient suffisamment réchauffés. Il ne nous reste plus qu’à papoter dans la cuisine en attendant l’arrivée du réparateur. Elle en convient volontiers.
Toute une journée à passer emmitouflées de laine. Le moment idéal pour reprendre, groupées autour du poêle, le fil des souvenirs, à défaut de déclamer des vers.
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[N.B. : Pour la cohérence des récits, j’ai réuni sous l’intitulé « Clémence » l’ensemble de ce que Colette apprit de celle-ci sur ses rapports avec leur Maîtresse commune au cours de conversations de plus en plus confiantes.]
Quand Jenny pénétra dans la chambre, le soleil était déjà haut. Elle déposa un verre de jus d’orange sur la table de nuit avant de manifester sa présence par un discret toussotement. Il lui fallut le renouveler deux ou trois fois et ouvrir les rideaux pour que la dormeuse consente à entrouvrir les paupières.
Colette eut besoin de plusieurs secondes pour reconnaître sous la longue chevelure brune la soubrette au crâne rasé qu’elle avait quittée la veille au soir. Elle remercia pour l’information d’une voix endormie et déclina d’une main distraite la proposition d’assistance. Sa première pensée claire fut de se demander si le harnais punitif contraignait toujours le sexe de Jenny. Mais celle-ci s’était déjà retirée, ne lui laissant que le regret d’avoir refusé une aide qui eut pu s’avérer plaisante et l’ignorance du lieu où elle était invitée à se rendre.
La robe qu’elle avait portée pour le souper était sale et chiffonnée. Il n’y avait pas de linge de rechange dans la chambre, comme elle le constata après sa douche, ni de moyen d’appeler pour se renseigner. En désespoir de cause, elle s’enroula dans le drap de bain et partit à l’aventure, espérant du hasard qu’il la mette sur le bon chemin.
Sans trop savoir comment, elle trouva celui de la cuisine où elle surprit Clémence en blouse, s’affairant aux fourneaux.
Tout en disposant bol, assiettes et viennoiseries, Clémence lui expliqua que Madame Eve et Madame Gwladys étaient parties tôt à l’Etude, et qu’Issa et Jenny s’entraînaient dans la salle de sport.
Clémence protesta d’abord que c’était son travail puis finit par céder après avoir consulté la pendule. S’accorder un moment de repos en satisfaisant la demande d’une invitée ne serait pas déroger aux règles de la maison, concéda-t-elle. Elle accepta volontiers de partager le café et d’échanger quelques propos sans importance. Elle éluda par contre chaque question sur son passé et les circonstances qui l’avaient amenée à sa fonction de cuisinière.
Son insistance lui parut vaine lorsqu’elle vit Clémence se lever et jeter un coup d’œil par la fenêtre. En suivant son regard, elle aperçut, au centre de la petite carrière qu’elle avait remarquée la veille, la silhouette altière de Irène autour de laquelle cavalcadait, coudes au corps et genoux haut levés, celle plus fluette et nue d’Aloïse. Le spectacle parut rassurer son interlocutrice qui se rassit et, contre toute attente, accepta de répondre à sa curiosité.
Ève n’avait guère plus de quinze ans lorsque Clémence avait fait sa connaissance. La jeune fille revenait, Bac Philo en poche, d’un pensionnat en Suisse. Ses parents avaient programmé un lointain voyage pendant les vacances d’été et avaient proposé à Clémence, dont la famille travaillait sur leurs propriétés, de jouer les demoiselles de compagnie pendant trois mois moyennant une fort honnête rémunération.
La première semaine se passa dans cette harmonie qui rapprochait de plus en plus la jeune Ève et son aînée. Les liens de subordination s’estompaient peu à peu au profit d’une affection qui tenait de la relation entre tante et nièce, pour ne pas dire de mère à fille, plus que de la camaraderie entre égales et encore moins d’un attachement de servante à maîtresse.
