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Temps de lecture estimé : 36 mn
28/05/23
Présentation:  Des souvenirs de liseuse et une très longue histoire. Des plans et des décisions. Une bergère et ses moutons. Et une omelette aux cèpes...
Résumé:  Lyrie Montmartre a découvert une nouvelle vie. Si elle se laisse porter par les évènements, elle éprouve désormais quelques doutes sur une existence qui lui apparaissait comme parfaite jusqu’ici...
Critères:  #aventure #sciencefiction #initiation #premiersémois f ff ffh couleurs forêt campagne cérébral voir exhib noculotte odeurs fmast hmast caresses intermast fellation cunnilingu 69 nopéné jeu
Auteur : Juliette G      Envoi mini-message

Série : Lyrie Montmartre

Chapitre 04 / 10
L'omelette aux cèpes

Résumé des épisodes précédents :

Lyrie Montmartre a découvert une nouvelle vie. Si elle se laisse porter par les évènements, elle éprouve désormais quelques doutes sur une existence qui lui apparaissait comme parfaite jusqu'ici. C'est en préparant une omelette aux cèpes avec Sybille la liseuse qu'elle découvrira bien d'autres choses…




La locomotive



L’histoire d’une très jeune femme qui passait son temps enfermée à se déchirer les yeux sur des pages de livres. Une occupation que les gens de la communauté jugeaient inutile.


L’histoire d’un jeune homme qui vivait rarement au village, préférant la solitude et la compagnie d’une vieille jument grise avec laquelle il partageait un vieux tunnel abandonné.


Deux histoires qui devinrent une même aventure de vie. Sybille et Jules s’étaient trouvés et s’étaient aussitôt aimés. Ces deux-là n’étaient que des parasites et ne servaient à rien. Alors, on décida de les laisser en paix.


Le jeune Jules avait découvert un endroit qui avait échappé à tous les autres habitants du bourg et s’y réfugiait pour être tranquille. Sa corpulence de géant faisait de Jules le parfait homme de peine et toutes les corvées nécessitant de la force lui étaient dédiées, ce qu’il avait eu le plus grand mal à supporter, refusant d'être la bête de somme sans cervelle que l’on imaginait qu’il était. Le géant s’était donc décidé à quitter la communauté. Le jeune homme avait compris que son abri était un ancien tunnel. Le début d’un tunnel que personne n’avait osé explorer. Le départ d’un long parcours souterrain qui semblait s’enfoncer à travers la forêt pour aboutir quelque part.


Jules venait de rencontrer Sybille, mais était déjà totalement sous le charme de sa Dulcinée. Il lui expliqua très vite son projet d’exploration. Il devrait s’absenter un temps, mais il promit qu’il serait vite de retour. Ensuite, ils verraient bien que décider, mais ils le feraient ensemble.


Jules resta absent un peu plus de deux mois. Il avait exploré son tunnel accompagné de sa jument grise nommée Églantine et d’une petite carriole chargée de vivres, d’un petit tonneau d’huile pour ses deux grosses lampes et d’autres petites choses lui permettant un long voyage. Le tunnel abritait une voie ferrée restée dans un état très acceptable. La fin du voyage débouchait sur des bâtiments qui paraissaient être en excellent état. Une grande gare ! Les rails, eux, traversaient cette gare et continuaient à tracer un chemin de fer vers une autre forêt. Le doux colosse n’avait pourtant pas osé s’aventurer seul dans une région totalement inconnue et s’était contenté de reprendre le chemin inverse. Sur le chemin de son retour, Jules fit une autre découverte. Une sorte de trappe camouflée par de la terre et des gravats, située à quelques pas seulement de l’entrée d’un mince boyau de béton qui avait jusqu’ici échappé à son attention. Cette trappe ouverte, une échelle rouillée menait l’explorateur à une salle souterraine où végétait une véritable relique du passé.


Jules parla de ses découvertes à Sybille et elle l’accompagna pour une seconde visite à la relique. Si Jules avait compris qu’il avait découvert une sorte de machine, Sybille s’occupa à déchiffrer un tas de documents. La pièce avait été le petit musée privé d’une entreprise appelée SNCF. La trouvaille de Jules était une petite locomotive à vapeur totalement démontée. Certaines documentations expliquaient l’historique lié à cet engin du passé. Cette incroyable relique en pièces détachées devait être remontée dans ce début de tunnel pour devenir la petite attraction culturelle d’une gare en construction. Depuis combien de temps attendait-elle que l’on s’occupe d’elle ? Alors, Sybille et Jules se chargèrent de cette renaissance. Lui était la force, elle était l’intelligence. Sybille détaillait les plans et Jules s’occupait d’assembler les pièces de l’engin.


Il leur avait fallu deux longues années de travail pour qu’enfin, leur tâche soit achevée. La petite locomotive à vapeur, ses roues sur les rails d’acier, n’attendait plus qu’une chose. Rouler ! La machine était prête à voyager !




Les drames d’une vie



Sybille et Jules s’étaient décidés à se rapprocher des autres habitants, non sans garder pour eux leur petit secret. Ils avaient choisi de n’en parler que quand tout serait prêt. Depuis peu, le couple se penchait sur la meilleure façon de faire fonctionner leur trouvaille. Ce serait certainement un bon moyen de retrouver les grâces de leurs concitoyens.


Sybille avait été la première femme du village à se rebeller. Elle n’avait aucune envie de coucher avec d’autres hommes. Jules, l’homme de sa vie était plus virulent encore et était prêt à en découdre pour défendre celle qu’il aimait. Jules était un géant doux, mais doté d’une force hors du commun et personne n’osa le défier. Pourtant, quelques mois plus tard, la jeune femme retrouvait Jules aux abords de sa tanière de roche. Elle découvrait avec horreur le cadavre de Jules. Le cou de taureau de son amant était cassé et l’une de ses jambes musclées désarticulée. C’était comme si Jules était tombé de la voûte de son cher tunnel.


