n° 21086 | Fiche technique | 52887 caractères | 52887Temps de lecture estimé : 28 mn | 23/08/22 |
Résumé: Au Domaine Diotime, l’évaluation d’une fin de Noviciat est une fête à laquelle tous ou presque participent. Colette se souvient et raconte. « Chantal » apprend et rapporte. | ||||
Critères: ff fff fsoumise fdomine hdomine voir exhib noculotte caresses fouetfesse -dominatio | ||||
Auteur : Dyonisia (Rêves et autofictions… souvenirs et confidences…) Envoi mini-message |
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Résumé des épisodes précédents :
« Prologue : c’est donc vous, Colette ? » : la narratrice retrouve l’héroïne de « Histoire de Colette » qui lui offre l’hospitalité et consent à lui raconter la suite de sa vie de soumise.
« L’arrivée au Domaine », « Le souper : hors d’œuvres et (d’)ébats », « Le souper » : fin de soirée arrosée » : dès son arrivée chez sa Maîtresse d’élection, Me Ève L*, Colette avait connu une succession d’humiliations et de jouissances. Invitée cependant à assister et à participer à de sévères punitions de soumises, elle avait persisté dans son désir de s’engager dans un contrat de totale servitude.
« Clémence, premiers émois », « Clémence, l’essor d’un amour » : en attendant d’être reçue en formation, Colette avait appris de Clémence, la plus ancienne des soumises de Ève, la précocité et l’accomplissement de la vocation de domina chez cette dernière, ainsi que la force d’un amour qui conduit à tout accepter de sa maîtresse.
« Examens préalables », « Entrée en Noviciat » : une visite médicale éprouvante et un test culturel mortifiant avaient rendu Colette admissible pour remplacer la précédente Novice, Aloïse, déclarée apte à l’évaluation d’accès au niveau supérieur. Une épreuve particulièrement douloureuse avait ensuite entériné son engagement définitif.
Dans chaque épisode, la narratrice, nommée d’autorité Chantal par son hôtesse, rend compte de l’évolution de ses propres sentiments. Au fil des souvenirs qu’elle recueille et des anecdotes qui émaillent son séjour, elle se sent de plus en plus attirée par Colette, et des pulsions insoupçonnées l’amènent à expérimenter ce qu’elle découvre.
Diotime
Colette parle, j’écris. Comme d’habitude ? Non. Elle est à demi allongée sur son ottomane, je suis en tailleur à ses pieds, ma chatte sur une poche de glace pour calmer le feu de l’épilation à sec. Nous avons pris la douche ensemble pour économiser la réserve d’eau chaude, et nous nous sommes parfumées. Un choix d’essences envoyé par une amie Corse de Colette, ça change des relents de marée de la nuit et du matin.
La météo s’est améliorée mais la température n’incite pas à la promenade. De toute façon, il faut entretenir le poêle si l’on veut éviter la pneumonie. Ma libido est calmée pour un moment et j’évite de m’en rappeler les raisons. J’aurai tout loisir d’ici ce soir de coucher proprement sur le papier une nouvelle tranche des souvenirs de mon hôtesse.
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Son entrée en Noviciat durement sanctionnée, Colette se taisait et, de son coin, observait.
Sa Maîtresse Ève avait battu le rappel de ses troupes. Examinateurs, Converses et Sorèles se tenaient auprès d’elle, Clémence la rejoignait. Aloïse, en équilibre précaire sur les orteils, la fixait intensément. Elle s’approcha et fit valser son support d’un coup de pied. L’ex Novice se retrouva dans le vide, les mains cramponnées aux lanières qui la suspendaient au plafond.
Ève s’empara de la longue cravache que lui tendait Irène et l’agita négligemment.
Affectant une mine souriante, Madame le Professeur fit le tour du corps qui balançait doucement au dessus du sol, le poussant par jeu du bout de la cravache sur les reins ou le ventre. Aloïse respirait à longs traits profonds et, en apparence, calmes. Trois coups rapides l’atteignirent sur un sein. En pivotant, elle en reçut deux autres en travers du pubis. La femme se recula, attentive à un gémissement qui ne vint pas. Un hochement de tête étonné précéda une nouvelle série visant l’autre sein et à nouveau le pubis, n’arrachant qu’une petite grimace et un faible soupir.
Aloïse se contracta au dernier coup et se détendit dans une longue expiration.
Le médecin prit le relais en frappant systématiquement les fesses. Il passait de l’une à l’autre, espaçant ses coups de quelques secondes. Aloïse était restée impassible. Pourtant, lorsqu’il la fit tourner sur elle-même pour que chacun puisse constater le résultat, cinq traits rouges marquaient la peau d’un côté et de l’autre du sillon.
