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Temps de lecture estimé : 40 mn
19/01/23
Résumé:  L’anniversaire de Sophie approchait, et j’avais prévu passer la journée avec elle pour l’occasion. Un appel de sa conjointe quelques jours avant le jour J vient changer mes plans.
Critères:  fh ff ffh fbi couleurs couple extracon cadeau anniversai douche amour revede voir exhib strip lingerie odeurs fellation cunnilingu anulingus fgode double sandwich fsodo hdanus québec
Auteur : rb07            Envoi mini-message

Série : Le bon voisinage

Chapitre 11 / 12
Le premier trio

Résumé des épisodes précédents :

Ma voisine n’est maintenant plus ma voisine, mais sa nouvelle demeure nous a donné un nouveau toit pour nous retrouver. Du haut de son 13e étage, nous avons le loisir de nous ébattre en toute quiétude.



La coupe du monde de soccer venait tout juste de se terminer que déjà les discussions du midi au boulot revenaient sur le sport national : le hockey. Le Canadien de Montréal avait une saison moins catastrophique que la précédente, ce qui était facile à réaliser, et les esprits s’enflammaient déjà :



Je m’emmerdais ferme. Je n’en avais rien à foutre du hockey, des statistiques bidon, des pousseux de pucks et des scandales d’agressions sexuelles associés.


C’est à ce moment que mon téléphone vibra dans ma poche, la vibration d’un appel entrant. Un coup d’œil à l’écran m’indiqua un numéro inconnu.



Entre de la sollicitation téléphonique et la discussion de vestiaire, laquelle était la plus pénible à supporter ?



Décidément, je n’avais rien à perdre.



Je fis glisser l’icône sur l’écran pour répondre.



Je lançai mon nom de la manière la plus bête possible dans le micro, en espérant donner le ton à la discussion. Bien entendu, rien ne me parvint de mon interlocuteur à part un grésillement, la technique des centres d’appel étant d’attendre d’avoir un poisson au bout de la ligne avant de le mettre en contact avec un représentant.



Mais juste au moment où j’allais appuyer sur le bouton rouge, j’entendis une petite voix étouffée dans le haut-parleur.



Le ton de la voix m’était familier. J’adoucis la mienne.



Quelques secondes de silence, encore.



Je restai bouche bée et un peu aux aguets. La conjointe de mon amante qui m’appelait au travail, c’était aussi inattendu que délicat comme situation. Ce devait être grave. Avant même que je n’aie le temps de répondre, elle enchaînait déjà.



En effet, le 21 décembre était l’anniversaire de Sophie. J’avais trouvé un prétexte pour m’absenter du travail et passer la journée avec elle. Noémie continua sans attendre.



Noémie était reconnue pour son langage imagé. Née dans le sud de la France et immigrée au Québec à l’adolescence, elle tricotait ses jurons de la laine des deux cultures.



Elle respira un moment.



Je m’étais déplacé dans un coin tranquille de l’espace dîner pour être à l’abri des oreilles indiscrètes. Je décidai d’intervenir. J’avais bien retenu son introduction, et je ne voulais pas allonger la communication outre mesure, d’autant plus qu’elle prêchait à des oreilles déjà converties. J’essayai d’aller au-devant de la raison de son appel, tout en tentant de rester vague pour une personne trop curieuse qui déciderait d’écouter mon côté de la conversation.



Visiblement, le délai dans la communication empêcha ma phrase de lui parvenir avant qu’elle n’ait enchaîné. Nos voix se chevauchèrent.



Et ainsi, rapidement, calmement et sans juron, elle m’exposa son plan.


* * *


Le 21 décembre au matin, j’arrivai tôt chez Sophie. J’arrivais toujours tôt, en fait, lorsque je substituais une journée de travail à une journée d’ébats. Je trouvais presque indécent d’arriver si tôt chez une dame, d’ailleurs, avec des intentions si peu chastes. Mais Sophie m’accueillait toujours avec les mêmes enthousiasme et entrain, peu importe l’heure de la journée. Quelle chance j’avais  !


Ce matin-là était particulièrement indécent, la plus courte journée n’ayant pas encore réussi à s’imposer auprès de la plus longue nuit de l’année, handicapée par les lourds nuages gris qui menaçaient de laisser tomber neige, pluie, grésil, ou autre eau partiellement gelée. Les lumières de rues étaient encore allumées lorsque j’entrai dans l’édifice où Sophie habitait. On aurait presque pu dire que c’était encore la nuit.


Je cognai au 1414, entendis un lointain « Entre  ! », poussai la porte et la refermai derrière moi. Je retirai mes vêtements extérieurs et pris la direction de là où la voix avait semblé provenir.


La scène qui m’attendait était à couper le souffle. Non seulement Sophie était-elle déjà levée et douchée, mais elle avait pris le temps de revêtir un ensemble de lingerie qui me fit écarquiller immédiatement les yeux et qui me colla un sourire indélébile au visage.


Sophie était bien installée dans son fauteuil de lecture, une tasse de liquide fumant sur la table à ses côtés, probablement son thé du matin. Ses longues jambes étaient recouvertes de fins bas résille noirs, retenus par un porte-jarretelles de dentelle fine en dessous duquel on devinait une culotte assortie. String ou pas  ? Impossible à dire pour le moment. La question me traversa l’esprit sans que la réponse ait vraiment d’intérêt. Elle aurait rendu séduisante même une culotte de grand-mère. Plus haut, un magnifique soutien-gorge demi-buste enveloppait les rondeurs de sa poitrine, découpait chacun de ses jolis lobes, creusant la vallée couleur crème les séparant, et il accomplissait parfaitement le travail d’en laisser voir juste assez pour imaginer tout le reste. La courbe affolante de son sein était si évocatrice. J’imaginais aussi l’effet de la toucher à travers la dentelle, de sentir l’entièreté du doux volume de sa poitrine obéir à la forme du creux de ma main, sauf pour cette petite pointe qui viendrait signifier à ma paume sa délicate présence singulière. Un fin collier d’argent se perdait entre ses seins pour parfaire la vue et accentuer la profondeur du relief, chanceux qu’il était de pouvoir passer sa vie entouré de tant de beauté. Plus bas, de longs talons aiguilles donnaient encore plus d’amplitude à ses jambes et mettaient en valeur la délicatesse de ses pieds. Ses doigts reposant sur les bras du fauteuil étaient couverts de quelques-unes de ses bagues en argent qu’elle portait souvent lorsqu’elle était en vacances. Elle avait croisé les jambes et dodelinait nonchalamment celle qui ne touchait pas au sol. Elle imposait sa présence à toute la pièce et, dans la lumière timide du matin, elle semblait l’illuminer.


