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Temps de lecture estimé : 32 mn
15/03/23
Résumé:  La disparition dramatique de Véronique va bouleverser la vie de Jérôme. Nouveau départ ?
Critères:  fffh extracon amour pénétratio
Auteur : Roy Suffer  (Vieil épicurien)            Envoi mini-message

Série : Femmes de patron

Chapitre 08 / 08
Coralie

Résumé des épisodes précédents :

Jérôme a tout obtenu : situation, argent, femmes… Oui, mais, est-ce que ça suffit ?




Les bagages, Coralie, les enfants, les deux Japonaises dans la grosse Mercedes et en route pour la Normandie. C’est fou ce que ça prend comme place un bébé, avec berceau, poussette, vêtements, couches, biberons, chauffe-biberon, stérilisateur… Il m’aurait fallu un camion ! Heureusement qu’on est en été et que les vêtements plus légers tiennent moins de place. La route est longue, encombrée, les petites sont infernales, les vacances, quoi… mais à l’arrivée, j’attends les réactions qui ne tardent pas. Mes « Kokos » comme je les appelle, Yüko et Mahoko, s’extasient à chaque pas :



La température est idéale grâce à la pompe à chaleur réversible, vingt et un partout. On boit, on se restaure, on fait téter bébé ; on continue la visite. Les petites découvrent leur chambre et arrêtent leurs pérégrinations dans la salle de jeux. Les dames examinent tout en détail, posant des questions sur les miroirs, les meubles en comblanchien, retournent ici, reviennent là, ne tarissent pas d’éloges sur la décoration et élisent domicile dans le salon japonais pour un thé vert qu’elles seules savent préparer et boire à grand bruit. Yüko va changer et coucher bébé, je reste seul avec Mahoko qui s’approche d’un bow-window, l’ouvre pour profiter de l’ambiance marine. Elle apprécie la main courante et le panneau d’acrylique, aperçoit les mêmes en bordure de falaise et me dit :



Bon, moi qui pensais aller faire un petit bisou à Véronique, c’est raté. Mais en même temps, je suis ravi de m’offrir un moment d’intimité avec mon épouse, c’est si rare. Nous faisons les courses main dans la main, en amoureux. « P’tit mareyeur », boulangerie rose, chocolaterie Yver, bio coop, que des produits de première fraîcheur et de qualité, de quoi régaler la petite famille pour deux jours. Petit à petit, nous prenons possession de notre nouvel univers, encore plus beau la nuit que le jour. Les effets de lumière sont vraiment très réussis, et les bow-windows nous font profiter de celles du port, de la haute ville et des îles. Petit-déjeuner sur la terrasse avec le soleil du matin, déjeuner sous les pins, balades sur la plage assez peu fréquentée… En quelques jours, nous nous sentons chez nous, bien et en vacances.


Tout n’est pas parfait cependant. Yüko montre les signes d’une légère déprime, ou alors sa grossesse l’a changée du tout au tout. Son bébé est sa principale obsession et préoccupation. Certes, il y a eu cet accouchement un peu difficile, l’épisiotomie pour ce gros bébé de quatre kilos cent, il y a toujours l’allaitement et puis cette stérilisation. Peut-être que c’est tout ce contexte qui modifie, au moins provisoirement, ses hormones et son caractère. Elle ne partage pas le « baisodrome » avec nous, préférant une chambre du premier. Du coup, nous sommes un peu perdus dans ce lit immense. Mais à l’opposé de sa sœur, Mahoko semble galvanisée par la certitude de ne pas tomber enceinte sans prendre de chimie. Elle me fait tous les coups du manuel et quelques innovations en plus. Je ne boude pas mon plaisir.