La cravache passa dans la main de l’examinateur qui tint d’abord, peut-être par conscience professionnelle, à explorer du doigt les marques des précédents impacts et prit un air ennuyé pour s’adresser à l’impétrante.
Il délaissa les endroits déjà atteints pour ajuster ses coups sur les côtes. Aloïse les énumérait d’une voix de plus en plus nouée, tandis qu’il s’appliquait à respecter une parfaite symétrie en alternant, de la taille aux aisselles, flanc droit et flanc gauche. Il arrêta le mouvement de pendule qu’il avait ainsi imprimé au corps en glissant la tige de cuir dans l’entrejambe, rudoyant le périnée sans le frapper.
Dans le prolongement de ses bras levés, deux jolis chapelets de marques en vague forme de cœurs l’ornaient jusqu’aux hanches. Monsieur le Professeur rendit cérémonieusement la cravache à Ève.
Elle déclina gracieusement les protestations de dévouement de ses hôtes et offrit à Clémence de continuer l’exercice.
Nue, insouciante d’exposer les imperfections de son anatomie aux invités, elle distribua dix coups secs répartis au hasard sur le corps sans défense. Aloïse tressaillait, retenait son souffle ou gémissait selon l’endroit touché. Ève approuvait de la tête.
Clémence vint s’agenouiller devant Ève qui l’interrogea aussitôt en saisissant la cravache.
Clémence obéit et se cambra, les mains sur les reins, en présentant son pubis. De sa place, Colette devinait facilement la suite à venir et l’empathie la gagnait. Elle sursauta plus fort que la victime quand Ève claqua sèchement l’extrémité du cuir sur la fente offerte d’un simple mouvement du poignet.
Ève la renvoya d’un geste et se dirigea vers ses Sorèles qui s’entretenaient à mi-voix avec les membres du Jury, tandis que Clémence retournait vers Colette, sa blouse à la main. Avant de la remettre, elle remarqua l’émotion que trahissaient les yeux de sa protégée et sourit.
Colette battit docilement des paupières. Détachement et sentiments neutres étaient donc les règles de base pour celle qui domine comme pour celle qui subit. Elle en prit bonne note et se remit à observer le déroulement de la scène dont les protagonistes avaient changé. Aloïse oscillait toujours au bout de ses liens, mais sa Maîtresse avait confié à la Collaboratrice la direction des épreuves et leur instrument.
Issa, quittant chemisier et jupette, attirait sur elle des regards intéressés, pour la plupart admiratifs du corps ferme et bronzé qu’elle dévoilait intégralement. Ignorant tant la jalousie que la concupiscence suscitées par un cul irréprochable, elle se prosterna pour baiser les pieds de Gwladys et recueillir la cravache. Puis elle s’avança d’un pas résolu vers Aloïse qu’elle toisa d’un air narquois. Les seins en poire, bien mis en valeur par l’extension forcée du buste, semblaient captiver son attention.
Elle jeta son dévolu sur le gauche qu’elle cingla trois fois de haut en bas. Trois gémissements firent écho aux claquements du cuir sur la peau tendre. Sur le droit, elle se limita à deux coups, portés de même façon et accompagnés des mêmes effets, puis se recula d’un pas. L’extrémité de la cravache vivement maniée voletait en bourdonnant au ras des tétons qu’elle rencontra soudain l’un et l’autre à deux reprises. Un dernier coup, visant délibérément l’aréole droite, fut suivi d’une plainte plus claire.
Issa tourna aussitôt les talons pour transmettre le flambeau à sa consœur qui se dénudait à son tour. Quand la jupe tomba, révélant un entrejambe libre de toute contrainte, Colette se dit que le châtiment de la Converse avait été levé. Lorsque le chemisier rejoignit la jupe, elle put constater le contraire. Sur la poitrine de Jenny, les mots « Je suis punie » étaient brodés sur un ruban passé dans des épingles de sûreté fixées aux aréoles.
Le visage de Jenny s’empourpra sous le coup de l’humiliation, mais elle obéit et exposa à tous son crâne, aussi lisse que son pubis. Plus nue que nue, elle alla prendre sa part aux épreuves infligées à Aloïse.
Les cuisses furent les premiers objectifs de ses coups, redoublés sans transition et équitablement répartis. Trop rapides pour susciter une réaction immédiate, ils laissèrent aussitôt de jolis traits rouges près des hanches et au-dessus des genoux. Les remerciements vinrent après.
