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Temps de lecture estimé : 25 mn
07/08/22
Résumé:  Faire lit commun ne favorise pas que les confidences et le recueil de souvenirs plus que piquants peut pousser à une empathie incontrôlée sous le regard d’une visiteuse inattendue.
Critères:  ff fff fplusag inconnu fsoumise fdomine humilié(e) voir exhib odeurs intermast rasage -dominatio
Auteur : Dyonisia  (Rêves et autofictions… souvenirs et confidences…)      Envoi mini-message

Série : Diotime

Chapitre 08 / 15
Entrée en Noviciat

Résumé des épisodes précédents :

La narratrice retrouve l’héroïne de « Histoire de Colette » qui, séduite par la transcription de ses débuts, lui offre l’hospitalité et consent à lui raconter la suite de sa vie de soumise.

Dès son arrivée chez sa Maîtresse d’élection, Me Ève L*, Colette avait connu une succession d’humiliations et de jouissances. Le spectacle des sévères punitions auxquelles elle avait été ensuite invitée à assister et à participer, ne l’avait pas détournée de son désir de soumission ni retenue de signer un contrat de totale servitude en cas d’acceptation de sa demande.

En attendant d’être convoquée à l’examen d’entrée en formation, elle avait lié amitié avec Clémence, la plus ancienne des soumises de Ève, dont elle avait appris la précocité et l’accomplissement de la vocation de domina chez la propriétaire du Domaine Diotime, ainsi que la force d’un amour qui conduit à tout accepter de sa maîtresse.

Après une inspection médicale éprouvante et malgré la médiocrité de son bagage culturel, Colette avait réussi son admission au Noviciat, tandis qu’Aloïse, la Novice qu’elle était appelée à remplacer, avait été déclarée apte aux tests d’accès au niveau supérieur.

Au fil des souvenirs qui lui sont confiés, la narratrice – nommée d’autorité Chantal par son hôtesse – se sent de plus en plus attirée par Colette. En rendant compte des anecdotes qui émaillent son séjour comme de l’évolution de ses propres sentiments, elle se découvre des inclinaisons et des pulsions insoupçonnées.


Diotime







Le lit de Colette est moelleux. La couette est légère et douillette. La recette de grand-mère a rempli son office : les briques chaudes en guise de bassinoires ont vite dissipé l’impression de fraîcheur humide du drap. Les lampes de têtière diffusent une lumière douce. Mon carnet de notes est prêt à recevoir une nouvelle série de confidences. La pluie a cessé. Une méchante bise traverse la nuit et fait couiner les lamelles des contrevents. L’atmosphère de la chambre n’en est que plus agréable.


Colette parle, j’écris. Nous sommes couchées sur le côté, lovées l’une contre l’autre comme deux cuillères dans un écrin. Ses seins sont collés à mon dos et son ventre à mes fesses. Nos jambes se touchent et nos pieds s’entremêlent. Chaque mouvement est un attouchement sensuel. De temps à autre, elle souligne une phrase d’une caresse de sa main libre sur mon épaule ou sur mon bras.



Il y a une intonation d’excuse dans sa voix. Je serre ses doigts et les garde un instant sur moi, pour la remercier et la rassurer. Son souffle près de mon oreille m’a fait frissonner.



En réponse, je me soulève sur le coude pour lui dégager l’espace où se faufiler. Quand je reviens dans ma position initiale mon sein repose sur son poignet. Non, cela ne me gêne pas.


Colette renoue la chaîne de ses confidences. Je reprends le fil de mes notes. Elle renouvelle ses effleurements ponctuels. Si l’écriture éloigne mon bras, c’est sur mon flanc que se pose sa main, sur mon flanc ou sur ma hanche. Ma peau est douce, là aussi, je le sais. Parfois, elle bouge le bras sous mon buste, sans doute pour éviter l’engourdissement. Sa paume frôle alors mon téton. Cela non plus ne me gêne pas.


Colette raconte son entrée en Noviciat comme une entrée en religion ou en obédience. Après tout, n’avait-t-elle pas signé une promesse d’obéissance, à défaut de prononcer un vœu de chasteté ? Encore que, pour celle-ci, les entraves auxquelles elle s’était engagée confinaient en bonne part à l’abstinence. Et comme dans toute cérémonie de consécration, il devait y avoir une épreuve initiatique. Colette va me décrire celle qui s’impose à la future Novice et celle qui ouvre au statut de Converse. Je suis tout ouïe et tout excitée.


