n° 21106 | Fiche technique | 54267 caractères | 54267Temps de lecture estimé : 31 mn | 30/08/22 |
Résumé: Météo mitigée et panne de chaudière ont incité les héroïnes à faire une pause dans le recueil des souvenirs. Heureusement, l’arrivée d’une jeune réparatrice les pousse à d’autres plaisirs. | ||||
Critères: ff fff fplusag fépilée fdomine voir exhib miroir odeurs fmast caresses intermast anulingus 69 -lesbos | ||||
Auteur : Dyonisia (Rêves et autofictions… souvenirs et confidences…) Envoi mini-message |
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Résumé des épisodes précédents :
La narratrice a retrouvé l’héroïne de « Histoire de Colette » qui lui a offert le gîte et le couvert en consentant à lui raconter la suite de sa vie de soumise.
Dès son arrivée chez sa Maîtresse d’élection, Me Ève L*, Colette connaît une succession d’humiliations et de jouissances avant d’être invitée à assister et à participer à de sévères punitions de soumises. Elle persiste cependant dans son désir de s’engager dans un contrat de totale servitude.
En attendant d’être reçue en formation, elle apprend de Clémence, la plus ancienne des soumises d’Ève, la précocité et l’accomplissement de la vocation de domina chez cette dernière, ainsi que la force d’un amour qui conduit à tout accepter de sa maîtresse.
Une visite médicale éprouvante et un test culturel mortifiant rendent Colette admissible au Noviciat et une épreuve particulièrement douloureuse cadenasse son engagement définitif. Quant à la précédente Novice, Aloïse, une vérification poussée de son endurance au fouet confirme brillamment son aptitude au niveau supérieur de Converse.
Dans chaque épisode, la narratrice, nommée d’autorité Chantal par son hôtesse, rend compte de l’évolution de ses propres sentiments. Au fil des souvenirs qu’elle recueille et des anecdotes qui émaillent son séjour, elle se sent de plus en plus attirée par Colette, et la découverte de pulsions insoupçonnées l’amène à expérimenter les plaisirs de l’exhibition et des caresses féminines comme de la souffrance.
Le soleil est couché. Anaïs se fait attendre, la réparation de la chaudière aussi. Colette a vérifié le téléphone. « Ici, il y a parfois des coupures de ligne », a-t-elle répondu à mon regard interrogateur.
Depuis la fin de la séance d’épilation, elle a recommencé à me vouvoyer. Je ne voulais pas, mais elle tient à marquer la différence entre nos relations « normales » et mes expériences de soumission. Il ne faut pas que s’instaure un lien pérenne de subordination à la place d’un jeu librement accepté. Je comprends cette notion de mise à distance, je la trouve pertinente, mais cela implique que coucher avec elle est une relation normale. Je ne l’aurais pas conçue ainsi il y a trois jours !
Nous rions ensemble. Je l’étreins affectueusement, un geste devenu également normal entre nous. Malgré nos cœurs chauds, nous avons dû nous couvrir de laine en cette fin de journée. Dommage, j’aimais bien le contact à peau nue. Elle cherche ma bouche, je vais la lui donner.
Un coup de klaxon nous sépare. Le sauvetage espéré se précise, tant pis s’il nous empêche de prolonger notre embrassade. Anaïs pointe une tête mitigée à la porte une minute après.
La suite se perd, elle a déjà disparu. Nous nous regardons, amusées et interrogatives. Pour combien de temps en a-t-elle, on ne sait pas. Nous n’allons pas commencer un cache-cache d’amitié amoureuse. (Oui, je ne me mens plus à moi-même.) Laissons plutôt travailler la jeunesse et faisons l’inventaire du frigo pour le dîner, le souper comme on dit ici.
Le souper, tiens, tiens… Le mot m’évoque un des premiers récits de Colette. Voilà qui serait délicieusement érotique, un souper avec Anaïs sous la table, me surprends-je à imaginer. Le penser me fait mouiller. Ça y est, je suis définitivement contaminée !
Bon, c’est un peu décousu, mais j’ai compris le sens général. En tout cas, ces préoccupations prosaïques me font redescendre de mes cieux libidineux. Va pour des pommes de terre, on peut les garder plus facilement au chaud en cas de retard. Je m’active, Colette s’active, Anaïs doit s’activer, tout roule ! Il ne reste plus qu’à préparer l’apéritif pour le retour de la gamine, elle le mérite.
