n° 21610 | Fiche technique | 37507 caractères | 37507Temps de lecture estimé : 26 mn | 13/03/23 |
Résumé: Chaud-froid pour Françoise et Théo, chaud bouillant pour leurs amis. | ||||
Critères: fh jeunes mélo | ||||
Auteur : Claude Pessac Envoi mini-message |
DEBUT de la série | Série : Méli-mélo trémolos Chapitre 01 / 04 | Épisode suivant |
Bon dieu, que cette fille est belle ! Une madone ! Une madone, méditerranéenne peut-être, vu son teint mat. Cette fille, c’est la grâce, l’élégance, la féminité absolue. Rigolo tout de même ce duo de copines : la petite Espagnole est blonde et teint clair, une vraie gretchen, la Française, Françoise, est indéniablement typée Espagnole ! Bon, de notre côté, Jean-Philippe et moi, c’est pareil : lui, le breton, petit mètre soixante-dix, trapu et un air de mafioso calabrais, moi, l’italien pure souche, grand escogriffe blond genre viking !
Comme il l’espérait, Françoise est venue le rejoindre dans le patio.
Qui m’aime me suive, ai-je dit avant de sortir : elle m’a suivi…
Glinck, vous avez gagné une étoile *. D’accord, c’est une toute, toute petite étoile dans ma conquête du Graal ! Et la règle du jeu ne dit pas combien il faut d’étoiles pour décrocher un cœur♥, ni combien de cœurs il faut pour un premier baiser. Ce n’est pas expliqué. Alors, pour accéder au Saint des seins et au barbu, je n’ose même pas y penser ! Mais bon, ce n’est vraiment pas ma préoccupation immédiate ! Chaque chose en son temps !
Théo rit.
Françoise a compris l’invite et secoue la tête en souriant. Elle coupe court :
La longue demoiselle brune lâche un petit rire faussement réprobateur en hochant doucement la tête. Du bout des doigts et d’un mouvement d’épaule, elle ramène la masse de ses longs cheveux derrière son oreille droite, geste élégant, empreint de féminité.
Quelle grâce, quelle élégance ! Cette fille est l’incarnation absolue de la féminité ! La douceur de son regard, la délicatesse de ses gestes, la volupté de sa voix, tout en elle est perfection… Une madone angélique !
Oh-oh, elle veut que je lui mette les points sur les i ! Ben, pourquoi pas !
Sciée, la brunette ! Elle en reste comme deux ronds de flans !
Vu sa taille, ces surnoms coulent de source : Françoise est quasiment aussi grande que moi. Des filles qui flirtent avec le mètre quatre-vingt, ça sort de l’ordinaire !
La belle continue :
Planche à voile ! Je me retiens de rire ! Mais bon, c’est vrai que côté nibards, y a comme un défaut. Françoise est dotée de parechocs totalement intégrés à la carrosserie. À peine affleurant. Type boucliers R5. Rien ne dépasse, ou si peu…
Pauvrette, j’imagine la scène… et son désarroi ! Cela dit, elle est cash, la nana : déballer des trucs pareils à un quasi-inconnu, ce n’est pas banal ! Je ne l’imaginais pas aussi directe ! Ni aussi véhémente, d’ailleurs, parce bon, elle ne plaisante pas, elle est plutôt colère ! Je comprends, mais quand même !
Françoise prend une lourde respiration :
Françoise le regarde, sourcils froncés.
Tu seras gâté elle a dit ! Je prends ça pour une victoire. Glinck, vous avez gagné une nouvelle étoile *
M’ouais, pas sûr que la situation tourne vraiment en ma faveur… Qu’est-ce qui lui prend ? Elle a un problème avec les mecs ?
Théo est littéralement ahuri par la question :
Oh-là, ça devient bizarre cette conversation !
Je commence sérieusement à me poser des questions : elle ne serait pas un peu cheloue, la nenette, non ?