Quand elle commence, sa main repose déjà en permanence sur ma hanche. Elle la glisse vers mon ventre au bout de quelques mots. C’est une sollicitation. J’écrase un peu plus mes fesses sur son pubis. C’est une acceptation. Son genou s’insère entre les miens. C’est une invitation.

J’écarte mes cuisses pour lui faire place. C’est une autorisation. Ses doigts enroulent les boucles de ma touffe. C’est une proposition. Je presse sa main gauche sur mon sein. C’est une confirmation.


Ses phrases s’enchaînent, ses gestes aussi. J’écoute, je note, et je m’offre. Son genou remonte dans ma fourche, j’ouvre le mien pour lui faire place. Elle parle, j’écris. Sa cuisse cajole mon périnée, la mienne épouse le coussin tiède et souple de ses nymphéas. Ses mots caressent mon oreille, ma chatte accueille sa main. Je bois ses paroles, elle joue avec mes lèvres. Je recueille ses confidences et je la laisse me masturber…


Juste avant de m’abandonner à son expertise tactile, je me souviens que nous n’avons fait qu’une esquisse de toilette – qui révolterait un chat – de toute la journée. Tant pis ! Colette affirmait qu’une bonne odeur de moule ajoutait au plaisir du sexe. Je ne vais pas la contredire, c’est trop vrai !


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Septième récit de Colette : Entrée en Noviciat


L’apéritif se prolongeait. Monsieur le Professeur et le Docteur disputaient d’un point d’éthique médicale et de ses aspects juridiques avec Gwladys, la Collaboratrice de Me. Ève. Celle-ci et la Gouvernante, Irène, devisaient musique avec Madame le Professeur en échangeant des dates de concerts « à ne pas manquer ».


Colette, à quatre pattes, n’osait bouger d’un pouce par crainte de faire basculer le plateau dont elle servait de support. Curieusement, personne n’avait moqué son cul nu ou ses mamelles ballotantes. Une générosité ironique lui avait offert un bol de whisky. Le laper à petits coups et moult précautions l’avait rendue un peu grise.


Sa position limitait sa vision. Elle roulait des yeux (surtout ne pas tourner la tête, un faux mouvement est si vite arrivé ! ) pour essayer d’apercevoir à quoi s’occupaient ses futures compagnes. En jupettes bleues et chemisiers blancs, Jenny, qui avait retrouvé sa perruque, et Issa entouraient Aloïse. Leur attitude bienveillante et leurs gestes caressants sur sa nudité semblaient l’encourager pour la suite.


Clémence, dans sa robe noire à plastron blanc de servante pour l’occasion, se tenait en retrait. Elle ne s’était mêlée ni à ses jeunes camarades ni aux invités de sa Maîtresse, mais enveloppait les deux groupes d’un regard paisible et affectueux.


Ève mit fin à la récréation en l’appelant d’un discret signe du doigt. Clémence retira le plateau d’apéritif du dos de Colette et l’emporta. Colette eut le bon sens de ne pas se relever. La tête lui tournait légèrement, l’obligation de se déplacer sur les mains et les genoux lui était presque un soulagement. Quant à la direction à prendre, elle n’avait pas à s’en préoccuper : une cravache apparue comme par magie au bout du bras de la Gouvernante la dirigeait par l’arrière, à petits coups secs sur l’une ou l’autre fesse. L’assistance suivait.


Lorsque Irène lui ordonna de se mettre debout, elle était revenue devant le fauteuil gynéco. Ève discutait avec le Docteur devant la desserte dont ils lui cachaient l’étalage d’instruments. Au centre de la pièce, Aloïse était perchée sur deux étroits cubes de bois. Jenny et Issa, juchées sur les tabourets, attachaient ses poignets à des lanières de cuir pendant de crochets fixés au plafond. L’ex Novice s’y prêtait, les bras levés, en étirant son corps sur la pointe des pieds, les yeux dans le vague. Colette se demanda si ce regard perdu trahissait l’inquiétude ou la concentration.