La chose se vérifie rapidement, car mes deux « kokottes » n’ont pas leur pareil pour dénicher des vêtements improbables. Coralie est de ces filles que l’on qualifierait d’ordinaires, sans que cela soit péjoratif. En gros, rien ne la distingue des autres, pas très jolie, plutôt ronde et assez petite. Le cheveu châtain clair, l’œil marron derrière de petites lunettes ovales de myope, une peau très blanche qui n’a jamais vu le soleil, la fesse un peu basse et les attaches épaisses, elle a des formes, mais aussi cette absence de taille marquée et cette petite couche de graisse sur tout le corps, symptomatique de la malbouffe ambiante. Je suis persuadé que son seul repas équilibré est celui de la cantine, où elle mange avec les autres employés avant de servir les enfants, et que le reste du temps elle se contente de saloperies grasses et sucrées qui coupent la faim sans nourrir correctement.


Le double exploit de mes copines de jeu est de lui faire choisir ce « maillot de bain » et de la convaincre de le porter sans raser les gerbes de poils qui en dépassent. Pour cela, il leur fallut ajouter un grand chapeau de paille et une paire de larges lunettes de soleil, garantissant l’anonymat de la donzelle. Car il s’agit de trois triangles minimalistes de toile bleue reliés par des ficelles qui la font plus ressembler à un rôti prêt à cuire qu’à une naïade. Et pourtant… Pourtant, ainsi accoutrée, il se dégage de cette fille une sorte d’érotisme primaire absolument ravageur, et je sens un séisme dans mon scrotum lorsqu’elle débarque sur la plage, tout intimidée, une main sur le pubis et l’autre bras sur les seins, un peu courbée, comme si elle voulait protéger une nudité intégrale. Elle n’en est pas loin, mais la décence est (presque) respectée. Et mes deux coquines qui en rajoutent une couche :



Les petites salopes ! Je ne me dégonfle pas, empoigne le flacon d’écran total cher à mes Japonaises, et tartine Coralie sous toutes les coutures. Sa timidité la rend rouge avant même l’effet du soleil, mais je ne sais pas où elle regarde, et elle non plus, grâce à nos lunettes. Dès qu’elle s’éloigne, je dois plonger sur ma serviette pour dissimuler au monde la poutre qui tend mon maillot.



Je vise un angle de course ou je tournerai pratiquement le dos aux autres touristes et je pique un sprint vers la mer. Bon sang qu’elle est froide, ça saisit. 19° annoncés, certainement moins, sauf par endroits, des bribes de courant tiède. Ouf ! La fraîcheur saisissante de l’eau ramène mon sexe à des proportions plus que raisonnables, je peux sortir. Hélas, c’était sans compter avec la perversité de mes compagnes.



Oui, bien sûr, depuis notre hyperconfort bourgeois, il n’est pas toujours facile d’imaginer que d’autres sont obligés d’économiser deux litres d’eau. Et moi qui ai fait faire des boucles de tuyaux pour avoir partout de l’eau chaude instantanément…



Je me lance doucement en arrière et je fais la planche.



C’est le moment qu’a choisi une vaguelette pour venir submerger les écoutilles de la jeune fille qui soudain panique, essaye de se remettre debout et boit une bonne tasse en s’agrippant à moi.



Eh bien, là, la main plaquée sur son tendre fessier, le pouce un peu baladeur dans sa raie, mais elle ne dit rien. Ce contact tendre me réchauffe et l’aiguille de mon « désiromètre » revient doucement au beau, malgré la température de l’eau. Elle tient bien toute seule, il est vrai que l’eau salée porte très bien. Je fais la planche à côté d’elle et lui prends la menotte.



J’en profite éhontément pour lui caresser les fesses de nouveau et, une fois debout, je laisse cette main en place. Elle ne proteste toujours pas.



Je me laisse couler et je mate son popotin potelé, ses cuisses épaisses, ses jambes courtes et ses pieds décollant du sol avec les orteils relevés, comme des jambes de bébé, mais ce qui me fascine surtout, c’est ce poil qui déborde du maillot et qui ondule au fil des mouvements d’eau. C’est d’un érotisme torride. Je bande vraiment, maintenant.