L’année suivante, Sybille reprenait le droit chemin pour ne pas être bannie du bourg et couchait avec les hommes que le calendrier lui attribuait. Bien plus tard, la liseuse avait pris de l’importance et l’affaire de la prison l’avait propulsée dans une notoriété nouvelle.


C’était dans ces moments d’une grâce qu’elle dédaignait que Sybille se liait d’amitié avec Sylvie. La guérisseuse et membre du conseil. Un conseil pourtant réellement dirigé uniquement par des hommes. Les propositions de Sylvie, le plus souvent utiles, restaient soumises aux décisions des hommes. La guérisseuse n’était pour le conseil du village de Jablines qu’une simple manière de laisser croire que les femmes comptaient dans les décisions prises. Elle n’était qu’une faire-valoir et en était consciente. Pour elle, c’était pourtant un moyen d’en savoir assez sur la conduite des véritables décideurs.


La complicité des deux femmes se mua très rapidement en un curieux mélange d’amour réel et d’amitié sincère. Sylvie avait compris que sa présence au conseil dérangeait. Sa place n’était qu’un leurre pour rassurer les femmes sur leur importance pour la communauté. Son comportement de femme appréciant d’autres femelles agaça un peu plus les hommes du village. Les interventions de la guérisseuse énervaient le bourgmestre et ses conseillers et ses amours furent les gouttes d’eau qui firent déborder le vase. Dès lors, on lui conseilla de ne plus perturber le conseil sous peine d’être rejetée. De ce jour, la guérisseuse se contenta d’écouter dans les réunions sans intervenir et elle se fit très vite oublier.


Tout ce que Sylvie apprenait était rapporté à Sybille. Tout comme son amie lui avait déjà raconté son aventure dans le tunnel, la découverte de la locomotive et la mort de Jules. La guérisseuse, surprenant une conversation entre le bourgmestre et l’un de ses sous-fifres, s’était aussitôt ouverte à la liseuse. Elle lui confirma que le conseil avait toujours su que Jules n’avait pas été victime d’une chute idiote. Certains des hommes n’avaient pas même désiré se cacher, mais le bourgmestre avait exigé de la discrétion pour ne pas semer de troubles. Jules avait tout simplement été assassiné. Sybille avait accueilli cette nouvelle sans un mot. Il s’était passé tant de temps qu’elle n’éprouvait plus que dégoût et déception.


Plus tard, les deux amies s’inquiétèrent de la décision du bourgmestre de troquer des femmes sans leurs consentements. Les chefs de tous villages en avaient décidé ainsi d’un commun accord. Les sept villages comme les autres. Jusqu’ici, cet acte existait et avait été quelquefois mis en pratique, mais jamais sans le désaccord des concernées. Il pouvait s’agir d’aider une autre communauté ou de satisfaire les désirs d’une femme qui désirait changer de vie. Désormais, les conseils des villages pourraient éloigner celles dont ils voulaient se débarrasser, sans le consentement de ces dernières. Soit par intérêt, soit parce que telle ou telle fille les dérangeait. Une excuse sans fondement avait même été échafaudée. La consanguinité ! Une idiotie et un mensonge. La guérisseuse savait que les naissances étaient bien trop rares pour que l’on s’inquiète de consanguinité. Les deux femmes étaient désormais persuadées que jamais, une femelle ne pourrait obtenir le pouvoir de décider quoi que ce soit de sa vie sans l’accord des hommes. Qu’ils soient de pouvoir ou non. Alors, les deux femmes se firent un devoir de tout tenter pour que les choses changent. Ce qui menait à une autre histoire. L’acte odieux perpétré sur le malheureux Jules avait fini par raviver la colère de Sybille.


C’est ce qui déclencha une suite d’évènements qui méritaient amplement une autre histoire.




Un mensonge, une vérité et un espoir



Une histoire qui aurait fait couler beaucoup d’encre si elle avait pu être écrite. Si Sylvie, grâce à l’enseignement de la liseuse, savait maintenant lire, Sybille seule connaissait l’écriture, même si elle devait se contenter de bâtons de craie grossiers et de griffonner sur de l’ardoise plus grossière encore. Mais, de toute façon, elle n’écrirait jamais ce qui s’était réellement passé pour une postérité qui ne l’intéressait pas.


La première partie de cette histoire était un plan basé sur un mensonge.


Sybille et Sylvie étaient parties à la cueillette de plantes et de racines. La guérisseuse en avait constamment besoin et c’était une tâche primordiale pour la santé de la communauté. Et il y avait eu des loups. Une belle bande de ces bêtes. Il était devenu rare d’en rencontrer aux alentours, mais la malchance avait fait que… les deux femmes avaient fui. Puis elles s’étaient égarées avant de constater avec horreur qu’elles s’étaient irrémédiablement perdues. Alors, elles s’étaient rendu compte qu’elles ne retrouveraient jamais leur cher village. Dans leurs errances, la chance, si l’on pouvait parler de chance, leur sourit enfin et leur accorda un abri. Un hameau abandonné qu’elles estimaient à une vingtaine de journées de marche de leur village. Là, elles avaient survécu tous ces mois comme elles l’avaient pu sans oser quitter leur seul refuge. Il y avait bien heureusement une source alimentant une antique fontaine. Sylvie savait préparer racines comestibles et plantes de toutes variétés et Sybille avait appris à poser des collets.


