n° 21147 | Fiche technique | 52345 caractères | 52345 9076 Temps de lecture estimé : 37 mn |
16/09/22 |
Résumé: Un étudiant en médecine rode ses techniques dans une clinique chirurgicale. | ||||
Critères: #occasion #médical h fh fplusag travail hmast pénétratio | ||||
Auteur : Volovent Envoi mini-message |
DEBUT de la série | Série : Carabinades Chapitre 01 | Épisode suivant |
La clinique Saint-Roch a été créée pendant la guerre de 14-18 pour soigner les blessés. 60 ans après, contrairement à beaucoup d’autres, elle survit dans un des quartiers les plus vivants du XVe arrondissement parisien, Saint-Charles. Un quartier très bariolé où ouvriers, bourgeois, fonctionnaires, commerçants, étudiants, retraités se croisent et se côtoient tous les jours sans qu’il n’y ait ni agressivité ni jalousie. Le marché est bien fourni, même si les échoppes sont « spécialisées » dans un type de clientèle, le côté gauche bourgeois ne se mélangeant pas avec le côté droit ouvrier (eh oui, nos politiciens se sont trompés de côté). On retrouve cette dichotomie également dans les bars et restaurants.
Étudiant en médecine, j’ai été recruté (par cooptation, un ami ayant pratiqué ici) sur un poste de FFI (faisant fonction d’interne) pour un an. C’est mon poste de fin d’études, juste avant la thèse. Je suis censé faire la preuve que je peux être compétent et efficace dans ce métier, que je peux apporter quelque chose aux patients. J’ai choisi cet endroit parce que j’aime la chirurgie, spécialité pour laquelle j’aurais opté si je n’étais pas fixé depuis longtemps sur la médecine générale. De plus, les deux chirurgiens qui officient ici sont de bons chirurgiens des Hôpitaux de Paris, et même de très bons.
Je n’imaginais pas une seconde en signant mon contrat les « aventures » qui pourraient m’arriver dans cet établissement, très honorablement connu, et à la réputation sans tache. Alors, en route pour Cythère !
Plombé, le ciel est plombé. Je n’ai jamais su ce que voulait dire cette expression. Peut-être comme aujourd’hui, un ciel gris sombre, bas et triste. Il va sûrement pleuvoir. Dans la rue les gens ont le visage fermé, inquiet, pas vraiment agressif, mais visiblement faut pas les emm…
Ça y est, il pleut. Une petite pluie fine, insistante, agaçante. Il est temps d’aller travailler. Le Val Girard d’abord pour un double express croissant. J’ai toujours faim le matin et ne pourrais commencer la journée sans quelque chose dans l’estomac. Le garçon n’a pas grand-chose à dire. Il essaie de sourire, mais on voit bien que c’est au prix d’un gros effort.
Il est 7 h 15, ça doit s’agiter pas mal à la clinique. Pas grave, ils n’ont pas encore besoin de moi. Il faut d’abord chasser les derniers miasmes du sommeil. Mon niveau de réflexion intellectuelle frisottant le zéro absolu, je suis en train de calculer comment aller le plus lentement possible au travail. Bien, la pluie ne cessant pas, je vais remonter la rue de Vaugirard jusqu’à la place de la Convention et prendre le 62 jusqu’à la clinique. Adopté à l’unanimité.
La promenade, souvent agréable, est particulièrement déprimante ce matin. Il pleut, certes, mais de plus nous sommes lundi matin tôt et tous les commerces sont bouclés, les rideaux métalliques tirés, les quelques promeneurs pressés, le visage figé.
Dans le bus j’ai fermé les yeux pour ne pas voir tout ce décor uniformément gris. Gagné, j’ai raté ma station ! Et hop, un petit sprint pour ne pas être trop en retard, le patron doit déjà être là.
Plus têtu qu’Henriette, c’est dur. Quand elle a décidé quelque chose, c’est définitif. Je grimpe dans les étages à toute allure pour finir par me cogner sur le patron et la surveillante générale qui ont commencé la visite. Il n’est pourtant que 7 h 55, mais je suis en retard. Le patron me jette un regard noir, et la surveillante me gratifie d’un joli sourire. Elle a beau avoir la soixantaine, elle a toujours beaucoup de charme.
Comme d’habitude, la visite se passe au pas de charge, dix chambres en moins de dix minutes. « Mais comment peut-on, comment peut-on… » comme disait Robert Lamoureux. Et se termine par le traditionnel : « Pour le reste, voyez avec Jean », c’est-à-dire tout le boulot pour moi et la com’ pour lui. Normal.
J’occupe donc la matinée à repasser dans les chambres, voir patientes et patients, savoir comment s’est déroulé le dimanche, quelles familles sont venues rendre une petite visite, quelles sont les pseudos urgences à traiter impérativement avant la semaine prochaine, les douleurs épouvantables à soulager dans la minute…
J’ai toujours eu du mal avec la douleur, la confondant souvent avec la souffrance ; j’ai l’impression d’être démuni devant elle, ou de me faire piéger par le patient. Et puis un jour, j’ai observé leur visage. Depuis, ça va (un peu) mieux.
Je finis depuis la semaine dernière la contre-visite par la chambre 7, chambre attitrée de Mme D, vieille bourgeoisie du XVe, qui nous termine un petit néo des familles, bien généralisé. La soixantaine bien tassée, élégante, un brin charmeuse, elle « aadooore » nos tête-à-tête, pendant lesquels je la drague gentiment. Elle a cette façon de parler « Vieille France », avec un accent magnifique, et des cris épouvantés lorsque je lui sors quelque expression carabine bien salace, chose dont elle raffole. Par exemple :
Bref, nous nous entendons bien, je la distrais au milieu de ses douleurs et pensées négatives et elle me fait sourire au milieu de toutes les misères que nous voyons tous les jours. Elle est peut-être pimbêche, mais elle a pas mal vécu en son temps, pas si éloigné que cela finalement. Son mari, m’a-t-elle expliqué, lui a fait deux gosses puis s’est plus ou moins désintéressé de la chose. Elle a donc dû se débrouiller seule la plupart du temps, car il n’était pas très aisé pour une femme de trouver un amant à son époque. Tous ces souvenirs distillés au compte-gouttes lui font du bien, je le sens. Elle fait une espèce de petit bilan ou une psychanalyse et trouve que, après tout, elle a assez bien profité de la vie. Elle compare avec sa fille, mais nous reparlerons de sa fille plus tard.
