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n° 21583Fiche technique28270 caractères28270
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Temps de lecture estimé : 20 mn
04/03/23
Résumé:  Claire voulait tout savoir de ma vie passée, je ne lui ai jamais rien caché… Enfin, chacun son jardin secret. Elle était plus discrète, son jardin à elle était plus grand que le mien, beaucoup plus grand.
Critères:  #drame fh fhh boitenuit amour humilié(e) jalousie dispute -extraconj
Auteur : Patrick Paris            Envoi mini-message

Série : Mémoire vive

Chapitre 01 / 02
Le pouvoir de l’oubli

J’ai rencontré Claire un peu par hasard, dans la file d’attente d’un cinéma de quartier. Nous avons discuté du film, du réalisateur, des acteurs, histoire de passer le temps. Dans la salle, elle est allée s’asseoir tout au fond, moi j’aime les premiers rangs. À la sortie, elle avait disparu.


Le hasard est grand, le dimanche suivant était jour d’élection, le pays renouvelait ses députés. En sortant de l’isoloir, je tombe face à face avec elle, elle venait de glisser son bulletin dans l’urne. C’est elle qui me reconnaît, elle qui attend que je finisse mon devoir électoral pour m’inviter à prendre un verre au café en face de l’école.


Nous n’avions ni l’un ni l’autre envie de nous quitter, il faisait beau, je l’ai invitée à déjeuner. Nous avons passé l’après-midi ensemble. Le soir, elle a voulu me montrer ses talents de cuisinière, son studio n’était pas très grand, mais son lit suffisant pour deux. Je ne l’ai quittée qu’au petit matin.


C’est peut-être ça le coup de foudre.


C’était il y a un peu plus de quatre ans. Elle a rapidement abandonné son studio témoin de nos premières amours pour s’installer chez moi. J’ai dû lui céder la moitié de mon armoire, enfin, un peu plus, mais j’étais heureux. J’avais trouvé la femme de ma vie, et je crois qu’elle avait trouvé l’homme de sa vie.


Ses parents m’ont rapidement adopté, les miens étaient heureux pour moi, même ma mère trouvait que c’était la femme idéale.


Au début de notre relation, elle voyait assez souvent son amie Laura avec qui elle avait fait toutes ses études à la fac. En les entendant s’échanger des confidences, j’ai vite compris qu’elles avaient eu une vie étudiante agitée, que je n’étais pas son premier homme. Je n’allais pas m’en offusquer, elle n’était pas non plus ma première conquête. Nous avions eu une vie avant.


Elle voulait tout savoir de moi, je ne lui ai jamais rien caché… Enfin, pas tout à fait tout : chacun son jardin secret. Elle était plus discrète sur sa vie passée, son jardin à elle était plus grand que le mien, beaucoup plus grand. Je n’ai jamais su le nombre de ses prétendants ni si elle avait été en couple avant moi. C’était sa vie, je n’ai jamais voulu être trop curieux.


Je ne sais pas pourquoi, mais je n’aimais pas beaucoup Laura, témoin de leurs soirées. Enfin, j’ai été soulagé le jour où Claire m’annonça qu’elle déménageait, ayant trouvé un travail dans sa province natale.


Le mariage était le dernier de nos soucis. Nous nous sommes pacsés l’année dernière pour faire un peu comme tout le monde. Sans parler de monotonie, notre vie s’installait dans une certaine habitude, entre les soirées entre amis, quelques sorties, sans oublier les courses et le ménage, comme tous les couples.


Nous avions un bon travail tous les deux. Mes responsabilités m’obligeaient à des déplacements fréquents un jour par semaine en Province, parfois, je passais la nuit sur place. Claire était sur un grand projet depuis plus d’un mois qui l’obligeait à finir tard certain soir. Heureusement, nous nous réservions quelques week-ends en amoureux. C’est d’ailleurs au cours d’un de ces week-ends que nous avons émis l’idée de fonder une famille, une vraie.