Aucune des deux amies n’était capable de savoir avec exactitude combien de temps s’était écoulé, mais elles ne supportaient plus leur solitude et décidèrent de tout faire pour retrouver le village. Et ce, quitte à y laisser leur vie. L’une comme l’autre se souvenait qu’il fallait aller vers l’Ouest. Elles avaient trouvé une vieille faux et un lourd marteau de forge équipé d’un long manche encore solide. Des armes rudimentaires, mais qui suffiraient peut-être à les protéger des fauves pour le chemin du retour. Elles ne supportaient plus leur solitude et voulaient rentrer chez elles, quel qu’en soit le prix à payer. Leur arme principale était un renouveau de courage et elles étaient bien décidées à tenter leur chance.


Le village avait été stupéfait de retrouver deux de ses femmes en haillons et qui semblaient affolées et épuisées. Elles étaient apparues un matin gris et froid. Disparues pour le monde depuis plus de neuf mois, elles étaient revenues saines et sauves. Leur dramatique récit fit de Sybille et Sylvie les héroïnes de l’année en cours. On les plaint, on les dorlota, on les félicita, on les choya et on finit par les laisser tranquilles. Voilà pour le mensonge…


La suite de cette histoire était une vérité pleine d’espoir.


Sybille et Sylvie n’avaient pas de jument et avaient dû s’atteler elles-mêmes à une petite carriole fabriquée par la liseuse à l’aide de plans. Il avait fallu un mois de préparatifs, mais les deux amies n’avaient rien oublié. Sybille se souvenait parfaitement de l’épopée de son cher Jules. De quoi faire du feu, de quoi faire des torches, trois ou quatre lampes à huile et évidemment de l’huile en quantité. Des bougies, des vêtements chauds, des couvertures de laine et des réserves de nourriture. Viandes de porc et de moutons séchées, fruits séchés, pommes de terre et un baril d’eau potable, pour la cuisson ou pour la toilette. Il y avait de quoi faire et l’eau était primordiale pour que leur plan n’échoue pas. Jules avait dit que de nombreux endroits dans le tunnel contenaient des petits réservoirs d’eau. De l’eau de pluie récoltée de l’extérieur. C’était peut-être pour alimenter les anciennes chaudières des locomotives antiques. Ou pour une autre raison inconnue. Par sûreté, il fallait simplement faire bouillir cette eau si l’on désirait la consommer.


Les deux femmes avaient donc suivi les pas de Jules et comme lui, elles avaient atteint le bout du voyage. Tout comme le bon géant, elles découvrirent la gare, mais contrairement à lui, elles ne reprirent pas le chemin du retour. Sybille et Sylvie restèrent cinq mois de l’autre côté du tunnel. L’immense gare était restée dans un état incroyable. Aucune de ses vitres épaisses n’était brisée et les matériels de construction étaient restés en bon état. C’est tout juste si la rouille avait trouvé quelques victimes à se mettre sous la dent. L’intérieur était un véritable château dont elles devinrent les princesses le temps de reprendre courage et forces. L’endroit aurait pu accueillir les habitants des sept villages et bien plus de gens encore. La gare était cernée par de hauts murs protecteurs mêmes si inutiles.


Très vite les deux exploratrices s’étaient rendu compte que les loups étaient absents du paysage. La liseuse et la guérisseuse passèrent cinq mois à explorer soigneusement un bon bout de cette région inconnue. Là encore, elles trouvaient un lac. Plus grand et cerné par une forêt qui paraissait immense. Les deux femmes découvrirent une petite ville désertée, aux habitations pour la plupart dans un état acceptable située à une demi-journée de marche de la gare. Et, elles suivirent les rails trois jours durant. Elles n’avaient qu’une question en tête. Où menaient ces rails ? Sybille et Sylvie tinrent conseil un soir d’été. Elles n’avaient plus quitté les bâtiments ferroviaires depuis leur retour d’exploration et il était temps de prendre une décision. Toutes deux s’étaient assises à une petite table fabriquée dans ce qui semblait être de l’acier inoxydable. Pour Sybille, il s’agissait de la terrasse de ce qui s’était appelé un bar. C’est ce soir-là que les deux femmes imaginèrent un plan de bataille pour l’avenir. Le leur, comme celui de leurs amies de Jablines et peut-être celui d’autres femmes. Ce fut leur dernière soirée passée à la gare.


Sur le chemin de retour, les voix de Sybille et Sylvie résonnaient sous la voûte de béton armé. Elles avaient un peu moins d’un mois pour échafauder un projet viable. Ce serait difficile et certainement très long, mais la confiance qu’elles éprouvaient l’une envers l’autre, comme un espoir éveillé, leur donnait des idées nouvelles. Une fois arrivées à l’extrémité du tunnel, elles brûlèrent tout l’équipement qu’elles avaient soigneusement préparé pour leur plan d’évasion. Elles rangèrent soigneusement les combinaisons d’un vert délavé qu’elles avaient dénichées à la gare dans un coin du local abritant la locomotive. Cela fait, elles enfilèrent leurs vêtements de villageoises, non sans les salir de poussière et de boue avant d’en faire des haillons. Avant leur départ, Sybille s’était assurée que le hameau censé les avoir abritées durant ces mois d’absence existait bel et bien sur des cartes. Le mensonge de leur triste mésaventure tiendrait certainement devant le conseil. Après tout, d’autres qu’elles s’étaient perdues et avaient eu la chance de leurs côtés. Voilà pour la vérité…




La guerre du sexe



Dix-huit ans auparavant, Jules avait découvert sa locomotive. L’expédition secrète de Sylvie et Sybille remontait à neuf ans. Depuis, les deux femmes avaient œuvré dans l’ombre. Elles manipulaient les uns, usaient de charme et d’adresse pour obtenir les faveurs des autres, tout en s’occupant à d’autres activités qui, elles le savaient, leur seraient utiles un jour.