Aloïse se mordit les lèvres et se força à une immobilité tremblante en présentant son pied à l’envers pour une longue série de tapotements secs et précipités qui sensibilisaient la peau et affolaient les nerfs. Puis, sans transition, la cravache s’abattit trois fois, de la base des orteils au talon.
Elle prit son temps avant d’exacerber la plante du pied et de recommencer en partant du talon. Le dernier coup frappa les orteils et un cri aigu en résulta. Flottant mollement au bout de ses liens, Aloïse cherchait sa respiration.
Jenny, le visage fermé, l’avait déjà abandonnée à sa solitude. Prosternée comme l’avait fait Issa, elle tendait humblement la cravache à la Collaboratrice. Celle-ci échangea un regard avec Ève avant d’accepter l’offre et de questionner.
Il n’y avait pas eu un mot plus haut que l’autre. Il n’y avait pas eu de geste impérieux ni de mouvement théâtral. Pourtant, le spectacle que les invités et Colette contemplaient était saisissant, tout au moins pour eux et pour elle. À genoux, le buste droit, la tête rejetée en arrière, pitoyable dans sa nudité glabre et fière dans son port, Jenny soutenait des mains sa poitrine toujours ornée du ruban d’infamie.
La Converse se donnait sans réserve à la punition et n’eut pas longtemps à l’espérer. Deux claques sèches retentirent dans la pièce soudain silencieuse. Deux sifflements leur succédèrent, si vite que le bout de la cravache semblait n’avoir pas bougé. Mais la bouche de Jenny s’était figée dans un rictus, deux marques rouges décoraient ses seins, et ses tétons étaient devenus cramoisis. La Collaboratrice gardait un visage impassible. Ses yeux ne reflétaient ni colère, ni pitié, seulement une interrogation muette.
Un signe la congédia, un autre désigna la Gouvernante. Madame Irène pria son interlocutrice du moment de bien vouloir l’excuser et porta la main à l’épaule pour dégrafer l’attache de sa robe. Le fin tissu glissa gracieusement en ondes fluides sur ses chevilles. Sa nudité dressée sur les vagues bleues des plis évoquait l’image de Vénus sortant du bain. Mais, à la différence de la déesse, elle ne cachait pas sa poitrine altière ni ne voilait sa toison bien taillée. Madame le Professeur qui parlait un instant avant avec elle en resta interdite.
Ève la laissa supputer quelques secondes sur la tentation et la bienséance, avant d’émettre d’une voix douce un compliment en forme de suggestion.
Ces Messieurs n’en voyaient aucun, bien sûr, ils avaient tout leur temps (d’autant que la Gouvernante ne manifestait aucune intention de se rhabiller). Et Aloïse reprendrait des forces d’ici que ces dames reviennent. Un élan de sollicitude, en quelque sorte…
Colette se distrayait à ce concours de prétextes qui lui faisait oublier ses peines. Elle souffrait moins, d’ailleurs. La douleur dans ses lèvres était lancinante, mais assez supportable, bien diminuée en tout cas. Ou bien, s’habituait-elle au mal ? Quoiqu’il en soit, elle aussi appréciait la plastique de Irène. Avec une pointe d’envie, se devait-elle de reconnaître, pour ses formes sculpturales, un peu plus lourdes que celles qu’elle devinait chez Gwladys, certes, mais dont elle aurait bien aimé goûter la douceur.
Elle se morigéna intérieurement aussitôt. Une Novice ne devait pas penser en termes d’ « Irène » ou de « Gwladys », mais de « Maîtresse Irène » et de « Maîtresse Gwladys ». Sous peine de sanctions sévères, sans doute, supposait-elle. Lui était-il interdit cependant de les désirer ? On ne lui avait rien prescrit à ce sujet. De même que pour les Converses : quelle titulature employer pour s’adresser à elles ? Pas « ma Sœur », elle l’avait compris à la punition de Clémence. Alors, comment les nommer ? Sans doute l’apprendrait-elle bientôt. Probablement à ses dépens, conclut-elle in petto.
Ses réflexions ne l’empêchaient pas d’observer le comportement des hommes, séduits et gênés par la proximité de Maîtresse Irène. Assise familièrement entre eux, elle les laissait admirer son opulente et ferme poitrine, sans leur dissimuler outre mesure la finesse de sa chatte. Colette s’amusait de leurs attitudes compassées, censées déguiser une érection dont personne ne doutait. Elle-même, devant le corps de cette Maîtresse, ressentait une excitation qui adoucissait ses tourments, et s’étonnait, non de son désir mais de ses conséquences, ne pouvant déterminer si c’était la mouille qui calmait la souffrance ou l’émotion qui la faisait oublier. N’était l’interdiction formelle, elle se serait volontiers masturbée, pour en avoir le cœur net malgré le risque de réveiller la douleur.