---oOo---



J’espérais bien ne jamais revoir Laura, le sort en a voulu autrement. Un soir, Claire m’annonce toute joyeuse que son amie est de retour à Paris, elle a loué un petit appartement près de son travail. Elles se sont vues à midi, et ont prévu une sortie entre filles le samedi suivant.


Dire que j’ai bondi de joie serait excessif, je m’organisais donc pour passer cette journée tout seul.



J’en profite pour ranger mes affaires et faire un peu de ménage, elle sera contente.


La journée passe assez vite. Claire devrait bientôt arriver, les bras chargés de paquets. Je l’attends sans oser lui téléphoner, ni lui envoyer un SMS, elle n’a pas dû oublier que nous avons prévu d’aller au cinéma ce soir.


Enfin, mon téléphone sonne, c’est bien elle.




En arrivant dans la boîte, je cherche Claire dans la pénombre. Elle est dans un coin, affalée sur une banquette dans une tenue que je ne connais pas, aux côtés de son amie Laura et de deux hommes, certainement leurs deux amis. Ils ont l’air bien joyeux, Claire rit un peu trop fort à la moindre blague. Lorsqu’elle m’aperçoit, elle se lève d’un bond avec un grand sourire, se pend à mon cou et m’embrasse à pleine bouche sans aucune retenue. J’en suis presque gêné. Elle sent l’alcool et elle a fumé, ce n’est pourtant pas dans ses habitudes.



Laura se lève pour me faire la bise, elle a l’air heureuse de me revoir. Les yeux brillants, elle a du mal à se tenir debout. Les deux hommes sont des amis de fac, Fabrice et Tonio. Le sourire qu’ils me lancent ne me plaît pas du tout. D’où sortent-ils ? Je n’en ai jamais entendu parler.


Laura se pousse pour me laisser une place à côté de Claire. Sans avoir rien commandé, un serveur pose devant moi un verre, certainement de la même mixture alcoolisée que sur toutes les tables. J’ai l’impression que Claire n’en est pas à son premier, ses amis non plus. La musique est assourdissante, j’en profite pour lui parler à voix basse :



Elle ouvre son chemisier, laissant échapper un sein. Assis en face, Fabrice et Tonio ont l’air d’apprécier.



Ainsi, elle était seule avec Fabrice, quasiment nue. L’alcool rend loquace, elle ne se rend pas compte de ce qu’elle est en train de me dire. Tant pis, je veux tout savoir :



Je n’imagine rien, ou plutôt, j’imagine tout. J’essaie de garder mon calme pour ne pas lui faire une crise de jalousie pour rien.


Sur la piste, Tonio et Laura sont dans un groupe qui danse sur un tube de Claude François, un peu vintage, le disco a toujours autant de succès. Fabrice ne tient plus en place, il saisit la main de Claire :



En haussant les épaules, Fabrice rejoint ses amis sur la piste. Je n’en crois pas mes yeux, en dansant, Fabrice s’est rapproché de Laura et la caresse devant Tonio, hilare. Un coup d’œil à Claire, elle n’a pas l’air d’être choquée.


La musique s’arrête. Laura essoufflée tombe dans les bras de Fabrice qui en profite pour l’embrasser avant de nous rejoindre à notre table.


Fabrice s’assoit à côté de Claire, et tout naturellement, pose sa main sur sa cuisse :



Claire sourit sans s’offusquer de sa familiarité. Elle ne fait pas attention au regard que je lui lance.


Fabrice allume un joint, ses joues se creusent, il aspire, les yeux fermés, et se tourne vers Claire qui ne se fait pas prier. Elle se penche, Fabrice lui fait prendre une bouffée directement entre ses mains, leurs visages sont presque en contact.


Je suis mal à l’aise, c’est la première fois que je vois Claire se conduire de cette manière, j’essaie de la retenir :



Deuxième bouffée, cette fois, Fabrice prend le visage de Claire entre ses mains, pose ses lèvres sur les siennes et, après un long baiser, c’est lui qui rejette la fumée qu’elle vient d’absorber.