Gilles allait sur ses cinquante ans et n’avait jamais été admis au conseil malgré ses demandes. Il avait beaucoup ri à la proposition de Sybille, mais avait accepté son idée.


Gilles, adolescent, était un jour revenu au village avec un tout jeune poulain au bout d’une longe. Le petit cheval était dans un état de santé pitoyable. L’animal avait une jambe cassée. Un peu plus tard, le jeune homme réussissait à convaincre le conseil et organisait une battue. Il avait trouvé l’endroit idéal où rabattre le petit troupeau de chevaux sauvages. Ensuite, il s’agissait d’isoler la jument choisie et que son poulain suivait sans songer à un danger quelconque. En l’occurrence, il s’agissait cette fois d’une pouliche. Sa mère était sa protectrice et elle ne la quitterait pas. Enfin, il fallait user de sa patience pour épuiser la jument. La battue nécessitait la présence d’une bonne partie du village et des femmes en particulier. Gilles savait que le poulain n’avait plus vraiment besoin de sa mère pour survivre. Il avait suivi le début de vie du jeune animal avec attention. Alors, on abattait la jument épuisée pour sa peau et sa viande et Gilles s’occupait de l’orphelin. La première monture de Gilles boita toute sa vie des suites de sa jambe cassée. Il fut pourtant un étalon productif. Gilles avait éduqué son premier cheval tout seul, mais Sybille et ses livres l’aidèrent beaucoup pour le deuxième poulain qui lui, ne boitait pas. Il y eut d’autres battues et d’autres dressages parfaitement réussis, et les chevaux de Gilles devinrent très utiles à la communauté. Gilles resta la seule personne capable de les dresser. Sybille et Sylvie l’avaient toujours soutenu dans ses efforts.


Sybille avait fini par comprendre que les femmes qu’elles désiraient protéger pouvaient user d’un certain moyen de pression sur les hommes. Mieux que cela, elles avaient un pouvoir relativement puissant. Il suffisait de savoir utiliser cette puissance avec intelligence. L’année suivante serait le point de départ du projet imaginé par les deux amies. Des élections pouvaient changer bien des choses, si elles étaient utilisées à bon escient. Si les femmes n’avaient pas le droit de voter, elles pouvaient donner leurs avis. Ce qui n’avait jamais servi à rien jusqu’ici. Jusqu’ici… Tous les ans, des élections rapides permettaient de changer la composition des membres du conseil en place, mais les mêmes personnes étaient invariablement réélues, le bourgmestre usant de son droit de décision qui pouvait passer outre le vote. Cette fois, ces élections organisées tous les sept ans permettaient d’élire un nouveau bourgmestre en plus d’un nouveau conseil.


Vic et Gilles étaient des hommes bons et honnêtes, mais surtout, ils aimaient les femmes. Ils étaient, en plus de leurs qualités reconnues, des amants attentionnés. Mais il n’était pas uniquement question d’amour physique et de plaisirs, non, ils étaient des hommes qui respectaient les femmes et celles-ci le savaient. Pour ces raisons, Vic et Gilles étaient très appréciés de ces dernières. Sybille et Sylvie entrèrent alors en guerre. Une guerre qui dura près de quatre mois. Une guerre que les dames du village livrèrent discrètement avec autant de ruse que d’intelligence. Les batailles s’étaient livrées dans des chambres, sous des couettes, dans des champs, ou sur l’herbe cernant le lac. Quand l’adversaire refusait de les écouter ou se faisait tirer l’oreille, les femmes se refusaient en bloc à l’amour. Soit elles obtenaient satisfaction, soit elles ne déposaient pas culotte. Le petit discours guerrier des femmes du village était simple. Elles n’étaient pas satisfaites du bourgmestre en place, et pas plus du conseil qui le suivait. Alors qui d’autres que des hommes, en qui elles avaient toute confiance, pouvaient changer les choses ? Des petits discours suivis de minauderies câlines quand ils étaient acceptés, ou d’une froideur inflexible quand ils étaient ignorés. Trois mois durant, l’issue de la guerre resta incertaine. Puis, les hommes capitulèrent…


La première grande victoire des deux amies avait été de réussir à convaincre Vic de se présenter comme membre du conseil pour l’année suivante. Ce qu’il promit en maugréant, sous la constante insistance d’une belle bergère blonde nommée Lilas. La seconde fut de décider Gilles à oser prétendre au poste de bourgmestre.


La guerre du sexe menée par les femmes du village avait fait le reste…


Gilles devint le nouveau bourgmestre du village et Vic membre de son conseil. Puis Sybille souffla une nouvelle idée à l’oreille du nouveau bourgmestre. L’année suivante, la fonction de chef de conseil fut votée et Vic prenait du galon…




… rentre tes blancs moutons



Il tombait des cordes et Adeline n’avait pas osé insister pour convaincre sa mère de la garder auprès d’elle. La conversation qu’elle aurait avec la belle Parisii serait certainement passionnante, et si elle était réellement intéressée par tout ce qui pourrait être débattu entre les deux femmes, elle aurait aimé être là pour une autre raison. Elle se sentait terriblement attirée par la tueuse de loups. Il ne s’agissait pas uniquement d’un attrait physique et la curiosité y était pour une bonne part. La personnalité de la grande femme brune la touchait et Lyrie Montmartre l’impressionnait comme personne ne l’avait jamais encore fait. C’était la première fois qu’elle ressentait cette impression, et elle avait envie d’éprouver bien d’autres choses au contact de cette inconnue qui avait survécu à tant de dangers.


