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Temps de lecture estimé : 32 mn
04/06/23
Présentation:  Lyrie Montmartre sait maintenant que sa vie ne lui appartiendra plus très longtemps. Sybille la liseuse à des projets. La tueuse de loups a maintenant des choix à faire...
Résumé:  Lyrie avait déjà mangé quelques omelettes depuis qu’elle était au village, mais il fallait bien avouer que l’omelette aux cèpes de Sybille était la meilleure de toutes. Les champignons étaient le secret. Comme il y avait d’autres secrets...
Critères:  #aventure #sciencefiction fh bain forêt amour cérébral voir exhib noculotte caresses fsodo
Auteur : Juliette G      Envoi mini-message

Série : Lyrie Montmartre

Chapitre 05 / 10
Lourds secrets et désirs légers

Résumé des épisodes précédents :

Après les longues explications de Sybille la liseuse, Lyrie Montmartre comprends que son avenir ne sera pas celui qu'elle espérait. Et puis… Il en va également de l'avenir des autres femmes de Jablines et peut-être de toutes celles des sept villages…




Les bras armés de Sybille



Lyrie avait déjà mangé quelques omelettes depuis qu’elle était au village mais il fallait bien avouer que l’omelette aux cèpes de Sybille était la meilleure de toutes. Et quand la liseuse parla à la tueuse de morilles et d’autres champignons des bois, il n’était pas difficile de penser que ses autres recettes devaient être succulentes…


Personne dans les sept villages n’aurait pu deviner que Sybille et Sylvie avaient partagé tant de secrets. Si elles ne révélèrent pas tout de leur projet final, les deux femmes surent alerter les deux membres les plus influents de Jablines, quand il le fallait et veiller à ce que leurs plans prennent corps. Gilles et Vic restaient les seuls hommes en qui elles avaient confiance. Elles avaient pourtant compris qu’elles devaient s’entourer d’autres alliés. Il leur fallait agir en ce sens.


Sylvie, la guérisseuse, était tout autant intelligente que Sybille mais elle n’avait pas son tempérament. Elle était l’amie fidèle et avait été la douce amante de la liseuse. Toujours là, quand il le fallait, Sylvie était le soutien indéfectible dont Sybille avait besoin. Le bras droit de Sybille.


Lilas avait toujours été proche de Sylvie et de Sybille. La liseuse et la guérisseuse avaient donc fait de leur amie une alliée précieuse. Lilas, responsable des chèvres de la communauté devint très vite indispensable à la révolution en marche. Le fait que Lilas soit la femme la plus désirable du village avait été un avantage dans la guerre des sexes. La jolie bergère était pourtant loin de l’image de blonde évaporée qu’elle donnait d’elle-même à certains. Calme, intelligente et pondérée, elle s’appliquait à servir la cause des femmes à chaque occasion. Le moindre potin lui était connu. Belle et avenante, toujours guillerette, aimée de tous, les hommes devenaient bavards pour un sourire de Lilas et intarissables pour obtenir ses faveurs. Sybille, souvent, caressait la douce joue de Lilas en lui murmurant qu’elle était sa Mata Hari. Le bras gauche de Sybille.


De mémoire d’homme, elles étaient les premières. Lise et Constance étaient sœurs jumelles. Enfants, elles avaient fait la grande fierté de leur mère comme de tout un village. Aujourd’hui, elles étaient les seules femmes capables de tenir tête aux hommes en matière de chasse, de pêche ou de lutte. Toutes deux rousses aux yeux verts, des traits sans grâce particulière et presque masculins, les jumelles étaient grandes et bâties en force. Hanches et ventre en forme de barriques, des cuisses taillées comme des piliers, elles avaient plus de force que bien des mâles. Si Constance était plutôt sociable, il en allait autrement de Lise. Cette dernière aurait pu mourir sans la grande présence d’esprit de la femme-sage qui avait accouché sa mère. Personne n’avait songé que la maman pouvait porter deux enfants. Lise était donc restée près d’une nuit, abandonnée dans le ventre maternel, avant que la femme-sage ne réagisse. Pour beaucoup, c’était la raison de son mauvais caractère. Lise apprit pourtant à respecter Sylvie la guérisseuse qui l’avait maintes fois soignée. Comme elle respectait Sybille pour son intelligence et Lilas pour sa gentillesse et sa spontanéité. Aujourd’hui, Lise et Constance avaient tout juste trente ans. Sybille était persuadée qu’elles étaient restées vierges. Un grand dommage, mais c’était ainsi. Qui aurait osé forcer les sœurs à offrir ce qu’elles ne voulaient pas donner ? Les deux sœurs étaient considérées comme des guerrières en manque de combats et avaient tué à elles seules un bon nombre de loups. Chacune de leur journée était partagée entre chasses, entraînements de lutte et surveillance des environs. La puissance de Sybille.