Ève ne manifestait aucune des pudeurs d’une adolescente vis-à-vis d’une femme adulte. Elle se montrait nue à Clémence sans la moindre gêne et n’hésitait pas à lui confier ses pensées et ses fantasmes érotiques, voire ses pratiques sexuelles onanistes qu’elle affirmait naturelles et communes à toute féminité normalement constituée. Clémence, d’abord interloquée et réservée, s’était rapidement laissée convaincre par cette philosophie au point d’avouer ses propres émois de cœur et de sexe, comme son désir de toujours contenter sa cadette.
Ève lui expliqua que, si ses condisciples et elle avaient souvent comparé les détails de leurs corps, elles n’avaient jamais pu apprécier l’anatomie d’une vraie femme. Elles avaient certes espionné parfois leurs enseignantes à leur toilette – c’était même un jeu entre copines – mais voir de près, et toucher, la peau, les seins, les fesses et la chatte d’une adulte était un rêve inaccessible.
La jeune fille avait ainsi manipulé et soupesé à loisir les seins de la femme, mesuré les aréoles, éprouvé les tétons, sans s’inquiéter de la gêne ni de la douleur qu’elle occasionnait et qu’au surplus on ne lui reprochait pas. Elle avait exploré le sexe avec la même attention, sans se préoccuper des émois qu’elle provoquait en écartant les lèvres ou en faisant saillir le clitoris, pas plus que de l’excitation suscitée par ses attouchements prolongés.
Clémence n’était pas une oie blanche non plus qu’une chaste célibataire. Elle n’avait pas oublié les jeux de touche pipi de son enfance ni quelques caresses osées entre amies à la fin d’une soirée trop arrosée. Pour autant, elle ne s’était encore jamais livrée sans pudeur aussi longtemps à une personne du même sexe, sa gynécologue exceptée. Elle s’étonnait de se découvrir soudain un trouble nouveau sous le regard et les doigts de Ève.
Ève avait trouvé l’idée pertinente tout en exprimant le regret de ne pas y avoir pensé ni de pouvoir la réaliser elle-même. La remarque avait été faite sur un ton plaisant, mais Clémence avait spontanément répondu qu’elle serait heureuse de se confier à ses soins. Eve avait aussitôt saisi l’occasion de l’entraîner vers la salle de bain. Là, elle s’était d’abord employée à tondre le gazon aussi ras que possible entre des cuisses obligeamment ouvertes, puis avait invité Clémence à s’asseoir sur le bord de la baignoire, les pieds à l’intérieur.
Elle avait ensuite rassemblé le nécessaire à raser avant de se dévêtir à son tour entièrement et de s’installer face au ventre de sa suivante en lui conseillant de bien tenir les genoux écartés pour éviter les risques de coupures. Clémence avait alors compris avec inquiétude qu’elle servait de cobaye à un premier essai. Pourtant, jouant sans crainte de la douchette, du blaireau, de la mousse et du rasoir, la jeune Eve mit à nu l’objet de sa convoitise avec l’aisance d’une esthéticienne avérée, pour en détailler à loisir les plis et les replis.
Ève s’était facilement aperçu qu’elle pouvait contrôler la stimulation sexuelle de sa victime en suscitant tour à tour crainte et confiance. Une pression de la lame sur le bord d’une lèvre, au prétexte d’un poil oublié, déclenchait un frisson de peur. Mais le ventre ne se dérobait pas à la menace, et, si celle-ci s’éloignait, il la recherchait avec une coulée de désir.
Quand la succession d’appréhensions et d’espoirs eut empli à déborder de mouille la chatte, Ève s’y attaqua directement. Abandonnant son simulacre de torture, elle crocha sans douceur dans les lèvres gluantes. Elle n’eut pas à forcer, le pubis se projeta en avant pour s’empaler sur ses doigts. Elle les écarta brutalement, arrachant un cri de douleur et de plaisir dans le flot de cyprine d’un orgasme libérateur.