Le retour de sa Maîtresse et de son invitée la dispensa de ce dilemme. Madame le Professeur avait été généreusement drapée dans un peignoir de soie arc-en-ciel qui ennoblissait sa silhouette. Un soupçon de rose aux joues évoquait un récent profond émoi, peut-être dû à s’être mise nue devant son hôtesse. Si c’était cela, elle en restait tout de même guillerette.
La Gouvernante nue – Colette lui avait trouvé un faux air de La Naja nue, sur son divan – s’était dressée aussitôt l’entrée de sa Maîtresse. Elle prit la cravache des mains de la Collaboratrice et considéra pensivement Aloïse, cherchant l’endroit qui lui servirait de cible. Elle la fit tourner et retourner pour examiner en détail le corps, puis se décida.
Aloïse s’y essaya autant qu’elle le pouvait. Les muscles de ses cuisses saillaient dans l’effort pour amener ses jambes à l’horizontale. Elle n’y parvint pas vraiment, elle était loin de la figure finale du French Cancan. Mais le compas était assez largement ouvert pour mettre en évidence la jolie petite moule qui en figurait le pivot. Assez mise en valeur aussi pour attirer la caresse d’une cravache, devait penser la victime à voir sa mâchoire crispée dans l’attente.
Mais non. C’est l’intérieur d’une cuisse que choisit l’exécutrice, là où la peau est si fine et sensible qu’elle pourrait concurrencer celle du sexe. Aloïse cria de surprise et, par réflexe, faillit refermer les jambes. Elle se ravisa avant le froncement de sourcil désapprobateur qui se dessinait et respira profondément pour affermir sa voix.
Celle-ci espaçait ses coups. Bien campée sur ses pieds, ne balançant que le haut du corps, les fesses durcies dans le mouvement, elle s’appliquait pour chacun. Elle prenait soin également de les étager harmonieusement, du genou à l’aine, équitablement sur les deux cuisses, et symétriquement par rapport à ceux qui ornaient déjà ces dernières. Une recherche d’esthétique qui forçait Aloïse à lutter désespérément pour garder la pose et qui se renouvela à huit reprises, provoquant un gamme montante de gémissements, suivis, à chaque fois, de remerciements péniblement mais distinctement articulés.
Satisfaite de son œuvre à l’intérieur des cuisses, la Gouvernante passa à leur face supérieure. Dans son souci d’équilibre, elle augmenta de deux unités le minimum de coups requis, afin d’obtenir une parfaite égalité de marques sur les parties exposées. Quatre claquements du cuir sur la peau, quatre plaintes étouffées et quatre remerciements balbutiés plus tard, Aloïse eut l’autorisation de laisser pendre ses jambes. D’élégants brandebourgs rose foncé soulignés d’incarnat en décoraient le haut.
Madame le Professeur avait observé l’application de l’épreuve avec attention – Colette crut même déceler une sorte de fascination dans son attitude – et n’hésita pas, avant le passage de relais à la Collaboratrice, à féliciter l’exécutrice pour son sens artistique. Elle s’en excusa en rougissant auprès de son hôtesse qui eut l’indulgence de la disculper d’un sourire tolérant.
L’échange de la cravache se fit entre deux adjointes nues. Jurée et jurés, comme la Novice nouvelle, purent ainsi se livrer à une comparaison instructive de leurs deux plastiques, ronde et délicatement pulpeuse pour l’une, fuselée et musclée pour l’autre. L’arrogance des seins de la Collaboratrice et les fermes hémisphères de son cul en pomme lui donnaient à première vue l’avantage. Lorsqu’elle se retourna vers sa supérieure pour solliciter la permission d’agir, son pubis épilé révéla à tous une vulve charnue qui desservait l’harmonie de sa morphologie.
Peu soucieuse des considérations que pouvait susciter ce défaut anatomique, elle se mit d’abord en demeure de détacher la main droite d’Aloïse, qui dut se cramponner plus fort de l’autre à ses liens malgré sa fatigue. Puis, elle lui ordonna de lever la jambe droite et de la tenir à la verticale avec sa main libre.
Elle aussi se concentra sur l’intérieur de la cuisse, mais en croisant ses impacts avec les dernières marques. Le premier coup, au ras de l’aine, fit osciller le corps pendu. Aloïse gémit, serra les dents, inspira longuement.
