Résumé de l’épisode précédent :
Roxane a échoué à ne pas être le centre de l’attention. Y parviendra-t-elle seulement un jour ?.
- — Alors ce voyage en Suisse ? Toi qui aimes les lacs d’eau douce, tu as dû être ravie !
Roxane envoya un regard noir à Méline.
- — J’ai passé toute la semaine les mains attachées dans le dos ! Enfin non, pour dormir, quand même, il les liait aux bords du lit et me détachait pour me laver mais j’avais ordre de poser les mains sur chaque paroi et interdiction de les bouger.
Méline ricana.
- — Tu ne sais pas ce que c’est ! Pas possible de se gratter le nez, ou de se frotter les yeux. Je devais demander qu’il le fasse, tout le temps, pour tout, même le truc le plus insignifiant. J’étais totalement dépendante de lui et de son bon vouloir.
- — Une semaine magnifique en somme, répondit Méline. Personne n’a fait la moindre remarque à l’hôtel ?
- — Le premier jour, ils regardaient ça bizarrement. Après, ça semblait plutôt les amuser. Albert ne m’a rien laissé choisir. Il a décidé de tout. Des sorties, de la nourriture, de la température de l’eau de la douche, de où et comment je devais uriner.
- — Tu as dû kiffer à mort ! s’exclama Méline. Pas trop dure de ne pas pouvoir te satisfaire ? Une semaine de frustration, ça a du…
- — Non, non ! la contra Roxane. Il m’a comblée. J’avais entre trois et sept orgasmes par jour.
- — Ça ne lui ressemble pas.
- — Il a adoré m’avoir à sa merci, totalement disponible, vulnérable et impuissante. Ça lui suffisait. Je pouvais demander tout ce que je voulais et lui, il me satisfaisait… ou pas. Parfois, je lui disais que j’avais envie de lui et il me souriait avant de continuer l’activité en cours, ou bien il me renversait pour me prendre avec ardeur, ou bien il s’approchait lascivement et m’embrassait et me caressait pour finalement me faire l’amour avec tendresse et douceur. Si je lui disais que j’avais envie de jouir, il me donnait ce que je réclamais, ou bien me faisait languir. Il m’a aussi fait jouir sans que je ne l’ai demandé.
- — Bref, il te contrôlait et toi, tu étais son jouet. La semaine a été très agréable, pour vous deux. J’en suis sincèrement heureuse.
Roxane sourit.
- — Tu as été le centre de l’attention toute la semaine, continua Méline.
- — Oh ça oui ! Il m’a protégée comme la prunelle de ses yeux. Il ne m’a jamais lâchée du regard et ne s’est jamais éloigné de moi. Quand on a les mains attachées dans le dos, la moindre chute peut avoir de graves conséquences. Je n’ai pas porté une seule fois des chaussures à talons et il me couvait si le terrain était un tout petit peu accidenté.
Méline sourit.
- — Et puis il a super bien pris soin de moi. Tous les soirs, massages au spa parce que oui, les bras dans le dos, ça fait super mal aux épaules. Évidemment, il se faisait masser aussi, vieillerie oblige.
Méline explosa de rire.
- — Et puis, il a varié les attaches. Si en journée c’était plutôt poignets croisés dans le bas du dos, le soir, après les massages, c’était TK par dessus mes vêtements.
- — Le TK, c’est du bondage, c’est ça ? demanda Méline.
- — Du shibari, oui. TK pour Takate-Kote. Tu l’as déjà vu. C’est l’assemblage sur le haut du corps qui s’enroule autour de la poitrine avec les bras à plat l’un sur l’autre dans le dos.
Méline hocha la tête en se souvenant.
- — Par dessus tes vêtements ? Les gens ne disaient vraiment rien ?
- — Au début, j’étais hyper gênée mais nos sourires ne laissaient aucun doute sur mon consentement alors les gens venaient plutôt féliciter Albert pour la beauté de l’encordage. Il faut dire qu’il avait choisi des cordes de différentes couleurs. Comme c’était par dessus les vêtements, il pouvait prendre n’importe quelle matière, ça importait moins. Il a systématiquement coordonné la corde avec mes habits… que je n’ai pas choisi de la semaine, évidemment.
- — Le contraire m’aurait étonnée, ricana Méline.
- — Les gens souriaient de le voir me donner la becquée ou me faire manger dans sa main. Nous ne faisions rien de plus que cela. Je veux dire : je n’étais pas à genoux et j’étais habillée de manière très correcte. J’avais le droit de m’adresser aux curieux. Albert ne m’a pas administré la moindre once de douleur de toute la semaine. Nous nous embrassions régulièrement et nos regards passionnés ne laissaient aucun doute quant à la nature de notre relation. Ceci dit, ça ne m’empêchait pas de rougir à chaque question un peu personnelle auxquelles Albert insistait pour que je réponde.
- — Ta pudeur est rafraîchissante, assura Méline. Te voir te transformer en tomate est très agréable.
Roxane lui envoya un regard contrit auquel Méline répondit par un clin d’œil affectueux.
- — Je suppose qu’il ne s’est pas privé de te remplir le ventre et le cul avant de te forcer à l’indiquer aux curieux.
Le visage de Roxane devint cramoisie.
- — Ça veut dire oui, en conclut Méline, amusée.
- — Il a posé les mains sur moi tout le temps. Tu sais, j’adore être ainsi vulnérable et il le sait alors il faisait en sorte de caresser mon cœur ou mes reins. C’est instinctif. On veut protéger ses organes vitaux. Ne pas pouvoir le faire est viscéralement difficile. Les sensations sont incroyables. J’adore !
Méline sourit.
- — Mais il n’en a pas profité pour te frustrer ? J’en suis vraiment surprise.
- — Non, il m’a totalement comblée. Résultat : il est en manque. C’est pour cette raison qu’il passe la journée avec Amber.
Méline regarda autour d’elle, observant la terrasse ouverte sur le jardin du domaine Mean.
- — Oh ! Ils sont en train de jouer au donjon ? Tu veux qu’on aille ailleurs ?
- — Non, ils ne sont pas là. Albert m’a dit : « Je suis bien allée en Suisse avec toi. J’ai le droit de faire une escapade avec elle ». J’approuve. Je ne sais pas où ils sont là, mais pas là, c’est certain.
Méline sourit.
- — La pauvre n’aura pas de plaisir de toute la journée, proposa Méline.
- — Je suppose. Il va la faire mariner un certain temps avant de lui ordonner sans prévenir de venir pour lui permettre enfin – ou pas – d’obtenir le plaisir tant désiré.
Roxane grimaça.
- — Tu n’aimes pas ça, hein ! lança Méline.
- — Non ! Je suis très heureuse qu’Amber apprécie car clairement, ce n’est pas mon truc. Je la laisse volontiers satisfaire mon mari de ce point de vue là…
- — Tout comme tu donnes au mien de quoi le combler d’une manière qu’il n’obtiendra jamais de moi.
Il était certain que Méline ne permettrait jamais à Nicolas de la larder de coups de fouet. Déjà qu’une tape sur les fesses était sujet à de nombreuses négociations…
- — Exactement, confirma Roxane.
- — Crois-tu que tu cesseras un jour d’être égocentrée ? demanda Méline.
- — Crois-tu que tu offriras un jour une fellation à ton mari ? cingla Roxane que la question de son amie avait blessé.
Méline, loin de se récrier, pencha la tête sur le côté et y réfléchit sérieusement.
- — Tu sais, je ne comprends pas, admit Roxane.
- — Quoi donc ?
- — Quand je suce un homme, quand je suis libre de le sucer comme je veux, sans être attachée, sans qu’il ne me tienne la tête, sans qu’il ne m’ordonne ce que je dois faire, sans qu’il ne m’impose le rythme ou la profondeur, c’est moi qui suis au pouvoir.
Méline fronça les sourcils.
- — Ne t’inquiète pas, Charles, Philibert, Nicolas et Albert savent que je le conçois de cette manière, tout comme c’est Philibert qui a le pouvoir quand il est à genoux devant moi en train de me doigter et de me faire un cuni. Putain je peux te jurer que je suis totalement en son pouvoir !
- — Quand tu me donnes du plaisir, tu considères que je suis en ton pouvoir ? s’étrangla Méline.
- — Carrément ! Et c’est kiffant. J’adore ! C’est un vrai bonheur de voir l’autre réagir au doigt et à l’œil, de le contrôler, de le télécommander. Je ne comprends pas que tu puisses ne pas vouloir connaître ça.
- — Comment je dois faire pour que tu ne me contrôles pas ? demanda Méline, qui était restée bloquée là-dessus.
- — Tu dois prendre le pouvoir en m’imposant mes gestes, en me disant non pas ça, fais ça, plus haut, plus bas, plus à droite, deux doigts, un seul, au fond, ressors… Tu comprends ?