L’injonction de Ève la ramena à la réalité de sa situation. Elle fut assise, basculée, écartelée, et se retrouva à demi allongée, les fesses au bord du siège, les pieds coincés dans les étriers, en deux temps trois mouvements. Sa tâche accomplie, la Gouvernante s’écarta.



Sa voix se brisa. La peur jusqu’à présent dominée l’avait submergée en voyant la taille du cadenas qui lui était présenté. Le double de celui qu’elle avait vu retirer à Aloïse.



Le cri d’effroi de Colette et son geste dérisoire pour protéger des mains sa chatte amusèrent tout le monde, sauf Ève.



Les supplications étaient vaines, en effet. Irène et Gwladys avaient déjà sanglé les genoux de Colette aux montants avant de passer autour de sa taille une large ceinture qui immobilisait son bassin. Issa et Jenny se chargeaient de maintenir fermement ses bras en arrière. Malgré ses efforts et l’alcool, elle ne pouvait s’empêcher de trembler.


Le médecin disposait méthodiquement ses accessoires, s’assurant de l’emballage stérile de chacun d’eux. Il saisit quelque chose et Colette détourna les yeux. Ce n’était qu’un flacon de désinfectant dont il aspergea le pubis et le sexe avant d’enfiler des gants chirurgicaux. Puis, à l’aide d’un coton, il étala le liquide sur la vulve et son pourtour, insistant dans les replis de la fente et badigeonnant soigneusement l’extérieur et l’intérieur des lèvres.


La première impression de fraîcheur ne dura que le temps de la surprise. Les picotements s’accentuaient, de plus en plus désagréable au fur et à mesure que le produit imprégnait les parties sensibles. Colette serrait les dents. Ne pas gémir était son principal souci. Elle l’oublia et se crispa à l’apparition de la seringue.


Une petite seringue, pourtant, que le praticien tenait d’une main tout près de la nymphe qu’il massait et étirait. Une petite aiguille aussi, fine et courte, qui s’enfonça de biais au milieu de la peau tendue. Colette grimaça à la piqûre. Quand le piston poussa la moitié du contenu dans la chair tendre, elle sentit la chaleur se propager dans les capillaires.


Elle ne ressentit pas le retrait de l’aiguille. Elle se raidit en comprenant qu’elle s’approchait de l’autre nymphe. La seconde piqûre fut plus vive, la seconde injection parut plus douloureuse. Elle ne put retenir une plainte.



Colette était mécontente d’elle. S’être conduite comme une gamine à son âge était bien sûr stupide. Elle n’avait pas eu de vraie souffrance, d’ailleurs déjà dissipée. À sa place, montait un engourdissement de la chatte qui lui donnait l’impression d’avoir les nymphes prises dans un étau jusqu’à devenir des oreilles d’éléphant. Elle ferma les yeux pour repousser l’image.


Une étrange sensation les lui fit rouvrir et tendre la tête. Sa Maîtresse décapuchonnait son clitoris. Elle vit les ongles au contact de la chair nue et son cœur s’arrêta de battre. Elle les vit s’enfoncer, se tendit, s’apprêta à hurler, et n’éprouva qu’une sourde douleur, parfaitement supportable. Sa Maîtresse pouvait pincer durement le bourgeon, le tordre et l’étirer son gré, il restait presque insensible. L’anesthésie était efficace. Colette respira.


Deux mains douces entourèrent ses seins, des doigts affectueux agacèrent ses tétons. Eux au moins étaient réceptifs. Colette renversa la nuque et croisa le regard amical de Clémence. Elle s’y plongea, oubliant la perception d’une sorte d’étirement de sa chatte, puis d’une pression quelque part sur les lèvres.


Quand le poinçon traversa la nymphe, la douleur aiguë la sidéra, puis faiblit. Les mâchoires de la pince s’ouvrirent précautionneusement, lui laissant le temps d’imaginer le métal sortir de sa peau. Il ne resta que l’impression d’un trou dans sa chair qui lui paraissait plus énorme qu’il n’était.


La douleur se muait en une sensation lancinante que ravivait par intermittence le tampon de coton et d’alcool désinfectant. Elle respira mieux, mais tout son corps frémissait dans l’attente de l’inévitable renouvellement de la même peine. Les caresses secourables de ses seins par Clémence n’étaient qu’un faible réconfort.