Tout est prêt ou en bonne voie, rien d’autre à faire qu’attendre. Des spéculations coquines sur l’anatomie d’Anaïs reviennent me titiller l’esprit. Il faut que je l’occupe pour ne pas en être envahie. Voyons, ça fait quatre jours que je suis chez Colette et je n’ai recueilli qu’une faible partie de ses souvenirs. (Passons sur les à-côtés de mes découvertes sensuelles et de mes essais de mise en situation, pour le dire pudiquement…) Il me faudrait le double de temps pour achever ma collecte, à moins qu’elle en ait assez de moi et me jette dehors.
De toute façon, mon mari rentrera dans une semaine, je dois revenir à la maison avant. Je ne lui cacherai pas mon escapade. Je ne lui dirai pas tout non plus. Je ne sais pas trop comment lui présenter la chose, surtout si je prévois de revenir ici. Pour autant que Colette le veuille, bien sûr ! Au fait, je pourrais lui demander conseil sur quoi raconter : vérité, demi-vérité, ou vérité plausible ? Je me fierai à son expérience.
Toc, toc, toc !
Non, ce n’est pas la Charlotte qui vient chercher sa culotte, c’est la Anaïs, et elle l’a sur elle, sa culotte, enfin sa salopette, crasseuse à souhait. Ses mains ne valent pas mieux, elle en a même sur le visage… Mais elle triomphe.
Elle est de retour moins de cinq minutes après, les menottes propres, le minois itou, la minette… (Ah non ! Je ne vais pas recommencer ! ) Sa salopette aussi a meilleure mine. Elle explique que son père enverra la facture et s’assoit avec une satisfaction évidente.
Boire une gorgée les yeux sur son verre lui évite de répondre. Colette me regarde, surprise et amusée de mon audace, avant d’insister en suggérant que le temps du « pourboire » devrait suffire à reconstituer la réserve d’eau chaude pour une douche. Anaïs reprend une gorgée.
Les conséquences implicites de sa question font légèrement rosir ses joues. Nous trouvons fort à propos une occupation aux fourneaux pendant qu’elle discute avec sa famille. C’est son rapport d’activité de la journée qui est le fond de l’échange, semble-t-il. L’invitation à dîner n’en est qu’un élément accessoire, elle passe comme une lettre à la poste.
Anaïs est déstabilisée, Colette gentiment affirmative. Je comprends pourquoi elle m’a donné la cocotte en terre des patates à mettre dans le four du poêle et qu’elle a posé sur celui-ci la cocotte en fonte du civet. Nous avions tacitement la même idée derrière la tête en choisissant le menu. J’apporte de l’eau à son moulin.
Elle s’assoit en effet, la mine résignée, remuant des pensées embarrassantes. Puis elle réalise son étourderie et se relève toute penaude :
Malgré la distance, son hésitation est perceptible. Elle réapparaît, en chaussettes et en petite tenue, le tout passablement défraîchi par une journée de travail fatigante. Elle a l’air dépitée et les bras pudiquement ramenés sur elle.
Est-ce cet échec ou l’aveu inconscient de ne pas nous avoir crues qui la fait rougir ? Ses yeux fixés sur la serviette étalée sur le fauteuil me détrompent : la gamine s’inquiète d’un préjugé défavorable sur son hygiène. L’explication de la nécessité de protéger le tissu des poils la détend. Rassurée, elle s’installe à la hâte, tout de même obligée de nous dévoiler un sage petit soutien-gorge apparemment bien rempli. Colette regarde plus bas, l’œil malicieux.
Elle rit, mais n’est pas totalement convaincue. Je la fixe avec un haussement de sourcil et un geste des mains pour lui rappeler qu’elle n’avait pas autant de scrupules en m’observant de près ce matin. Elle hoche la tête et se tortille pour faire glisser l’objet du litige qu’elle roule en boule rapidement avant de le fourrer dans son dos. Elle est touchante avec son joli visage pincé et ses jambes serrées.
Elle n’ose pas refuser et me laisse lui prendre le pli d’un genou que je pose bien en arrière sur le bord du fauteuil. Elle fait de même avec l’autre jambe. Je l’aide juste assez pour qu’elle se retrouve les cuisses bien écartées. Mignonne petite chatte, ma foi, mais, comme dirait Colette, la profusion des poils noirs empêche d’en apprécier pleinement les formes. Elle n’évite pas, par contre, la diffusion d’un délicat fumet de crevette fraîche qui monte de la fente rose entrouverte et fait rougir la responsable.
Elle me regarde avec de grands yeux, et c’est moi qui rougis ! J’ai parlé spontanément pour la réconforter, et mon inconscient s’est exprimé pour moi. Mais l’objectif est atteint : la surprise déculpabilise Anaïs. Elle pouffe en oubliant sa gêne.