Le deuxième coup cingla le travers de la cuisse avec les mêmes effets. Des larmes perlèrent aux yeux d’Aloïse, mais elle remercia bravement. Le troisième, au ras du genou, fit penduler son corps. Elle réussit à maîtriser sa respiration et sa voix pour remercier distinctement. Mais elle n’avait pas achevé sa phrase que le bout de la cravache atteignait une lèvre. Sa voix se brisa, elle lâcha sa jambe.
Aloïse reniflait, la main sur son sexe. Elle lui en fut retirée sans ménagement pour être liée à nouveau au-dessus de sa tête. Après quoi, ce fut sa main gauche qui fut détachée, avec l’ordre identique de lever la jambe correspondante et de la maintenir verticale.
Aloïse tremblait. Elle obéit néanmoins, s’exposant sans défense à la séquence à venir. Sa lèvre droite commençait à enfler. La Collaboratrice n’y jeta qu’un regard négligeant. Les coups se dupliquèrent, les remerciements se firent de plus en plus hachés. La lèvre gauche reçut également la part qui lui revenait en toute égalité.
Ce ne fut qu’une fois ses deux mains attachées que Aloïse put articuler faiblement l’ultime « Merci Maîtresse Gwladys » d’assentiment à l’affliction subie. Elle n’avait même pas tenté de porter la main à sa chatte. La tête penchée, le corps abandonné comme un sac accroché au plafond, elle récupérait son souffle, en évitant de serrer les cuisses.
La Collaboratrice était déjà aux pieds de leur Maîtresse à toutes qui semblait n’avoir suivi que distraitement sa prestation en devisant avec les membres du jury. Toute à sa conversation, elle laissait son adjointe prosternée exhiber une orchidée rose et grasse ourlée de brun. Le Docteur ne manifestait aucun intérêt particulier pour ce sexe épanoui dont la spécificité était pour lui une simple originalité de plus parmi d’autres. Les universitaires, par contre, avaient toutes les peines à en détacher leur regard, au point que la femme en perdit le fil de ses phrases et se troubla comme prise en faute.
Elle daigna se saisir de la cravache que cette dernière lui présentait humblement avant de l’interroger.
Gwladys se redressa sur ses genoux comme l’avait fait Jenny devant la Gouvernante et offrit ses seins. Son geste de contrition n’obtint qu’une légère dénégation muette de sa Maîtresse. Elle y répondit d’un battement de paupières résigné et envoya son buste en arrière, en appui sur les mains, cuisses ouvertes. Une caresse du cuir sur la hanche l’incita à poursuivre. Elle décolla ses fesses et fit le pont. Puis elle obéit aux tapotements qui l’invitaient à écarter plus franchement les pieds et elle offrit sa chatte.
Ève suggéra aimablement à Madame le Professeur d’échanger leur place. (Elle n’insinua pas que celle-ci aurait un meilleur point de vue, mais l’intention y était…) Puis, dressée à la tête de la coupable d’omission, elle lui retourna sur le sexe les coups oubliés. Les claquements seuls troublèrent le silence.
Les circonvolutions de politesse déguisaient mal l’envie qui démangeait l’invitée. L’excitation, le respect, ou la crainte, lui fit saisir l’instrument d’une main hésitante. Mais elle affermit ses doigts sur le manche en levant le bras, et se lança. Hasard heureux ou choix délibéré, elle toucha juste sur le clitoris. Une timidité soudaine l’avait cependant trop retenue pour que tressaille si peu que ce fut la victime.
Tout en réconfortant son élève, Ève dégrafait son boléro et faisait glisser sa jupe, dévoilant ses dessous. Le bandeau de tulle blanc qui soutenait ses seins sans en couvrir les tétons et celui qui entourait ses hanches révélaient par transparence les formes qu’ils étaient supposés masquer. Même de son coin éloigné, Colette pouvait deviner les fesses et l’intimité de sa Maîtresse.
Elle n’était pas la seule à lui porter un regard admiratif. Les hommes, bien qu’habitués, n’en détachaient pas le leur, et les yeux des femmes de la maisonnée, adjointes ou servantes, témoignaient de leur passion commune. Quant à Madame le Professeur, promue fouetteuse en devenir, elle avait tout bonnement suspendu le geste de quitter son peignoir, comme médusée par la quasi-nudité de son hôtesse et éducatrice. Laquelle s’empressa de venir à son secours avec une telle gentillesse qu’on ne pouvait la repousser.