Mais d’où qu’elle sort ? Elle est d’une agressivité, la meuf, ce n’est pas possible ! Elle n’est pas cheloue en fait, elle est complètement chtarbée, cette gonzesse ! C’est quoi, une chienne de garde ? Une féministe enragée ?
Françoise ne moufte pas, mais ses yeux lancent des éclairs.
Putain, elle m’a chauffé la grande saucisse ! Tu parles d’une madone angélique ! C’est quoi ? Une catho intégriste ? Eh, atterrit Esméralda, on est plus au Moyen-Âge !
Françoise ricane, l’air mauvais :
Non, mais elle vraiment con ou elle le fait exprès ? Holà-là, marre de cette nana-là ! Putain, je me suis planté grave à son sujet ! C’est une tarée absolue ! Mec, perds pas ton temps, dégage vite fait ! Hey, vous, vous pouvez ramasser vos étoiles : tilt – game over ! Je ne joue plus !
Théo tourne les talons, mais Françoise le rattrape par le bras.
Désarçonné, Théo la regarde en soupirant et en haussant ostensiblement les épaules :
Il réfléchit quelques instants. Elle veut savoir ? Tout compte fait, pourquoi pas ! Rien à battre !
Pas de réaction, la madone des sleepings ne bronche pas d’un cil ! Poker face, un peu boudeuse tout de même, genre Vénus de Milo : Les bras m’en tombent ! pense Théo.
La baffe résonne dans le patio. Une magistrale, une monumentale, une énooÔoorme claque qui lui dévisse la tête à moitié. Elle n’y est pas allée de main morte, la Françoise !
Putain, j’l’ai pas volée, celle-là !
oooOOOooo
Le shampooing de Théo avait fait son effet ! Sitôt leurs chaperons disparus dans la cour du troquet, Alejandra avait éclaté de rire en voyant l’air ahuri de JP.
Bien décidée à suivre les instructions de Théo, la jeune fille avait attrapé la main de son vis-à-vis et, se relevant à demi, elle lui avait collé un poutou furtif sur les lèvres. Sans lui laisser le temps de réaliser son bonheur, elle l’avait entraîné à l’extérieur.
« À gauche, trente mètres, un porche… »
Alejandra s’était calée dans le renfoncement, attirant son amoureux à elle. Les lèvres s’étaient trouvées, timidement, baisers hésitants, d’abord, maladroits, mais leurs faims avaient précipité le mouvement. Longuement, longtemps, ils s’étaient embrassés, saoulés l’un de l’autre, époumonés. Parcourus de frissons délicieux, genoux tremblants, mains affolées, au bord de la transe ultime, ils n’avaient pu se résoudre à se séparer : que leurs lèvres se disjoignent un instant, c’étaient pour mieux se souder encore, se mêler, se gourmander avec passion.
Pour sûr, leur urgence avait alors été d’effacer en quelques minutes toutes les frustrations qui les avaient taraudés pendant trois semaines. Oublier, annihiler les timidités pusillanimes qui leur avaient interdit de faire le geste, de dire les mots qui les auraient catapultés dans des lendemains qui chantent au petit matin de leurs sombres nuits d’angoisses fébriles.
Au diable cette timidité qui vous englue lorsqu’en face de vous un être vous apparaît totalement différent des autres, quelqu’un dont on ressent instantanément qu’il vous offrira bien plus que n’importe lequel autre. Et qu’elle se soit déjà trompée à plusieurs reprises ne vous empêche pas d’entendre la petite voix qui vous susurre « C’est lui – C’est elle ». Peu importe alors la durée du voyage promis, tour du monde en 80.000 jours ou croisière all inclusive de deux semaines, ce qui compte, c’est de prendre le départ d’une balade qui ne pourra être que différente de celles déjà vécues. Mais, face à cette promesse de grand amour, on est paralysé par la peur : « Et si je me trompais, si je me faisais juste des illusions ». Peur de rater la première marche de l’échelle de coupée, de s’étaler comme une crêpe au moment de l’embarquement. Peur d’être rejeté. Peur, c’est vraiment con, peur du ridicule. Comme si cela avait une véritable importance !