Colette me prend au dépourvu. Pourtant je n’hésite pas, cette femme me subjugue et cette fille m’attire. Je remonte ma robe, je pose un pied sur l’accoudoir, je cambre les reins, je m’expose. Je m’exhibe au regard d’une gamine, je m’en fiche. Mes lèvres sont lisses et roses, un soupçon de cédrat doit encore les exalter, à moins que ce ne soit une once de cyprine…
Elle suit les explications que Colette lui détaille à même ma peau, passant et repassant le doigt sur les zones épilées et leurs contours. Les frémissements que je sens dans mon sexe ne distraient pas son attention.
Colette s’attelle à la tâche, le plus délicatement qu’elle peut. Au début, tout se passe bien. À la périphérie, les poils sont moins serrés. Tout au plus quelques petites grimaces troublent-elles les traits résolus d'Anaïs. Je connais ce faux espoir. Ma main traîne comme par hasard près de la sienne. Bientôt elle la cherche instinctivement, la trouve et l’agrippe, la serre par saccades en se raidissant, puis gémit à petits coups, les yeux clos, la tête renversée. Colette suspend son geste.
La chérie en doute, ça se voit à son haussement d’épaules désabusé. J’ai pitié d’elle. Du moins est-ce le prétexte que je me donne.
Elle hésite un tout petit instant avant d’acquiescer, en ajoutant faiblement : « vous pouvez dire Anaïs, Madame », lorsque je pose mes doigts sur sa chatte et le pli de son aine. Je lui réponds qu’elle peut m’appeler Chantal en échange tandis que j’étire fortement la lèvre où va œuvrer Colette.
Sa voix n’est qu’un murmure où transparaît son trouble. J’ai du mal à dissimuler le mien. Je me donne bonne conscience en prétendant que c’est pour assister au mieux Colette, mais je ne peux détacher les yeux de ce sexe qui dévoile poil après poil les fuseaux bombés de ses lèvres et l’amande fascinante de ses courtes nymphes. L’heureuse bénéficiaire de ce trésor retient ses gémissements en plaquant une main sur sa bouche, l’autre crispée sur mon bras. Elle me transmet chaque sursaut qui ponctue la progression de l’épilation et m’en fait partager la souffrance. Je communie dans le même soulagement qu’Anaïs lorsque cesse son martyre.
La réponse vient dans un souffle qui laisse place au doute. Elle la répète bravement pour donner son accord.
Là encore je ne fais qu’assister Colette en écartant pour elle les bords du sexe. Les plis roses s’ouvrent et la petite crête festonnée se sépare sur un corail moiré. Il n’y a pas de poil, pas même un duvet, sur la partie cachée des lèvres, juste quelques traces de vieille sueur ou d’un autre fluide. Dans la fente qui s’offre brille une jeune mouille et la pointe d’un adorable bouton se dégage de la peau étirée. Un parfum de désir baigne la vulve écarquillée.
J’exagère sur le ton de la plaisanterie pour dissiper sa gêne. Elle a un petit sourire forcé au début qui se transforme en petit rire sous le compliment équivoque. Puis, mi-sérieuse, mi-complice, elle cherche mon regard.
Cette fois, elle rit franchement en répondant qu’elle est désolée (je ne sais trop dans quel sens je dois le prendre…) sans remarquer qu’un pouce indiscret s’est égaré par hasard sur son clitoris en même temps que le gant mouillé de frais posé par Colette sur sa minette. Les deux frissons ont dû se confondre dans un apaisement bienvenu. Je n’ai pas eu droit à de semblables égards, ce matin, mais je n’en suis pas jalouse. Le soupir de soulagement d'Anaïs et son sourire satisfait me font oublier le regret de quitter la douceur de son sexe.
L’excitation retombée et la souffrance atténuée, de nouveaux scrupules semblent assaillir notre jeune compagne. Elle rechigne manifestement à renfiler sa culotte sale tout comme elle se voit mal passer le repas en tenant le gant sur sa chatte. La sollicitude de Colette la tire d’embarras. Elle accepte avec reconnaissance l’offre d’un long T-shirt qui ménage sa pudeur. Elle est plus réservée vis-à-vis du verre de whisky qui l’accompagne en récompense de son courage.
Ah ben oui, déjà ! Je n’ai pas vu le temps passer, me dis-je tandis que Colette fait mine d’avoir une idée.
Notre hôtesse n’attend pas la fin de la litanie d’hésitations, de moins en moins convaincues d’ailleurs, pour sauter sur le téléphone et argumenter sa proposition. Elle me semble obtenir facilement gain de cause, la seule réserve paternelle étant de pouvoir disposer du véhicule à neuf heures demain. Anaïs capitule, sans doute secrètement heureuse d’y avoir été forcée.