Le geste fut si naturel qu’il parut être le simple prolongement de celui esquissé, et le peignoir retiré découvrit la dame dans des apparaux semblables à ceux qui l’avaient étonnamment stupéfiée. Les bandeaux de tulle étaient corail et non blancs, certes. Celui du haut voilait presque pudiquement les tétons. Mais leur transparence était identique, et celle qui les portait s’en apercevait à sa grande confusion. Elle eut toutefois la hardiesse de se reprendre et le bon goût de ne pas chercher à cacher ses fesses trop maigres ni sa touffe trop visible en suivant sa guide vers la dolente Aloïse.
Colette avait pour le coup totalement oublié ses tourments, l’admiration les compensait. Sa Maîtresse savait pousser quiconque la côtoyait à se soumettre à son désir. Une once de flatterie et un brin de séduction avaient transformé l’universitaire compassée en bacchante prête à s’encanailler. Le charme de l’ensorceleuse avait suffi pour qu’émerge la vraie nature de sa proie sous le vernis des conventions. Maintenant, elle l’amenait à ses fins.
Elles passaient et repassaient toutes deux autour de l’ex Novice. Sa Maîtresse montrait à une élève de plus en plus excitée les traces qui parsemaient le corps. Elle la pressait de toucher les zébrures, lui désignait les marques à peine visibles qui restaient de ses coups trop timides, parcourait elle-même du doigt les autres plus accentuées et les caressait parfois avec tendresse. Elle termina son inspection par une claque presque amicale sur les fesses et agita sa cravache favorite, fine et méchée, face à Aloïse qui la regardait fascinée.
Ève cingla avec précision chaque bout de sein, sourit aux gémissements contenus et tendit le manche à son amie – sa « Chère Amie », pour reprendre exactement ses termes – en l’invitant à l’imiter. La dame (comment l’appeler autrement quand elle était sortie de sa mission initiale ? l’amie ? la femme ? la disciple ? ou l’envoûtée ? ) la dame, donc, arma son bras du mieux qu’elle put, mais les plaintes exagérées de sa victime ne dupèrent pas son mentor. Aloïse hérita de deux sévères torsions des tétons pour tromperie et Ève enlaça sa disciple pour lui prendre le poignet.
Cette fois, le sursaut ne fut pas feint. Après quoi, la Maîtresse redoubla la démonstration pour une meilleure assimilation de la technique du geste par son élève, qu’elle encouragea à recommencer seule en la tenant affectueusement par les hanches. Le trouble manifeste de la dame à ce contact étroit de leurs corps dévêtus ne l’empêcha pas de mettre tout son cœur dans la répétition de l’exercice. Quelques gémissements étouffés récompensèrent ses efforts.
Sa Maîtresse fit preuve de mansuétude en tolérant ses balbutiements, et de bienveillance en la délivrant de son inconfortable position. Elle sollicita l’aide de sa Chère Amie pour la soutenir le temps de la détacher. Embrasser à bras le corps la nudité de l’ex Novice était une expérience nouvelle pour la dame. Elle s’acquitta pourtant fort bien de sa tâche, malgré la confusion pudique ou l’émotion sexuelle qui rougissait ses joues, et ne s’en dispensa pas ensuite tant sa protégée revenue au sol vacillait sur ses jambes.
Aloïse semblait s’efforcer en vain d’exécuter le mouvement. Apparemment, ses bras fatigués ne supportaient pas son poids, les muscles ankylosés refusaient de répondre et elle ne pouvait tenir la pose. Elle retomba sur le dos, l’air penaud. Force était, pour corriger cet échec, se désola Ève, de faire encore appel à l’obligeance de son assistante du moment.
Tête en bas, en équilibre instable, Aloïse attendait en essayant de faire bonne figure pour la dernière étape qu’elle savait la plus dure. Malgré son expérience et ses bonnes résolutions, le premier coup sur ses seins renversés la surprit. Elle serra les dents en attendant la suite de l’épreuve et surtout repousser l’envie de demander à y mettre fin.
Mais une bonne soumise ne supplie pas sa Maîtresse de l’épargner. Aloïse tenait bon, geignait parfois, et remerciait d’une voix de plus en plus faible. Quand sa Maîtresse mit fin à l’épreuve, ses remerciements n’étaient plus qu’un murmure.
La suite s’enchaîna très simplement. Ève pria sa disciple de se déplacer du côté fesses au côté ventre de la soumise et de maintenir les jambes de celle-ci en large V. La dame avait à présent sous les yeux ce qu’elle n’aurait peut-être jamais rêvé contempler d’aussi près, sinon en fantasmant sur ses étudiantes. Sa confusion s’augmentait en songeant qu’elle offrait, par effet miroir, le même spectacle à celle dont elle violait la pudeur. Le conseil de son éducatrice ajouta à son trouble.