Il faut alors un coup de pouce, un coup du hasard ou une intervention inopinée pour franchir le pas. C’est bien ce que Théo avait fait en les mettant brutalement face à l’évidence.
Dans l’intimité relative du porche, saoulée, mais pas rassasiée de baisers, Alejandra avait compris que son urgence première était désormais comblée. Elle s’était sentie heureuse, merveilleusement heureuse, presque assouvie. Mais une urgence peut en cacher une autre, tout aussi impérieuse. La chaleur qui embrasait son bas-ventre l’avait stupéfiée : l’incendie de Rome n’était qu’un ridicule feu de camp scout en comparaison de celui qui désormais la carbonisait.
Alejandra avait été sidérée par ce nouveau besoin. Dans ses nuits les plus agitées, ses rêves avaient été purs. Enfin, plus ou moins… Raisonnablement, dira-t-on. Elle n’avait projeté que des images de tendresses, baisers relativement chastes, étreintes passionnées. Elle s’était régalée d’avance de câlineries presqu’innocentes qui petit à petit, tranquillement, sans se presser, les mèneraient voluptueusement vers le corps à corps final. Carpe diem : savourer chaque petit bonheur qui passe à portée de main. Non, pas de sexe dans ses envolées nocturnes, pas de « turpitudes » comme dirait sa mère. « Une jeune fille de bonne famille n’a pas ce genre de pensées et y maintienne sus manos sobre la manta (et garde ses mains sur la couverture) » aurait ajouté sa tante religieuse. Pour autant, non, elle n’avait pas empêché ses mains de glisser entre ses cuisses pour circonscrire le désir que ses émois romantiques avaient inéluctablement fait naître. Mécaniquement. Non, elle n’avait pas interdit à ses doigts de l’affoler en parcourant ses nymphes inondées et n’avait pas eu de fausse honte à exploser dans les étoiles. Mais même là, le film était resté très édulcoré, tout juste rose : on suggère, mais on ne montre rien !
Toutefois, aussi tempérés qu’aient pu être ses fantasmes, force lui était de constater que le désir qui la chavirait désormais ne pourrait rester inassouvi ! Prenant son amoureux par la main, la jeune fille l’avait entraîné dans une course folle dans les rues de la ville. Course ponctuée d’arrêts fréquents, il fallait bien reprendre son souffle de temps en temps. Cela dit, pas sûr que les salades de museaux que les tourtereaux s’offraient alors ne leur permettaient guère de s’oxygéner véritablement…
oooOOOooo
Dans l’ascenseur qui les conduit au cinquième, les patins sauvages sont accompagnés de caresses désormais très précises. Si JP laisse une main musarder sur la courbe d’un sein alors que l’autre, sous la jupe troussée, jauge les rondeurs jumelles, Alejandra frotte allègrement son pubis rebondi sur l’entrejambe du jeune homme où un intéressant relief déforme la braguette. Quand les portes du lift s’ouvrent, Jean-Philippe range précipitamment ses mains dans ses poches et demande, inquiet :
Dans la chambre de la jeune fille, les vêtements ne tardent pas à voler : jupe, t-shirts et pantalon disparaissent, non sans quelques contorsions, les amoureux continuant à s’embrasser à bouche que veux-tu. Lorsqu’ils se retrouvent en sous-vêtements, Alejandra, une fois de plus, prend l’initiative : elle recule d’un pas et, sourire coquin aux lèvres, elle dégrafe vite fait son soutien-gorge avant de le faire voler dans les airs. Pour un peu, elle rirait tellement son bonhomme en reste bouche bée. Il faut dire qu’il y a de quoi : la blonde n’a pas besoin de bomber le torse pour l’épater, elle est dotée d’une paire de nichons de compète. Des obus, des pomelos, des melons d’eau couronnés de larges aréoles qui déjà s’étrécissent en framboises grenues.