Adeline et Viviane avaient été très amies avant qu’un drame atroce ne ruine leurs rapports. Viviane, bergère des moutons de la communauté, avait été violée par d’odieux pervers. S’ils avaient été jugés, la jeune fille âgée de treize printemps ne s’était jamais vraiment remise de cet acte innommable. L’amitié entre les filles n’était pas morte, mais s’était étiolée, la jeune bergère se repliant totalement sur elle-même. Un isolement délibéré de Viviane jusqu’à ce début d’année qui se mua en une tout autre relation. Après une longue promenade aux alentours du lac, Adeline et Viviane s’étaient rapprochées sans trop comprendre ce qu’elles éprouvaient et s’étaient embrassées plusieurs fois. Si la fille de Sybille avait eu quelques expériences avec son jeune amant, elle était toujours vierge et se contentait de caresses et de petits jeux de bouches. Quant à la jolie bergère à la peau couleur caramel, elle n’avait connu que ces baisers avec son amie. Les deux femmes étaient dans une situation exceptionnelle dans les sept villages. Elles avaient le même âge à quelques jours d’écart et leurs vingt printemps auraient dû en faire des partenaires de vie pour les hommes depuis longtemps. Si Adeline s’y était toujours refusée en arguant de ses droits à choisir son existence, le drame vécu par Viviane avait retenu les décisions du conseil.


Adeline était une chasseresse pour la communauté, comme elle aimait s’entraîner aux combats de luttes à mains nues. Adolescente, une brusque envie l’avait fait passer pour une fille étrange, mais cela ne l’avait pas fait reculer dans sa décision. La jeune fille s’était occupée à se faire fabriquer des couteaux. Des armes très spéciales, qu’Étienne, le forgeron du village, avait mis très longtemps à fabriquer pour sa cliente. Ce travail avait été un véritable défi et l’artisan s’était surpassé pour réaliser cette commande. Après trois mois de travail, il donnait à Adeline ses couteaux. Des lames courtes, affinées et délicates. Des armes à lancer. Dès lors, la jeune fille ne s’en sépara plus et passa tous ces moments de loisir à travailler ses lancers de couteaux. Aujourd’hui, Adeline excellait dans le maniement de ces petites dagues d’acier et ne ratait pratiquement jamais ses cibles.


Les deux femmes, accompagnées d’André, avaient mené le troupeau de Viviane en pâture malgré la pluie épaisse et une fois dans la petite prairie, le trio s’était installé dans l’abri que l’on avait construit pour la bergère. Tous trois étaient assis en cercle et assez proches pour se toucher. Malgré l’orage de cette matinée, l’intérieur de la petite cabane était étouffant de moiteur. Adeline et André discutaient de banalités et la timide bergère les écoutait sans intervenir. Les filles avaient enlevé les épais gilets de laine qu’elles portaient sur des tuniques de tissu écru découvrant leurs bras et leurs jambes. C’était les vêtements de tous les jours que les femmes portaient pour travailler ou quand elles restaient dans l’enceinte du village. La lanceuse de couteaux, surnom gagné très rapidement par celle que tous nommaient d’abord « La fille de la liseuse », transpirait déjà et Viviane suait plus encore. Elle sentait des rigoles de transpiration baigner son corps et faire briller sa peau sombre.



La vue des peaux en sueur des filles avait eu un effet aphrodisiaque sur le jeune homme et déclenché une excitation qu’il ne pouvait pas vraiment cacher. André était vêtu d’un vieux pull-over tricoté grossièrement et l’entrejambe de ses pantalons de tissu était tendu par son érection.



Le léger courant d’air venu de la seule petite fenêtre restée ouverte n’arrivait pas à occulter les odeurs mêlées de leurs corps. Des odeurs de sueurs un peu âcres et des senteurs de femmes poivrées montaient par instants aux narines de la belle Adeline.



La question d’Adeline adressée à la bergère avait été suivie par un drôle de sourire.



La bergère leva ses grands yeux gris et regarda ses compagnons tour à tour sans prononcer une parole. Les lourdes mèches de sa tignasse noire et frisée étaient humides de sueur.



La réponse de son amie rassura la jolie brune et elle lui adressa un autre sourire.



Il était impossible de savoir quand Viviane rougissait, mais il sembla à la lanceuse de couteaux que la peau sombre de la métisse cachait un certain émoi naissant.



Le petit rire d’Adeline résonna dans le cabanon aspergé par la lourde pluie d’orage.



André était le meilleur ami d’Élias et il était rare de ne pas les voir ensemble. Pourtant, malgré son apparence juvénile, le tanneur était bien plus âgé que son ami. Il allait sur ses dix-neuf ans, mais paraissait bien plus jeune. Il était également l’opposé d’Élias dans son physique. S’il était aussi beau que son ami, la ressemblance s’arrêtait là. André était brun et gardait ses cheveux coupés très courts. De beaux yeux marron, souvent rieurs, dans un visage agréable et un brin trop long lui donnaient un charme certain. Le jeune tanneur n’était pas très grand et pas très costaud, ce qui ne l’empêchait pourtant pas de travailler dur.



La jolie brune avait lâché un autre rire, quand son amant une fois debout, avait retiré son pull-over et baissé les pantalons sur ses cuisses avant de s’en débarrasser. Il bandait très fort et son membre turgescent pointait fièrement contre son ventre. Sous sa tunique, Adeline sentit les petites sphères fermes de ses seins se gonfler et leurs pointes durcir pour griffer le tissu. Quand le tanneur reprit sa place, la lanceuse de couteaux jeta un coup d’œil sur son amie.