- — Mais si je te guide de la sorte, je perds tout le plaisir ! s’exclama Méline.
- — Terrible dilemme du dominant, ricana Roxane. En tout état de cause, précise à Nicolas que tu veux bien le sucer, à condition qu’il ne t’impose rien.
- — Jamais il n’acceptera.
- — Il me le permet bien, à moi, répliqua Roxane.
- — Quoi ? s’étrangla-t-elle. Il t’a déjà laissée le sucer librement ?
Roxane hocha la tête. La première fois, dans la douche des vestiaires du stade de polo, avait été une réelle surprise et depuis, parfois, Nicolas se laissait aller à se faire surprendre par la soumise.
- — Je… je vais y penser, promit Méline. Et toi ? L’égocentrisme ?
- — Mon psy m’a bien aidée.
- — Tu en parles avec lui ?
- — Je lui parle de ce qui me pose problème et cela en fait partie, en effet, confirma Roxane. Il m’a surtout permis de me rendre compte qu’égocentrée, je ne l’étais pas en toutes circonstances. Par exemple, pendant l’évasion – tu es au courant ?
- — Oui, Nicolas m’a raconté, précisa Méline en souriant à ce souvenir.
- — Hé bien pendant ce scénario, je n’ai pas cherché à m’imposer. Dans la pièce fermée au départ, Olivia décidait. Elle a donné la direction à prendre et nous l’avons suivie. Dehors, nous suivions Félicie. Même quand nous nous sommes opposées à Charles, c’est Félicie qui donnait les ordres. J’étais son bras armé mais pas au premier plan.
- — Mais tu as craqué ensuite, rappela Méline.
- — Parce qu’ils étaient quatre et qu’aucun d’eux ne s’intéressait à moi. C’était trop dur.
- — Tu n’as pas ressenti cela avec moi, fit remarquer Méline.
- — Tu étais seule, indiqua Roxane. Tu ne peux pas être partout à la fois. Tu dois bien donner un peu de ton temps à chacun. Et puis, les punitions étaient très mal choisies.
- — Comment ça ? demanda Méline, curieuse des reproches de son amie envers ses décisions.
- — La punition en cas d’opposition envers toi m’était bien plus insupportable que celle en cas de tentative d’accaparer l’attention. Dans le premier cas, j’étais exclue, seule, isolée, soit ce qu’il y a de pire pour moi. Dans le second cas, j’avais Nicolas pour moi toute seule.
Méline sourit. Elle ne l’avait jamais vu ainsi.
- — C’est un miracle que ça se soit bien passé, comprit Méline.
- — J’aime bien Amber. Elle est douce, gentille, fragile. Elle donne naturellement envie qu’on prenne soin d’elle.
- — C’est vrai qu’elle fait très « poupée ». Si je comprends bien, tu acceptes de ne pas être au centre de la scène lorsque le dominant est seul avec plusieurs soumis, parce que tu comprends qu’il doive donner à tout le monde.
Roxane hocha la tête.
- — C’est justement le rêve d’Albert de t’avoir toi, et Amber et des centaines d’autres femmes à disposition et de pouvoir profiter – ou pas – d’elles à volonté.
Roxane frémit.
- — Je ne crois pas être capable de supporter ça. C’était facile avec toi. Je ne t’aime pas. Tu es ma meilleure amie, je t’adore, mais je n’ai aucun sentiment amoureux. Non ! Je risquerais trop de tout faire foirer et d’empêcher les autres participants de prendre leur pied. Je ne veux pas risquer de blesser Amber ou Albert.
- — Tu vas assurer grave ! tenta de la rassurer Méline.
- — Non, la contra Roxane.
- — Parles-en avec Albert. Il saura trouver les mots pour te mettre en confiance.
- — Non, répéta Roxane. Hors de question que je risque de faire du mal à quiconque. Déjà la dernière fois, j’ai privé Nicolas d’un agréable moment. C’est hors de question que ça se reproduise.
- — Il ne t’en veut absolument pas ! s’exclama Méline. Il est honoré de…
- — Bonjour mesdames, dit une voix féminine.
- — Bonjour maman, répondit Roxane.
- — Je suis navrée de vous déranger, indiqua Isabelle. Je vous ai vues papoter et je me demandais si cela ne vous gênerait pas que je me joigne à vous ? J’aimerais beaucoup que ma fille me raconte sa virée en Suisse.
Quelle politesse, pensa Roxane. Quelle prévenance. Cela changeait ! Quelques mois plus tôt, Isabelle aurait hurlé depuis l’autre bout du jardin et se serait imposée sans vergogne. Ronald était décidément un homme extraordinaire. Pour une fois, sa mère tombait à pic pour mettre fin à une conversation dérangeante. Roxane était ravie.
- — Bien sûr, maman. Je t’en prie. Ça me fait plaisir. Méline ?
- — Bien sûr, madame Mouzan. Installez-vous. Roxane, tu as pu voir des lacs d’eau douce ?
- — Oui, rit Roxane. Plein et pas que. Albert m’a emmenée voir des expositions, des musées, des villes pittoresques, des châteaux.
- — Vous avez fait du ski ? demanda Isabelle.
Méline ricana. Difficile avec les mains dans le dos.
- — Non, maman. Ce n’est pas trop notre truc. Nous avons pu voir des chutes d’eau, monter en altitude dans des téléphériques, observer des paysages sublimes dans des trains prévus à cet effet, le tout en mangeant dans d’excellents restaurants.
- — Des vacances reposantes en somme, en conclut Isabelle.
Roxane sourit. Albert avait fait en sorte de les pimenter fort agréablement. Y avait-il un seul de ces lieux où Roxane ne l’avait pas sucé ? Où il n’avait pas profité de sa poitrine offerte ? Où il ne l’avait pas baisée, en se gardant bien d’éjaculer trop souvent, la cinquantaine oblige ? Où il n’avait pas activé un œuf vibrant et écouté sa soumise le supplier de lui permettre de jouir mais le lui refuser avant de la libérer sous la douche le soir à l’hôtel ? Oui, vraiment, cette semaine avait été fort agréable.
###########################################
Roxane observa l’écran de son téléphone. Son visage dut interpeler Albert car il demanda :
- — Qu’est-ce qui se passe ?
- — Nicolas me remercie.
- — De quoi ?
Roxane lui tendit son téléphone. Il observa le message. « Merci chère Roxane ».
- — Tu as fait quoi ? demanda Albert.
- — Rien ! s’exclama Roxane.
Albert rendit son téléphone à sa femme puis sortit le sien, le déverrouilla et tapota un peu. Une sonnerie retentit, une fois, deux fois puis la voix de Nicolas envahit le petit salon.
- — Que puis-je pour toi, Albert ?
- — Elle a fait quoi ? demanda le duc Mean à son meilleur ami.
- — J’ai suivi ton conseil, dit la voix de Méline.
- — Oh ! comprit Roxane. Et c’était bien ?
- — Oui, dit la voix de Méline.
- — Bof, répondit Nicolas.
Roxane entendit une chamaillerie entre les deux époux.
- — Elle s’améliorera, finit par annoncer calmement Nicolas.
Roxane mima le geste de la fellation à Albert qui sourit tout en ouvrant de grands yeux éberlués.
- — Et toi, Roxane ? Tu as parlé à Albert ? lança Méline.
Roxane serra la mâchoire. Pourquoi son amie avait-elle dit ça ?
- — Me parler de quoi ? demanda Albert.
- — Pardon, je recommence, lança Méline. Dis-moi, soumise, as-tu parlé à ton maître ?
La voix de Méline s’était faite bien plus froide et cinglante, chargée d’autorité et d’une pointe de reproche.
- — Non, madame la duchesse, admit Roxane, le ventre noué.
- — Elle était censée me parler de quoi ? demanda Albert, maintenant curieux.
- — Je n’ai pas à le dire, indiqua Méline. Ça doit venir d’elle. Bon, je vous laisse. J’ai à faire.
- — Encore merci, Roxane, lança Nicolas et la conversation fut coupée.
Albert leva les yeux sur Roxane qui trembla.
- — Je ne te forcerai pas, précisa-t-il d’une voix douce avant de s’éloigner.
Roxane se sentait mal. Méline avait jeté une bombe. Maintenant, Albert allait ressasser. Il risquait même d’être triste que Roxane ne lui fasse pas davantage confiance. Sauf que Roxane ne pouvait pas. Elle ne se sentait pas la force, le courage, la capacité. Elle se sentait nulle. Plus que tout, elle ne voulait pas risquer d’échouer. Cela lui donnait la nausée. Elle s’améliorait sur ce point, perdant régulièrement aux dames, ayant atteint son niveau maximal. Toutefois, cela restait difficile.
###########################################
- — Il est inquiet, lança Nicolas qui se promenait, main dans la main, en ville avec Roxane.