Elle paraît plus satisfaite d’apprécier son whisky – un délicieux single malt aux arômes tourbeux, soit dit en passant – que préoccupée par la question du coucher. Une confiance ingénue qui m’amuse. Elle doit savoir que Colette a toujours une solution appropriée, comme je l’ai appris moi-même (je ne dirais pas à mes dépens !), et préfère profiter de l’ambiance chaleureuse de cet apéritif tardif. À peine s’en éclipse-t-elle cinq minutes pour sa douche tant attendue dont elle revient encore plus rayonnante.
Nous parlons de tout et de rien en mettant le couvert. Nous devisons de choses et d’autres en dégustant le civet de lièvre, agréablement mijoté en attendant son heure. Nous passons sur les pommes de terre en robe des champs, défraîchies pour mieux nous régaler d’un Merlot puissant qui sublime le plat. Et nous échangeons dans une bonne humeur croissante toutes les futilités de la ville et de la campagne. Soyons franches, à la fin du repas nous sommes plus ou moins grises et la moindre gaîté de l’une déteint au centuple sur les autres. Malgré, la précaution d’un petit café préalable, l’Eau de Figue, dite digestive, n’assagit pas l’atmosphère.
Même dans ces conditions quelque peu avinées, Colette reste adorable et diserte. Anaïs a oublié ses tracas et ses scrupules. Je me sens légère et émoustillée. La conversation est devenue plus leste, des tutoiements impromptus la traversent. Les barrières tombent, les sujets grivois s’abordent sans tabou. La gamine est aux anges.
Qu’est-ce qui me prend de lui répondre : moi aussi ? Un éclair passe dans ses yeux. L’alcool n’explique pas toute la curiosité qu’on peut y lire. Elle n’ajoute rien, néanmoins, vaguement gênée par le silence qui suit. Colette le brise à sa place :
Anaïs se tait, sa figure parle pour elle. Elle est passée de l’émoi au soulagement pour rougir à nouveau et s’empourprer à la dernière question. Je me demande où Colette veut en venir, et ce que je soupçonne me met mal à l’aise, incapable de savoir si je le crains ou si je l’espère. Mon corps en décide, pourtant. Je suis confuse de me sentir mouiller.
La voix d'Anaïs est presque inaudible, comme une pensée inconsciemment formulée. Elle voudrait se rattraper, c’est trop tard. Colette s’est penchée vers moi et m’enlace. Elle prend ma bouche sans que je refuse. Les baisers d’après repas ne m’ont jamais attirée. Celui-là, je l’accepte, je le rends, je le prolonge, gênée et émue d’être observée. Je suis déçue lorsqu’il s’interrompt.
Une réponse spontanée que Colette prend comme une invitation à poursuivre. Elle colle sa chaise à la mienne et fait glisser ma robe sur une épaule. Elle me dénude un sein et le cajole sous les yeux de la spectatrice. Je ferme les miens pour mieux apprécier la caresse sans retenir mes soupirs de plaisir. Je ronronne sans vergogne aux tiraillements du téton et aux pincements de l’aréole. Le regard d’une autre m’excite, je ne peux plus le nier.
Colette se lève et m’abandonne. Je suis frustrée. Elle passe derrière moi et pose ses mains sur mes épaules. J’appuie ma tête contre son buste. Elle force l’encolure et descend la robe sur mes avant-bras. Je suis entravée, la poitrine nue. Je me contrefiche qu'Anaïs fixe mes doudounes lourdes. Mes pointes de seins dardent, je suis ravie.
La voix douce de Colette m’électrise. Je me dresse. Ses mains retiennent la robe qui me quitte. Je suis nue. Nue devant Anaïs comme ce matin. Mais je n’éprouve plus de honte. Je me sentais avilie, je me sens embellie. J’étais embarrassée, je suis provocante. Qu’elle se rince l’œil ou critique mes formes, m’importe peu. Je lui ai déjà exhibé ma chatte et ses lèvres épilées – pour son information m’étais-je hypocritement prétexté. Ma pudeur est un lointain souvenir et je ne pense qu’au plaisir nouveau que me promet l’invitation de Colette.
Elle m’entraîne, je la suis en tenue d’Ève, vers le petit salon, crois-je. Non. Elle explique que le radiateur est resté fermé, nous aurions trop froid. C’est dans sa chambre qu’elle me mène. Nous grimpons l’escalier. D’alcool ou de désir, mon cœur bat la chamade. Je regarde par-dessus mon épaule, Anaïs monte derrière nous. Elle a une vue imprenable sur mon cul. J’en suis heureuse, Colette le trouve beau ! Je me vautre dans la luxure, me dis-je, et je ris intérieurement.