Elle me parla de ses lèvres pulpeuses et alléchantes, laissant échapper sa voix chaude et cristalline :



Je savais trop bien qu’elle ne faisait pas allusion au tout petit cadeau que j’avais prévu lui offrir et qui était encore caché dans mon sac en bandoulière. Ses yeux, sa posture, son habillement et nos antécédents en disaient déjà long sur ce qu’elle espérait faire de l’autre cadeau sur deux pattes qui se tenait devant elle. Sentir son regard concupiscent sur moi avait toujours cet effet de nouveauté, de surprise et de pur bien-être. Être un cadeau pour la femme ô combien bandante qui était assise devant moi, c’était du bonheur. Je ne crois pas que je pourrais m’habituer à me sentir désiré de la sorte, que je pourrais un jour considérer cette envie comme banale, quelconque ou habituelle. J’aurais traversé maintes congères et remonté moult rivières pour la susciter, l’attiser.



J’aimais la manière qu’avait Sophie de suggérer tout en demandant. Si un effeuillage pouvait être intimidant, il le devenait infiniment moins lorsqu’il était réclamé de la sorte, par une personne si joliment vêtue.



L’enclenchement de la fonction de déballage ne se fit pas attendre alors qu’elle pressa ses bonnes lèvres contre les miennes, cherchant de sa langue coquine à venir débaucher la mienne. 7 h 54 indiquait l’horloge au mur. Quelle belle heure pour commencer à se dévêtir… !


Je me reculai, sous son regard attentif et sa bouche entrouverte. Elle se cala bien profondément dans le fauteuil et resta immobile, en attente, attentive.


Je fis passer la bandoulière de mon sac par-dessus ma tête, puis le laissai glisser au sol en le retenant d’un seul doigt. Je commençai à dégrafer les boutons de ma chemise, en commençant par le col, laissant les pans s’ouvrir au fil de la descente. Arrivé à la ceinture, je la débouclai et défis le bouton de mon pantalon pour me permettre de terminer ma besogne sur la chemise. Je détachai les derniers boutons pour que ma chemise s’ouvre entièrement. En prenant bien garde de ne pas laisser mon pantalon choir au sol, je me relevai pour exposer mon torse et mon ventre dénudés, et constater l’effet que le début de mon petit cirque avait sur Sophie.


Elle avait les yeux ronds d’excitation et se pinçait une lèvre. Elle était absolument adorable dans cet enthousiasme lascif. J’avais hâte d’être nu devant elle, mais je tentai de rester bon joueur.


Je défis lentement les boutons des manches en contractant inutilement les quelques muscles que j’avais d’exposés, pectoraux et abdominaux, puis je lui lançai doucement ma chemise en me tournant de côté à elle.


En tentant de garder les jambes bien droites et d’un geste qui fut probablement moins souple que je ne l’aurais aimé, je fis glisser mon pantalon sur mes cuisses, puis sous le genou et finalement aux pieds. Je sortis de chacune des jambes, en restant plié devant Sophie, les fesses relevées et en évidence. En remontant, mes mains caressèrent lentement mollets et quadriceps, que je tendis au passage.


Malgré toute la grâce que je tentais d’insuffler à ce jeu, je me retrouvai en slip de spandex/coton et en bas de laine devant l’œuvre de chair et de dentelle qui scrutait attentivement chacun de mes mouvements, et j’eus le sentiment de me retrouver dans un cul-de-sac. Autant je trouvais redoutable l’attirail textile de séduction féminin, autant je trouvais pauvre et rudimentaire celui que je portais. De surcroît, je n’avais pas prévu m’offrir en spectacle de la sorte. Comment me débarrasser élégamment du reste  ?



C’était le comble. Ne conserver que mes bas  ? Plutôt mourir.


Je m’approchai de Sophie, assez près pour que nos jambes se touchent. Je m’orientai dos à elle et, d’un geste similaire au précédent, je fis descendre mon short, arrêtant d’abord l’élastique à la hauteur de la mi-fesse, pour qu’elle puisse en constater la rondeur. Je les poussai vers elle, encore à moitié couvertes. Elle saisit délicatement le vêtement pour terminer de dégager mes petites miches. Elle en profita pour leur asséner quelques petites tapes bien inoffensives, puis vint y poser ses lèvres. Des lèvres en sortirent des crocs un peu moins inoffensifs qui prirent une bonne bouchée, la tenant un instant, ses dents me retenant fermement. Je restai un instant surpris, de par l’entente que nous avions. J’étais comme les grands parcs sauvages, pour lesquels on demande aux visiteurs de passer sans laisser leur marque. Leave no trace était la devise qu’elle respectait en temps normal pour éviter les marques suspectes sur mon corps. Nous avions établi cette règle après que ses doigts aient inconsciemment laissé une marque sur mon bras. Ma conjointe avait remarqué les trois légères ecchymoses que Sophie m’avait faites alors qu’elle s’était accrochée à moi au moment où un orgasme fulgurant l’emportait. J’avais réussi à improviser une explication à ces marques, quelque chose par rapport à un petit incident dans la cave. Suite à cet incident, nous avions convenu que la discrétion s’imposait concernant les vestiges corporels.


Quand elle lâcha prise, une autre petite claque m’incita à continuer le mouvement que j’avais entamé. En me penchant vers l’avant et en m’exposant sans retenue l’arrière-train, oscillant légèrement dans le mouvement descendant, le vêtement se retrouva au sol. En conservant la position penchée, je fis rouler chacun des bas hors de mes pieds et les envoyai voler loin dans la pièce, dans le coin le plus sombre. Je me relevai, toujours de dos, complétant le mouvement en m’étirant tout le corps et poussant mes bras vers le ciel tel un chat se réveillant de sa sieste. Je tournai la tête pour apercevoir Sophie, qui ne manquait pas une once de mon cirque. En conservant mon regard dans le sien, je me retournai lentement pour lui faire face.


Sophie avait déjà dû remarquer l’excitation qui m’avait gagné, avant même que je ne sois complètement nu, quand j’étais face à elle. Elle ne fut pas surprise de voir la rigidité de mon sexe déjà bien droit et pointant le zénith, mais je souris devant son expression quand elle vit que j’avais enfilé le bijou qu’elle m’avait offert plus tôt dans l’année, une bague en argent qui me conférait un joli style. À porter à la base du pénis, elle me donnait l’impression de mettre en valeur son volume et sa forme, découpant le membre du reste du corps.


Pour une fétichiste des bijoux, l’effet ne se fit pas attendre. Sophie étira une main vers l’avant pour venir cueillir mes bourses et les tirer doucement vers elle, ce qui amena mon gland tout luisant juste sous son nez. Il fut accueilli par ses jolies lèvres en cœur pour un baiser tout en délicatesse.