- — Méline n’avait qu’à garder sa langue, gronda Roxane en retour.
- — Elle ne m’a rien dit, précisa-t-il.
- — Tant mieux. J’ai dit ça à ma meilleure amie. Je me sens trahie par son comportement.
- — Je comprends mais elle cherche à t’aider. Tu apportes énormément à notre couple. Grâce à toi, Méline s’est épanouie et notre relation en est renforcée. Pour une fois, elle aimerait te rendre la pareille. Elle m’a juste confiée à quel point cela pourrait être bénéfique pour vous deux. Albert est mon meilleur ami et toi, je t’aime. Il me plairait de vous voir heureux.
Roxane se renferma plus fort qu’une huître.
- — Parles-en avec le psy, proposa Nicolas.
- — Je l’ai déjà fait, annonça Roxane.
- — Qu’a-t-il dit ? demanda le duc français.
- — Qu’Albert en serait ravi et que cela permettrait à notre couple de s’épanouir.
Nicolas s’arrêta et prit avec tendresse le menton de Roxane pour la forcer à le regarder. Il plongea son regard dans celui de son amoureuse et l’embrassa tendrement avant de poursuivre la promenade sans un mot supplémentaire sur ce sujet. Le reste de la journée fut agréable.
Albert fut morose et renfermé au dîner. Il savait que Roxane avait passé la journée avec Nicolas et avait espéré que, peut-être, il arriverait à la dérider. Après tout, Du Moulin ne gagnait-il pas toujours face à Roxane ? Pourtant, la soumise resta obstinément muette.
Les relations entre Albert et Roxane restèrent cordiales mais quelque chose bloquait. Albert ne proposa pas de rapprochement et Roxane n’en demanda pas. Philibert finit par venir parler à Roxane avant un match de polo.
- — Je n’ai jamais vu Albert aussi déprimé. Que se passe-t-il ?
Roxane grimaça. Elle lui aurait bien répondu « Mêlez-vous de vos affaires » mais déjà, ça n’aurait guère été poli et ensuite, cela le concernait si les séances avec son ami et les matchs de polo en pâtissaient.
- — Je n’ai pas envie de le blesser, indiqua Roxane.
- — Tu le blesses en ne lui parlant pas, fit remarquer Philibert.
- — Vous accepteriez de me prendre en séance avec Félicie ?
Philibert fronça les sourcils.
- — Je ne refuse jamais un bon moment mais depuis quand tu réclames des séances de ta propre volonté ? Albert…
- — J’aimerais une séance avec juste Félicie et vous, précisa Roxane.
Le comte de Malt se figea. Il transperça Roxane des yeux puis annonça :
- — Non. C’est hors de question.
- — Je ne vous demande pas d’en faire un secret. Albert le saura.
- — Je ne comptais pas me cacher, assura Philibert en retour. Pourquoi refuses-tu la présence d’Albert ?
- — Pour ne pas le blesser. Je l’aime. Sa souffrance me fait du mal. Si je vous blesse vous ou Félicie, ça me touche moins.
- — Je ne comprends pas, admit Philibert. Tu pourrais le blesser en faisant quoi ?
- — En échouant, marmonna Roxane.
Philibert réfléchit un instant puis proposa :
- — Si je suis seul avec Félicie et toi, à un moment ou à un autre, tu ne seras pas le centre de mon attention.
Roxane ne répondit rien. Philibert faisait les bons liens lui-même.
- — Tu as peur de ne pas réussir à le supporter ?
Roxane serra la mâchoire et se retint de pleurer.
- — Je voudrais essayer… voir si j’en suis capable, bredouilla maladroitement Roxane. Si je craque…
- — Ni Albert ni Nicolas ne seront là pour te réconforter et je serai incapable de le faire, termina Philibert à sa place. Je refuse cette responsabilité. J’ai déjà ma soumise à m’occuper. Merci bien. Pas deux. C’est avec Albert ou avec personne.
À ces mots, Philibert s’éloigna en secouant la tête. Roxane se sentit mal. La gorge serrée, le ventre noué, elle soupira. Philibert avait raison. Ça avait été malhonnête de sa part de lui demander ça. C’était son problème et celui d’Albert. Philibert n’avait pas à porter ce poids.
Roxane passa le match la tête dans les nuages. Philibert était perturbé. Albert agissait comme s’il n’était pas là. Nicolas s’inquiétait pour son ami. Charles était dépité du comportement de ses amis. Une fois la défaite, inéluctable, actée, les quatre joueurs se rendirent dans les vestiaires. Roxane décida de s’y rendre.
Elle entra sans honte ni gêne. Elle salua rapidement de la main les autres joueurs qui sourirent en la voyant entrer.
- — Pas aujourd’hui, messieurs, indiqua-t-elle et ils haussèrent les épaules avant de se recentrer sur leur habillage.
- — Roxane ? Tu viens remonter le moral des perdants ? supposa Charles.
- — Je ne t’ai pas demandé de venir, gronda Albert.
- — Je suis désolée, monsieur de Malt, dit Roxane en se plaçant debout devant lui. Je n’aurais pas dû vous demander cela. J’espère que vous me pardonnerez.
Philibert la fusilla des yeux et ne lui accorda pas le pardon demandé.
- — Elle t’a demandé quoi ? demanda Nicolas.
Roxane se tourna vers Albert, s’agenouilla devant lui et annonça :
- — Je suis désolée, Maître. Pour mon silence. Je vous parlerai dès que vous le souhaiterez.
- — Attends-moi dehors, annonça Albert.
Roxane hocha la tête et sortit. Elle attendit une bonne demi-heure avant qu’Albert, propre et changé, ne ressorte, seul. Il l’emmena sur les gradins vides.
- — Je t’écoute, dit-il gravement.
- — Philibert vous a parlé ?
- — Non, répondit Albert. Il est resté aussi muet qu’une tombe.
Roxane lui en sut gré.
- — Au grand désespoir de Nicolas qui l’a pourtant interrogé plusieurs fois, compléta Albert et Roxane sourit.
- — Quand j’ai discuté avec Méline, il est apparu qu’elle a proposé une idée pour peut-être, faire avancer, non pas vraiment mon problème d’égocentrisme, mais comment le contourner pour que vous soyez comblé malgré sa présence.
Albert eut la bonne idée de rester silencieux. Il écouta avec attention.
- — Après tout, peu importe que je sois égocentrée si ça ne vous empêche pas de vous épanouir et d’être satisfait.
- — Je suppose, répondit Albert, qui sentait venir le loup.
- — Accepteriez-vous de faire une séance avec juste vous, moi et Amber ?
Albert plissa les paupières, fronça les sourcils, ouvrit et ferma plusieurs fois la bouche pour finalement ne rien dire. Il était clair qu’il ne comprenait pas.
- — Déjà, Amber est trop craquante. J’ai tout le temps envie de lui faire des câlins et l’imaginer malheureuse me fend le cœur, commença Roxane.
Albert rit doucement à cette réplique.
- — Ensuite, puisque vous serez seul, je sais que je ne pourrai pas être tout le temps le centre de l’attention. Amber aura aussi le droit de vous avoir un peu pour elle.
- — Tu penses pouvoir le supporter ?
- — Je l’ai déjà fait avec Méline, rappela Roxane.
Albert remua beaucoup la tête et les yeux, pensant intensément.
- — Je ne pourrai pas mesurer le temps consacré à l’une ou à l’autre. Il y aura forcément un déséquilibre, involontaire, mais tout de même !
- — Je me doute. Tant que le déséquilibre n’est pas clairement en ma défaveur, cela ne me posera aucun souci. Je ne suis pas jalouse d’Amber. Vous pouvez la voir quand vous voulez sans que je n’ai le moindre ressentiment.
- — Mais là je m’occuperai d’elle devant toi sans m’intéresser à toi, insista Albert.
- — Vous vous intéresserez forcément à moi puisque vous serez seul, au moins pour le côté sécurité.
- — Tu as craqué dans le scénario d’évasion uniquement parce qu’aucun de nous quatre ne t’accordait d’attention, comprit Albert.
- — La position dans laquelle j’étais ne risquait rien. Amber ne nécessitait pas non plus qu’on s’occupe d’elle. Vous l’aviez fait exprès, afin de pouvoir vous concentrer sur Olivia et Félicie.
- — Mais ça t’a fait te sentir abandonnée, comprit Albert et Roxane acquiesça. Pourquoi craindre de m’en parler ? Je suis très heureux de ce nouvel élément !
- — J’ai peur d’échouer, murmura Roxane en pleurant instantanément tant l’émotion la submergea rapidement.
- — Et si tu échoues ? En quoi est-ce grave ?
- — Je vous priverai vous et Amber d’un moment de…
- — Elle s’en remettra et moi aussi, répliqua Albert.