Viviane était née dans une bergerie. C’était peut-être depuis ce jour béni pour le village qu’elle avait entamé sa belle histoire avec les moutons. Viviane était la seule femme du village à connaître son père biologique. Les lois étaient ainsi faites qu’à part certaines ressemblances physiques plus ou moins évidentes, on n’était jamais sûr de rien en matière de paternité. Pour ce qui concernait Viviane, cela n’avait rien d’un miracle. Nestor, son père décédé aujourd’hui, avait tenu de ses ascendants une peau proche du noir d’encre et il avait été la seule personne de couleur des régions environnantes. L’enfant avait le teint plus clair que celui de son père, mais sa jolie couleur chocolat ne laissait planer aucun doute sur la paternité. Si elle aima sa mère, elle adora son père. Ils étaient inséparables et passaient leur temps parmi leurs moutons. Nestor était mort d’une fièvre puissante, laissant sa fille orpheline le jour de ses neuf ans. Les grands yeux gris hérités de sa mère donnaient une clarté particulière aux traits délicats de la douce Viviane. Ses cheveux frisés d’un noir de jais étaient libres de pousser sans entraves et donnait un air sauvage à une enfant qui incarnait la douceur. De taille moyenne, mince, elle était la représentation de la patience et de la souplesse incarnées. Chacun de ses gestes était fluide et elle semblait accomplir chaque mouvement le plus lentement possible. Certains en étaient même agacés. Viviane aimait les gens mais préférait la solitude. Vous discutiez trop longtemps avec elle et il n’était pas rare de vous apercevoir qu’elle était partie. Elle avait le don de s’évaporer pratiquement sous vos yeux. Ou, elle apparaissait soudain alors que vous étiez seul et vous souriait. Vous aviez alors l’impression qu’elle avait toujours été là mais que vous ne l’aviez pas vu. Viviane, si elle parlait peu, avait une voix mélodieuse quand elle chantait pour ses moutons. Grave et puissante ou douce et basse. Certains disaient qu’elle possédait plusieurs voix. Quand elle chantait, c’était toujours un moment d’intense émotion. Nostalgie, tristesse ou joie, mais c’était toujours un réel bonheur pour ceux qui avaient la chance d’être présents pour l’entendre.


La loi faisait d’une enfant, une femme à ses quatorze ans révolus. Viviane avait été violée alors qu’elle n’avait pas treize ans. Les coupables ne s’étaient pas cachés et n’avaient pas même daigné tenter de se disculper. Deux hommes qui vivaient aux abords de la communauté sans avoir de réelles envies de s’intégrer. Ils risquaient le bannissement à vie du territoire et semblaient s’en moquer royalement. Le matin de leur jugement, le village assistait à un étrange spectacle. L’un des deux coupables s’était brusquement levé en râlant et un flot de bile aspergeait le sol de terre. Alors, la jeune Viviane se levait à son tour. Elle faisait face au banc de bois taillé grossièrement où avaient été placés les accusés et tendait son bras gracile vers eux. Tandis que l’un vomissait en longs jets nauséabonds, l’autre se mit à geindre. Quelques instants plus tard, les violeurs se tordaient sur la terre maculée de leurs déjections. Certains dirent que durant tout ce temps, la jeune Viviane était restée debout, l’index pointé et les yeux étincelants de haine braqués sur ses bourreaux. Personne ne bougea un long moment et Gilles finit par ordonner de relever les accusés. Alors la voix mélodieuse de Viviane s’élevait doucement dans l’air déjà lourd de ce matin de printemps. Personne n’obéit au Bourgmestre. Le temps s’était comme suspendu. Quand Viviane se tut, ses tortionnaires étaient morts. Le soir même, Sylvie berçait doucement la jeune bergère en l’écoutant chanter. Des chants anciens nés des grandes savanes d’Afrique. Quelques jours plus tard, elle accompagnait la jeune femme qui sortait faire paître ses moutons. Elles parlèrent de plantes. Elles parlèrent de la discrétion en toute chose de Viviane. Elles parlèrent de sa façon proche d’être un art pour se faire oublier des autres. Sylvie plaisanta de la manière si particulière qu’avait sa protégée de disparaître alors qu’on la pensait toujours là, ou d’apparaître comme par enchantement. Elles parlèrent aussi de poisons. L’ombre mortelle de Sybille.