C’était vrai. Rire ne l’empêchait pas de toucher juste. La zone du périnée était sa cible que le bout du cuir ne semblait qu’effleurer, mais la mèche rabattue par l’élan mordait dans la vulve. Sans violence superflue, l’enfourchure s’empourprait au rythme lent des cinglements et les larmes brouillaient la vue d’Aloïse. L’assistante n’avait plus à se préoccuper d’un regard indiscret sur son intimité.
Si faible qu’en fut le poids, ce simple contact fit sursauter Aloïse qui réagit automatiquement. Son « Merci Maîtresse », aussi enroué qu’incongru, ne fut guère entendu que de ses deux tortionnaires mais il amusa l’une et détendit l’autre.
La dame tergiversait encore, prise entre les délices de la tentation et la crainte du qu’en-dira-t-on. Elle jeta un coup d’œil autour d’elle pour d’elle pour se rassurer. Ses collègues du jury se désintéressaient totalement de la scène au profit d’un flirt courtois avec les Sorèles et les Converses préludant agréablement à la suite de la soirée. Seules Clémence et Colette la regardaient, mais une cuisinière ne comptait pas, et une méprisable Novice était de toute façon tenue au secret. Les derniers arguments de Ève emportèrent sa décision.
Se dérober à une telle obligation aurait été inconvenant pour une invitée si obligeamment reçue comme pour une débutante si chaleureusement encouragée, la dame le concéda bien volontiers. Dès que les mains de sa tutrice eurent remplacé les siennes sur les chevilles, elle saisit le manche avec détermination, un peu maladroitement toutefois ce qui fit gémir la punie. Après s’être essayée dans le vide pour mieux appréhender le mouvement du poignet et s’être reculée d’un pas ainsi qu’on le lui recommandait, elle prit une grande inspiration, le bras levé.
Son premier coup tomba de travers, son bandeau de poitrine aussi, découvrant un sein. Elle s’excusa du premier et remit en place le second.
Le second coup fut mieux ajusté, bien que trop long, et le fouettement de la mèche se perdit.
En effet, ce fut mieux. La cravache s’arrêta trop haut, certes, mais le bout de la mèche atteignit presque la cible. Réconfortée par ce demi-succès, la dame respira profondément, vida ses poumons, et son cache seins glissa derechef. En bonne élève, elle ignora la mise à nu d’un téton et recommença.
Elle avait pris la mesure et la réussite la portait. La mèche cinglait parfois plus une fesse ou l’autre que leur centre, mais dans l’ensemble le résultat y était. Aloïse subissait, Ève opinait, l’apprentie se démenait et sa poitrine ballottait. Le bandeau, lui, descendait.
Bientôt les seins eurent perdu leur cache, sans qu’aucune des trois ne s’en préoccupât. Puis, pour posture incongrue ou trop maligne attache, le tour de hanche aussi, à son tour s’envola. La très chère était nue et attirait la vue. Sous les regards, bravache, elle mena sa tâche…
Ce ne fut qu’une fois la punition terminée, Aloïse reposée au sol, l’instrument rendu à qui de droit, et en ayant à nouveau l’élégance de ne pas s’abaisser à masquer ses charmes flamboyants, que la dame consentit enfin à rougir. Mais peut-être était-ce uniquement à cause des félicitations de son initiatrice.
Jenny et Issa étaient déjà auprès de Aloïse pour la relever et la réconforter. Son évaluation positive ne faisait aucun doute, bien sûr, ainsi que le décréta Ève. Ces messieurs du jury le confirmèrent hautement en se réjouissant d’avoir participé à une séance remarquable, sans que l’on puisse savoir si cette appréciation visait la performance de la nouvelle Converse ou celle de leur collègue féminine qu’ils considéraient d’un œil neuf.
Les adjointes de Ève, en émettant également un avis favorable, déclarèrent partager le jugement des jurés masculins, à la nuance près que les regards qu’elles échangeaient et ceux dont elles enveloppaient leur homologue du jour rendaient leur opinion moins ambiguë. Mais leur Maîtresse mit fin à ces velléités de drague en distribuant ses ordres.
Le médecin n’éleva aucune objection quant à ausculter intimement une fois de plus la jeune femme. Bien aidée par ses nouvelles compagnes, Aloïse offrit ses seins, son cul, sa chatte, et finalement tout son corps, à un soigneux contrôle des séquelles de son évaluation pratique. Les bleus relevés sur le haut de la poitrine, les côtes, les fesses et l’extérieur des cuisses étaient, de l’avis médical, peu préoccupants. Ils disparaîtraient en quelques jours avec un traitement léger. Ceux de l’intérieur des cuises et sous les seins nécessiteraient l’application d’un baume spécial pour hâter leur résorption.