Une curiosité cruelle la poussait pourtant à regarder. Elle vit les doigts fermes qui étiraient sa chair fragile et elle se raidit. Elle vit s’ouvrir le poinçon sur sa nymphe et elle frissonna tandis qu’il errait, cherchant le point de symétrie. Elle remua inconsciemment la tête de droite à gauche dans un vain refus.


Ce fut une répétition : fulgurance, atténuation, sensation écœurante, et faible douleur lancinante ponctuée des picotements de la désinfection. Elle aspira quelques grandes goulées d’air et s’aperçut qu’elle tressaillait et tressautait autant que le lui permettaient ses liens.


Elle arrêta de se tortiller, par lassitude plus que par courage. Elle se sentait épuisée de sueur. Engourdie, aussi, comme si l’anesthésique s’était sournoisement propagé dans son corps et dans son cerveau. Elle enregistra sans réaction l’annonce d’un second sondage urinaire et le subit sans presque s’en apercevoir.



Il céda la priorité à la Maîtresse pour la pose du cadenas. La désagréable sensation du métal glissant à travers la peau se renouvela avec plus d’acuité, preuve qu’en effet la sensibilité revenait. Le claquement de la serrure qui scellait la fermeture du sexe fut suivi de la double pression qu’imposaient les pinces hémostatiques sur les pansements. Colette ne réalisa pas tout de suite que ses bras étaient libres et que ses liens étaient dénoués.



Elle obéit, lourdement, les jambes mal assurées, encombrée par la masse entre ses cuisses. Debout, le poids de son « insigne » allongeait ses lèvres, accentuant leur peine. Elle n’osait poser un pied devant l’autre. Il le fallut néanmoins, le temps de se retrouver devant le médecin qui énumérait ses recommandations : ne pas retirer le pansement ni uriner jusqu’au lendemain, s’assurer de l’absence d’hémorragie, désinfecter après chaque miction ou selles pendant huit jours au minimum, surveiller le processus de cicatrisation, l’appeler en cas de problème…


Toutes ces prescriptions lui semblaient s’adresser à quelqu’un d’autre. Ses préoccupations à elle se focalisaient sur la peur d’une douleur qui augmenterait après le réveil complet des nerfs. Cette perspective immédiate l’angoissait beaucoup plus que la certitude de rester cadenassée pour une période indéfinie, à la discrétion de sa Maîtresse.



À petits pas de canard, Colette s’appuyait sur Clémence. Le cadenas balançait entre ses cuisses et tiraillait sur ses nymphes. La marche augmentait le phénomène. Sa guide lui ordonna de se remettre à genoux au pied d’un canapé, les mains sur la tête pour ne pas être tentée de se toucher. Elle accepta, espérant l’apitoiement d’une amie.



Il n’y avait aucune bienveillance dans la réponse à sa plainte. Colette était devenue Novice, elle n’avait plus droit à aucun égard. Elle l’avait voulu. Clémence, comme n’importe qui ici, pouvait la rudoyer à loisir. L’ironie de la remarque couvrait pourtant une suggestion amicale. Pour essayer d’oublier les pointes lancinantes qui montaient de son sexe, elle s’intéressa à ce qui se déroulait autour d’elle. Au moins commencerait-elle à apprendre, elle était là pour ça.


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Colette parle, j’écris. C’est devenu un rituel. J’écoute, j’écris, et je me trompe. Je lui demande de répéter, et je rature. Je corrige, je surcharge, je noircis du papier, et ça devient illisible. Au début, le récit de ses tribulations gynécologiques m’a amusée. Mais j’ai la tête ailleurs. Il n’y a pas que la description de la pose du cadenas qui me trouble.


Colette parle et me caresse. Elle a d’abord tiraillé les mèches de ma touffe, peut-être pour me rappeler qu’elle les trouve trop longues et trop couvrantes. Je lui avais promis de penser à l’épilation qu’elle me proposait, c’est vrai. J’ai oublié, tant mieux ! Quand elle tire sur ma toison trop étendue, j’ai des picotements sur tout le pubis. Quand elle se limite à quelques poils, la sensation est plus piquante et l’excitation plus grande. J’en redemanderais !