Adeline, la fille de la liseuse, était aussi vive d’esprit que jolie. Depuis toujours, Sybille et Sylvie avaient parlé de leurs projets devant l’enfant. Les deux femmes ne cachaient rien de leurs inquiétudes et de leurs décisions et jamais Adeline ne leur posa la moindre question. Adeline adulait sa mère et admirait la guérisseuse et Sybille comme Sylvie en étaient parfaitement conscientes. Adeline fut la seule après Lilas, à voir la petite locomotive que les deux femmes entretenaient très souvent. Elle avait le même âge que Viviane à quelques jours près et tout le monde se souvenait de ces deux naissances si rapprochées. Les deux enfants avaient été les meilleures amies du monde et plus tard, au lendemain du viol de Viviane, Adeline s’assaillait face à sa mère. Alors, d’un ton grave, elle parlait très longtemps. Elle avait parlé et Sybille avait découvert qu’elle était loin d’être infaillible. Sa ruse, son intelligence comme son grand sens de l’observation ne l’avaient aidée en rien. La liseuse n’avait rien vu venir. Elle savait sa fille intelligente mais à aucun moment, elle n’avait su déceler le moindre indice de ce que son propre enfant était réellement. Un peu plus tard dans la soirée, Sylvie rejoignait Adeline et sa mère. L’adolescente avait alors transmis des passages entiers de discussions échangées entre les deux femmes durant toutes ces années. Elle avait récité tous leurs secrets, relaté tous leurs actes, son regard noisette braqué droit devant elle et une légère sueur au front. Du mot à mot débité d’un ton monocorde. Pour mieux convaincre son auditoire, Adeline se servit d’autres exemples. Telle année, tel jour, à tel moment de la journée, Sylvie faisait ceci ou cela. Telle année, tel jour, Sybille lui avait parlé d’une certaine chose. Les exemples allaient d’actes ou de paroles ayant une certaine importance et dont les deux actrices se souvenaient parfaitement, à d’autres faits anodins que Sybille et Sylvie avaient oubliés. La jeune fille expliqua ensuite qu’il lui suffisait de lire pour que ce qu’elle avait lu se soit gravé dans son esprit. Elle précisa cependant qu’elle détestait lire et se contentait d’obéir à sa mère en travaillant ses devoirs de lecture. Elle lisait, voyait ou entendait quelque chose et elle ne l’oubliait plus. Elle avait toujours été ainsi. Adeline ne savait pas s’il fallait considérer ces étranges capacités comme un don ou une malédiction, mais elle ne pouvait que vivre avec. Maintenant, elle voulait aider. Elle désirait aider les autres. La mémoire de Sybille.


Victor avait toujours été le plus grand des sept villages. Enfant et adolescent, il dépassait déjà ceux de son âge d’une bonne tête. Taciturne et taiseux, il ne souriait pratiquement jamais et riait plus rarement encore. S’il n’était pas un modèle de convivialité et ne se liait pas facilement, il était incapable de mauvaises actions, tout comme il était dans l’incapacité de refuser quoi que ce soit aux personnes du sexe opposé. Gamines, filles et femmes faisaient de Vic ce qu’elles voulaient sans qu’il ne rechigne jamais. Le jour de ses douze ans, Vic n’attendit pas que l’on décide pour lui et choisit lui-même ce qu’il voulait faire pour participer à la vie de la communauté. De ce jour, il gagna son surnom. Un surnom qui d’ailleurs ne lui déplaisait pas. Tous les matins aux aurores, debout dans sa vieille charrette brinquebalante tirée par une haridelle à la robe sombre, il se rendait aux champs. À peine les pieds au sol, Vic s’emparait de sa longue faux qui paraissait aussi maigre que lui et se dirigeait vers les cultures qui cernaient le village. Il était un travailleur acharné et très vite, les autres villages demandèrent à ce que ce paysan infatigable les aide quand il le pouvait. Alors, toute la contrée entendit bientôt les couinements des essieux de l’antique carriole, ses grincements presque lancinants sous les cahots et les pas lourds de la vieille jument noire. Conduisant la charrette, l’immense paysan aussi efflanqué que sa jument et sa faux, vêtu de peaux de loups noirs et d’un chapeau à large bords couleur d’encre, toisait sans un mot ceux que son chemin croisait. C’était sans compter que fermier, chasseur ou qui qu’il fut vraiment, personne ne se servait mieux d’un fusil que L’Ankou. Il était de très loin le meilleur tireur de toute la région. Le fusil de Sybille.