Il flotte un vague parfum d’encaustique et d’humanité dans la chambre de Colette. L’odeur de cire des meubles n’a pas totalement surmonté les fragrances de rut de la nuit dernière. Le mélange n’est pas repoussant pour autant. Il rappelle des souvenirs excitants et c’est moi qui me serre contre le dos de celle qui va m’initier – maintenant, j’en suis sûre – aux ultimes arcanes du culte de Sapho. L’enlacer pour prendre ses seins, caresser ses fesses de mon pubis, sont choses naturelles pour lui signifier à la fois mon désir et ma reconnaissance.
C’est comme une douche froide pour celle qui s’y croyait invitée.
Je retrouve la Colette dominatrice, voix douce et ferme, regard sévère. Je m’exclus d’un dialogue dont je connais la fin. Je me pose sur le lit pour observer à mon aise le strip-tease timide dont l’abondance de miroirs aux murs me renvoie en foule les images. Je n’avais pas porté attention, hier soir, à ce jeu de glaces qui reproduit à l’infini nos reflets et affiche nos corps sous toutes leurs coutures. Quand le soutien-gorge aussi s’envole à la demande, je peux admirer en multi vision l’entière silhouette d'Anaïs, ses petits seins pointus, ses fesses en pomme, son ventre plat et ses cuisses discrètement musclées.
Colette aussi la contemple et la détaille de haut en bas. Je sais trop bien ce qu’éprouve Anaïs à cet instant, les sentiments contradictoires qui la remuent, l’envie de fuir et le besoin de rester, la honte de sa nudité et la crainte de la cacher, le plaisir de l’excitation et la gêne de cet émoi. Tout ce qu’il faut pour qu’elle accepte de se soumettre.
Anaïs est trop troublée pour parler, mais elle hoche vigoureusement la tête pour marquer sa compréhension et sa sincérité.
Je lui souris pendant qu’elle s’installe en chien de fusil, cuisses serrées et bras autour des genoux, les yeux fixés sur l’anatomie de Colette qu’elle découvre. Je la laisse en examiner, rougissante, les courbes et les particularités pour m’étendre à plat dos, la joue près de sa hanche, en humant les suaves effluves qui émanent de son corps. La pensée me vient que j’étais gouine sans le savoir. Je le constate, sans plus, sans m’étonner ou m’affoler. Je flotte dans un monde différent où seule compte la jouissance que j’attends.
Colette s’agenouille au-dessus de moi. Ses nymphéas pendent entre ses cuisses écartées. Elles m’évoquent une image que je repousse avec dégoût. Je ne veux ni couilles ni bite, je ne réclame qu’une bouche de femme sur mon sexe. Et cette bouche le fait languir. Elle tète mes seins, titillant l’un et mordillant l’autre, exaspérant mes tétons qui se tendent, pinçant mes aréoles pour mieux les aspirer, les délaissant pour montrer à Anaïs la turgescence des mamelons.
Mais c’est quand même bon ! Personne n’a aussi bien flatté ma poitrine. Mes seins gonflent et durcissent, de lourds ils deviennent arrogants. La position les y aide, c’est vrai, et mon ventre en profite également. L’essaim de papillons le parcourt d’incessants allers retour entre ma poitrine et mes fesses. Je frissonne de la gorge à la chatte, je frémis du clito à l’anus, je brûle et je mouille. C’est délicieusement érotique.
Anaïs ne perd pas une miette des caresses qui m’enflamment. Ses grands yeux brillants redoublent mon excitation. Sa cuisse pèse contre moi et je devine à la chaleur de sa peau qu’elle s’ouvre pour mieux se cajoler en suivant la lente descente de la bouche de Colette vers mon nombril. La langue qui s’y vrille me fait sursauter. Une myriade de fourmillements me traverse et je n’aspire qu’à l’accueillir plus bas.
Je tressaille d’espoir quand la bouche frôle ma toison. Mais elle l’oublie, elle se promène sur mes cuisses, voletant de l’une à l’autre pour déposer de petits bécots mouillés à l’intérieur. La ronde des baisers tourne autour de ma vulve, s’en rapproche et s’en éloigne sans jamais s’y poser. Je gémis d’impatience fébrile jusqu’à ce que tout à coup un éclair m’irradie quand les lèvres de Colette et celles de mon sexe se rejoignent. Ma main trouve une cheville et la serre convulsivement.