Pour la remercier ou se faire pardonner, peut-être les deux, Ève l’embrassa sur la bouche. C’était aussi leur premier baiser, un chaste baiser entre amies. Clémence y répondit avec la fougue d’une amoureuse, dans une étreinte où langues et peaux se mêlaient.
Timidité de l’apprentie domina, confusion de l’apprentie soumise, ou accord tacite des deux, l’initiation de l’une et de l’autre n’alla pas plus loin ce jour-là. Mais des liens s’étaient noués qui ne se dénouèrent plus : pour Clémence, une dévotion totale et absolue qui l’attachait à son idole ; pour Ève, une affection profonde et indéfectible qui l’enchaînait à son adoratrice. L’une se livrerait en confiance au confort, aux peines et aux satisfactions de la servitude. L’autre s’affirmerait en maîtresse consciente des responsabilités inhérentes à sa nature.
Une coïncidence improbable avait réuni deux personnalités qui sortaient du commun, non par leurs penchants, banals au demeurant, mais par la lucidité qui les leur faisait reconnaître et l’honnêteté qui les leur faisait admettre. Quant à décider du plus remarquable, de l’intuition profane ou des dons prédestinés, Clémence ne s’y était pas risquée.
Dès lors, il n’y eut de barrière de quelque sorte que ce fut entre ces deux âmes. Ève s’informa des pratiques affectives et sexuelles de Clémence qui ne lui cacha aucun des émois et des plaisirs éprouvés, ni des tristesses et des peines subies. Ève transmis à Clémence tous ses savoirs théoriques. Clémence lui communiqua chacun de ses ressentis physiques et psychologiques. L’intelligence se nourrissait de l’expérience, et vice verse.
Ève appréciait particulièrement l’exhibition des masturbations de Clémence. Selon un rituel bien établi, elle lui demandait d’abord de se déshabiller, puis, au gré de son humeur, elle lui indiquait le lieu où se déroulerait le spectacle. Toutes les pièces de la maison l’accueillirent dans un premier temps, de la chambre au lever à la cuisine après dîner, voire aux toilettes pendant la miction. Ève repoussait sans cesse les limites de décence que pouvait accepter sa proie, sans toutefois la brusquer afin qu’elle s’habitue à dépasser ses tabous.
Quelques fois, Ève l’interrompait, lui interdisait de jouir, et l’autorisait ou non ensuite à poursuivre jusqu’à l’orgasme. Mais toujours, celui-ci obtenu, elle vérifiait la consistance et la quantité de mouille qui en résultait. Elle en tira la conclusion que les jouissances les plus longues à venir et les plus douloureuses étaient les plus fortes et les plus productives. Ce qui les confirma toutes les deux dans la certitude que leur parti pris était le plus satisfaisant pour chacune.
Au quotidien, Clémence était officiellement chargée de tenir la maison, de faire la cuisine et de s’occuper des courses dont Ève dressait la liste. Elles courraient ensemble les magasins de temps à autre, se séparant à l’occasion pour des emplettes personnelles. Dans ces cas-là, Ève revenait toujours avec un petit cadeau pour sa « dame de compagnie ». Sauf un soir où elle ne lui offrit rien. Clémence ne fit aucune remarque. Le lendemain, un collier, une chaîne de laisse, un martinet et une cravache étaient posés, bien en évidence sur la table du petit-déjeuner.
Ève lui passa le collier, y fixa la chaîne, et lui mit la cravache en travers de la bouche. Martinet en main, elle la conduisit à l’extérieur de la maison.
Dès lors, toutes les séances se déroulèrent à l’extérieur. Qu’il pleuve ou qu’il vente, elles duraient systématiquement deux heures de masturbations, flagellations, et autres exercices. La première session établit d’ailleurs le lien définitif entre plaisir et souffrance. Ève souhaitait une pénétration maximale des doigts à laquelle Clémence, vu son état, rechignait. Excellente occasion d’appliquer une fessée punitive, dont chacune, il faut le dire, espérait secrètement l’exécution.