J’ai bien besoin de la matinée pour faire le tour des chambres, bavarder avec tout le monde : patients, aides-soignantes, infirmières… Je termine toujours par un petit rapport à la « surgé », avec consignes à la clé. Elle semble m’avoir à la bonne, la vieille, il faudrait que je lui fasse un peu de rentre-dedans, mais j’avoue avoir une grosse baisse de libido en ce moment. Est-ce le temps, la fatigue ou la déprime ? Je suis quand même bien content de revoir ma douce et tendre le samedi. C’est peut-être elle qui m’épuise.
13 h 15 : je descends manger au réfectoire du personnel, et bien sûr Henriette fait semblant de me gronder.
Les aides-soignantes en sont au dessert, pas le cœur à plaisanter aujourd’hui. Elles vont dire que je fais la tête, tant pis.
Début d’après-midi, j’ai envie de faire la sieste, mais il faut s’occuper des entrants qui vont être opérés demain. Le 12, un homme de 55 ans, un peu volumineux, c’est une vésicule. Le 4, une femme de 72 ans, un simple kyste sébacé du cuir chevelu, une loupe, elle sera partie demain. Il faut quand même un dossier le plus complet possible, antécédents, allergies, problèmes cardio-vasculaires ou diabétiques surtout, et si on peut leur trouver un petit truc original (et pas grave), c’est bonus.
17 h : un petit thé en attendant le patron, cela me permet de discuter un peu avec les infirmières que j’ai à peine vues dans la journée. Avec les équipes de jour, on a toujours du mal à se voir et se coordonner, trop de travail. Elles sont gentilles, mais vraiment pas de place pour un petit câlin.
18 h : branle-bas de combat, le patron arrive. Nouvelle équipée rapide dans les chambres, pour voir surtout les deux de demain, puis passage aux stands pour faire grosse impression sur le personnel. Le changement d’équipe est pour bientôt. Je traîne un peu dans les couloirs, jette une dernière fois un œil sur les radios de la vésicule de demain (bon gros caillou), fais un bisou à Mme D, puis direction Henriette.
La grosse Henriette n’est pas une cuisinière exceptionnelle, c’est le moins qu’on puisse dire, mais elle est gentille et m’a appris à poser le pain du bon côté (sinon le petit Jésus n’est pas content). Le soir, on a le temps de discuter un peu et j’apprends les nouvelles du « village ». Paris est en effet une somme de petits villages qui ont leur vie propre, leurs coutumes, leurs habitudes. Ici, cela n’a rien à voir avec mon quartier de Vaugirard. Saint-Charles est beaucoup plus populaire, même si l’on y trouve une faune bourgeoise, développée autour de quelques enseignes prestigieuses.
Bref, je mange tranquillement mon omelette aux petits oignons et pommes de terre, baignant dans l’huile de vidange, et je remonte dans la chambre que j’ai aménagée aux dépens d’une chambre de patient, ce qui fait râler le patron. Pour éviter qu’on me la réquisitionne, je l’ai tapissée de dessins et photos psychédéliques et cauchemardesques et j’ai « trafiqué » le lit, démonté les pieds et renforcé le sommier. C’est nettement plus pratique pour faire basculer la gueuse les grands soirs.
22 h, l’équipe de nuit a fini ses transmissions et l’essentiel de son travail, je vais pouvoir aller les embêter un peu. Ce soir, nous avons Latifa et Barbara. Latifa est une grosse dondon, la quarantaine, toujours souriante, qui aime bien discuter du « pays », son pays, le Maroc, et de sa culture culinaire. C’est une bonne cuisinière, semble-t-il, et je la travaille sec pour qu’elle m’invite chez elle. Ce n’est peut-être pas facile, culturellement parlant. J’ai pourtant tout essayé, la promesse d’un gros câlin, d’une bouteille de champ’, d’une balade en 2 CV… Rien à faire. Je l’aurai un jour. Avec elle, tout va toujours bien, on a l’impression d’être dans un monde de bisounours.
Barbara est une petite jeune, timide, étudiante en médecine débutante. Adorable, elle est aussi physiquement bien faite, des rondeurs bien placées, un peu enveloppée, mais juste ce qu’il faut, bref, je sens que je ne vais pas tarder à faire un siège en règle. Ce soir, ce n’est pas le jour ni pour elle ni pour moi. Après quelques plaisanteries (de bon goût pour une fois), je vais me coucher.
*
* *
Pin-pon, ce matin j’ai intérêt à être présentable et réveillé : c’est matinée salle d’op’. En dehors des deux du patron, le deuxième chirurgien vient nous en rajouter une petite vite fait, un kyste de l’ovaire ou un truc dans le genre.
Après un petit déjeuner sérieux (merci Henriette), direction la salle d’op’ gérée par une cochonnerie, maigre, maniaco-dépressive et toujours prête à vous faire un enfant dans le dos, la mal nommée Marie, que j’ai surnommée Folcoche. Ça fait rire la surgé, qui est cultivée, mais pas du tout la susnommée qui m’en veut depuis. Heureusement que je suis irréprochable dans mes fonctions et bien vu par les chirurgiens, sinon elle me pourrirait la vie grave. Là, elle n’ose pas.
Je n’aime pas trop les vésicules, souvent à enlever chez des obèses, et qui est-ce qui se colle un gros foie à tenir à l’écarteur, bibi bien sûr. Physique, la vésicule. D’autant que le chirurgien a un travail très délicat à faire dessous et qu’il n’y a pas intérêt à bouger d’un millimètre. Pas trop de problèmes avec Valois qui est un rapide du bistouri, mais avec Hugo la séance se transforme en torture. Hugo est un anatomiste avant tout, roi de la dissection et donc lent, mais lent…
Tout s’est bien passé ce matin. On a fait le kyste sébacé entre deux dans la salle de pansement, les deux autres interventions se sont passées tranquillement et à midi tout était réglé, un record. Folcoche n’a pas fait d’histoire. Seul Juin, le chef de clinique qui vient donner un coup de main de temps en temps, a fait son cirque habituel, sortant de l’ablation du kyste en jouant aux Indiens : « Ouououh ! J’ai scalpé la femme blanche ! ». Gag récurrent pendant l’année que j’ai passée dans cette maison.
Repas rapide, mais copieux. Remontant vers ma chambre pour me détendre, je me rends compte que j’ai la trique. J’ai toujours la trique en remontant de salle d’op’. Je commence à comprendre les chirurgiens et leur réputation sulfureuse. J’essaie de me reposer un peu, rien à faire. Et le plus grave, rien à se mettre sous la dent ! On va essayer la « Veuve Poignet ». Elle rend bien des services, celle-là. Le problème est de me raccrocher à une copine, ou à une vieille histoire qui m’avait excitée. Ah oui, la femme du dentiste !