La respiration me revient, je concentre mon attention sur les légers léchouillis qui visitent ma chatte. Ils défroissent mes plis par petites touches rapides, ils écartent ma fente par de douces contraintes, ils glissent entre mes nymphes par à-coups successifs, ils se promènent partout sans se fixer nulle part. J’enrage, mon vagin se gorge, mon bouton se gonfle et réclame son dû. Il l’obtient soudain et mes sens trop longtemps réprimés se libèrent. Je me cambre et j’explose, je geins et je coule, je jouis. Trop vite !
Je suis honteuse et frustrée comme un éjaculateur précoce. Colette sourit et rampe sur moi. Ses seins et sa peau épousent en douceur mon corps tandis qu’elle se fait légère pour parvenir jusqu’à ma bouche. Son baiser a le goût de ma mouille. J’aime lécher ma cyprine sur mes doigts, mais sur les lèvres d’une autre, sa saveur est incomparablement meilleure. Je ne les quitte que la dernière trace humide disparue.
Colette m’invite à m’asseoir et s’allonge à ma place. À côté de nous, Anaïs a enfoui une main entre ses cuisses. Son bras gigote désespérément dans la fureur de sa branlette. Son visage exprime son dilemme entre ne rien perdre de nos ébats et satisfaire son propre désir. Mon amante ne lui facilite pas le choix.
Un soixante-neuf, mais bien sûr ! J’ai pratiqué la figure, évidemment, quasiment toujours en étant dessous. J’apprécie la délicatesse de Colette qui ne m’impose pas tout de go la vue de son trou du cul. Elle ne se prive pas, par contre, de l’ouvrir, mon cul. Je sens ses pouces sur mes lèvres et ses doigts sur mes fesses. Elle m’écarte comme une figue, une grosse figue qui révèle tous ses détails intimes. Anaïs ne doit rien en ignorer. C’est délicieusement gênant et horriblement excitant. J’en rajoute en creusant mes reins. Imaginer, non, savoir que cette gamine presque inconnue reluque ma moule écartelée et mon œillet écarquillé me rend folle.
La touffe grise, l’opulence et le parfum de la chatte sous mon nez ne font rien pour me calmer. Il faut que je goûte à ce sexe que Colette m’offre. Elle fouille déjà dans le mien de sa langue. Je ne sais comment m’y prendre pour lui rendre la politesse, je débute dans le gougnottage. Alors, je me règle sur ses caresses. Je lèche quand elle lèche, j’aspire quand elle aspire, je tète quand elle tète. Je ne dois pas être trop mauvaise élève, ses grognements de plaisir qui font écho aux miens me rassurent.
Les odeurs et les saveurs sexuelles sont enivrantes. Je m’enhardis, j’improvise. Le moelleux des muqueuses contente ma langue, la cyprine du con ravit mon nez. Colette prend mes petites lèvres en bouche et les mastique. Je l’imite les yeux fermés. Las ! Je ne peux gober qu’une seule de ses nymphéas à la fois. Tant pis ! Je l’engoule avec enthousiasme, je la tire, je la mordille, je la flatte de mon mieux… Tiens ? Je sens un creux dans cette chair élastique et goûteuse. Je n’y crois pas, d’abord. J’abandonne ma proie pour sa jumelle. L’étonnante sensation est la même. Je veux comprendre.
Un grognement, de dépit cette fois, accompagne mon retrait. J’ouvre les yeux, je mets les doigts. Oui, c’est un trou qui orne le milieu de ces nymphéas que j’honore, comme sur un lobe d’oreille, en plus gros. Colette m’avait dit qu’elle avait gardé l’empreinte indélébile de son Noviciat. Un souvenir inoubliable, en effet. Je ne l’avais pas remarqué encore, ou pas voulu le voir. Je ne m’exclame pas, mais une affection plus grande m’attache à mon initiatrice. Je reprends mes caresses buccales avec plus d’ardeur et de tendresse.
Les cajoleries dans ma chatte redoublent de vigueur. La langue de Colette explore mon vagin. C’est divin ! Je m’y essaie aussi, je fourrage dans le sien. C’est souple et onctueux. J’aime ! Elle enfile en moi son majeur, ou son index, les deux peut-être. Je la pénètre de même. Nous nous branlons mutuellement. J’adore le ressentir, j’adore le faire ! Ma bouche est inoccupée. Je lui cherche un emploi, je trouve un bourgeon, je le suce. Ça, je sais comment : le clitoris a un gland, après tout ! Je pompe et je lèche. C’est bien plus facile et agréable qu’avec une bite ! Mon nez baigne dans le jus que mes doigts font gicler. Le pubis de Colette cogne mon menton. Sa vulve me saute à la figure. Je sens venir sa jouissance, je l’attends, j’en oublierais presque la mienne.