- — Je ne veux pas vous blesser, ni l’un, ni l’autre. Déjà, lors de l’évasion, Nicolas a été…
- — honoré que tu te tournes vers lui pour recevoir de l’aide, termina Albert à sa place.
Il la prit dans ses bras et la berça tendrement.
- — On va essayer et on verra bien, proposa-t-il. Par contre, il va falloir me laisser un peu de temps parce que je…
- — Arrêtez ! C’est votre fantasme que d’avoir deux femmes à vos pieds en même temps !
- — Non, mon fantasme, c’est d’en avoir des centaines, répliqua Albert et Roxane ricana. Et dans mes rêves, les femmes sont juste là, à disposition. Elles ne font rien de particulier et je ne les touche pas spécialement. Je vais trouver un truc, ne t’inquiète pas.
- — Je ne m’inquiète pas, assura Roxane avant d’embrasser son époux qui le lui rendit volontiers.
###########################################
Roxane attendait, un peu fébrile, dans l’entrée. Des coups sur la porte retentirent. Roxane ouvrit, dévoilant Amber sous un parapluie. Elle entra sur un geste de bienvenu de son hôte.
- — Salut Roxane, lança Amber, visiblement surprise d’être accueillie par la maîtresse de maison.
- — Salut Amber. Pas trop dur la route sous la pluie ?
Dehors, un déluge d’eau tombait du ciel. Cela ressemblait beaucoup au premier jour que Roxane avait passé en Écosse, bien des années plus tôt.
- — J’ai roulé très doucement et puis, j’ai l’habitude, indiqua-t-elle en repliant son parapluie.
Elle secoua ses pieds trempés.
- — Allons-y mesdames ! lança Albert en apparaissant depuis le haut de l’escalier.
Il descendit les marches, attrapa le parapluie d’Amber, le déplia puis sortit sous la pluie.
- — Dehors ! Suivez-moi ! ordonna-t-il.
- — Il… pleut, bafouilla Roxane.
- — J’adore quand vous êtes trempées. Arrêtez de réfléchir et obéissez.
Les deux femmes sortirent en même temps et les tonnes d’eau s’infiltrèrent dans leurs vêtements, les refroidissant instantanément. Si l’une ou l’autre avait été excitée à l’idée de cette soirée, cette douche venait d’éclaircir d’un coup leurs pensées.
Tandis qu’Albert s’avançait sous la pluie, protégé par le parapluie de Amber, les deux femmes le suivirent en ronchonnant.
- — Non pas que ça me dérange, Roxane, mais… pourquoi es-tu là ?
- — On va faire ça ensemble, dit Roxane en souriant.
- — Toutes les deux ? s’enthousiasma Amber. Trop bien ! J’ai adoré la dernière fois. J’avais déjà connu plusieurs dominants, évidemment, puisque mon maître me partage souvent avec ses amis, mais plusieurs soumis, ça, jamais. C’était agréable de vous avoir près de moi. Il y aura qui cette fois ?
- — Juste nous trois, indiqua Roxane et Amber sourit pleinement.
L’idée semblait la satisfaire au plus haut point. Albert les mena jusqu’à une des granges en travaux où Roxane n’avait pas le droit de mettre les pieds. Lorsqu’elles entrèrent, elles découvrirent un endroit en chantier dont une bonne moitié proposait des bennes, des toupies, des graviers et des pelles. L’autre partie était propre mais quasiment pas meublée.
- — Ce qui compte, c’est que ça soit étanche, dit Albert en désignant le toit.
Les deux femmes grommelèrent. Que leur importait vu qu’elles étaient déjà trempées !
- — Vous allez finir par attraper froid, annonça Albert. Retirez donc ces vêtements mouillés !
Les deux femmes lui lancèrent un regard entendu avant de s’exécuter. Elles s’entraidèrent pour ôter les manches devenues collantes. Finalement, elles furent nues toutes les deux. Albert leur lança une serviette chacune et elles se séchèrent rapidement, leurs cheveux restant mouillés mais la grange était chauffée par de petits radiateurs électriques. Albert avait pensé à leur confort.
- — Je vais commencer par m’occuper de Roxane, annonça Albert. Viens par là.
Roxane le suivit jusqu’à un bassin surélevé pour l’instant vide. Nul doute qu’au final, il contiendrait de l’eau ou des plantes mais pour le moment, c’était juste un contenant en pierre ovale d’environ cinq mètres de long et d’un mètre dans la plus grand largeur. Le muret montait au niveau du mollet.
Albert commença par passer un harnais à sa femme. En cuir, confortable et robuste, il entourait les seins, passait sur les épaules, sous les aisselles et dans le dos. Du plafond, il attrapa deux chaînes qui pendaient et les accrocha au harnais à l’aide de solides mousquetons. Roxane reconnut là un élément de sécurité l’empêchant de tomber.
Albert lui passa ensuite une entrave en cuir à chaque poignet et les accrocha à l’aide d’un cadenas à un anneau dans le dos de Roxane. Elle était prisonnière. Albert sortit un crochet anal qu’il lubrifia avant de l’approcher de sa soumise qui se cambra pour lui offrir une meilleure pénétration. Il fut doux et tendre, ouvrant le passage de ses doigts et l’insertion fut aisée. Le crochet fut attaché au même anneau que les poignets.
Albert se plaça ensuite devant Roxane et lui sourit.
- — Quelque chose à dire ? demanda-t-il en lui montrant un bâillon boule.
- — Non, maître, assura Roxane.
Il fixa le bâillon, obligeant sa soumise au silence. Roxane tournait le dos à Amber alors elle n’avait aucune idée de la réaction de la petite brune qui attendait silencieusement son tour. Albert s’accroupit et entrava les chevilles de sa soumise d’une barre d’écartement… sacrément écartée, trouva Roxane. Elle l’avait connu plus gentil. Il tapota son sexe offert et Roxane gigota, tentant de s’y soustraire. Impossible. Elle était totalement vulnérable. Elle n’en mouilla que davantage.
Il sortit un œuf vibrant et l’inséra en douceur dans son sexe dégoulinant avant de le mettre en fonction.
- — Tu as le droit de jouir si tu veux, sans besoin de m’en demander la permission ni de me prévenir, annonça-t-il.
Elle ne pouvait pas jouir sans stimulation clitoridienne et il le savait. Cet œuf la stimulerait, l’exciterait sans jamais lui offrir la libération souhaitée. Elle aurait voulu l’insulter mais le bâillon l’en empêchait.
Albert finalisa son œuvre en plaçant un collier en cuir autour du cou de sa soumise et attacha à l’anneau central sur le devant une autre chaîne en provenance du plafond. Roxane ne comprenait pas. Cela ressemblait à une laisse mais accrochée là haut ? Il attrapa ensuite une télécommande et appuya sur un bouton bien visiblement devant Roxane. Un léger ronronnement de moteur se fit entendre et la chaîne devant Roxane frémit avant de se tendre doucement.
Roxane trembla, cherchant à comprendre la situation. La chaîne tira son cou vers l’avant et Roxane se retrouva obligée d’avancer malgré ses entraves pour suivre la laisse. Elle observa plus attentivement au dessus d’elle. Des rails permettaient à la chaîne de se déplacer. Ils étaient ovoïdes, épousant parfaitement le contour du futur bassin. Roxane allait devoir tourner en rond.
Elle tenta de se débattre mais ses mains liées ne lui offraient aucune perspective de s’échapper. La laisse avançait, impitoyable, machine sans cœur ni âme, insensible aux supplications et aux larmes. Roxane dut suivre le mouvement, apprivoisant lentement la barre d’écartement et le crochet anal, tout en ressentant pleinement les ondes de plaisir envoyées par l’œuf vibrant.
Lorsqu’elle tourna pour contourner le bassin, Amber se retrouva dans son champ de vision. Albert lui faisait signe de la rejoindre dans un autre lieu de la grange, non loin, à moins d’une dizaine de mètres. La construction ressemblait à une roue d’esclaves dans le désert permettant de pomper de l’eau : des poutres enfichées horizontalement dans un cylindre vertical mobile. Albert lia les poignets d’Amber à une des poutres puis accrocha à ses chevilles des poids de gymnastique.
Roxane dut se tordre le cou pour voir la suite car son avancée la mettait du mauvais côté. Elle tirait contre ses liens et grognait, peinant à suivre le mouvement, pas encore à l’aise. Heureusement, le harnais la préviendrait de toute chute. Si elle perdait l’équilibre, les chaînes la retiendraient, préservant son intégrité physique. Cependant, elle ne voulait pas que cela se produise. Son égo en aurait été fort meurtri. Albert voulait la voir galérer à tourner en rond ? Fort bien. Elle le ferait et il serait fier d’elle.