Elle se laisse descendre, un peu, puis remonte très vite. Je l’attends assis sur le fond en espérant qu’elle comprendra. Ça me permet de mater ses gros nichons que l’apesanteur libère de toute contrainte et qui ballottent mollement, pointes bien dressées par l’eau froide. Elle finit par redescendre enfin, assez pour me faire un signe de la main. Je ressors avec elle.



Cette fois, elle va jusqu’au fond et s’assied comme moi. Elle sourit, et c’est bien, je lui fais signe avec le pouce levé. J’approche mon visage du sien et lui fais un bisou sur la bouche tout en pelotant ses glandes. Elle sort aussi sec.



Elle se laisse descendre pendant que je baisse mon maillot, libérant mon sexe apoplectique. Elle ressort aussitôt.



Et pour cause, ma naïade favorite dans son maillot intégral vient nous rejoindre.



Avant de rentrer dans la maison, je vais prendre une douche près de la porte du garage, suivi par Mahoko et Coralie. Je pose mon maillot, Mahoko aussi et nous chahutons ensemble sous la chute d’eau douce et tiède. Coralie s’est vite retournée et attend assise sur un banc face à la mer en nous tournant le dos. Comme je bande encore comme un taureau, nos jeux tournent vite aux baisers et, de là, Mahoko prend appui sur le mur et me tend ses fesses entre lesquelles je m’engouffre avec soulagement. Je m’agrippe à ses seins toujours aussi beaux, et je laisse aller violemment tout le désir que m’avait inspiré la petite baby-sitter, pourtant bien moins belle, mais la beauté seule n’est pas l’unique condition du désir. Et puis il y a aussi les phéromones, une autre clé mystérieuse de ce désir. Rapidement, j’éjacule furieusement dans la chatte désormais stérile de mon épouse qui se retourne ensuite pour venir me pomper les dernières gouttes avec reconnaissance.



Coralie est prise la main dans le sac, ou plutôt dans le petit maillot détaché à moitié et qui pend sur la cuisse. La coquine qui se fourrageait vigoureusement en nous regardant devient rouge et interdite en étant découverte.



Mahoko la prend contre elle, détache son haut et empoigne ses seins. Le bas détaché me reste dans la main, je n’ai plus qu’à fourrer mon groin dans sa touffe et à laper comme un chien assoiffé. Elle avait dû s’arrêter tout près du but, car elle n’est pas longue à flageoler sur ses jambes et à se tétaniser dans les bras de Mahoko qui la maintient solidement.



Elle est incroyable ma femme ! Elle vient de se faire baiser en public, de participer à faire jouir la baby-sitter, et elle continue de vivre comme si de rien n’était. On parle du flegme britannique, mais il n’arrive pas à la cheville du japonais. En plus, elle est diabolique, ma petite femme, avec des dons de sorcière incroyables. Je suis un peu déstabilisé par cette séance de cunnilingus improvisée, voire imposée, et c’est le moment qu’elle choisit, là, à poil dans le salon, pour me dire :



Il ne manquait plus que ça, c’est comme si elle humait mes petits caprices sexuels à distance. J’appelle Véronique, elle est ravie de m’entendre comme une chatte en chaleur, elle déchante un peu quand je lui donne l’objet de mon appel, mais ne se défile pas, elle vient bien le dimanche.



Les conneries, je les crains plus de la part de Yüko fort capable de sorties fracassantes si sa sœur s’est confiée sur ses soupçons. Pourtant, non, rien ne se passe. Les petites ont déjeuné avec Coralie et sont montées pour la sieste, nous déjeunons tous les quatre. Véronique est rayonnante, plutôt à l’aise, mais reste d’une grande modestie, ce que doivent apprécier mes Nipponnes. Elle en profite pour nous présenter et nous offrir un exemplaire du magazine de déco, à sortir la semaine prochaine, où se trouve le reportage sur notre maison. Remarquable. Ils sont même allés sur un bateau pour la photographier depuis la mer. Véronique y est bien mise en valeur, le nom du propriétaire est tu, comme le lieu exact. En revanche, une belle place est faite aux artisans, notamment au créateur des miroirs lumineux et au polisseur de comblanchien. C’est très bien de sa part, ça ne peut que les aider et leur apporter du boulot. Le plat principal terminé, je débarrasse les assiettes avec ma chérie et nous allons chercher le dessert et les assiettes qui conviennent.