Non. Mon orgasme monte, tout mon corps le perçoit, Colette le contrôle. Elle tète mon bouton, c’est trop bon ! Je crie mon plaisir, le cou tendu, la tête renversée. Les miroirs me renvoient le spectacle d’une orgie lesbienne sans limites, une infinité de moi me contemple, je jouis ! Je me vois jouir, longuement, pleinement, aspirant et buvant l’orgasme de Colette…
La tête me tourne, mon esprit flotte, mes membres s’alourdissent, je repose alanguie sur Colette. Elle me lape comme un petit chat, elle dorlote ma chatte assouvie. Je suis trop épuisée pour l’honorer des mêmes soins d’après l’amour. Je bécote tendrement ses cuisses et son ventre, je hume encore les senteurs de ses sucs, je roule enfin sur le côté, assagie et comblée.
L’ivresse du rut passée, je m’éveille comme d’un rêve. Les pensées me reviennent. Avec elles, qui sait, la culpabilité, la honte, le remord ? Pas du tout ! Je suis bien, je suis heureuse. Je viens de baiser avec une femme pour la première fois. (Oui, la nuit dernière ce n’était que masturbation d’adolescente vicieuse, qui se laisse toucher par une copine, mais qui ne le lui rend guère.) Ce soir, j’ai vraiment fait l’amour, j’ai donné du plaisir à une autre, j’ai joui de sa bouche et de ses doigts, je l’ai fait jouir de la mienne et des miens, j’en suis fière.
Que dis-je ? C’est à deux femmes que j’ai donné du plaisir, j’allais ignorer Anaïs ! Je me suis exhibée devant elle, je me suis déchaînée, elle a eu la primeur de mon premier soixante-neuf saphique. Le spectacle lui a plu, c’est certain. J’ai entendu ses soupirs énamourés, les petits cris échappés de sa bouche, le long gémissement qui a suivi sa délivrance sexuelle. Je n’ai pas vu sa main caresser sa vulve ni ses doigts fouiller sa chatte. Je ne sais pas comment elle se branle. Je le regrette. Son visage rayonnant de bonheur m’apporte pourtant le plus doux des remerciements.
Elle est là, tout près, reprenant souffle, serrée entre Colette et moi. Comment ce revirement s’est-il opéré ? Mystère ! Je ne me souviens même pas avoir changé de position. Nos têtes reposent sur l’unique traversin.
Je lui souris, j’aimerais l’embrasser.
Elle a raison, elle a toujours raison. Nous nous allongeons gentiment. Trois générations dans le même lit, qui s’abandonnent à Morphée, chacune avec ses rêves… Que seront les miens ?
Les petits oiseaux chantent dans les arbres. Le soleil filtre à travers les volets. J’ai dormi du sommeil de l’innocence. Je reviens du pays des songes sans un souvenir. Je suis seule. Pas la moindre trace de la tiédeur d’un autre corps sur les draps. Eh bien quoi ? Devrais-je douter encore de ma mémoire ? Je me lève à la hâte, vaguement angoissée.
Colette est dans le grand salon – le salon de réception, comme je l’appelle in petto – toute entière occupée à sa gymnastique matinale. Une vraie gymnastique, veux-je dire, avec étirements, mouvements, et tout, et tout. Elle s’interrompt néanmoins avec un petit sourire.
J’ai l’impression de revivre une même scène. Après sa réponse affirmative, je me risque à poser une question peut-être stupide.
Bon, au moins je n’ai pas rêvé. Mais ce départ rapide me chagrine.
Je regrette aussitôt ma réaction d’énervement. Je suis dépitée de n’avoir pu contempler cette gamine « dans le simple appareil d’une beauté arrachée au sommeil », mais Colette n’y est pour rien.
Mon silence est un aveu.
Oh oui, je suis contente ! Je n’embête pas plus longtemps Colette. Dans l’escalier, elle me rappelle.
Je ris avec elle. Moi aussi, je me dépêche d’aller faire mes petites affaires et de prendre une douche. Je lui promets d’expédier tout cela au plus vite.
Je finis de me sécher en sortant de la salle de bain pour la retrouver toujours occupée à ses exercices. Plus précisément, elle est prosternée dans une position cocasse, la tête au sol, le derrière en l’air, les genoux sous le ventre et les bras étendus devant elle. Le spectacle m’amuse autant qu’il me surprend.
Je l’observe faire ses mouvements, lancer une jambe en arrière, lever l’autre et décrire des cercles du bout du pied, balancer les bras d’avant en arrière… Bref, toutes choses auxquelles je me suis essayée, sans grand succès je dois bien l’avouer. Elle reprend la position dans laquelle je l’ai surprise et tourne la tête vers moi.