Alejandra se colle à lui, l’embrasse avec fougue, mais n’oublie pas de faire glisser le slip de son compagnon.
JP est en effet très correctement équipé et son palonnier pointe à 130° ! En pleine forme !
Jean-Philippe panique un peu quand son manche est capturé par une petite main qui très vite s’avère experte. « Doucement, pense-t-il, excité comme je suis, je ne tiendrai pas longtemps ! Et il ne faut surtout qu’elle vienne me sucer, parce que là, je ne réponds plus de rien ! »
Pour parer à cette éventualité, le jeune homme pousse sa belle vers le lit. Le couple s’y allonge et Djip, ardent baroudeur, part directement à la conquête des monts blancs. Sa langue fait merveille sur les cabochons rosés, ses doigts légers fourmillent sur les courbes parfaites. Si bien qu’Alejandra s’abandonne, savoure ces délicieuses agaceries. Elle ne tente même pas d’attraper le gourdin, en stationnement périlleux sur son abricot enflammé. Stationnement périlleux, mais ô combien délicieux : à chaque mouvement de son amant, le mandrin agace merveilleusement une certaine perle sensible. Et ce ne sont pas les fines dentelles de son slip qui pourraient atténuer l’excitation prodigieuse de ces frottements excitants.
Alejandra savoure, déguste, se laisse faire. Elle connaît la précipitation parfois sauvage d’un nouvel amant et souhaite tester la patience de celui-ci. Saura-t-il donner avant de prendre ? Saura-t-il chercher son plaisir avant le sien ? Aussi, lorsqu’une main rampe sur son ventre, chemine vers sa colline boisée et tente de glisser dans le slip, elle remue légèrement des hanches et lâche un petit grognement vaguement réprobateur. Message reçu visiblement, les doigts s’éparpillent à droite à gauche, sans oser glisser sous l’élastique de la culotte. Ils reviennent ensuite doucement, glissent précautionneusement au-dessus des dentelles, varappent sur les contreforts du mont de vénus. Comme la belle ne bronche pas cette fois, les voilà qui crapahutent sur la colline, descendent et remontent le versant nord, poussant chaque fois un peu plus dans le dévers sud, vers le torrent tumultueux. Un petit soupir ravi d’Alejandra, des cuisses qui s’ouvrent insensiblement et deux doigts fripons, écartés en V, comprenant le signal, s’aventurent plus en bas encore, glissent sur les crêts dodus des grandes lèvres brûlantes. Les yeux clos, la blondinette se réjouit de ces caresses suffisamment malignes pour éviter son si sensible clitoris. Le moindre effleurement pourrait bien dans l’instant provoquer un séisme dévastateur. Trop tôt, il est bien trop tôt pour ça !
Jean-Phi est aux anges ! Les hérissements, frissonnant de la peau de sa douce, cette puissante chaleur qui sourd d’entre ses cuisses, ses petits gémissements et soupirs ravis le comblent de bonheur. Bonheur de répondre aux attentes de sa belle, de dénicher les points sensibles qui la font frémir d’aise et s’évader déjà vers des horizons radieux. Il n’en tire aucune gloriole, il n’a pas la mâle suffisance de certains fanfarons, conquistadors plus ou moins brutaux et égoïstes. Dès sa première expérience, il a compris que le bonheur de donner égale bien celui de recevoir, surpasse, et de loin, celui de prendre. Jean-Phi est allé à bonne école : son initiatrice avait su calmer ses impatiences adolescentes et lui avait patiemment effeuillé cette carte du tendre chantée par Moustaki quelques années plus tôt. Elle lui avait appris les tours et les détours, les sentiers cachés, les venelles étroites du corps féminin, ces parcours irradiants où des doigts effleurant hérissonnent le derme, allument tour à tour les lucioles du désir. Conquis, Jean-Phi en avait fait son Credo, et rien ne l’avait plus désarçonné que sa dernière partenaire, aventure d’un soir, surprenante gothique girl qui s’était avérée parfaitement insensible à ses agaceries câlines. Peu enclin à la brutalité qu’elle semblait attendre, il avait été incapable de la transcender et n’avait lui-même connu qu’un plaisir très mitigé dans sa jouissance simplement mécanique et finalement solitaire en fait. Il avait gardé un souvenir amer de cette aventure. Fort heureusement, la Catalane n’est pas du même calibre que l’excentrique pseudo-transylvanienne. Les arpèges qu’égrènent les doigts sur sa peau, sur ses plis et replis secrets, la chavire visiblement. Un enchantement pour JP, bien au-delà de ses rêves les plus fous. Ces rêves, qui ont peuplé ses nuits blanches, étaient pourtant largement plus épicés que ceux de sa compagne. Des longs métrages principalement, presque exclusivement, focalisés sur les seins de la demoiselle, ces flotteurs finalement plus fermes encore qu’il ne l’avait espéré. Des montgolfières qui, malgré leur cubage imposant, passeraient sans problème le test du crayon à papier !