Ce fut simple : arrivées au milieu du jardin, Ève donna le choix à la récalcitrante entre obéir ou essayer le martinet. Clémence se prosterna et offrit ses fesses.
L’orgasme de Clémence avait été différent de l’ordinaire, quoique aussi puissant même si incomplet. Sa chatte, par contre, présentait de vilaines zébrures sur des lèvres gonflées, teintées de flux menstruel. Ève n’avait pas retenu son bras. Elles s’en effrayèrent autant l’une que l’autre et prirent conscience des risques auxquels pouvait conduire un délire incontrôlé.
Si Clémence dissimulait mal son inquiétude plus que la souffrance, Ève était particulièrement furieuse contre elle-même, vexée de n’avoir pu, ou su, se dominer. Toutefois, elle ne s’excusa pas. Non. Elle promit à sa victime de la soigner et lui tendit la cravache en lui demandant de se venger avant. Malgré les dénégations de Clémence, elle insista, la suppliant presque, jusqu’à ce qu’elle accepte. Enfin satisfaite, elle fit glisser short et culotte sur ses chevilles, remonta son tee-shirt au-dessus des seins, et se renversa, pieds et mains au sol, pour exposer sa jolie moule.
Clémence se fit violence et frappa. Le premier coup fut léger, mal ajusté. Ève la gourmanda. Elle se reprit, recommença plus fort. Le cri l’encouragea, elle se risqua plus durement, deux ou trois fois encore. Le dernier coup porta sur le clitoris. Ève hurla et se recroquevilla en chien de fusil, tremblante, une main entre les cuisses. Clémence, affolée, s’agenouilla et la prit dans ses bras en pleurant. Cravache et martinet gisaient à côté d’elles.
Elles se consolèrent, se cajolèrent, s’embrassèrent. Les câlins leur faisaient oublier la douleur, les baisers les unissaient dans des pardons et remerciements mutuels. Un peu rassérénées, elles allèrent baigner d’eau froide leurs chattes brûlantes. Ève passa une crème apaisante sur les ecchymoses de Clémence. Clémence massa tendrement les chairs endolories. Elle osait toucher pour la première fois le sexe de Ève qui jouit sous sa main.
Leurs tentatives suivantes furent plus prudentes. Elles s’essayèrent à d’autres fessées, à des fouettements des seins, à des pinces à linge sur les tétons, à des branlettes aux orties ou aux feuilles de kermès, toujours avec mesure. Clémence restait la souffre-douleur cobaye, bien sûr, mais Ève, après avoir distribué la punition, tenait souvent à l’éprouver sur elle-même. Les résultats ne leur paraissaient toutefois pas satisfaisants ni probants. Malgré la science qu’elle pensait avoir, Ève dut reconnaître qu’il leur fallait approfondir leurs connaissances.
Elles étudièrent ensemble les arcanes des arts du sadomasochisme. Domaine inconnu pour Clémence jusqu’alors, mais dont Ève avait déjà approché les secrets dans ses recherches littéraires. La conceptualisation des techniques se confronta à leur mise en œuvre pratique. Tâtonnements, essais et erreurs, les occupèrent une bonne partie de l’été. À la fin du mois d’août, chacune avait acquis suffisamment de maîtrise dans leurs rôles respectifs pour envisager sereinement l’avenir.
Parallèlement, Ève s’était beaucoup intéressée aux relations affectives de Clémence. Celles qu’elle avait eues depuis son adolescence comme celle qu’elle entretenait éventuellement au moment de leur rencontre.
Ce fut une joyeuse surprise pour le soupirant. Pensez donc : un samedi et dimanche, nuit comprise, avec sa belle. De quoi rattraper le temps perdu ! La chambre de la demoiselle de la maison était à leur disposition. Seule condition, il devait déguerpir avant dix-sept heures le dimanche pour permettre de tout remettre en ordre. Par précaution, les apprenties, domina et soumise, se limitèrent à des sévices légers durant la semaine. Ève s’éclipsa le samedi à midi. À quatorze heures l’amoureux était là, accueilli à bras ouverts par Clémence en petite tenue et ébloui par la découverte de sa chatte rasée.