La bergère détourna son regard gris d’André et retint un soupir. À sa grande surprise, elle n’avait pas pu s’empêcher de regarder le petit spectacle du tanneur qui exhibait son érection.



La lanceuse de couteaux, assise cuisses serrées, crut qu’elle transpirait plus encore d’un seul coup. Une vague de chaleur l’enveloppa brusquement et elle lâcha un petit soupir agacé.




L’omelette aux cèpes



Sa très longue narration terminée, Sybille avait ensuite exposé ses ébauches de plans de bataille à une Lyrie devenue plus attentive encore.



Le pâle sourire de la grande Parisii disparut et elle hocha la tête, faisant doucement danser la tresse épaisse couchée sur son épaule gauche.



Cette nouvelle fit se froncer les épais sourcils sombres de la tueuse de loups. Une terrible nouvelle.



Lyrie laissa filer sa respiration oppressée et resta un petit moment à se mordre la lèvre inférieure.



Lyrie passa ses longues mains sur son visage et les pressa sur ses tempes. Le long récit de Sybille l’avait passionnée. Cette histoire aurait pu être un véritable roman d’aventures et Lyrie l’une de ses héroïnes, mais il s’agissait d’une bien triste réalité.



La matinée était passée sans que les deux femmes ne s’en rendent compte. Lyrie, fatiguée par sa nuit sans sommeil passée dans les bras de Lilas, se sentait maintenant épuisée.



Le sourire de Sybille éclaira la petite pièce et elle se leva avec une certaine raideur dans ses mouvements.



Sybille eut un regard amusé et soupira.



La liseuse s’était retournée et regardait Lyrie debout devant elle.



Sybille, tête penchée sur le côté, resta un moment sans réponse puis se décida à parler.



La liseuse déposa une vieille poêle en fonte bosselée et noircie sur la table.



La liseuse en avait terminé de casser les œufs et s’était armée d’une longue baguette de bois se terminant en fourchette à trois dents.



Sybille battait lentement les œufs, un petit air amusé aux lèvres et laissa passer un long moment de silence qui poussa Lyrie à lui prendre la baguette des doigts.



Lyrie sentit les doigts de la liseuse sur sa main et baissa les yeux sur eux.



Les yeux vert d’eau se levèrent sur le visage de la liseuse et Lyrie en conclut que Sybille ne plaisantait pas.



La tueuse de loups, si elle avait appris la patience, comprit qu’elle se prenait au jeu de Sybille. Elle avait soudain très envie d’apprendre le secret de l’omelette aux cèpes…




Regards et anecdotes



Sans trop analyser le trouble qu’elle avait éprouvé en regardant l’érection d’André, Viviane n’avait cependant pas répondu aux avances déguisées de son amie. Adeline avait des idées derrière la tête et la bergère en était un peu perturbée. Toutes ces histoires de sexe et de rapports entre hommes et femmes ne l’effrayaient plus, mais elle préférait garder ses distances avec ce sujet toujours délicat pour elle.


Viviane avait prévenu qu’elle veillerait sur ses moutons le reste de la matinée et avait laissé le choix à ses amis. Ils pouvaient l’accompagner ou rester dans la cabane, et ils pouvaient également aller vérifier les collets qu’elle avait posés la veille au soir. Adeline et André connaissaient parfaitement les endroits où la bergère avait posé des pièges. Viviane s’était amusée de la déception évidente qu’elle causait aux deux autres et avait souri en les regardant s’éloigner vers les bosquets de hêtres. Avec de la chance, ils auraient dû gibier pour le soir.


Ce début d’après-midi pluvieux restait doux et la cabane était devenue une sorte d’étuve. Viviane se demandait si elle ne serait pas mieux sous la pluie avec ses moutons. Elle était rentrée à l’abri poussée par une petite fringale et avait trouvé les autres dans le cabanon. André et son amie avaient rapporté deux lapins et un lièvre et la chasseresse avait même tué une grosse perdrix d’une flèche.


Sans que personne ne lui demande quoi que ce soit, André s’était à nouveau dévêtu. Puis il avait empoigné son sexe quand la lanceuse de couteaux s’était déchaussée avant de se lever pour quitter sa tunique. Les yeux noisette d’Adeline s’étaient posés sur la bergère à la peau couleur caramel brûlé.



La belle bergère avait d’abord éprouvé un certain malaise dû aux comportements de ses voisins. Puis, plongée dans ses pensées troublées, elle s’était lentement calmée. Elle connaissait très bien André et le savait gentil et agréable avec tout le monde. Quant à Adeline, elle était son amie de toujours et elle avait une totale confiance en elle.


La lanceuse de couteaux, si elle était entièrement nue, ne paraissait pas gênée de s’exhiber ainsi. La jolie métisse avait même fini par trouver naturelle la scène étrange qui se déroulait sous ses yeux depuis un bon moment. André, toujours en érection, se caressait de temps à autre en observant ses compagnes, portant évidemment plus souvent son regard sur la nudité de la jolie brunette.


Après un long moment à observer les autres, la bergère avait fouillé dans son sac et avait sorti des beignets et de la compote de pommes sauvages. Viviane était maintenant en nage et son visage dégoulinait d’une désagréable sueur. Sans se lever et avec un naturel qui l’étonna, elle se débarrassa de ses bottines de peaux, et sans plus d’hésitation, releva son seul vêtement sur son corps et fit passer sa tunique par-dessus sa tête. Une fois nue, elle désigna les pâtisseries et le pot de compote de la main en affichant une petite moue timide. Plutôt petite, mince comme une liane, la métisse était charmante et André ne cessa plus de l’observer. Gênée, Viviane baissa les yeux sur la couverture qu’elle avait installée sur le sol de terre battue à leur arrivée à la cabane.