Mais pour l’heure, les attentes pressantes du jeune homme se situent bien plus bas que le balcon orgueilleux : c’est le jardin d’Alejandra qui l’attire irrésistiblement. Jardinier dans l’âme, il s’avoue qu’il espère bien pouvoir le biner ! Comme quoi, être romantique n’interdit pas d’être grivois à l’occasion. L’occasion fait le luron, c’est bien connu…
Sa main droite ne tente plus donc de s’insinuer dans le goulet encore étroit des cuisses serrées et remonte doucement l’échelle des dentelles du frêle sous-vêtement. Comme de premières phalanges curieuses tentent de se glisser sous l’élastique du slip, Alejandra laisse échapper un petit « non » ! Un refus bien discret en fait, à peine soufflé, un dernier signe, pense Jean-Phi, juste avant de rendre les armes, ultime baroud d’honneur, de son honneur. Djip alors la bâillonne pour étouffer un nouveau refus, pensant que si elle ne veut réellement pas céder, un simple mouvement du bassin, une minuscule ruade suffira à l’arrêter. Mais quand ses doigts repartent à la charge, aucune rebuffade, bien au contraire : Alejandra s’abandonne, ses épaules se relâchent, sa tête bascule dans l’oreiller et son bassin vient à la rencontre du sien. Sans précipitation aucune, Jean-Phi fait glisser le cordon élastique sur les hanches, trousse le petit vêtement et ses doigts s’ébrouent dans la pelouse rase du pubis. Comme précédemment, il caresse le mont de Vénus, au contact direct de la peau désormais. Il temporise, flatte le monticule herbeux, comme on flatte l’encolure d’un cheval pour le calmer, le rassurer. C’est sa partenaire qui soudain prend l’initiative, elle qui se débarrasse prestement de l’inutile culotte, elle qui ouvre largement le biseau de ses cuisses.