Les zones des aréoles et de l’appareil génital retinrent plus longtemps l’attention du praticien. C’étaient sans doute les plus douloureuses à en juger par les grimaces de l’auscultée tandis qu’il étudiait les tétons, tournait et retournait les lèvres, ouvrait et refermait la fente et l’anus, et palpait le périnée. Il termina par la consultation des voûtes plantaires et des orteils, notamment ceux qui avaient été malencontreusement cravachés, qu’il plia et déplia plusieurs fois en dépit des gémissements de la patiente.
En enlaçant son invitée, Ève lui chuchota « nous ne serons pas longues, n’est-ce pas ? N’ayez crainte, j’emporte votre peignoir », et l’entraîna affectueusement. La dame ne s’était pas donné le ridicule de chercher à réajuster les tulles sur elle, mais, curieusement, le contact des corps nus ne semblait plus la gêner tandis qu’elle emboîtait le pas de son hôtesse. Celle-ci se retourna avant de sortir.
Ce fut tout. L’évaluation était terminée. Colette était dépitée. Elle avait vaguement imaginé que la journée finirait comme la veille, dans une ambiance conviviale et libertine. À l’évidence ce n’était pas le cas. La soirée festive était réservée à l’élite, les Converses n’y avaient pas droit, pas même la nouvelle consacrée, Clémence ne comptait pas non plus. Et quant à elle, la Novice, personne ne lui portait attention depuis longtemps. Déprimant. Douloureusement déprimant !
Poussée par la nécessité, elle osa rompre le silence et demander à Clémence la permission de parler pour la questionner timidement sur ce qu’il allait se passer ou ce qu’elle-même devait faire.
Elle en brûlait, pourtant, au sens propre comme au figuré. Avec les mouvements, le poids du cadenas lui semblait plus lourd, plus insistant sur ses lèvres internes. Ces « petites » lèvres dont le qualificatif n’avait jamais été aussi peu approprié et qu’elle pensait être vraiment devenues des oreilles d’éléphant. Les voir l’aurait rassurée, les masser l’aurait peut-être soulagée de lancinements de plus en plus prégnants, la vigilance de Clémence le lui interdisait. Une pointe plus aiguë la traversa, elle ne put s’empêcher de gémir.
Clémence n’ajouta pas qu’elle serait punie elle aussi, mais Colette le comprit sans peine. Elle se souvenait de l’avertissement de sa Maîtresse en la confiant à sa garde et l’évocation de leur relation de la veille le lui confirmait. Sa faute rejaillirait sur la seule personne qui lui avait témoigné un peu d’amitié. Elle se promit d’endurer sa souffrance pour ne pas être cause de la sienne. Il lui faudrait être patiente et courageuse comme il se doit pour une Novice, elle le serait. Sustine et abstine…
Le temps passait et rien ne se passait. Clémence avait perdu son air sévère. Colette pensa que sa docilité l’avait un peu amadouée. Elle essaya d’engager une conversation qui, au moins, distrairait ses tourments.
La soie flottait autour de Ève et de son invitée. Kimono à la japonaise et peignoir arc en ciel mêlaient leurs pans dans le bras dessus bras dessous des deux femmes. L’une assumait avec grâce et charme son personnage de maîtresse de maison. L’autre l’accompagnait dans un mélange de confusion et de reconnaissance qui luisait dans ses yeux. Elles s’arrêtèrent devant Clémence.
Colette se tenait modestement en retrait. Elle rougit de bonheur quand Ève l’embrassa elle aussi.
Puis elle reprit le bras de la dame au regard brillant et lui glissa à l’oreille « allons dîner, très chère Amie, vous devez être affamée après toutes ces sensations imprévues… » avant de l’entraîner étroitement enlacée.
Colette gardait sur la langue une saveur dont elle soupçonnait l’origine. Le clin d’œil coquin de Clémence lui confirma ses suppositions. Elle sourit à son tour et suivit docilement sa gardienne.
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Je mets un point final à la transcription de ce nouvel épisode des mémoires de Colette. Elle l’a relu avec moi en caressant affectueusement mes cheveux. Je love ma nuque contre son ventre avec un sentiment de bien-être.
Le soleil se couche, le poêle ronfle. Anaïs n’a pas téléphoné, nous l’attendons donc d’un moment à l’autre pour qu’elle termine la réparation de la chaudière. Et plus peut-être, si affinités, qui sait ?