Je ne me souviens plus de son prénom, Lisbeth, il me semble. C’était aux sports d’hiver. J’étais chez des amis pour la semaine. Nous partagions un deux-pièces à quatre. Cette femme, qui habitait à 300 m, nous avait rejoints pour skier, et plus si affinités, après le départ de son mari. Affinités il y a eu. Elle ne m’a pas quitté de la journée. À côté de moi sur le télésiège, à côté de ma trace sur les skis, et enfin à côté de moi au repas du soir, où nos mains s’égaraient sous la table et nos cuisses se frôlaient. Elle était assez mignonne, une petite brune au regard vif et décidé, des yeux rieurs, une bouche charnue et une silhouette agréable, montrant des jambes parfaites, bien moulées par les collants. La poitrine était moins visible sous les gros pulls que nous portions, mais semblait satisfaisante. Je me suis donc laissé tenter et je l’ai raccompagnée chez elle après le dîner. Ce n’est pas tous les jours qu’une femme vous drague ouvertement, et pour une fois que l’on n’a pas à combattre, je tenais à en profiter. Elle avait une dizaine d’années de plus que moi et cherchait probablement les performances physiques d’un petit jeune. Une « cougar » ? Possible. Cela n’avait aucune importance de toute façon.
Bras dessus, bras dessous, nous avons affronté le froid polaire de cette nuit pour gagner son domicile, non sans quelques bisous sensuels pour se réchauffer. Je bandais déjà sérieusement. Les trois ou quatre mètres de sa porte au salon furent franchis à la vitesse de l’éclair, et pourtant, de façon incompréhensible, nous avions perdu la moitié de nos vêtements en nous écroulant sur le canapé. Le reste disparut pendant nos roulades sur le tapis et je me suis retrouvé nu, couché sur le dos, avec Lisbeth me chevauchant, déjà embrochée sur ma queue. Elle s’activait vigoureusement et son bassin montait, descendait, tournait sans qu’elle ait besoin d’une quelconque participation de ma part. Au bout de quelques courtes secondes, elle partit dans un grand râle et s’effondra sur ma poitrine. Une grosse envie ! Soit son mari n’assurait pas assez, soit elle ne pouvait se passer d’une queue.
Je profitais donc de ce moment de « calme » relatif pour explorer son corps. Elle avait, ma foi, beaucoup d’atouts. Un cul rond, bien dessiné sur des jambes de sportive, une ceinture fine, malgré quelques bourrelets pas désagréables, une poitrine épanouie avec des seins ronds, eux aussi, terminés par des pointes fièrement dressées sur des aréoles fines et un sourire gourmand qui lui faisait plisser les yeux. « Tu as une belle queue, c’est agréable », me dit-elle en continuant à tourner autour de ma hampe, toujours fièrement dressée dans son ventre, mais beaucoup plus calmement. Je caressais son dos, ce qui lui donna quelques frissons et des contractions du bassin autour de ma queue. Il ne va pas falloir insister beaucoup pour qu’elle reparte. Je la fais rouler pour me retrouver en missionnaire et commence à donner quelques coups dans sa chatte. Elle ferme les yeux et son sourire se crispe. Je transforme vite cette position banale en celle du « charmeur de serpents » qui surprend toujours un peu. Je continue à la pénétrer lentement et j’ai envie de voir son cul. Je la retourne donc en levrette et accentue nettement le rythme. Son souffle s’accélère. La vue sur son cul et son dos est splendide. Je m’enfonce avec un plaisir décuplé en elle. Je suis en extension maximum. Je l’entends gémir ; douleur ou plaisir ? J’accélère progressivement le rythme, je ne vais pas tarder à jouir, il faut qu’elle se dépêche si elle veut en profiter. Tout d’un coup, je l’entends râler, mais beaucoup plus fort que tout à l’heure, c’est presque un cri qui secoue tout son corps. Elle aime ça, la s… Et moi aussi d’ailleurs. Pas besoin de faire de chichis, pas besoin de chercher midi à quatorze heures, on est là pour se faire plaisir, nom d’un petit bonhomme en sucre ! N’en pouvant plus, je lâche un long jet de foutre dans son ventre et plusieurs spasmes me secouent encore avant que nous nous relâchions, étroitement imbriqués, sur le tapis. Ouf ! Quelle séance ! J’en avais besoin autant qu’elle.
Les appartements à la montagne étant remarquablement bien chauffés, nous sommes restés nus à nous caresser mutuellement. J’étais intéressé par tout son corps que je parcourais avec mes deux mains, mais pour elle une seule chose avait de l’importance : ma queue, qu’elle malaxait et suçait pour essayer en vain de lui redonner quelque vigueur. J’étais jeune à l’époque (20/22 ans à peu près), mais il me fallait quand même un petit temps de récupération. C’est un bon souvenir, car c’est elle qui m’a fait entrer dans une autre dimension. Fini de jouer à touche-pipi avec des copines aussi jeunes que moi, de tourner autour du pot cent sept ans avant de pouvoir conclure. On baise, on prend son pied. Ça fait tellement de bien. Et cela semble largement partagé, même quand ça fait un peu mal.
Elle m’a entraîné ensuite dans son lit (la couche conjugale, cette gourgandine !) et nous nous sommes endormis tranquillement. Jusqu’au matin ? Même pas, car en milieu de nuit je me suis réveillé avec un engin au garde-à-vous et sans lui demander son avis, je l’ai embrochée de nouveau. Elle a juste grogné, dans un demi-sommeil, et poussé un soupir de satisfaction. Nous ne nous sommes jamais revus, les distances qui nous séparaient étant vraiment trop importantes pour l’époque. J’avoue que cela m’aurait fait plaisir.
La Veuve Poignet s’activait pendant ce temps et un jet de foutre bien venu a conclu agréablement ce souvenir. Juste le temps de se nettoyer un peu et je pars donc dans les couloirs voir où en sont les opérés du matin. Je fais sortir le kyste sébacé, en conseillant à son mari de lui offrir un shampoing de temps en temps. Puis, je vais voir si les deux autres sont réveillés. A priori, pas de problème, pour l’instant ils roupillent sec. Donc une petite contre-visite, ça n’a jamais fait de mal à personne. Je récupère la première infirmière qui me tombe sous la main, et hop, nous voilà partis pour le tour des chambres, en tout bien tout honneur bien sûr.