Albert discuta avec Amber mais Roxane n’entendit pas ses mots chuchotés. Amber se mit en marche, poussant la poutre, faisant tourner le cylindre. Roxane observa la scène. Amber était libre de toute contrainte. Certes, elle ne portait aucun vêtement mais en dehors de cela, ni plug, ni god, ni pinces, ni shibari, ni bâillon. Elle devait juste tourner en rond elle aussi.
Lorsqu’elle revint à son point de départ, un compteur mécanique sur le cylindre bascula de 0 à 1.
- — Crois-moi, dit Albert assez fort pour que Roxane l’entende, tu voudras que ce nombre soit le plus élevé possible.
Amber gémit en retour mais Albert l’ignora. Il se dirigea vers un transat et une petite table en verre, seuls meubles de cet endroit en travaux. D’un sac, il sortit une enceinte bluetooth, y connecta son téléphone et du jazz envahit la grange. Puis, il s’installa dans le transat, sortit un livre et ses yeux parcoururent les lignes.
Roxane avait beau connaître son maître, elle ne se faisait pas à ce genre de comportement. Elle ne pouvait s’empêcher de le haïr quand il agissait de cette manière. Ce dédain, ce mépris, cette indifférence la rendaient folle. Heureusement qu’Amber était logée à la même enseigne car sinon, Roxane aurait été très mal.
Le compteur d’Amber indiquait cinq lorsqu’Albert se leva. Il alla d’abord voir la petite brune avec qui il discuta. Il lui offrit un verre d’eau, caressa ses seins et son corps puis s’éloigna. Amber n’avait jamais cessé d’avancer de toute cette interaction.
Albert vint ensuite voir Roxane. D’un appui sur la télécommande, il fit arrêter le moteur et Roxane put cesser d’avancer. Il retira le bâillon et lui proposa à boire. Roxane avala volontiers l’eau claire et fraîche.
- — Tu es sûre que tu t’es essuyée en arrivant ? lança Albert taquin. Tu es trempée !
Il caressa ses seins et son ventre, plein de salive, puis ses cuisses couvertes de mouilles et enfin ses bras transpirant. Roxane gémit mais ne se plaignit pas.
- — État émotionnel ?
- — Vert, maître. Je vous hais et je vous aime.
- — Parfait, répondit Albert avant de lui remettre le bâillon. Maintenant que tu t’es habituée, je vais pouvoir augmenter la vitesse.
Il montra la télécommande, tourna d’un cran un curseur avant d’appuyer sur le bouton vert. Roxane gémit en secouant la tête mais la laisse repartit, un peu plus vite que la fois précédente. Roxane n’en revenait pas. Il avait osé augmenter la difficulté. Elle constata qu’il retourna tranquillement lire son livre.
Roxane dégoulinait. Son ventre lui envoyait des vagues de désir non satisfaites. Toute la situation l’électrisait. Se savoir ainsi à disposition, totalement sous la domination de son maître, n’attendant que son bon vouloir, la comblait de bonheur.
Amber peinait de son côté. La petite brune avançait toujours mais, sembla-t-il à Roxane, plus lentement. Lorsque le compteur fut à dix, Albert se releva. Cette fois, il alla voir d’abord Roxane. Elle s’attendait à ce qu’il retire son bâillon et lui offre à boire. Il n’en fut rien.
- — C’est pas mal hein, comme installation, dit-il et Roxane sourit autour du bâillon. Et encore. Ce n’est pas terminé. Ça sera encore mieux après mais imagine un instant ce que Nicolas pourrait en faire.
Roxane frémit et gémit.
- — Nul doute qu’il lierait la laisse non pas à ton collier mais à des pinces japonix sur tes seins. Il serait bien moins tolérant que moi sur la vitesse et te donnerait envie d’avancer à coups de cravache, de fouet ou de cane.
Roxane sentit son ventre se tremper à ces mots. Elle ne dégoulinait plus : elle ruisselait.
- — Ton sexe serait agrémenté de jolies pinces à dent bien fortes, tant sur les petites lèvres que le clitoris et il ne se priverait pas de faire passer les lanières d’un martinet dessus.
Roxane voulut instinctivement resserrer les cuisses à ces mots mais la barre d’écartement l’en empêcha.
- — Aucune échappatoire, murmura Albert à son oreille tout en suivant son avancée contrainte par la machine. Aucune évasion. Tu serais sous son pouvoir absolu.
À ces mots, Albert s’éloigna, un petit sourire satisfait sur le visage. Roxane avait envie de l’agonir d’injures. Il faisait exprès de l’exciter pour la faire languir ensuite. Il se rendit auprès de Amber avec qui il échangea mais le jazz empêcha Roxane de saisir la conversation. Il retourna ensuite lire comme si de rien était. Il sembla à Roxane, en tout cas, qu’il n’avait pas touché Amber, se contentant, comme à elle, de lui parler.
Quinze arriva enfin et Roxane en fut certaine, Amber avait ralenti depuis le début. Elle n’avait pas elle-même cette possibilité, le moteur ne lui laissant aucun répit. Elle ne se sentait cependant pas fatiguée. La vitesse restait lente. Albert se leva et alla voir Amber.
- — Tu devrais vraiment accélérer, indiqua-t-il. Quand le sablier se sera écoulé, je t’assure que tu apprécieras que le nombre soit grand.
Roxane chercha et trouva le sablier dont elle n’avait jusque là pas remarqué la présence. Il était à un quart écoulé. Le jeu allait encore durer quatre fois ce temps là ? Roxane comprit soudain qu’elle avait intérêt à économiser ses forces.
Albert échangea encore avec Amber sans que Roxane n’entende puis il vint vers Roxane. Il arrêta la machine, retira le bâillon, lui refit son test émotionnel, reçut la même réponse en retour. Roxane put de nouveau boire et Albert s’amusa ensuite à caresser ses seins trempés et à titiller son clitoris ultra sensible, faisant gémir, sursauter et se tortiller la soumise. Évidemment, il s’arrêta bien avant qu’elle n’en jouisse.
- — Maître, j’ai envie de faire pipi, annonça Roxane.
Albert alla chercher un seau, le mit entre les jambes de sa soumise et Roxane, bien que mortifiée par cet acte auquel elle ne se faisait pas, vida sa vessie. Le bâillon retrouva sa place et Albert montra clairement à Roxane la télécommande, augmentant encore la vitesse d’un cran avant de relancer la machine.
Roxane suivit le mouvement, bien obligée. La vitesse était encore largement acceptable mais s’il l’augmentait de trop, cela deviendrait vite un véritable exercice sportif avec cette barre entre les jambes, les mains attachées dans le dos et le crochet anal enfiché dans son cul.
Roxane observait le compteur d’Amber. Seize. Dix-sept. Dix-huit. Dix-neuf. Vingt ! Enfin ! Albert se leva pour venir voir Roxane.
- — Comment crois-tu que Philibert utiliserait cet endroit ? lança Albert.
Roxane gémit en secouant frénétiquement la tête. Elle aurait voulu pouvoir se boucher les oreilles pour ne pas entendre. Les propos de son maître l’excitaient tellement ! Elle mouillait déjà abondamment. Le sol était couvert de ses liquides. Elle en était morte de honte et voilà qu’il en rajoutait une couche !
- — Moi, je crois qu’il te mettrait un god gonflant dans le ventre puis te ferait tourner et à chaque tour, il gonflerait un peu plus, un peu plus, un peu plus, jusqu’à ce que tu sois tellement remplie que tu le supplies d’arrêter mais la machine continuerait à tourner et tu aurais beau pleurer, geindre, demander, il rajouterait un peu d’air à chaque passage.
Roxane soufflait et tirait sur ses liens. Son cœur battait fort. Elle haletait. Albert n’y allait pas de main morte. Roxane suintait de désir, d’envie et d’excitation.
- — Tu sentirais ton ventre se distendre, tes parois être caressées, remplie mais obligée de marcher et à chaque pas, la sensation douce, profonde, entière d’être possédée, d’être conquise, d’être vulnérable, d’être impuissante.
Roxane grognait et gémissait mais Albert continuait à lui parler d’une voix douce, sensuelle, chaude, grave. Roxane se sentait sur le point d’exploser mais non, l’orgasme tant désiré ne venait pas. Elle manquait d’excitation physique. Le mental seul ne suffisait pas. Pourtant, elle avait déjà été capable de jouir par la seule force de son esprit mais là, non, impossible. Et cet œuf qui ne cessait de vibrer sur ses chairs sensibles ! Et cette laisse qui avançait sans relâche, insensible à la difficulté de sa proie.
- — Crois-tu qu’il te permettra de jouir ? Peut-être, peut-être pas, mais je crois qu’il jouera d’abord, en te léchant, en te caressant, profitant de tes seins, de tes fesses. Il t’enculera sans aucun doute, profitant de l’étroitesse du passage induite par le god gonflé à bloc.