JP se redresse un peu et l’air inquiet annonce :
Alejandra le coupe :
Jean-Phi aurait adoré laisser ses doigts musarder dans la combe ennoyée, plonger dans les flots de cyprine, découvrir la corolle de la fleur délicate, agacer son pistil. Mais il imagine qu’il en aura tout le loisir plus tard : « On n’en est qu’au début des… félicités et… ce que femme veut, JP le fait ! »
Il n’en mène pas large pour autant au moment de pénétrer l’antre mystérieux. Une plongée dans ce qui lui restera à jamais, il le sait, territoire vaguement inconnu, contrée aussi idyllique que mystérieuse dont aucun homme ne percera jamais l’entièreté des secrets, la totalité des arcanes. La gangue est étroite et serait sans doute impénétrable si des flots de miellat n’en facilitaient l’abordage. Le gland a franchi le seuil, mais JP hésite, le braquemart recule, comme pour prendre de l’élan. « Y aura-t-il un obstacle à éliminer ? » Il en doute, mais…
Alejandra se découvre à la fois totalement abandonnée et terriblement tendue. Confiante et inquiète. Comme si c’était sa première fois ! Elle se sait terriblement étroite et réalise qu’elle n’a guère eu le temps d’apprécier la pièce, de juger des proportions de la bête qui va l’envahir ! Mais bon, le gland a passé la porte sans encombre ! « T’es conne ma fille ! Jean-Phi, c’est pas Hulk tout de même ! ». Pas Hulk, mais quand la queue s’enfile en elle, elle sent parfaitement bien que le tunnel est pleinement rempli. Délicieusement comblé ! Prodigieuse sensation que leurs chairs fusionnées, amalgame conjugué de leurs désirs impatients. Chaque aller-retour, chaque coup de boutoir au fond de ses chairs intimes provoquent d’irrépressibles contractions de sa grotte. Les tressaillements de plus en plus rapprochés du braquemart l’affolent, sans parler des poils du pubis de Jean-Phi qui explosent son clito. La cavalcade ne durera pas longtemps, elle, tout autant que lui, vacille déjà au bord du précipice. La bascule est proche ! Trop d’attentes, trop d’espoirs quasi désespérés, trop de fantasmes accumulés pour ne pas céder vite, très vite !
Le plaisir les surprend de concert, explosion faramineuse des sens. L’orgasme les chahute en tous sens dans un univers sans repères ni pesanteur. Une féerie de lumières, une explosion de sensations parfumées.
Dans cette petite mort sidérante, où trouvent-ils la force d’unir leurs bouches, de mélanger leurs langues, de respirer l’un de l’autre ? Dans quelque chose qui dépasse leurs corps, abolit leurs chairs et fusionne leurs âmes dans une unicité partagée ?
oooOOOooo
Le lendemain…
Retour à la Boîte à Thé, seul établissement de la ville qui interdit de fumer à l’intérieur. « Pour ne pas dénaturer les parfums de nos thés d’excellence – Mais il est possible de fumer dans le patio… » annonce un panonceau à l’entrée.
Théo a suivi Alejandra. Comme toujours, l’ambiance est feutrée dans le salon de thé : les buveurs d’eau chaude sont des gens tranquilles en général. Un seul couple d’ailleurs est présent, assis à l’autre bout de la salle. À la radio, en sourdine, les journalistes épiloguent sur la mort du Paul VI la veille au soir, nouvelle qui indiffère totalement les deux ados. Deux, car Jean-Phi est au judo. Il les rejoindra plus tard.
Depuis qu’ils sont arrivés, pétillante et surexcitée, Alejandra ne cesse de remercier son vis-à-vis pour son intervention de la veille. Si elle se garde bien de donner des détails, Théo a parfaitement compris que les tourtereaux n’ont pas fait qu’enfiler des perles dans la chambre de la blondinette. Il est très heureux pour eux, sincèrement, mais n’arrive pas pour autant à se départir de l’air chagrin qui assombrit sa mine.
Alejandra n’est pas dupe : pas folle, la guêpe, elle imagine bien que la cause de cette morosité s’appelle Françoise. Elle espérait que Théo finirait par parler, mais puisqu’il n’a pas l’air de vouloir se confier…
Théo prend une profonde respiration avant de répondre :
C’est au tour d’Alejandra d’être ahurie :
Alejandra s’est interrompue, affiche un air gêné et rosit. Théo interroge :
La donzelle ne répond pas et se ratatine sur sa chaise. Son teint vire au pivoine.
Comme la jeune fille ne répond toujours pas et affiche un air désespéré, Théo enfonce le clou :
Bien qu’il ait quasiment chuchoté, Alejandra affolée lui fait signe de parler encore moins fort.
Théo ne juge pas utile d’expliciter sa propre situation, préférant poursuivre.
Alejandra prend une profonde respiration et chuchote :
Théo est visiblement effondré.
Alejandra voit bien à quel point il est désespéré.
Théo est tout pâle, ses mains tremblent, ses yeux sont embués.
oooOOOooo
Christelle a crié fort dans l’appartement.