Et elle me plante là avec le gâteau au chocolat de chez Yver. J’avoue avoir une petite boule dans la gorge quand je reviens m’asseoir à table, elle semble très à l’aise et décontractée. La fin du repas se passe sans encombre jusqu’à ce que le petit talkie-walkie émette les couinements de Nikko. Aussitôt, Yüko monte le chercher et, sans la moindre pudeur, dévoile ses seins prodigieusement gonflés pour satisfaire la fringale du vorace. Véronique est subjuguée.



En effet, dès le rabat soulevé, des jets partent à deux ou trois mètres, sidérant Véronique. Elle se penche et prend le tétin entre ses lèvres. Au bout de quelques instants, elle se redresse et déclare :



Yüko retire un instant son sein de la bouche du bébé qui l’ouvre toute grande, cherchant désespérément le sein et le happe goulûment quand il revient.



Véronique très gênée retire sa ceinture et détache ses boutons un à un. Puis elle écarte lentement les pans de sa robe légère.



Et voilà ma femme partie à tripoter la foufoune de ma maîtresse. On aura tout vu. Et de s’agenouiller, et de trouver ça beau, et de lui quitter sa robe tout en posant la sienne et…



Je ne connaissais pas ce côté lesbien chez mon épouse. Certes, avec sa sœur elles se câlinent souvent, et lors de nos ébats à trois, il n’est pas rare que l’une suce le clitoris ou les seins de l’autre. Mais la voir craquer presque instantanément, comme ça, pour une autre femme, me surprend hautement. À moins que… la fine mouche serait bien capable, par cette attitude, de désamorcer une concurrence potentiellement dangereuse. Véronique semble se prêter au jeu sans autre réticence. Il est vrai que je la connais moins, mais tout me portait à croire jusque-là qu’elle est hétéro. Mettons cela sur le compte de l’esthétique, deux femmes aimant la beauté, déjà liées par un amant commun, et totalement libres. Déjà, rien que de les voir monter l’escalier vêtues de leurs seuls escarpins me met en émoi. Ensuite, sur le super plumard 240, ces deux corps magnifiques autant que différents m’offrent un spectacle torride. Mahoko n’a qu’une idée en tête : fourrer son museau dans le buisson ardent de Véronique en lui pétrissant les fesses, et Véronique veut peloter et sucer les seins de Mahoko. Pas facile de faire ça en même temps, aussi changent-elles perpétuellement de position. Et moi je prends ce qui passe à ma portée, un sein, une chatte, un petit cul, une bouche… Le nouveau trio que nous formons avec Véronique est véritablement torride et nous en profitons jusqu’à la fin des vacances. Elle s’installe dans notre maison et va travailler dans sa boutique chaque matin, comme on va au bureau.


Et du travail, elle en a. Le bel article met son téléphone à rude épreuve. Elle doit embaucher une secrétaire pour répondre aux appels, tenir la boutique, formaliser les devis et les factures pendant qu’elle parcourt la France en tous sens. Ses artisans préférés doivent aussi embaucher, multipliant par quatre ou cinq leur activité, notamment le créateur de miroirs lumineux et le tailleur de pierres bourguignon. Tant et si bien qu’on ne la retrouve qu’un an plus tard, lorsqu’elle s’octroie quelques jours de vacances en même temps que les nôtres. Mais c’est pour nous annoncer qu’elle quitte la villa, ayant trouvé un plan d’enfer qui, s’il fonctionne, va lui offrir la vie de ses rêves. Elle semble fatiguée, légèrement amaigrie et n’en peut plus de kilomètres parcourus et d’agenda intenable. Elle a cependant gagné des sommes considérables, car, pour limiter les demandes, elle a augmenté ses prix. Paradoxe des riches, plus les tarifs sont élevés, plus les appels affluent. Ses derniers clients, pour pouvoir l’obtenir, déboursent plusieurs centaines de milliers d’euros juste pour une consultation-conseil de deux jours.