Roxane se tortilla et cria, mais le son étouffé par le bâillon ne donna rien de bien concluant. Elle aurait voulu pouvoir lui hurler de se taire. Cette délicieuse torture était atroce.
Enfin, il s’éloigna, la laissant plus ruisselante que jamais. Albert se dirigea vers Amber et lui parla à elle aussi un bon moment avant de retourner lire. Putain ! Amber n’avançait pas et le temps défilait. Roxane estima qu’il restait encore un quart lorsqu’Amber atteignit les vingt-cinq.
Albert se leva, offrit un verre d’eau à Amber et la possibilité de vider sa vessie dans un seau. Il échangea longuement avec elle avant de venir vers Roxane. Il stoppa la machine et retira son bâillon à Roxane, qui, immédiatement, supplia :
- — Par pitié, maître, n’accélérez pas la vitesse ! C’est déjà difficile ainsi !
Elle avala le verre d’eau proposé et subit de nouveau les attouchements pervers d’Albert la faisant grimper sans lui permettre de jouir. Lorsque le bâillon retrouva sa place, Amber avait fait un tour supplémentaire. Albert augmenta la cadence d’un cran et relança la machine en souriant.
Roxane reconnut que cela commençait à devenir difficile. Le harnais la rassurait beaucoup. Elle sentait tous ses muscles la tirer, tant les jambes que les épaules, le dos, les hanches, les fesses et même des muscles dont elle ignorait l’existence. Elle lutta contre ses liens, maudit cette fichue barre d’écartement, cria dans le bâillon, se débattit, en vain. Elle devait avancer alors qu’Albert lisait, tournant chaque page avec intérêt tout en écoutant le jazz.
Amber atteignit trente et Albert se dirigea vers Roxane qui secoua la tête. Non ! Pas encore une histoire érotique ! Non ! Pas d’excitation supplémentaire ! Elle n’en pouvait plus. Elle voulait jouir, tout de suite, maintenant !
- — Et Charles alors ? commença Albert tout sourire.
Roxane hurla et secoua la tête.
- — Chut, ma belle, chut. Tais-toi et écoute.
Roxane, consciente de son impuissance, obéit à son maître.
- — Moi, je crois que Charles ferait tout comme moi à trois détails près. Tu sais lesquels ?
Roxane fit signe que non.
- — Premier détail : je doute qu’il te mette un bâillon. Il préfère que les bouches de soumises soient disponibles pour les vraies bites.
Roxane ricana comme elle put dans sa situation. Elle était tout à fait d’accord avec son maître.
- — Deuxième détail : la laisse, continua Albert en touchant la chaîne presque tendue qui obligeait Roxane à avancer, Albert marchant tranquillement à ses côtés, caressant un sein avec indifférence. Il l’attachera sur ta nuque et non devant après avoir débloqué le moteur, évidemment.
Roxane montra qu’elle ne comprenait pas.
- — Ça permet de relier une personne au rail, l’empêchant de s’en éloigner, sans toutefois la forcer à avancer. En revanche, on peut l’empêcher de reculer par un système ingénieux et Charles l’enclencherait.
Roxane ne comprenait toujours pas. Pourquoi attacher la laisse derrière ?
- — Enfin, Charles placerait de l’autre côté du bassin, juste en face de toi, Olivia.
Roxane plissa les yeux, toujours aussi perdue.
- — Elle serait harnachée exactement comme toi, tout pareil. Et Charles dirait « Top ». La première qui rattrape l’autre a gagné. Le perdante doit donner du plaisir à la gagnante et à Charles.
Roxane frémit. D’où l’attache au rail, évitant que les soumises courent partout. Cela les obligeait à suivre le circuit, à tourner en rond, à avancer le plus vite possible. Inutile de les forcer, elles le feraient toutes seules pour ne pas perdre.
- — Évidemment, tu perdras, annonça Albert. Olivia court tous les jours, fait du cross fit et du badminton. Toi, tu restes sur ton fauteuil à jouer aux dames. C’est plié d’avance.
Roxane trembla de rage à cette phrase qu’elle prit très mal.
- — J’adore tes formes. Elles me sont extrêmement agréables mais soyons honnête, contre Olivia, tu ne feras pas un pli.
Roxane, bien que blessée dans sa fierté, ne pouvait cependant pas totalement nier que son mari avait raison. Elle transpirait à grosses gouttes alors qu’elle se contentait de marcher. En cas de course, elle ne tiendrait pas un demi-tour. Olivia remporterait aisément la victoire.
- — Tu seras détachée pour sucer Charles puis donner un merveilleux orgasme à Olivia, continua Albert. Tu sais ce qui se passera ensuite ?
Roxane fit non de la tête, tout en étant certaine de ne pas vouloir le savoir. Elle voulait qu’il la fasse jouir, pas qu’il lui raconte ces histoires excitantes !
- — Vous seriez rattachées et Charles relancerait une seconde course. Tu perdras et après avoir satisfait Philibert, tu devrais redonner un orgasme à Olivia. Et puis ça recommencerait et ça serait ma bite qui prendrait possession de ta gorge.
Peut-être, avec un peu de chance, qu’Olivia, fatiguée par ses orgasmes, avancerait moins vite, espéra Roxane, sans trop y croire.
- — Et enfin, le grand final avec Nicolas. Elle te plaît bien cette proposition, on dirait. J’appelle Charles pour la lui proposer ? Il trouvera bien un moyen de l’inclure dans le prochain scénario d’Olivia.
Roxane secoua frénétiquement la tête. Non, mais non ! Surtout pas ! Ce n’étaient que des mots, rien de plus, pas la construction d’une future séance.
- — Il y a un hic cependant, annonça Albert. Quatre dominants pour deux soumises. Le ratio n’y est pas pour que tu te sentes bien. Le truc étant que je n’arrive pas à déterminer, dans cette histoire, qui est au centre de l’attention. J’aime autant te regarder donner du plaisir à une femme que la voir elle jouir. À quatre, l’un de nous aura forcément les yeux rivés sur toi. Qu’en penses-tu ? Tu serais capable de supporter cette scène ?
Roxane, tout en avançant sous la traction impitoyable de la chaîne et alors qu’Albert tapotait son sexe ruisselant avec tendresse, réfléchit à la question. Albert alterna les tapes légères et les caresses sur le clitoris tout en avançant sans difficulté au rythme lent de son épouse qui finit par hocher positivement la tête.
- — Super ! Je contacte Charles !
Albert se saisit de son téléphone et commença à écrire. Roxane devint plus rouge qu’une tomate. Elle avait tellement honte à l’idée de ce que son mari était en train de proposer à monsieur Stethen.
- — Il est partant ! annonça Albert alors qu’Amber, visiblement exténuée, n’avançait plus, bloquée à trente-trois.
Roxane gémit d’inconfort. Albert se tourna vers Amber et annonça :
Il s’éloigna sans arrêter la machine. Roxane dut continuer à avancer malgré la fin du sablier, qui, apparemment, ne concernait que Amber. Albert détacha la petite brune, retira ses poids aux chevilles et l’amena sur le chemin de Roxane. Il arrêta le moteur au moment où sa femme se trouvait devant eux.
- — Règle finale, annonça-t-il en souriant pleinement. C’est là, Amber, que tu vas regretter de n’avoir pas été un peu plus énergique.
- — Je suis exténuée, maître ! se défendit misérablement Amber.
Elle avait le corps trempé de sueur et ses cheveux collaient à son dos. Elle haletait et ses cuisses tremblaient.
- — Trente-trois tours en une heure ? C’est vraiment nul, insista Albert. Crois-moi, la prochaine fois, tu te donneras à fond.
Amber gémit et frissonna. Roxane s’interrogea : allait-il lui donner le fouet ?
- — Ça, c’est la méthode Nicolas, dit Albert qui venait littéralement de lire dans les pensées de sa femme qu’il connaissait par cœur. Lui, oui, aurait fait un truc du genre « Tu recevras autant de coups de cane que 100 moins ta performance ». Mais bon, ce n’est pas mon style et Amber est une petite chose délicate qu’il est hors de question d’abîmer.
Roxane sourit comme elle put malgré le bâillon.
- — Non, la punition sera bien pire, indiqua Albert avant de mettre une magic wand entre les mains d’Amber.
Elle le tint tel un micro, du bout des doigts, comme si elle allait la mordre. Albert, de son côté, enclencha un petit boîtier noir dans une prise multiple avant de brancher dessus le câble du sex toy.
- — Ce truc est un disjoncteur programmable, annonça Albert en désignant le boîtier noir. Il est programmé sur trente-trois secondes. Tu disposeras donc de ce temps-là, Amber, pour faire jouir Roxane.
Amber blêmit à ces mots tandis que Roxane tremblait. Amber ? La faire jouir ? Elle n’y connaissait strictement rien !