Étreintes passionnées, retrouvailles coquines, sieste cochonne et culbutes dans la piscine, tout y passa. Ève était invisible mais aux aguets. Les amants batifolèrent toute l’après-midi sans qu’elle en perde une miette. Elle observa avec intérêt les savantes fellations prodiguées au male, nota la rusticité de ses cunnilingus, et constata sans surprise la fébrilité éphémère de l’homme. Heureusement, les mets choisis du repas du soir au champagne avaient été prévus pour reconstituer une virilité affaiblie.
La nuit s’avéra donc bouillante, sa première partie du moins, et sans épuiser la théorie des poses du Kama Soutra, elle égrena une longue série de figures, par devant, par derrière, en missionnaire, en levrette, en soixante-neuf, sans oublier la sodomie ni la brouette javanaise. Bref, une documentation assez complète dont bénéficia Ève, tapie dans sa cachette. Au matin, le bien aimé ronflait comme un sonneur, les yeux de Clémence étaient bordés de reconnaissance, et l’observatrice disposait d’un carnet bien rempli de notes et de croquis.
La matinée fut tranquille, le midi aussi. Une petite baignade après la sieste, à poil quand même, occupa ensuite les amoureux. À dix-sept heures, la voie était libre depuis longtemps.
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Colette s’interrompt après m’avoir conté l’atterrissage définitif de Clémence sur les rivages de Lesbos. Le vieux poêle vire au rouge. Nous l’avons alimenté tour à tour dès que le ronflement du feu diminuait. La chaleur dégagée nous a fait reculer progressivement nos chaises. Elle nous baigne maintenant bien agréablement mais la réserve de bûches s’est drastiquement réduite. Dehors, la pluie tombe toujours en abondance. Il parait que c’est bon pour la nature.
Ce n’est pas que cela me tente vraiment, mais il faut bien que quelqu’un le fasse, et nous ne sommes que deux ! Je rendosse ma cape, heureusement sèche, et enfile des sabots pour affronter la tourmente. Quand j’ai fini d’entreposer un stock conséquent de rondins sous la marquise de la porte, je suis trempée jusqu’aux os. Colette délaisse un moment sa cuisine pour les ranger au sec. Je dégouline comme une fontaine en les lui tendant. Pas question de rentrer comme ça pour mettre de l’eau partout.
Même à l’abri, toute nue et mouillée, je grelotte ! Le retour à l’intérieur est une bénédiction. Je m’abandonne avec plaisir aux mains de Colette qui me frictionne des pieds à la tête. Elle ne rate pas la moindre goutte, y compris là où je n’aurais pas pensé que la pluie puisse aller.
Je ris avec elle. Se faire frotter la fente en guise de mise en bouche n’est pas désagréable. Je m’y prête sans plus de réserve tout en humant le délicieux fumet d’une omelette aux champignons. Mon corps a retrouvé sa chaleur grâce aux efforts conjoints du poêle et de Colette. Des papillons commencent à voleter dans mon ventre et m’incitent à me caresser les seins. Mon infirmière attentionnée approuve mon geste d’un sourire engageant. Je cède à la tentation d’un pseudo orgasme, les yeux dans le vague. Ils enregistrent la présence d’une bouteille cachetée et d’une fiasque de vieux whisky qui trônent sur la table.
Le triptyque paillard « bouffer, boire, baiser » me traverse l’esprit en acquiesçant, mais en l’occurrence nous inversons l’ordre des termes. Je n’oublie pas pour autant la question qui me trottait par la tête avant qu’elle ne m’expédie sous le déluge.
J’enfile ledit pull avec reconnaissance bien qu’il m’arrive ras la moule tandis qu’elle nous sert l’apéritif.