Je sursaute, en la tirant par le bras :



Avec ce qu’elle a bu, a-t-elle conscience de ce qu’elle fait, de ce qu’elle dit ?


Je ne veux pas faire de scandale ni passer pour l’empêcheur de tourner en rond, le jaloux de service, mais j’ai hâte de rentrer avant que cela ne dégénère. J’ai envie de quitter au plus vite ses amis qui décidément ne me plaisent pas du tout.


J’attendrais demain pour avoir une vraie discussion avec elle, ce n’est pas le moment, alcool et drogue ne font pas bon ménage. J’avais raison de me méfier de Laura.


Demain, Claire aura une sacrée gueule de bois, et aura honte de sa conduite, si elle s’en souvient.



La lumière baisse, une série de slows commence. Sur la piste, les corps se rapprochent.


Fabrice tire Claire par la main et l’entraîne. Elle le suit machinalement sans même me regarder.

Bras autour de son cou, elle se colle à lui, pose sa tête contre son épaule et se laisse bercer par la musique. Fabrice, non content de la tenir serrée contre lui, passe sa main sur son dos et la pose sur ses fesses, sans aucune réaction de sa part. J’imagine qu’il bande, elle ne peut l’ignorer.


Tonio regarde en l’air, il a l’air de planer… il en tient une belle, lui aussi ! Comme Laura qui se rapproche de moi, je dois avoir l’air renfrogné :



Comprenant le double sens de ce qu’elle vient de dire, elle pouffe de rire, posant sa main sur sa bouche. Je n’ose l’interrompre, elle en dit plus qu’elle ne devrait :



Un mois ? Je blêmis. Cela fait un mois qu’ils se sont revus, un mois qu’elle me ment. Sans se rendre compte de mon trouble, Laura est intarissable :



Sur la piste, Fabrice soutient Claire plus qu’il ne danse, sinon elle ne tiendrait pas debout. Sa main, toujours sur ses fesses, il l’embrasse dans le cou. Nos regards se croisent, j’ai l’impression qu’elle ne me voit pas.


Laura pose sa main sur mon bras, elle continue ses confidences :



Je n’arrive pas à croire tout ce que dit Laura. J’ai envie de me boucher les oreilles. Claire, ma Claire, c’est pas toi.



Je m’arrête net en voyant sur la piste Fabrice qui essaie d’embrasser Claire, elle détourne la tête, mais ne réagit toujours pas à la main qui maintenant la pelote ouvertement.


Trop, c’est trop, tant pis pour le scandale. Je tente de me lever pour intervenir, mais Laura me retient.



Sa réflexion est loin de me rassurer, je veux savoir :



De pis en pis, je suis consterné. L’alcool et la drogue n’expliquent pas tout, n’excusent pas tout.


Laura parle toute seule, les yeux dans le vague. Son haleine dégage des vapeurs d’alcool. Je la repousse délicatement. S’adresse-t-elle encore à moi ?



La musique s’arrête, interrompant notre discussion. J’en sais assez, trop même. Il faut vraiment partir, mettre un terme à cette soirée. Ce n’est pas un simple dérapage dû à l’alcool, Claire me trompe depuis un mois, elle me ment, je comprends ses retards. Il faudra qu’elle m’explique.


Encore sous le choc, je vois Claire et Fabrice revenir à notre table la main dans la main. Mon cœur se serre, une boule au creux de l’estomac.


Claire sourit, mi-gênée, mi-radieuse. Elle se blottit contre moi, se fait câline. Elle sait que je l’ai vue :



Je remarque à nouveau la main de Fabrice posée sur sa cuisse. Je rêve, ou plutôt, je vis un cauchemar, elle se laisse caresser en me parlant, sans aucune réaction.



C’est le moment choisi par Fabrice pour déclarer très fort :



C’est plus un ordre qu’une question. Laura et Claire acceptent d’une même voix, le regard luisant.


Pas question. J’essaie de retenir Claire par la main. Pour ne pas la brusquer, je lui parle d’une voix douce :



J’essaie à nouveau de la tirer vers moi. Elle me repousse, et suit Fabrice et Tonio qui, déjà, se dirigent vers la sortie :



Mais déjà, elle ne m’écoute plus, Fabrice l’entraîne vers sa voiture.