André avait avalé son beignet et se masturbait doucement en regardant ses voisines grignoter les leurs. Viviane, si elle restait curieuse du sexe dressé sous ses yeux, se sentit brutalement chahutée après un regard timide sur le ventre de son amie. Adeline mouillait et sa fente était tapissée de cyprine. Quand la jolie brune l’imita et porta son attention sur elle, la bergère eut l’impression que les poils qui bordaient sa fente s’humidifiaient d’un coup. La vue de la petite chatte ouverte et mousseuse de la lanceuse de couteaux fit se durcir les petits bourgeons bruns de ses seins et Viviane crut que sa gorge se serrait et qu’elle ne pourrait pas avaler sa bouchée.



Les petits seins en pomme de la chasseresse dansèrent dans son mouvement quand elle bougea et Viviane eut un léger sursaut quand les doigts de son amie se posèrent sur son pubis.



Adeline fouilla délicatement les poils durs et frisés et son regard noisette affronta les yeux gris de la bergère.



Totalement prise au dépourvu, la métisse resta aussi immobile qu’une statue, subissant une nouvelle vague de brusque chaleur.



Le léger rire d’Adeline avait fait piquer son plus beau fard à Viviane et cette dernière avait remercié intérieurement son défunt père de lui avoir légué un teint si sombre.


Adeline s’était mise à parler et n’avait plus arrêté. Tout en croquant des beignets, elle s’était lancée dans des anecdotes très intimes sur ses découvertes des joies du sexe et de ses petits jeux avec son seul amant. Si elle était aussi vierge que son amie, elle ne s’était pas privée de certains plaisirs. Viviane souriait sans cesse et quand elle riait aux mots de la lanceuse de couteaux, les douces poires fermes de sa poitrine dansaient en de charmants tressautements gracieux. Les aréoles de ses seins étaient beaucoup plus foncées que sa peau cuivrée et ses tétons très sombres étaient restés dressés depuis qu’elle était nue.



Contrairement à Adeline restée sagement cuisses serrées, la bergère s’était assise en tailleur et ne semblait pas se rendre compte de ce qu’elle montrait. Les poils de jais qui bordaient sa fente rouge sang brillaient d’une lourde humidité.



Plusieurs fois, Viviane avait ri à gorge déployée tout en se sachant excitée comme elle ne l’avait jamais été. Le sexe tendu d’André, l’intimité trempée de son amie et ses confidences la mettaient dans un état inconnu, mais qui lui plaisait. Toute gêne l’avait abandonnée et elle se sentait bien.


Plongée dans ses petites histoires, la lanceuse de couteaux s’était laissée emporter par des idées de plaisir. Un regard sur la position en tailleur de sa compagne la fit bouger et elle opta pour cette même posture. Un moment encore, elle fit rire son auditoire en détaillant le premier cunnilingus que le tanneur lui avait prodigué. La sensation avait été telle et son orgasme si puissant, qu’elle avait giclé comme une fontaine subitement ouverte par un robinet.





Caresses et gourmandises




La jolie brunette décroisa ses pieds d’un lent mouvement, puis porta à sa bouche son beignet pour y croquer. Elle eut l’impression que ses tétons se tendaient encore et que leurs pointes allaient éclater. Son souffle devenu lourd la fit éloigner le biscuit et ouvrir la bouche quand sa main se glissa entre ses cuisses. Sa petite chatte était trempée et quand son majeur buta sur son clitoris, elle frissonna. Dur et gonflé, son petit bouton était proche de péter comme un bourgeon à la belle saison. Les deux doigts d’Adeline avaient été comme aspirés par son sexe et elle avait contenu un soupir de bien-être. La lanceuse de couteaux ne s’était préoccupée qu’à observer ses gestes et quand elle releva le regard vers les autres, elle sentit son visage s’enflammer. Bouches bée, regards fixés sur sa main entre ses jambes, Viviane et André paraissaient retenir leur souffle. L’effet d’être regardée et d’exciter son amie comme son amant fit presque jouir la jolie brune qui se força à enlever ses doigts de sa petite grotte intime. Elle était proche de succomber au plaisir et sa soudaine frustration la fit frissonner.



La voix naturellement douce d’Adeline était basse et voilée et ses yeux noisette semblaient avoir de la peine à rester ouverts. Les petites mains de la lanceuse de couteaux englobèrent ses seins et ses doigts étirèrent leurs mamelons.



Les paroles de la charmante Adeline et son excitation évidente firent réagir André qui accéléra ses caresses sur son membre tendu à se rompre et la jolie brune rougit en écartant plus largement ses cuisses avant de redescendre lentement sa main vers sa vulve.



La jeune femme avait souri en répondant à son amie et cette dernière eut une petite moue déçue.



André avait imité sa maîtresse, se caressant avec la même douceur et une lenteur extrême. Les deux amants s’observaient et il était évident que le couple se contenait pour ne pas se lâcher et en finir plus vite.


D’abord, Viviane avait refusé d’ouvrir la bouche et Adeline s’était contentée de badigeonner les lèvres épaisses et sensuelles de son amie de son jus de femme. À sa deuxième tentative, la bergère laissait les doigts de sa voisine entrer dans sa bouche. Puis, la jolie métisse suçait les doigts posés sur ses lèvres. Adeline lâchait de petits soupirs quand elle se pénétrait et Viviane avait du mal à respirer en l’observant se caresser. Le visage en feu, elle avait subi les trois tentatives de son amie sans se rebiffer et ne le regrettait pas. Goûter à Adeline l’avait vraiment chahutée. Et si l’envie d’imiter d’Adeline lui vrillait le ventre, elle n’osait rien entreprendre.