- — Ensuite, Roxane décidera – et ce sera sa décision personnelle – de te faire jouir ou non, Amber, sans restriction de temps cette fois. Après quoi, vous me satisferez moi parce que bon, j’ai des besoins moi aussi.
Roxane aurait ri si elle n’était atterrée. Amber tenait la magic wand comme une glace. Savait-elle seulement ce que c’était ? En avait-elle utilisé une seule fois dans sa vie ? Le quatuor l’avait utilisée sur elle mais Amber semblait n’avoir jamais manipulé elle-même l’objet électronique.
Roxane grogna. Si elle avait pu parler, elle aurait dit à Amber de laisser tomber ce machin et de se contenter de sa langue. En effet, elle était tellement sensible et excitée qu’un léchage suffirait. Roxane comprit qu’Albert l’avait fait exprès. En mettant ça dans ses mains, il induisait son usage sans pour autant l’obliger. Jamais la douce Amber n’oserait s’opposer à la volonté, bien qu’implicite, de son maître.
- — Attention, trois, deux, un, maintenant, dit Albert en appuyant sur un bouton et un léger « tic tac » ressemblant à celui d’une bombe dans un film de gangster envahit la grange.
- — Ça s’allume comment ? s’écria Amber, au bord de la crise cardiaque.
Elle appuyait sur les boutons en tremblant tandis que Roxane secouait la tête. « Putain de salopard », pensa-t-elle en regardant Albert dans les yeux. En retour, il lui envoya un baiser volant auquel elle ne répondit que par un regard noir.
La magic wand se mit enfin à vibrer et Amber, désireuse de rattraper le temps perdu, commit l’erreur de la mettre à la vitesse maximale avant de la plaquer sans ménagement sur le sexe sensible de Roxane qui cria de douleur. Son clitoris sensible venait de hurler sa désapprobation. Il avait besoin de douceur, de doigté, de tact, de gentillesse, de caresses tendres, pas qu’un bulldozer lui passe dessus.
Naturellement, Roxane s’était reculée autant que la laisse le lui permettait tandis que Amber avait retiré l’objet vibrant en hurlant elle aussi.
- — Je suis désolée, je suis désolée, répéta-t-elle de nombreuses fois d’une voix humide.
Le vibration s’éteignit.
- — Le temps est écoulé, annonça Albert, mort de rire.
- — Non ! Non ! S’il vous plaît ! Elle ne mérite pas ça ! Maître, je vous en prie ! supplia Amber.
Albert s’approcha de Roxane. Il commença par retirer le crochet anal puis l’œuf vibrant. Ensuite, il plaça une ceinture autour de ses hanches et Roxane supplia des yeux en la reconnaissant. Elle se tortilla pour tenter de lui échapper mais les mains dans le dos, jambes écartées par la barre d’écartement et le cou maintenu par la chaîne tendue, elle n’avait guère de latitude de mouvement.
Lorsqu’il passa la sangle entre ses cuisses, Roxane ne luttait plus. Elle était résignée. Il ferma le cadenas sur la ceinture de chasteté puis détacha les chevilles et Roxane put enfin resserrer les cuisses. Ses fesses et son dos la remercièrent. Il retira le bâillon et Roxane garda le silence. Il n’y avait rien à dire. Enfin, il détacha ses mains et retira le harnais. Roxane se retrouva ainsi libre et nue en dehors de la ceinture l’empêchant d’obtenir le plaisir que son sexe réclamait à corps et à cris.
- — À toi de décider, Roxane, si Amber mérite d’avoir du plaisir ou pas, annonça Albert, très fier de lui.
- — Ça serait injuste, pleura Amber. Pourquoi en aurais-je et pas toi ? Non. Ne m’en donne pas. Je ne le mérite pas.
- — Je vais t’en donner, Amber, la contra Roxane.
- — Pourquoi ?
- — Pour le faire chier, répondit Roxane en souriant à Albert. Allez viens ! Ça fait combien de temps que tu n’y as pas eu droit ?
- — Trois semaines, annonça Amber. Et je dois porter des boules de geisha au moins cinq heures par jour et me caresser tous les matins et tous les soirs jusqu’à atteindre le bord mais sans me faire jouir.
- — Je vais te combler, assura Roxane. Tu te souviens comme tu as aimé la dernière fois ? Allez viens.
- — Non, insista Amber. Je n’ai pas su t’en donner. J’ai été nulle, en dessous de tout.
Roxane, la barre d’écartement dans la main gauche, attrapa Amber par le bras et l’amena vers la roue des esclaves. Amber, fine, légère, épuisée et un peu terrifiée, se laissa faire. Roxane la fit se mettre à genoux et lia aisément les poignets d’Amber à l’une des poutres. Les entraves étaient juste sanglées. On pouvait les fermer d’un cadenas – ce qu’Albert avait fait durant la séance – mais Roxane décida de s’en passer, se disant qu’Amber ne tenterait rien. Elle eut raison. Amber ne lutta pas.
Roxane plaça ensuite la barre d’écartement entre les chevilles d’Amber qui se retrouva obligée d’écarter les cuisses.
- — Parfait. Maintenant, tu vas jouir, ma chérie, annonça Roxane.
- — Non, non ! Roxane ! Je ne mérite pas que…
Amber ne put finir sa phrase, coupée par un gémissement de plaisir. Roxane venait d’enfoncer un doigt dans sa chatte et de caresser tendrement sa zone sensible, qu’elle avait trouvé rapidement, l’ayant déjà eu entre les mains. Amber tenta une nouvelle supplication mais Roxane venait de caresser son clitoris de son autre main, jouant avec comme Philibert le lui avait montré.
Amber cria de plaisir et cessa enfin de s’opposer. Elle jouit une première fois, très vite, se dit Roxane qui insista et Amber offrit des râles et des hurlements de toute beauté tandis qu’elle inondait de nouveau le sol en grands jets de cette femme fontaine qu’elle n’était étonnamment qu’entre les mains de Roxane.
- — Bien, lança Albert alors que Roxane détachait une Amber épuisée mais comblée. À mon tour. Je t’aurais volontiers baisée, ma chère épouse, mais la ceinture me prive de tes deux trous du bas. Je vais me contenter de ta bouche.
Roxane lui envoya un regard entendu. Si le bas de son corps n’était pas disponible, c’était bien de son fait à lui !
- — En revanche, Roxane, tu as été parfaite ce soir. Pas le moindre écart, une gentillesse toujours aussi grande et le cœur sur la main. Il est normal que je te récompense.
Roxane écouta avec attention.
- — Ainsi, je te laisse libre lors de la fellation puis, lorsque j’enculerai Amber, tu pourras me mettre un doigt dans le cul pour augmenter mon plaisir.
Roxane sourit pleinement, ravie au plus haut point.
- — Mets-toi à quatre pattes, Amber. Immobile et silencieuse ! Tu m’as beaucoup déçu aujourd’hui. Accepte ta place sans broncher.
- — Oui, maître, pleurnicha Amber en prenant la position demandée.
Roxane retira en douceur les chaussures de son maître, ses chaussettes, son pantalon et son caleçon. Son sexe était totalement mou. Roxane en prit soin. Elle le lécha doucement, lapant avec tendresse, déposant dessus de tendres baisers, se frottant dessus telle une chienne, sachant exactement ce qui faisait plaisir à son maître.
Rapidement, le sexe durcit. Il stagna à une demi-érection pendant un moment mais Roxane ne se laissa pas déboussolée. Son mari était peut-être vieux mais il en avait encore en réserve. Cette demie ne lui permettrait pas d’enculer le cul serré d’Amber. Roxane redoubla de caresses, pompant, avalant entièrement, le lâchant pour le couvrir de baiser avant de recommencer, le surprenant, alternant entre actes préférés et neutres, s’éloignant pour mieux revenir et le sexe durcit nettement, vraiment, totalement. Roxane ne l’avait pas vu ainsi depuis bien longtemps !
- — Amber, tu vas souffrir, prévint Albert. Roxane fait vraiment de l’excellent travail.
Il attrapa un flacon de lubrifiant qu’il tendit à Roxane. Elle enduisit ses mains dont elle flatta le membre de son mari puis le petit trou d’Amber qui sursauta et se crispa.
- — Tu ferais mieux de te laisser faire, conseilla Albert. Plus tu résisteras, plus ça sera douloureux.
Albert posa le gland sur l’œillet sombre de la frêle brune et commença à s’enfoncer. Alors qu’il était à mi parcours et qu’Amber haletait, se retenant visiblement de gémir, Roxane caressa avec tendresse les fesses de son mari, trouva le trou de derrière et enfonça délicatement son majeur enduit de lubrifiant.
- — Oh ! s’écria Amber.
- — Et oui ! Il grossit encore. Roxane fait ça très bien, confirma Albert qui s’enfonça d’un coup dans le cul d’Amber.