C’était une ancienne légende narrée par Lison, qui avait fait que Victor, soit surnommé l’Ankou. Le porteur du souvenir de la mort. Celui qui rappelait aux vivants, qu’un jour, ils devaient mourir. L’Ankou pouvait être un squelette ou un vieillard. La faux de L’Ankou était montée à l’envers. Cet annonciateur de souvenirs funestes était entièrement vêtu d’oripeaux couleur de nuit sans lune, coiffé d’un large chapeau noir et toujours porteur de faux. Les plus malchanceux croisaient sa route alors qu’il traversait leur contrée, juché sur sa vieille carriole. Certes, Vic n’était pas un vieillard et ses longues mèches de cheveux raides n’étaient pas blanches. Bien que maigre, l’homme n’avait rien d’un squelette et sa faux elle, était correctement montée. Mais pour le reste, tout y était. Une image venue des fonds des temps. Qui donc parmi les hommes, pouvait affirmer que les légendes avaient été gravées dans le marbre de la vérité ? Cette légende venue d’une très ancienne contrée de l’Ouest d’un pays appelé France était tombée dans l’oubli, et plus personne ne pouvait se targuer d’en connaître les origines. Personne sauf Lison. Une vieille femme joviale qui avait affublé Vic de ce nom, oublieuse certainement à dessein de suivre à la lettre la description du personnage de cette croyance oubliée. Et évidemment, nombre de curieux demandèrent à cette vieille femme pourquoi elle appelait Victor ainsi. C’était exactement ce qu’avait désiré Lison.

Elle n’était plus bonne à grand-chose pour aider la communauté, même s’il était étonnant qu’elle puisse encore s’occuper d’elle-même. Certains assuraient qu’elle avait dépassé les cent ans. D’autres qu’elle n’en était plus très loin. Une chose était certaine, la vieille Lison avait toujours aimé les enfants et eux, le lui rendait bien. Alors, quand l’un d’eux s’ennuyait ou avait un peu de temps à perdre, il cherchait Lison. La vieille dame avait toujours une histoire à raconter ou un conte passionnant à sortir de ses poches. Immuablement, la présence d’un jeune auditeur venu chercher un petit récit, attirait un autre curieux, puis un autre… Quand dame Lison racontait, adultes et enfants s’approchaient toujours et l’écoutaient dans un silence empreint de respect. Peu de gens pourtant se rendaient compte de l’importance de la présence de Lison pour la communauté. Elle était la conteuse et la porteuse de légendes. Quand une vieille femme nommée Lison parlait, toutes et tous l’écoutaient attentivement. Elle était connue des sept villages et au-delà et personne ne mettait jamais ses paroles en doute. Et ce, qu’il s’agisse de légendes ou de vérités. Dame Lison était respectée de tout le monde et vénérée par les plus jeunes. La voix de Sybille.


Et puis il y avait Étienne. Le forgeron du village. Un homme affable et très compétent dans son métier. Etienne était d’ailleurs bien plus qu’un simple fabricant d’outils, de couteaux ou d’autres ustensiles très utiles. Il était érudit, passionné par tout un tas de choses et parfaitement capable de travailler sur des projets plus complexes que l’art de la forge. Lui aussi savait lire et compter. Il n’était pas aussi doué que Sylvie ou Sybille et sa fille, mais il se débrouillait plutôt bien. Le technicien de Sybille.




La bergère et l’Ankou

Un petit vent frais s’était levé et couchait l’herbe autour de leurs corps dénudés. C’était leur endroit secret. De là, ils ne voyaient plus le lac et personne ne s’aventurait jamais aux abords des bois, même si depuis longtemps l’orée de la forêt n’avait plus rien de dangereux. Si les loups chassaient encore dans la région, ils ne quittaient plus les épais sous-bois. Le couple était tranquille et caché aux yeux des autres pour un moment.


L’Ankou laissa filer un gémissement voilé et ses longs doigts se glissèrent dans les cheveux couleur de blé mûr de sa chère gardienne de chèvres.



Les yeux lavande s’étaient levés vers le visage acétique et Lilas dégagea doucement ses lèvres du membre tendu et dur comme un petit gourdin qu’elles suçaient doucement.



La main de la jolie blonde caressait la hampe dressée et Victor lâcha un petit rire sec.



L’homme sourit à sa tirade en constatant que l’éclat des yeux de sa maîtresse s’était assombri. La tendre couleur lavande avait viré aux tons d’un ciel d’orage.



Les doigts de la bergère serraient son sexe à lui faire mal et le conseiller du village n’en menait pas large. Il n’aimait pas contrarier une femme et quand il s’agissait de Lilas, il valait mieux être plus prudent encore.