Les deux chirurgiens se bousculent ce soir. Ils débarquent presque en même temps vérifier leur opéré du matin. Délicat pour moi, qui ne peut décemment pas choisir d’en privilégier un. Je fais donc le gars très occupé à régler la perfusion et le traitement du 8, une colectomie de la semaine dernière qui n’est pas très en forme et je les laisse naviguer avec la surgé, qui m’en veut aussi de la laisser tomber.
Je suis quand même présent pour les consignes de ces messieurs « … et surveiller les bien, je vous prie… ». Tout le monde rigole pendant que nos patrons rentrent le plus dignement possible dîner avec leur épouse, ou maîtresse, ça dépend des soirs. Avec Valois c’est assez clair, il y a les jours où l’on peut (et même il faut) le déranger, et il y a les jours où il est injoignable. Ce soir, j’ai bien envie d’être injoignable, mais je ne connais pas encore l’équipe de nuit.
Henriette arrive à me détendre un peu pendant le repas en me racontant une histoire atroce arrivée ces jours-ci, une grand-mère qui attrapait les chats du quartier pour les bouffer !
Je remonte dans ma chambre bouquiner. Je fais dans la Science-Fiction en ce moment, j’ai mon cycle Asimov : Les Robots, Fondation… Beaucoup d’imagination, ce gars-là, mais nous sommes quand même dans le roman d’aventures dans les étoiles. Je préfère Philip K. Dick et ses univers déjantés.
22 h : c’est l’heure où je vais embêter l’équipe de nuit. Eh bien, ce sont les deux mêmes qu’hier soir, Latifa et Barbara. Génial, bonne soirée en vue.
Bref, comme d’habitude avec elle, nous nous balançons des vacheries avec un grand et franc sourire.
Au pays parfumé que le soleil caresse
J’ai connu, sous un dais d’arbres tout empourprés
Et de palmiers d’où pleut sur les yeux la paresse,
Une dame créole aux charmes ignorés.
Son teint est pâle et chaud ; la brune enchanteresse
A dans le cou des airs noblement maniérés ;
Charles Baudelaire
Barbara n’ose pas intervenir, mais son visage s’empourpre par moments. Nous discutons ainsi de tout et de rien, j’arrive quand même à glisser mes propres consignes pour nos hospitalisés, il faut bien faire semblant de travailler. Après avoir refait le monde au moins deux ou trois fois, je propose à Barbara de venir voir au bureau une radio extraordinaire, un lavement baryté recto colique en double contraste, avec une très belle image de néo. C’est une patiente qui doit rentrer la semaine prochaine, programmée pour une intervention palliative, car vu le problème on ne peut pas faire grand-chose d’autre. Elle me suit donc, méfiante sûrement, mais ne pouvant faire autrement, on ne refuse pas un enseignement particulier.
Arrivé au bureau, je sors les clichés, vraiment splendides, et lui demande ce qu’elle voit. Elle n’ose répondre, car, à l’évidence, l’image ressemble à une grosse queue enfoncée dans l’anus de la dame. Impressionnant. J’insiste un peu. Le trouble s’installe. Je m’approche et lui chuchote au creux de l’oreille :
Silence rosissant. Je pose ma main sur son épaule. Tremblements. J’approche mes lèvres de sa bouche, les pose sur ses lèvres fermées. Elle se détourne légèrement et sa tête vient se placer au creux de mon épaule. Adorable timidité. Je sens ses seins contre ma poitrine et sa bouche sur mon épaule. Elle a gardé cependant le bassin à distance du mien. Gymnastique délicate. Je me penche de nouveau sur ses lèvres, et cette fois elle les écarte légèrement. J’en profite pour glisser doucement ma langue, et, magie, elle ne se défend plus et répond tendrement à mon baiser. Je sens une larme couler sur ma joue. Larme de joie, de honte, de peur ? Je ne lui demande pas. Ma main descend lentement le long de son dos jusqu’à ses reins, et là enfin elle se colle contre moi. Son ventre hésite quand il sent le gros objet contre lequel il se trouve, puis laisse ma cuisse se glisser entre les siennes. Nous ne formons plus qu’un seul être en apnée totale.
Je m’écarte progressivement d’elle. Elle est très belle. Une larme coule encore de ses yeux gonflés. Elle est châtain clair, avec les yeux de même couleur, mais tristes. Un visage rond avec des formes rebondies que l’on devine sous sa blouse.
Je lui prends les mains, les effleure des lèvres.
Son visage se décompose.
Je ne peux décemment pas lui dire que Latifa s’en fout, qu’elle a l’habitude.
Elle retrouve quelques couleurs, rougit, puis tourne les talons et s’en va en trottant. Je la rattrape à grandes enjambées, en essayant de glisser de façon feutrée ; nos patients dorment, ou pire, sont encore réveillés et guettent les bruits dans le couloir.
Elle me regarde, me glisse un petit baiser et me souffle :
Puis elle se coule discrètement dans l’enfilade de couloirs sombres pour regagner l’office. Je suis à la fois exténué, vidé, frustré et heureux. Sentiments contradictoires qui se bousculent dans ma tête. J’y verrai plus clair demain, la journée fut bien longue.
Que des nœuds mal attachés
Dévoilent pour nos péchés
Tes deux beaux seins, radieux
Comme des yeux ;
Que pour te déshabiller
Tes bras se fassent prier
Et chassent à coups mutins
Les doigts lutins,
Charles Baudelaire
*
* *
Mercredi : chassé-croisé, sorti des opérés en bon état (apparent) et entrée du programme de demain, dont la rectosigmoïdectomie, les belles images d’hier soir, qui arrive plus tôt que prévu. Je soupire. Avec une poche à gauche, elle aura un certain confort. Le problème reste celui de la diffusion de son néo. Nous devrions la revoir plusieurs fois cette année.
Pour me remonter le moral, je file chez Mme D. Elle est en train de pourrir sa fille. Je présente mes excuses et fais immédiatement demi-tour, mais je suis bloqué par un vif : « Restez, jeune homme, cela me réconfortera, ma fille me déprime trop ». Et voilà typiquement le genre de situation que nous devons éviter à tout prix. Entrer dans un conflit familial, en devenir acteur malgré soi. Terrible. On vous colle d’autorité dans un camp, sans vous demander votre avis, et l’on se sert de vous et de votre aura. Coup de chance, aujourd’hui, la surgé débarque et me demande de la suivre. Je lui aurais volontiers sauté au cou. Je promets à Mme D de revenir au plus vite. Il va falloir que je sois sur mes gardes dorénavant.