J’étais fasciné par la fascination que Sophie pouvait exprimer envers mon sexe. Je n’avais pas côtoyé beaucoup de sexes masculins dans ma vie, visiblement beaucoup moins qu’elle, et je comprenais mal pourquoi son appréciation du mien semblait sans borne. Ce n’était pas qu’il était particulièrement long ou d’une section imposante. Bigger is better ne s’appliquait pas ici. C’était sa forme longiforme, terminée par un gland bien développé et qui enflait bien sous ses coups de langue, sa rigidité, sa texture lisse, ses testicules d’un « bon gros format », comme elle me l’avait déjà écrit, biens fermes et bien ronds, qu’elle appréciait. Il y avait aussi qu’il semblait parfaitement adapté aux dimensions des orifices dans lesquels elle souhaitait le recevoir. Sans compter que mes phéromones naturelles étaient en phase avec ses récepteurs olfactifs, devrais-je croire par ses exclamations de plaisir à venir humer mon aine. Je me sentais comme un plat à déguster lentement et longuement, dont le goût et la texture ne créaient jamais cette impression de trop-plein, dont elle semblait ne jamais se contenter. M’offrir à sa faim et sa soif était un plaisir sans borne que je tenais sans cesse à répéter. Le traitement gastronomique qu’elle me réservait était totalement addictif.


Ma dépendance trouva matière à assouvir son assuétude quand elle se leva de son fauteuil, s’élevant sur les échasses qu’elle avait aux pieds, ce qui apporta son visage presque à la hauteur du mien. Je pris machinalement un pas de recul pour la contempler dans ses vêtements qui décoraient plus qu’ils ne vêtissaient : ses longs cheveux noirs, maintenant parsemés de fils d’argent, qui lui tombaient jusqu’aux seins, les couvrant partiellement, ce qui mettait en valeur leur forme majestueuse, son visage rond et tout gamin qui attirait sans cesse mes baisers, ses yeux bruns, presque noirs dans cette lumière, qui me transperçaient et me faisaient fondre, la courbe de ses hanches et de sa taille, parfaitement adaptée à la forme de mes mains, qui me permettait de la tenir contre moi tantôt en toute délicatesse, tantôt fermement et énergiquement pour maintenir notre fusion charnelle, ses mollets qu’elle aimait gainer de bas, qui s’entouraient si bien autour de mes hanches pour me maintenir profondément en elle. Il y avait aussi ce ventre tendre et doux sur lequel j’avais déjà exprimé toute l’ampleur de ma jouissance blanchâtre après que je me fus offert en spectacle, pour le plaisir de nos sens. À chaque parcelle de son corps était associée un souvenir extasiant, une raison de m’émouvoir ou d’en redemander.


Sophie me tira vers le lit, m’invita à m’y allonger sur le dos, et elle vint me rejoindre sans croire bon de retirer ses souliers. Cela me faisait sentir plus nu que nu, le contraste entre son état vestimentaire et le mien accentuant l’effet. Elle se jeta sur moi, commença à m’embrasser avidement, puis elle entreprit de me déguster.


Les lèvres et la langue de Sophie sont les plus coquines qui n’aient jamais parcouru mon corps. Elles avaient ce don de s’immiscer partout, de générer caresse après caresse tout juste à la limite de la chatouille qui, par accumulation, menaient à un état de transe hypersensorielle. Elle mettait l’entièreté de mon corps en éveil en me léchant la tête aux pieds. Puis, quand le recto était imbibé de salive, elle s’attaquait au verso en m’incitant à me renverser par des coups de nez sur mon flanc. Son souffle dans mon cou, dans mes cheveux, derrière mes cuisses, les ourlets de sa bouche au creux de mes reins, dans mon sillon dorsal, sa main qu’elle posait fermement sur ma nuque comme pour m’inciter à rester immobile sous sa gouverne pendant qu’elle me dégustait, ce à quoi j’échouais, parcouru des mille frissons qu’elle me donnait. Quand elle laissait glisser ses mamelons tendus sur le galbe de mes fesses, j’étais au ciel. Elle aussi était au ciel, de son aveu, ce qu’elle qualifiait d’égoïsme. Mais de ce genre d’égoïsme, j’en prenais n’importe quand.


Sa langue s’attardait très souvent dans mon abîme fessier, après un petit « Je peux   ? » qu’elle me susurrait tendrement. « Toujours » était ma réponse, immanquablement. Je poussais mon coccyx à sa rencontre pour lui signifier mon envie de recevoir ses faveurs. Ses mains baladeuses en profitaient parfois pour passer sous mon ventre et venir branler mon sexe tout humide de l’état d’extase permanent dans lequel elle me maintenait. Léché et cajolé de la sorte, j’étais à elle.


Quand elle me retournait sur le dos, c’était pour l’assaut final. Cette queue qu’elle avait goûtée en hors-d’œuvre, elle tenait maintenant à venir y chercher son plat de résistance. Quand elle me reprenait dans sa bouche, c’était pour ne plus me laisser sortir avant que je ne lui aie offert tout de ma jouissance. Elle n’adoptait pas pour autant un rythme effréné qui m’aurait fait débouler en quelques minutes. Que non  ! Dans l’état méditatif dans lequel elle se plongeait pendant la fellation, elle restait hypervigilante à chacun de mes soupirs, gémissements, tremblements. Elle me faisait monter et monter, experte de la haute voltige qu’elle était. Quand je croyais avoir atteint la limite de l’atmosphère, elle me démontrait par l’exemple que ce n’était que les premières strates. Je soufflais, je grognais, elle me rendait irresponsable de mon corps, c’était elle qui en avait le contrôle. Souvent, je sentais que sa vulve ouverte prenait une de mes cuisses en affection, s’y collait, s’y frottait, ce que j’encourageais par des mouvements d’aller-retour. Sinon, si la position me le permettait, j’étirais un bras pour aller remercier son clitoris d’exister. Sentir son sexe tout lisse et offert sur mes doigts, par-dessous la dentelle, était euphorisant. J’adorais me jouer d’elle en l’amenant à l’orgasme avant moi. Mais il venait un temps où toute résistance devenait futile.


Je ne me souviens plus de l’orientation de nos corps ce matin-là lorsque je passai le point de non-retour. La vision de ses lèvres qui m’enserraient, de l’apparition et de la disparition du bijou argenté, la vue imprenable que j’avais sur son décolleté et l’effet de ses caresses firent leur effet. Le petit doigt coquin qu’elle avait poussé au-delà de la frontière de ma pudeur, qui m’ouvrait, me donnait l’impression de lui appartenir encore plus, d’être à elle. L’infini plaisir qui s’était accumulé en moi pendant tout le temps où elle me bichonnait et me possédait sans cesse davantage, je le sentis prendre appui, s’élancer, se frayer un chemin à travers tout de mon corps pour jaillir hors de mon sexe, par longs tressauts, accompagnés de râles, cris. Ma vision se brouilla, ce jour-là, tout devint noir alors que je jouissais à tout rompre. J’en vins presque à déchirer l’oreiller que j’avais attrapé comme pour me retenir à un objet bien réel pendant que je basculais dans le surnaturel. Sophie bu avidement tout ce que j’avais à lui offrir, elle-même secouée par un accès de délectation. Elle faisait corps avec mon plaisir, ce qui était éblouissant, elle se l’appropriait. Le mien s’en trouvait amplifié mais surtout j’avais cette sensation qu’au final, je jouissais pour son plus grand plaisir, pour elle. Je jouissais pour elle, par elle et en elle.