La jolie blonde avait lâché ce qu’elle tenait et s’était allongée sur l’herbe grasse d’un vert sombre en lui tournant le dos. La grande main sèche du conseiller bougea pour caresser une épaule douce.



La bergère s’était contentée de lui couper la parole sans bouger d’un pouce et Vic se dit qu’il avait plutôt intérêt à peser ses mots.



La gardienne de chèvre s’était tournée et si elle avait un air grave, elle ne semblait pas en colère.



Victor laissa passer un temps et se rassura en sentant le corps nu et chaud se tourner contre le sien.



La jolie gardienne de chèvre avait repris son air revêche.



Un silence suivi d’un reniflement sec que Lilas connaissait par cœur. Vic traduisait toujours ses doutes de cette manière. Un tic, une manie très agaçante pour Lilas.

L’autre manie de Vic était d’enlever son grand galurin noir et d’en tripoter les bords avant de parler, quand il ne savait pas comment exprimer sa pensée avec quelqu’un.



L’Ankou sentit la joue brûlante sur son épaule et soupira.



Hormis concernant les plans et stratégies de Sybille et son propre rôle d’espionne, Lilas n’avait jamais menti à Victor. Elle venait de se rendre subitement compte que c’était son premier mensonge. Le conseiller s’était tourné vers Lilas et sa main avait épousé une fesse ferme.



Le large sourire de Vic ne réussit pas à dérider sa compagne mais Lilas le laissa faire. Ses pensées étaient tournées vers Lyrie. Elle avait fait l’amour et dormi avec la tueuse de loups et avait hâte de renouveler cette délicieuse expérience. Lyrie était la première femme qu’elle touchait et elle avait adoré ça. Bien plus que de faire l’amour à son cher Victor. La soudaine pensée qu’elle agissait mal troubla la gardienne de chèvres. Pourquoi se sentait-elle mal d’avoir envie de quelqu’un d’autre que Victor ? Les femmes ne cachaient pas qu’elles préféraient le conseiller aux autres comme amant, et lui ne s’en plaignait certainement pas et profitaient de ses avantages.



L’Ankou caressait sa fesse et Lilas sentait ses doigts effleurer le sillon qui séparait les deux globes fermes de son derrière tandis qu’il la prenait avec douceur.

Une légère excitation la fit reprendre en main la grosse tige dure et ses doigts la chatouillèrent doucement.



Les doigts de Vic étaient la délicatesse même dans certaines caresses, et surtout quand ils voletaient sur la joue de Lilas. Cette fois, la jolie blonde décela une certaine impatience dans les mouvements de son amant.



Une impatience que Lilas ressentait elle-même de par le manque d’initiative de son amant. Quand elle sentit sa petite rondelle palpiter sous une douce poussée, elle ne put s’empêcher de lâcher un soupir.



La jolie blonde avait doucement gémi quand l’Ankou avait pesé de son doigt avant de l’enfoncer avec une lenteur extrême. Après un délicieux moment d’excitation, c’est elle encore qui se décida à prendre les devants.



C’était la première fois que la bergère proposait cette façon de faire à son amant. Victor, lui, n’aurait jamais osé l’envisager.



Allongée sous son homme qui caressait doucement ses seins fermes aux pointes dressées par le désir, la gardienne de chèvres eut un petit sourire et ferma les yeux en murmurant.



Le dos dans l’herbe tendre, la jolie blonde avait relevé ses jambes et les avait écartées de part et d’autre du corps de son amant. D’abord, la légère brûlure du membre qui tentait de forcer son œillet l’angoissa un peu, puis, elle contracta légèrement sa mâchoire quand Victor s’enfonça très doucement en elle. La douleur s’était intensifiée occultant son excitation et son plaisir naissant quand l’Ankou avait doucement pris sa main pour la poser sur les poils blonds de son pubis.



La petite chatte de la gardienne de chèvre était humide de désir et elle y engouffra un majeur prudent tandis que son amant prenait ses reins en douceur. Elle avait fait la même chose quand Lyrie la doigtait mais cette fois, ce n’était pas un doigt qu’elle avait entre les fesses. Toutes les femelles de la communauté s’accordaient à dire que la queue de l’Ankou était la plus grosse du village. Ce n’était pas très important mais c’était un fait. Et là, ce n’était pas sa chatte toute trempée que L’Ankou pénétrait. Lilas gémit doucement et son autre main rejoignit la fête. Lilas caressa son clitoris durci d’une main nerveuse et se doigta de l’autre en suivant le rythme des mouvements de Vic tandis qu’il la sodomisait doucement. La brusque montée de son plaisir lui enflamma le ventre sans qu’elle sache si c’était dû à la queue raide et dure qui défonçait son petit trou ou à ses propres caresses.