Laura me sourit :



Sur le parking, Tonio et Laura sont déjà installés dans la voiture de Fabrice. Je tente une dernière fois de raisonner Claire. J’ouvre la porte de notre voiture, espérant la faire changer d’avis :



Sans me répondre, Claire monte à côté de Fabrice qui démarre en trombe.


Je démarre tout aussi rapidement, et le colle dès la sortie du parking. Il accélère. Ses deux feux arrière me permettent de les suivre sans savoir où je vais, mais au bout de quelques minutes, je m’aperçois que je me suis trompé de véhicule, je les ai perdus, où sont-ils passés ?


Elle a dit « Chez Fabrice », mais où habite-t-il ? Je ne le connais pas ce type. J’envoie un SMS à Claire, j’essaie de lui téléphoner, elle ne répond pas. Je suis furieux contre ses amis, contre elle, contre Laura, contre moi.


Sans aucune nouvelle, ne sachant plus quoi faire, je rentre chez nous. Si elle a retrouvé ses esprits, peut-être que… je me berce d’illusions. J’essaie à nouveau de la contacter, dix fois, vingt fois, sans succès. Pourtant, en arrivant, ils ont bien dû s’apercevoir que je n’étais plus derrière eux.


Je ne sais plus quoi faire, je tourne en rond dans notre appartement, espérant je ne sais quel miracle. Je regarde ma montre toutes les cinq minutes. Claire, où es-tu ? Que fais-tu ? De fatigue, je m’écroule tout habillé sur notre lit.



Je me réveille tôt, impossible de dormir. Seul devant un café bien fort, j’essaie de remettre mes idées en place, comprendre comment cette soirée a dérapé. Ce n’est pas possible, depuis un mois, Claire me trompe et me ment. Son soi-disant grand projet, c’était Fabrice. Ses réunions, le soir, c’était encore Fabrice.


Je repense à un déplacement qui m’a obligé à passer une nuit à l’hôtel, elle en a sûrement profité pour passer la nuit avec Fabrice, ou pire, à quatre avec Laura et Tonio, comme cette nuit. Plus question de mettre sa trahison sur le compte de l’alcool.


C’est fini entre nous, pas de pardon possible. Adieu notre couple, nos projets, elle vient de tout foutre en l’air. J’envisage déjà d’aller voir un avocat. Pas besoin d’avocat pour casser un pacs, juste une formalité administrative. Demain, j’irais me renseigner à la mairie.


Machinalement, je prends une valise et un grand sac, et vide sa penderie et ses tiroirs. J’ai le cœur gros en voyant ses tiroirs vides, mais je suis décidé… Dehors, je la fous dehors dès qu’elle rentre, si elle rentre. Affalé dans un fauteuil, la tête entre les mains, j’éclate en sanglots.


Vers onze heures, mon téléphone sonne enfin, c’est elle :



Je ne lui laisse pas le temps de terminer sa phrase :



Ne pouvant me retenir, je crie dans l’appareil :



J’entends des voix à côté d’elle, puis un bip, elle a raccroché.



---oOo---



Les heures tournent lentement, elle n’est toujours pas rentrée. Notre conversation m’a anéanti. Je crois que je l’aime toujours, mais impossible de lui pardonner ! Elle me trompe et me ment depuis plus d’un mois, et elle a passé la nuit avec deux hommes.


Hier, Laura et Claire ont parlé à tort et à travers sous l’effet de l’alcool, sans cela, je n’aurais jamais rien su. Combien de mensonges aurait-elle encore inventés, jusqu’à quand ?


Plus le temps passe, plus j’enrage. Ils ont dû recommencer, cette fois, elle ne pourra plus dire qu’elle avait bu. Je la maudis, ma décision est prise, c’est fini, fini, fini, je ne pourrais jamais lui pardonner.