Le flot d’endorphines nous sonna tous les deux. Nous restâmes longtemps immobiles, après qu’elle eut rampé sur moi pour venir lover sa tête au creux de mon épaule, son nez derrière mon oreille, alors que j’avais ma main dans ses cheveux. Ce moment d’ivresse après la débâcle, où nous reprenions conscience du simple plaisir de reposer l’un sur l’autre, nous l’étirions. C’était le moment où le rêve éveillé se matérialisait, où toutes les sensations m’indiquaient que ce que nous venions de vivre était réel. Une part de mon être restait incrédule. L’autre comprenait parfaitement bien la bonne fortune dont je bénéficiais. Bercé entre ces deux états, je planais doucement sous le corps enveloppant de Sophie.


C’est la voix de Noémie qui nous sortit de notre léthargie :



C’était la toute première fois que je me faisais « prendre » à faire l’amour, qu’une tierce personne était témoin de mes ébats. Mais, dans mon esprit embrumé, la présence de Noémie se concrétisa lentement, sans menace. Je compris qu’elle faisait référence à tout ce que j’avais écrit et publié de ma relation avec Sophie, qu’elle était une lectrice conquise. Après quelques instants où je tentais de reprendre contact avec la réalité, je me demandai depuis combien de temps Noémie nous regardait. Bizarrement, la réponse qui me vint à l’esprit fut « Ce n’est pas de mes affaires. », alors que, justement, ç’aurait dû l’être, de mes affaires, et au pluriel.


Noémie m’avait proposé de ne rien changer à mes plans pour l’anniversaire de Sophie, de faire comme si elle était restée à l’autre bout du monde. La ponctualité du transport aérien, surtout à cette période de l’histoire, étant ce qu’elle est, il aurait été précaire de planifier le moment de son apparition. Je n’avais donc aucune idée du moment où elle allait débarquer, autre qu’un numéro de vol pour son dernier saut de puce New York – Montréal, lequel avait été annulé lorsque j’avais consulté l’horaire des arrivées internationales plus tôt le matin. L’état dans lequel Sophie m’avait plongé m’avait complètement fait oublier que nous allions avoir de la compagnie, et que celle-ci n’allait pas sonner à la porte de sa propre demeure. L’irruption de Noémie à travers nos ébats ne me fit pas une réaction de l’ordre du « Ciel mon mari  ! » de deux amants adultérins surpris en flagrant délit de partage sensuel. J’éprouvai un certain soulagement à ce que la glace ait été brisée ainsi entre nous. Sans le savoir, nous avions offert à son regard indiscret le meilleur de nous-mêmes, sans retenue.



Sur quoi, elle alla s’enfermer dans la salle de bain.


* * *



Sophie avait rampé sur mon corps pour approcher son visage du mien. Je sentais ses formes fermes se presser contre moi.



Je n’avais pas encore retrouvé l’usage multisyllabique de la parole.



Mes neurones recommençaient à pouvoir articuler quelques mots d’affilée.



Je considérais toujours que Noémie devait avoir préséance sur moi quand venait le temps de partager du temps avec Sophie, tout comme Sophie comprenait que ma famille devait passer avant nos moments d’évasion. Cela allait de soi, me semblait-il.



Sophie quitta mon corps allongé et j’entendis ses talons s’éloigner du lit, puis le son de la douche qui se fit plus concret lorsqu’elle ouvrit la porte de la salle de bain.



* * *


Le plan que Noémie m’avait présenté n’était pas vraiment un plan, mais plutôt quelques règles simples. En gros, Sophie était notre reine et seule elle allait compter. Noémie et moi, nous n’étions pas là pour nous satisfaire mutuellement.



Toutefois elle ajouta, très pragmatique :



Je devais avouer que je fantasmais secrètement et depuis le tout début sur un trio entre Sophie, Noémie et moi. Mais quel homme fréquentant une femme bisexuelle en couple avec une femme n’aurait pas rêvé de cette possibilité  ? De là à provoquer l’occasion, il y avait un pas que je n’osais pas franchir. À ma connaissance, Noémie était aujourd’hui purement lesbienne, ou à tout le moins force était de constater qu’elle ne m’avait pas choisi comme partenaire et je n’avais pas envie de brusquer quoi que ce soit en ce sens, ni même de poser des questions qui auraient pu dévoiler une intention cachée. Qui étais-je pour avoir la présomption des envies de Noémie  ? De plus, la présence de Sophie me convenait plus qu’amplement. Pourquoi vouloir avoir plus  ?


Mais je n’étais tout de même pas du genre à refuser une offre de la sorte, surtout si le but était de servir à Sophie un moment que, seul, je n’aurais jamais pu lui offrir. Quoi de mieux que d’allier mes forces avec celle qu’elle aimait  ?


Bref, il n’y avait pas de plan et la discussion de par le lien satellite tout comme ma position dans la cafétéria ne nous avaient pas laissé le loisir d’élaborer davantage. Nous allions jouer cette symphonie à l’oreille, me semblait-il, et, de par ce que j’entendais dans la salle de bain, les premiers violons avaient déjà commencé leur partition.


Couché, nu dans le lit, encore sur mon nuage post orgasmique, je tentai de visualiser la suite des choses. Les filles sous la douche, elles allaient sortir tôt ou tard. Noémie ne prendrait certainement pas la peine de s’habiller, Sophie retirerait ses vêtements mouillés. Donc, elles allaient probablement débarquer toutes les deux dans leurs plus simples appareils et puis après, quoi  ?


Je crus bon de m’absenter du lit pour leur permettre de venir s’y blottir dans une relative intimité. J’essayai de synchroniser la recherche de jus au moment où elles allaient sortir de la salle de bain. Une claque sur une fesse alors que j’avais la tête dans le frigo m’annonça leur arrivée :



J’entendis un corps, puis un deuxième, choir sur l’épais matelas.



Sans attendre de réponse, je filai sous l’eau.


* * *


Inconsciemment, je préférais laisser Sophie et Noémie prendre les devants pour me joindre à elles par la suite. Ces femmes n’en étaient pas à leur premier tango et je me sentais plus en position d’élève que de maître. On aurait pu dire que Sophie et moi n’en étions pas à notre première joute non plus, mais, dans ce trio, j’étais la troisième roue. Observer et analyser d’abord, agir ensuite, voilà qui me convenait mieux comme plan.


Je m’épongeai les cheveux, me séchai le corps grâce à l’épaisse serviette. Je l’enroulai autour de ma taille et retournai vers l’avant de l’appartement, là où un trésor m’attendait.