En fin d’après-midi, avant la visite patronale, comme promis, je reviens voir Mme D. Que voulez-vous, je l’aime bien. Elle a le visage fermé, pas remise de sa dispute visiblement. Je la gronde gentiment, l’accuse de harcèlement sur ses enfants. En réalité, je ne connais que sa fille, belle brune très élégante, la quarantaine, deux enfants, mais le visage toujours crispé, triste et comme apeuré. Le fils serait parti travailler à l’étranger, peut-être pour fuir le milieu familial. Le père de famille, autorité suprême, est décédé il y a quelques années dans un accident plutôt bizarre d’après la surgé, qui connaît vraiment bien le milieu et le quartier. C’était le seul à pouvoir faire taire sa femme. Ce devait être un phénomène. Bref, on a du caractère dans la famille, sauf cette pauvre fille qui subit les brimades de tout le monde. Sa mère m’explique qu’elle est mariée à une « lopette » (sic), qui lui a fait deux gosses pour faire taire la galerie, puis s’est désintéressé de la chose, préférant les petits copains.
Je ne me suis pas fait prier. La conversation versait dans le chaud - bouillant et je n’étais pas encore de taille à croiser le fer avec une femme de cette trempe.
Pendant le repas, mauvaise nouvelle, Henriette me remet une lettre de Barbara qui décommande pour ce soir. Je suis maudit cette semaine.
*
* *
Samedi midi : ouf, 24 h de détente, et je vais voir ma douce et tendre cet après-midi. N’ayant pu conclure cette semaine, j’ai une forme et une envie terribles. La soirée va être très chaude !
16 h : j’ai fait quelques courses et un peu rangé le studio. On sonne, c’est elle. Nous nous embrassons longuement, et je commence à caresser son corps. Elle me repousse gentiment, en souriant.
Incroyable ce que cette fille me plaît ! Elle est douce, gentille, a un corps superbe, et en plus elle aime ça ! J’aime tout chez elle et elle me fait bander à chaque fois que je la regarde. Je ne peux pas attendre. Je la serre contre moi et commence à la déshabiller lentement en l’embrassant un peu partout. Sa peau est douce et je m’attarde dans le cou, avant de descendre sur les épaules, puis les seins. De petites aréoles surmontées de pointes qui se dressent rapidement sous les caresses et durcissent dans ma bouche. Sa respiration s’accélère, mais elle garde les cuisses serrées et empêche ma tête de descendre trop bas. Exquise pudeur !
Je remonte donc et reprends ses lèvres. C’est tellement doux et bon que j’ai des vertiges. Je l’aime vraiment cette fille. Il faut que je me la garde bien au chaud. Ma main descend sur sa hanche, une amphore grecque. J’essaie de glisser une jambe entre ses cuisses, mais la demoiselle se défend encore. Elle se redresse et me dit :
Elle plonge dans son grand sac et en sort fièrement… un gâteau au chocolat ! J’éclate de rire.
Là, j’ai failli craquer et la violer sur le champ. J’avais trop envie. Et puis j’ai cédé, comme toujours avec elle. C’est mauvais signe. Bien sûr, il y a quelques morceaux de gâteau qui se sont égarés dans le chemisier et le soutien-gorge. Bien sûr, il a fallu les récupérer d’urgence pour qu’ils ne tachent pas les vêtements. Et puis nous avons fini par rouler sur la moquette, moi arrachant ses fripes, elle poussant des petits cris effrayés. J’ai enfin réussi à glisser ma tête entre ses cuisses pour lui faire un cunnilingus effréné. Ce n’est pourtant pas une clitoridienne, mais là, elle a joui une première fois. Je n’en pouvais plus, j’ai aussitôt approché mon gland de ses grandes lèvres et me suis enfoncé doucement en elle. J’avais envie d’y aller vite et fort, mais doucement comme ça j’ai failli jouir tout de suite. D’autant que là, il ne faut pas lui en promettre. Elle sait avancer le bassin au bon moment, et faire « les fesses qui parlent » comme disent les Africains. Tant et si bien que je n’ai pas tenu très longtemps, juste assez pour qu’elle ait une jouissance totale. Et puis j’ai explosé violemment. Trop court, dommage, mais j’étais à bout.
Allongés et étroitement imbriqués l’un dans l’autre, nous nous promettons de recommencer dès ce soir. Je m’endors dans ses bras.
Un agréable fumet me réveille une heure après, la petite s’est mise au travail, c’est bien, je n’aurai pas à la fouetter aujourd’hui. Nous dînons rapidement, car il y a un bon vieux film japonais au Saint-Lambert. « Dodes’ Kaden » de Kurosawa. Je l’ai déjà vu, mais le reverrai avec plaisir. Et puis la petite ne l’a pas vu, alors…
Sitôt rentrés, sitôt couchés. J’ai du mal à récupérer de la séance de l’après-midi. Alors elle me donne un petit coup de main agrémenté d’un bon coup de langue. Et hop, nous voilà repartis. Elle ne m’a jamais fait le coup de la migraine, la daronne et ça, c’est formidable.
Ne croyez pas que je vais vous laisser regarder nos ébats. Pas question. Je garde ses charmes et mon arsenal technique pour moi, d’autant que j’en ai développé une, de technique, exclusivement pour elle (et moi), une qui nous envoie directement au septième ciel tous les deux tellement c’est sensuel et violent. Une avec laquelle il ne faut surtout pas commencer une séance, sinon tout s’arrête tout de suite.
Je vais plutôt essayer de vous la décrire, ma petite. C’est presque impossible, vous ne pourrez jamais imaginer quelque chose de semblable, tellement elle est parfaite. 1 m 63, 51 à 52 kg, selon les gâteaux au choc’, 90 C et un petit 38, toujours selon les gâteaux. La taille fine, fausse blonde, des traits fins, des yeux noisette avec la petite barre des bonnes sœurs, mais il est hors de question que je la laisse partir au couvent. Des jambes fines surmontées d’un petit cul bien rond et bien placé. Des seins parfaits, ni trop gros, ni trop petits, terminés par de fines aréoles et une chute de reins de star. Ne cherchez pas, il n’y en a qu’une et elle est réservée. Tenez, je vous fais une fleur, je vous laisse regarder quelques instants. Ah, trop tard, la séance est finie, tant pis pour vous.