Enfin, le téléphone sonne. Quelle salade va-t-elle encore trouver pour expliquer son retard ? Ce n’est pas Claire, c’est la Gendarmerie qui m’annonce que Claire vient d’avoir un accident de voiture, elle est à l’hôpital :



Dans le hall de l’hôpital, deux gendarmes en uniforme s’avancent vers moi.



Le docteur m’explique que Claire n’a aucune séquelle physique grave, juste une petite plaît à la tête. Mais elle est très faible, elle devrait dormir jusqu’à demain.


J’ai mal pour elle, je l’aime et je la hais. Je reste dans sa chambre à la regarder. Spectacle effrayant, la perfusion et les câbles reliés aux écrans de contrôle. Sa respiration est faible, mais régulière.


Je m’interroge : « Qui es-tu, Claire, ange ou démon ? Ma tendre épouse ou une salope qui couche avec n’importe qui ? J’ai l’impression de ne pas te connaître. Tu as détruit notre couple, pourquoi avoir voulu revivre ton passé ? … Tes valises sont prêtes, en sortant, tu iras où tu veux, chez tes parents, ta sœur, une amie, je m’en fous, ta vie t’appartient maintenant. Tu n’es plus ma femme ».


L’infirmière me tire de mes pensées funèbres :



Je rentre chez moi, sans savoir quoi penser… totalement perdu. Au milieu du salon, je bute dans la valise et le sac que j’avais préparé avec toutes ses affaires. Tout est fini entre nous.


Machinalement, je prépare un petit sac que je porterai demain à l’hôpital.


Le lendemain, le médecin me prend à part en arrivant :



Je suis abasourdi.



Je suis sonné. Ce qui est arrivé à ces mecs m’importe assez peu, tant pis pour eux, j’en suis presque heureux. Pourtant, il ne le mérite pas, c’est Claire, la fautive, et Laura, pas eux. Ils ont juste profité de la situation.


Claire m’inquiète, je ne lui veux pas de mal. J’entre dans la chambre, elle ne dort pas, une infirmière est à son chevet et lui parle doucement. Elle tourne la tête vers moi. Encore sous l’effet des médicaments, son visage ne reflète aucune expression :



Elle ne m’a pas reconnu. Le médecin espérait un choc psychologique qui n’a pas eu lieu. J’ai envie de pleurer.


Moi qui ne voulais plus la voir, c’est elle qui ne me voit pas, je ne suis plus rien pour elle. Elle ne doit pas non plus se souvenir de ses amis.


Elle me dévisage comme si c’était la première fois. On sent qu’elle fait un effort pour se souvenir. Il faut que je lui parle, mais quoi dire ? Des banalités, quelques mots, sans élever la voix ni lui reprocher sa conduite. Comme me l’a conseillé le médecin, ne pas lui parler de ses amis, elle ne sait pas qu’ils sont morts ni que Laura, dans le coma, ne se réveillera peut-être jamais.


Elle m’écoute, hoche la tête et me sourit :



Elle semble réfléchir à cette nouvelle situation qui la perturbe :



Elle semble perdue dans ses pensées. Je me demande si les mots ont encore un sens pour elle. Elle sourit toujours, ferme les yeux et se rendort.


Une infirmière entre :



Elle me laisse seul avec Claire, je suis devenu un étranger pour elle. Je la regarde sans vraiment la reconnaître. Elle n’est plus la Claire que j’ai épousée, mais surtout plus la Claire qui m’a trompé, plus la salope de la soirée avec Laura et ses amis.


Je me sens complètement perdu, la tête vide, aussi vide que la sienne. J’ai de la peine pour elle. Que va-t-elle devenir ? Je ne peux pas l’abandonner.


Me rappelant nos années de bonheur, je rapproche mon fauteuil de son lit. Je lui dis tout ce que j’ai sur le cœur, ma colère, ma tristesse, ma déception, mon amour. J’aimerais qu’elle ne retrouve jamais la mémoire, j’aimerais comme elle pouvoir tout oublier.


Lui prenant la main, je dépose un baiser sur son front : « Claire, repartons à zéro ».