Les grands yeux gris se fixèrent à la main de la lanceuse de couteaux qui prenait d’assaut sa fente ouverte et détrempée :



Viviane n’avait pas reconnu sa voix quand elle avait lâché ses mots.



La métisse jeta un coup d’œil sur André et laissa filer un gémissement ténu.



Adeline avait bougé lentement et sa main libre avait empoigné le membre viril proche de la jouissance pour le caresser doucement.



La lanceuse de couteaux quitta son amant des yeux et sourit à la belle métisse.



Adeline branlait plus rapidement un André aux portes du bonheur et Viviane était comme hypnotisée par un spectacle envoûtant.



Les paroles du beau tanneur agirent comme une sorte de déclenchement et la belle métisse descendit sa main sur son ventre avant de laisser glisser ses doigts sur sa faille béante et gluante de son désir.



Littéralement subjuguée, Viviane ne quittait pas des yeux le membre viril qui se libérait en longues saccades, éclaboussant le ventre de son propriétaire avant de maculer de foutre la main d’Adeline. La bergère soupira longuement en enfonçant doucement ses deux doigts dans sa grotte ouverte et inondée de mouille. Adeline, souriante, se caressait, ses yeux noisette braqués sur la bergère qui se doigtait avec une certaine vigueur.



Viviane, comme soudainement libérée de toute timidité et de toute gêne, soupira en enlevant ses doigts de son ventre.



La jolie métisse ne se fit plus prier et obéit à son amie, l’observant sucer ses doigts tapissés de sa liqueur.



Les deux femmes se doigtaient un petit moment et alternaient leurs offrandes et la métisse quitta des yeux la chatte détrempée de son amie pour regarder la sienne. Les poils de sa toison brillaient de mouille.



Les doigts de la chasseresse repoussèrent ceux de son amie et prirent leur place, s’enfonçant doucement dans la faille inondée.



Leurs doigts bougèrent d’abord avec douceur puis chacune caressa l’autre avec plus de vigueur.



L’orgasme fit se cabrer la belle métisse qui se colla à la main qui la fouillait. Viviane jouit en feulant longuement et Adeline approcha son visage et embrassa les lèvres sensuelles. Quand la bergère répondit à son baiser en gémissant, la chasseresse ondula sur les doigts qui la prenaient.



Le beau tanneur bandait à nouveau et la lanceuse de couteaux s’était remise à le masturber avec vigueur.



La bergère avait eu le plus grand mal à parler. Elle avait cru défaillir quand Adeline lui demandait son aide pour caresser son amant.



La lanceuse de couteaux lui avait laissé la place et la métisse se caressait d’une main et branlait la queue dure d’André de l’autre. Puis, elle n’en crut pas ses yeux quand Adeline se pencha et prit le sexe d’André dans sa bouche. La brune suçait son amant depuis un petit moment quand elle cessa sa fellation pour adresser un sourire à son amie de toujours.



La belle métisse avait été très troublée de voir Adeline à l’œuvre et la simple curiosité fut balayée par son excitation. Elle s’étonna aussitôt d’apprécier lécher et sucer le sexe du beau tanneur et d’en éprouver un certain plaisir.



Viviane ne put émettre un son, occupée à sa fellation. Elle était également très proche de ce qu’elle pensait être un autre orgasme. Elle avait à peine accéléré le va-et-vient de sa main sur la hampe dressée, qu’elle sentit le membre se durcir encore sous ses doigts et palpiter sur sa langue. La voix voilée de la lanceuse de couteaux fit tressaillir le petit corps mince de la gardienne de moutons.



La bergère ne se caressait plus que par moments, attentive au membre dur qui prenait sa bouche. Elle continua sa fellation, consciente qu’elle allait avaler ce qu’elle avait vu jaillir du sexe d’André peu avant.



Viviane obéit à son amie et André explosa presque aussitôt, tapissant sa langue de coulées chaudes et épaisses. La jolie métisse cessa de se doigter pour accueillir dans sa gorge la jouissance de son premier amant. Puis, elle se décida à en finir avec sa délicieuse frustration.


Allongée dos à la couverture rêche, Viviane ouvrit largement ses cuisses pour écarter les lèvres de son intimité et la lanceuse de couteaux la regarda faire en retenant son souffle court.



La chasseresse, positionnée sur sa compagne, doigtait et léchait le fruit offert en gémissant doucement. Sous elle, la métisse la dévorait littéralement, la prenant de ses doigts en même temps. Les doux clapotis provoqués par leurs doigts dans leurs sexes, leurs soupirs et de légers gémissements résonnaient doucement dans le cabanon. Il sembla à Viviane que l’air s’était chargé de leurs odeurs lourdes de femmes excitées. Une petite plainte troubla ces instants de calme et Adeline accéléra ses caresses, titillant le gros clitoris de sa langue et agitant ses doigts sur la fente qu’elle caressait avant de les y enfoncer.



Les paroles d’Adeline déclenchèrent une excitation renouvelée chez Viviane qui ne contint plus de petits cris aigus, sa bouche collée au sexe qu’elle mangeait.



L’orgasme tordit le corps mince et les petites poires couleur caramel dansèrent une gigue endiablée quand Viviane explosa.



La métisse gicla sur le visage sous elle en même temps que son amie jouissait en mouillant sa bouche d’un petit jet de jouissance.


Ce jour-là, Viviane connut ses premiers frissons de plaisir. Ce jour-là, une bien jolie gardienne de moutons enterra ses anciennes peurs et se pâma sous la délicieuse torture de ses premiers orgasmes…