De son énergie sensuelle si caractéristique, Sophie avait pris d’assaut Noémie, son corps couleur café au lait se retrouvant sous celui que je connaissais si bien. Les lèvres des femmes étaient soudées dans un baiser long et sulfureux, leurs poitrines écrasées l’une contre l’autre, leur volume débordant de la périphérie de leur torse comme de belles miches de pain trop généreuses. Les doigts de Noémie étaient plantés dans les reins de mon amante. Le corps de Sophie faisait paravent à celui de sa conjointe, ce qui conférait à cette dernière une certaine pudeur. Leurs cuisses enchevêtrées s’alternaient comme les notes d’un piano et je me doutais que là où elles exerçaient leur pression n’était pas du tout le fruit du hasard. Le contraste entre leurs peaux était captivant. Je restai un instant immobile à les regarder, pantois, les bras complètement flasques sur mes flancs. Je les observai s’étreindre un moment, tentant de me faire invisible. Dans le silence de la pièce, il n’y avait que le frottement de leurs peaux comme trame sonore.


Il y avait dans cet assemblage de corps une impression de déjà vu, mais le contexte la rendait complètement caduque. Je reconnaissais des bouches, des mains, des visages, des nuques, mais jamais je n’avais vu ces morceaux imbriqués de la sorte. Les mains de Sophie me semblaient lilliputiennes sur la poitrine volumineuse de Noémie, le visage de celle-ci rayonnait sous les charges répétées des lèvres de son amoureuse, des bras familiers enlaçaient un dos sur lequel je m’étais frotté maintes fois. Tous ces éléments étaient connus, mais jamais ils n’avaient été réunis de la sorte.


Délicatement, j’allai les rejoindre en montant dans le lit par le pied, signifiant mon arrivée en posant la main sur l’épaule de Sophie. Elle roula des épaules comme un chat allant au-devant d’une câlinerie, me signifiant que cette troisième main sur son corps, elle savait de qui elle provenait. J’embrassai son cou alors qu’elle s’éprenait toujours des lèvres de son amoureuse, ce qui me fit humer leur odeur commune. L’œil bleu de Noémie croisa le mien. Il me sourit avant de se refermer en abandon aux caresses de sa belle.



J’entrepris de couvrir de baisers tout du corps de Sophie auquel j’avais accès, contournant les membres qui l’enlaçaient, qui m’étaient encore inconnus. Quand je rejoins la rondeur de ses fesses, je vis que des doigts sombres avaient déjà élu domicile dans son sexe. Ma belle amante roulait des hanches au rythme des phalanges chenapans, je suivais son mouvement pour continuer à me gaver de sa peau. Entre deux crêtes, je vis la main blanche de Sophie se frayer un chemin entre les lèvres rose foncé de Noémie, et des soupirs fusèrent à l’autre bout de l’enchevêtrement des corps.


Sans demander la permission, je dérivai vers l’ornière qui s’ouvrait alors que Sophie poussait son bassin vers le ciel. Je dirigeai ma langue vers son petit anus tout joli, et entrepris de lui offrir un traitement digne de celui que j’avais subi plus tôt. Je l’entendis soupirer un « Oh oui… » empesé de concupiscence. Sur mon menton, je sentais une main vigoureuse s’activer en elle. En peu de temps, les frissons de plaisir qui m’étaient familiers parcourent tout son corps, une chair de poule couvrit la peau tendue de sa croupe, et Sophie gémit le fruit de notre premier effort collectif.


Noémie ralentit son rythme, laissant l’onde de plaisir s’évanouir en sa douce, mais celle-ci ne semblait pas avoir été décontenancée par l’orgasme, et elle continua de doigter son amoureuse. Je me sentais un peu dépassé par le rythme des événements, n’ayant pas le temps de m’en imprégner complètement. Ces femmes étaient rapides et habiles, d’une puissante efficacité. Je continuais d’embrasser ce qui était à la portée de mes lèvres, frottant de mes paumes, pétrissant de mes doigts le corps et les formes familières qui s’offraient à moi, tentant de rester sur le terrain qui m’avait été autorisé. Après un moment, j’eus l’impression que j’avais toutefois trop de mains et de lèvres pour le peu de territoire accessible, et j’entrepris de suivre le bras de Sophie d’une longue caresse, pour atteindre la main qui prodiguait à Noémie un bonheur certain. Je me fondis à son mouvement, suivis le sien, y ajouta doucement ma propre harmonique. Sophie enjoignit mes phalanges aux siennes, me présenta à ce corps nouveau. Je jetai un coup d’œil au visage de la femme qui recevait cet égard nouveau pour voir s’il était le bienvenu. Après que ses yeux se soient ouverts en signe de surprise, ils se refermèrent sur une bouille détendue, abandonnée. De l’autre main, je fis le contraire, parcourant l’avant-bras de Noémie pour aller rejoindre les doigts qui se trouvaient toujours en Sophie. J’instiguai un rythme similaire, déphasé, où chaque corps recevait pression et profondeur en alternance. Les femmes en profitèrent pour recommencer à s’embrasser, se peloter. Malheureusement, l’effort imposé à nos biceps respectifs eut bientôt raison de la position. Sophie roula sur le côté, dévoilant complètement le corps de Noémie.


D’un œil impudique, je parcourrai cette terre nouvelle, à la fois restreint par la gêne et encouragé par la curiosité. Ou était-ce de la convoitise ? J’avais côtoyé Noémie dans la ruelle, du temps où elle y habitait, toujours à la verticale et toujours bien couverte. Nous avions du plaisir à bavarder, j’appréciais sa fougue et son franc-parler. Brillante, vive et réfléchie à la fois, je comprenais que Sophie ait été attirée vers elle. Je n’avais jamais voulu m’arrêter à scruter son physique pour éviter qu’elle ne me voie comme un pervers qui n’espérait que de s’envoyer en l’air avec deux femmes, même si c’était un peu le cas. Mais quand même, même en tentant d’éviter de regarder, même si elle s’habillait sobrement, sa poitrine opulente attirait le regard. Plus grande que Sophie, elle était aussi plus baraquée. Ses épaules larges menaient à des bras forts. Ses cuisses et ses hanches étaient plus celles d’une judoka que d’une marathonienne. Maintenant exposé à mon regard, son corps me paraissait agréable à avoir contre soi, sa carrure généreuse donnait l’impression de plénitude. Elle appelait à l’excès, probablement, à tout le moins elle inspirait l’abondance.


Je m’étais arrêté pour contempler Noémie, ce que Sophie réalisa rapidement. Quand elle vit que je portais encore une serviette autour de la taille, elle s’empressa de me la retirer d’un geste sec.



Même si elle avait probablement tout vu de mon anatomie pendant qu’elle s’adonnait au voyeurisme, je sentis son regard me scruter, comme en réplique à ce que je venais de lui faire subir. Elle ne se gêna pas pour prendre le temps de tout absorber, de mes cuisses à mon torse, en passant tout de mon corps qui montrait un état d’excitation évident. Ses yeux mi-clos étaient agréables à avoir sur moi. Pendant qu’elle me regardait et qu’elle savait que je la regardais, elle replaça sa main sur Sophie, lui pinçant un sein, se mordant une lèvre.