Évidemment ! Ça fait un quart d’heure que je la vois remuer toute nue, et je viens juste de le remarquer vraiment. La chose me semble tellement naturelle… Allez, hop ! À poil, moi aussi. Au fait, je l’étais déjà en sortant de ma chambre. Naturel, je vous dis ! Voilà, je suis prête à essayer. Elle me laisse sa place sur le tapis.
Elle corrige la position des membres avec ses mains, tandis que je m’escrime à tenir mon équilibre. Puis, appuyant sur bas des reins, elle tire mes épaules en arrière. Ce n’est pas suffisant pour assurer la rectitude de mon dos. Un bras sur le haut du buste et une paume au milieu des omoplates me contraignent à une pose correcte. Ses manipulations ne sont pas tendres, mais ce n’est pas désagréable, au contraire ! Surtout quand elle palpe le haut de mes fesses, ou quand mon avant-bras s’encastre entre ses seins.
Je m’exécute. Ça tire dans les muscles antérieurs de mes cuisses et dans ceux de mes pieds. C’est supportable et ça ne dure pas. Elle me fait ployer en avant, bras tendus, jusqu’à ce que mes mains touchent le tapis.
Pour mieux me guider, prétend-elle, elle prend mes fesses en mains. Je ne m’en formalise pas, non plus que de sentir la pression de ses pouces qui tend à ouvrir mon sillon.
Je fais ce que je peux, mais je suis trop occupée à garder mon équilibre pour exécuter correctement la figure que Colette me demande. Elle s’en rend compte et me facilite l’exercice.
En effet, ça va mieux quand j’écarte les cuisses. J’en profite pour les ouvrir peut-être un peu plus qu’il ne faudrait, mais elle ne me reprend pas.
Mes tétons raclent le tapis dans un sens puis dans l’autre. Elle m’encourage à continuer. Ses mains ont quitté mes fesses. Bizarrement, j’en suis presque frustrée.
Je m’applique. Je sens que mes vertèbres se meuvent plus souplement au fur et à mesure de ces va-et-vient. Je sens aussi son regard derrière moi.
Je prends ça pour une plaisanterie et lui réponds sur le même ton choisir les premières.
Son baiser me surprend en pleine extension. C’est doux et tendre. Une légère tape m’incite à poursuivre. L’extension suivante s’accompagne d’une bise sur l’autre fesse. Je frémis itou et m’étire derechef. Le troisième baiser se pose sur…
Cette fois, sa langue titille mon anus et cette sensation me fait frissonner de plaisir au point de m’inquiéter des conséquences de cet émoi que trahirait ma chatte. S’il y a trahison, et sans doute oui, ce forfait ne décourage pas Colette qui renouvelle son baiser en l’enrichissant d’un léchage du périnée. C’est si bon que je lui ouvrirais volontiers mon cul et mon con. J’y renonce pourtant, je ne sais pourquoi.
Tout dépend de qui donne et de qui reçoit, en effet. J’aurais préféré qu’elle insiste, qu’elle force ma pudeur. Je n’ose le lui dire, mes pensées sont confuses. Elle aussi semble gênée. Peut-être craint-elle d’avoir entaché notre amitié par un geste trop indécent. Je ne trouve pas les mots qui pourraient la rassurer. Renouveler l’exercice qui nous a entraînées dans cette équivoque est la seule idée qui me vienne à l’esprit. En m’exposant ainsi sans défense ni retenue, j’espère la convaincre que je lui garde confiance et affection.
Au ton de sa voix et à son simulacre de claque sur ma fesse, je comprends que j’ai vu juste.
Tacitement, autour des tartines et du thé, nous ne revenons ni l’une ni l’autre sur nos ébats de la nuit et de l’instant. D’ailleurs, je n’éprouve plus le besoin d’épiloguer sur l’évolution de mes sentiments. Je reconnais mes penchants, je les admets tous, y compris ceux dont je ne soupçonnais pas l’existence. Exactement comme me l’expliquait Colette aux premiers jours de notre rencontre.
Quant à elle, elle m’accueille telle que je suis, sans me juger. Elle ne m’oblige ni me force à quoi que ce soit. Elle répond à mes demandes et me guide. Dans ces conditions, j’accepte toutes les privautés qu’elle peut s’arroger. Je découvre et j’ai envie d’aller plus loin. J’ai vu les cravaches, pinces et autres instruments qui décorent le « donjon chambre d’amies ». La curiosité d’essayer me titille.
À suivre