Elle pense donc avoir assez d’argent, en vendant en plus son magasin et l’appartement au-dessus, pour réaliser son projet de vie. Mais elle refuse totalement de le dévoiler, même à nous. C’est ainsi que Véronique sort de nos vies, abruptement et sans raison connue. Le grand lit devient trop grand, car Yüko continue son abstinence. Oh, pas totale, mais elle préfère saisir les moments où sa sœur n’est pas là, souhaitant sans doute m’avoir pour elle seule, vivre un instant de couple privilégié avec le père de son enfant. Mais fini le trio de folie. Coralie se prête parfois à nos jeux amoureux, quand les enfants lui en laissent la liberté, mais ce n’est jamais très long. Pourtant j’aime assez son corps potelé et sans réelle grâce, mais jeune, frais et naïf. Son popotin et ses gros nichons me donnent beaucoup de plaisir, surtout quand c’est Mahoko qui lui écarte les fesses ou qui presse ses seins autour de ma bite. On finit par faire remettre un lit de 180, suffisant et plus confortable.



Quelques années passent, agréables, harmonieuses et paisibles. Je me sens vieillir et ma libido faiblir, car je ne trouve plus d’occasions, d’opportunités ou même d’envie de nouvelle maîtresse. Les enfants grandissent et nous prennent plus de temps. Je délègue beaucoup plus dans l’entreprise qui tourne bien, mais sans exploits particuliers. Disons que la multiplication des objets connectés nous fournit chaque semaine de nouveaux terrains de recherche et de travail, assurant une prospérité sans cesse renouvelée. J’ai dû changer de voiture pour un véhicule encore plus gros, idem pour le bateau. Quand les enfants sont en âge de comprendre, nous nous offrons un long voyage au Japon afin qu’ils connaissent leurs origines. Ce sont quinze jours merveilleux au printemps, saison où ce pays n’est qu’une fleur. L’alliance réussie de modernisme effrayant et de tradition apaisante continue de me fasciner, de même que le goût immodéré des Japonais pour le travail.


Pour tester le nouveau bateau, plus gros, donc plus marin, nous allons d’abord à Chausey, puis Jersey, et nous faisons ensuite un long périple jusqu’à Alderney en passant par Guernesey et Sark. Magnifiques et magiques, j’adore la beauté de ces îles pour certaines si sauvages. Ce qui me donne l’idée saugrenue d’aller en revisiter d’autres, beaucoup plus proches, les Minquiers. Nous choisissons un jour de météo parfaite, sans vent ni marée importante. Partis dès huit heures du matin, nous arrivons sur site vers neuf heures trente pour terminer au ralenti dans l’unique passe possible. Surprise, il y a déjà un bateau, et les quelques maisons que l’on aperçoit ne sont plus des ruines : elles ont des toits et semblent entretenues. Pire, on aperçoit une éolienne de taille moyenne qui ne tourne pas en ce jour sans vent. Nous accostons près de l’autre bateau et mettons pied à terre. Un chemin bien tracé nous conduit jusqu’au hameau, et nous allons de surprise en surprise au fil de notre progression. Des gens sont là, mais pas de simples visiteurs comme nous : ils habitent ici ! Et l’on aperçoit quelques moutons, des arbres fruitiers en espaliers le long de murs de pierres sèches, et tout un potager particulièrement généreux. Un barbu sort de l’une des maisons qui semble être un atelier. On y entend de la musique et il est éclairé.