Elle parle, et elle farfouille dans ma broussaille. À l’aveugle et sans hésitation, elle trouve mon bouton. Et zut, une erreur de plus ! Elle est patiente, elle répète. Elle précise et elle masse. Mon bouton roule entre deux doigts et je frissonne. C’est trop, je ne peux plus me concentrer, je vais lui dire d’arrêter. Une bouffée d’odeurs sauvages monte de sous l’édredon, les chattes négligées se vengent en exhalant des parfums enivrants… Je me tais.



Pour regarder mes notes, elle a dû se soulever en crispant sa main sur mon sein. Pur réflexe, sans doute. C’est son mouvement qui a aéré – si j’ose dire – la couette. Le tout mêlé me fait mouiller. Enfin, soyons honnête, mouiller de plus belle, plutôt ! Elle s’en aperçoit en explorant ma fente d’un majeur coquin. Si elle l’agite, je ne réponds plus moi.



« Branle-moi ! » devrais-je lui crier. Au lieu de cela, j’élude, je minaude, je ruse, je dénie l’évidence.



Tu parles ! Elle n’est pas dupe. Sa main presse mes lèvres, les fait jouer en douceur l’une contre l’autre. Mes plis glissent grassement, se serrent et se déploient avec un léger bruit mouillé bien caractéristique. Bien caractéristiques aussi les frémissements qui parcourent mon corps. Comment pourrait-elle ignorer que je palpite du con ! Elle questionne, pourtant.



Oui, qu’elle continue à me caresser ! Qu’elle me masturbe, qu’elle me fasse jouir. J’en ai trop besoin ! Sa main couvre ma chatte, ce n’est pas assez. Je me pousse contre, je veux un contact plus étroit. Mais je perds celui de ses nymphéas sur mon cul, et j’aime bien ça, leur coussin moelleux et chaud à mes fesses. Alors, je presse cette main, je l’oblige à se coller à ma moule. Je cherche les doigts près de mon sein, je les presse eux aussi sur le téton. Je veux qu’elle comprenne bien, je veux qu’elle me palpe, qu’elle me tripote, qu’elle me branle, bon dieu ! Ça y est, je suis folle…


Colette ne parle plus, elle joue de mes lèvres et de mon clitoris. Elle palpe les unes, elle tripote l’autre. Elle titille l’un, elle frotte les autres. Elle pince le téton, elle roule le bourgeon. Elle ouvre et elle ferme. Elle tord et elle étire. Je bouge plus, je ne réclame plus, je savoure. Je savoure les sensations de mes lèvres froissées. Je me délecte de ce toucher saphique. Je m’abandonne aux spasmes du désir. Je me rends aux coulées de ma mouille. Je m’offre aux ondes qui montent. Je suis mon sexe et mon sexe c’est moi. Le reste n’existe plus !


Colette ne joue plus de mes lèvres. J’ai joui, longuement, profondément. Maintenant, je me calme. Colette remue doucement contre moi. Je devine qu’elle se branle. Je n’ose pas l’aider, lui rendre les caresses dont elle m’a comblée. Elle ne le demande pas. J’entends l’agitation de ses doigts dans son con. Le mien n’est pas rassasié, l’excitation renaît. Je me caresse seule. Je coince mon clito et je frictionne ma fente. Ça glisse et ça clapote. J’accélère quand elle jouit, je le sens à la brusque contraction de son corps. Je suis heureuse pour elle. Je gémis de bonheur.


Une main poisseuse se joint à ma main visqueuse. Je lutte un instant et je lui cède la place. Colette est bien plus experte que moi. En lui confiant ma chatte, je ne m’occupe que de mon plaisir. Ses doigts sont couverts de sa mouille, elle la mêle à la mienne. Ça ne me gêne pas. Je me laisse emporter – « au ciel d’un autre lit », disait t’elle – plusieurs fois. Des orgasmes profonds, que je n’aurais pas imaginés sans pénétration. Des orgasmes plus affolants, plus enivrants que mes propres caresses ne m’en ont jamais procurés…


Je n’ose toujours pas rendre les jouissances que je lui dois. Elle ne me le demande toujours pas. Elle se masturbe à côté de moi comme elle l’a fait tout à l’heure. Elle soupire faiblement, elle est discrète. Elle a tort, j’aimerais qu’elle crie son plaisir, à défaut de la faire crier moi-même. Je me trouve stupide, un peu coupable.