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Dimanche tristounet, j’ai raccompagné ma douce au train ce matin. Elle ne viendra probablement pas la semaine prochaine, un stage ou Dieu sait quoi ou qui ! Ça va être un peu longuet de l’attendre quinze jours. Puis déjeuner chez mes vieux, mon père sort toujours une bonne bouteille et veut savoir ce que je fais. C’est difficile à dire, il ne comprendrait pas bien. Enfin, ce soir, je me dirige vers la clinique pour éviter l’affolement du lundi matin. Au moins, je pourrai embêter l’équipe de nuit, ça passera le temps.
Lundi, passage obligatoire dans toutes les chambres pour vérifier si le week-end n’a pas fait trop de dégâts, et planifier la semaine : sorties, entrées, interventions, une bonne partie du programme est défini ce jour-là.
Cette semaine, il ne semble pas que nous soyons débordés et, sauf urgence cataclysmique, ça devrait rouler tranquille. Je passe donc un bon moment avec Mme D qui s’enquiert de mon week-end, curieuse de connaître quelques détails graveleux que je pourrais lâcher par inadvertance. Je finis par lui glisser qu’Andromaque a bien fait son travail et elle est ravie.
Silence souriant.
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Mardi, c’est Hugo qui opère ce matin, alors c’est long-long-long. Nous finissons à 14 h 30. Heureusement, Henriette m’a attendu pour une petite omelette, avec des pâtes réchauffées. Je lui glisse un petit baiser dans le cou (quel courage), et je me ramasse un coup de poêle sur la tête. Brave Henriette !
L’après-midi est donc passablement écourté, le tour des chambres aussi. En dehors des opérés du matin, je ne peux voir grand monde.
Le soir arrive sans prévenir. Il faut dire qu’enfermé six jours sur sept, 24 h sur 24 dans cette clinique, je ne sais pas très bien parfois où j’en suis. À 22 h, bien abruti, je débarque à l’office et tombe sur Latifa et… Barbara ! Celle-ci devient pivoine, plonge son nez dans son verre de thé et reste totalement muette pendant que nous bavardons gentiment avec Latifa. Après quelques plaisanteries plus ou moins fines, je lui propose quand même de revoir le dossier du cancer colorectal (l’image extraordinaire), qui a été opéré avec succès en fin de semaine dernière. À ma grande surprise, elle accepte. Je souhaite donc le bonsoir à Latifa, qui comprend très vite, et entraîne la belle vers le bureau.
À peine entré, je la prends dans mes bras. Elle colle sa tête dans le creux de mon épaule et je me retrouve à embrasser ses cheveux. Position délicate. Je descends donc le long de son cou pendant que mes mains caressent son dos. Elle finit par céder, se tourne vers moi et nous nous embrassons enfin longuement, mais « chastement ».
Je la prends par la main, et, sortant du bureau, je me dirige vers ma chambre. Elle offre une petite résistance, mais me serre la main bien fort et finit par me suivre. Nous glissons sur le parquet sans bruit pour ne pas alimenter les rumeurs. Il y en a déjà assez. Les couloirs défilent et nous arrivons enfin dans mon antre. Elle est un peu soufflée par la déco’ fantastique. Les images du Necronomicon de Giger sont placardées sur les murs dans une espèce de fouillis apparent. Drôle d’ambiance, peu propice au romantisme. Je la laisse respirer un peu, puis l’entraîne vers le lit, où nous nous asseyons tous deux. Il n’y a, de toute façon, pas d’autre endroit pour se poser. Je passe mon bras autour de ses épaules et l’embrasse de nouveau. Elle fond cette fois complètement. Je commence à déboutonner sa blouse tout en écartant progressivement les pans de chaque côté. Après avoir caressé ses seins, ronds et fermes, je sors un globe du soutien-gorge et lèche téton et aréole. Elle n’essaie plus de m’embrasser, ferme les yeux, renverse la tête. Sa respiration s’accélère. Elle a chaud. Ma main poursuit sur le flanc. Sa peau est fine, douce sous la paume. Son flanc tremble sous la caresse. La blouse est maintenant largement ouverte, on ne voit plus sur elle que les dentelles de ses dessous. Ses formes somptueuses éclatent en pleine lumière.
Et, cambrant les rondeurs splendides de ses reins,
Étale fièrement l’or de ses larges seins
Et son ventre neigeux brodé de mousse noire
Charles Baudelaire
Elle a soigneusement rasé sa motte, transformée en un fin triangle semblant partir du clitoris. C’est ainsi qu’elle le souhaitait, probablement ce pour quoi elle a refusé la semaine dernière mes avances. Elle voulait être « présentable ». C’est bien plus que cela. Une rose sans ses piquants. Ma bouche se penche sur son pubis. Mes doigts caressent ses lèvres au travers du tissu, l’écartent et plongent dans son intimité. Après quelques secondes de crispation, ses cuisses s’entrouvrent avec circonspection. Elle est déjà trempée. Ouf, elle n’est pas vierge, mais le type qui s’en est chargé ne lui a pas fait grand mal. Ma langue fouille ses lèvres délicatement, elle gémit. Je ne sais pas très bien comment j’y suis arrivé, mais mon pantalon, mes chaussures et mes chaussettes ont déjà disparu. Je prends sa main et la guide vers mon entre-jambes. Elle a un geste de recul. J’écarte alors légèrement le tissu bordé de dentelle et approche mon gland de sa fente. Après m’être frotté quelques instants sur ses grandes lèvres, j’investis délicatement l’orifice et m’enfonce dans sa grotte. Pas de doute, c’est bien serré, et malgré son intense lubrification j’ai un peu de mal à progresser. Enfin, j’emplis complètement la cavité. Elle a le souffle coupé et ne bouge plus du tout. Je commence un lent mouvement de va-et-vient. Son bassin est toujours bien raide. J’accélère un peu tout en lui caressant les reins. Nous sommes en missionnaire et je n’ose lui proposer autre chose. Enfin, elle se détend un peu et commence à remuer les fesses, maladroitement d’abord, à contre rythme, puis, probablement pour ne pas paraître trop novice, plus violemment. J’essaie donc de varier les positions, passant sous elle d’abord, pour qu’elle puisse s’exprimer plus facilement. Là, c’est un peu la panique, mais elle finit par coordonner assez bien les mouvements de son bassin. J’enchaîne donc sur le bateau ivre pour lui donner le rythme à prendre. Elle est aux anges, ses traits sont détendus et c’est au moment où je ralentis pour changer de position qu’elle explose. Je suis trempé, mais pas encore satisfait. Je la caresse, arrêtant mes mouvements quelques instants. Puis je reprends la gymnastique en la retournant en levrette. Je pilonne déjà plus violemment que tout à l’heure. Elle pousse un petit cri étouffé à chaque coup de boutoir. Je sens mon plaisir monter rapidement, ma queue gonfle encore plus et nous jouissons tous deux en même temps.