Ben merde alors ! Nous venions visiter une île déserte et nous tombons sur Véronique, notre Véronique disparue des écrans radars depuis des lustres.



Incroyable, et ça ne prend pas plus de temps que de mettre des sacs dans la voiture, faire dix bornes dans les embouteillages ; prendre un caddy, chercher les produits qui sans cesse changent de place, de marque, ou ne se font plus ; forcer le passage à cause des gens qui discutent dans les allées ; poireauter une demie-heure aux caisses en étant toujours dans celle qui n’avance pas ; vider le caddy dans le coffre, rapporter le caddy ; refaire le parcours dans l’autre sens dans des embouteillages encore pires ! Et là, le gars, pieds nus et le short troué, descend peinard avec un panier, un couteau et un crochet et revient une demie-heure plus tard avec six douzaines d’huîtres, trois tourteaux et deux araignées. Les filles vont cueillir du thym, du romarin et du laurier, le premier arbuste de l’île depuis des décennies, et rapportent deux belles salades. Pendant ce temps, nous, les mecs, ouvrons d’abord une bouteille de blanc, les hautes côtes de Philippe, avant d’ouvrir les huîtres. Les enfants mettent le couvert sur une grande table en bois, dehors. Je ramène tout de même la glacière et le panier du pique-nique qu’on avait préparé, mais on a l’air un peu con avec notre pâté, notre jambon et nos chips… Pas si sûr, les mecs sont ravis de trouver du pain frais, du pâté et du jambon, et des chips pour l’apéro. Pour eux, c’est exceptionnel ! Je leur laisse également mes deux bouteilles de rosé. Hum… ces huîtres sauvages, puis ces tourteaux, la nature fournit des produits extraordinaires ! Philippe ne se sépare pas de son cahier à dessins et croque tout le monde. Il semble fasciné par Mahoko et les enfants. Gérard me propose ensuite une visite des installations techniques, les autres vont aller à la pêche, ils tiennent à rapporter des crustacés et la marée baisse.



Des adieux, des promesses de revenir. Une fois la passe dangereuse traversée, j’ai mis les gaz à fond. Les enfants se sont écroulés sur les couchettes, je suis monté sur le poste de pilotage supérieur avec Mahoko. Je l’ai mise à la barre, j’ai baissé son short et elle s’est assise sur ma queue gonflée de désir. Il n’y avait presque pas assez de vagues et de secousses pour me faire jouir en elle rapidement.




L’année suivante, pendant les vacances, je reçois un appel de Véronique par téléphone cellulaire :



  • — Jérôme ? Je peux te demander un grand service ?
  • — Si je peux, c’est volontiers…
  • — Tu pourrais venir chercher Gérard ? On s’est engueulé et il nous quitte


J’y vais, bien sûr. Du temps que je passe sur l’île, Gérard ne desserre pas les dents. Il ne se lâche qu’au large :



Je reprends des nouvelles des Robinsons quelques mois plus tard, mais désormais Véronique est seule sur l’île. Philippe a été incapable d’assurer tout ce que Gérard faisait, même si Véronique a repris une bonne partie de la technique. Le sculpteur/dessinateur estimait à son tour ne plus avoir assez de temps pour créer. Il a essayé de convaincre Véronique de l’accompagner sur le continent, de lui monter ses expos, d’avoir une vie normale. Mais elle vit son projet et ne veut pas partir. Elle l’a raccompagné elle-même avec tout son barda, claquant ses derniers euros dans un plein du bateau. Car en fait, le problème est bien là, ils n’avaient plus de pognon et c’est pour ça qu’elle avait fait appel à moi. J’essaye aussi de la convaincre de rentrer, de lui dire que c’est une pure folie de rester seule sur cette île, qu’elle n’y arrivera jamais seule, qu’elle se met en réel danger. Rien à faire.