Je me tourne, j’enjambe sa cuisse. Je colle ma vulve gluante à sa hanche en caressant son bras qui vibre. Elle respire plus vite, j’embrasse le sein que je sens contre ma joue. Elle inspire profondément, je me hasarde à lécher l’aréole. Elle soupire, je me risque à sucer le téton. Elle bouge, je devine son visage qui me cherche. Son bassin tressaute contre mon ventre, je devine ses lèvres tendues vers moi. Je l’enlace, elle prend ma bouche. Je respire le râle de son orgasme et elle se détend dans mes bras.


Nous restons longtemps soudées l’une à l’autre, peau à peau. Sans parler. Elle caresse mes cheveux. Je dépose de petits bisous dans son cou. La moiteur nous baigne, la fatigue nous alanguit, mes paupières sont lourdes. Son souffle est régulier, elle dort.


Il est tard, sans doute le milieu de la nuit. Je me sens trop paresseuse pour vérifier l’heure. Ma dernière pensée consciente est une révélation, « j’ai fait l’amour avec une femme… » Et je m’endors à mon tour.


Je me réveille aussitôt. Le lit est vide à côté de moi. Je crois à un rêve érotique sorti de mon inconscient survolté. Depuis le temps que je fantasme sur les aventures de Colette, il n’y aurait rien d’étonnant. Mais non, c’est bien sa chambre, je me souviens que nous sommes montées nous y réfugier, et d’ailleurs il y a mon cahier tout raturé sur le tapis. Donc c’était la réalité, ma chatte baveuse et odorante n’est pas de mon seul fait. J’ai dormi comme une souche, simplement !


Cette fois, je fais l’effort de chercher des yeux le réveil. Je pourrais m’en passer : le soleil passe déjà par la fenêtre. J’ai succombé à mon péché mignon de lève tard. Bon, se forcer à regarder l’heure n’est pas suffisant. Il faut en plus mettre le pied par terre, pas le gauche si possible. Cette pauvre plaisanterie, heureusement que pour moi-même, finit de m’arracher à ma torpeur. En tendant l’oreille, j’entends un bruit de conversation au rez-de-chaussée. Le réparateur de la chaudière, sans doute, et Colette qui lui explique le problème.


Où est donc passé ce qui me sert de peignoir ? Je furète ici et là sans trouver l’ombre de ce confortable et chaud manteau de mouton dont m’a dotée mon hôtesse. J’ai un peu froid toute nue, mais je ne peux décemment pas défaire le lit pour me couvrir. Tant pis, je me risque à pas prudents jusqu’au palier. Je distingue deux voix féminines en bas. Je me suis trompée, ce doit être une voisine en visite matinale. Je peux me manifester sans trop d’inquiétude.



Voilà qui me rassure, la suite moins.



Je n’y tiens pas vraiment, ce n’est guère l’usage de se présenter à poil à une inconnue. Ici, probablement moins encore. Je ne veux pas scandaliser. Une serviette peut-être ? Mais où ?



Si elle le dit ! Voyons : si ce n’est pas quelqu’un du coin, c’est à coup sûr une amie à elle. Une surprise qu’on vient de lui faire, ou bien une surprise pour moi. Vu ce que je commence à savoir de Colette, ce serait assez dans ses pratiques…


Ok, allons-y. Je mets de l’ordre en mes cheveux, sans peigne, bien sûr, (pour les arômes que je diffuse, tant pis, une amie de Colette s’en accommodera) et je descends l’escalier vers la cuisine pièce à vivre où se tient la rencontre.


Surprise, oui ! Je manque rater une marche ! Une jeune brunette de vingt, vingt-cinq ans, en bleu de travail, lève les yeux sur moi. Juste un rapide sourire en me découvrant, pas d’autre réaction. Moi, je ne sais plus où me mettre.



Quoi dire d’autre ? Je suis déjà suffisamment ridicule, inutile d’ajouter la pudeur outragée. Je louvoie vers mon secours qui attend tranquillement près du poêle, en affichant un air serein. La gamine me suit d’un regard paisible, sans affectation, elle !



Elle saute de sa chaise pour sortir en passant près de moi avant que j’aie eu le temps de me couvrir. Je me fige pour limiter au maximum l’émanation de mes fragrances. Dès la porte refermée, je m’emmitoufle à la diable Colette a un sourire jusqu’aux oreilles.