Elle hurla mais ne broncha pas, supportant sans se plaindre. Albert réalisa deux allers et retours avant de jouir dans un râle bruyant se répercutant dans la grange presque vide. Il retira sa bite redevenue molle tandis que Roxane, qui avait retiré son doigt, attendait, en position d’attente, que son maître redescende sur Terre.
- — J’espère que tu ne me décevras pas une fois de plus, Amber, gronda Albert.
- — Non, maître. Je vous le promets, maître, lança Amber qui pleurait, davantage touchée par les mots durs d’Albert que par la douleur de cette belle sodomie. Je suis désolée, maître. Je saurai me montrer à la hauteur, maître.
- — Allez, debout ! On retourne au château. Nous avons tous besoin de prendre un bain.
Cette fois, même Albert ne se mit pas sous le parapluie. À quoi bon ? Ils allaient se plonger dans un bain chaud dans quelques instants de toute façon. Le trio se réchauffa et se lava dans la plus grande baignoire du château, assez grande pour que plusieurs personnes s’y ébattent sans difficulté. Seule Roxane, portant sa ceinture de chasteté, ne fut entièrement nue.
Ils sortirent et Albert annonça :
- — Je vais raccompagner Amber. Tu vas te coucher, Roxane ?
- — Volontiers. Je suis épuisée.
- — Tu souhaites que je vienne te rejoindre ? proposa Albert.
- — Non, merci, maître. C’est gentil mais je me sens très bien.
- — Malgré la frustration et cette soirée à me partager ?
- — Oui, maître, assura Roxane. Je me sens totalement possédée. Je suis calme et sereine. Je suis heureuse d’être à vous.
- — Merci Roxane. Ce que tu m’as offert ce soir n’a pas de prix. J’en ai envie depuis tellement longtemps ! Mille mercis !
Roxane embrassa son époux puis commença à s’éloigner pour rejoindre, nue, sa chambre, lorsqu’Amber dit d’une toute petite voix :
- — Si elle ne dort pas avec vous, pourrais-je, moi ?
Albert se tourna vers Amber, abasourdi. Venait-elle vraiment de proposer de passer la nuit au château ? C’était inédit.
- — J’entends ta requête, Amber, mais ton comportement de ce soir… commença Albert mais Roxane le coupa.
- — Elle a déjà été punie. La chambre violette serait idéale pour combler sa demande, non ?
Tandis qu’Albert réfléchissait, Roxane sortit son téléphone de la poche de son mari, le déverrouilla, navigua un instant puis annonça :
- — Elle est libre pendant… oulà, plus que ça. C’est bon !
Elle remit le téléphone à sa place puis s’éloigna en lançant un « Bonne nuit » joyeux. Elle se coucha nue, l’entrejambe en feu mais l’esprit apaisé. Elle avait réussi. Mieux ! Elle se sentait bien. Albert allait-il laisser Amber dormir près de lui, elle pieds et poings liés, dans la chambre violette accessoirisée à cet effet ? Roxane n’en savait rien. Ça serait son choix à lui. Elle n’avait fait que donner son avis et proposer une option. Le reste ne la concernait pas.
Roxane sourit au petit-déjeuner le lendemain lorsqu’Albert apparut accompagné d’une Amber tremblante et l’allure complètement soumise.
- — Ronald, je vous présente Amber, indiqua Albert au majordome.
- — Mademoiselle, salua Ronald en restant complètement neutre.
- — Assieds-toi et mange. Tu as besoin de reprendre des forces, ordonna Albert.
Amber ne se le fit pas dire deux fois. Roxane se demanda pendant tout le repas comment un corps aussi frêle pouvait avaler autant. La soumise avait avalé presque deux fois plus de nourriture qu’elle. Heureusement que Ronald prévoyait toujours large. Une fois la collation terminée, Albert fit signe à Roxane de le suivre dans le petit salon, Amber toujours sur ses talons.
- — Ce matin, annonça Albert une fois Roxane assise sur un fauteuil en face d’Albert alors que la soumise s’était agenouillée à droite du duc, Amber m’a annoncé son envie de rester vivre au château. J’ai été très surpris car elle m’a toujours dit tenir à sa liberté.
- — J’en connais un autre qui disait ça et qui a fini par se marier. Comme quoi seuls les cons ne changent pas d’avis, lança Roxane.
Albert rit et Amber se retint difficilement.
- — Tu as l’air de le prendre très bien, fit remarquer Albert.
- — Je devrais le prendre mal ? rétorqua Roxane.
- — Tu ne t’y opposes donc pas, en conclut Albert.
Roxane haussa les épaules.
- — Elle peut vivre ici si c’est ce que vous souhaitez maître. C’est votre prérogative.
- — Je ne demande pas la permission à ma soumise mais à ma femme, précisa Albert. C’est chez toi ici d’autant que tu payes tout. Accueillir Amber convient-il à mon épouse ?
- — Oui, assura Roxane.
Amber en eut les larmes aux yeux. Elle sanglota silencieusement. Roxane dut faire un énorme effort pour ne pas la prendre dans ses bras pour la câliner. Elle semblait tellement misérable !
- — Si Amber reste, continua Albert, ça sera en temps qu’esclave. Elle changera de statut. Elle me sera disponible à tout moment et devra me servir. Cela ne signifie pas qu’elle sera enfermée ici. Tu pourras toujours sortir en ville, aller au cinéma et voir tes amies, précisa Albert en se tournant vers la femme à ses pieds. Tu devras juste m’en demander l’autorisation avant. Tu comprends ?
- — Oui, maître. J’en serai très heureuse.
- — Je n’en suis pas si sûr alors premièrement, tu vas rentrer chez toi et y réfléchir pendant le temps que je déciderai. Tu devras attendre sagement que je revienne vers toi.
- — Oui, maître, répondit Amber d’une petite voix mouillée.
Être renvoyée chez elle ne lui plaisait visiblement pas. Roxane, cependant, trouva cela très sain. Amber venait de vivre une soirée et une nuit intense. Penser au calme et seule lui ferait du bien.
- — Ensuite, si tu es toujours partante, tu viendras vivre au château pendant une période d’essai de deux mois durant laquelle n’importe lequel de nous trois pourra mettre son veto.
- — Trois ? répéta Roxane, incrédule.
- — Si sa présence te fait te sentir mal, il est hors de question qu’elle reste. Même si elle m’a connu avant toi, tu restes ma femme, mon amour, la prunelle de mes yeux. Tu seras toujours prioritaire.
Roxane en eut les larmes aux yeux. Ces mots la comblaient de joie.
- — Amber, je veux que tu comprennes bien ce dans quoi tu t’engages : ce que tu as l’habitude de vivre avec moi en séance, j’ai vraiment envie que tu le vives tout le temps. Il se pourra que tu passes une journée entière nue au piloris au milieu du petit salon, juste là pour meubler agréablement la pièce. Te savoir dans cette position, disponible, me comblera de joie.
- — J’en ai conscience, maître et il me tarde de vivre cela. Cependant, je m’interroge, maître. N’y a-t-il pas… des serviteurs qui s’occupent de tenir votre maison ? Le majordome… Ronald ? Que va-t-il penser de tout cela ?
- — Tu ne te souviens pas du scénario d’évasion contre les quatre cavaliers de l’apocalypse ? s’étonna Roxane. Tu sais, quand tu nous as lâchement trahies.
- — Si, et alors ? lança Amber, tremblante sous le regard accusateur de Roxane.
- — Qu’est-il arrivé à Olivia alors qu’elle fuyait ?
- — Elle a été vendue par un homme chez qui elle était allée chercher refuge.
- — Cet homme était ?
- — Votre majordome, se souvint Amber en ouvrant de grands yeux ahuris. Celui qui nous a servi au petit-déjeuner ? s’étrangla-t-elle. Il est…
- — Dominant et joueur, oui, indiqua le duc Mean. Je doute qu’il n’apprécie pas la vision de ton joli corps exposé et offert.
- — Aura-t-il l’autorisation d’en profiter ? demanda Amber, terrifiée.
- — Si cela fait partie des permis de ton côté, je pourrais le lui proposer si cela me plaît. Il va falloir établir des règles strictes, bien baliser les limites mais cela ne me semble pas insurmontable.
- — Ton rêve va devenir réalité, sourit Roxane.
- — Mon rêve ne se réalisera que… commença Albert mais Roxane le coupa.
- — Quand des centaines de vierges seront offertes et disponibles un peu partout sur le domaine.
- — Vierges ? répéta Albert. Non, je les préfère expérimentées… mais pas trop. J’ai beaucoup apprécié de voir Amber dans l’incapacité de te donner du plaisir.
Amber gémit à ce souvenir humiliant. Roxane sourit. Elle était heureuse que son amoureux s’épanouisse. Elle ne l’avait jamais vu aussi calme, détendu, serein, apaisé.