Tout ceci se passa pendant que j’avançais à genoux sur le lit vers Sophie, qui n’entendait pas s’arrêter en si bon chemin. Je disparus dans sa bouche dès que son butin fut à sa portée. Elle se releva à quatre pattes pour avoir une meilleure prise. Sans me lâcher, elle me fit allonger sur le dos et continua à repaître sa gourmandise. Ses mains jouaient sur mon torse, sur mon ventre. Elle savait me rendre fou.


Noémie en profita pour se relever, elle aussi, pour enlacer le corps de Sophie. Elle lui prit les seins à deux mains, alors que je les sentais contre mes cuisses, et se pressa contre son dos. Elle avait une vue imprenable sur mon corps et mon sexe qui entrait et sortait d’une bouche gloutonne. Elle me regardait, tout en pétrissant la poitrine que j’aimais tant pétrir. Je sentais le traitement qu’elle infligeait aux pointes dures de Sophie. Cela avait comme effet d’altérer le tempo de la fellation qu’elle me prodiguait. Elle devait s’arrêter pour gémir de temps en temps.


Subitement, Noémie décida d’user différemment d’une main et elle lâcha un sein. Son bras disparu derrière la croupe relevée de Sophie. Je ne sus pas exactement ce qu’il fit, mais les yeux de Sophie devinrent ronds de plaisir, et elle me cracha complètement. Elle resta sur moi, la tête enfouie dans mon aine, et entreprit de me branler doucement, mais sans réussir à conserver un rythme. Toujours, Noémie me regardait, et ce qu’elle offrait à Sophie semblait faire mouche. Après à peine une minute de ce manège, mon amante s’envola, encore, se collant à moi, s’agrippant à mes hanches. Derrière, Noémie me sourit. Je souriais aussi.


Sophie ne s’attarda pas pour reprendre ses esprits et vint s’asseoir sur moi, encore tout ébranlée qu’elle était, son corps encore ballotté par l’orgasme. Tout en prenant appui sur une épaule de Noémie, elle me prit en elle et elle entama une de ces cavales qui nous étaient si naturelles. C’était une cavalière accomplie, qui pouvait user de sa monture longuement, du trot au galop, ou même au triple axel. Parfois, elle s’arrêtait, son corps penché sur le mien, ce qui me permettait de donner plus d’amplitude à mon bassin, de continuer la chevauchée en mode inversé. Elle en profitait alors pour m’offrir sa poitrine, la presser sur mes joues, ou la prêter à la douceur de ma langue. J’aimais me sentir envahi par son corps, être restreint dans mes mouvements par l’étau qu’elle faisait avec ses cuisses, mais quand même réussir à onduler pour aller au-devant des mouvements de sa croupe pour mieux m’enfoncer en elle. Elle avait cette manière de m’imposer son corps, à moi qui le désirais tant.


La différence maintenant était qu’un troisième corps se joignait à nous, et il avait entrepris d’embrasser Sophie pendant son rodéo. De par dessous, je voyais lèvres et langues s’entremêler, se dévorer. La poitrine de Sophie vacillait au rythme de nos bassins, ce qui fouettait celle de Noémie à chaque passage. Noémie se retrouvait penchée et de côté au-dessus de moi, dans une contorsion étonnante. Je l’entendis dire :



Se disant, Noémie m’enjamba la tête pour venir s’appuyer sur mon visage, ce qui lui permit d’empoigner Sophie par la nuque et de lui rouler une pelle décadente. Ce fut la dernière chose que je vis, avant que sa croupe café au lait ne vienne me bloquer la vue et que ses lèvres chaudes et bien ouvertes ne viennent à la rencontre des miennes.


Je tentai de faire comme si de rien n’était, comme si cette position était des plus banales, et je commençai à faire ce que, j’imaginais, on attendait de moi. J’étais habitué à la délicatesse et la finesse du sexe de Sophie, et celui qu’on venait d’imprimer sur mon visage était plus ample, plus gonflé. Je dus laper avec une plus grande amplitude pour tout le couvrir, mais je sentis qu’il me répondait promptement. Un nectar plus épicé l’irriguait, et je pus y enfoncer profondément une langue animée par la curiosité et l’euphorie de me retrouver sous deux superbes femmes.


Dans tous mes rêves de trip à trois, je n’avais jamais vraiment imaginé le détail des inconduites qui pouvait en résulter. Je craignais aussi que, dans l’impossible éventualité où je me retrouverais nu au lit avec deux femmes, l’excitation soit si grande que ma jouissance soit rapide et incontrôlable. Mais, dans ces rêves, je n’avais jamais considéré la préparation savante que Sophie me réservait toujours, à mettre lentement mon corps en éveil, à me traîner posément vers des cieux plus élevés, à me faire durer et durer, en m’infligeant des sévices toujours plus intenses, mais toujours dosés. Maintenant qu’elle avait déjà récolté une de mes jouissances, tout mon corps était moins fébrile, plus posé. C’est ainsi, je crois, que je pus subir à la fois le plaisir décadent de pénétrer Sophie tout en découvrant Noémie d’une manière inattendue. Peut-être, aussi, que la concentration que je dédiai à la contradiction de Noémie détourna mon attention du fait que je vivais un rêve éveillé. Plus haut, mains et lèvres se heurtaient, chaque femme caressant l’autre. À travers moi, elles se faisaient l’amour. C’est l’impression que j’avais, du moins, et j’en eus la confirmation lorsque j’eus la connaissance qu’un majeur vint participer à ce que ma langue avait entrepris, et que de l’autre côté un frémissement s’ajoutait au rythme de nos bassins. Elles se branlaient, mutuellement j’espérais, par-dessus ce que leur brave compagnon leur offrait, ou tentait de leur offrir.


Sophie, cette belle Sophie avait toujours le tour d’offrir une autre tournée et cette fois-ci ne fit pas exception. De nos coups de bassins fiévreux et des manipulations agiles de Noémie, elle souffla, puis s’élança, lovant sa tête dans le creux de l’épaule de celle-ci, amenant ses yeux ronds et luisants d’extase dans les miens. Je ne sais pas ce à quoi elle pensa, en me voyant le nez dans l’entre-fesses de sa blonde, au sommet de son vol parabolique, mais c’était tout son visage qui rayonnait de luxure. Je me demandai si c’était une larme que je voyais couler sur sa joue, ou simplement une goutte de sueur.