Elle rit franchement en m’assurant que « non, non, seulement pour celles à qui ça plait ». Je ris avec elle. Au fond, avec le recul, la situation était plutôt cocasse, même si j’en ai fait les frais. Et puis… passé aujourd’hui, je ne la reverrai jamais, cette fille !


Avec cette pensée réconfortante, je petit déjeune de bon appétit. Café excellent, comme il se doit quand il est tenu au chaud sur un poêle, tartines de confiture maison (ou presque : une voisine) et conversation agréable. J’apprends que Anaïs accompagnait son artisan de père lorsqu’il installait les équipements voulus par Colette. Maintenant, elle travaille avec lui. Ainsi, non seulement elle a vu s’aménager la maison, mais elle la connaît de bout en bout pour y être revenue plusieurs fois à l’occasion d’améliorations ou de réparations. Elle savait donc parfaitement d’où je venais en me voyant. Je m’inquiète des ragots qui pourraient desservir mon hôtesse.



Je n’avais pas envisagé la question sous cet angle. La porte s’entrouvre avant que je puisse demander des éclaircissements.



Nous déclinons cette dernière offre pour ne pas abuser de sa gentillesse en jurant que nous sommes encore capables de porter quelques bûches. Elle l’admet avec le sourire et retourne bricoler son bidouillage. Nous revoilà seules.



Elle me prend à froid. J’ai dit ça, moi ? L’idée m’a effleurée cette nuit, c’est vrai, mais soit j’ai pensé à haute voix sans m’en rendre compte, soit elle est télépathe ! Essayons de gagner du temps.



On dirait que ça lui tient à cœur. Je m’avoue que je suis tentée par l’expérience d’un petit jeu érotique que je n’ai encore jamais pratiqué. Peut-être aussi qu’elle insiste parce qu’elle n’a pas apprécié de devoir trop fouiller dans ma broussaille, cette nuit. Une façon détournée de me le dire, en somme. Hypothèse qui met fin à ma réticence. Ce qui l’enchante.



Elle devine les désirs que je refoule. Sous des airs innocents sa question m’oblige à admettre ce que je n’ose pas formuler consciemment. Depuis ses récits et nos amusements d’hier, je balance entre peur et attirance. La curiosité me pousse vers des sensations nouvelles que la raison me le déconseille. Mais ce que j’ai découvert d’excitant dans la soumission me donne envie d’en savoir plus, quitte à avoir mal, et mes explications sont autant de confessions.



Elle m’entraîne durement dans le petit salon, m’arrache mon vêtement et me jette sur le divan. Je m’y recroqueville, les bras autour des genoux, presque effrayée par son brusque changement d’attitude. La mienne ne lui convient pas.



J’obéis, comme j’obéis à son injonction de plier les jambes et de tenir mes cuisses écartées. Pas assez largement à son goût, elle me le fait savoir.



Le ton est méprisant, les mots volontairement vulgaires, et la posture imposée humiliante. Malgré cela, cette exhibition forcée me trouble. Je mouille en imaginant le spectacle offert par ma chatte. Si je la voyais dans un miroir, je mouillerais encore plus.



Elle hausse les épaules en partant et me laisse contempler l’enfilade de la cuisine à travers les battants ouverts. Si Anaïs entrait à l’improviste, je serais dans son champ de vision. Je pourrais tricher, ne reprendre la pause qu’au retour de Colette, puisque j’aperçois aussi la porte par laquelle elle a disparu. Je ne le fais pas. Par défi. Et parce que la menace d’être surprise ajoute sans doute à mon plaisir.


D’ailleurs, je n’aurais eu qu’un frisson virtuel. Colette, « ma Maîtresse », revient. Pour me proposer le choix entre la corde et le poignard.



Ben voyons, c’était à prévoir ! Sustine et abstine, je devrais m’en souvenir. Je ne hausse pas les épaules, mais c’est tout comme : j’ai choisi de m’en remettre à elle, je n’ai que ce que je mérite. Je ne proteste pas et m’apprête à souffrir.