Les deux amants se connaissaient par cœur et le conseiller comprit aussitôt que l’excitation avait pris le pas sur une certaine douleur et la prudence de sa maîtresse. Sans pourtant se comporter en soudard malgré sa soudaine excitation, il accéléra un peu ses mouvements de bassin.



Les yeux lavande s’étaient plongés dans le regard noir et avant qu’elle ne les referme pour savourer la vague qui affluait pour la submerger, Lilas comprit que Sybille avait toujours eu raison.



Le flegme naturel de l’Ankou parut vaciller sous ses mots et quand la bergère haleta, l’homme ne put contenir son impatience plus longtemps. Lilas cria une première fois et quand ses fesses allèrent d’elles-mêmes au-devant des assauts de celui qui les pilonnait, le calme immuable de Vic éclata en morceaux.



Sybille avait compris cela depuis très longtemps. La liseuse l’avait toujours su. Ces simples mots avaient fait exploser un mâle entre ses fesses. C’était d’une telle évidence ! À ce moment précis, Lilas avait eu un réel pouvoir sur le mâle qui la sodomisait. Comme elle pouvait mener n’importe quel homme par le bout du nez quand il espérait ses faveurs. Cependant, Victor n’était pas l’ennemi et jamais elle ne profiterait de lui de cette manière. Ballotée par une jouissance brutale, la gardienne de chèvres cria encore en sentant la grosse queue dure de son amant défoncer son anus.





Secrets politiques et décisions



Lilas et Vic s’étaient rhabillés mais avaient convenu qu’ils avaient encore un peu de temps avant de regagner le village.



Le visage long à la mine sombre du conseiller alerta aussitôt Lilas et elle planta ses yeux clairs dans ceux presque noirs de son amant.



L’Ankou avait expliqué à Lilas tout ce qui s’était passé depuis son élection au poste de conseiller et celle de Gilles au titre de bourgmestre. S’il était au fait de certaines choses, il était pourtant loin de tout savoir des idées de Sybille et Sylvie, comme de la petite révolution qu’elles avaient montée de toute pièce. C’était même par simple déduction qu’il avait compris que des femmes allaient certainement partir avec Sybille. S’ils ne connaissaient rien du chemin de fer, Gilles et Victor avaient encouragé Sybille à quitter le village avec les femmes qui le souhaitaient. Aujourd’hui, le conseiller tenait simplement à savoir ce que Lilas avait décidé de faire. Assis, ses longues jambes croisées en tailleur, il laissa planer son regard dans la direction du village. Lilas, un peu anxieuse mais consciente qu’il était temps de s’expliquer, ramena ses genoux sur son corps et les serra contre elle de ses bras.



Lilas était restée de marbre un petit moment puis avait laissé passer un petit sourire triste.



La bergère avait narré par le menu son implication dans la cause des femmes. Elle avait décidé d’aider Sylvie et Sybille depuis longtemps. Si elle ne lui avait rien dit jusqu’ici, c’était uniquement par crainte qu’il ne l’empêche de continuer à jouer aux espionnes. Lilas avait une totale confiance en lui mais avait été tenue au secret. Aujourd’hui, elle se soulageait enfin en lui révélant tout de ses décisions, de ces actes et de ces choix. Sybille et Sylvie hésitaient encore à parler du tunnel ferroviaire et de la locomotive au bourgmestre et au conseiller mais elles savaient qu’elles devraient le faire rapidement. Elles auraient besoin du soutien des deux hommes pour que le plan de Lyrie puisse être entrepris. Pourquoi ne pas en finir une bonne fois pour toute aujourd’hui ?


Le visage sans expression de l’Ankou n’avait rien apporté de ce qu’il pensait quand Lilas avait parlé du dernier secret de Sybille. Puis, elle lui avait parlé de ce qu’envisageaient Sybille et Lyrie.



Après un reniflement sec qui dénotait de sa déception, Vic s’éclaircit la gorge.



L’Ankou soupira longuement et poussa un autre soupir.



Il ne restait plus à Lilas qu’à mettre Sybille au fait de la conversation qu’elle venait d’avoir avec son amant. Quelque part, la liseuse serait soulagée de ne pas avoir eu à le faire elle-même et dirait certainement à sa Mata Hari qu’elle avait pris une excellente initiative.




Aveu et proposition



L’Ankou et la gardienne de chèvres avaient marché lentement, comme regrettant de bientôt se séparer. Ils arrivaient aux abords du village et Lilas leva les yeux vers le visage de son amant.