Deux ans plus tard, l’hélicoptère de la Sécurité Civile est revenu des Minquiers avec les restes du corps de Véronique. Que s’est-il passé au juste ? Pour quelle raison l’a-t-on retrouvée sur le chemin de la cale, le crâne fracassé sur une grosse pierre ? On ne le saura sans doute jamais. C’est un équipage qui a donné l’alerte en voyant une nuée d’oiseaux de mer déchiqueter le petit cadavre…


J’ai convaincu le maire de l’inhumer à Saint-Hélier, sur son île natale, assurant que je prenais en charge tous les frais. Ce drame nous a touchés d’une manière que nous ne soupçonnions pas. J’ai soudain trouvé mon boulot ridicule, vain, ayant perdu totalement l’envie de m’y rendre chaque jour. J’ai décidé de passer la main, au grand bonheur de Marie-Sophie, et de vivre en permanence à Granville. Les filles m’ont suivi, nous avons vendu la maison de Bracôme, augmentant des économies déjà importantes. Pourquoi ne pas en profiter ? Sauf que Mahoko est à son tour devenue dépressive, pire, inaccessible. Je crois réellement qu’elle était amoureuse de Véronique. En me remémorant cette journée aux Minquiers, je les revois toutes les deux, partant à la pêche en se tenant par les épaules et par la taille. Deux grandes amies ? En apparence oui, mais ma femme avait eu un coup de foudre pour cette rousse, ici, dans cette villa. Sa mort dans des circonstances effroyables l’a profondément choquée. Un soir où j’ai tenté quelques caresses amoureuses, elle s’est levée et est allée dormir avec sa sœur, pour ne plus jamais revenir dans la chambre du haut. La bite sous le bras !


Depuis, je me suis rabattu sur Coralie qui partage désormais ma couche, la nature a ses exigences. C’est curieux combien cette fille ordinaire me donne du plaisir. Mais parfois la nuit, je baise Coralie en rêvant que c’est Mahoko, la femme de ma vie sans le moindre doute possible. D’autres fois, je prends mon plaisir entre ses seins moelleux ou dans son cul épanoui en imaginant que c’est Yüko qui me donne ces sensations de femme petite aux formes généreuses. Bref, si mon appétit sexuel y trouve son compte, mes sentiments sont à la ramasse…


Malgré tout, la boucle est bouclée. Tu vois, cher Édouard, me voilà moi aussi blindé de tune et dans une maison de rêve. Les enfants sont grands et partis faire leurs études au loin. Les Japonaises vivent leur vie de Japonaises un peu en parallèle et occupent le premier étage, nos relations sont courtoises, mais distantes. Et moi, je dors avec une petite cantinière très gentille, mais sans conversation, comme ta caissière Mireille/Amanda. Comme toi, je me sens seul. Comme toi, je n’invite plus personne et personne ne m’invite plus. Comme toi, j’use le temps en allant à la pêche, à pied ou en mer. J’ai recommencé à fumer alors que j’avais totalement arrêté à la naissance de Naomi pour ne pas donner le mauvais exemple. Je crois qu’un jour, quand j’en aurai le courage et qu’un coup de tabac s’annoncera, je prendrai la mer pour que la mer prenne l’homme…


Et puis non, bordel ! En repassant le film de ma vie, je comprends combien je me suis égaré. Je me souviens de cette conversation avec le gros Bill, de la véhémence avec laquelle je lui avais asséné qu’il ne fallait rien lâcher, jamais. C’est de ça dont j’ai besoin, d’un bon coup de pied au cul ! Puisque personne ne me le donne, je vais me le donner moi-même. Les choses sont claires : la petite Coralie me vide les couilles, mais je n’en suis pas amoureux. La femme de ma vie, c’est Mahoko, et elle est là, tout près de moi. Il faut que je parte à la reconquête de son amour. Excusez-moi, je vous laisse, j’y vais.



FIN