Je m’effondre sur le lit. Nous sommes en sueur, essoufflés, dégoulinants de sperme. Nous reprenons nos esprits en souriant. Il me semble bien qu’elle a joui plusieurs fois.
Elle n’est plus très présentable pour finir la nuit avec Latifa ! Je lui prête mes affaires de toilette pour qu’elle se lave un peu, avant que je n’en fasse de même, et nous tirons un maximum sur la blouse pour la défroisser. Heureusement, elle n’est pas tachée. Au moment de partir, elle se jette à mon cou et me gratifie d’un baiser passionné, mais beaucoup plus chaste que tout à l’heure.
La petite fille timide et complexée a disparu, je vois s’éloigner une femme souriante et pleine d’assurance.
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Mercredi : je ne sais pas pourquoi, mais j’ai raté la visite ce matin. Il faut dire que Latifa m’a réveillé vers 3 h ce matin pour l’estomac du 3. Henriette a l’air furieuse, mais la surgé est souriante. Ça a dû jaser ce matin. Pas grave, ça les occupe.
Matinée délicate. L’un des opérés de Hugo (l’estomac) ne va pas très bien, il a une tension un peu basse, souffre beaucoup. Je passe donc pas mal de temps entre le réglage de ses perf’, les coups de téléphone avec Hugo qui consulte ce matin à l’hôpital et les quelques renseignements que je peux distiller à la famille, très inquiète bien sûr. Je passe rapidement voir les deux autres opérés d’hier, qui vont bien. Pour le reste, je verrai cet après-midi.
Je déjeune en même temps que la surgé aujourd’hui. J’espère qu’elle ne va pas me dire que je sens le foutre. Elle en est bien capable. Non, pas tout à fait. Mais, après avoir parlé de choses et d’autres, elle me demande mon avis sur les équipes de nuit. Quand même, ça a dû ronfler un peu ce matin. Nous avons pourtant été très discrets. Il doit y avoir quelques mégères insomniaques dans les lits en ce moment.
Je lui explique mon mode de fonctionnement : passage à l’office systématique vers 22 h, salutations distinguées, deux à trois questions anodines pour vérifier si le travail est fait, distribution de consignes ciblées, se terminant toujours par le fameux « … et surtout, n’hésitez pas à me réveiller au moindre doute… ».
Je deviens ensuite dithyrambique sur les qualités de ces dames.
Cette fois-ci, elle devient cramoisie, et quitte la table le plus dignement possible. Henriette, qui a suivi de près la conversation, me menace de sa plus grosse poêle, sans oser me frapper, il reste du monde à table.
Après-midi chargé, on commence par Mme Juin, qui vient tous les quinze jours faire des fibroscopies en ambulatoire dans un réduit du premier étage où je refuserais même de ranger mes BD. Les patients sont à jeun depuis le matin, quel courage ! Mme Juin est la femme de Juin, grande et belle brune, la quarantaine comme Juin, elle a toujours l’air triste ou préoccupée. Puis roulement habituel entrant sortant, mais là, je suis en retard, la visite n’est pas faite, et il y a toujours le 3 à surveiller. La surgé monte bien avant le passage des chirurgiens, pour prendre des nouvelles et avoir quelque chose à leur dire. Elle a l’air bien remise de notre conversation. Le 3 n’est pas brillant. Je lui demande de rester avec lui quelques instants, le temps que je finisse la visite. Nous nous retrouvons ensuite avec les chirurgiens et Madeleine, l’anesthésiste. Ils hésitent à réopérer, mais l’anesthésiste refuse.
La question est donc close, je sens que je vais passer des nuits difficiles.
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Je le savais, nuit d’enfer, je n’ai quasiment pas dormi. Pas moyen de le regonfler, il saigne, c’est sûr, il va falloir y retourner. Du coup, je suis dispensé de salle d’op’ ce matin, c’est Juin qui s’y colle. Madeleine, l’anesthésiste que j’ai dû contacter deux fois cette nuit, a les traits tirés, mais elle assure. Pourvu qu’elle ne se trompe pas dans les gaz !
Midi, le programme de ce matin est fini, les deux chirurgiens restent pour reprendre le 3. Je suis requis pour faire l’aide opératoire. Folcoche râle, bien sûr. Elle va rater son repas ! Juin est reparti à l’hôpital assurer des consultations.
15 h, nous sortons de salle d’op’. Les chirurgiens ont fait ce qu’ils pouvaient. Les saignements semblent terminés, mais les tissus sont si fins qu’une suture peut lâcher à tout moment. Hugo va voir la famille. Il est vivant, mais pour combien de temps ?
Moi, je retourne dans ma chambre et pousse un gros roupillon jusqu’à 17 h.
Retour dans la chambre du 3. Il est toujours vivant. Valois débarque de l’hôpital. Après concertation avec la surgé, il est décidé à ne plus faire de réa. Ça passe ou ça casse en gros.
Je ne leur dis rien, mais je vais quand même faire en sorte que ça passe. Tant pis si la nuit est difficile. Je me ferai aider par une petite mignonne s’il le faut. Le problème c’est que je ne sais pas s’il y en aura une !
Au repas du soir (double portion svp, j’ai raté celui de midi), j’explique mon problème à Henriette :
Et paf ! J’ai évité la casserole de justesse. Je suis un incompris.
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Nuit pas vraiment folichonne, cinq ou six passages au 3, mais ce matin il est toujours vivant. Ce matin ? Je ne sais même plus quel jour on est. Enfin, j’ai droit aux remerciements et félicitations de Madeleine. J’apprécie, car c’est une excellente anesthésiste, bien meilleure que les deux autres qui viennent faire des piges en remplacement de temps à autre. C’est une belle femme, la cinquantaine un peu usée, beaucoup de charme et un gentil sourire lorsqu’elle est contente comme ce matin. De plus, elle sait rester élégante, même en blouse !
Le vendredi c’est marché rue Saint-Charles, et pour Henriette pas de discussion, c’est poisson ! Que vous aimiez ou pas, c’est pareil, de toute façon elle ne cuisinera rien d’autre, sinon le petit Jésus… Le problème c’est qu’il faut du poisson pas cher pour tout ce monde, donc pas toujours très frais, ses fournisseurs n’étant pas vraiment à la hauteur.