Nous étions tous restés comme suspendus dans le néant pendant que Sophie reprenait ses sens. Elle embrassait ou mordait le cou de Noémie, absorbant tout de ses parfums. Elle fermait longuement les yeux et quand elle les ouvrait, c’était pour me sourire. Lentement, je vis l’éclat de salacité revenir dans son regard. Je compris alors que c’était bien elle qui s’était alliée à moi pour le plaisir de notre comparse. Elle recommença à la caresser tendrement, de longs gestes amples, s’amusant à introduire ses doigts tantôt en Noémie, tantôt dans ma bouche. Elle me guidait, je crus, pour mieux titiller sa douce. C’était un élan de douceur, une improvisation mixte sur le thème de la découverte. Je la suivis comme on apprend à danser, dans le feu de l’action, à tenter de comprendre les pas sans rien écraser au passage. C’était des mouvements lents, mais profonds, bons et grisants. Tous deux, nous ne la lâchâmes pas tant qu’elle n’eut pas rejoint Sophie sur un sommet bien plus haut que ceux de l’Himalaya qu’elle venait de quitter. Je fus surpris d’entendre son cri aigu, strident, lorsque son corps trembla sous notre action concertée. À son tour, elle fondit dans les bras de sa femme, oubliant probablement que j’étais sous elle. Elle frémit longuement, chaudement. Tout ce temps, Sophie m’avait gardé en elle. J’étais bien, je profitais de cette impossible intrusion dans le plus intime de leur couple, à tenter de ne rien brusquer pour éviter de faire éclater la précieuse bulle qui nous abritait pendant que Noémie continuait à onduler de son plaisir évanescent.


Je lui signifiai ma présence quand ma mâchoire commença à élancer, d’un « Mmmph » et d’une caresse sur sa fesse gauche.



Elle relâcha la prise qu’elle avait inconsciemment imposée à mon crâne, mettant un pied au sol et quittant notre terrain de jeu tout en laissant glisser sa main sur mon torse. Sophie, me tenant toujours bien au chaud en elle, recommença son manège. Elle m’embrassait ce faisant, et j’eus l’impression que même ses lèvres étaient dures et gorgées de sang. Tout de son corps criait à l’exultation. Je me laissai bercer par cette position toute simple, à deux seuls corps. Son rythme était lent, doux, amoureux et tout imprégné de désir. Qu’est-ce que c’était bon de se faire faire l’amour par cette femme  !


Noémie avait la tête enfouie sous le lit et, par le bruit qu’elle faisait, semblait déplacer de gros bacs en plastique sur le sol.



Jamais je n’avais été pris au milieu d’une conversation ménagère alors que je m’accouplais paisiblement. C’était inusité comme situation.



Je ne savais plus trop si je devais gémir de contentement sous les bons soins de Sophie, ou pouffer de rire. Je n’avais encore jamais entendu parler d’Étienne, mais je me supposais bien qu’il n’était pas question ici d’un ami fait de chair et de sang. Tant que ce n’était rien de similaire à The gimp de Pulp Fiction. Ou était-ce le sort qu’elles me réservaient  ?



Noémie disparut de la pièce avec sa trouvaille. De l’endroit où j’étais, je ne pus rien voir. Sophie s’était redressée complètement, m’obstruant la vue. Nous restions emboîtés, tendrement actifs sans chercher à faire monter la sève.



Un ange cornu, probablement. Mais c’était un compliment que j’acceptais volontiers.



Les images de leurs corps contrastés, leurs mains avides, leurs ventres roulant sous les manipulations bien coquines me revinrent à l’esprit. Deux superbes femmes nues, s’étreignant, se jouant du sexe de l’autre, qui avaient opté pour mon corps pour participer à se satisfaire.

Ces pensées qui me vinrent à l’esprit à ce moment faillirent me faire basculer dans la jouissance, de par leur puissance érotique. Je crois que ce n’est que là que je réalisai ce qui venait d’arriver. J’avais été à la fois voyeur et acteur d’un pur acte de leur amour. C’était d’une beauté indescriptible. Et Sophie avait pris la peine de placer un « vous » dans sa phrase chargée de sens. J’en frissonnai, ce qui la fit arrêter ses mouvements divins. Elle se coucha tendrement sur moi, la tête sur mon cœur. Elle aimait prendre le temps de l’écouter.


Peut-être Sophie anticipait-elle ce qui s’en venait pour elle, puisqu’après un instant elle me demanda, tout bas au creux de l’oreille :



J’étais intimidé de la prendre en levrette alors que Noémie n’était pas là, car elle nous trouverait enfourchés de la sorte en revenant. Mais j’étais toujours enthousiaste à me prêter à ses désirs. Et que pouvais-je lui refuser, le jour de son anniversaire  ?



À genoux derrière elle, je me dirigeai vers l’entrée de son antre.



De l’autre main, elle me tendit un flacon de lubrifiant, sorti de je ne sais où, dans une petite bouteille de verre translucide munie d’un bouchon-pompe blanc.



Et pour la sodomie dont elle avait envie, c’était un allié incontournable. C’était aussi un allié incontournable pour ce que je vis apparaître entre les jambes de Noémie, qui revint à ce moment. Elle avait enfilé un dildo à sangles, d’allure très confortable pour la porteuse et passablement redoutable pour la personne à qui il était destiné. L’objet mauve ne laissait aucun doute sur l’utilisation qu’elle comptait en faire. Ou du moins, j’espérais qu’il ne me soit pas réservé.


Nous dûmes nous astreindre à quelques ajustements de position pour bien pratiquer ce qui avait germé dans l’esprit lubrique de ces femmes. Ce fut Noémie qui s’allongea sur le dos, là où j’étais quelques minutes auparavant. Sophie reprit sa position de cavalière, au-dessus de celle-ci. Je la regardai s’introduire Étienne, tout recouvert de lubrifiant, descendre lentement sur lui, le pressant du même coup sur Noémie. Je compris par la suite qu’Étienne glissait aussi en Noémie à ce moment, sous la pression exercée par celle qui la dominait. Cet Étienne pouvait réaliser ce qu’aucun homme ne pouvait accomplir, en pénétrant deux femmes à la fois. C’était une vision hypnotisante que de le regarder disparaître dans leurs corps, sous leurs roucoulements et soupirs communs, ce qui fit gonfler leurs poitrines, tendre leurs mamelons, épanouir leurs visages. C’était totalement pornographique comme tableau, érotique à en rendre l’âme. Et pourtant, ce n’était que le début.


Ce n’était que le début, car maintenant que la table était mise, j’en déduis que c’était à mon tour de me joindre au festin. La demande que Sophie m’avait faite plus tôt devint d’une logique implacable. Elle me voulait là où il y avait encore de la place, elle tenait à ce que je comble le vide qui restait en elle, que je l’emplisse, qu’elle soit gorgée et envahie de toute part. Quand elle fut confortablement installée, elle se pencha sur le corps qu’elle surplombait pour me donner accès à cet autre derrière.