Ce n’est pas si terrible, me surprends-je à penser. Juste une petite pointe, pas plus aiguë qu’une piqûre, à chaque poil arraché par Colette. Elle tend la peau pour sélectionner ceux qu’elle enlève. Au jugé, je dirais un sur deux, une fois d’un côté, une fois de l’autre. Mon bourgeon roule sous ses doigts en même temps. Un petit plaisir, une petite douleur, l’alternance est efficace. L’excitation monte, l’exhalaison de mes parfums aussi.



Facile à dire, pour elle, l’hypocrite ! Je suis sûre qu’elle se délecte de mes odeurs sexuelles et qu’elle fait exprès d’ajouter à ma confusion de profane. Mais ma honte ne dure pas, j’ai autre chose à penser. Poil après poil, pointe après pointe, ma sensibilité augmente. Il me semble qu’un essaim d’abeilles s’exerce autour de mon clitoris et instille leur venin pour enflammer mon ventre. Ma peau est brûlante et mon bouton turgescent, quand ma Maîtresse se déclare satisfaite de son débroussaillage sélectif.


J’espèrerais d’elle un massage masturbatoire. Au contraire, elle s’attaque aux lèvres. Elle a changé sa pince fine pour une autre à bouts larges. On ira plus vite, feint-elle de me rassurer en saisissant plusieurs malheureux brins du pelage qu’elle extirpe d’un coup sec. Mon cri accompagne leur départ. Je n’ai pas le temps de souffler qu’elle m’en enlève une autre pincée. Arrachage après arrachage, elle poursuit son désherbage. Elle tire adroitement sur la lèvre, s’empare de ses proies et les emporte. À chaque fois, la peau s’étire dans le bonheur, résiste sans plaisir, et abandonne dans la douleur. J’arrive à retenir mes plaintes, pas mes larmes, ni ma cyprine.


Et encore ! Tant qu’elle s’occupait de la périphérie, chacune de ses prises était un succès. En se rapprochant du bord interne, Colette doit s’y prendre à plusieurs fois. La mouille et la sueur engluent les poils et les rendent glissants. Ils sont moins nombreux, mais elle doit les décoller un à un pour les attraper. Souvent, ils échappent à sa pince, l’obligeant à revenir au plus près de la peau, à la coincer parfois. Les irritations s’additionnent, mes tressaillements et mes larmes aussi.



Elle avait raison, je dois le reconnaître. Malgré la rougeur prononcée de l’épiderme, ma lèvre gauche toute lisse est plus jolie et visible que sa voisine poilue. Le centre du plaisir, lui aussi, se signale mieux au bas d’une toison éclaircie. Il appelle une caresse qui ne vient pas, et les pulsations du désir que la frustration avive le durcissent en dépit de l’inflammation pénible qui l’entoure. J’ai la chatte en feu, et il reste la lèvre droite…


Je voulais me faire une idée des sensations éprouvées par Colette, revendiquais-je ? J’ai la réponse ! Même à moitié, elle me suffit. Peu m’importe l’inélégance d’une minette à demi épilée, j’envisage sérieusement de supplier d’arrêter là l’expérience.



Pourquoi ma pudeur ne m’interdit-elle pas d’obéir ? Pourquoi ce frisson d’excitation à rester ainsi exhibée ? Je devrais me raisonner, m’interdire l’obscénité de cette exposition. Ce n’est qu’un jeu, je peux y mettre fin n’importe quand. Je n’ai qu’à le vouloir…


Je ne bouge pas. L’ordre donné ne compte guère dans cette décision.


Dans la cuisine, Anaïs explique avec force détails le succès qu’elle a obtenu sur la chaudière rétive. Le brûleur fonctionne bien, elle l’a vérifié. Elle a surveillé la montée en température, aucun problème du côté du thermostat. Tout se passe bien, et d’ici quelques minutes nous pourrons… Elle s’arrête net dans sa phrase en croisant mon regard.



Colette écoute le départ de la camionnette de Anaïs avant de m’adresser la parole.



Elle ne répond pas. Elle ne contrôle pas. Elle ne me punie pas. Elle se contente de rendre ma lèvre pileuse aussi glabre que sa jumelle, avec plus de vigueur de sa part et de douleur de la mienne. Je souffre mais cela m’est égal. Je n’ai honte ni de mes cris, ni de mes émanations odorantes. Je me sens fière de moi, et j’attends impatiemment de pouvoir me faire jouir.



A suivre