Le conseiller regardait Lilas avec une incompréhension presque comique.



C’était simplement une question presque innocente et Lilas décida de ne pas se froisser pour si peu.



Un mince sourire éclairait le visage de l’Ankou quand Lilas leva les yeux vers lui.



L’Ankou poussa un drôle de soupir et renifla sèchement.



Les joues de Lilas virèrent à l’écarlate et elle relâcha l’air qu’elle gardait dans ses poumons depuis qu’elle s’était aventurée à cette conversation.



Un bruit sourd creva le silence de la campagne et coupa la parole à la gardienne de chèvres. Aussitôt, de lourdes gouttes de pluie s’écrasèrent sur ses cheveux blonds et Lilas eut un petit sourire ravi.



L’Ankou lui, s’attendait à ce que l’éclair qui allait suivre le foudroie sur le coup. Une nouvelle fois, Vic s’appliqua à bien préparer sa réponse.





Les rebelles



Sybille, Sylvie et Lilas avaient accompagné Lyrie dans sa nouvelle démarche. La tueuse avait désiré faire la connaissance des autres femmes. « Les révolutionnaires » de Sybille.


Il leur avait été impossible de parler avec Étienne le forgeron. Sa forge était constamment prise d’assaut par les habitants qui avaient toujours besoin de quelque chose. Des réparations ou des commandes pour de nouveaux outils. Sybille n’avait pas insisté pour une rencontre. Le secret de l’aide apportée par Étienne devait rester un secret. Il y aurait d’autres occasions pour que la tueuse de loups puisse parler à l’artisan.


Si comme pour la plupart des gens, il lui sembla difficile de sympathiser rapidement avec Lise, Lyrie savait que cela viendrait certainement avec le temps. Cette femme était elle aussi une sorte de survivante. Constance, elle, parut en admiration devant la fameuse tueuse de loups. Les jumelles étaient impressionnantes et si elles étaient plus petites que Lyrie, elles étaient bien plus fortes. Constance avait voulu livrer une lutte amicale et quelques villageois avaient encouragé la Parisii à accepter ce petit défi. À la grande surprise de celles et ceux restés pour regarder cette joute, et de Lise en particulier, la tueuse de loups avait fini par épuiser la terrible guerrière, évitant ses attaques et exténuant son adversaire à contrer les siennes, rapides et presque incessantes.



Lise avait fini par sourire alors que Constance, essoufflée et quelque peu déçue s’appuyait sur le grand corps de celle qui l’avait vaincue.



Lyrie avait alors chuchoté quelques mots à l’oreille de la guerrière sans que personne ne puisse entendre ce qu’elle disait. Constance avait paru un instant en colère mais s’était contentée d’une réponse évasive assortie d’un grand sourire. Un peu plus tard, Lyrie s’expliquait auprès de Lilas.



Lyrie avait eu une moue comique et avait passé son bras sous celui de sa compagne.



Lyrie avait beaucoup parlé avec Viviane. Elles étaient restées un long moment, seules et plongées dans des échanges divers. La jeune bergère était plus volubile que ce qui se disait d’elle, et Lilas quelque peu surprise en était ravie. Ni Sybille ni les autres membres du groupe ne lui avaient rien dit mais Viviane tenait absolument à faire partie de l’expédition organisée par Lyrie. Elle ne savait pas de quoi il s’agissait mais elle avait insisté pour accompagner la tueuse de loups. Lyrie lui avait tout d’abord expliqué son plan, puis lui avait longuement parlé des dangers encourus. Viviane avait paru écouter attentivement la grande Parisii et avait simplement hoché la tête à la fin du petit discours. Puis, ses grands yeux s’étaient fixés sur la tueuse de loups.



Si la voix de Viviane n’était que douceur, son ton était ferme.



Les yeux verts d’eau de la tueuse se plantèrent dans ceux de Viviane.



Lyrie avait abandonné son air sérieux et sourit d’un air entendu à la bergère.



Viviane, était restée les yeux dans le vague un petit moment puis elle avait serré la grande main de Lyrie entre les siennes.



Adeline, elle, pouvait être charmante mais la plupart du temps, la jeune fille se comportait en véritable garçon manqué. Elle était la seule à chasser à l’arc et à s’entraîner au lancer de couteaux. Sybille avait d’ailleurs troqué dix sacs de grains, quelques-uns de ses chers livres et quelques poules pour obtenir les quatre couteaux de lancer qu’Adeline ne quittait jamais. Une véritable fortune pour la liseuse, mais la joie de sa fille et son intérêt pour son cadeau avaient été une belle récompense. Cependant, Lyrie comptait bien plus sur la mémoire d’Adeline que sur ses couteaux et une fille douée pour ce genre de chose pouvait être très utile. Et surtout, Adeline lisait couramment. Ce serait là son utilité première. La jolie Adeline aurait un rôle de premier plan à tenir.