Enfin, nous sommes toujours vivants, Ordralfabetix.
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Samedi midi. Le 3 aussi est toujours vivant. Il va même mieux. Le patron me demande de rester à la clinique ce week-end pour le surveiller et le prévenir si besoin. Il me semble, à son intonation, qu’il faudra impérativement le prévenir, même si tout va bien. Je fais la moue, mais ma douce ne venant pas cet après-midi, pourquoi pas. Alors, dans une grande grimace :
Inquiet, je me retourne vers la surgé qui sourit. Elle m’énerve à toujours sourire, celle-là.
Et il part à grandes enjambées en riant.
Et il rit de plus belle.
Furieux, je me retourne vers la surgé. Elle a cafté, c’est sûr.
Et je tourne les talons direction le « Bar des Cheminots » pour me taper une grande bière avant de prendre mon service. Ça va me calmer. Quand je suis fatigué, je m’énerve pour un rien. Tiens, à propos, je ne savais pas qu’il y avait des cheminots dans ce quartier.
Après-midi calme. J’ai enfin failli faire une visite complète, mais les familles étaient là et certains patients à peu près inaccessibles. Je finirai demain matin. Tout le monde sera à la messe… J’ai fait officiellement la connaissance de la fille de Mme D, Muriel de son prénom. Nous avons bavardé un moment. Mme D était ravie.
18 h : coup de téléphone du patron. Il veut avoir des nouvelles du 3 bien sûr, et me demande si je n’ai vraiment pas besoin de lui. Je lui réponds que ça m’arrangerait bien s’il pouvait régler le traitement pour la nuit. Gagné, il arrive dans dix minutes, le temps d’enfiler un manteau. Il est enchanté.
Le soir est tombé depuis longtemps, mais je ne me rends compte de rien ici. Le patron est passé dire bonjour à la famille (15 s), au patient (15 s) et à moi (5 s), puis est parti en demandant de ne surtout pas le déranger, il ne sera pas chez lui. Bien sûr, il n’a pas eu besoin de régler le traitement, se contentant d’un « C’est parfait comme ça ».
À 22 h, passage à l’office. Ce soir, c’est Georgette, une très spéciale. 45/50 ans, pas désagréable physiquement, mais pas mon genre, un peu vulgaire et pas froid aux yeux. La deuxième fois qu’on s’est vu, elle est venue s’installer sur mes genoux ! L’accueil a été froid, et même glacial, ce qui fait que notre entente laisse sérieusement à désirer. Il faut que je fasse attention, car, comme toutes les femmes vexées, elle serait partante pour me faire un enfant dans le dos. Je lui propose donc de me faire une pipe, ce qui fait rougir sa collègue. Tiens, je ne la connais pas celle-là. Très mignonne, type nord-africain, avec une petite figure aux traits fins et bien dessinés, guère plus de 19/20 ans, brune aux yeux noir très vif, je dirai, au doigt mouillé, 1,58/59 m, 45 kg, l’air grave. Latifa il y a 20 ans, le sourire en moins ? Je la complimente et lui souhaite la bienvenue dans l’établissement que je promets de lui faire visiter, surtout ma chambre, dès qu’elle est libre. Georgette fait sa grosse voix et me prie de me tenir tranquille avec sa protégée qui a baissé la tête et rougit. Il faudrait que je la revoie cette mignonne. Sait-on jamais ?
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J’ai toujours aimé le dimanche matin. Dans mes périodes calmes, je traîne en robe de chambre en écoutant de la musique, dans mes périodes agitées je fais de la varappe à Fontainebleau avec des copains, et le reste du temps je suis de garde.
Là, je suis de garde, mais je traîne. Le 3 ne va pas trop mal et les autres n’ont pas besoin de moi. Ne sachant pas quoi faire, je vais embêter l’équipe du dimanche. Elles n’aiment pas trop parce qu’elles ont le même travail qu’en semaine, mais en service réduit. Alors je me fais jeter (gentiment) de partout. Henriette est toujours là. On se demande ce qu’elle ferait sans la clinique et inversement. Je règle le traitement du 3 au micropoil et j’annonce à tout le monde que je vais faire un tour chez mes parents. Ça y est, le patron a déteint. Pratique son truc.
Je fais donc une petite promenade digestive dans le quartier, histoire de réviser les classiques. Le village Saint-Charles, la partie la plus commerçante du quartier n’offrant aucun intérêt un dimanche après-midi, je décide de descendre la rue de la Convention, en longeant le superbe bâtiment de l’Imprimerie Nationale, et de rejoindre la Seine. Accoudé au parapet du pont Mirabeau, je regarde couler le fleuve (OK, facile la culture). Des péniches sont amarrées en aval devant le chantier de matériaux de construction, mais rien ne bouge. Dommage, j’aime bien ce coin en semaine, bien vivant, plein de bruit et de travail. Il m’a toujours fait penser à un passage du « Voyage au bout de la nuit » de Céline :
Le zinc du canal ouvrait juste avant le petit jour à cause des bateliers. L’écluse commence à pivoter lentement sur la fin de la nuit. Et puis c’est tout le paysage qui se ranime et se met à travailler. Les berges se séparent du fleuve tout doucement, elles se lèvent, se relèvent des deux côtés de l’eau. Le boulot émerge de l’ombre. On recommence à tout voir, tout simple, tout dur. Les treuils ici, les palissades aux chantiers là-bas, et loin dessus la route voici que reviennent de plus loin encore les hommes. Ils s’infiltrent dans le jour sale par petits paquets transis. Ils se mettent du jour plein la figure pour commencer en passant devant l’aurore. Ils vont plus loin. On ne voit bien d’eux que leurs figures pâles et simples ; le reste est encore à la nuit.
Mon Dieu, que c’est beau ! Je me damnerais pour écrire un jour une seule toute petite phrase de cette qualité. En soupirant, j’embouque la rue Balard et passant derrière les anciennes usines Citroën, fermées depuis peu, grosse perte pour les commerçants du quartier, file jusqu’au boulevard des Maréchaux puis reviens par la rue de Lourmel. Belle balade tranquille, mais pas un troquet d’ouvert pour s’offrir un café ou une bière, regarder passer une jolie fille ou entendre la gueulante de quelque poivrot.
18 h, revenu depuis un moment, je fais le tour de la clinique pour que tout le monde sache bien que je suis bien présent. C’est de la com’ avant l’heure. Ce soir dodo de bonne heure, Georgette se débrouillera toute seule.