C’est donc un jeu concours pour soirées spéciales, le genre de celles réservées à un public averti. Pour le premier round, il y a deux joueurs, chacun sa cible par modèle. Celui-ci porte bien sûr un masque de protection pour éviter les accidents. Chaque joueur tire à son tour. Il marque un maximum de points s’il atteint le centre de sa cible. Toucher en dehors ne compte pas. En fait, il est rare qu’un joueur soit assez précis pour faire mouche, sauf certaines habituées, d’une adresse remarquable – les femmes sont souvent plus adroites que les hommes, parait-il. Mais grâce à elles, la prime est plus élevée.
Cette considération vénale m’a fait sursauter.
Je regrette aussitôt mon exclamation stupide. Colette me considère d’un regard indulgent que traverse une légère commisération.
Il y a en effet un second round, réservé au gagnant, ou souvent la gagnante, du premier qui tente de remporter le grand prix (dont la valeur importe peu). La position requise de la cible, dans ce cas, évoquerait un tableau célèbre. Il peut y avoir des variations qui font appel à des pinces et des élastiques. Évidemment, toutes les précautions sont à nouveau prises pour éviter les accidents. Celle ou celui qui met dans le mille rafle la mise.
Manifestement, Colette ne plaisante pas. Elle se moque gentiment de mon air horrifié quand elle m’assure avoir servi plusieurs fois de modèle. Comme toutes les soumises de Ève d’ailleurs, et Ève elle-même, a-t-elle ajouté. Immanquablement, la morphologie particulière de Colette m’est venue à l’esprit quand elle m’a expliqué les variantes. Elle a suivi le cheminent de mon imagination et me sourit.
J’ai malgré tout du mal à croire qu’il n’y ait pas de blessure.
J’ai beau regarder par-dessus et par-dessous, il n’y a vraiment aucune trace. En revanche, ses seins sont souples et doux sous mes doigts, lourds et fermes quand je les soulève. L’envie de les embrasser me vient, je les quitte à regret avec un compliment sur leur tenue.
Elle me laisse spéculer sur les implications de sa remarque pendant qu’elle partage l’omelette en pestant contre son refroidissement. C’est ma faute, ma curiosité nous fait perdre la notion du temps. Je cherche un mot gentil pour gagner son pardon.
Aïe ! J’ai peut-être trahi mes pensées sans m’en rendre compte. Je me dépêche de relancer notre conversation.
Elle hoche la tête en silence entre deux bouchées. Je pique dans ma portion moi aussi en me demandant ce qu’il m’a pris de vouloir plaisanter sur ce sujet. L’entendre reprendre son propos comme si de rien n’était me rassérène.
Bizarrement, ce n’est pas la douleur qu’entraîne le succès qui me préoccupe, mais le montant des gains qu’il rapporte. Je suis en train de m’habituer à ces réjouissances étranges…
Pour mieux me convaincre du plaisir gratuit qu’elle y trouve, elle me confie s’être encore livrée au jeu de fléchettes il y a deux ou trois semaines, avec une vieille amie venue passer quelques jours. Les deux copines se sont mesurées dans un petit concours, par simple badinage, histoire de donner du piquant à leurs rapports amoureux. La partie s’est terminée à l’avantage de Colette, et elles ont partagé un superbe orgasme.
Ça ne me coûte rien, en effet, rien d’autre qu’un frisson de désir que je voudrais ignorer. Mais non ! Ce n’est pas de l’excitation coupable, c’est une saine curiosité qui me pousse à toucher sa chatte… (On se rassure comme on peut ! ) En foi de quoi, j’accepte son invitation à vaincre mon scepticisme.
Elle ne s’est pas levée, seulement avancée au bord de sa chaise en écartant les genoux. L’examiner m’obligera à mettre ma tête entre ses cuisses. J’aurai le nez sur son sexe, je respirerai son odeur intime… Elle s’en amuse, ou s’en réjouit, par avance. Elle m’a prise au piège. Me récuser maintenant serait désobligeant.
Je m’agenouille.
A suivre