Personne d’autre que Sybille, Sylvie et Lilas ne sut ce que la tueuse de loups et Lison s’étaient dit. Tout ce que l’on apprit, c’est qu’elles restèrent un très long moment à parler toutes deux comme de très vieilles amies.



La tueuse de loups s’était contentée de sourire sans rien ajouter. Il était maintenant évident qu’elle agissait en meneuse et Lilas en était pratiquement ébahie…




Tais-toi et mange !



Adeline s’amusait à provoquer Lyrie à chaque occasion. Ses blagues quelquefois puériles comme ses propos parfois à la limite de la méchanceté, agaçaient la tueuse de loups et la jeune fille adorait titiller la patience de cette dernière à chacune de leurs rencontres. Les intentions de la jolie brune n’avaient toutefois rien de mauvaises. La Parisii en était consciente et si les regards de la jolie petite brune restaient complices et rieurs, il lui arrivait également d’observer la tueuse d’une autre façon. Des regards qui mettaient parfois la chasseresse un peu mal à l’aise. Plusieurs fois, des allusions d’Adeline l’avaient troublées. Il ne lui avait pas été difficile de comprendre qu’elle plaisait beaucoup à la fille de Sybille et que cette dernière attendait que la tueuse se décide à la choisir comme proie. La veille, une attaque surprise d’Adeline avait totalement déstabilisé la tueuse de loups.

Alors qu’elles prenaient leurs repas du matin chez Sybille absente, la jolie brune était restée comme songeuse un long moment puis avait poussé un soupir lourd.



Les yeux noisette de la jeune femme s’étaient alors comme voilés et elle avait souri

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Lyrie avait senti ses joues s’enflammer mais ses yeux étaient restés plongés dans ceux d’Adeline. Puis elle se décida à entrer dans le jeu de sa voisine.



Adeline plaisantait mais à demi seulement et ses yeux brillants d’excitation démentaient le ton badin qu’elle avait employé. Cette fois, Lyrie trouva la force d’exercer une certaine vengeance sur toutes les provocations de la jeune fille.



La question avait pris la jeune femme au dépourvu et Adeline avait pris le temps de piocher un morceau de lard dans le plat.



La Parisii avait mangé le restant de ses œufs en prenant tout le temps du monde, puis elle avait torché son assiette d’acier avec un morceau de pain. Son repas achevé, elle but une gorgée d’eau en jetant un coup d’œil vers Adeline.



Adeline devait bouillir d’impatience mais chipotait de sa cuillère de bois dans son écuelle à moitié pleine d’œufs au lard comme si la phrase de Lyrie n’avait pas vraiment d’intérêt. Maintenant, il ne s’agissait plus de jeu ou de plaisanterie. La fille de Sybille était très sérieuse.



La tueuse de loups avait un drôle de regard et une moue qui pouvaient signifier toutes sortes de sentiments mitigés. Des émotions démontrant qu’elle était proche des envies de Lilas sans en être entièrement décidée.



Les yeux noisettes s’étaient foncés et Adeline laissait filer un soupir d’agacement.



Les yeux vert d’eau plongés dans ceux de la jeune fille brillaient d’amusement.



Lyrie n’avait qu’une vague idée de la notion de temps ou plutôt se moquait de connaître le nom du jour qu’elle vivait.



Adeline l’insouciante, la jeune fille insolente et sûre d’elle-même en toutes circonstances était restée la cuillère en bois levée et la bouche ouverte en un O parfait. C’était par ailleurs ce qui faisait le charme de la jolie brune. Adeline avait un caractère entier et pouvait être insupportable la moitié du temps. Mais il arrivait que sous un mot ou sous une certaine émotion, Adeline la terreur se transforme en une jeune femme un brin naïve autant que timide et douce.



Si elle avait presque le souffle coupé, Adeline ne pouvait ignorer que la respiration de sa voisine s’était alourdie. Les pointes des seins de la tueuse de loups tendaient le tissu de son débardeur noir et Adeline découvrait subitement que l’amusement de Lyrie, s’il était bien réel, se mêlait à un sentiment plus profond. La tueuse n’était pas seulement amusée et son air moqueur dissimulait d’autres émotions. Une certaine tension, une touche de timidité, et de l’excitation. Une excitation peut-être plus intense que la sienne…