Dur comme jamais, excité à l’extrême, mais pourtant tout en contrôle, je me poussai en elle, progressant lentement, laissant le temps à son corps d’absorber peu à peu un deuxième phallus. Je me sentais contraint par ce qui était déjà présent en elle, ce qui me compressait et me poussait vers ses reins. Sophie gémit tout au long de mon introduction, d’un long râle rauque et pourtant strident de perversion. Elle était secouée de spasmes incontrôlables qui faisaient bouger Étienne en elle, ce qui me faisait exercer des pressions diverses dans son fond, ce qui générait de nouveaux tremblements, et ainsi de suite. Elle semblait sollicitée au-delà de sa capacité cognitive, le visage de Noémie à peine visible sous la chevelure noire de mon amante m’apparut exulté, et je haletais pendant que je fondais en elle. Cette seule mise en place, accompagnée des lamentations bestiales de Sophie, faillit nous faire exploser tous les trois.


Lorsqu’un calme bien relatif nous eut enveloppés et qu’un équilibre précaire d’état d’excitation se fut installé, ce fut Noémie qui bougea en premier. Je sentis son gode sortir, me redonnant un peu d’espace, faisant quasiment piaffer Sophie de surcharge sensorielle. Quand elle fut presque sortie, elle revint et j’en profitai alors pour commencer à me retirer. Ainsi de suite, nous empalions Sophie à tour de rôle, sous ses soupirs d’encouragement. Notre reine devait rester immobile pour nous permettre de mieux la servir, ce qui semblait être une épreuve extrême. Son dos se cambrait sous mes poussées, s’arrondissait sous celles de sa compagne, en un rien de temps elle se couvrit de sueur, gémissant, mordant oreiller et draps pour éviter d’alerter les voisins. Quand elle le pouvait, elle léchait Noémie ou m’agrippait une fesse pour m’encourager à la prendre plus fortement. Je crois qu’elle fut prise d’une série d’orgasmes, qui duraient et duraient, qui la firent ricocher en une myriade de bonds sur nos corps comme un galet le fait sur l’eau d’un lac.


Ma comparse et moi étions sans merci, sans retenue, pilonnant en cœur celle que nous aimions tant, lui offrant toute l’extase dont elle voulait se gaver. C’était décadent à l’extrême. Nous étions maintenant tous les trois assez vocaux, je découvrais toutes les tonalités de la voix de Noémie, de ses petits halètements à ses jurons d’incrédulité.



En guise de réponse, elle ne fit que hocher la tête et mordre à nouveau son oreiller.


Les jambes de Sophie faiblirent et elle tomba sur le côté. Nous la suivîmes et la prîmes en sandwich, me collant à son dos et Noémie à son torse, toujours à battre une cadence impitoyable. Mais je sentais que je n’en pouvais plus, que tout ce sexe, ces deux corps gigotant à mes côtés, les doigts de Noémie triturant les seins de Sophie, Sophie tantôt suçant ceux de sa conjointe, tantôt l’embrassant à pleine bouche de manière complètement déjantée, ses ongles dans mes fesses allaient me faire perdre la tête. J’agrippai un bras qui passa par là, un bras appartenant à Noémie. Je m’y accrochai alors que je rendais mes derniers coups de bassin. Tout mon corps se tendit, ce qui infailliblement fit gémir Sophie de plus belle. J’éclatai, comme si c’était tout mon être qui se déversait en elle. Elle se cambra, poussant le plus primal des cris que j’aie entendus. Je tirais Noémie pour tenir Sophie contre moi, pour l’accompagner au paroxysme de sa débauche. Nous jouîmes comme deux bêtes rugissantes. Noémie nous rejoint peu de temps après, ses secousses se répercutant à travers Sophie jusque dans mes os. Puis, ce fut le calme plat.


* * *


Nous restâmes incrustés les uns dans les autres pendant un long, long moment, à flotter. Je crois même que nous piquâmes un bon clou, tous les trois. Nos mains reprirent vie lentement, caressant doucement les corps empêtrés. Noémie est celle qui retrouva ses esprits en premier. Elle articula, laborieusement, la bouche pâteuse :



Sophie et moi pouffâmes de rire.



Je croyais que Sophie lui avait raconté nos aventures, mais je réalisai qu’il n’en était rien. Autant elle était discrète avec moi sur ses moments avec Noémie, autant elle l’était avec elle sur les moments me concernant. À la différence que j’écrivais anonymement sur un site de nouvelles érotiques, et que je n’étais pas anonyme pour elle. Elle en savait donc beaucoup…


Cet ébat homérique avait taxé quelques-uns de mes muscles. C’est fou ce que l’amour peut faire tenir comme position, et comment la douleur peut être inhibée par le plaisir montant. Mais après l’orgasme, toutes les terminaisons nerveuses qui avaient vu leurs signaux ignorés se font entendre. J’avais besoin de m’étirer un peu pour ne pas risquer la crampe.


Je me retirai du corps de Sophie, à regret malgré tout. Après un dernier baiser sur son épaule, je me levai, et allai à la salle de bain. Une deuxième douche s’imposait. Sous l’eau chaude, mes muscles endoloris se calmaient un peu.


Quand je sortis, j’entendais ronfler à l’autre bout de l’appartement. Un coup d’œil discret me montra les deux femmes encore enlacées amoureusement, dormant à poings fermés. Sophie avait probablement succombé à une surdose d’endorphines, et j’imaginais que Noémie avait dû tomber de fatigue après son long voyage et l’énergie qu’elle venait de brûler à satisfaire son amoureuse. Je ne savais pas à quelle heure elle devait partir pour prendre son avion, mais j’estimai qu’elle était assez grande pour se gérer elle-même.


Je m’habillai et je quittai l’appartement, même s’il n’était que midi. Je ne voulais pas m’imposer davantage auprès de Noémie. J’avais été une troisième roue à leur carrosse qui avait probablement été bien commode. Maintenant que j’avais rempli mon rôle, elle voulait peut-être avoir du temps, seule avec son amoureuse. Sophie voulait aussi probablement pouvoir dire « je t’aime », au singulier.


Je refermai la porte derrière moi, après avoir laissé un petit mot sur la table. Quelque chose de banal, dont j’oubliai assez rapidement la substance, encore abasourdi par ce que je venais de vivre. C’était quelque chose qui souhaitait bon voyage à Noémie et offrait mes meilleurs vœux à Sophie pour son anniversaire. Bien entendu, j’oubliai d’offrir à Sophie le cadeau que je lui avais apporté. Même si je n’avais pas besoin d’une raison particulière pour revenir la visiter, cela me donnerait un prétexte supplémentaire.


Je grimaçai en m’asseyant sur mon vélo. Sophie avait laissé sur une de mes fesses la marque sanguinolente non pas de ses dents, comme je l’avais appréhendé, mais de ses ongles. Je n’avais pas eu connaissance du moment où elle m’avait griffé de la sorte, comme quoi toutes les sensations sont relatives. C’était interdit de laisser sa trace ainsi, mais c’était un magnifique souvenir de notre trio de feu, qui n’avait vraiment rien à voir avec celui du Canadien de Montréal. Ce premier trio, je pourrais en parler des heures et des heures, si ce n’était que je devais le garder secret.